Roald Amundsen

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Amundsen.
Roald Amundsen

Portrait et signature
Naissance 16 juillet 1872
Borge, Comté d'Østfold (Suède-Norvège)
Décès c. 18 juin 1928
vers l'île aux Ours (Norvège)
Fonction(s) Explorateur polaire

Roald Engelbregt Gravning AmundsenRoaldAmundsen.ogg écouter (16 juillet 1872 - 18 juin 1928) est un marin et explorateur polaire norvégien. Il est le chef de la première expédition au pôle Sud, entre 1910 et 1912, ainsi que la première personne à avoir atteint les pôles Sud et Nord. Il est également le premier à avoir traversé le passage du Nord-Ouest. Il disparaît en juin 1928 en prenant part à une mission de recherche et sauvetage. Il est, avec Douglas Mawson, Robert Falcon Scott et Ernest Shackleton, l'un des explorateurs principaux de l'âge héroïque de l'exploration dans l'Antarctique.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Né le 16 juillet 1872 à Borge, près d'Oslo, entre les villes de Fredrikstad et Sarpsborg, il est le quatrième fils d'un capitaine de marine devenu armateur, Jens Amundsen. Sa mère fait pression sur lui pour l'éloigner de l'industrie maritime et veut qu'il devienne médecin. Lors du retour triomphal de Fridtjof Nansen après sa traversée du Groenland en ski en 1889, Amundsen, âgé alors de 18 ans, décide de devenir explorateur polaire mais cache ce rêve à ses parents. En 1890, il entame cependant des études de médecine pour sa mère. Après le décès de celle-ci en 1893 et des examens ratés[1],[2], il quitte l'université pour une vie de marin. Il est alors âgé de 21 ans et s'engage pour une campagne de six mois sur le phoquier Magdalena[2]. Il poursuit ensuite son apprentissage de marin à bord des navires de la flotte de son père.

[modifier] Ses expéditions polaires

[modifier] L'expédition de la Belgica, 1897-1899

Icône de détail Article détaillé : Expédition Antarctique belge.
Le Belgica en Antarctique
Le Belgica en Antarctique

En 1896 un Belge, le commandant Adrien de Gerlache, qui prépare une expédition d'exploration scientifique en Antarctique, achète un phoquier en Norvège qu'il rebaptise Belgica. Il compose un équipage international et intègre comme second lieutenant Roald Amundsen.

Le Belgica appareille en octobre 1897 et atteint la Terre de Graham en janvier 1898. Là, Amundsen participe à plusieurs raids à l'intérieur des terres équipés de ses skis, dont il est le premier à en utiliser en Antarctique. En mars, le navire est pris dans la banquise de la mer de Bellingshausen[2] au large de la Terre Alexandre, à l'ouest de la péninsule Antarctique, à 70°30'S et hiverne pendant six mois avant de se dégager et de rentrer en Belgique. C'est le premier hivernage en Antarctique[3].

Lors de cette première expédition majeure, Roald Amundsen noue une solide amitié avec le médecin du bord, l'Américain Frederick Cook, qui joue un rôle prépondérant dans la réussite de l'hivernage. Selon Amundsen, Cook a sauvé l'équipage des ravages du scorbut en lui donnant à manger de la viande de manchot[2]. Cook, qui venait de parcourir avec Robert Peary le nord du Groenland, lui fournit de nombreuses informations sur les Inuit et leurs techniques de protection au froid et de progression avec des chiens d'attelage. Amundsen reste toujours fidèle à cette amitié même au plus fort de la polémique qui opposa Peary à Cook pour la conquête du pôle Nord.

[modifier] Le passage du Nord-Ouest, 1903-1906

Icône de détail Pour consulter un article plus général, voir Passage du Nord-Ouest

Après son retour en Norvège et avoir obtenu son brevet de capitaine, Amundsen prépare sa première expédition personnelle. Le passage du Nord-Ouest (passage qui relie l'Atlantique au Pacifique par le grand nord canadien jusqu'au détroit de Béring), découvert par voie terrestre en 1822, n'avait jamais été franchi par un navire. Nombreux sont les explorateurs qui rêvent de devenir le premier à compléter ce passage par voie maritime : Christophe Colomb, John Cabot, Jacques Cartier ou encore Henry Hudson.

Amundsen décide de le tenter l'aventure. Il rencontre en décembre 1900 Fridtjof Nansen, qui appuie le projet, et le complète par un but plus scientifique: la recherche du pôle magnétique.

Il vend ses parts de l'entreprise familiale et part avec six autres personnes sur un navire de pêche de 47 tonnes, le Gjøa, qu'il munit d'un petit moteur[4]. Il appareille le 16 juin 1903, criblé de dettes. Ils naviguent par la mer de Baffin, les détroits de Lancaster et de Peel, puis les détroits de James Ross et de Rae.

À la place d'aller à l'Ouest de l'île du Roi-Guillaume comme l'avait fait John Franklin, il décide de longer sa côte Est[2]. Le 9 septembre, il ancre le Gjøa sur la côte sud de l'île du Roi-Guillaume et passe deux hivers dans une baie qu'il nomme Gjoa Haven (aujourd'hui au Nunavut, Canada)[3],[4].

Pendant cette longue période, occupée par des mesures magnétiques, il se rapproche du campement des Netsilik et continue patiemment à apprendre les techniques des Inuits auxquelles Frederick Cook l'avait initié. Il apprend à utiliser les chiens d'attelage et à porter des habits en peau animale à la place des parkas lourdes en laine. Après son troisième hiver dans les glaces, il arrive à naviguer un passage à la mer de Beaufort, suite à quoi il arrive au détroit de Bering et devient ainsi le premier à compléter le passage du Nord-Ouest[1]. Continuant au sud de l'île Victoria, il sort de l'archipel arctique canadien le 17 août 1905 mais s'arrête pour l'hivernage avant de rebrousser chemin jusqu'à Nome, sur la côte pacifique de l'Alaska. Le poste de télégraphe le plus proche étant à Eagle City, à 800 km, Amundsen fait un aller-retour par terre pour envoyer un message relatant le succès de l'expédition, message envoyé PCV le 5 décembre 1905. Il arrive à Nome en 1906. Il n'aurait jamais pu faire le voyage par le passage du Nord-Ouest sur un navire plus grand parce que l'eau était peu profonde, atteignant parfois un seul mètre.

Amundsen apprend en Alaska que la Norvège est devenue indépendante de la Suède et a un nouveau roi. Il envoie à Haakon VII un message lui disant que « c'est un grand exploit pour la Norvège ». Il lui dit qu'il espérait faire davantage pour son pays et signe « Votre sujet loyal, Roald Amundsen ».

Le passage du Nord-Ouest est franchi mais il restera délaissé en raison des difficultés de navigation. Il faudra attendre 1977 pour qu'un voilier, le Williwaw, et son skipper Willy De Roos renouvellent l'exploit d'Amundsen.

[modifier] L'expédition au pôle Sud, 1910-1912

Icône de détail Article détaillé : Expédition Amundsen.
Amundsen (à gauche) et ses compagnons à Polheim en décembre 1911.
Amundsen (à gauche) et ses compagnons à Polheim en décembre 1911.

Il est temps maintenant pour Amundsen de s'attaquer au rêve de toute sa vie : être le premier homme à atteindre le pôle Nord. Nansen lui prête le Fram et Amundsen se prépare pour une répétition de la dérive de ce dernier à travers l'océan Arctique, un projet prévu durer entre quatre et cinq ans[2]. À cette époque les expéditions polaires sont en plein essor et ce, dans un contexte de course entre les nations et entre les hommes, aussi bien pour le Nord (Peary, Cook, Amundsen), que pour le Sud (Scott, Shackleton). Cette compétition va faire basculer le destin d'Amundsen. Le 1er septembre 1909, Frederick Cook annonce qu'il a atteint le pôle Nord le 21 avril. Six jours plus tard Peary annonce qu'il a atteint le pôle Nord le 6 avril. La grande controverse du pôle Nord commence.

Scott, qui préparait une expédition basée sur les notes et les cartes d'une route défrichée par son ex-lieutenant[précision nécessaire] Ernest Shackleton (qui était arrivé à 150 km du pôle), hâte ses préparatifs. Amundsen prend immédiatement la décision de changer ses plans et de s'attaquer au Sud[5]. Il tient cette nouvelle rigoureusement secrète même vis-à-vis de son équipage (seuls son frère et son second seront au courant du changement de destination)[5].

Le 3 juin 1910, il appareille officiellement d'Oslo[5],[6]. Une fois à Madère, Amundsen informe son équipage du changement de destination et envoie un télégramme à Scott « BEG TO INFORM YOU FRAM PROCEEDING ANTARCTIC--AMUNDSEN »[5] (« Prends liberté vous informer Fram fait route vers l'Antarctique »). Tous les membres de l'équipage décident de rester avec leur capitaine.

Le 14 janvier 1911, il installe son camp de base, qu'il nomme Framheim, dans la baie des Baleines sur la barrière de Ross dans l'Antarctique. Lorsque le Terra Nova, le navire de Scott, pénètre dans la baie des Baleines et visite le Fram, les Britanniques sont frappés par la qualité de l'expédition norvégienne, l'expérience des hommes et surtout par le nombre de chiens emporté par Amundsen (116). C'est sur cette impression forte que Scott établira son camp à 700 km à l'ouest du camp d'Amundsen au Cap Evans.

Utilisant des skis et des chiens d'attelage, Amundsen et son équipage créent des dépôts de ravitaillement aux 80°, 81° et 82°S en ligne droite vers le pôle Sud[1]. Après une tentative avortée le 8 septembre 1911, le 19 octobre Amundsen, Olav Bjaaland, Helmer Hanssen, Sverre Hassel et Oscar Wisting prennent le départ. Ils prennent quatre traîneaux et 52 chiens (il prévoyait de tuer quelques chiens au retour pour se nourrir ainsi que ses hommes et les chiens restants). Utilisant une route jusqu'alors inconnue, sur le glacier Axel Heiberg ils arrivent sur le plateau polaire le 21 novembre suite à une ascension de quatre jours. Le 14 décembre à quinze heures ils atteignent le pôle Sud. Scott en est alors encore distant de 572 km. Il mettra plus de trente-trois jours pour les parcourir.

Amundsen nomme leur camp au pôle Sud Polheim, « maison au pôle ». Il renomme le plateau Antarctique le « plateau de Haakon VII ». Lui et son équipe laissent une petite tente et une lettre racontant leur exploit au cas où ils périssaient pendant le voyage de retour à Framheim. Ils survivent et y rentrent le 25 janvier 1912 avec 11 chiens d'attelage après un périple de 2 824 km, parcourus en 94 jours (56 à l'aller, 38 au retour) soit une moyenne de 30 km par jour.

Le succès de l'expédition d'Amundsen bénéficie d'une préparation soignée, des équipements de bonne qualité, des vêtements appropriés (en peau animale), une tâche principale simple (Amundsen ne fait pas de levés pendant le voyage au pôle et ne prendra que deux photos), une bonne connaissance des chiens d'attelage, et l'usage effectif des skis. En contraste avec l'expédition de Scott, celle d'Amundsen est sans surprise et bien planifiée.

[modifier] Dernières explorations

Roald Amundsen
Roald Amundsen

Le Fram devenant vieux, Amundsen équipe un nouveau navire, le Maud. En 1918, à bord de ce dernier, il franchit le passage du Nord-Est ouvert en 1879 par le suédois Nils Gustaf Nordenskiöld, devenant le premier homme à franchir les deux passages mythiques de l'Arctique. Il veut figer le Maud dans la glace de la banquise pour dériver avec (comme Nansen avait fait avec le Fram), mais il ne réussit pas. Toutefois, les études scientifiques menées à bord, principalement par Harald Sverdrup, sont d'une grande valeur.

L'aviation attire Amundsen. Il obtient son brevet de pilote en 1918. En 1923 il projette de tenter un vol au-dessus du pôle Nord mais son avion s'écrase quelques jours avant le départ. Un millionnaire américain, Lincoln Ellsworth lui propose alors de financer le projet à condition d'en faire partie. En mai 1925, Amundsen, Ellsworth et le pilote Hjalmar Riiser-Larsen (ainsi que trois autres membres de l'équipage), décollent du Spitzberg à bord de deux hydravions, le N-24 et le N-25, et réalisent un vol avant de se poser en catastrophe à 87°44' de latitude Nord. Les avions se posent sur la glace à quelques kilomètres de distance l'un de l'autre, mais les équipages arrivent à se réunir. Le N-24 étant trop endommagé, ils travaillent trois semaines pour créer une piste de décollage. L'accueil est triomphal, le public pensant qu'ils étaient perdus à jamais.

L'année suivante, 1926, Amundsen, Ellsworth, Riiser-Larsen, Wisting et l'ingénieur en aéronautique Umberto Nobile décident alors une tentative en dirigeable (l'Italie offre l'usage du navire sous la condition que Nobile fasse partie de l'équipage). Le Norge, conçu par Nobile, quitte Spitsbergen le 11 mai 1926, survole le pôle Nord à 1h30 et arrive à Teller en Alaska deux jours plus tard.

Les trois revendications du premier voyage au pôle Nord (Cook en 1908, Peary en 1909, et Byrd en 1926 - ce dernier quelques jours avant le Norge), étant disputées, soit par inexactitude géographique ou accusations de mensonge, le voyage du Norge est alors vu par certains comme le premier à avoir indubitablement atteint le pôle Nord. Si cette affirmation est vraie, Amundsen et Wisting seraient les premières personnes à avoir atteint les deux pôles.

[modifier] La disparition

Amundsen en 1913
Amundsen en 1913

Amundsen annonce sa retraite après le voyage du Norge. Malgré son énorme gloire, particulièrement dans son pays natal, il est toujours profondément endetté. Ses relations avec Nobile se sont dégradées. Il accepte toutefois de prendre part à une mission de recherche et sauvetage de Nobile et son équipage du dirigeable Italia, écrasé au nord du Spitzberg en retournant du pôle Nord. Le 18 juin 1928, il prend un hydravion Latham 47 en compagnie des pilotes Leif Dietrichson (son compatriote), René Guilbaud et trois autres Français. On trouvera plus tard un ponton de l'avion près de la côte de Tromsø. On pense que l'avion s'est écrasé dans un brouillard quelque part dans la mer de Barents, et qu'Amundsen y est mort ou peu après. Son corps ne sera jamais retrouvé. Le gouvernement norvégien n'annulera la recherche pour Amundsen qu'en septembre de la même année. Plus récemment, en 2003 on suggère que l'avion s'est écrasé au nord-ouest de Bjørnøya.

[modifier] Héritage

Aujourd'hui plusieurs lieux polaires sont nommés en honneur d'Amundsen, dont la Base Amundsen-Scott au pôle Sud, la mer d'Amundsen et le glacier d'Amundsen en Antarctique, et le golfe d'Amundsen dans l'océan Arctique. Il existe également le cratère Amundsen, près du pôle Sud de la Lune. L'écrivain Roald Dahl est nommé en honneur d'Amundsen.

[modifier] Annexes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Roald Amundsen.

[modifier] Bibliographie

  • Stefan Zweig relate l'aventure d'Amundsen et Scott dans Les Très Riches Heures de l'humanité paru en Autriche au début des années 1920.

[modifier] Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article en anglais intitulé « Roald Amundsen ».

  1. abc (en) Henry Thomas et Dana Lee Thomas ; Living Adventures in Science ; Ayer Publishing ; 1972 ; pages 196-201 ; (ISBN 0836925734)
  2. abcdef (fr) Pierre Vernay ; « Amundsen, tout schuss vers le sud » ; Historia ; juillet 2007 ; pages 66-69
  3. ab (en) « Roald Amundsen » ; The Houghton Mifflin Dictionary of Biography ; Houghton Mifflin Reference Books ; 2003 ; page 43 ; (ISBN 061825210X)
  4. ab (en) Thomas Kingston ; A History of Scandinavia: Norway, Sweden, Denmark, Finland and Iceland ; University of Minnesota Press ; 1979 ; page 298 ; (ISBN 0816637997)
  5. abcd (en) Paul Simpson-Housley ; Antarctica: Exploration, Perception and Metaphor ; Routledge ; 1992 ; pages 24-37 ; (ISBN 0415082250)
  6. (en) Roald Amundsen ; The South Pole: An Account of the Norwegian Antarctic Expedition ; L. Keedick ; 1913 ; page 1