Index Librorum Prohibitorum

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Index Librorum Prohibitorum, 1564.
Index Librorum Prohibitorum, 1564.

L’Index librorum prohibitorum (index des livres interdits) — aussi appelé Index expurgatorius, Index librorum prohibitorum juxta exemplar romanum jussu sanctissimi domini nostri — est une liste d'ouvrages que les catholiques romains n'étaient pas autorisés à lire, des « livres pernicieux », accompagnée des règles de l'Église au sujet des livres. Le but de cette liste était d'empêcher la lecture de livres contredisant ou critiquant l'Église et d'éviter ainsi que les fidèles ne se détournent de leur foi.

Le premier Index romain fut publié par le pape Paul IV en 1559 à la demande de l'Inquisition, et confirmé en 1564. La Congrégation de l'Index fut instituée en 1571. L’Index fut régulièrement mis à jour jusqu'à l'édition de 1948, par ajout de la Congrégation de l'Inquisition ou du pape. La liste n'était pas un simple travail de réaction ; les auteurs étaient enjoints à défendre leurs travaux, qu'ils pouvaient corriger et rééditer s'ils désiraient éviter l'interdiction, et une censure avant publication était encouragée.

En 1948, la 32e et dernière édition contenait quatre mille titres censurés pour des raisons diverses : hérésie, immoralité, licence sexuelle, politiquement incorrect, etc. On y trouvait des écrivains et des philosophes connus tels que Diderot, Sigmund Freud, Pascal, Rousseau, Descartes, Érasme, Laurence Sterne, Voltaire, Daniel Defoe, Nicolas Copernic, Honoré de Balzac, Pierre Larousse pour son dictionnaire, Jean-Paul Sartre, ainsi que le sexologue hollandais Theodor Hendrik van de Velde, auteur du manuel sur la sexualité Le Mariage parfait. Presque tous les philosophes occidentaux ont été inclus dans l’Index — même ceux qui croient en Dieu, tels que Descartes, Kant, Berkeley, Malebranche, Lamennais et Gioberti. Les athées, tels que Schopenhauer et Nietzsche, ne sont pas inclus en raison de la règle générale (Tridentine) que les œuvres hérétiques (qui contredisent le dogme catholique) sont ipso facto interdites. Quelques œuvres importantes ne sont pas incluses, simplement parce que personne ne s'est soucié de les dénoncer. Il est aussi surprenant que Charles Darwin ne fut jamais mis à l’Index[1].

La mise à l'index la plus célèbre dans l'Histoire de l'Église est probablement celle des écrits de Copernic sur l'héliocentrisme (5 mars 1616). La condamnation de Galilée intervint dans ce contexte, même si l'on n'est pas tout-à-fait sûr aujourd'hui que la raison réelle et complète de la condamnation était bien celle-là.

Certaines mises à l’Index furent de nature politique : en 1926, le journal l'Action française, mouvement de droite nationale, y fut ajouté. Bien qu'on n'y trouve pas d'œuvres de personnages comme Adolf Hitler ou Joseph Staline, on y trouve Le Mythe du vingtième siècle d'Alfred Rosenberg, considéré comme le livre fondateur du nazisme avec Mein Kampf. Ce dernier ne fut pas mis à l'index, car son évaluation fut reportée continuellement. On a pris le soin d'y condamner en latin l'anarchiste Edgar Bauer, aujourd'hui relativement oublié, mais non son frère ainé Bruno Bauer pour qui Jésus n'avait jamais existé. La Congrégation de l'Index n'était pas une mécanique impeccablement huilée mais une administration comme une autre.

Le dernier livre mis à l'Index a été, en 1961, sous le pontificat de Jean XXIII, La Vie de Jésus de l'abbé Jean Steinmann.

Les effets de l’Index se ressentirent bien au-delà du monde catholique. Pendant longtemps, que ce fût au Québec ou en Pologne, trouver des copies des ouvrages interdits était difficile, particulièrement en dehors des villes importantes. L’Index cessa d'être une liste officielle le 14 juin 1966 sous Paul VI après le concile de Vatican II, principalement pour des raisons pratiques.

L'expression « être mis à l'Index » est restée dans le langage courant pour désigner le fait d'être censuré.

Sommaire

[modifier] Quelques écrivains célèbres dont les œuvres figurent dans l’Index Librorum Prohibitorum

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. (en) Le Vatican ouvre ses archives sur la censure.
  2. On the Origins and Perpetual Use of the Legislative Powers of the Apostolic Kings of Hungary in Matters Ecclesiastical. Vienna, 1764.
  3. Principes d’économie politique placed on Index in 1856; Seldes, G. 1934. The Vatican - Yesterday, Today, and Tomorrow. London. p. 180.

[modifier] Liens externes