Dalmatie

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La Dalmatie
La Dalmatie

La Dalmatie (en croate Dalmacija) est une région de Croatie.

Sommaire

[modifier] Géographie

La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, le long de la mer Adriatique, qui va de l'île de Pag, au nord-ouest, à la baie de Kotor (Monténégro) au sud-est. Elle s'étend sur 350 km sur la côte est de la mer Adriatique sur environ 60 km de large, couvre 12 100 km² pour 897 000 habitants (2001). Elle est traversé par les Alpes dinariques.

Elle est composée de quatre comitats, Zadar, Šibenik, Split et Dubrovnik.

[modifier] Histoire

[modifier] L'antiquité

[modifier] La période des royaumes Illyriens et Dalmates

On lie le nom de "Dalmatie" à l'appellation illyrienne du mouton -- dele en albanais, par l'intermédiaire de l'ancien delmë ("pasteur", "berger d'ovins", bari delësh en albanais contemporain).

Au VIe siècle av. J.-C., les Grecs fondent des colonies dans le royaume d'Illyrie, dont la Dalmatie faisait alors partie.

En -229 et -228, la flotte romaine combattit les pirates illyriens qui s’abritaient dans les multiples îles de cette région, et à partir de -219, les Romains prirent le contrôle de la côte de Dalmatie pour garantir la sécurité de la mer Tyrrhénienne.

En -168, le consul romain Paul Émile le Macédonien vainquit le Royaume de Macédoine et son allié le royaume d’Illyrie. Les Romains prirent le contrôle de la Dalmatie, pour s’assurer une route terrestre permanente vers la Macédoine et la Grèce. En revanche ils n’allèrent pas plus profondément dans le territoire illyrien, et Jules César, proconsul des Gaules et de l’Illyrie à partir de -58, dirigea ses légions vers la Gaule.

[modifier] La période romaine

Entre -9 et -6, les Romains commandés par Tibère font la conquête de l'Illyrie. Tibère doit intervenir à nouveau entre les années 6 et 9 pour réduire une révolte de l’Illyrie au cours d’une guerre difficile, engageant pas moins de 15 légions et autant d’auxiliaires, soit un effectif considérable compris entre 150 000 et 180 000 soldats. Après sa victoire, l’Illyrie est divisée en provinces de Dalmatie et de Pannonie.

La Dalmatie dans l'Empire romain, vers 120
La Dalmatie dans l'Empire romain, vers 120

En raison de la présence de deux légions, l'ancienne province sénatoriale de Dalmatie est réorganisée en l’an 10 en une province impériale, avec comme capitale ‘’Salonae’’ (Salone, aux importants vestiges archéologiques romains : puissants remparts, thermes, basilique). D'autres villes romaines furent prospères : ‘’Tarsatica’’ (Trsat, au sud de Rijeka) ‘’Iader’’ (Zadar, où sont encore visibles les vestiges du forum romain), ‘’Narona’’, ‘’Burnum’’. Les mines d’or et d’argent contribuent à la prospérité de la Dalmatie.

Même après le départ des légions vers les provinces frontières du Danube, Pannonie et Mésie, la Dalmatie conserva son statut de province impériale confiée à un ancien consul. Elle conserva une garnison auxiliaire qui fut renforcée durant le règne de Marc Aurèle. La province semble avoir été touchée à cette époque par des phénomènes de brigandages. Didius Julianus, futur empereur, et alors gouverneur aurait mené des opérations contre les brigands vers 175-178. Son importance stratégique s'était aussi réaffirmée puisque les barbares avaient traversé les provinces frontières pour parvenir en Italie.

Durant le troisième siècle la Dalmatie occupa donc une place importante, constituant, avec la Rhétie et le Norique la liaison incontournable entre l'Italie et les frontières danubiennes. La Dalmatie peut alors sembler être le cœur de l'Illyricum, ensemble s'étendant des Balkans au Danube, concentrant d'importantes armées. De nombreux officiers originaires de ces régions jouèrent un rôle incontournable dans la défense de l'empire lors de la crise du IIIe siècle : l'importance politique de la Dalmatie grandissait.

Sont originaires de Dalmatie: l’empereur romain Carus (282-283), né à Narona selon certains auteurs, ses fils et successeurs Carin (283-285) et Numérien (283-284), et l’illustre Dioclétien, empereur de 284 à 305. Dioclétien se fit construit près de Salone un vaste palais fortifié sur la côte Dalmate, où il se retira en 305 après son abdication. Ce palais fut à l'origine de la ville de Split. Saint Jérôme, le traducteur de la Vulgate, était également d'origine dalmate.

Le remodelage des provinces sous la tétrarchie conserva la Dalmatie en une seule province. Son contrôle est fréquemment disputé entre les empereurs régnant sur les parties occidentale et orientale de l’Empire Romain. Lors de l’ultime division de l’Empire Romain en 395, la Dalmatie est rattachée à l’Empire romain d'Occident.

Lors des invasions germaniques du IVe siècle, la Dalmatie devient le refuge de ce qui reste de l’armée romaine d’Illyrie et le dernier lien terrestre entre l’empire d’Occident et l’empire romain d’Orient. Elle voit le passage des candidats à l’empire d’Occident soutenus par Constantinople (Valentinien III, Anthémius, Julius Nepos), puis passe vers 490 sous la domination des Ostrogoths.

[modifier] Le Moyen-Age

[modifier] La période byzantine

En 535, l’empereur d’Orient Justinien Ier envoie le général Bélisaire contre le royaume Ostrogoth d’Italie. Au passage, Bélisaire ramène la Dalmatie dans l’Empire Romain, pour quelques années.

Les Avars, qui conquirent la plupart des villes de Dalmatie au VIe siècle, poussèrent vers 614 les populations romaines de Salone sur le littoral, entraînant la fondation de Split, sur l'emplacement du palais romain construit par Dioclétien. D'autres réfugiés romains s'installèrent sur un îlot facile à défendre et fondèrent Raguse (Dubrovnik). Quelques villes cotières comme Zadar ou Trogir demeurèrent des possessions romaines isolées.

[modifier] L'installation des Croates

Dans les années 640, les Croates (des slaves) vainquirent les Avars; la Dalmatie fut intégrée au duché de Croatie, puis au royaume de Croatie. Capitales du duché/royaume croate : Biaći, Nin, Biograd, Šibenik, Knin, Split, Omiš, Klis, Solin.

En 1102, la Dalmatie, comme toute la Croatie, s'unit à la Hongrie. De 1115 à 1420, la Dalmatie fut le théâtre de nombreuses guerres entre le Royaume hongro-croate et la République de Venise; cette dernière finit par annexer la région, à l'exclusion de la République de Raguse (Dubrovnik), pour en faire une de ses provinces.

[modifier] La période moderne

[modifier] La période vénitienne

En 1403 Ladislas de Duras, Roi angevin de Naples et prétendant au trône de Hongrie-Croatie, "vend" la Dalmatie à Venise pour 100 000 ducats. Venise s'installe durablement sur cette côte de l'Adriatique, même si elle ne parviendra jamais à conquérir ni éliminer sa rivale Raguse. Venise ne perdra définitivement la Dalmatie qu'avec l'abolition de sa propre République par Bonaparte en 1797.

[modifier] La période austro-hongroise

Après la chute de la République vénitienne en 1797, pendant la Révolution française, la Dalmatie devint possession de l'Empire autrichien par le traité de Campo-Formio. Elle fut française sous le Premier Empire, puis de nouveau rattachée à l'Autriche au traité de Vienne en 1815.

[modifier] La période yougoslave

Par le traité de Rapallo en 1920, suite à la défaite des puissances centrales dans la Première Guerre mondiale, la Dalmatie (à l'exception de la ville de Zadar, cédée à l'Italie) fut incluse avec le reste de la Croatie dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, rebaptisé un peu plus tard Royaume de Yougoslavie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Italiens ont conquis une partie de la côte de Dalmatie, de 1941 à 1944, date à laquelle ils furent chassés par les combattants yougoslaves. En 1991, après que la Croatie eut déclaré son indépendance vis-à-vis de la République fédérale socialiste de Yougoslavie, la région redevint un champ de bataille.

[modifier] La Dalmatie dans la République de Croatie

Le 17 août 1990 à Knin, sous l'impulsion du Colonel Ratko Mladić nommé dans ce but dans cette ville, les Serbes majoritaires en Dalmatie du nord se révoltent contre la République de Croatie. Ils barrent les routes, coupant la liaison terrestre entre la Croatie du nord et le reste de la Dalmatie : c'est la Révolution des troncs d'arbre à laquelle l'Armée populaire yougoslave (JNA), complice, empêche la police croate de mettre fin. En 1991, alors que la Dalmatie du Nord n'avait jamais fait partie de la frontière militaire des Habsbourg, ses dirigeants serbes, alors dirigés par Milan Babić, après avoir massacré et expulsé ses habitants croates, la rattachent à la "République serbe de Krajina" dont ils font de Knin la "capitale". Encerclée par l'Armée de la République de Croatie et le Conseil croate de défense en Bosnie-Herzégovine (HVO) au cours d'une manoeuvre menée en 1994-1995, Knin tombera le 5 août 1995 aux mains de l'armée et de la police croates lors de l'Opération Oluja.

[modifier] Economie

Les ressources principales de la Dalmatie sont l'industrie (constructions navales, métallurgie), le tourisme sur le littoral, ainsi que l'agriculture et la pêche mais qui sont en déclin.

[modifier] Culture et patrimoine

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes