Borréliose

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Borréliose
CIM-10 : A69.2
CIM-9 : 088.81

La borréliose est une maladie infectieuse d'origine bactérienne transmise à l’homme par les tiques ou les poux. Elle tire son nom du biologiste français Amédée Borrel.

L'une de ses formes concerne l'Europe où elle semble en plein développement, comme aux États-Unis : c'est la maladie de Lyme, du nom d'une ville du Connecticut où on l'a redécouverte en 1975, bien qu'elle ait été décrite dès 1910 en Europe.

L'autre forme est constituée des borrélioses tropicales, qui sont connues depuis plus longtemps sous le nom de fièvres récurrentes.

mâle (petit) et femelle de la tique Ixodes ricinus.
mâle (petit) et femelle de la tique Ixodes ricinus.

Sommaire

[modifier] Maladie émergente ?

Ces deux maladies semblent pouvoir être considérées comme maladies émergentes. En effet, le nombre des tiques et/ou le nombre de borrélioses semblent augmenter en Amérique du Nord, comme en Europe et en Afrique.

A ce jour on estime selon les situations géographiques, qu'il peut y avoir jusqu'à 30% des tiques contaminées en France et jusqu'à 60% en Autriche[1]. Cependant beaucoup de données ne sont pas à jour et ne reflètent pas la réalité du terrain car certaines zones de contamination sont plus localisées que d’autres. Aux Etats Unis par exemple, on peut voir des panneaux prévenant les promeneurs qu'ils traversent une zone à risque.

La maladie a été tardivement connue en France alors qu’en Autriche ou en Allemagne le problème est suivi depuis plus longtemps. Elle n'est parfois pas clairement diagnostiquée car les symptômes sont variables et peuvent être confondus avec ceux d'autres maladies. Ceci d'autant plus que les tiques peuvent être à la fois porteuses de la Borréliose et de la Méningo-encéphalite verno-estivale (ou FSME : Frühsommer-Meningo-Enzephalitis en allemand).

Plusieurs explications sont avancées, dont :

  • la fragmentation écologique des paysages qui favorise en Amérique du Nord la souris à patte blanche qui nourrit les tiques vectrices de la maladie de Lyme ;
  • l’effet de perturbations micro et macroclimatiques, peut-être liées aux changements climatiques globaux, et localement à des sécheresses récurrentes ou persistances, à l’avancée du désert ;
  • des raisons mal comprises diverses (augmentation du nombre et circulation accrue des rongeurs ou disparition de leur prédateurs) ;
  • des facteurs comportementaux (ainsi en Israël, les cas diminuent dans la population civile, alors qu'ils augmentent chez les militaires qui y sont plus exposés).

[modifier] Agents et vecteurs

Ixodes scapularis, vecteur de la maladie de Lyme
Ixodes scapularis, vecteur de la maladie de Lyme
Borrelia burgdorferi, le parasite qui cause la maladie de Lyme a une forme serpentine et spiralée particulière, d'où son nom de spirochète.
Borrelia burgdorferi, le parasite qui cause la maladie de Lyme a une forme serpentine et spiralée particulière, d'où son nom de spirochète.

Les bactéries responsables des borrélioses sont des spirochètes du genre Borrelia.

Elles se transmettent :

En climat tempéré, la contamination se produit souvent lors de parcours en forêt, du début du printemps à la fin de l'automne. En zone tropicale, le cycle de transmission est encore mal compris, mais il semble que les rongeurs commensaux de l'homme amènent les tiques dans les villages, dans les habitations et autres lieux de vie ou tout près.

D'après le Centers for Disease Control and Prevention (agence gouvernementale étasunienne), il n'y a aucune preuve de transmission de personne à personne (ni par toucher, baiser, ou acte sexuel)[2]. En revanche, la maladie de Lyme peut être transmise in-utéro (mais pas par allaitement maternel). Enfin, aucun cas de transmission par transfusion sanguine n'a été recensé.

[modifier] Épidémiologie

Les fièvres récurrentes concernent essentiellement l'Éthiopie, et à un degré moindre, la Chine du Nord et l'Amérique du Sud.

La maladie de Lyme doit être prise au sérieux pour toute balade en forêt, à la campagne, en France, en Suisse et en Belgique notamment. Des cas de contaminations sont également signalés dans des jardins publics de grandes villes.

On parle de 20 à 50 cas pour 100 000 habitants en France. La prévalence est particulièrement forte chez les chasseurs (15 % d'entre eux ont été en contact avec les germes infectieux) et la maladie de Lyme est considérée comme une maladie professionnelle chez les forestiers.

La maladie de Lyme est endémique dans certaines régions françaises comme l'Alsace, qui totaliserait d'après l'INVS la moitié des cas français à elle seule.

[modifier] Éco-épidémiologie des fièvres récurrentes en Afrique tropicale

[modifier] Généralités

La borréliose semble être en augmentation ou avoir été méconnue car longtemps systématiquement confondue avec le paludisme qui touche les mêmes populations avec des symptômes semblables. La maladie dite des fièvres récurrentes était considérée comme rare jusqu’à la fin des années 1980, avant que des chercheurs de l’IRD ne montrent qu’en zone rurale dans la région de Dakar, la borréliose à tiques était (après le paludisme) la première cause de consultation en dispensaire. La bactérie se jouant du système immunitaire humain, un même individu peut développer la maladie un grand nombre de fois.

Sur 10 ans (de 1990 à 2005), des chercheurs de l’IRD qui ont suivi l’évolution de la maladie en Afrique de l'Ouest ont constaté que la tique vectrice est maintenant retrouvée dans les terriers de rongeurs de la plupart des villages du Sénégal, du Mali et de Mauritanie.

L’incidence de la maladie est très élevée : 4 à 25 % de la population étudiée était porteuse d’une borréliose, avec des fortes variations selon les années, avec une incidence annuelle moyenne de 11 % sur 14 ans. C’est le plus haut taux mesuré en Afrique pour une maladie bactérienne.

Deux espèces de bactéries du genre Borrelia sont rencontrées en Afrique tropicale :

Au Sénégal, la tique a colonisé les régions de savane soudanienne, semble-t-il au rythme du recul de la pluviométrie moyenne entamé avec la sécheresse de 1970.

L’IRD, l’Institut Pasteur et l’Université de Dakar ont, durant 14 ans (1990–2003), suivi les borrélioses dans la communauté de Dielmo (zone rurale de savane soudanienne de la région du Sine-Saloum), laquelle faisait aussi l’objet d’un suivi démographique et sanitaire.
L’équipe de recherche a habité en permanence dans le village pour voir quotidiennement chaque villageois afin de détecter tous les cas de paludisme, de borréliose à tiques ou de fièvres non causées par ces maladies, en confirmant ou infirmant chaque fois la maladie par un test biologique et un examen médical.
La bactérie Borrelia crocidurae a aussi été systématiquement recherchée au moins une fois par an chez les personnes sans symptômes.
Tous les terriers des maisons et des cours des concessions ont été recherchés, dénombrés en y mesurant la présence de tiques et le taux d’infection de ces tiques par la bactérie.
Des rongeurs et des insectivores divers ont été capturés pour tenter de comprendre l’écologie de la bactérie et quel était son réservoir.
Pour la période d’étude, 11 % des habitants ont développé chaque année une borréliose et ce pour toutes les classes d’âge.

Seuls le paludisme et la grippe ont un niveau d’incidence aussi élevé sur une durée aussi longue.

Des prospections systématiques au Sénégal, Mali et Mauritanie ont permis d’étudier l’aire de répartition de la tique, de mesurer le taux d’infection sur l’ensemble de son aire de répartition et d'établir la proportion de villages concernés par la maladie.

[modifier] Résultats

  • La tique vectrice est massivement présente dans ces 3 pays, partout où la pluviométrie moyenne est inférieure à 750 mm ;
  • 26 des 30 villages étudiés (soit 87 %) étaient colonisés par la tique ;
  • Les tiques étaient présentes dans 31 % des terriers trouvés dans les villages ;
  • 21 % de ces tiques étaient infectées par Borrelia crocidurae ;
  • Dans les deux-tiers des villages étudiés, le niveau d’exposition des habitants à la borréliose était même supérieur à celui des villageois de Dielmo.

La borréliose est donc bien un problème majeur de santé publique dans la plupart des régions rurales du Sénégal et du Mali et dans toute la Mauritanie, pourtant, bien qu’étant devenue l'affection bactérienne la plus fréquente, elle reste totalement mal connue des personnels de santé. Souvent, des cas qu’on croit être un paludisme devenu résistant aux médicaments antipaludiques sont en fait une borréliose, dont les symptômes sont identiques. De plus, Borrelia crocidurae n’est présente dans le sang qu’en faible quantité. Elle n’est détectable dans les prises de sang, au microscope, que par un personnel expérimenté et uniquement durant les pics de fièvre.

Le réservoir animal semble difficile à traiter, mais des antibiotiques de la famille des tétracyclines sont à ce jour bon marché et efficaces.

[modifier] Symptômes

[modifier] Fièvres récurrentes

Après quelques jours d'incubation, une forte fièvre survient brutalement avec nausées et maux de tête. La fièvre chute au bout de 5 ou 6 jours, laissant place à une grande fatigue. Le cycle se reproduit de deux à huit fois, avec parfois des complications viscérales. Ces symptômes font que la maladie est très souvent confondue avec un paludisme résistant. La maladie peut entraîner des méningo-encéphalites graves entraînant parfois la mort.

[modifier] Maladie de Lyme

éruption cutanée circulaire, dite érythème migrant
éruption cutanée circulaire, dite érythème migrant
érythème migrant, typique, mais non systématique en cas de maladie de Lyme transmise par piqûre de tique
érythème migrant, typique, mais non systématique en cas de maladie de Lyme transmise par piqûre de tique

Une éruption inflammatoire se produit parfois entre trois jours et un mois après la piqûre. Elle se traduit sur la peau par une tache rouge qui s'étend de façon centrifuge à partir de la piqûre, parfois accompagnée de fièvre et plus rarement d'une affection neurologique. Le diagnostic est plus facile lorsqu'un érythème migrant est visible.

La lésion peut passer inaperçue. Une phase secondaire de la maladie peut alors apparaître quelques semaines à quelques mois, voire des années plus tard, se manifestant par des atteintes articulaires, cutanées, cardiaques, neurologiques ou une fatigue chronique. Des manifestations très diverses, souvent accompagnées de douleurs articulaires (arthrites des grosses articulations) et de fatigue, les complications cardiaques peuvent s'avérer mortelles (arrêt cardiaque, syncope, arythmies).

Compte tenu de la grande diversité des symptômes, la maladie de Lyme peut prêter à de nombreux diagnostics erronés, comme : sclérose en plaques, lupus, polyarthrite rhumatoïde, fibromyalgie, fatigue chronique, dépression, maladie d'Alzheimer, maladie de Parkinson, autisme et bien d'autres.

[modifier] Traitement

En cas de piqûre de la tique, il faut impérativement retirer le parasite le plus rapidement possible car, si la tique est retirée dans les 36 premières heures, les risques de contamination sont inférieurs à 1 %. Les bactéries responsables de la maladie de Lyme ne sont pas encore dans les glandes salivaires de la tique mais dans son tube digestif. Pour infecter l'hôte, les borrélias doivent migrer du tube digestif aux glandes salivaires de la tique, et cette migration prend 2 à 3 jours.

Il faut donc retirer la tique le plus rapidement possible, en minimisant les risques de régurgitation de celle-ci, c’est-à-dire sans l'écraser. Il n'est plus recommandé d'utiliser des produits tel que l'éther. Le plus simple est d'utiliser une pince à épiler spécialement conçue (il en existe plusieurs modèles), ou un outil spécial en forme de petit pied de biche (vendu en pharmacie, avec un modèle plus petit pour les tiques très petites), en la tournant doucement dans le sens INVERSE des aiguilles d'une montre[réf. nécessaire], en ne tirant surtout pas car l'appareil buccal ou la tête pourrait rester dans la peau et provoquer une infection, voire un abcès. La tique se « dévisse » sans peine si elle n'est pas ancrée depuis trop longtemps.

Les antibiotiques, tels la pénicilline ou les cyclines, constituent à l'heure actuelle le seul traitement de la maladie de Lyme. Ils doivent être prescrits le plus tôt possible pour éviter les séquelles cardiaques. L'amoxicilline ou la doxycycline sont utilisés à la phase primaire (érythème chronique migrant) pour une durée de 10 à 14 jours. Les céphalosporines de troisième génération ou la doxycycline sont indiqués au stade secondaire ou tertiaire pour une durée d'au moins 28 jours et jusqu'à 6 semaines selon certains auteurs. La voie intraveineuse est obligatoire en cas de méningite ou d'encéphalite.

Il existait un vaccin aux États-Unis mais il n'était pas valable pour les tiques présentes en Europe. Ce vaccin a été retiré du marché après avoir provoqué plus d'un millier de cas d'arthrites inguérissables. Il existe également un vaccin en Suisse où les gardes forestiers sont systématiquement vaccinés (NB d'un autre lecteur: cette affirmation est à prendre avec précaution, nous pensons qu'il y a ici une confusion avec le vaccin qui existe pour l'encéphalo-myélite à tiques).

[modifier] Précautions

On limite le risque d'être mordu par des tiques en portant des vêtements recouvrant tout le corps. De vêtements clairs permettent de les repérer plus facilement et de les chasser avant qu'elles ne trouvent une ouverture vers le corps. Au retour de zones à risque, il convient de s'inspecter entièrement les vêtements et la peau.

Il faut consulter un médecin devant tous symptômes inhabituels.

[modifier] Incertitudes

Il est possible que les tests disponibles ne repèrent pas toutes les variants du parasite. Les causes de l'extension de la maladie ne sont probablement pas toutes connues.

Par ailleurs, une maladie de Lyme, même bien traitée, peut se compliquer de symptômes non spécifiques prolongés, comme une fatigabilité ou des douleurs articulaires. Ces symptômes peuvent être prolongés, dépassant parfois un an dans 10 % des cas[3]. On parle alors de PLS, ou "Post Lyme Syndrome" dont le mécanisme n'est pas clair : il n'y a, en particulier, pas de preuve d'infection persistante et pas d'efficacité d'un traitement plus prolongé par antibiotiques[4]. Sa prise en charge reste donc complexe.

Une maladie de Lyme peut aussi se compliquer de co-infections transmises par les tiques, comme les rickettsioses, la babésiose, la bartonnellose, les infections à mycoplasmes. Ces co-infections doivent elles aussi être traitées.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. * http://www.creapharma.ch/tiques-definition.htm
  2. Transmission de la maladie de Lyme sur le site du CDC
  3. Nowakowski J, Nadelman RB, Sell R, et als. Long-term follow-up of patients with culture-confirmed Lyme disease, Am J Med 2003;115:91-96
  4. Klempner MS, Hu LT, Evans J et Als. Two controlled trials of antibiotic treatment in patients with persistent symptoms and a history of Lyme disease, N Engl J Med 2001;345:85-92