Gouvernement Georges Clemenceau (2)

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Gouvernements de la France
Précédent :
Gouvernement Paul Painlevé (1)

12 septembre 1917 - 13 novembre 1917

Gouvernement Georges Clemenceau (2)
Georges Clemenceau, Président du Conseil
16 novembre 1917 - 18 janvier 1920
Suivant :
Gouvernement Alexandre Millerand (1)

20 janvier 1920 - 18 février 1920

Raymond Poincaré qui pourtant ne l’apprécie guère, appelle Georges Clemenceau en novembre 1917 à la tête du gouvernement, avec pour mission de restaurer la confiance et de tout mettre en œuvre pour que la République soutienne le choc de la Première Guerre mondiale. Le Tigre s'acquittera de sa tâche en mettant en place une "dictature de salut public", ce qui lui vaudra le surnom de "Père-la-victoire" à la sortie du conflit.

Ce deuxième gouvernement Clemenceau durera près de deux ans et demi, une longévité remarquable pour un gouvernement de la IIIe République.

La fin de la guerre verra la mise en place de certaines lois sociales, notamment la loi des 8 heures.


Sommaire

[modifier] Composition du gouvernement

[modifier] Sous-secrétariats d'Etat

  • Albert Favre - Sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur
  • Ernest Vilgrain - Sous-secrétaire d'Etat au Ravitaillement
  • Henry Lémery - Sous-secrétaire d'Etat aux Transports Maritimes et à la Marine Marchande (16 novembre 1917 - 5 décembre 1918)
  • Jean Cels-Couybes - Sous-secrétaire d'Etat à la Marine de Guerre (16 novembre 1917 - 19 novembre 1918)
  • Jean Cels-Couybes - Sous-secrétaire d'Etat à la Marine Marchande (19 novembre 1918 - .... )
  • Louis Deschamps - Sous-secrétaire d'Etat aux Postes et au Télégraphe (28 novembre 1919 - ....)
  • Charles Sergent - Sous-secrétaire d'Etat aux Finances
  • Paul Morel - Sous-secrétaire d'Etat à la Liquidation des stocks (6 février 1919 - 27 novembre 1919)
  • Yves le Trocquer - Sous-secrétaire d'Etat à la Liquidation des stocks (27 novembre 1919 - ...)
  • Jules Jeanneney - Sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil et Ministère de la Guerre
  • Jacques-Louis Dumesnil - Sous-secrétaire d'Etat Aéronautique militaire et maritime) (16 novembre 1917 - 9 janvier 1919)
  • Justin Godart - Sous-secrétaire d'Etat au Service de santé militaire (16 novembre 1917 - 5 février 1919)
  • Louis Mourier - Sous-secrétaire d'Etat au Service de santé militaire (5 février 1919 - ...)
  • Louis Ignace - Sous-secrétaire d'Etat à la Justice militaire
  • Louis Deschamps - Sous-secrétaire d'Etat à la démobilisation (6 décembre 1918 - 28 novembre 1919)
  • Léon Abrami - Sous-secrétaire d'Etat aux effectifs et aux pensions (novembre 1919)
  • Léon Abrami - Sous-secrétaire d'Etat aux Aministrations

[modifier] Remaniements

  • 23 novembre 1917 - Albert Lebrun remplace Charles Jonnart au poste de ministre du Blocus et des Régions libérées.
  • 26 novembre 1918 - Louis Loucheur devient ministre de la Reconstruction industrielle. Le poste de ministre de l'Armement et des fabrications de guerre est supprimé.
  • 24 décembre 1918 - Le poste de ministre du Blocus est supprimé. Lebrun reste ministre des Régions libérées.
  • 5 mai 1919 - Albert Claveille remplace Étienne Clémentel au poste de ministre de la Marine marchande. Il reste ministre des Travaux publics et du Transport, tandis que Clémentel reste ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes.
  • 20 juillet 1919 - Joseph Noulens remplace Victor Boret au poste de ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement.
  • 6 novembre 1919 - André Tardieu remplace Albert Lebrun au poste de ministre des Régions libérées.
  • 27 novembre 1919 - Léon Bérard remplace Louis Lafferre au poste de ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Louis Dubois remplace Étienne Clémentel au poste de ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes.
  • 2 décembre 1919 - Paul Jourdain remplace Pierre Colliard au poste de ministre du Travail et de la Prévoyance sociale.

[modifier] Le deuxième gouvernement Clemenceau, 16 novembre 1917 - 17 janvier 1920

  • 1918
    • Le 30 janvier 1918 l'aviation allemande inaugure les bombardements de civils en bombardant Paris, plusieurs hôpitaux sont touchés. On dénombre 49 morts et 207 blessés. De leur coté les Français et Britanniques bombardent les ambulances et hôpitaux allemands, ainsi que des villes rhénanes. De nouvelles attaques sur Paris auront lieu les 8 et 11 mars.
    • Le 21 mars, les Allemands reprennent l'offensive : 65 divisions attaquent Arras. La 5e armée britannique est disloquée, Pétain fournit 20 divisions pour tenter de colmater la brèche. Les Allemands se sont rapprochés de Paris de 60 km. Le 23 mars, les Allemands peuvent bombarder Paris à l'aide de canons à longue portée faisant de nombreuses victimes. Ces bombardements se poursuivront jusqu'à fin avril, de nouvelles vagues auront lieu les 8 et 10 août et s'arrêteront définitivement le 16 septembre.
    • La conférence interalliée de Beauvais du 3 avril accroît les pouvoirs du général Foch qui devient, le 14, commandant en chef des forces alliées. Clemenceau a pesé de tout son poids pour obtenir ce commandement unique.
    • Les Allemands lancent une offensive dans les Flandres, le 9 avril, Armentières tombe. Les effectifs deviennent critiques. On en appelle aux Britanniques et aux Américains.
    • L'industrie d'armement produit dans 17 000 entreprises 261 000 obus par jour et 971 canons par mois et emploie 1 million sept cent mille travailleurs, qui se décomposent en 497 000 militaires, 430 000 femmes, 425 000 hommes, 133 000 jeunes de moins de 18 ans, 61 000 travailleurs coloniaux, 40 000 prisonniers de guerre et 13 000 mutilés de guerre. De grandes grèves ont lieu en région parisienne.
    • Fin mai, les Allemands déclenchent leur troisième offensive au Chemin des Dames. Le 28, Soissons tombe, le 30 les Allemands atteignent la Marne, ils ont fait 60 000 prisonniers. Le Conseil suprême de la guerre demande au président américain Woodrow Wilson 300 000 hommes par mois.
    • Du 9 au 13 juin, offensive allemande sur l'Oise. Une contre-offensive commandée par le général Mangin bloque les Allemands. Une offensive Allemande en Italie échoue. Le 15 juillet, une offensive allemande en Champagne se brise.
    • Le 18 juillet, début de la seconde bataille de la Marne, 1000 chars de marque Renault et 600 avions sont employés. La situation se retourne, les Allemands engagés sur la Marne (rivière)|Marne sont menacés d'encerclement. Le 8 août, contre-offensive franco-britannique en Picardie. C'est le début de l'offensive générale des Alliés. Pour Ludendorff, c'est le jour noir de l'armée allemande. Les Allemands sont refoulés sur leurs positions de 1916. Des milliers d'hommes sont fait prisonniers. Ludendorff déclarera qu'il n'est plus envisageable de contraindre les Alliés à faire la paix par l'offensive. Le 21 août, les Britanniques reprennent Cambrai. Le 14 septembre, l'armée de Salonique commandée par Franchet d'Esperey passe à l'offensive. Le 18 septembre, le front allemand est rompu en Champagne. Le 19 septembre, les Britanniques enfoncent le front turc en Palestine.
    • Début octobre, les généraux Hindenburg et Ludendorff pressent le nouveau chancelier allemand Max von Baden de demander l'armistice. Finalement, le Grand quartier général impose cette décision au gouvernement. Le 6, Max von Baden demande à Wilson quelles seraient les conditions pour un armistice. Le 14, Wilson précise que la capitulation de l'armée allemande et l'abdication des Hohenzollern font partie de ces conditions. Le 26, Ludendorff démissionne de ses fonctions.
    • Le 17 octobre, Lille et Douai sont libérées par les Britanniques. Le 20 octobre, les soldats belges libèrent Bruges. Les 24-27 octobre, les Italiens sont victorieux dans la bataille de Vittorio-Veneto. Le 28, l'armée d'Orient atteint le Danube.
    • Le 29 octobre, l'Allemagne s'adresse à Wilson pour demander l'armistice et la paix. Wilson répond par ses quatorze points. Afin de contraindre les alliés à négocier sur une base identique, Wilson n'exclut pas de signer une paix séparée. Le 30 octobre, la Turquie signe l'armistice de Moudros. Les troupes françaises entrent au Liban ravagé par la famine. Les Français organisent les secours. Le 31 octobre, le gouvernement allemand demande à Guillaume II d'abdiquer. Le 3 novembre, l'Autriche-Hongrie signe l'armistice de Villa-Giusti avec les Alliés. Les chefs de gouvernement alliés s'entendent sur les conditions d'armistice pour l'Allemagne. Le 4, Washington adresse les conditions d'armistice au gouvernement allemand et l'invite à la demander au maréchal Foch (il a été nommé Maréchal le 6 août). Les armées allemandes entament leur retraite. Le 9 novembre, les marins allemands de Kiel se révoltent. Guillaume II abdique, la République est proclamée en Allemagne.
    • Le 11 novembre 1918 à 6h du matin, à Rethondes (près de Compiègne), les généraux allemands signent l'armistice sur la base des 14 points. Clemenceau est chargé d’annoncer à la Chambre et au pays les conditions de l’armistice. Évacuation des troupes allemandes à l'ouest du Rhin et de sa rive gauche, annulation des traités de Brest-Litovsk et de Bucarest, livraison du matériel de guerre et des sous-marins. Les hostilités sont suspendues à partir de 11 heures. Signé pour 36 jours, l'armistice est renouvelé le 13 décembre puis le 16 janvier 1919 jusqu'à la signature de la paix le 16 février 1919. Le ministre de l'Intérieur adresse un ordre de pavoisement aux préfets. Tout le pays est en liesse.
    • Le 17 novembre, les troupes françaises entrent en Alsace-Lorraine.
    • Le 1er décembre 1918, un conseil des quatre chefs des gouvernements alliés est constitué par Lloyd George, Clemenceau, Orlando, Wilson. Le 4, l'État tchécoslovaque est reconnu par les alliés qui lui accordent d'englober la Slovaquie.
    • Le 10 décembre, Pétain (qui sera fait maréchal le 15 décembre), Foch, Poincaré et Clemenceau, surnommé le "Père-la-victoire", sont acclamés en Alsace.
  • 1919
    • Le 11 février 1919, le social-démocrate Friedrich Ebert est élu président de la république de Weimar par l'assemblée constituante allemande. Le 16 en Autriche, les socialistes remportent les élections. Le nouveau chancelier Karl Renner revendique la possibilité de rattacher l'Autriche à l'Allemagne (Anschluss). Les Américains approuvent, Clemenceau s'y oppose.
    • Le 19, Clemenceau est blessé d'un coup de revolver. Le coupable, l'anarchiste Émile Cottin est condamné à mort. Sur intervention de Clemenceau, sa peine est commuée en 10 ans de prison. Il mourra pendant la guerre civile espagnole dans les rangs républicains. Le 6 avril à Paris, 100 000 personnes manifestent contre l'acquittement, le 22 mars, de Raoul Villain, l'assassin de Jaurès.
    • Préparation du traité de paix. Les Italiens, qui n'obtiennent pas l'annexion de la Dalmatie (qui ira à la Yougoslavie) quittent la commission. Le pacte constitutif de la Société des Nations (SDN) est adopté, mais ses pouvoirs seront faibles : les Britanniques s'opposent au principe des sanctions militaires, les États-Unis prônent les sanctions économiques ou financières. Le 7 mai, les conditions de paix sont remises à l'Allemagne. La date limite de la signature est fixée au 29 juin. L'opinion publique française, traumatisée par la guerre, exige des conditions draconiennes ("le boche doit payer"), oubliant que l'Allemagne est elle aussi exangue. Le traité sera signé à Versailles dans la galerie des glaces (pour effacer le traité de la guerre de 1870). Le 2 juin, les conditions imposées à l'Autriche lui sont remises au château de Saint-Germain. Le traité de Versailles est signé le 28 juin 1919 et le traité de Saint-Germain le 19 septembre 1919. La France, qui voulait annexer la Rhénanie (rive gauche du Rhin) pour créer un espace tampon avec l'Allemagne, doit se contenter d'une garantie des Américains et des Britanniques. Le 20 novembre le Sénat américain refusera de ratifier le traité de Versailles, de ce fait la garantie américaine devient inexistante et le Royaume-Uni retire la sienne.
    • En mars 1919 au Kremlin, Lénine fonde la 3e Internationale, le Komintern (KOMmounnistitcheski INTERNatsional), il édicte 21 conditions d'adhésion qui consistent pour l'essentiel à rompre avec la social-démocratie.
    • En politique intérieure, les débats de la Chambre et du Sénat sont divergents. Dans un contexte économique dopé par la reconstruction du pays et propice aux revendications ouvrières, Clemenceau incite son ministre du Travail à déposer un projet de loi prévoyant une réduction du temps de travail à huit heures la journée, sans perte de salaire. Cette mesure vise à lutter contre le chômage dû à l'afflux de main-d'œuvre provoqué par le retour des combattants du front. Le Sénat vote la journée de huit heures mais pas la Chambre. Dans le même temps, la Chambre vote le droit de vote pour les femmes mais pas le Sénat. La CGT organise des manifestations pour la journée de huit heures. Le 2 juin les métallurgistes se mettent en grève pour la semaine de 44 heures, le 3 les employés du métropolitain et des omnibus les rejoignent. La grève se termine le 16 sans succès. Le 21 août, les grandes entreprises françaises se regroupent dans la Confédération Générale de la Production Française (CGPF).
    • Le 25 mars, la loi sur les conventions collectives est adoptée. C'est la première loi à donner un statut légal à ces conventions, même si elle leur conserve un caractère essentiellement contractuel. Le 23 avril, la loi des 8 heures est finalement adoptée. Elle sera relativement bien appliquée et permet aux salariés de bénéficier de la "semaine anglaise" (week-end).
    • Au congrès de la CGT du 15 au 21 septembre, la minorité révolutionnaire menée par Pierre Monatte, Fernand Loriot, Gaston Monmousseau, critique l'attitude de la direction confédérale pendant la guerre et s'oppose à Léon Jouhaux. Ils gagnent de l'influence mais pas suffisamment pour le renverser. Le 1er et le 2 novembre 1919 a lieu le congrès constitutif de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). C'est Gaston Tessier qui est nommé secrétaire général et Jules Zirnheld président.
    • En novembre, les élections législatives accouchent de la chambre la plus à droite depuis 1871, la chambre "bleu horizon". 28,9% d'abstention.
  • 1920
    • Le 10 janvier 1920, le traité de Versailles entre en vigueur. Naissance de la SDN. Le 16, elle commence ses travaux. Le Sénat américain rejette l'adhésion des États-Unis. Les 32 pays fondateurs siègent à Genève. Le conseil permanent est composé de la France, du Royaume-Uni, de l'Italie, du Japon et de la Chine.
    • Élection du Président de la République française, sont en présence les candidatures de Clemenceau et de Paul Deschanel. Les parlementaires vont faire payer à Clemenceau des années d'humiliation pendant lesquelles il a gouverné seul, menant une "dictature de salut public". Porté par un soutien populaire, il a ignoré le parlement, le tenant éloigné de toute information sur la guerre. La gauche lui reproche son autoritarisme. Mais à droite, on reproche à Clemenceau son anti-cléricalisme et l'attitude hautaine du "Père-la-victoire" . Clemenceau est devancé par Deschanel, il ne réunit que 389 voix contre 408 à la réunion préliminaire, il retire sa candidature et démissionne de la présidence du Conseil. Son successeur sera Alexandre Millerand.