Raoul Villain

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Raoul Villain, né le 19 septembre 1885 à Reims, tué le 14 septembre 1936 à Ibiza, est un nationaliste français, assassin de Jean Jaurès.

Fils d'un greffier au tribunal de Reims, pion au lycée Stanislas[1], adhérent de la « Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine », groupement d'étudiants nationalistes, et un temps militant du Sillon, le mouvement chrétien social de Marc Sangnier condamné par Pie X en 1910, partisan de la guerre, il assassine par deux balles dans la tête Jean Jaurès au Café du Croissant, 146 rue Montmartre à Paris (2e arrondissement), le vendredi 31 juillet 1914 à 21h40[2].

Cet assassinat a lieu trois jours avant le début de la Première Guerre mondiale, et en précipite le déclenchement des hostilités, notamment en facilitant le ralliement de la gauche, y compris beaucoup de socialistes qui hésitaient, à l'« Union sacrée »[3].

Il est incarcéré en attente de son procès durant toute la Première Guerre mondiale et, après cinquante-six mois de détention préventive, il est acquitté lors de son procès, le 29 mars 1919, les jurés ayant estimé qu’il avait rendu service à sa patrie : « Si l’adversaire de la guerre, Jaurès, s’était imposé, la France n’aurait pas pu gagner la guerre. » La veuve de Jaurès doit même payer les frais du procès. En réaction, Anatole France écrit : « Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous, il est mort pour vous. Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez ! », et une manifestation est organisée le 6 avril suivant.

Raoul Villain s’exile alors à Santa Eulalia sur l'ile Ibiza dans les Baléares, où les locaux le surnomment « le fou du port ». Peu après le début de la guerre d'Espagne, les républicains l’exécutent pour espionnage au profit de l'armée franquiste le 14 septembre 1936.

[modifier] Notes

  1. Jérôme Dupuis, « Tueurs d'élites », compte-rendu paru dans L'Express, 6 janvier 2000
  2. François Broche, Jaurès, Paris 31 juillet 1914, Paris, Balland, « Les grands crimes politiques », 1978, 220 pages
  3. Voir aussi : L'Union sacrée et les socialistes

[modifier] Bibliographie

  • Jean Rabaut, Jaurès et son assassin, 1971, 257 p.

[modifier] Liens externes