Pisistrate

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Pisistrate (en grec ancien Πεισίστρατος / Peisistratos), tyran d'Athènes, né vers -600, mort en -527.

Fils de l'eupatride Hippocrate, Pisistrate s'empara du pouvoir par la ruse, en occupant l'Acropole (-561), et fut le dernier tyran d'Athènes, ainsi que le fondateur de la dynastie des Pisistratides, dynastie qui ne lui survivra que dix-sept ans.

Par son œuvre d'homme politique et d'homme d'État, il a arraché définitivement Athènes à la domination de l'antique oligarchie aristocratique et préparé, par une politique extérieure nouvelle et audacieuse, la domination militaire et commerciale d'Athènes en mer Égée, condition préalable à l'instauration de la démocratie et à l'apogée de la puissance athénienne au Ve siècle , le « siècle de Périclès ».

La conquête du pouvoir par Pisistrate s'inscrit dans un mouvement général des cités grecques, où se généralise la tyrannie. À Corinthe, Milet, Sicyone, Samos, Mytilène, dans les colonies d'Asie Mineure, des tyrans et des dynasties de tyrans prestigieux liquident la domination oligarchique, enrichissent et renforcent leurs cités, mais aussi développent le commerce et son corollaire, les conquêtes.

[modifier] Contre l'oligarchie

Après les grandes réformes des VIIe et VIe siècle av. J.-C., dues à Dracon et à Solon, la domination de l'aristocratie terrienne et son système politique, l'oligarchie, sont menacés à la fois par les nouveaux riches, aristocrates ou non, dont la fortune est mobilière, et par les petits propriétaires paysans, dont le mécontentement va croissant.

Pisistrate sait l'art d'exciter les passions populaires : blessé accidentellement par son barbier, il montre son visage ensanglanté dans les rues affirmant qu'on vient de tenter de l'assassiner. Dans ses dialogues des morts, Fontenelle fait même allusion à une mystification où il se serait affiché sur un char en compagnie d'une jeune femme qu'il présentait comme étant Athena elle-même !

La crise agraire est particulièrement sensible à Athènes. Trois « factions » se constituent: les Pédiens (oligarchie) ; les Paraliens (nouveaux riches), dits aussi Alcméonides, du nom de la grande famille d'aristocrates marchands qui les dirige et dont Périclès sera le descendant; les Diacriens, qui représentent la paysannerie pauvre et particulièrement celle des montagnes du nord-est de l'Attique.

Aristocrate lui-même, Pisistrate devient le chef des Diacriens grâce à son prestige militaire acquis contre Mégare. Allié aux Alcméonides par son mariage, il monte un attentat simulé contre lui pour se faire attribuer des gardes du corps. On les lui accorde avec comme seule restriction qu'ils soient munis seulement de gourdins, d'où leur nom : les porte-matraque. Avec cette milice il prend le pouvoir et s'installe sur l'Acropole, ancienne demeure des rois légendaires (-561). Chassé par l'opposition conjuguée de Lycurgue, chef des Pédiens, et de Mégaclès, chef des Alcméonides, Pisistrate restera six ans en exil en Thrace où l'exploitation des mines du Pangée l'enrichit suffisamment pour financer une armée de mercenaires, puis en Eubée.

[modifier] Un homme d'État avisé

Homme d'État prudent, Pisistrate va s'assurer, à l'intérieur, l'appui solide des paysans et des entrepreneurs maritimes par sa politique de conquêtes. Elle vise à assurer l'approvisionnement en blé, d'où l'établissement de colonies militaires sur l'Hellespont, et à contrôler le commerce égéen, d'où la conquête des Cyclades, de Naxos, où Pisistrate établit la tyrannie de son ami Lygdamis, et de Délos, centre religieux et commercial.

Poursuivant ses objectifs, il est l'instigateur d'une vaste réforme politique et sociale (création de tribunaux ambulants) qui prolongeait l'œuvre de Solon, il s'attaque aux privilèges des riches, résout la question agraire en instaurant dans l'Attique une sorte de crédit agricole, favorise l'industrie et le commerce maritime : les finances sont assainies grâce aux mines d'or du Pangée et à la mise en valeur de celles d'argent du Laurion ; de surcroît, un impôt de 5 % sur le revenu permet de financer les conquêtes.

À sa mort, en -527, Pisistrate lègue à ses deux fils, Hippias et Hipparque, une Athènes prospère et puissante, qui connaît un essor culturel sans précédent. Mais l'aristocratie marchande (les Alcméonides en particulier), qu'il a pourtant enrichie, va tenter de se débarrasser d'une tyrannie devenue particulièrement policière après l'assassinat d'Hipparque par les tyrannoctones.

Pour en finir avec la dictature d'Hippias, ils feront appel à l'intervention militaire de Sparte, qui met fin au règne des Pisistratides et ouvre la voie à la réforme démocratique dont Pisistrate avait jeté les bases économiques et militaires.

[modifier] Anecdote

Diogène Laërce citait dans sa Vie des philosophes le texte d'une lettre de Pisistrate à Solon et celui de la réponse de Solon. On pense aujourd'hui que les deux sont apocryphes.