Artémis

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Diane de Versailles, copie romaine d'un original grec de 330 av. J.-C. (?), musée du Louvre
Diane de Versailles, copie romaine d'un original grec de 330 av. J.-C. (?), musée du Louvre

Dans la mythologie grecque, Artémis (en grec ancien Ἄρτεμις / Ártemis) est la déesse de la chasse et une des déesses associées à la Lune (par rapport à Apollon, qui est le dieu du Soleil). Elle est assimilée dans la mythologie romaine à la déesse Diane.

Elle est la fille de Zeus et de Léto et la sœur jumelle d'Apollon (ou simplement sa sœur, selon l'hymne homérique qui lui est consacré), avec lequel elle partage beaucoup de traits communs.

Sommaire

[modifier] Divinité des marges

Artémis versant une libation, lécythe attique à figures blanches à la manière du Peintre de Bowduin, 460-450 av. J.-C., musée du Louvre
Artémis versant une libation, lécythe attique à figures blanches à la manière du Peintre de Bowduin, 460-450 av. J.-C., musée du Louvre

Née sur l'île d'Ortygie « l'Ile aux cailles », appelée plus tardivement Délos, Artémis fait du pays des Hyperboréens sa résidence principale[1] où elle règne en maîtresse de la nature sauvage et des animaux. « Que toutes les montagnes soient les miennes » déclare-t-elle dans l'hymne de Callimaque de Cyrène. Elle erre aussi dans les agroi, les terres en friches, incultes et peu fréquentées. Comme le souligne Jean-Pierre Vernant, elle « a sa place en bordure de mer, dans les zones côtières où entre terre et eau les limites sont indécises[2] ». Toujours située à la frontière entre le monde civilisé et le monde sauvage, Artémis la chasseresse est aussi une κουροτρόφος / kourotrophós[3], qui préside à l'initiation des petits d'hommes et d'animaux et les accompagne jusqu'au seuil de la vie adulte.

Armée d'un arc et de flèches offerts par les Cyclopes[4], Artémis assiste son frère Apollon dans son combat contre le serpent Python ainsi que dans la gigantomachie. Pendant la guerre de Troie, elle est également aux côtés des Troyens. Comme lui, elle pourfend de ses flèches les Niobides. Elle l'aide à se venger de Coronis et de Tityos. De manière générale, elle envoie sur les femmes la mort soudaine, alors qu'Apollon se charge des hommes. Dans l'Iliade, Héra la qualifie ainsi de « lionne pour les femmes ». On lui chante, comme à Apollon, le péan.

[modifier] Chasseresse à l'arc d'or

Diane chasseresse, par Auguste Renoir (1867)
Diane chasseresse, par Auguste Renoir (1867)

Coureuse des bois, sauvageonne insoumise et fière, Artémis appartient avant tout au monde sauvage, alors que son frère Apollon se présente comme un dieu civilisateur. Seule parmi les dieux, à l'exception de Dionysos, elle est constamment entourée d'une troupe d'animaux sauvages, d'où son épiclèse de ηγημόνη / Hêgêmónê, « la Conductrice ». Elle est aussi à la tête d'une troupe de nymphes (20 nymphes du mont Amnisos, selon Callimaque) et de jeunes mortelles, qu'elle mène à travers les forêts. L'Iliade en parle comme de « l'agreste Artémis (...), la dame des fauves (potnia theron)[5].

Surnommée la « Bruyante » (Κελαδεινή / Keladeinế), elle mène sa meute et les pousse de la voix. Artémis possède en effet le double visage de la compagne des animaux sauvages, et de la chasseresse. La biche symbolise bien son ambivalence : la bête est sa compagne favorite, et de nombreuses représentations la montrent à son côté. Néanmoins, Artémis est aussi celle qui est réputée pour suivre de ses flèches cerfs et biches, même si peu de textes l'attestent.

La déesse sagittaire est enfin appelée par Homère Artémis khrysêlakatos, « à l’arc d’or » et par Hésiode iochéairê, « l'archère »[6]. Chez Homère, l'arc se dit βιός / biós, qui se rapproche de βίος / bíos, « la vie ». C'est pourquoi, Artémis, encore appelée « la radiante », est aussi celle qui guide les égarés, les étrangers, ou les esclaves en fuite au cœur de la nuit. Aussi Artémis porte-t-elle en latin le nom de Trivia, « celle qui éclaire la route aux carrefours de la vie ».

[modifier] Déesse ambiguë

Diane au bain, par François Boucher (1742)
Diane au bain, par François Boucher (1742)

Tout comme Athéna et Hestia, Artémis est une déesse « vierge », improprement considérée par les mythocritiques jusqu'au XIXe siècle comme « chaste », jusqu'à ce que Jean-Pierre Vernant éclaire davantage les adjectifs accolés à son nom. Artémis est parthenos, la vierge qui s'occupe du feu, ou, comme le rapporte Plutarque, celle qui s’abstient de tout commerce sexuel avec des hommes. Elle punit sévèrement les hommes qui tentent de la séduire : « tristes noces, celles que briguèrent Otos et Orion[7] ». Quand Actéon la surprend par hasard dans son bain, elle le métamorphose en cerf et le fait déchirer par ses propres chiens.

Elle surveille également la chasteté de ses compagnes : elle décoche une flèche à Callisto, fille de Lycaon, pour avoir eu des rapports sexuels avec Zeus. On soulignera que Zeus parvint à ses fins auprès de Callisto parce qu'il avait pris l'apparence d'Artémis, élément qui révèle l'ambiguïté de la relation qui unissait Artémis et Callisto.

[modifier] Épithètes, attributs et sanctuaires

Artémis du type d'Éphèse, IIe siècle ap. J.-C., Musée de Selçuk
Artémis du type d'Éphèse, IIe siècle ap. J.-C., Musée de Selçuk

[modifier] Anecdotes

  • Une statuette en bronze, intitulée Artémis et le cerf, datant de plus de deux mille ans, a été vendue aux enchères à New York en juin 2007 pour 28,6 millions de dollars.

[modifier] Notes et références

  1. Pindare, Odes [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 26).
  2. Vernant, op. cit., p. 17.
  3. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] (V, 73).
  4. Callimaque, Hymnes [détail des éditions] [lire en ligne] (III).
  5. Iliade (XXI, 470).
  6. Hésiode, Théogonie (14, 918).
  7. Callimaque (V, 264–265).

[modifier] Voir aussi

Selon une légende, Artémis est née un peu avant Apollon et elle aurait aidée Léto, sa mère, a accouchée remplaçant ainsi Eileithyia, déesse de l'accouchement.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Pierre Vernant, La Mort dans les yeux, Hachette, coll. « Pluriel », 1998 (ASIN 2012788947).

[modifier] Lien externe

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