Anne Morelli

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Anne Morelli
Historienne occidentale
Époque contemporaine
Anne Morelli
Anne Morelli
Naissance : 1948 en Belgique, d'origine italienne

Anne Morelli est une historienne belge d'origine italienne, spécialisée dans l'histoire des religions et des minorités.

Docteure en histoire, elle est directrice adjointe du Centre interdisciplinaire d'étude des religions et de la laïcité de l'Université libre de Bruxelles (ULB), université où elle enseigne également la critique historique, les contacts de culture, l'histoire des religions et la didactique de l'histoire.

Se déclarant d'extrême gauche[1], Anne Morelli s'attaque fréquemment aux religions qu'elle considère comme des sectes. Selon elle et à la suite de Michel Foucault, ce sont des «institutions totalitaires» à l'instar de la prison, l'hôpital, la caserne, le pensionnat mais aussi certaines entreprises.[2]

Lors du 36e conférence annuelle du International Association of Labour History Institutions à Gand en 2005, elle déclare au colloque international de l'anti-globalisme qu'aucun mouvement dans l'histoire n'a jamais obtenu de changement sans utiliser la violence.[3] Elle a fait partie du groupe de sympathisants qui accueillent Pierre Carette, le principal chef du groupe terroriste les Cellules communistes combattantes, à sa sortie de prison.[4]

Sommaire

[modifier] Principes élémentaires de propagande de guerre

Les dix « commandements » que propose Anne Morelli dans cet ouvrage sont avant tout une grille d’analyse qui se veut pédagogique et critique. Elle n’a pas pour but de prendre parti, ou de prendre la défense des « dictateurs », mais de constater la régularité de ces principes dans le champ médiatique et social. Au ban des accusés, on retrouve tant les vaincus que les vainqueurs.

« Je ne tenterais pas de sonder la pureté des intentions des uns ou des autres. Je ne cherche pas ici à savoir qui ment et qui dit la vérité, qui est de bonne foi et qui ne l’est pas. Mon seul propos est d’illustrer les principes de propagande, unanimement utilisés, et d’en décrire les mécanismes. »[5]

Il est néanmoins indéniable que depuis les dernières guerres qui ont marqué notre époque (Kosovo, guerre du Golfe, Afghanistan, Irak) ce sont nos démocraties occidentales et le champ médiatique qui leur correspond qui sont mis en question.

Anne Morelli réactualise, grâce à ce petit manuel du citoyen critique, des formes invariables pour des contenus divers. La propagande s’exerce toujours via les mêmes invariants quelques soit la guerre, d’où la grande pertinence de la grille proposée. Il semble également essentiel dans cette introduction de citer Lord Ponsonby qu’Anne Morelli remercie dès les premières pages de son ouvrage. En effet, Ponsonby a largement contribué à l’élaboration des principes. Lord Ponsonby était un travailliste anglais qui s’était radicalement opposé à la guerre. Déjà durant la Première Guerre mondiale il s’illustre par divers pamphlets et finit par écrire un livre sur ces mécanismes de propagande. Livre qu’Anne Morelli reprend, réactualise et systématise en dix principes élémentaires.

[modifier] Nous ne voulons pas la guerre

« Arthur Ponsonby avait déjà remarqué que les hommes d'État de tous les pays, avant de déclarer la guerre ou au moment même de cette déclaration, assuraient toujours solennellement en préliminaire qu'ils ne voulaient pas la guerre . »[6] La guerre n’est jamais désirée, elle n’est que rarement vue comme positive par la population. Avec l’avènement de nos démocraties, le consentement de la population devient essentiel, il ne faut donc pas vouloir la guerre et être un pacifiste dans l’âme. À la différence du Moyen Âge, où l’avis de la population n’avait que peu d’importance et la question sociale n’était pas substantielle. « Ainsi déjà le gouvernement français mobilise tout en proclamant que la mobilisation n’est pas la guerre mais, au contraire, le meilleur moyen d’assurer la paix .»[7] « Si tous les chefs d'État et de gouvernements sont animés de semblables volontés de paix, on peut évidemment se demander innocemment pourquoi, parfois (et même souvent), des guerres éclatent tout de même  ? »[8] Mais le second principe répond à cette question.

[modifier] Le camp adverse est le seul responsable de la guerre

Ce deuxième principe émane du fait que chaque camp assure avoir été contraint de déclarer la guerre pour empêcher l’autre de détruire nos valeurs, mettre en péril nos libertés, ou même nous détruire totalement. C’est donc l’aporie d’une guerre pour mettre fin aux guerres [9]. On en arrive presque à la mythique phrase de George Orwell « War is Peace ». Ainsi, les États-Unis ont été « contraints » de faire la guerre contre l’Irak qui ne leur a pas laissé le choix. Nous ne faisons donc que « réagir », nous défendre des provocations de l’ennemi qui est entièrement responsable de la guerre à venir. « Ainsi déjà, Daladier dans son « appel à la nation » - faisant l’impasse sur les responsabilités françaises dans la situation créée par le traité de Versailles – assure le 3 septembre 1939 : l’Allemagne avait déjà refusé de répondre à tous les hommes de cœur dont la voix s’était élevée ces temps derniers en faveur de la paix du monde. […] Nous faisons la guerre parce qu’on nous l’a imposée. » »[10] Ribbentrop justifie la guerre contre la Pologne en ces termes ; « Le Führer ne veut pas la guerre. Il ne s’y résoudra qu’a contrecœur. Mais ce n’est pas de lui que dépend la décision en faveur de la guerre ou de la paix. Elle dépend de la Pologne. Sur certaines questions d’un intérêt vital pour le Reich, la Pologne doit céder et faire droit à des revendications auxquelles nous ne pouvons renoncer. Si elle s’y refuse, c’est sur elle que retombera la responsabilité d’un conflit, et non sur l’Allemagne. »[11] On a pu également lire lors de la Guerre du golfe dans Le Soir du 9 janvier 1991 : « La paix que tout le monde désire plus que tout, ne peut pas se bâtir sur de simples concessions à un acte de piraterie. (…) La balle étant essentiellement, faut-il le dire dans le camp de l’Irak. »[12] Idem pour la guerre en Irak, ainsi avant que la guerre ne commence, Le Parisien titrait le 12 septembre 2002 : « Comment Saddam se prépare à la guerre ».

[modifier] Le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l'affreux de service »)

« On ne peut haïr un groupe humain dans son ensemble, même présenté comme ennemi. Il est donc plus efficace de concentrer cette haine de l’ennemi sur le leader adverse. L’ennemi aura ainsi un visage et ce visage sera bien évidemment odieux. »[13]

« Le vainqueur se présentera toujours (voir Bush ou Blair récemment) comme un pacifiste épris de conciliation mais acculé par le camp adverse à la guerre.

Ce camp adverse est bien sûr dirigé par un fou, un monstre (Milosevic, Ben Laden, Saddam Hussein, ...) qui nous défie et dont il convient de débarrasser l'humanité. »[14]

La première opération d’une campagne de démonisation consiste donc à réduire un pays à un seul homme. À faire donc comme si personne ne vivait en Irak, que seul Saddam Hussein, sa « redoutable » garde républicaine et ses « terribles » armes de destruction massive vivent là-bas[15]. Personnaliser ainsi le conflit est très typique d’une certaine conception de l’histoire, qui serait faite par des « héros », l’œuvre des grands personnages[16]. Conception de l’histoire qu’Anne Morelli refuse en écrivant inlassablement sur les « laissés pour compte » de l’histoire légitime. Cette vison est particulièrement idéaliste et métaphysique en que l’histoire est le fruit des idées de ses « grand » hommes. À cette conception de l’histoire s’oppose un conception dialectique et matérialiste qui définit l’histoire en termes de rapports et de mouvements sociaux.

Ainsi l’adversaire est qualifié de tous les maux possibles. Il en va de son physique à ses mœurs sexuelles. Ainsi, Le Vif-L'Express du 2 au 8 avril 1999 présente « L’effroyable Milosevic ». « Le Vif-L’Express ne site aucun discours aucun écrit du « maître de Belgrade » mais par contre relève ses sautes d’humeur anormales, ses explosions de colère, maladives et brutales : Quand il était en colère, son visage se tordait. Puis, instantanément, il recouvrait son sang-froid. »[17] Ce type de démonisation n’est d’ailleurs pas utilisé uniquement pour la propagande de guerre (comme tous les autres principes d’ailleurs.) Ainsi, Pierre Bourdieu rapportait qu’aux États-Unis, nombre d’enseignants universitaires, excédés de la popularité de Michel Foucault dans leurs collèges, écrivaient bon nombre de livres sur la vie intime de l’auteur. Ainsi, Michel Foucault, « l’homosexuel masochiste et fou » avait des pratiques « contre-nature », « scandaleuses » et « inacceptables. ». Par ce biais, il n’y a donc pas besoin de débattre la pensée de l’auteur ou les discours d’un homme politique, mais le réfuter sur des jugements moraux relatifs aux soit disant pratiques de l’individu.

[modifier] C'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers

Les buts économiques et géopolitiques de la guerre doivent êtres masqués sous un idéal, des valeurs moralement justes et légitimes. Ainsi on pouvait déjà entendre dire George Bush père déclarer «  Il y a des gens qui ne comprennent jamais. Le combat ne concerne pas le pétrole, le combat concerne un agression brutale »[18] ou Le Monde le 22 janvier 1991 : « Les buts de guerre américains et français sont d’abord les buts du Conseil de sécurité. Nous sommes là en raison des décisions prises par Conseil de sécurité et l’objectif essentiel, c’est la libération du Koweït. »[19] En fait, dans nos sociétés modernes, à la différence de Louis XIV, une guerre ne peut se réaliser qu’avec un certain consentement de la population. Gramsci avait déjà montré à quel point l’hégémonie culturelle et le consentement sont indispensables au pouvoir. Ce consentement sera facilement acquis si la population pense que de cette guerre dépendent leur liberté, leur vie, leur honneur[20]. Les buts de la Première Guerre mondiale par exemple se résument en trois points : « -écraser le militarisme - défendre les petites nations - préparer le monde à la démocratie. Ces objectifs, très honorables, sont depuis recopiés quasi textuellement à la veille de chaque conflit, même s'ils ne cadrent que très peu ou absolument pas avec ses objectifs réels. »[21] « Il faut persuader l’opinion publique que nous – au contraire de nos ennemis – faisons la guerre pour des motifs infiniment honorables. »[22] « Pour la guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie, on retrouve le même décalage entre buts officiels et inavoués du conflit.

Officiellement l'OTAN intervient pour préserver le caractère multi-ethnique du Kosovo, pour empêcher que les minorités y soient maltraitées, pour y imposer la démocratie et pour en finir avec le dictateur. Il s'agit de défendre la cause sacrée des droits de l'homme. Non seulement à la fin de la guerre, on peut constater qu'aucun de ces objectifs n'a été atteint, qu'on est notamment loin d'une société multi-ethnique et que les violences contre les minorités – serbes et roms cette fois - sont quotidiennes, mais encore on se rend compte que les buts économiques et géopolitiques de la guerre, dont on n'avait jamais parlé, sont -eux- atteints. »[23] Ce principe implique son corollaire, l’ennemi lui est un monstre sanguinaire qui représente la société de la barbarie.

[modifier] L'ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c'est involontairement

Les récits des atrocités commises par l’ennemi constituent un élément essentiel de la propagande de guerre. Cela ne veut évidemment pas dire que des atrocités n’ont pas lieu pendant les guerres. Tout au contraire, les assassinats, les vols à main armée, les incendies, les pillages et les viols semblent plutôt – malheureusement - récurrents dans l’histoire des guerres. Mais le fait de faire croire que seul l’ennemi commet de telles atrocités, et que notre armée est aimée de la population, c’est une armée « humanitaire ».

Mais la propagande de guerre s’arrête rarement là, non contente des viols et pillages existants, il lui faut le plus souvent créer des atrocités « inhumaines » pour incarner en l’ennemi l’alter-ego d’Hitler (Hitlerosevic, …). Nous pouvons ainsi mettre côte à côte plusieurs passages ayant trait à des guerres différentes sans y trouver de grandes différences.

Durant la Première Guerre mondiale, Ponsonby rapporte cette histoire : « Trente ou trente-cinq soldats allemands étaient entrés dans la maison de David Tordens, charetier à Sempst (aujourd’hui Zempst). Ils ligotèrent l’homme puis cinq ou six d’entre eux se jetèrent sous ses yeux sur la fille âgée de treize ans et lui firent violence, ensuite ils l’embrochèrent sur leurs baïonnettes. Après cette action horrible ils lardèrent de coups de baïonnettes son fils âgé de neuf ans et fusillèrent sa femme. » On n'oubliera pas non plus l’épisode des enfants aux mains coupées, qui s’apparente plus à une rumeur infondée qu’à un fait historique.

Pour la guerre du Golfe dans le Monde du 3 mars 1990 : «  S’ils ne prouvent rien quant au nombre, les corps mutilés de la morgue de l’hôpital Moubarak plaident pour la certitude de la cruauté des sept mois d’occupation irakienne. Yeux arrachés, gorges tranchées, têtes écrasées, crânes coupés dont la cervelle s’échappe, corps à moitiés carbonisés, brûlures de cigarettes… » Sans oublier également l’épisode des couveuses volés et des bébés tués atrocement… Qui se révéla être un canular.

Pour l’Afghanistan dans le Herald Tribune du 7 août 1999 : « Certains ont été tués dans les rues. Beaucoup ont été exécutés chez eux, après blocage et perquisition des zones réputées pour être habitées en majorité par certains groupes ethniques. Certains ont été ébouillantés à mort ou asphyxiés dans des conteneurs métalliques scellés, placés en plein soleil. Dans un hôpital au moins, 30 patients ont été tués par balle dans leur lit. Les corps des victimes ont été abandonnés dans les rues ou dans les maisons, pour intimider le reste des habitants. Des témoins affolés ont pu voir des chiens s'acharner sur les cadavres, mais on leur a imposé par mégaphone ou par radio de ne pas y toucher et de ne pas les enterrer. » Les talibans, ici responsables de ses atrocités n’ont pour la plus part pas été arrêtés, et aucune nouvelle de Ben Laden…

Pour la guerre en Irak, les récits furent encore une fois similaires, et les mensonges sur les armes de destruction massive aussi. On peut donc facilement dégager certaines tendances dans ces histoires. Il s’agit avant tout de toucher la corde « sentimentale » du lecteur, il faut avant tout de « bonnes histoires » et si on ne les trouve pas, on les invente. Les détails « croustillants » totalement inutiles au vu des réelles conséquences au point de vue humain dans les guerres sont pourtant monnaie courante dans ces récits, et fait de l’ennemi un monstre plus horrible que jamais, qui tue avant tout par plaisir ou vice.

Pour le Kosovo, « il y a évidemment eu, au printemps 1999, meurtres, pillages, tortures et incendies de maisons albanaises, mais on "oublie" de mettre en évidence avec la même acuité les mêmes atrocités commises à partir de l'été sur des Serbes, Bosniaques, Roms et autres personnes non Albanaises. Leur exode sera passé sous silence alors que les images de réfugiés albanais du Kosovo et leur accueil à l'étranger avaient fait l'objet d'émissions complètes à la télévision. C'est que ce cinquième principe de la propagande de guerre veut que seul l'ennemi commette des atrocités, notre camp ne peut commettre que des "erreurs". La propagande de l'OTAN popularisera à l'occasion de la guerre contre la Yougoslavie le terme de "dégâts collatéraux" et présentera comme tels les bombardements de populations civiles et d'hôpitaux, qui auraient fait, selon les sources, entre 1 200 et 5 000 victimes. "Erreur" donc que le bombardement de l'ambassade chinoise, d'un convoi de réfugiés albanais, ou d'un train passant sur un pont. L'ennemi, lui, ne commet pas d'erreurs, mais commet le mal sciemment. »[24]

Pour conclure sur une citation de Jean-Claude Guillebaud : « Nous étions devenus, nous journalistes, à notre corps défendant, des espèces de marchands d’horreur et l’on attendait de nos articles qu’ils émeuvent, rarement qu’ils expliquent ».

[modifier] L'ennemi utilise des armes non autorisées

Ce principe est le corollaire du précédent. « Non seulement nous ne commettons pas d’atrocités, mais nous faisons la guerre de manière chevaleresque, en respectant – comme s’il s’agissait d’un jeu, certes dur mais viril ! – les règles. » [25] Ainsi déjà pendant la Première Guerre mondiale, la polémique fit rage à propos de l’usage des gaz asphyxiants. Chaque camp accusait l’autre d’avoir commencer à les utiliser [26]. Bien que les deux camps avaient fait usage du gaz et qu’ils avaient effectué tous des recherches dans le domaine, cette arme était le reflet symbolique de la guerre « inhumaine ». Il convient ainsi de l’imputer à l’ennemi. C’est en quelque sorte l’arme « malhonnête », l’arme du fourbe.

[modifier] Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes

« À de rares exceptions près, les êtres humains préfèrent généralement adhérer à des causes victorieuses. En cas de guerre l’adhésion de l’opinion publique dépend donc des résultats apparents du conflit. Si les résultats ne sont pas bons, la propagande devra cacher nos pertes et exagérer celles l’ennemi. »[27]

Déjà durant la Première Guerre mondiale, après un mois du début des opérations, les pertes s’élevaient déjà à 313 000 tués. Mais l’état major français n’a jamais avoué la perte d’un cheval et ne publiait pas la liste nominative des morts[28].

Dernièrement, la guerre en Irak nous fournit un exemple du genre, ou on a interdit la publication des photos des cercueils de soldats américains dans la presse. Les pertes de l’ennemi sont elles, par contre, énormes, leur armée ne résiste pas. « Dans les deux camps ces informations remontent le moral des troupes et persuadent l’opinion publique de l’utilité du conflit. »[29]

[modifier] Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause

Lors de la Première Guerre mondiale, sauf quelques rares exceptions, les intellectuels soutinrent massivement leur propre camp. Chaque belligérant pouvait largement compter sur l'appui des peintres, des poètes, des musiciens qui soutenaient, par des initiatives dans leur domaine, la cause de leur pays[30].

Les caricaturistes sont largement mis au travail, pour justifier la guerre et dépeindre le "boucher" et ses atrocités, tandis que d'autres artistes vont travailler, caméra au poing, pour produire des documents édifiants sur les réfugiés, toujours soigneusement pris dans les rangs albanais, et choisis les plus ressemblants possible par rapport au public auquel ils s'adressent, comme ce bel enfant blond au regard nostalgique, sensé évoquer les victimes albanaises.

On peut voir ainsi les « manifestes » se développer partout. Le manifeste des cent, pour soutenir la France pendant la Première Guerre mondiale (André Gide, Claude Monet, Claude Debussy, Paul Claudel). Plus récemment le « manifeste des 12 » contre le « nouveau totalitarisme[31] » qu’est l’islamisme. Ces « collectifs » d’intellectuels, artistes et hommes notables se mettent donc à légitimer l’action du pouvoir politique en place.

[modifier] Notre cause à un caractère sacré

Ce critère peut être pris dans deux sens, soit littéral, soit au sens général. Dans le sens littéral, la guerre se présente donc comme une croisade, donc la volonté est divine. On ne peut donc se soustraire de la volonté de Dieu, mais seulement l’accomplir. Ce discours a repris une grande importance depuis l’arrivée de George Bush fils au pouvoir et avec lui toute une série d’ultra-conservateurs intégristes. Ainsi la guerre en Irak s’est manifestée comme une croisade contre « l’Axe du Mal » une lutte du « bien » contre le « mal ». Il était de notre devoir de « donner » la démocratie à l’Irak, la démocratie étant un don issu tout droit de la volonté divine. Ainsi faire la guerre c’est réaliser la volonté divine. Des choix politiques prennent un caractère biblique qui efface toute réalité sociale et économique. Les références à Dieu on toujours été nombreuses (In God We Trust, God Save the Queen, Gott mit Uns, …) et servent à légitimer sans appel les actions du souverain.

[modifier] Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres

Ce dernier principe est le corollaire de tous les précédents, tout personne mettant en doute un seul des principes énoncés ci-dessus est forcément un collaborateur de l’ennemi. Ainsi, la vision médiatique se limite aux deux camps cités ci-dessus. Le camp du bien, de la volonté divine, et celui du mal, des dictateurs. Ainsi, on est « pour ou contre » le mal. En ce sens, les opposants à la guerre du Kosovo se sont vus traiter dans L’Évènement du 29 avril au 5 mai 1999 de « complices de Milosevic ». L’hebdomadaire va même jusqu'à systématiser plusieurs « familles ». On retrouve ainsi la famille « anti-américaine » avec Pierre Bourdieu, Régis Debray, Serge Halimi, Noam Chomsky ou Harold Pinter. La famille « pacifiste intégriste » avec Gisèle Halimi, Renaud, l’abbé Pierre… et leur organes respectifs, le Monde diplomatique, le PCF.

Il devient donc impossible de faire surgir une opinion dissidente sans subir un lynchage médiatique. Le pluralisme des avis n’existe plus, il est réduit à néant, toute opposition au gouvernement est réduite au silence et au discrédit par des arguments bidon.

Ce même argumentaire a été de nouveau en application lors de la guerre en Irak, bien que l’opinion internationale étant plus partagée, cela c’est moins ressenti. Mais être contre la guerre c’est être pour Saddam Hussein… Le même schéma fut appliqué dans un tout autre contexte qu’était le référendum sur la constitution européenne : « être contre la constitution c’est être contre l’Europe ! »

[modifier] Lettre ouverte à la secte des adversaires des sectes

Un des ouvrages les plus populaires[réf. nécessaire] d'Anne Morelli est sa Lettre ouverte à la secte des adversaires des sectes (1997).

Elle y soutient la thèse qu'il n'y aurait aucune différence entre les sectes et les religions reconnues, ce qu'elle illustre avec des formules percutantes : « Je ne vois aucune différence de fond entre Mme Gabrielle, grande prêtresse du groupe Ananda, qui impose la capote, la pilule ou le stérilet à ses fidèles et M Wojtyla, « souverain pontife » qui les leur interdit. Tous deux, pour des raisons qui leur semblent excellentes, interviennent dans le plus intime des vies, viennent fouiller dans les tables de nuit et s’occupent de choisir à la place des individus » (p. 22) ou « Je pense que les sectes ne sont encore, en matière de « nocivité », que de pâles amateurs à côté des grandes multinationales des religions, dont les morts sont à comptabiliser par millions » (p. 68) et qu'il n'y aurait pas plus de différence entre le comportement de personnes que l'on dit appartenir à une secte et ceux qui les combattent (les antisectes) : « Il me semble suspect que, à travers le monde, des milliers de personnes liées entre elles par un réseau international aux multiples ramifications vivent pour et par la chasse aux sectes » (p. 73)[32]. Dans une interview, elle déclare à ce sujet que les associations antisectes lui apparaissent comme « des groupes de gens inquiétants », stimulés, par le fait des subventions, à « créer ou mettre en valeur des scandales »[33]. Elle considère que l'hystérie "antisecte" empêche tout examen sérieux et tout dialogue. Elle reproche aussi à la MIVILUDES ses pressions sur la télévision française à propos des nouveaux mouvements religieux.[4]

[modifier] Les grands mythes de l'histoire de Belgique, de Flandre et de Wallonie

Anne Morelli a dirigé en 1995 la rédaction d'un ouvrage destiné à être une «tentative globale de déconstruction des grands mythes nationaux et régionaux n'avait été entreprise jusqu'ici en Belgique, à la différence de la plupart de nos voisins européens.»[34]. Une des motivations de l'ouvrage a été de détruire les mythes belges qui cache la lutte des classes :

« Je continue à croire que ces mythes nationaux (ou régionaux ou...) ont pour principale fonction de masquer les conflits sociaux d'un espace donné. En d'autres termes de me créer une solidarité avec Albert Frère, André Leysen... parce que nous vivons proches géographiquement...[35] »

[modifier] Historiens et journalistes liés à Anne Morelli

[modifier] Publications

  • La Presse italienne en Belgique (1919-1945) (1981)
  • La participation des émigrés italiens à la Résistance belge (1983)
  • (it) Fascismo e antifascismo nell'emigrazione italiana in Belgio, 1922-1940 (1987)
  • Les grands mythes de l'histoire de Belgique, de Flandre et de Wallonie (dir.) (1995)
  • Rital-littérature. Anthologie de la littérature des Italiens de Belgique (1996)
  • Lettre ouverte à la secte des adversaires des sectes (1997)
  • Les émigrants belges : réfugiés de guerre, émigrés économiques, réfugiés religieux et émigrés politiques ayant quitté nos régions du XVIe siècle à nos jours (dir.) (1998)
  • Les religions et la violence avec Lemaire Jacques et Suzanne Charles (1998)
  • Le racisme, élément du conflit flamands-francophones ? (1998)
  • Principes élémentaires de propagande de guerre (utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède...) (2001)
  • "Sectes" et "hérésies" de l'antiquité à nos jours avec Dierkens Alain(2003)
  • Les solidarités internationales. Histoire & perspectives avec Gotovitch José (2003)
  • Histoire des étrangers et de l'immigration en Belgique: de la préhistoire à nos jours (dir.) (2004) (2)
  • Rubino, l’anarchiste qui tenta d’assassiner Léopold II (2007)

[modifier] Notes et références

  1. «J'estime être d'extrême gauche, mais je pense que l'immobilisme que nous vivons aujourd'hui est dû en grande partie aux divisions de l'extrême gauche.» Eric Guillaume, Les 175 ans de la Belgique vus par Anne Morelli (ULB), Solidaire, 18 mai 2005 html
  2. «La secte, comme la communauté charismatique, le couvent, la prison, l'hôpital, la caserne, le pensionnat (et peut-être aussi certains partis ou entreprises lorsqu'il s'agit de Disney ou MacDo) est l'une des institutions totalitaires qui prend, marque, change de nom ou immatricule, imprime dans un moule et déguise pour donner l'impression d'uniformité des corps et des esprits.» Anne Morelli, Lettre ouverte à la secte des adversaires des sectes, 1997
  3. (en) «At an international conference in Ghent in 2005 on the anti-globalisation movement, Anne Morelli told the astounded audience that not one single movement in history had ever enforced change without violence.» Francine Mestrum, The World Social Forum of Porto Alegre: what future?, 2006 <[1]>
  4. RTBF, Manifestation de soutien à Pierre Carette, le 25 février 2003 <[2]
  5. Morelli, Anne, « Principes élémentaires de propagande de guerre », Bruxelles, Labor, 2001, p. 6.
  6. Ibid, p. 7.
  7. Ibidem
  8. Ibid, p. 10
  9. Ibid, p. 11.
  10. Ibid, p. 14.
  11. Ibid, p. 16.
  12. Collon, Michel, « attention médias ! », Bruxelles, éditions EPO, 1992, p. 34.
  13. Morelli, Anne, op. cit., p. 21.
  14. Morelli, Anne, « L'histoire selon les vainqueurs, l'histoire selon les vaincus. », 8 décembre 2003 in : http://www.brusselstribunal.org/8dec_fulltexts.htm.
  15. Collon, Michel, op. cit., p. 60.
  16. Ibidem.
  17. Morelli, Anne, op. cit., p. 25.
  18. Collon, Michel, op. cit., p. 32.
  19. Ibidem.
  20. Morelli, Anne, op. cit., p. 27.
  21. Ibid, p. 28.
  22. Ibid, p. 28.
  23. Ibid, p. 34.
  24. Ibid, pp. 37-47.
  25. Ibid, p. 48.
  26. Ibid, p. 49.
  27. Ibid, p. 54.
  28. Ibidem.
  29. Ibid, p. 56.
  30. Morelli, Anne, « les 10 commandements de Ponsonby », sur le site de Zaléa TV : [3].
  31. Son usage envers le terrorisme par Jack Straw semble en ce sens impropre. Le "terrorisme" en général ne peut être considéré comme un "totalitarisme" au sens originaire du terme. Il ne remplit pas les critères nécessaires. L'usage du concept requiert une analyse approfondie de la société ou de la structure du groupe étudié, il faut en faire ressortir les catégories essentielles et les processus de dé-différenciation propres au totalitarisme. Il ne semble pourtant pas que Jack Straw ait réalisé une telle analyse pour pouvoir donner une vraie assise théorique à son assertion. L'usage du terme a dans ce cas un but politique ou de propagande de guerre.
  32. Extraits du livre d'Anne Morelli : « La secte des adversaires des sectes »
  33. Interview vidéo d'Anne Morelli
  34. Les mythes belges démystifiés., Actualité politique et sociale, 7 août 1995. [lire en ligne]
  35. Yves Le Manach, Une correspondance avec Anne Morelli, Artichauts de Bruxelles, n°2, Bruxelles, Février 1999 [lire en ligne]
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