Fibromyalgie

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Fibromyalgie
CIM-10 : M79.7 (ICD9 = 729.1)

La fibromyalgie est le terme pour désigner un syndrome connu depuis longtemps sous le nom de SPID, c’est-à-dire syndrome polyalgique idiopathique diffus.

Le mot fibromyalgie vient du latin fibra (filament), du grec ancien myos (muscle) et du grec ancien algos (douleur).

Sommaire

[modifier] Historique

Graham en fait une description dès 1953[1]. L' American College of Rheumatology committee en définit les crières en 1990[2].

Dans les années 1970 et 1980, elle est considérée comme une maladie psychiatrique avec un versant dépressif.

L'appellation "syndrome polyalgique idiopathique diffus" (SPID) a été créé par le Pr Kahn dans les années 80, mais le terme anglo-saxon "fibromyalgia(Wiki.en)" a prévalu dans les congrès médicaux et a été francisé en "fibromyalgie".

Ce n'est qu'en 1992 que l'Organisation mondiale de la santé a reconnu cette maladie comme rhumatismale, alors qu'elle était auparavant considérée comme une maladie psychiatrique par les médecins du fait de sa rareté, touchant principalement les femmes, pouvant donner une certaine atteinte comportementale et n'ayant aucune trace biologique, ce "syndrome" fut attribué à tort à l'hystérie des femmes.

Dans les années 1990, une déficience dans certains neurotransmetteurs (substance P) est identifiée qui serait impliquée dans la mécanique biochimique de la maladie. De plus en plus d'hommes sont atteints (1 homme pour 8 femmes).

En 2006, une étude démontre à l'IRM fonctionnel une activité anormale dans la partie du cerveau qui traite la douleur chez les fibromyalgiques, inexistante chez les personnes non atteintes. Une cause exclusivement psychiatrique et/ou psychologique est donc peu probable.

La fibromyalgie était codée M 70.0 comme rhumatisme non spécifié dans la classification internationale des maladies (CIM). Depuis la dernière version, elle est maintenant codée sous M 79.7 sous son propre nom.

Naissance d'une pathologie
Il y a eu ces 10 dernières années (depuis 1995) une résurgence importante (surtout depuis 2000) de ce syndrome, de plus en plus de jeunes (moins de 30 ans), certains diront "c'est la cause d'un meilleur diagnostic" sauf qu'il y a eu entre "150-200% de nouveaux" cas en moins de 7 ans, loin d'une histoire d'anciens fibromyalgiques en attente de diagnostic.

[modifier] Épidémiologie

Une moyenne (mondiale) de 2 à 10 % (selon les pays) de la population des "pays industrialisés" sont touchés par cette maladie (2% de la population américaine avec une prédominance féminine nette[3]).
En France un rapport gouvernemental[4] donne une prévalence française estimée à 3,4 % chez la femme et à 0,5 % chez l'homme,

La fibromyalgie constitue 10 à 20% des motifs de consultation dans certains services de rhumatologie[5].

On commence à parler de multi-fibromyalgies.

Certains travaux de recherches biologiques font état de sous catégories.

[modifier] Causes

La fibromyalgie n'a pas de cause "démontrée".

A partir de 2000-2004, les scientifiques se penchent de plus en plus vers des désordres de natures immunochimique et environnementaux, compte tenu de la résurgence surprenante de cas. Une atteinte du système nerveux central et un dérèglement neuronal ont été largement constatée chez les fibromyalgiques. Une composante psychosomatique chez les fibromyalgiques est évidente. Ainsi, en situation de stress, un fibromyalgique ressent une agravation de la plupart des symptômes en quelques instants, alors qu'une personne saine ne ressent rien mis à part des palpitations cardiaques et des mains moites.

Il semble exister une perception différente de la douleur chez le fibromyalgique, avec en particulier, un seuil de perception plus bas[6]. Le mécanisme de ce fait est toujours débattu.
Visiblement il semblerait cohabiter 2-3 types bien distincts de fibromyalgies vraisemblablement une cause "naturelle" (la forme dite "rare" de ce syndrome) et le cas résurgent actuel pouvant être divisé en 2, une forme de fibromyalgie et une forme de fatigue chronique.

La dégradation de la posture causée par la dysfonction de l'articulation temporo-mandibulaire, elle-même due à une occlusion dentaire défectueuse, joue un rôle étiologique dans la forme de fatigue chronique. L'épuisement généré à terme par les contractures musculaires résultant d'une posture vrillée contribue au syndrome de fatigue chronique rendant tout effort musculaire pénible, voire impossible. En outre, la majorité des personnes atteintes ont une antériorité de traitements d'orthodontie, souvent avec extractions, ayant déséquilibré l'occlusion et la posture qui fonctionne comme une roue voilée.

[modifier] Diagnostic

Les fibromyalgies se présentent sous diverses formes de douleurs chroniques (douleurs franches, douleurs diffuses, sensations de brûlures, de coups, d'ecchymose, d'écrasement, d'arrachage, etc.) des muscles du squelette, des tendons et moins fréquemment des articulations, pouvant toucher tout le corps ou partiellement (quadrant), plus fréquemment le dos, les jambes et les bras, variant tout au long de la journée, de la semaine, du mois, de l'année. Le patient fibromyalgique a tout ou partie des symptômes suivants:

  • Douleurs musculaires, osseuses, des articulations, des tendons
  • Fatigue physique extrême (difficultés à se tenir debout, à se lever)
  • Fatigue psychique, sensation de vide psychologique, regard vague
  • Irritabilité générale (au toucher, aux sollicitations, au bruit, à la lumière, à la présence d'autrui, à des odeurs inhabituelles, à l'odeur de nourriture, etc.)
  • Pensées suicidaires constantes, dépression nerveuse
  • Impatience
  • Besoin de consommer des glucides (gâteaux, pain, pommes de terre, frites, etc.)
  • Troubles assez sévères de la mémoire à court terme
  • Sensations de brûlures, de coups, de bleus, d'écrasement, d'arrachage, etc.
  • Trouble du système digestif (diarrhées, ballonnements)
  • Dessèchement et brûlure des yeux
  • Insomnie, grande difficulté à dormir et à se régénérer lors du sommeil
  • Chaleur extrême au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds (besoin de passer ses mains et/ou ses pieds sous l'eau du robinet pour soulager la douleur)
  • Très grande difficulté à se concentrer, surtout pour lire, pour se concentrer sur ce que dit un interlocuteur
  • Aggravation des symptômes avec la consommation de sucre et de produits sucrés, avec la faim (avant les repas)
  • Onze points sensibles dans le dos et diagnosticables par un rhumatologue
  • Tremblements, sensations de faiblesse
  • Sensation d'avoir le corps rouillé, rigide.

Les symptômes de la fibromyalgie sont aggravés dans les conditions suivantes:

  • Stress
  • Bruit, musique, enfants qui crient
  • Entourage de personnes
  • Manque de protéines dans l'alimentation (ex. manque de viande rouge, d'œufs)
  • Quantité de nourriture insuffisante (indispensable de manger copieusement)
  • Quantité insuffisante de sommeil
  • Lever trop tard le matin (indispensable de ne pas se lever trop tard le matin, pas plus de 8h de sommeil)
  • Effort physique trop important (faire le ménage suffit à déclencher une crise)
  • Gros soleil et canicule: maux de tête, vomissements et agravation de l'affaiblissement physique général.

Pour certains patients les cycles correspondent à :

  • une barosensibilité - réaction aux changements de la pression atmosphérique,
  • une hygrosensibilité - réaction au taux d'humidité,
  • une thermosensibilité - réaction à la température.

On parle globalement d'hypersensibilité.

S'ajoute une fatigue dite "chronique" réactionnelle (à ne pas confondre avec le syndrome de fatigue chronique, que peuvent avoir en plus certain fibromyalgiques). Un enchaînement dans le sens "fatigue de l'organisme" (attaques virales, infections répétitives, résistances), puis syndrome de fatigue chronique, puis fibromyalgie est plus que probable pour certains.

Chaque fibromyalgique a ses cycles, ses symptômes, d'intensités et de durées variables. On retrouve quelques points communs comme une prédominance de raideurs et une grosse fatigue au réveil pouvant s'atténuer à plus ou moins long terme indépendamment de chaque symptôme (de quelques minutes à quelques heures, voires persistant la journée, plusieurs jours), une fatiguabilité exacerbée, des troubles du sommeil (pas de sommeil profond, points d'appuis gênants/douloureux, agitations), puis tout un ensemble d'autres symptômes satellites dont les plus courants sont des migraines, des troubles de la concentration (variable), des troubles de la mémoire (mémoire à court terme), des troubles de la vision (brouillard, décalage), une certaine irritabilité, des sauts d'humeur, des problèmes du comportement (attitude), d'élocution (concentration, mémoire, fatigue), des troubles digestifs, le syndrome des jambes sans repos, maladie de Raynaud, acouphènes, picotements, démangeaisons, impatience, etc.
Un panache de symptômes ressemblant à s'y méprendre aux effets d'une drogue, peut être la réponse à la complexité de ce syndrome.

Un tiers des fibromyalgiques présentent une dépression, voire un état névrotique de type hystérique, pour certains du type réactionnel (charge psychologique, atteinte neurologique sévère). Cependant, statistiquement les fibromyalgiques ne présentent pas un terrain dépressif et/ou psychiatrique prédisposant supérieur au reste de la population.

Il existe diverses formes de sévérités à la fibromyalgie, pouvant éventuellement correspondre à diverses causes.
La problématique est de trouver une échelle (un marqueur) de sévérité fiable, inexistant du fait qu'aucun marqueur n'a encore été mis à jour.

Certains travaux de recherches tendent à ce qu'il existe une corrélation entre substance P (un neurotransmetteur) et sévérité.

[modifier] Traitement

Les traitements reposent au cas par cas sur des antidouleurs et/ou des antidépresseurs et/ou des antiépileptiques, ces 2 derniers étant prescrits pour leurs effets antalgiques sur le système nerveux central (et non pas pour une dépression avec les antidepresseurs, mais bien pour l'effet antalgique) et doit être associé à une réadaptation fonctionnelle basée sur des exercices physiques permettant d'augmenter le seuil de la douleur et ne pas "rouiller" encore plus.

Chacun ayant son seuil de tolérance à l'effort et une atteinte plus ou moins sévère incalculable il n'est pas simple de généraliser. Pour certains la marche est juste supportable et variable, pour d'autres, une activité on dira "pleine et normale" est réalisable.

La prise en compte des conséquences psychiques peut comporter :

Pour le moment il n'existe pas de traitement curatif, aucun traitement n'est efficace sur le long terme et aucun régime n'a prouvé son efficacité.

Deux équipes espagnoles travaillent sur la mutation de gènes et une d’entre elles en collaboration avec une université américaine est en train de mettre au point une biopuce à ADN qui permettrait le diagnostic[réf. nécessaire].

Cette maladie rompt le carcan traditionnel du raisonnement linéaire: symptôme>maladie>traitement. Relisant de vieux auteurs, on retrouve exactement le même phénomène que celui qui permis de reconnaitre la tuberculose et ses différentes formes cliniques, qualifiées d’atypiques. Une attitude positive et une coopération active avec un médecin qui connait bien le patient et l'écoute augmenteraient notablement les chances de rémission.

Chaque malade nécessite son traitement spécifique[réf. nécessaire]. C’est pour cela que les réponses aux traitements et les études sont aussi déconcertantes. Il commence à émerger certains marqueurs biologiques qui pourront probablement donner des pistes orientatives plus fiables[réf. nécessaire].

[modifier] En France

Officiellement en 2005 le gouvernement estime à 3,9~4,5%[7] de la population Française atteinte de fibromyalgie, environ 3 millions de français, 1 personne sur 20.
Carole Robert, pour l'association Fibromyalgie France, estimait en avril 2007 que plus de 3 millions de Français seraient concernés [8] (soit autant que l'ensemble des personnes atteintes de maladies rares en France, selon les chiffres transmis par le Ministère de la Santé et des Solidarités en mai 2006. Des pistes environnementales et génétiques sont à creuser car, selon l'association, 64% des personnes myalgiques présentent une intolérance à des produits chimiques.

En 2006, le ministre de la santé a commandé un rapport sur la fibromyalgie à un groupe de travail de l'Académie nationale de médecine, coordonné par Charles Joël Menkes (rhumatologue) et Pierre Godeau (interniste), rendu en janvier 2007. Ce rapport reconnait « la réalité de ce syndrome douloureux chronique et même sur sa fréquence », mais « tout en entretenant des doutes "sur la légitimité d'en faire une maladie, avec les conséquences médico-sociales qui peuvent en résulter" ». Le rapport note aussi la difficulté de mesure des symptômes en raison du « caractère subjectif des troubles invoqués (douleur, fatigue, mal-être, troubles du sommeil) (...) » ou encore le caractère « artificiel et abusif des critères de classification quand on les utilise à tort comme critères de diagnostic».

Le Ministère aurait aussi prévu[9] une enquête épidémiologique, mais l'Institut de Veille Sanitaire attendait toujours en avril 2007 une définition du ministère pour cette maladie, étude demandée en 2002. La reconnaissance de l'OMS devrait accélérer la reconnaissance au niveau national et l'intensification nécessaire de la recherche.

Pour l'instant l'évaluation est laissée à "l'appréciation" du médecin conseil décidant le temps d'une consultation sur le motif de convocation "fibromyalgie" et se référent au "rapport de l'académie de médecine" incomplet.

[modifier] Pour résumer

Cette affection est caractérisée par un état douloureux musculaire chronique (myalgies diffuses), ainsi qu'une asthénie (fatigue) persistante. Les troubles psychologiques (Chronicité des symptômes, charge psychologique) qui lui sont associés ont donné lieu à maintes hypothèses au plan psychopathologique. L'importance des traits anxio-dépressifs a même pu conduire à se demander laquelle de ces deux disciplines, de la rhumatologie ou de la psychiatrie, était habilitée à la prendre en charge.

Handicapante ? La problématique médicale est là, aucun marqueur de sévérité, aucun marqueur d'atteinte.
Les variantes d'atteintes de fibromyalgies sont très larges, d'une fibromyalgie peu sévère permettant de garder une vie presque "normale" à la fibromyalgie sévère handicapante il y a un panache de variantes trés difficilement classifiable. La subjectivité, l'interpretation de ses symptômes, l'interprétation du médecin, la tolérance à la douleur, les aléas des symptômes, les rémissions, les intensités, les amplitudes, la gestion psychologique, la chronicité, les échecs thérapeutiques, les échecs de dialogue, de comprehension, ainsi de suite, amène une pathologie trés complexe pour le patient, et encore plus complexe à transmettre.

Comme c'est le cas dans toute autre pathologie chronique, ces éléments d'anxiété et de dépression ne permettent pas, cependant, de préjuger d'une personnalité morbide pré-existante ; ils semblent bien être la conséquence de la chronicité de la douleur.

Ce syndrome, comme c'était le cas pour la sclérose en plaque il y a 20 ans, reste mal perçu et peu reconnu, tant par l'entourage que par les administrations. Il pousse les personnes malades à l'isolement, voire à la dépression et/ou à la culpabilité de souffrir et de devenir handicapé par cet état douloureux et épuisant.

Le quotidien d'un fibromyalgique peut être aisément comparé à celui d'une personne atteinte de Polyarthrite rhumatoïde.

[modifier] Notes

  1. Graham W. The fibrosits syndrome. Bull Rheum Dis. 1953;3:33-4
  2. Wolfe F, Smythe HA, Yunus MB, Bennett RM, Bombardier C, Goldenberg DL, et al. The American College of Rheumatology 1990 criteria for the classification of fibromyalgia. Report of the multicenter criteria committee. Arthritis Rheum. 1990;33:160-72
  3. Wolfe F, Ross K, Anderson J, Russell IJ, Hebert L. The prevalence and characteristics of fibromyalgia in the general population. Arthritis Rheum. 1995;38:19-28
  4. Ministère de la santé et des solidarités publiée dans le JO Sénat du 03/05/2007 - page 915
  5. données du service Algologie/Clinique Catherine de Sienne/Nantes
  6. Abeles AM, Pillinger MH, Solitar BM, Abeles M, The pathophysiology of fibromyalgia, Ann Int Med, 2007;146;726-734
  7. Site du sénat
  8. association Fibromyalgie France
  9. La fibromyalgie enfin reconnue, LE MONDE 24.04.07

[modifier] Bibliographie

  • Prof. Pascal Cathébras: Troubles fonctionnels et somatisations. Comment aborder les symptômes médicalement inexpliqués. Masson, 2006, ISBN 2-294-01652-1
  • Dr André Mergui : La fatigue chronique ou fibromyalgie. Ed Guy Trédaniel, 2007