Jusquiame

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Hyoscyamus
Jusquiame noire
Jusquiame noire
Classification classique
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Solanales
Famille Solanaceae
Genre
Hyoscyamus
L., 1753
Classification phylogénétique
Ordre Solanales
Famille Solanaceae
Taxons de rang inférieur

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Les jusquiames sont des plantes appartenant au genre Hyoscyamus et à la famille des Solanacées. On en connaît deux espèces en Europe : la jusquiame blanche (Hyoscyamus albus L.), qui pousse sur le pourtour du bassin méditerranéen, et la jusquiame noire (Hyoscyamus niger L.), beaucoup plus cosmopolite. Les deux plantes sont toxiques, contenant divers alcaloïdes tels que l'atropine, l'hyoscyamine et la scopolamine. Elles sont cependant moins dangereuses que le datura ou la belladone, qui contiennent les mêmes alcaloïdes mais en plus grandes proportions.

[modifier] Étymologie

Le terme vient du grec ancien hyoskyamos (fève de porc) : il s'agit d'une allusion à l'épisode de l'Odyssée durant lequel la magicienne Circé transforma en pourceaux les compagnons d'Ulysse en leur faisant pour cela boire un philtre contenant de la jusquiame. Mais Ulysse était immunisé grâce à un antidote - végétal - dont Hermès lui avait fait présent. Certains interprètent cet épisode comme une métaphore opposant la bestialité (le pourceau) à la raison. Toutefois, les solanacées "vireuses", dont fait partie la jusquiame, sont fréquemment évoquées dans les histoires de métamorphoses d'homme en animal : lycanthropie par exemple. Elles peuvent en effet générer des hallucinations particulièrement puissantes, y compris celle d'avoir pris la forme d'un animal, au point d'en adopter le comportement.

[modifier] Description de Hyoscyamus niger

Plante annuelle ou bisannuelle à odeur désagréable, à poils collants. Nombreuses feuilles ovales à extrémité pointue, grossièrement dentées ou entières, les basales pétiolées et en rosette, les supérieures sessiles. Inflorescence en cyme unipare hélicoïde. Fleurs à corolle tubulée terminée par cinq lobes arrondis. La corolle est jaune pâle, avec une gorge et des nervures pourpres ou violettes. Calice vert à 5 dents. 5 étamines. Le fruit est une capsule. Floraison de mai à septembre. Terrains en friche ou labourés, souvent près de la mer ou à proximité de bâtiments agricoles.

Dotée de propriétés psychotropes communes aux solanacées vireuses (datura, belladone et mandragore) la jusquiame noire a été utilisée en Europe depuis l'antiquité à des fins rituelles, notamment pour entrer dans des états modifiés de conscience : dilatation des pupilles, sensations de distorsion de la personnalité, impressions de lévitation, confusion entre état hallucinatoire et éveillé, perceptions de illusions comme étant la réalité, etc. On trouve mention des utilisations magico-religieuses dans plusieurs ouvrages réédités de traités "magiques" d'astrologie alchimique et de recettes incorporant des plantes, tel le Grand Albert.

Les recettes indiquées incluent plusieurs plantes toxiques, telle la ciguë, l'opium, l'aconit, la belladone et la jusquiame, bouillies longuement avec de l'axonge (graisse fine d'agneau voire de nouveau-né, qui tient lieu de solvant) et des additifs résineux tels les bourgeons de peupliers qui entrent dans la composition de la propolis (antibiotique naturel sécrété par les abeilles). Les onguents ainsi obtenus étaient ensuite frottés sur les parties du corps où la peau est fine et permet le passage des matières actives : creux poplité du genoux, aisselles, dessous du coude, tempes, vagin, hanches, etc, au cours des rituels de sorcellerie pour faciliter le passage de l'utilisateur dans un univers démoniaque (rite du "sabbat" à l'étymologie obscure). Les dosages qui permettaient atteindre l'état désiré étaient peu divulgés. La pharmacologie même des composants employés est telle que la dose hallucinogène est proche de la dose mortelle.

Il est également avéré que la jusquiame entrait dans la composition de certaines bières, où elle décuplait les effets de l'ivresse alcoolique. On a ainsi retrouvé en Scandinavie dans une tombe datant de l'Âge de Bronze une bière aromatisée de plusieurs plantes (myrte, reine des prés, etc.), dont la jusquiame noire. Une hypothèse linguistique fait même remonter l'étymologie de la pilsener (une bière amère blonde) au nom germain de la jusquiame : Bilsenkraut.

Enfin, Christian Rätsch cite dans son ouvrage "les plantes de l'amour" une utilisation aphrodisiaque de la jusquiame au Moyen Âge, sous forme de fumigation des graines dans les établissements de bains.

Sur le plan clinique cette plante est un toxique (moins virulente cependant que les autres solanacées à alcaloïdes tropaniques) : les surdosages peuvent entraîner spasmes, hallucination, tachycardie, perte de conscience et arrêt respiratoire. Ces alcaloïdes (hyosciamine, scopolamine et atropine) furent utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale comme sérum de vérité. Aujourd'hui, ils entrent dans la composition de nombreux médicaments, notamment contre le mal des transports, ou encore pour les soins des maladies neuro-dégénératives.

[modifier] Description de Hyoscyamus albus

Les caractéristiques sont les mêmes que pour l'espèce précédente, mais la plante est plus velue, les feuilles sont toutes alternes et pétiolées et la corolle, à gorge maculée, n'est pas veinée de violet. Floraison d'avril à septembre. Plante nitrophile et thermophile.

Jusquiame blanche
Jusquiame blanche
Détail des fleurs
Détail des fleurs