Naxos (île)
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Statistiques | |||||
Périphérie | Sud de l'Égée | ||||
Nome | Cyclades | ||||
Chef-lieu | Naxos (Chora) | ||||
Superficie | 428 km² | ||||
Population | 25.089 (2006) | ||||
Densité de pop. | 34,5 habitants/km² | ||||
Code postal | 84300 | ||||
Indicatif téléphonique | (00-30)-22850 | ||||
Site internet | http://www.naxos.gov.gr/ |
Naxos (en grec moderne Νάξος) est une île grecque de la mer Égée appartenant aux Cyclades. Elle est la plus grande et la plus haute île de l'archipel. Elle est située pratiquement au cœur de l'Égée, à approximativement 140 km de la Grèce continentale et de la Turquie continentale[1].
Naxos doit une partie de sa célébrité à la mythologie : Thésée y abandonna Ariane recueilli par Dionysos, divinité tutélaire de l'île. La cité naxiote (adjectif associé au nom Naxos) fut puissante à l'époque archaïque et prospère durant l'Empire byzantin. Elle fut le centre du dernier État latin à résister à l'avancée ottomane.
L'île est riche : marbre, émeri sont exportés et son agriculture produit la célèbre pomme de terre de Naxos, mais aussi des fromages et du miel. Le tourisme ne représente que la moitié du revenu de l'île.
La plus grande ville et port principal est Naxos (ou Chora 6 500 hab.).
Sommaire |
[modifier] Géographie
[modifier] Généralités
L'île fait 428 km², ce qui en fait la plus grande des Cyclades. Le mont Zas (Ζας, en grec local Zeus), est le plus haut sommet des Cyclades avec 1 004 mètres[2]. Du nord au sud, elle s'étend sur 28,3 km et d'est en est sur 21,2 km. Ses côtes sont longues de 148 km. Outre le mont Zas, le mont Kóronos atteint les 989 m, le Mavrovoúni 999 m, le Fanári 883 m, l'Anathematístra 779 m ; une demi-douzaine d'autres sommets atteint les 500 m[3],[4].
[modifier] Géologie
Naxos fait partie d'un ensemble plus vaste, « attico-cycladique », englobant l'Attique, le sud de l'Eubée et les Cyclades. Il est constitué de roches cristallines et métamorphiques[5] formées il y a 40 à 45 millions d'années, à l'éocène moyen à une profondeur de 40 à 45 km. Durant l'oligocène et la formation des Alpes, ces roches remontèrent à la surface il y a environ 25 millions d'années. En même temps, du magma granitique remonta aussi à la surface. Il y a 17 millions d'années, une remontée de granodiorite eut lieu[6].
Naxos est donc principalement formée de roches métamorphiques : granites pour un tiers et marbres et schistes pour deux-tiers. Une petite partie de l'île est constituée de roches plus récentes : grès, marnes et tufs datant de 3,5 millions d'années. Entre les couches de marbre, principalement au nord-est de l'île, on trouve de l'émeri. Il y a aussi du minerai de fer où se trouve de la magnétite[7].
[modifier] Climat
Naxos dispose d'un climat méditerranéen avec des hivers froids mais sans excès et des étés chauds et ensoleillés que le meltem rafraîchit[4].
Mois | Janv | Fév | Mars | Avr | Mai | Juin | Juil | Août | Sept | Oct | Nov | Déc | Année |
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Températures moyennes (°C) | 10 | 11 | 14 | 16 | 20 | 23 | 26 | 26 | 24 | 20 | 16 | 14 | 18,3 |
Précipitations moyennes (mm) | 82 | 60 | 38 | 20 | 13 | 3 | 0 | 0 | 8 | 30 | 55 | 81 | 33,3 |
Source : Naxos greek island |
[modifier] Flore sauvage
L'île fut longtemps couverte de forêts, au moins jusqu'au Moyen-Âge. Aujourd'hui, Naxos est complètement déboisée et recouverte du maquis méditerranéen typique avec des genêts, des yeuses et des pistachiers térébinthes. De nombreuses plantes à fleur sont visibles sur l'île, au printemps : anémones[8], lupins grecs (Lupinus graecus), cyclamens, giroflées des dunes, camomilles, colchiques[9], Crocus laevigatus et tournefortii, une quinzaine d'espèces d'orchidées et des coquelicots. Certaines sont endémiques à Naxos, sur le mont Zas : le vélar de Naxos et la consoude (Symphytum naxicola) ou aux Cyclades : le céraiste de Runemark, des aspérules, des campanules et des perce-neige. La zone littorale dispose de sa flore particulière : lis maritime, violette de mer, glaucienne jaune, panicaut maritime ou criste marine[10].
[modifier] Faune sauvage
Tant que l'île était couverte de forêts, elle disposait d'une abondante faune sauvage. Les voyageurs à l'époque du Duché de Naxos évoquaient encore les cerfs, les chacals et les innombrables perdrix. Aujourd'hui, la faune sauvage est menacée d'extinction. Ses principaux représentants restent les rapaces : faucon pélerin, aigle de Bonelli, buse féroce et le faucon d'Éléonore[10].
[modifier] Natura 2000
Le massif oriental de l'île, le mont Zas, le Mavrovouni et le sud inhabité de Naxos sont classés zone Natura 2000[6].
[modifier] Administration et population
Administrativement elle est divisée en deux dèmes[11] :
- le dème de Naxos correspondant grossièrement à la ville de Naxos (Chora) et ses environs, à l'Ouest (12.089 habitants)
- le dème de Drymalía, dont la capitale est Chalkí, et comprend le reste de l'île (6.099 habitants)
[modifier] Dème de Naxos
Le dème de Naxos est subdivisé en onze districts regroupant plusieurs agglomérations :
- District de « Naxos » (6.727 hab.) comprend Náxos (Chora) (6.533 hab.), Angídia (190 hab) et Moní Chrisostómos (4 hab., des nonnes)
- District d'« Aghios Arsenios » (1.207) qui comprend Aghios Arsénios (664), Aghia Anna (192), Aghii Pándes (26) Aghios Prokópios (222), Márangas (16), Mastorákis (10) et Stelída (77)
- District de « Vívlos » (807) qui comprend Vívlos (740) et Pláka (67)
- District de « Galanádos » qui ne comprend que Galanádos (425)
- District de « Galínis » qui ne comprend que Galínis (192)
- District de « Glinádos » qui ne comprend que Glinádos (509)
- District d'« Engarés » qui ne comprend qu'Engarés (197)
- District de « Kinídaros » (501) qui comprend Kinídaros (409) et Akotíri (92)
- District de « Mélanes » (649) qui comprend Mélanes (417), Aghios Thalélaios (73), Kourounochórion (110) et Mýli (49)
- District de « Potamiá » (362) qui comprend Ano Potamiá (174), Káto Potamiá (113) et Mési Potamiá (75)
- District de « Sangrí » (513) qui comprend Ano Sangrí (217), Káto Sangrí (33), Kanakárion (34), Kastráki (160), Mikrí Vívla (69) et l'îlot de Panagía (désert)
[modifier] Dème de Drymalía
Le dème de Drymalía est subdivisé en onze districts regroupant plusieurs agglomérations :
- District de « Chalkí » (635) qui comprend Chalkí (408), Zoodóchos Pigí (222) et Ráchi (5)
- District d'« Apiráthos » (1.078) qui comprend Apiráthos (828), Azálas (28), Kanáki (23), Klidó (54), Ligarídia (49), Moutsoúna (82) et Pánermos (14)
- District de « Damariónas » (557) qui comprend Damariónas (341), Agiassós (136), Vourvouriá (19) Damalás (41) et Pirgáki (20)
- District de « Danakós » qui ne comprend que Danakós (162)
- District de « Keramotí » qui ne comprend que Keramotí (76)
- District de « Koronídos » (572) qui comprend Koronís (310), Agiá (24), Apóllonas (104), Kámbos (50), Mirísis (15), Taxiárques (25), Fáraklos (ou Farakló) (16) et Chília Vrísi (28)
- District de « Korónos » (744) qui comprend Korónos (584), Argokiliótissa (22), Atsipápi (25) et Liónas (113)
- District de « Mési » qui ne comprend que Mési (116)
- District de « Moní » (230) qui comprend Moní (230) et Síphones (désert)
- District de « Skadoú » qui ne comprend que Skadoú (126)
- District de « Filotí » (1803) qui comprend Filotí (1.702) et Kalantó (101)
[modifier] Étymologie et mythologie
Les premiers occupants, colons, de l'île auraient été des Thraces qui en seraient partis avant l'arrivée du héros éponyme Naxos[12]. Du temps des Thraces, l'île était appelée Strongylé, « la ronde »[13].
[modifier] Étymologie mythique
Naxos aurait été le héros qui aurait rebaptisé l'île, alors appelée Dia, en lui donnant son nom. Diverses légendes sont proposées quant à l'origine de ce héros éponyme Naxos. Il serait Carien, fils de Polémon, et serait arrivé sur l'île, deux générations avant Thésée, à la tête d'une colonie de ses compatriotes. Cette légende expliquerait une partie du peuplement de l'île, originaire d'Asie mineure. Un deuxième légende fait de Naxos le fils d'Endymion et de Séléné, ce qui fait le lien avec la Grèce continentale (mais aussi la Carie). Enfin, une troisième légende, liée à la version crétoise fait de Naxos le fils d'Apollon et d'Acacallis[14].
Naxos fut le lieu de nombreuses légendes. Cédalion qui apprit l'art de travailler les métaux à Héphaïstos habitait alors sur Naxos[15]. Ce fut près de l'île que Poséidon aurait aperçu Amphitrite pour la première fois et l'aurait enlevée[16].
Pancratis était la demi-sœur des Aloades, Otos et Éphialtes qui étaient fils de Poséidon. Alors qu'elle célébrait le culte de Dionysos sur le mont Drios en Achaïe, elle fut enlevée avec sa mère Iphimédie par les Thraces de Naxos. Elle revint au roi de l'île Agassaménos. Ses demi-frères organisèrent une expédition punitive, mais elle mourut avant d'être délivrée[12]. Les Aloades chassèrent les Thraces et régnèrent ensuite sur l'île[17]. Les deux frères avaient par ailleurs fini par lasser les dieux qui décidèrent de les punir. Une des versions de leur mort se situe sur Naxos : Artémis ou Apollon se serait transformé en biche et les deux géants se seraient entre-tués lors de la chasse[18].
[modifier] Dionysos
Les disputes entre dieux pour obtenir le privilège de devenir la divinité tutélaire des cités sont nombreuses. La plus célèbre est celle opposant Poséidon et Athéna pour Athènes. Le dieu de la mer fut aussi défait à Naxos où Dionysos fut préféré[19].
Lorsque Dionysos désira se rendre sur Naxos, il engagea des pirates tyrrhéniens qui tentèrent de passer en Asie pour vendre leur passager. Le dieu transforma alors leurs avirons en serpents et remplit le navire de lierre tout en faisant résonner des flûtes invisibles. Il paralysa enfin le navire dans des pampres de vigne. Les pirates devenus fous se jetèrent à la mer où ils devinrent des dauphins. Ce prodige démontra que Dionysos était un véritable dieu et lui permit de monter à l'Olympe. Peu de temps après, il y emporta Ariane que Thésée avait abandonnée sur Naxos[20].
Boutès, un fils de Borée (mais pas d'Orithye) aurait dû fuir sur l'île après avoir cherché à tuer un de ses demi-frères, Lycurgue (pas non plus fils d'Orithye). De Naxos, il se serait livré à la piraterie et au brigandage. Il aurait attaqué la Phthiotide où il aurait enlevé des femmes, dont des adoratrices de Dionysos, dont la propre nourrice du dieu Coronis. Cette légende, comme celle de Pancratis, pourrait faire référence à l'introduction d'un des principaux cultes sur Naxos[21].
Naxos, roi de l'île, aurait eu un fils Leucippos qui régna à son tour et aurait été le père de Smerdios. Sous le règne de ce dernier, Thésée aurait abandonné Ariane, fille de Minos sur l'ordre de Dionysos[12] qui l'aurait recueillie dès le lendemain[22]. Œnopion (le « Buveur de vin ») était fils de Dionysos et d'Ariane. Roi de Chios, il y aurait introduit le vin rouge lorsqu'il y arriva en provenance de Naxos[23].
[modifier] Histoire
Naxos fut habitée avant la fin de la première période cycladique (avant 2000 avant notre ère). Elle est ensuite colonisée par les Ioniens à l'époque archaïque. Elle devient rapidement prospère. Son développement économique, Naxos le doit au marbre, dont elle possède la deuxième réserve après sa voisine : Paros. Elle est à l'apogée de sa gloire aux VIIe et VIe siècles avant notre ère. Elle domine alors toutes les Cyclades. Elle offre alors le sphinx dit des Naxiens à Delphes et les célèbres lions de Naxos à Délos. En -500, les Perses échouent devant l'île, ce qui marque la fin de leur expansion en Ionie. En -527, une nouvelle expédition perse est montée contre les Cyclades, avec Aristagoras, gouverneur de Milet, à sa tête. De nouveau, le siège échoue. À la fin du VIe siècle av. J.-C., elle atteint son apogée sous le tyran Lygdamis, installé là, selon Hérodote, par Pisistrate. L'historien dit qu'à cette époque, elle « surpasse toutes les autres îles en prospérité » (Enquêtes, V, 28).
En -491, pendant la première guerre médique, c'est la revanche perse : Naxos est prise par le général Datis, les habitants qui n'ont pas pu fuir sont réduits en esclavage, la ville et les temples sont incendiés. Les Naxiens font ensuite défection et à Salamine, et apportent quatre trières aux Grecs.
Après la victoire, ils font partie de la ligue de Délos. Très vite, elle s'insurge contre l'impérialisme athénien : en -468, Naxos fait défection avec sa flotte, elle est alors assiégée et asservie par Athènes, dit Thucydide, « contrairement à la règle » (I, 98, 4). Les Athéniens enverront par la suite des clérouques (colons) dans l'île, 500 par exemple après l'exil de Thucydide, l'adversaire de Périclès, en -443. En 338 avant notre ère, elle est conquise par les Macédoniens, et en -166 par les Romains.
Au Moyen Âge, comme toutes les autres Cyclades, l'île fut conquise par les Vénitiens à l'issue de la quatrième croisade, en 1207.
Le Vénitien Marco Sanudo devient duc de Naxos et construit un château en haut de la colline de la ville, dont subsiste une partie du donjon. Les maisons des familles vénitiennes qui l'encerclent forment par leurs murs extérieurs un rempart défensif, l'ensemble étant dénommé kastro. Ce système de fortification se retrouve dans de nombreux villages des Cyclades, notamment Folegandros et Kastro (sur Sifnos).
Naxos passe ensuite aux Turcs de 1579 à 1821.
[modifier] Économie
[modifier] Agriculture
[modifier] Industrie
[modifier] Tourisme
[modifier] Annexes
[modifier] Bibliographie
- (fr) Yiannis Desypris, 777 superbes îles grecques., Toubi's, Athènes, 1995.
- (fr) Sophie et Konstantinos Katsouros, Naxos & petites îles des Cyclades, Toubi's, Athènes, 2001. (ISBN 9605406980)
- (fr) Élisabeth Malamut, Les îles de l'Empire byzantin, VIIIe-XIIe siècles, Byzantina Sorbonensia 8, Paris, 1988. (ISBN 2-85944-164-6)
- (fr) Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine., PUF, Paris, 1951. (ISBN 2130444466)
[modifier] Liens externes
- (el) Site de la municipalité
- (en) « Naxos Earth » sur le site de la municipalité
- (de) Projet scientifique et environnemental TRIANET de l'Union Européenne
[modifier] Notes et références
- ↑ TRIANET, informations générales.
- ↑ S. et K. Katsouros, Naxos, p. 11.
- ↑ Carte Topo Éditions Anavasi ISBN 960-8195-54-3
- ↑ a b S. et K. Katsouros, Naxos, p. 14.
- ↑ E. Malamut, op. cit., p. 65.
- ↑ a b S. et K. Katsouros, Naxos, p. 18.
- ↑ S. et K. Katsouros, Naxos, p. 19.
- ↑ Anemone pavonina
- ↑ Colchicum variegatum
- ↑ a b S. et K. Katsouros, Naxos, p. 16-18.
- ↑ (en) Recensement de 2001.
- ↑ a b c P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 426 b.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 342 b - 343 a.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 310 b.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 83 a.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 33 a.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 236 b.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 29 a.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 391 a.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 127 b.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 67 b.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 50 b.
- ↑ P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie., p. 327 a.
[modifier] Galerie
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