Mein Kampf

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Mein Kampf

Illustration de Mein Kampf

Auteur Adolf Hitler
Genre Propagande politique
Version originale
Titre original Mein Kampf
Éditeur original Eher-Verlag
Langue originale Allemand
Pays d’origine Allemagne
Date de parution originale 18 juillet 1925
Version française
Traducteur J.Gaundefroy-Demombynes ; A.Calmettes
Éditeur Nouvelles Éditions latines
Date de parution 1934
Type de média Livre
Nombre de pages 688 pages
Suivi par Zweites Buch

Mein Kampf (Mon Combat en français) est un ouvrage rédigé par Adolf Hitler entre 1923 et 1924 pendant sa détention à la prison de Landsberg am Lech, détention consécutive au putsch de la brasserie, coup d'État manqué. Il contient des éléments autobiographiques ainsi qu'une présentation de l'idéologie politique du nazisme et l'histoire des débuts du NSDAP.

Sommaire

[modifier] Rédaction

Lors de son emprisonnement il dicte son texte à plusieurs de ses camarades emprisonnés, dont Rudolf Hess. Le titre de l'ouvrage vient d'une idée de l'éditeur Max Amann. Les premiers lecteurs furent les fidèles de Hitler, et le succès du livre auprès des siens encourage Adolf Hitler à rédiger un second tome.

Le texte originel a été remanié à plusieurs reprises par l'entourage d'Hitler pour lui donner une forme plus cohérente et plus lisible[réf. nécessaire].

[modifier] Un best-seller tardif

Le premier volume fut publié le 18 juillet 1925 ; le second le 11 décembre 1926 se termine avec une dédicace à son « professeur » Dietrich Eckart. À sa parution, le livre (qui coûtait le prix élevé, à l'époque, de douze reichsmarks) ne connut qu'un succès modeste : jusqu'en 1929, seuls 23 000 exemplaires du premier volume et 13 000 du second furent vendus. Après 1930, le tirage augmenta fortement : jusqu'en 1935, il s'en vendra 1,5 million d'exemplaires. À partir de 1936, il devint le cadeau de mariage de l'État aux couples allemands. Ian Kershaw estime le tirage à environ 10 millions d'exemplaires en allemand jusqu'en 1945, ce qui représente près d'un foyer allemand sur deux.

Les revenus littéraires d'Hitler lui permirent ainsi de renoncer à son traitement de Liste des chefs de gouvernement allemands en 1933, ce que la propagande nazie ne se priva pas de mettre en avant.

Le livre a été traduit en seize langues étrangères, dont une dizaine par l'éditeur officiel. Les versions traduites sont souvent expurgées. Seule la version en français est censurée par l'éditeur allemand (voir ci-dessous).

À partir de 1933, le livre devient une référence politique et est édité en plusieurs formats : une version de luxe réservée aux dignitaires nazis, parfois dédicacé du sang d'Adolf Hitler lui même. Une version en braille a également été publiée.

[modifier] Contenu

C'est tout à la fois un document autobiographique, le récit de la naissance et du premier développement du parti nazi, et un essai et manifeste politique qui énonce les bases du programme que son auteur appliquera quelques années plus tard quand il sera parvenu à la tête de l'État allemand. Mein Kampf veut expliquer le désir d'extermination de son auteur vis-à-vis des Juifs et des Tziganes par ses théories raciales.

Il annonce sans ambiguïté le programme du parti nazi, fondé notamment sur la volonté de réunification des territoires à population germanique (le pangermanisme) ainsi que la nécessité de s'assurer, en Europe de l'Est, un « espace vital » allemand. Il comporte des menaces précises, qui firent écrire au maréchal Lyautey : « Tout Français doit lire ce livre. »

Selon Adolf Hitler :

  • La cartographie de l'Europe issue du Traité de Versailles (« Diktat de Versailles ») est inacceptable, car elle a pour conséquence immédiate l'éclatement des peuples de culture allemande.
  • L'Autriche et les minorités allemandes de Tchécoslovaquie et de Pologne doivent être réunies à l'Allemagne dans un seul espace, le « Grand Reich » (Großdeutsches Reich).
  • Pour assurer l'épanouissement du peuple allemand réunifié, il préconise la voie des chevaliers teutoniques : « conquérir par l'épée allemande le sol où la charrue allemande devrait faire pousser le blé pour le pain quotidien de la nation ».
  • Pour cela, il faut réarmer le pays et atteindre l'autosuffisance économique par une série de conquêtes territoriales.
  • Le nouvel essor de la nation allemande doit se faire notamment au détriment des territoires russes, des pays de l'Europe centrale et danubienne, mais aussi à l'ouest, au détriment de la France qu'il considère comme « inexorable et mortelle ennemie du peuple allemand ».

[modifier] Plan et résumé de l'ouvrage

[modifier] Tome I : bilan

Préface de l'auteur

  1. La Maison familiale
    Les années d'enfance d'Hitler où il raconte ses premiers émois pan-germanistes et son refus obstiné (contre l'avis de son père) de devenir fonctionnaire, il rêve plutôt à une carrière de peintre. Le chapitre se termine avec la mort de son père et de sa mère et son départ pour Vienne.
  2. Années d'études et de souffrance à Vienne
    Cinq années difficiles à Vienne où il vit de petits boulots et de son métier de peintre. Premières rencontres avec le syndicalisme et le national socialisme.
  3. Considérations politiques générales touchant mon séjour à Vienne
  4. Munich
  5. La guerre mondiale
  6. Propagande de guerre
  7. La Révolution
  8. Le commencement de mon activité politique
  9. Le parti ouvrier allemand
  10. Les causes de la débâcle
  11. Le peuple et la race
  12. La première phase du développement du parti ouvrier allemand national-socialiste

[modifier] Tome II : le mouvement national-socialiste

  1. Sujets de l'État et citoyens
  2. La personnalité et la conception raciste de l'État
  3. Conception philosophique et organisation
  4. Lutte des premiers temps - L'importance de la parole
  5. La lutte contre le front rouge
  6. Le fort est plus fort quand il reste seul
  7. Considérations sur le sens et l'organisation des sections d'assaut (SA)
  8. Le fédéralisme n'est qu'un masque
  9. Propagande et organisation
  10. La question corporative
  11. La politique allemande des alliances après la guerre
  12. Orientation vers l'Est ou politique de l'Est
  13. Le droit de légitime défense

Conclusion

[modifier] L'édition française

En 1934, les Nouvelles Éditions latines — toutes nouvelles de fait, puisqu'elles ont été fondées en 1928 par Fernand Sorlot (proche de la droite maurassienne anti-hitlérienne) — publient Mein Kampf en français[1]. L'ouvrage est ramené à un seul volume de 688 pages ; il est sous-titré Mon Combat. En exergue, cette phrase du maréchal Lyautey : « Tout Français doit lire ce livre ». Il ne s'agissait nullement d'une approbation puisque la traduction était parue contre la volonté d'Hitler qui n'avait aucune envie[réf. nécessaire] que les Français fussent informés de ce qui les attendait.

Dans l'avertissement des éditeurs, Sorlot souligne que « [ce] livre [...] a eu sur l'orientation soudaine de tout un peuple une influence telle, qu'il faut, pour en trouver l'analogue, remonter au Coran. ». Hitler ayant « obstinément refusé de laisser publier en français [… nous] avons pensé qu'il était de l'intérêt national de passer outre à ce refus, quelles que puissent être pour nous-mêmes et pour la jeune maison que nous avons fondée les conséquences de notre initiative. »

Il objecte encore : « Les paroles et les écrits publics d'un homme public appartiennent au public » et argumente enfin : « M. Frick […] disait "Pour les nationaux-socialistes, le droit c'est ce qui sert le peuple allemand. L'injustice, c'est ce qui lui porte dommage." Nous avons simplement pris à notre compte cette vigoureuse définition ».

Indiquant qu'Hitler considère la France comme le principal obstacle à ses visées, il le cite « Ces résultats ne seront atteints ni par des prières au Seigneur, ni par des discours, ni par des négociations à Genève. Ils doivent l'être par une guerre sanglante ».

L'éditeur relève les menaces très lourdes du livre qui pèse sur la France et envers les Juifs et autres populations qui seront les victimes de la Solution finale. La LICA (Licra actuelle) soutiendra Sorlot (âgé de 29 ans à l'époque) lors de son procès contre Hitler en 1936 et achètera 5000 exemplaires pour les distribuer au gouvernement et aux députés.

La traduction elle-même est intégrale et plutôt neutre, sans note, ni commentaire.

[modifier] L'opinion du traducteur

Le 25 février 1934, le traducteur André Calmettes publie un article dans le Journal de l'École Polytechnique dont il est issu : « Pourquoi j’ai traduit Mein Kampf »

« Je n’ai pas traduit « Mein Kampf » sans but ni raison. Ce pensum de huit cent pages, je me le suis infligé de bon cœur pour les miens et pour mes amis, mais aussi pour tous les hommes et pour toutes des femmes de bonne volonté, surtout pour les jeunes.
Je n’ai pas l’intention d’indiquer ici les conclusions que chacun doit tirer du livre ; autrement je l’aurais analysé et commenté, non pas traduit. Mais il ne me convient pas de laisser à la critique seule le soin de présenter mon travail ; je ne veux pas de malentendu sur mes intentions, ni les choisir après parmi toutes celles que l’on me prêtera.
Certes, cet ouvrage qui fut livré au public allemand en 1926-1928 jette une clarté singulière sur la politique allemande de l’après-guerre. En l’ignorant, nous satisfaisant de manière bien facile de révélations au compte-gouttes, nous étions ridicules et stupides ; nous découvrions des fragments minimes d’une vérité que l’on nous jetait au visage en huit cent pages serrées. Certes aussi, les prophéties de cet ouvrage engagent l’avenir. La doctrine d’action politique, complaisamment développée, demeure actuelle. Le livre constitue le dogme du parti qui mène l’Allemagne actuelle, dogme d’une agissante majorité, dogme demain de l’Allemagne entière. Je dis bien dogme, et je pense au Coran.
Mais il faut bien se garder de restreindre la portée du présent ouvrage. Il ne faut pas suivre Hitler polémiste qui dit quelque part d’un livre qu’il juge révélateur de l’esprit des juifs : « quand cet ouvrage sera devenu le livre de chevet d’un peuple, le péril Juif sera conjuré ». Il ne faut pas lire « Mein Kampf » en se plaçant au point de vue d’un « péril allemand ou au point de vue de notre seule mitoyenneté.
Il faut se mettre sur un plan largement humain. L’ouvrage même autorise à le faire. Il s’agit d’un document ample, tiré à près d’un million d’exemplaires en Allemagne, traduit dans plusieurs pays. Il a été écrit par un Allemand pour les Allemands, mais il touche des problèmes politiques, sociaux, et de morale, qui se posent à tous les peuples. La traduction en est intégrale : on n’a pas le droit, sur quinze ou sur cent versets du Coran, de parler de l’Islamisme, ni, sur dix pages de « Mein Kampf » de parler de l’Hitlérisme ; et la lecture des passages secondaires sera aussi féconde que celle des passages réputés essentiels.
Ainsi lu, cet ouvrage aidera à pénétrer la mentalité allemande, une des faces de cette mentalité anglo-saxonne que nous ne daignons pas étudier et comprendre, mais dont nous ne pouvons nous défendre de subir les manifestations ; attitude bornée et dangereuse : que l’on apprécie ce que nous a coûté depuis quinze ans notre incompréhension de l’Angleterre, des États-Unis, de l’Allemagne.
Mon travail aurait atteint son but dernier s’il tournait les Français vers ce problème. Mais on me parlera de la guerre : elle naît bien souvent de l’avidité de quelques-uns et de la peur d’une multitude ; elle ne saurait trouver de terrain plus favorable que celui de l’ignorance et de l’incompréhension mutuelles que j’ai voulu combattre. »
    — André Calmettes, Journal de l'École Polytechnique, 25 février 1934

La même année, Adolf Hitler apprend avec colère que le livre a été traduit. Il intente un procès à Sorlot et saisi la Société des Gens de Lettres qui obtient du Tribunal de commerce de Paris l'interdiction de la diffusion du livre en France. La LICA (Licra actuel) soutiendra SORLOT en lui achètant 5000 exemplaires pour les distribuer à tous les députés et ministres pour les prévenir des desseins d'Hitler. [2]

Comme toute l'édition française après la guerre, Sorlot fut condamné à dix ans de dégradation nationale pour avoir publié sous l’Occupation les Appels aux Français du maréchal Pétain et d'autres ouvrages collaborationnistes alors même que sa maison d'édition avait été réquisitionnée par les allemands.

En février 1936, à l'occasion d'une interview, Bertrand de Jouvenel demanda à Hitler pourquoi il n'avait pas modifié les chapitres consacrés à la France avant chaque nouvelle édition :

« J'étais en prison quand j'ai écrit ce livre, les troupes françaises occupaient la Ruhr. C'était le moment de la plus grande tension entre les deux pays. Oui, nous étions ennemis ! Et j'étais avec mon pays, comme il sied, contre le vôtre. Comme j'ai été avec mon pays contre le vôtre durant quatre ans et demi dans les tranchées ! Je me mépriserais si je n'étais pas avant tout allemand quand vient le conflit... Mais aujourd'hui, il n'y a plus de conflit. Vous voulez que je fasse des corrections dans mon livre, comme un écrivain qui prépare une nouvelle édition de ses œuvres ? Mais je ne suis pas un écrivain, je suis un homme politique. Ma rectification ? Je l'apporte tous les jours dans ma politique extérieure toute tendue vers l'amitié avec la France... Ma rectification, je l'écrirai dans le grand livre de l'Histoire ![3] »

En 1938, une traduction est autorisée aux Éditions Fayard[4]. Elle est allégée, expurgée, voire carrément falsifiée. Une phrase comme : « […] la France nation impérialiste est l’ennemie mortelle de l’Allemagne […] » y devient « La frontière entre l’Allemagne et la France est définitivement fixée. Les peuples français et allemands égaux en droit ne doivent plus se considérer comme ennemis héréditaires mais se respecter réciproquement. »

[modifier] Quelques points significatifs du livre

Édition néérlandaise
Édition néérlandaise

Les points suivants sont tous traités dans le livre, mais pas nécessairement dans le même ordre.

  • Hitler commence par rappeler qu'il est né à la frontière austro-allemande. Il y voit un signe du destin qu'il doit unifier les peuples de langue germanique, plus particulièrement qu'il doit ramener l'Autriche allemande à la patrie allemande (incarnée par le Reich allemand de Bismarck), selon le principe qu'un même sang appartient à un même peuple[5]. L'unification allemande est vue comme la condition préalable au développement d'une politique coloniale, elle-même condition de prospérité économique et démographique. Lorsque le territoire du Reich contiendra tous les Allemands, s'il s'avère inapte à les nourrir, de la nécessité de ce peuple naîtra son droit moral d'acquérir des terres étrangères. La charrue fera alors place à l'épée, et les larmes de la guerre prépareront les moissons du monde futur[6].
  • Lors d'une brève affectation à Berlin (à l'époque en pleine disette) à la fin 1916[7], il « découvre » que « Les bureaux étaient bondés de Juifs. Presque tous les secrétaires étaient Juifs, et tout Juif, secrétaire. Je m'étonnais de cette abondance d'embusqués du peuple élu et ne pouvais faire autrement que de comparer leur nombre à celui de leurs rares représentants sur le front »[8]. Selon Hitler, les « Juifs » sont non seulement des « planqués », mais encore, ils exploitent économiquement le peuple allemand à leur seul profit et camouflent cette activité en tentant de susciter la discorde (Bavière contre Prusse, grève des munitions, etc).
  • Sur le plan organisationnel, il ne cache pas son intérêt pour l'Église catholique d'une part, et sa haine pour la religion juive d'autre part, institutions qui ont largement dépassé les mille ans d'existence.
  • Hitler marque une admiration particulière pour la façon dont la hiérarchie catholique maintient sa domination sur les fidèles : « en niant systématiquement les données de la science qui la contredisent », et en imposant somme toute, dirait-on aujourd'hui, « sa propre réalité ». Le docteur Joseph Goebbels retiendra cette leçon.
  • En revanche, il dénonce la vision chrétienne du monde comme pernicieuse et propre à affaiblir les qualités germaniques.
  • Il développe sa théorie de la chute des civilisations antérieures : la domination se traduit par l'extension territoriale, qui aboutit au métissage, qui à terme se traduit par une « dégénérescence de la race initiale », puis la décadence.
  • Il y développe aussi sa vision du racisme : d'après lui, les peuples « inférieurs » ne peuvent espérer survivre qu'en se métissant avec les peuples « supérieurs », en ont l'obsession, et parviennent à leurs fins quand ces derniers sont totalement métissés, et ne constituent plus un danger pour eux. C'est selon lui ce qui commence à se produire en Europe, y compris en Allemagne. C'est là une idée qui a pu être trouvée par exemple chez Gobineau.
  • Il raconte la nuit où « la vérité se fit jour dans [son] esprit » et où il « comprit en pleurant jusqu'au matin que le peuple juif travaillait délibérément à la ruine de l'Europe, et de l'Allemagne en particulier » .
  • Il annonce sa position sur les rapports relatifs du parti et de la propagande : plus la propagande est efficace et moins il y aura besoin d'avoir de membres dans le parti, ceux-ci étant du même coup à la fois plus sûrs et plus faciles aussi à surveiller.
  • Selon son livre,
    • les individus handicapés doivent être éliminés (eugénisme actif et non passif) ;
    • les peuples « inférieurs » doivent être asservis aux peuples « supérieurs » (dont le peuple allemand) ;
    • tout peuple « supérieur » autre que le peuple allemand, s'il en existe, doit lui aussi être éliminé sans délai, car il constitue un danger. Le métissage serait une autre façon de neutraliser leur danger à terme, mais ce serait au prix d'une perte d'identité de la « race ». Il faut interdire le métissage et il faut que le peuple menacé élimine l'autre.
  • La France est désignée comme un ennemi à abattre pour ses manœuvres anti-allemandes, considérées d'ailleurs comme logiques : « Je ne croirai jamais à une modification des projets que la France nourrit à notre égard ; car ils ne sont, au fond, que l'expression de l'instinct de conservation de la nation française. Si j'étais Français et si, par conséquent, la grandeur de la France m'était aussi chère que m'est sacrée celle de l'Allemagne, je ne pourrais et ne voudrais agir autrement que ne le fait, en fin de compte, un Clemenceau ».
  • Autre citation : « Notre objectif primordial est d’écraser la France. Il faut rassembler d’abord toute notre énergie contre ce peuple qui nous hait. Dans l’anéantissement de la France, l’Allemagne voit le moyen de donner à notre peuple sur un autre théâtre toute l’extension dont il est capable ».

[modifier] Statut juridique actuel

Le Land de Bavière (qui a hérité de tous les biens d'Hitler) détient les droits d'auteur internationaux du texte et les utilise pour empêcher la publication ou la diffusion d'éditions complètes et non-commentées (Adolf Hitler étant mort en 1945, son ouvrage ne tombera dans le domaine public qu'en 2015). Le Land de Bavière exerce ses droits d'auteurs, donnant avec condition (éditions partielles, ajouts de commentaires critiques) ou refusant le droit aux éditeurs de republier Mein Kampf.

En Allemagne la réédition du livre est ainsi interdite, seul est donc autorisée la vente des livres publiés avant 1945.

Cette situation est à l'origine de débats qui opposent la liberté d'expression à la lutte contre le racisme, ou dans lesquels on présente la diffusion de l'ouvrage comme un moyen de lutter contre le nazisme : diffuser le texte permettrait de mieux faire connaître le contenu de l'idéologie nazie, et donc de mieux lutter contre elle.

En France, la Cour d'appel de Paris a décidé, dans un arrêt du 11 juillet 1979[9], d'autoriser la vente du livre, compte-tenu de son intérêt historique et documentaire, mais assortissant cette autorisation de l'insertion en tête d'ouvrage, juste après la couverture et avant les pages de garde, d'un texte de huit pages mettant en garde le lecteur, notamment en rappelant par quels aspects l'ouvrage « tombe sous le coup » de la loi du 29 juillet 1881 modifiée par la loi du 3 juillet 1972 et notamment de ce qui était à l'époque son article 23, l'alinéa 5 de l'article 24, l'alinéa 2 de l'article 32 et l'alinéa 3 de l'article 33 et en faisant suivre ce rappel des dispositions légales par un survol historique des méfaits du Troisième Reich.

Aux Pays-Bas la possession de « Mijn Kamp » (Mein Kampf en néerlandais) est autorisée mais pas sa vente, interdite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et pénalement punissable depuis 1987[10].

Dans la plupart des pays la vente du livre n'est pas interdite légalement. le Land de Bavière, possédant les droits d'auteurs, s'efforce de porter plainte contre les rééditions non autorisées préalablement.

[modifier] Notes et références

  1. Adolf Hitler, Mein Kampf — Mon Combat, Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1934, trad. J. Gaudefroy-Demombynes et A. Calmettes, In -8. 688 pp.
  2. Pierre Assouline (le Monde2 mai 2008/ Arte "Mein Kampf" mai 2008
  3. Interview de Bertrand de Jouvenel parue dans le journal Paris-Midi du vendredi 28 février 1936 / Ref. BNF MICR D-uc80
  4. Adolf Hitler, Ma Doctrine, Arthème Fayard, Paris, 1938. In -8. 344 pp.
  5. Mein Kampf, chapitre 1, page 17
  6. Ibidem page 17.
  7. Ou au début 1917 ; le texte ne donne pas de référence temporelle très précise.
  8. MK, chapitre La Révolution, page 193
  9. Instance judiciaire et date de l'arrêt rappelés en première page de l'ouvrage et, sur le Web, dans un article de Pierre Lemieux, titré « Liberté d'expression absolue », publié le 12 juin 1999 dans les colonnes du bimensuel Le Québécois libre, n° 39.
  10. http://bibliobs.nouvelobs.com/2007/09/19/faut-il-autoriser-mijn-kamp Statut de Mein Kampf aux Pays Bas, Nouvel Observateur du 19 septembre 2007

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

Publications de Mein Kampf
  • HITLER, Adolf. Mon combat / trad. intégrale de Mein Kampf par J. Gaudefroy-Demonbynes et A. Calmettes. Paris : Nouvelles Éditions latines, 1934, 685 p.
  • Mein Kampf = Mon Combat : extraits / Adolf Hitler ; Préf. de Georges Saint-Bonnet aux éditions Vita vers 1936.
  • HITLER, Adolf. Abrégé de Mein Kampf : pages choisies et commentées / par N. Marceau. Paris : Éditions du Comité Thaelmann, 1938, 96 p.
  • HITLER, Adolf. Par les textes de Adolf Hitler. La Doctrine hitlérienne, Hitler et la France(″Mein Kampf″) / commentaires de C.-Louis Vignon. Paris : Gagey, 1962, 127 p.
  • HITLER, Adolf. Extraits de Mein Kampf (Mon combat) [par Adolf Hitler], accompagnés de commentaires. Paris : Les Éditions R.R., 1939, 157 p.
  • HITLER, Adolf. Extraits de ″Mein Kampf″ [par Adolf Hitler], accompagnés de commentaires / par M. L. Michel. Paris : Les Belles éditions, (s.d.), 187 p.
  • HITLER, Adolf. Français, connaissez-vous Mein Kampf ? [Extraits de ″Mein Kampf″ d'A. Hitler, d'après la traduction de Gaudefroy-Demonbynes et A. Calmettes. Préface de Léon Mabille]. Paris : Impr. I.I.C., 1939, 32 p. (Collection Paix et Liberté ; 7).
Ouvrages critiques
  • BARNES, James John. Hitler's Mein Kampf in Britain and America : a publishing history, 1930-39. London ; New York ; Melbourne : Cambridge university press, 1980, XIII-157 p. ISBN 0-521-22691-0
  • ELLIA, Linda. Notre combat / préf. Simone Veil. Paris : Seuil, 2007, 398 p. Livre d'artiste collectif réalisé à l'initiative de Linda Ellia ; les artistes sollicités ont réalisé chacun une oeuvre sur une page de "Mein Kampf". ISBN 978-2-02-096218-6
  • FABRE, Giorgio. Il contratto : Mussolini editore di Hitler. Bari : Ed. Dedalo, 2004, 236 p. (Nuova biblioteca Dedalo ; 274. Serie Nuovi saggi). ISBN 88-220-6274-4
  • FÉRAL, Thierry. Le Combat hitlérien : éléments pour une lecture critique. Paris : la Pensée universelle, 1981, 160 p.
  • HANNOUN, Hubert. Le nazisme, fausse éducation, véritable dressage : fondements idéologiques de la formation nazie. Villeneuve-d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 1997, 238 p. (Éducation et didactiques). ISBN 2-85939-530-X
  • JÄCKEL, Eberhard. Hitler idéologue / trad. Jacques Chavy. Paris : Gallimard, 1995, 174 p. (Collection Tel ; 256). Trad. de : Hitlers Weltanschauung. ISBN 2-07-073251-7
  • MASER, Werner. ″Mein Kampf″ d'Adolf Hitler / trad. André Vandevoorde. Paris : Plon, 1968, 379 p. (Les Grands documents Plon).
  • PLÖCKINGER, Othmar. Geschichte eines Buches : Adolf Hitlers "Mein Kampf" 1922-1945 : eine Veröffentlichung des Instituts für Zeitgeschichte. München : R. Oldenbourg, 2006, VIII-632 p. ISBN 3-486-57956-8
  • RASH, Felicity J. Language of violence : Adolf Hitler's Mein Kampf. New York : P. Lang, 2006, X-263 p. ISBN 0-8204-8187-4
  • ROUSSEAU, Julien. "Mein Kampf" : la bible des monstres. Saint-Astier : J. Rousseau, 1991, 144 f.
  • STAUDINGER, Hans. The Inner Nazi : a critical analysis of "Mein Kampf" / ed., with an introd. and a biogr. afterword, by Peter M. Rutkoff and William B. Scott. Baton Rouge, La ; London : Louisiana state university press, 1981, 153 p. ISBN 0-8071-0882-0

[modifier] Filmographie

  • Mein Kampf, c'était écrit. Fim documentaire d'Antoine Vitkine. Télédiff.: 6 mai 2008, Arte.

[modifier] Liens externes

  • (fr) Mein Kampf, version française, édition de 1934. Cette version n'est pas précédée des huit pages de contexte exigées en France.
  • (de)Article Mein Kampf sur le site historisches-lexikon-bayerns.de
  • Documentaire « Mein Kampf, c’était écrit » d'Antoine Vitkine, diffusé sur Arte le 6 mai 2008 [1].