Classification des psychotropes

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les psychotropes ont fait l'objet de nombreuses démarches de classification, principalement selon leurs effets et la nature de leur dangerosité.

Les classifications selon les effets rencontrent leurs limites dans le fait que les catégories sont des catégories d'effets et non de substances, or une même substance peut avoir plusieurs effets différents en fonction de son dosage et les modalités de consommation.

Sommaire

[modifier] Classifications selon les effets

[modifier] Classification selon Lewin (1924)

En 1924, Louis Lewin (un pharmacologue allemand) décrivit et classa les psychotropes, qu'il qualifiait de poison de l'esprit, en cinq groupes en leur donnant des noms latins selon leurs effets. Cette classification était la première qui tenait compte des effets de ces produits :

Cette classification, bien que claire et simple, présente ses limites dans le fait qu'elle ne classe pas les produits psychotropes récents et qu'elle ne tient pas compte du fait que l'effet peut varier selon la dose. Ainsi la cocaïne, utilisée à l'époque comme anesthésiant, est présentée comme un calmant alors que c'est un stimulant.[1]

[modifier] Classification selon Delay et Deniker (1957)

En 1957, Jean Delay (un psychiatre français) a élaboré avec son assistant Pierre Deniker une classification des drogues qui sera validée par le congrès mondial de psychiatrie en 1961. Cette classification distingue les substances psychotropes en fonction de leur activité sur le système nerveux central (SNC) :

[modifier] Classification selon Pelicier et Thuillier (1991)

En 1991, Yves Pelicier (un médecin français) et Jean Thuillier (un psychiatre et pharmacologue français) reprennent la classification selon Delay et Deniker pour la moderniser :

[modifier] Classification selon Peters (1991)

En 1991, G. Peters (un professeur des universités suisse) établit une classification des psychotropes :

  • Les psychostimulants, qui accélèrent le fonctionnement du système nerveux ;
  • les psychédéliques, qui perturbent le fonctionnement du système nerveux ;
  • les psychosédatifs, qui ralentissent le fonctionnement du système nerveux ;
  • les antidépressifs, qui ralentissent le fonctionnement du système nerveux après une phase d'excitation.

[modifier] Classifications selon la dangerosité

Ces classifications ont surtout une portée juridique.

[modifier] Classification de l'OMS (1971)

En 1971, l'OMS établit une classification des substances psychotropes en évaluant leur dangerosité selon trois critères : dépendance psychique, dépendance physique et tolérance. Cette classification est cependant imprécise dans ses évaluations et la liste des psychotropes pris en compte est incomplète, le tabac ou les tranquillisants n'y sont pas pris en compte :

Dangerosité des drogues selon l'OMS (1971)
Drogue Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance
Alcool moyenne à marquée moyenne à marquée certaine
Opiacés marquée modérée à moyenne marquée
Cocaïne aucune modérée à marquée aucune
Barbituriques moyenne à marquée moyenne à marquée substantielle
Amphétamines minime moyenne à marquée aucune
Khat minime moyenne à modérée minime
Solvants, inhalants minime moyenne à modérée possible avec certains produits
Hallucinogènes (LSD) aucune moyenne à modérée peut-être marquée avec certains produits
cannabis minime moyenne à modérée possible à fortes doses

[modifier] Classification du rapport Pelletier (1978)

En 1978, Monique Pelletier (une avocate française) reprend la classification de l'OMS et l'applique à l'ensemble des psychotropes juridiquement réglementés dans son rapport de la mission d'études sur l'ensemble des problèmes de la drogue. Les évaluations sont plus claires et s'échelonnent de 0 à 4. La tolérance de la cocaïne et des amphétamines passent de « aucune » à « très forte ».

rapport Pelletier (1978)
Substance Dépendance psychique Dépendance physique Tolérance
Stupéfiants
Opiacés
Opium 4 4 4
Morphine 4 4 4
Héroïne 4 4 4
Morphino-mimétiques
Péthidine (dolosal) 4 4 4
Dextromaramide (palfium) 4 4 4
Dextrométhorphane (romilar) 4 4 4
Stimulants
Coca 3 0 2
Cocaïne 4 0 4
Hallucinogènes
LSD 1 0 0
Mescaline 1 0 0
Psilocybine 1 0 0
Haschisch 2 0 0
Cannabis 1 0 0
Médicaments détournés
Stimulants
Amphétamines 4 1 4
Métamphétamines 4 1 4
STP 4 1 4
Hypnotiques et tranquillisants
Barbituriques 3 4 3
Non barbituriques 2 2 3
Tranquillisants 4 1 3
Analgésiques non opiacés
Pethacétine 4 0 2
Amydopyrine 4 0 2
Autres substances
Alcool 3 3 3
Tabac 2 0 2
Solvants volatils 3 1 4
  • Légende :

0 = nulle ; 1 = faible ; 2 = moyenne ; 3 = forte ; 4 = très forte

[modifier] Code de la santé publique français (1990)

Icône de détail Article détaillé : Code de la santé publique.

Largement inspiré des conventions internationales de 1961, 1971 et 1988 sur le contrôle des stupéfiants, le code de la santé publique français classe les psychotropes en quatre catégories (dont les deux premières, stupéfiant et psychotrope, furent établies par l'arrêté du 22 février 1990) en fonction de leur toxicité et de leur dangerosité :

Les substances dopantes relèvent d'une liste spécifique établie par les ministères des sports et de la santé et fixée par arrêté ministériel le 2 février 2000. Cette liste s'inspire grandement de la liste officielle du Comité International Olympique (CIO).

[modifier] Rapport Roques (1998)

En 1998, Bernard Roques (un professeur français) présente une approche globale considérant à la fois les propriétés pharmacologiques des produits psychotropes et les problèmes et risques sanitaires et sociaux liés à la consommation de ces produits.

Ce tableau est un extrait du tableau publié à la page 182 du rapport sur la dangerosité des produits par le professeur Bernard Roques et adressé au Secrétaire d'État à la Santé de l'époque, M. Kouchner, à l'issue des Rencontres Nationales sur l'Abus de drogues et la toxicomanie (France, juin 1998).

Facteurs de dangerosité des drogues
Héroïne
(opioïdes)
Alcool Tabac Cocaïne MDMA Psychostimulants Benzodiazépines Cannabinoïdes
Dépendance physique très forte très forte forte faible très faible faible moyenne faible
Dépendance psychique très forte très forte très forte forte mais intermittente mal connue moyenne forte faible
Neurotoxicité faible forte 0 forte très forte (?) forte 0 0
Toxicité générale forte
(nulle pour méthadone et morphine en usage thérapeutique)
forte très forte forte éventuellement forte forte très faible très faible
Dangerosité sociale très forte forte (cancer) très forte faible (?) faible
(exceptions possible)
faible
(sauf conduite automobile)
faible

Le rapport Roques propose une nouvelle classification des psychotropes en ne considérant donc que les effets neuropharmacologiques qu'ils provoquent[1] :

Autre classification. Source du 24 mars 2007 article: Nutt, David, Leslie A King, William Saulsbury, Colin Blakemore. "Development of a rational scale to assess the harm of drugs of potential misuse" The Lancet 2007; 369:1047-1053.
Autre classification. Source du 24 mars 2007 article: Nutt, David, Leslie A King, William Saulsbury, Colin Blakemore. "Development of a rational scale to assess the harm of drugs of potential misuse" The Lancet 2007; 369:1047-1053.

[modifier] Classifications juridiques

Des classifications s'inspirent des conventions internationales ; celles-ci sans définir les termes classent ces produits en deux groupes :

Elles sont critiquées par le milieu médical qui préfère considérer une consommation problématique plutôt que des types de produit[1].

[modifier] Note

  1. abc Denis Richard, Jean-Louis Senon, Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-505431-1)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes