Histoire d'Arles à l'époque médiévale tardive

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Commencé en 1306 par l'accueil d'Arles à des juifs chassés du Languedoc[1], le Moyen Âge tardif arlésien se termine par le pogrom de 1484[2] suivi de l'expulsion des juifs de la cité[3], après le rattachement de la ville au royaume de France en 1483. Entre ces deux dates, Arles va vivre un profond déclin démographique aboutissant à une population de seulement de 5.000 habitants à la fin des années 1430 avant que n'apparaisse une lente reprise dans la seconde moitié du XVe siècle.

Sommaire

[modifier] XIVe siècle

[modifier] Un début de siècle prospère

Au début du XIVe siècle, Arles bénéficie d'une prospérité à la fois intellectuelle, démographique et économique.
La ville d'Arles accueille en 1306, les juifs chassés du Languedoc. Le rabbin et philosophe juif averroïste Joseph ibn Caspi également connu sous son nom provençal de Sen Bonfos ou Don Bonafoux de l'Argentière, s’installe ainsi en Provence d'abord à Tarascon en 1306 puis à Arles en 1317 où il se lie avec Kalonymos ben Kalonymos (Shem Tov ben Shem Tov) et rédige son introduction au Pentateuque, le Tirat Kessef, qui lui valut de se brouiller avec Kalonymos ben Kalonymos et les maîtres de celui-ci.
D'après Louis Stouff, la ville aurait alors compris environ 250 feux de confession juive, chiffre qui ne sera jamais plus égalé et qui restera le plus important dans l'histoire d'Arles[4]. La ville avec presque 2.200 feux[5], soit environ 11.000 habitants, est alors la deuxième ville de la Provence.
Sur le plan économique, la ville affiche une prospérité robuste grâce à la production agricole de ses affars[6], à la qualité de son élevage ovin[7] qui alimente le commerce de la laine et des peaux et à la richesse de ses salins[8]. La ville compte également de nombreux moulins à vent (23 en 1332), essentiellement sur la colline du Mouleyres et un port actif qui se développe dans la première moitié du XIVe siècle à destination de Tarascon et Aigues-Mortes.

....Rajouter une synthèse de la situation d'Arles entre 1320 et 1345 : les métiers,...; l'arrivée de négociants italiens qui deviennent des notables arlésiens;

  • En 1307, les courtiers sont au nombre de 42 : 35 juifs et 7 chrétiens.

[modifier] Suivi par des famines, la peste et des guerres

Carte de diffusion de la peste noire, 1347-1351
Carte de diffusion de la peste noire, 1347-1351
Arles dans le contexte de la guerre de cent ans (1ère phase : 1339-1360) ██ Principales batailles de la 1ère phase de la guerre      Chevauchée d'Édouard III en 1339      Itinéraire de l'armée d'Édouard III en 1346      Chevauchée du Prince noir en Languedoc en 1355      Chevauchée de Lancastre en 1356      Itinéraire du Prince noir en 1356      Chevauchée d'Édouard III en 1359-60
Arles dans le contexte de la guerre de cent ans (1ère phase : 1339-1360) ██ Principales batailles de la 1ère phase de la guerre

     Chevauchée d'Édouard III en 1339

     Itinéraire de l'armée d'Édouard III en 1346

     Chevauchée du Prince noir en Languedoc en 1355

     Chevauchée de Lancastre en 1356

     Itinéraire du Prince noir en 1356

     Chevauchée d'Édouard III en 1359-60

 Armure de plaques intégrale, avec bec-en-fer, d'un chevalier des Grandes compagnies, portant le blason de Bertrand du Guesclin.
Armoiries de Du Guesclin
Armure de plaques intégrale, avec bec-en-fer, d'un chevalier des Grandes compagnies, portant le blason de Bertrand du Guesclin.

Les premières difficultés

Pourtant, des prémices annonçaient déjà un recul du rayonnement de la cité. Sur le plan politique, la ville qui avait perdu un grand nombre de privilèges au milieu du XIIIe siècle, s'était effacée devant la capitale comtale Aix. De même pour l'archevêché d'Arles, le XIVe siècle ne s'annonce pas plus favorable que le XIIIe. Au début du siècle, l'installation de la papauté à Avignon (1309) fait que les prélats arlésiens sont peu présents dans leur diocèse et Arles cesse d'être la résidence de ses archevêques. À ce déclin déjà commencé sur le plan politique, administratif et ecclésiastique, se rajoutent au début des années 1320, les premières difficultés économiques : des récoltes insuffisantes apparaissent dès 1315 et s'aggravent dans les années 1323, 1329 et 1332.

La trilogie médiévale : peste, disettes et guerres

Ce n'est toutefois qu'à partir du milieu du XVe siècle, que la situation se dégrade. La ville d'Arles, toujours aux prises avec des disettes, subit des épidémies dont la fameuse peste noire de 1348 et une série de guerres ; elle voit sa population se réduire fortement.

La peste noire apparait dans la ville d'Arles initialement en janvier 1348, puis à plusieurs reprises jusqu'à la fin du siècle[9]. En éliminant presque la moitié des consommateurs elle apporte un répit à la famine mais les terres désormais en friche et les surtout les guerres de la seconde moitié du XVe siècle rendent tout approvisionnement difficile. Les famines font leur réapparition en 1357 et surtout entre 1368 et 1375.

Les guerres apparaissent peu après et touchent une population fortement affaiblie par les disettes et les épidémies. Venant du continent, elles commencent en 1355 et se terminent en 1399. Essentiellement locales, elles s'inscrivent toutefois dans le contexte de l'époque, la guerre de cent ans.
Tout débute en 1355 quand le Sénéchal de Provence, Fouques d'Agout, fait le siège du château des Baux où s'est réfugié Robert de Duras qui meurt en 1356 à la bataille de Poitiers.
La région est ensuite la proie de bandes armées désœuvrées pendant les trêves de la guerre de Cent Ans :

  • 1357-1358 : présence des bandes de Routiers, conduites par Arnaud de Cervola dit l'Archiprêtre et appelées par les comtes des Baux. Ils franchissent le Rhône le 13 juillet 1357 et ne repartent de Provence qu'en octobre 1358.
  • 1357-1358 : le 1er octobre, pour lutter contre les Routiers, le sénéchal fait appel au comte d'Armagnac qui amène entre Arles et Tarascon mille sergents. Leur intervention sera aussi terrible que celle des Routiers.
  • 1361 : les troupes d'Henri de Trastamare venant d'Espagne arrivent jusque sous les murs d'Arles.

La ville bénéficiant alors de quelques années de tranquillité, le 4 juin 1365, Charles IV roi de Bohême se fait couronner comme son prédécesseur Frédéric Barberousse, roi d'Arles à la cathédrale Saint-Trophime.
Mais le répit est de courte durée. À partir de 1367, les ambitions de Louis d'Anjou en Provence constituent un nouveau danger. Ainsi du 11 avril au 1er mai 1368, la ville est assiégée sans succès par les grandes compagnies conduites par Bertrand du Guesclin, représentant les intérêts de Louis d'Anjou en Provence[10],[11]. À l'automne 1380, l'adoption de Louis d'Anjou par la reine Jeanne met toute la Provence en émoi. La Provence est coupée en deux : d'un côté les partisans de Louis d'Anjou conduits par les villes de Marseille et d'Arles, de l'autre ceux de Charles Duras regroupés autour des villes d'Aix, Nice et Tarascon. De 1382 à 1387, pendant ces troubles appelés guerre de l'Union d'Aix, la confusion est à son comble. À compléter… . L'épisode le plus dramatique pour Arles se déroule en 1384. Au printemps de cette année, le chef tuschin allié de Charles Duras, Étienne Augier plus connu sous le nom de Ferragut, s’installe dans les Alpilles et fait régner la terreur jusqu'au Rhône et Arles qu'il prend le 24 juillet avec des complicités internes. Le viguier de la ville est tué[12]. Après quelques heures de troubles, les habitants se révoltent contre les Tuchins et les chassent de la cité. Le lendemain, une répression sévère est menée contre leurs partisans[13]. Toutefois, la ville d’Arles, prudente, attend le sort des armes avant de s’engager. Ainsi ce n’est qu’après plusieurs mois d’atermoiements que la cité accueille dans ses murs le 9 décembre 1384, Marie de Blois et Louis II son fils. Après avoir négocier des contreparties et établit une nouvelle convention (1385), Arles reconnaît alors ce dernier comme son nouveau seigneur.
Enfin, un dernier conflit surgit en 1389 quand Raimond Roger de Beaufort[14], vicomte de Turenne et neveu et petit-neveu des papes Grégoire XI et Clément VI, reprend les armes et de ses châteaux des Baux et de Roquemartine[15], fait régner la terreur dans la Provence occidentale ; Arles est rançonnée deux fois, en 1392 et 1396. Finalement les arlésiens se mobilisent et avec l'aide de Louis II et son frère Charles de Tarente de retour de Naples en août 1399, pacifient définitivement le comté entre 1398 et 1399.

[modifier] La société arlésienne à l'avènement de la seconde dynastie d'Anjou

En 1385, lorsque la seconde dynanstie d'Anjou prend possession du comté de Provence, la ville d'Arles s'est profondément transformée.

Transformations démographiques et économiques

Jeanne Ire de Naples (1326-1382), dite la reine Jeanne, reine de Naples et comtesse de Provence.
Jeanne Ire de Naples (1326-1382), dite la reine Jeanne, reine de Naples et comtesse de Provence.

Transformations politiques et religieuses

À côté des impacts démographiques et économiques, cette période agitée apportent également son lot de transformations sur le plan politique et religieux.
Sur le plan politique, les années 1350-1385, et notamment la période liée à l’installation de la seconde dynastie Angevine, permettent paradoxalement à la ville de retrouver[16] une partie des droits aliénés en 1251. Déjà en 1349, la ville d'Arles se dote d'un corps de syndics permanents (exécutif urbain) et dès 1368, la reine Jeanne, revenant sur la convention de 1251, autorise la ville à posséder des biens. La même année, la ville d'Arles se dote d'un capitaine chargé de la défense de la ville qui reprend une partie des fonctions du viguier comtal.
Sur le plan religieux, les confréries se développent à partir des années 1350 après s'être longtemps heurtées à l'autorité ecclésiastique, en souvenir de l'ancienne Confrérie des bailes. Ces associations qui ont une activité charitable, conviviale, religieuse et surtout funéraire se mêlent de manière intime et quotidienne à la vie des Arlésiens. Indiquer les principales confréries.
En 1372, à la suite du transfert des reliques de saint Roch[17] par Jean II Le Meingre[18] au couvent de la Trinité d'Arles, le culte de ce saint censé protéger de la peste se développe dans la cité.

La vie arlésienne à la fin du XIVe : la chronique de Bertrand Boysset

À partir des années 1380, les chroniques de l'arlésien Bertrand Boysset constituent une documentation importante sur l'histoire événementielle et quotidienne de la ville. Il signale ainsi la crue du Rhône du 14 novembre 1396 qui noie les bas quartiers de la ville (la Roquette) sous deux mètres d'eau[19] ou la destruction des ailes des moulins du Mouleyrès par le Mistral. Il évoque également l'épidémie de peste qui se produit entre le 1er avril 1397 et janvier 1399[20].

Le XIVe siècle est donc une période de déclin, à la fois démographique, économique et ecclésiastique. Le recul démographique réduit de manière brutale la population arlésienne et affecte toutes ses activités en particulier l'agriculture qui manque de bras. Il entraîne la disparition de paroisses urbaines et les guerres la destruction des mas et des églises du faubourg. Mais paradoxalement les troubles politiques de la seconde moitié de ce siècle ont permis à la cité provençale de retrouver une partie de ses droits.

[modifier] XVe siècle

Après la terrible épidémie de 1347-1350 (peste noire), le plus bas niveau démographique est atteint un siècle plus tard, vers 1440, la ville étant alors passée d'environ 12.000 (en 1337) à 5000 habitants. D’autres épidémies de peste frappent la ville en 1398, 1450 et 1482. Deux périodes sont particulièrement difficiles pour la cité : 1418-1433 et 1481-1484. La population arlésienne en est très affectée et la cité ne retrouvera ses effectifs du début du XIVe siècle qu'à la veille de la Révolution.

[modifier] Le début du siècle : état des campagnes avec les mas abandonnés, les églises en ruines, ...

Le plus bas niveau démographique est atteint vers 1420 (1000 feux). Situation aggravée par des éléments exogènes. 1418-1433, avec les épidémies de 1418, 1420, 1429, la guerre permanente, les sécheresses et les récoltes insuffisantes de 1421, 1424, 1426, 1429, 1432 et la cherté du grain en 1428, 1432 et 1433;

[modifier] La menace des Catalans : 1410-1455

Pendant plus d'un demi-siècle, la cité vit avec la menace des Catalans, c'est-à-dire des galères aragonaises qui pillent la Camargue et qui sont un danger permanent pour les arlésiens. Déjà en 1410, les Catalans voulant porter secours à Rodrigue de Luna assiègé à Avignon dévastent la Camargue. En 1417, le sénéchal de Provence, devant le danger des opérations de pirateries, demandent aux communautés de remettre en état leurs murailles et en septembre 1422, la reine Yolande d'Aragon permet à la ville d'Arles de s'armer et d'armer des barques pour lutter contre les pirates catalans. Le danger est toujours présent en 1453 :

les incursions des corsaires catalans sur le territoire d’Arles devenaient si menaçantes que toute la population rurale des bords du Rhône fuyait à leur approche et que la ville d’Arles, lasse de réclamer en vain le secours du comte de Provence, se décida à lever sa milice et prit à sa solde 50 arbalétriers avec quelques navires. Charles de Castillon, étant venu prendre le commandement de ces troupes, surprit les ennemis qui remontaient le Rhône avec des galères traînées par des chevaux, fondit sur eux, les pourchassa et tailla en pièces, mit en fuite leurs navires et pour quelque temps ramena la sérénité sur les deux rives du Rhône[21].

Pendant de nombreuses années les arlésiens et les camarguais vont vivre avec la peur du Catalan. Ainsi plus de vingt ans plus tard, Hans von Waltheym lors de son voyage en 1474 écrit :

... notre plus grande crainte et peur c'étaient les Catalans qui habitent très près (NDLR : des Saintes-Maries-de-la-Mer). Ils prennent les gens, ils les enchaînent sur des bateaux. Ils doivent ensuite ramer et rester prisonniers à vie[22].

[modifier] Arles vers 1440 : une ville terrienne structurée en communautés[23]

Les documents fiscaux (liste des hommes payant le capage, livres terriers), les testaments et les documents municipaux permettent de saisir les métiers, activités et communautés de la société arlésienne. C’est au moment où la courbe démographique commence à se redresser vers 1437-1438, qu’il est possible de connaître la composition de la population arlésienne.

Les métiers

Sur les 1.228 chefs de feu fiscalisés, seuls les trois-quarts ont une profession qui nous est connue. L’agriculture, l’élevage, la pêche et la chasse ainsi que les métiers liés à l’alimentation représentent la grande majorité des professions recensées, soit environ 70 %, les métiers concernant le commerce, le travail de la pierre et des métaux et ceux liés à l’habillement seulement 25 % et les professions intellectuelles ou officielles, marginales, moins de 5%. Les métiers d’Arles, si on les rapproche de ceux de villes comme Paris ou Tours, sont en nombre restreint et présentent souvent la particularité d’être peu spécialisés. Globalement ils sont liés au terroir et ne sont pas orientés vers l’exportation. Une autre particularité d’Arles, c’est la spécialisation des communautés : les juifs encore nombreux en ce début de siècle (80 feux) constituent par exemple la majorité des préteurs, tailleurs, courtiers en céréales et médecins.À l’inverse, on ne les retrouve ni dans les métiers de la terre ni comme éleveurs.

Les activités

L’agriculture arlésienne se distingue par des particularités locales : une forte présence de jardins et vergers, un vignoble omniprésent destiné à une production essentiellement personnelle et de grands domaines appelés affars, propriétés de l’archevêché, des nobles ou de laboureurs enrichis. Le choc démographique entraîne une modification de l’exploitation de ces propriétés. Les documents disponibles montrent un abandon progressif de l’exploitation directe au profit de la fâcherie (métayage) puis de l’arrentement (fermage).
L’activité pastorale depuis la rédaction des premiers statuts au XIIIe siècle s’est accrue et les autorités municipales se préoccupent de préserver les terres du delta, pasturas et herbagia et celles de Crau, les coussouls. Il existe deux types d’élevage des ovins : de gros troupeaux entre les mains de l’aristocratie et d’éleveurs professionnels, les nourriguiers et ceux de 50 à 400 bêtes, possédés par les bergers. Dès cette époque, la transhumance est très organisée : en 1398 plus de 21.000 bêtes appartenant à 11 propriétaires quittent la Crau pour les alpages de Digne. La Camargue est alors une terre de chasse et d’élevage bovin et équin.
La pêche est réalisée en mer, sur le Rhône ou dans les marais et les pécheurs d’Arles constituent un monde à part, une communauté, dans la ville. Sur 60 recensés, 59 habitent le quartier de la Roquette et appartiennent à la même confrérie.

Les communautés

Arles est formée d'une communauté de citoyens, d'habitants et de gens de passage. Pour être considéré comme citoyen il faut passer, pour les non-natifs de la ville, une cérémonie appelée citadinagium. Les arlésiens vivent aussi en fonction des classes sociales, des métiers et des communautés religieuses qui structurent les quartiers de la ville.
Une hiérarchie des fortunes peut être établie. Elle révèle des écarts considérables. L’arlésien le plus riche, un noble, est 900 fois plus riche que le plus pauvre et au bas de l’échelle, 54 % des contribuables ne détiennent que 15 % des biens. Les gens se regroupent par métiers : dans le quartier de l'Hauture habitent les bergers de la Crau et dans celui de la Roquette les pécheurs. La communauté chrétienne est organisée en paroisses et confréries, sortes d’associations caritatives et sociales de l’époque. Mais la ville est surtout scindée entre deux communautés religieuses : les chrétiens et les juifs qui habitent un quartier réservé, le Méjan, avec leurs propres chefs et des lois spécifiques.

Mourir à Arles à la fin du Moyen-Age[24]

Pour les Arlésiens, la mort est présente par les ravages de la peste et la perte de leurs enfants. Le mal sévit de manière récurrente entre 1347 et 1484. Les conséquences de ces pestes sont dramatiques sur le plan démographique, la population de la ville passant de 2200 feux en 1320 à 910 en 1438. À cette époque, voir mourir ses enfants est une chose courante. Ainsi la femme du chroniqueur arlésien Bertrand Boysset a eu onze enfants entre 1372 et 1393, mais lorsqu’elle fait son testament en 1428, aucun n'a survécu.
L’étude des testaments permet de témoigner sur les interrogations des Arlésiens face à la mort : où se faire ensevelir ? Comment préparer son salut ? Comment organiser ses obsèques ? Pour les élections de sépulture, les arlésiens restent longtemps fidèles aux cimetières des Alyscamps, contrairement à de nombreuses cités qui dès le haut Moyen Âge commencent à enterrer leurs morts dans des cimetières intra-urbains[25]. Ils abandonnent ensuite le vieux cimetière au profit de celui du cloître de leur paroisse, et parallèlement les cimetières des ordres mendiants connaissent un succès croissant. Les Arlésiens se préoccupent aussi de leur salut et prévoient de nombreux legs : à leur paroisse, à des œuvres, aux abbayes arlésiennes, à leurs confréries et au salut de leur âme. S’il reste de l’argent, le solde est consacré à des messes et aux obsèques qui sont également très codifiées. En général l’ensevelissement se déroule le jour même sauf si le décès se produit à une heure trop tardive. Le corps recouvert d’un suaire est porté par quatre hommes appartenant à la confrérie du défunt. Le lendemain, le jour du cantar, une messe est donnée. Toutefois, les Arlésiens ne sont pas égaux au moment de leur mort. Les pompes funèbres restent codifiées vis à vis de la hiérarchie sociale qui se fige à la porte du tombeau.

[modifier] La peste de 1450 et le repeuplement par immigration

Introduire ici les conséquences : déclin du commerce (Arles, carrefour délaissé), reprise des travaux agricoles, ...
Arles devient un carrefour délaissé; le commerce a disparu et son port est concurrencé par celui de Bouc.
Paradoxalement, la cité et le pays d'Arles forts demandeurs en main d'œuvre (travaux agricoles, volonté d'accueillir des artisans…) deviennent un centre important d'immigration, d'abord avec des populations de la Provence occidentale, puis du sillon rhodanien jusqu'à Genève et enfin du Cantal et de la Lozère. Ce flux migratoire sera à l'origine de la reprise démographique de la cité dans les années 1470.

....+ évolution des prénoms arlésiens en liaison avec les flux migratoires

[modifier] La fin du siècle : le rattachement au royaume de France, tensions religieuses, peste, mais renouveau architectural

L'archevêché d'Arles, encore brillant au début du siècle, perd de son prestige. En 1475, à la mort de Philippe de Lévis, le pape Sixte IV réduit le diocèse d’Arles : il détache le diocèse d'Avignon attribué en 1474 à son neveu Julien de la Rovere, le futur pape Jules II, de la province d'Arles, l'érige en archevêché et lui attribue comme suffrageants les évêchés comtadins de Carpentras, Cavaillon et de Vaison. Quelques années plus tard, les archiépiscopats d'Eustache de Lévis et de son successeur Nicolas Cibo marquent la fin du monnayage d'Arles.

  • 1481-1484 : pénurie de grains dans la ville en décembre 1481, janvier 1482, septembre 1483, février 1484 et l'épidémie de peste de 1482-1484.

En 1483, Arles est réunie avec au royaume de France peu de temps après la mort du roi René (1481), son dernier comte.
Les Arlésiens de la fin du XVe siècle sont très attachés au culte et même aux traditions légendaires ainsi que le montre l'incident malheureux concernant les reliques de saint Antoine en 1493[26]. Dans cette situation d'exaspération religieuse, entretenue par les prédications des frères mineurs, le climat entre les communautés chrétiennes et juives se dégrade. Sous l’archiépiscopat d’ Eustache de Lévis (1475-1489), et plus particulièrement après le rattachement de la Provence au royaume de France, les tensions aboutissent au sac de la juiverie d’Arles le 7 juin 1484[27]. Finalement, le 23 septembre 1493, un édit de Charles VIII ordonne l'expulsion des juifs d'Arles.

Le géographe et médecin allemand Jérôme Münzer de passage à Arles en septembre 1495 est impressionné par l'importance de la ville qu'il pense plus grande que Marseille et par ses monuments romains (à compléter). À la fin du siècle, le ville entreprend les premiers travaux de rénovation urbaine : en 1497, la place située devant Saint-Trophime est agrandie.

[modifier] Chronologie

[modifier] XIVe siècle

  • 1302 : le Rhône gèle à Arles.
  • 1306-1320 : la ville d'Arles accueille les juifs chassés du Languedoc. D'après Louis Stouff, la ville aurait alors compris environ 250 feux, chiffre qui ne sera jamais plus égalé et qui restera le plus important dans l'histoire d'Arles. Le rabbin et philosophe juif averroïste Joseph ibn Caspi, s'installe ainsi en Provence d'abord à Tarascon en 1306 puis à Arles en 1317.
  • 1309
Installation de la papauté à Avignon. Les prélats arlésiens sont peu présents dans leur diocèse et Arles cesse d'être la résidence de ses archevêques.
L'archevêque d'Arles, Arnaud de Faugères tente de récupérer les droits aliénés en 1251 (possession du quart du Bourg, juridiction et seigneurie de la Cité, ...), sans succès
Les Carmes commencent la construction de leur couvent à proximité du Marché-neuf, dans le quartier des auberges.
Le Rhône gèle à Arles.
Lambert de Laincel, viguier d'Arles
L'archevêque d'Arles Gasbert de Laval préside le concile de Saint-Ruf qui rappelle notamment l'interdiction des confréries.
  • 1332 : la ville d'Arles compte 23 moulins.
  • 1334 : tous les fleuves de la Provence sont couverts de glace.
  • 1336 : conflit entre Arles et l'abbaye de Montmajour; le viguier de la ville fait dresser des fourches patibulaires au Castellet rappelant les droits de la cité sur ce site.
  • 1337 : l'archevêque d'Arles Gasbert de Laval préside un second concile de Saint-Ruf qui rappelle toujours l'interdiction des confréries.
  • 1346-1347 : probable disette dans les campagnes arlésiennes.
  • 1348 : la peste noire est à Arles, dès le début de l'année
  • 1349 : la ville d'Arles se dote d'un corps de syndics permanents (exécutif urbain).
  • 1351 : la ville souffre d'un ravitaillement insuffisant.
  • 1355 : le Sénéchal de Provence, Fouques d'Agout, fait le siège du château des Baux où s'est réfugié Robert de Duras qui meurt en 1356 à la bataille de Poitiers.
  • 1357-1358
Présence des bandes de Routiers, conduites par Arnaud de Cervola dit l'Archiprêtre et appelées par les comtes des Baux. Ils franchissent le Rhône le 13 juillet 1357 et ne repartent de Provence qu'en octobre 1358.
Dans le courant du mois d'août, des francs-routiers s'abattent en Camargue et s'emparent du chateau d'Albaron.
Le 1er octobre 1357, pour lutter contre les Routiers, le sénéchal fait appel au comte d'Armagnac qui amène entre Arles et Tarascon mille sergents. Leur intervention sera aussi terrible que celle des Routiers.
  • 1359 : la reine Jeanne cède deux roubines comtales à la ville d'Arles
  • 1361
Les troupes d'Henri de Trastamare venant d'Espagne arrivent jusque sous les murs d'Arles.
Peste en juin
Le 8 septembre par une bulle, le pape Innocent VI autorise la translation du couvent des Prêcheurs détruit par les incursions des Grandes compagnies. Cette bulle révèle que l'église et les bâtiments conventuels ont été détruits par l'incendie et que les pierres ont été réemployées pour renforcer les remparts de la ville. En 1361, les Prêcheurs s'installent donc dans l'enceinte de la ville sur les bords du Rhône, en plein quartier juif.
  • 1364 : le Rhône gèle à Arles et les arbres périssent.
  • 1365 :
Le 4 juin, Charles IV roi de Bohême se fait couronner comme son prédécesseur Frédéric Barberousse, roi d'Arles par l'archevêque Guillaume de la Garde dans la cathédrale Saint-Trophime.
En juillet, réactivation du conflit entre Arles et l'abbaye de Montmajour à la suite de la reconnaissance de la haute juridiction du Castellet à l'abbaye de Montmajour par la reine Jeanne.
Le 29 décembre, les arlésiens furieux pénètrent dans la localité, s'emparent des moines et de leurs serviteurs et ravagent les lieux.
  • 1366 : le Rhône est pris par les glaces (ou en 1365)
  • 1368
Du 11 avril au 1er mai, la ville est assiègée par des troupes conduites par Bertrand du Guesclin, représentant les intérêts et les ambitions de Louis d'Anjou en Provence.
La reine Reine Jeanne, revenant sur la convention de 1251, autorise la ville à posséder des biens.
La ville d'Arles se dote d'un capitaine de la ville chargé de la défense de la ville qui reprend une partie des fonctions du viguier comtal.
Au printemps, le chef tuschin, Etienne Augier plus connu sous le nom de Ferragut, s’installe dans les Alpilles et fait régner la terreur jusqu'au Rhône.
En juillet, des galères de Charles Duras arrivent à Bouc.
Le 24 juillet, tentative de prise de la ville par les Tuchins avec des complicités internes. Le viguier de la ville est tué. Après quelques heures de troubles, les habitants se révoltent contre les Tuchins et les chassent de la cité. Le lendemain, une repression sévère est menée contre leurs partisans.
Le 9 décembre, cantar (messe funèbre) organisée en l'honneur de la reine Jeanne dans la cathédrale Saint-Trophime.
Le 7 décembre, la ville se rallie à Marie de Blois et à Louis II lors d'une assemblée générale de 300 chefs de familles arlésiens devant le palais comtal.
Une nouvelle convention est conclue entre la reine Marie de Blois et la ville d'Arles; les juifs de la cité obtiennent le statut de citoyens et les arlésiens interdisent au comte la construction d'un château dans la cité.
La reine Marie de Blois, revenant sur la convention de 1251, autorise la ville à posséder des biens.
Année de sécheresse.
Raimond de Turenne rançonne la ville.
  • 1393 : Bertran Boysset, cite un habitant de Pélissanne qui fut pendu le 23 décembre à Trinquetaille; le corps resta exposé un an avant dêtre enseveli de nuit au cimetière Saint-Pierre de Trinquetaille.
  • 1396
En octobre, Marie de Blois autorise les syndics de la ville à passer un accord avec les gens de Raimond de Turenne.
Le 14 novembre, une crue du Rhône, signalée par le chroniqueur arlésien Bertrand Boysset noie les bas quartiers de la ville (la Roquette) sous deux mètres d'eau.
En décembre, Raimond de Turenne rançonne la ville; Arles est obligé de conclure un pâti avec la garnison des Baux.
  • 1397-1399 : peste du 1er avril 1397 à janvier 1399.
  • 1397 : A l'automne, Arles et Tarascon s'entendent pour créer une milice chargée d'assurer la sécurité des vendangeurs contre les coups de mains des troupes de Raimond de Turenne; la même année Arles arme ses bergers qui gardent les moutons en Crau.
  • 1398 : un troupeau de 21.400 ovins appartenant à onze propriétaires quitte la Crau pour les alpages dans la région de Digne; en 1406, un troupeau de 19.400 animaux est mentionné.
  • 1400 : le 2 décembre, mariage de Louis II et de Yolande d'Aragon dans la cathédrale Saint-Trophime.

[modifier] XVe siècle

  • 1401 : le prédicateur Vincent Ferrier lors de son passage dans la cité oblige les juifs d'Arles d'assister à ses sermons.
  • 1402 : le roi Louis fait combattre le 27 mai un lion contre un taureau puis le 10 août, un lion contre un bélier.
  • 1405
Le 3 avril, mort du lion d'Arles âgé de 19 ans et demi; il est remplacé le 15 avril par un nouveau fauve de 6 mois, offert par le maréchal de France Boucicaut, gouverneur de Gênes.
Le 21 septembre, cantar (messe funèbre) organisée en l'honneur de la reine Marie dans la cathédrale Saint-Trophime.
L'archevêque, Artaud de Mélan déclare les ordres mendiants exemptés des impositions sur le clergé.
  • 1405-1406 : le Rhône est pris par les glaces entre le 12 décembre 1405 et le 13 janvier 1406.
  • 1406 : le 8 novembre, le lion d'Arles a pris la main d'un homme dans sa gueule et lui a arraché la main et le bras jusqu'au coude. On a emporté l'homme comme mort à sa maison. On a arraché le bras et la main au lion et on l'a envoyé dans un cabas à la maison de la victime, un serrurier; la mort l'avait saisi.
  • 1410 : les Catalans interviennent en Camargue et sur le Rhône; ils essayent de porter secours à Rodrigue de Luna, le neveu du pape Benoît XIII, assiègé dans Avignon[28].
  • 1411-1412 : Bertrand Boysset signale une sécheresse sans la moindre goutte d'eau entre le mois d'août 1411 et celui de février 1412.
  • 1412
Déplacement du bac de la rue des Châtaignes (rue du docteur Fanton actuelle) à la rue du Port dans le quartier de la Roquette; ce déplacement provoque un conflit très vif entre les gens du Bourg et ceux de la Cité.
Naissance d'un enfant de Louis II dans le palais de l'archevêché.
La reine Yolande donne aux frères mineurs un terrain qui leur permet d'agrandir leur église
  • 1414 : construction d'une tour à l'entrée du pont de la Crau.
  • 1415 : le 15 août, Louis II préside la réunion des États de Provence, la seule de l'histoire médiévale qui se tienne à Arles.
  • 1417 : en raison des menaces d'opérations de piraterie sur le Rhône et les côtes, le sénéchal Pierre d'Acigné invite les communautés à remettre en état leurs murailles[29].
  • 1420 : début du conflit entre la Provence et l'Aragon; ce conflit, compte tenu des relations entre juifs arlésiens et aragonais, entraîne des tensions urbaines.
  • 1420-1440 : production des grains arlésiens diminuée de moitié par rapport à celle des années 1300-1340
  • 1420-1493 : tensions croissantes entre les communautés juives et chrétiennes d'Arles qui se terminent par le sac de la juiverie en 1484 et l'expulsion des juifs d'Arles en 1493.
  • 1422 : en septembre, Yolande d'Aragon permet à la ville d'Arles de s'armer et d'armer des barques pour lutter contre les pirates catalans.
  • 1425 : conflit entre les nobiles et burgenses d'une part et les populares d'autre part sur la fiscalité. Le comte arbitre en faveur des populares qui souhaitent des taxes proportionnelles à la fortune immobilière et ordonne la confection d'un livre terrier (cadastre).
  • 1425 (vers) : sur les huit hôpitaux attestés au XIIIe siècle, il n'en subsiste que la moitié vers 1425[30].
  • 1426-1429 : période de sécheresses annuelles; en mai 1426, puis en mai 1427, les prés sont mis en deffens.
  • 1427 : la ville d'Arles compte 21 moulins.
  • 1431 : deux galiotes florentines remontent une brassière du fleuve et font prisonniers plusieurs arlésiens.
  • 1432 : gel des oliviers du Comtat et destruction des moissons arlésiennes à la suite à un hiver rigoureux.
  • 1435 : des Génois remontant le Rhône, commettent des actes de violence et de rapines en Camargue.
  • 1435-1440 : étiage démographique[31]; la reprise qui s'amorce dans les années qui suivent est très lente jusqu'au début du XVIe siècle.
  • 1438 : Arles compte 910 chefs de feux chrétiens payant le capage (environ 5.000 habitants).
  • 1439 : Arles se dote d'une commission de six membres : les defensores libertatum.
  • 1440 : l'archevêque d'Arles, Louis Aleman est déchu de ses responsabilités épiscopales à la suite du concile de Bâle.
  • 1441 : le conseil communal prend la décision de fermer la prise du Rhône de Saint-Ferréol sur le grand Rhône.
  • 1442-1443 : peste
  • 1442 : un acte notarial, concernant la cession d'une esclave de 35 à 40 ans, présente et consentante, indique la présence d'esclaves dans la cité en ce milieu du XVe siècle[32].
  • 1443-1445 : période de sécheresses annuelles
  • 1443 : le 5 avril, à la suite de la sécheresse, le conseil demande aux moines de Montmajour de venir avec leurs reliques (tête de saint Mari, ...) à la procession qu'il organise le dimanche suivant pour faire pleuvoir.
  • 1448
Le roi René pose la première pierre de l'église des prêcheurs.
En décembre invention des reliques des saintes Maries Jabobé et Salomé aux Saintes-Maries-de-la-Mer qui dépend du diocèse arlésien. Juste auparavant, en novembre, une enquête est diligentée à Arles par l'évêque de Marseille Nicolas de Brancas. L'archevêque d'Arles, Louis Aleman déchu de ses responsabilités épiscopales, n'assiste pas à cette "invention", car il est excommunié depuis 1440 à la suite du concile de Bâle.
  • 1450-1451 : peste
  • 1450 : après avoir appartenu à l’abbaye de Lérins l’église des Alyscamps est donnée, en 1450, aux bénédictines de Tarascon
  • 1453 : des Génois remontant le Rhône, commettent des actes de violence et de rapines en Camargue.
  • 1454-1465 : remplacement de l'abside romane de Saint-Trophime par un chevet gothique.
  • 1455
Le 30 mars, un conseiller du roi de France, Charles VII se plaint auprès des syndics de la complicité des arlésiens[33] lors de la fuite de Jacques Cœur et les menace. La réunion se tient dans la grande salle de l'auberge du Cheval Blanc. On connait un certain nombre d'auberges à cette époque : l'Epée, la Fleur de Lys, l'Ange, Saint-Georges, les Trois rois, la Croix, le Mouton, le Faucon, ...
La Maison Commune est transférée du 25, rue du Grand-Couvent dans une maison du Plan de la Cour.
  • 1456 : un incendie détruit en partie l'hôpital Saint-Esprit-du-Bourg dans le quartier de la Roquette.
  • 1457 : le 20 avril, les baylons de la communauté juive se plaignent d'un Carme qui prêche la croisade et qui attaque violemment les juifs.
  • 1460 : le cardinal-légat, archevêque d'Arles, Pierre de Foix accorde une bulle d'indulgences pour favoriser l'édification de l'église des prêcheurs.
  • 1468 : l'Observance franciscaine donne naissance à un nouveau couvent à Trinquetaille, dans un ancien établissement des Cordeliers[34].
  • 1470 : par lettre patente du 16 juin, le roi René autorise la construction d'une tour de défense à l'embouchure du Rhône, dénommée par la suite Tour du Lion, Tour du Balouard, du Boulouard ou du Gras; elle est terminée le 15 juin 1477 lors de la visite du duc de Calabre.
  • 1474 : en juillet, passage de l'allemand Hans Von Waltheym, lors de son pélerinage en Provence. A Arles, il descend à l'auberge du Cheval blanc. Il nous laisse une description de la ville et de son territoire.
  • 1475
Réduction du diocèse d'Arles par détachement du diocèse d'Avignon attribué en 1474 à Julien de la Rovere, le futur pape Jules II, avec comme suffrageants les évêchés comtadins de Carpentras, Cavaillon et Vaison.
Les arlésiens obtiennent du roi Roi René deux foires à la suite de leur demande de 1443; il s'agit de deux foires de 10 jours commençant le 15 mai et le 15 septembre. Cette concession est confirmée en 1481 par Palamède de Forbin.
  • 1478 : les frères mineurs d'Arles obligent les juifs de la ville à assister à leurs prédications.
  • 1480 : le 6 avril, le conseil municipal autorise les juifs à dresser des barrières plus sécurisées aux deux extrémités de la rue où ils résident, en prévision d'un Vendredi saint animé.
  • 1481 : Le 25 mars, René de Castillon est élu syndic noble de la ville d’Arles
  • 1482-1484 : peste
  • 1482 :
En janvier, Palamède de Forbin, le nouveau lieutenant général de Provence nommé par Louis XI visite Arles lors de sa tournée des villes provençales; le 29 janvier, une ordonnance du Gouverneur de Provence précise que les Syndics seront désormais appelés Consuls.
Arles, Terre Adjacente de Provence, est réunie avec la Provence au Royaume de France peu de temps après la mort du Roi René (1481).
A la fin du printemps, Jean de Baudricourt, gouverneur de Bourgogne, chargé par le roi Louis XI de reprendre la main en Provence, visite Arles et en destitue les fonctionnaires provençaux, remplacés par des Français.
Le 23 septembre, un édit de Charles VIII proclame l'expulsion des juifs d'Arles.
Emeute à propos de la possession des reliques de saint Antoine convoitées par les moines de Montmajour et l'abbaye de Saint-Antoine en Viennois. Le parlement ayant donné gain de cause au Viennois, les arlésiens tuent plusieurs commissaires venus faire appliquer la sentence.
  • 1494 : René de Castillon est encore élu premier Consul en 1494.
  • 1495 : en septembre, passage du médecin allemand Jérôme Münzer à Arles. Il nous laisse une description de la ville et de son territoire.
  • 1497 : le 10 avril, déplacement des ribaudes (ie du bordel) de la porte du Marché-Neuf à la rue Simain; les Révérents Pères Carmes, dont le cloître est à proximité avait demandé depuis huit ans leur déplacement.
  • 1497-1500 : agrandissement de la place de la République.

[modifier] Sources et bibliographie

  • Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de) - ARLES, histoire, territoires et cultures - (Editions IMPRIMERIE NATIONALE), (ISBN 9782742751761)

[modifier] Notes

  1. Au début du XIVe siècle, la ville d'Arles accueille les juifs chassés du Languedoc. Le rabbin et philosophe juif averroïste Joseph ibn Caspi (Yossef ibn Kaspi ou Yossef Kaspi) ben Abba Mari, (1279, L'Argentière - 1340) également connu sous son nom provençal de Sen Bonfos ou Don Bonafoux de l'Argentière, s'installe ainsi en Provence d'abord à Tarascon en 1306 puis à Arles en 1317. D'après Louis Stouff, la ville aurait alors compris environ 250 feux de confession juive, chiffre qui ne sera jamais plus égalé et qui restera le plus important dans l'histoire d'Arles
  2. Sac de la juiverie d’Arles le 7 juin 1484
  3. Le 23 septembre 1493, un édit de Charles VIII ordonne l'expulsion des juifs d'Arles.
  4. Les juifs seront également chassés d'Arles à la fin du XVe siècle, puis de Provence au début du XVIe siècle. Entre temps à Arles, leur nombre va décroitre régulièrement jusqu'à la période de 1420 (conflit avec les catalans supposés entretenir des relations avec les juifs d'Arles) et aux incidents de la seconde moitié du XVe siècle liés aux prêches enflammés des frères mineurs (cf. pogrom de 1484).
  5. 2194 feux en 1319, cf. Louis Stouff, Arles au Moyen Âge, page 110
  6. A cette époque (1300-1330), les campagnes sont exploitées avec une présence humaine permanente dans les mas et la production de grains arlésiens atteint un sommet. Vers 1340, le mode d'exploitation des affars de l'archevêque, du Chapître et des Hospitaliers est l'exploitation directe; à l'inverse les frères de Saliers utilisent la facherie, plus efficace. Ce nouveau mode d'exploitation va se répandre rapidement sur tout le territoire arlésien.
  7. En février 1334, un passage d'une lettre d'un marchand italien appelé Dantini renferme le passage suivant :
    Andréa di Bartolomeo de Sienne est allé, le 11 janvier à Arles, pour commencer à acheter de la laine… À présent, le dit Bartolomeo est à Aigues-Mortes pour les embarquer.;
    Cette lettre rappelle le rôle important que joue alors l'élevage ovin dans l'économie arlésienne.
  8. L'ensemble des droits frappant le sel est donné à ferme par le roi ; Après 1332, les marchands italiens accaparent ce fermage. En 1334, huit salins situés au nord du Vaccarès produisent 15.000 tonnes de sel : c'est l'apogée des salines d'Arles.
  9. En particulier en 1397-1398
  10. Cf. Chronique de Bertrand Boysset :
    L'an du Seigneur 1368, le 11 avril, qui fut le 3e jour de Pâques, le seigneur Louis, duc d'Anjou, frère du roi de France, assiégea la cité d'Arles et le seigneur Bertrand du Guesclin, comte de Longueville mena pour lui le siège; il dura jusqu'au 1er mai. Ce jour-là, ils s'en allèrent sauf les morts qui restèrent.
  11. Les prétentions de Louis d'Anjou, frère du roi de France Charles V et lieutenant du Langudoc, l'entrainent à se lancer avec l'aide des compagnies de Bertrand du Guesclin à l'attaque de la Provence. Tarascon fut prise le 22 mai 1368. Les troupes du sénéchal Raymond d'Agoult furent battues à Céreste. L'intervention d'Urbain V auprés de Charles V, l'excommunication de du Guesclin le Ierseptembre 1368 amenèrent la retraite de celui-ci et la signature d'un traité de paix le 13 avril 1369 qui fut suivi d'une trève signée le 2 janvier 1370. Mais il y eut surtout, grace à la médiation de Grégoire XI, le traité de paix définitive du 11 avril 1371 avec Louis d'Anjou qui abandonna ses prétentions sur Tarascon.
  12. Il s'agit de Manuel de Puget, dont la soeur Galiena deviendra quelques années plus tard de 1391 à 1416, abbesse de Saint-Césaire
  13. Cf. Louis Stouff, Arles au Moyen Age, page 101 :
    Cinq nobles sont décapités place du Setier (l'actuelle place du Forum), vingt et un individus sont pendus, trois sont noyés dans le Rhône, les biens d'un certain nombre de personnages sont confisqués.
  14. Sa famille avait reçu de nombreux fiefs en Provence de la reine Jeanne, et ces possessions étaient menacées par les édits de Louis Ier et Louis II d'Anjou qui révoquèrent toutes les aliénations faites depuis le roi Robert.
  15. Roquemartine où campait Étienne Augier, dit Ferragut, et ses Tuniques Blanches. Originaire de Saint-André-de-Roquepertuis, dans la vallée de la Cèze, le chef tuchin était une vieille connaissance de Bâtard, le lieutenant de Raymond de Turenne. Raymond transigea avec lui et installa ses troupes dans la forteresse.
  16. Essentiellement en 1385, lors du ralliement de la ville d'Arles au roi Louis II d'Anjou, après les premières concessions octroyées par la reine Jeanne
  17. Ce dépôt est relaté dans un manuscrit des Archives municipales d’Arles (Ms. 723, 1372). Saint Roch, natif de Montpellier, commençait à être honoré comme le grand saint anti-pesteux. Sa renommée fut européenne puisqu’en 1501, le pape Alexandre VI Borgia demanda aux trinitaires d’Arles d’envoyer des fragments des reliques de saint Roch aux trois couvents de trinitaires créés dans le royaume de Grenade reconquis. Ce ne fut qu’après la Révolution qu’elles furent entreposées à Saint-Trophime d’Arles.
  18. Jean II Le Meingre était le fils de Jean Ier Le Meingre dit Boucicaut; il descendit à Avignon. Au nom de son père, il avait pour mission d’offrir les reliques de saint Roch au couvent de la Trinité d’Arles. Il était accompagné de Philippe de Mézières, compagnon d’armes du maréchal. Le pape Grégoire XI avalisa la volonté paternelle et le petit Jean se rendit avec son mentor en pèlerinage à Arles et aux Alyscamps.
  19. … il y eut un grand déluge d’eau du Rhône et des marais… et noya Montlong, La Cape, la Haute-Camargue et les marais salants de Peccais… (à Arles). L’eau monta du lundi soir au mardi à l’heure de tierce, de onze palmes de hauteur… (soit environ 2,20 m). J’ai eu tant d’eau dans ma maison que cela recouvrait les six premières marches de l’escalier …
  20. L'an 1397 il y eut une grande mortalité par tout dans le monde. De même, à Arles, elle débuta pour Pâques, qui était le premier jour d'avril et elle dura tout l'an 1398 jusqu'en janvier (NDLR - L'année commençait à cette époque en avril). De même, les gens mouraient le plus souvent de bosses, certains de charbons. Un grand nombre de gens moururent, plus des enfants et des gens jeunes que d'autres gens.
  21. Notice sur la famille de Castillon, rédigée à Aix en Provence le 6 juillet 1893 par M. de Castillon
  22. Deux voyageurs allemands en Provence au XVe siècle, dans Provence Historique, tome XLI, fasc.166, octobre-décembre 1991, p. 535-536)
  23. Louis Stouff - Arles au Moyen Age, pages 155-222.
  24. Louis Stouff, L’Eglise et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen-Age, pages 169-179
  25. Jacques le Goff, Histoire de la France religieuse, tome 1, Paris, 1988, pages 162 et 288 :
    Les cimetières intra-urbains rappellent que les morts ont acquis droit de cité avec le Christianisme.
  26. En 1493, il y a une émeute à Arles, émeute à propos de la possession des reliques de saint Antoine convoitées par les moines de Montmajour et ceux de l'abbaye de Saint-Antoine en Viennois. Le parlement ayant donné gain de cause au Viennois, les Arlésiens tuent plusieurs commissaires venus faire appliquer la sentence.
  27. Cf. Protocole du notaire Philippe Mandoni (Archive dépt. des BdR, 405E312,f°21) :
    La présente année 1484 et le lundi lendemain de la Pentecôte, le 7 juin, il y eut à quatre heures après-midi ou environ une attaque contre les juifs menée par des Figons (ouvriers agricoles venus à Arles pour les moissons) et par des hommes de la présente cité. Huit ou neuf chrétiens sont morts et un grand nombre ont été blessés. Mais les juifs et les juives ont été tués et noyés dans le Rhône ainsi que cela a été rapporté, mais cinq ou six autres juifs et juives ont fui par les toits en direction de la maison des chrétiens et du couvent des prêcheurs. La juiverie a été entièrement détruite. Leurs livres ont été déchirés et détruits en très grande quantité et, à partir de là, dans les quinze jours qui suivirent, plus de cinquante sont devenus chrétiens ou chrétiennes.
  28. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Jean Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, page 293
  29. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Jean Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, page 294.
  30. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Jean Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, page 312
  31. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Jean Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, page 300
  32. Annie Tuloup-Smith - Rues d'Arles qui êtes-vous ?, page 225
  33. Lecoy de La Marche, Albert (1839-1897) - Le roi René, sa vie, son administration, ses travaux artistiques et littéraires : d'après les documents inédits des archives de France et d'Italie, page 297
    Un peu plus tard, l'argentier lui-même (NDLR / il s’agit de Jacques Cœur), ayant réussi à s'évader, trouva un refuge momentané sur le territoire provençal. Repris par les gens du Roi à Beaucaire, qui dépendait de la couronne, il fut délivré, la nuit, par quelques amis venus d'Arles et de Marseille. Chartes se plaignit aux consuls et aux viguiers de ces deux villes. On lui répondit que les coupables et le prisonnier lui-même avaient disparu. Malgré de nouveaux messages comminatoires, le secret de jour retraite ne fut pas trahi, et, peu de temps après, ils se trouvaient en sûreté en Italie. La femme et les enfants de Jean de Village (NDLR / le neveu de Jacques Cœur) purent seuls être arrêtés et emprisonnes, ainsi que les fils de Jacques Coeur. La généreuse protection (NDLR / celle du roi René) qui avait sauve la personne des deux proscrits ne s'étendait pas assez loin pour garantir entièrement leur famille et leurs biens.
  34. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Jean Noël Coulet - La Provence au Moyen Âge, page 314
  35. Source : Louis Stouff - Arles au Moyen Age, page 221; les sources primaires indiquées sont les Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 405E 312, f°21..


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