Raon-l'Étape

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Raon-l'Étape
Carte de localisation de Raon-l'Étape
Pays France France
Région Lorraine
Département Vosges
Arrondissement Saint-Dié-des-Vosges
Canton Raon-l'Étape
Code Insee 88372
Code postal 88110
Maire
Mandat en cours
Michel Humbert
2008 - 2014
Intercommunalité Communauté de communes de la Vallée de la Plaine
Latitude
Longitude
48° 24′ 24″ Nord
         6° 50′ 31″ Est
/ 48.40667, 6.84194
Altitude 279 m (mini) – 610 m (maxi)
Superficie 23,71 km²
Population sans
doubles comptes
6 708 hab.
(2 005)
Densité 284,65 hab./km²

Raon-l'Étape est une commune française située dans le département des Vosges et la région Lorraine.

Ses habitants sont appelés les Raonnais.

Sommaire

[modifier] Géographie

Raon-l'Étape est située au confluent de la Meurthe et de la Plaine à 282 m d'altitude. Elle est distante de 17 km de Saint-Dié-des-Vosges, de 44 km d'Épinal, de 69 km de Nancy et de 88 km de Strasbourg par le col du Donon. Nichée dans une vallée assez étroite, l'agglomération est dense, entourée de coteaux très boisés : la forêt occupe 59% de la superficie communale. Première commune du département en venant de Nancy, on la surnomme « Porte des Vosges ».

La vocation de Raon-l'Étape est traditionnellement industrielle et commerciale. L'industrie repose sur quelques entreprises importantes : papeteries, carrière, fonderie et mécanique, plastique, textile, confection, télécommunications... Le commerce attire les habitants des communes voisines, notamment le samedi matin, jour de marché.

[modifier] Histoire

Le toponyme originel de la commune est « Ravon », mot lorrain signifiant confluent. « L'Étape » est une déformation de « la Tape », nom du droit de passage ou de l'impôt direct que devaient verser les marchands, maître flotteurs ou transporteurs par attelage, à l'administration des ducs de Lorraine.

[modifier] Deux villes de part et d'autre de la Meurthe

Le bourg de Raon est fondée au XIIIe siècle sur le vieux champ de Rua, à proximité de la Plaine et de la Meurthe, dominée par le château de Beauregard, château reconstruit et embelli par Ferry III, duc de Lorraine. Cette terre était située sur le ban de l'abbaye de Moyenmoutier. Le duc de Lorraine, avoué de cette abbaye, contrôle les lieux de passage du sel et du blé vers la montagne et impose ses droits de péage et ses protections à proximité de la voie des Saulniers[1], la voie marchande alors la plus fréquentée franchissant le massif vers Saales et Selestat[2].

La fondation ducale répond à un objectif de mise en valeur économique. Il attire de nouveaux bourgeois car la ville délimitée admet la loi écrite et les transactions contractuelles dites de Beaumont. Cette ville basse est construite au milieu des eaux canalisées. Le succès de la fondation est renforcé par quelques privilèges ducaux et la ville s'érige, déjà protégée par la garnison du château de Beauregard dirigée par un capitaine, puis se fortifie promptement.

La Neuveville, sur la rive gauche de la Meurthe, est une création plus ancienne, au XIIe siècle, par une association du duc de Lorraine qui apporte protection et capitaux, et surtout des chanoines prémontrés d'Étival qui donnent le terrain et procurent le savoir-faire de leurs maîtres d'art et convers. Le port de La Neuveville permet d'expédier sur la Meurthe les trains de planches et de bois d'œuvre. La croissance de la ville est rapide, et, alors que les moines blancs glissent vers une vie contemplative, l'administration ducale comprend qu'il faut prendre l'initiative de fonder Raon-l'Étape afin d'assurer la rupture de charge sur la rive droite qui se relient facilement à la montagne par l'axe marchand de la voie des Saulniers.

La Neuveville et son équipement portuaire passent petit à petit à la fin du XIVe siècle sous le seul contrôle ducal, tout en se démarquant farouchement de Raon-l'Étape par l'esprit d'indépendance de sa population.

Les deux villes qui restent modestes avec une population de l'ordre de quelques milliers d'habitants sont encore séparées par la rivière jusqu'à la fin du XIXe siècle. Mais elles ont été bien plus populeuses que la ville de Saint-Dié d'avant la fin du XVIIe siècle[3]. Elles appartiennent alors au piémont lorrain des Vosges et Saint-Dié à la montagne.

La Neuveville est privilégiée par le chemin de fer, en recevant une gare en 1864. Le rail qui lui apporte usines et croissance met fin paradoxalement au flottage qu'elle avait contribué à développer au XIIe siècle. Raon-l'Étape acquiert précocement un prestige touristique par le charme désuet de sa vieille ville déclinante.

La commune actuelle est issue de de la fusion, au milieu du XXe siècle (en 1947), des deux villes, conçue idéalement à l'origine comme complémentaires, mais pourtant longtemps antagonistes et rivales dans des champs d'activités économiques semblables.

[modifier] Anciennes guerres

Le chateau de Beauregard est détruit en 1636 par les troupes françaises occupant la Lorraine, durant la Guerre de Trente Ans.

[modifier] La première guerre mondiale

En 1913, la menace d’un conflit avec l’Empire allemand se profile de plus en plus à l’horizon. La vallée de la Meurthe, proche de la frontière se voit équipée de garnisons prêtes à intervenir. Comme Baccarat, Senones, Saint-Dié, Raon-l’Etape se voit dotée d’une caserne (caserne Dutertre). Celle-ci est construite à la sortie du bourg sur la route en direction de Celles-sur-Plaine et du Donon. Elle n’est pas encore terminée lorsque le le 10 octobre 1913, le 21e BCP arrivant de Montbéliard, commandant Rauch en tête, est accueilli par une foule de Raonnais en liesse. Le 31 juillet 1914, la bataillon quitte ses quartiers pour aller occuper ses emplacements de couverture vers Celles-sur-Plaine, Allarmont. Le 3 août c’est la guerre. Le bataillon participe aux combats meurtriers du Petit Donon, où les premiers raonnais vont trouver la mort. Puis c’est la retraite par la vallée de la Plaine, combats de Badonviller, de Raon, La Haute-Neuveville La Chipotte. D’autres chasseurs de Raon, parmi tant d’autres, vont tomber dans les forêts environnant la ville qui les a vu naître. Fin août, le 21e corps d’armée quitte les Vosges pour participer à la Bataille de la Marne, puis ce seront les batailles de « La Course à la mer », l’Artois, Verdun, La Somme, Notre-Dame-de-Lorette La Champagne… Le 21e BCP sera présent sur tous les grands champs de bataille. Pendant cette guerre, plus de 2300 chasseurs auront trouvé la mort. Parmi eux 124 habitants de Raon-l'Etape et de La Neuveville.

  • Combats et occupation allemande de la ville (24 août-12 septembre 1914)

Le 24 août 1914, le 21e corps d'armée tout entier est passé en rive gauche de la Meurthe. Les chasseurs des 20 et 21e BCP se battent aux ponts et passerelles de Raon, à la gare, le long de la ligne SNCF, puis se replient vers la Haute-Neuveville, le col de la Chipotte tout en se battant. Le 25 août les I et IIe armée françaises sont prêtes pour arrêter les armées allemandes. La bataille de la Meurthe, comprenant la bataille du Grand Couronné, la bataille de la trouée de Charmes, de la Chipotte, de la Haute Meurthe, commence et durera jusqu'à début septembre. L'aile gauche allemande sera définitivement arrêtée sur cette ligne de la Meurthe. Raon-l’Etape ne restera pas longtemps sous occupation allemande. A partir du 6 septembre 1914, l’ennemi se replie, le 11, le général Dubail commandant la Ire armée, ordonne la contre offensive. Le 12 septembre les Français font de nouveau leur entrée dans Raon-l’Etape. L’occupation allemande de la ville n'aura duré que 19 jours, mais les destructions volontaires laisseront la ville au trois quarts détruite. La nouvelle ligne de front va se stabiliser à une douzaine de kilomètres, parallèlement à la rive droite de la Meurthe, au niveau du col de La Chapelotte - La Fontenelle [1]; cette ligne, tout en continuant de connaître localement des épisodes, meurtriers et espacés, notamment comme la guerre de mines à La Chapelotte, n'évoluera plus jusqu’au Cessez-le-feu.

  • Liens internes:

Le 21e Bataillon de chasseurs à pied
Les Combats du Petit Donon.

[modifier] La seconde guerre mondiale

La ville a souffert des deux guerres mondiales, pillée et incendiée en 1914 et 1944. Le 17 novembre 1944, le 339e régiment d'infanterie américain, intégré à la Century Division, libère la ville et poursuit sa progression vers l'est.

Le 11 avril 1947, la commune de La Neuveville-lès-Raon, occupant la rive gauche de la Meurthe, a fusionné avec Raon-l'Étape.

Blason
L'église Saint-Luc
L'église Saint-Luc
Blasonnement 

De gueules à la rose d'argent boutonnée d'or.

Il n'est pas possible de dire pourquoi la rose a été choisie pour symboliser Raon. C'était un meuble héraldique fréquent des pays rhénans jusqu'en Angleterre. Le blason raonnais est authentifié dès le milieu du XIIe siècle.

[modifier] Démographie

Évolution démographique (Source : INSEE[4])
1947 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2005
6331 7606 7696 7741 7039 6780 6749 6708
Nombre retenu à partir de 1962 : Population sans doubles comptes
Fontaine La Chèvre
Fontaine La Chèvre

[modifier] Patrimoine

Le menhir de Pierre-Borne
Le menhir de Pierre-Borne
Statue de lion ailé, emblème de Raon-l'Étape
Statue de lion ailé, emblème de Raon-l'Étape
Mairie de Raon-l'Étape
Mairie de Raon-l'Étape
Le Museumotel
Le Museumotel
  • Le menhir, situé à la limite du département au lieu-dit « Pierre-Borne », est un monolithe très régulier de granit rose. Il dépasse le sol de plus de 3 mètres. Classé « Monument Historique » par décret en date du 25 novembre 1924.
  • L'Hôtel de ville, élevé en 1733, totalement en grès rose, ses arcades et son horloge.
  • Églises Saint-Luc et Saint-Georges.
  • Douze fontaines du XIXe siècle, installées de 1863 à 1893. Intitulées respectivement Le Bonheur, La Chèvre, Les Trois Coliches, L'Enfant et le Cygne, L'Automne, Diane Chasseresse, Diane de Gabies, Joinard, Concorde, Les Quatre Lions, Minerve et L'Enfant. Elles sont des reproductions en bronze de statues célèbres et font l'objet d'une mesure de protection au titre des Monuments historiques.
  • La Halle aux blés, restaurée en 2002, abrite le théâtre municipal, une grande salle d'exposition et l'Office de tourisme.
  • Collège Louis-Pasteur, rénové en 2008.
  • Le Museumotel (ex-Motel de l'Eau Vive) construit par Pascal Haüsermann, motel construit en 1968 selon les principes de la maison bulle. Cet endroit hors normes est l'un des rares témoignages de l'"architecture prospective" accessible au public. Repris en 2006 après une longue période d'abandon, le Museumotel redevient une place hôtelière originale avec comme concept d'être plus qu'un hôtel : il y a un café avec une grande terrasse, mais c'est aussi un lieu culturel (patrimoine architectural du XXe siècle, expositions temporaires, concerts) au bénéfice de la décoration des dix bâtiments et de l'aménagement du jardin[5].

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
1983-2014 Michel Humbert [6] PS Enseignant
1970-1983 Roger Chambet
1959-1970 Robert Lamberigts
1953-1959 Maurice Etienne
1947-1953 Marcel Husson
1/1/1947-31/10/1947 Joseph Colin Ex-maire de La Neuveville, décédé le 12/12/1947
1944-1946 Charles Kaercher Devient premier adjoint après la fusion
1942-1944 Robert Tisserand fusillé par l'occupant allemand
1940-1942 Auguste Pavoz
1937-1940 Charles Weill
1935-1937 Joseph Bastien
1929-1935 Charles Weill
1919-1929 Auguste Ferry
1913-1919 Charles Claviere
1908-1913 Victor Brajon
1900-1908 Alphonse Adam [7] Entrepreneur de travaux publics
1896-1900 Adolph Muller
1895-1895 Emile Marande
1891-1895 Alphonse Adam [7] Entrepreneur de travaux publics
1883-1891 Emile Haxo
1872-1883 Lucien Cosson
1870-1872 Jean-Baptiste Demenge
1852-1870 Jean-Baptiste Huin
1848-1852 Alexandre Marchal
1845-1848 M. Jacquot
1830-1845 Jean-Laurent Marlier
1817-1830 Jean-Baptiste Marchal
1815-1817 Nicolas Huin
1800-1815 Nicolas Prestre
Données issues d'une plaque figurant en mairie de Raon-'Étape.

Les données antérieures ne sont pas encore connues.

Le canton de Raon-l'Étape compte 9 communes : Allarmont, Celles-sur-Plaine, Étival-Clairefontaine, Luvigny, Nompatelize, Raon-l'Étape, Raon-sur-Plaine, Saint-Remy et Vexaincourt. La ville est aussi le pôle de la communauté de communes de la Vallée de la Plaine.

Raon-l'Étape est jumelée avec Kuppenheim (Allemagne) et un pacte d'amitié est en cours avec Filottrano (Italie).

[modifier] Économie

  • Carrière de trapp qui fournit le ballast pour les voies du TGV
  • Transcom : call center (centre d'appel) de l'opérateur Tele2
  • Autocoussin : entreprise de fabrication de sièges de voiture fortement robotisée

[modifier] Personnages célèbres

  • Joseph Julien Souhait (1759-1842), avocat, député
  • Jacques Mellez[8],(1804-1866), médecin. Né à Rosières-aux-Salines, il exerça son métier de médecin, généreux, il « oubliait » bien souvent de faire payer les indigents d'où son surnom de « médecin des pauvres ». Déjà malade, il participa à la lutte contre l’épidémie de choléra qui toucha la ville de novembre à décembre 1865, il mourut peu après le 16 juin 1866. Il légua le peu qu'il avait, au Bureau de bienfaisance et à l'orphelinat de Raon-l'Étape. Il fut fait Citoyen d'Honneur de la ville, à travers le temps, son nom fut donné à différentes rues. En 2004, l'Hôpital Rural de la ville, situé rue Jacques Mellez, était officiellement baptisé de son nom. Sa modeste tombe[9] se trouve au cimetière de la Haute Chapelle, le long de l'allée centrale. L'hôpital de Raon l'Étape, ayant pris pour nom celui du docteur Jacques Mellez, il a ainsi pris en charge l'entretien de sa sépulture. Celle-ci, a été rénovée pour le baptême de l'hôpital, en 2004.
  • Paul Descelles (1851-1915), peintre
  • Jean Crouzier (1899-1970), homme politique
  • Suzanne Flon (1918-2005), comédienne, a passé une partie de sa vie à Raon-l'Étape
  • Alain Schneider, chanteur pour enfants
  • Alain Devaquet (1942-), homme politique français
  • La famille Sadoul dont fait partie Georges, historien du cinéma né a Nancy, est originaire de Raon-l'Étape. Charles Sadoul (1872-1930), fondateur de la revue Le Pays lorrain en 1904, était raonnais.

[modifier] Bibliographie

  • Schneider (Michel), Raon-l'Étape des origines au XVIIIe siècle, Raon-l'Étape, Kruch 1990.
  • Sadoul (Louis), Une petite ville vosgienne, Raon l'Etape de ses origines à 1918, Édition du Syndicat d'Initiative de Raon l'Etape, 1934 - 369 p.
  • Picard (Raymond), L'Histoire Religieuse de Raon l'Etape, Imprimerie Fetzer, 1987, 159 p.
  • Staub (Jean Luc), Croix de chemins, chapelles et bornes de Raon l'Etape, monographie, 2007 - 96 p. (manuscrit non publié).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. la « via salinaria »
  2. Le val de Villé appartient aussi au duc, en grande partie.
  3. Moins prestigieuses toutefois sur le plan du monde religieux, donc moins connues
  4. Raon-l'Étape sur le site de l'Insee
  5. Le site du Museumotel
  6. 1791-2003, le grand livre des élus vosgiens page 181
  7. ab 1791-2003, le grand livre des élus vosgiens page 9.
  8. sadoul
  9. Son épitaphe est ainsi rédigée : Il emporte les regrets des pauvres, de ses parents, et de ses nombreux amis

[modifier] Liens externes

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