René Descartes

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René Descartes
Philosophe et Scientifique
Époque Moderne
René Descartes par Frans Hals.
René Descartes par Frans Hals.
Naissance : 31 mars 1596 (La Haye en Touraine)
Décès : 11 février 1650 (Stockholm)
École/tradition : Cartésianisme, Rationalisme,
Principaux intérêts : Métaphysique, Physique, Mathématiques, Morale
Idées remarquables : Cogito, Doute méthodique et hyperbolique, Théorie des tourbillons
Influencé par : Platon, Aristote, Anselme, Thomas d'Aquin, D'Occam, Saint Augustin, Suarez, Mersenne, Pyrrhon
A influencé : Leibniz, Arnauld, Spinoza, Malebranche, Pascal, Locke, Kant, Husserl
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René Descartes, né à La Haye en Touraine (devenue Descartes) le 31 mars 1596 et mort à Stockholm (Suède) le 11 février 1650, est un mathématicien, physicien et philosophe français, considéré comme l'un des fondateurs de la philosophie moderne.

Sa méthode, exposée à partir de 1637 dans le Discours de la méthode, et développée par la suite, montre une rupture par rapport à la scolastique enseignée jusqu'alors : la réflexion cartésienne est rationaliste. En usant de la raison seule dans l'étude des phénomènes, fondant une nouvelle métaphysique radicalement différente de l'ancienne, Descartes ouvre notamment la voie à Malebranche, Spinoza, et aussi aux religions naturelles des Lumières (déisme et théisme).

Descartes, dont le projet philosophique s'inscrit en réaction au procès de Galilée (1633), eut une influence considérable sur la pensée scientifique, surtout en France. L'impact de cette pensée fut grand car elle toucha à des questions théologiques. On ne peut pourtant attribuer à Descartes l'entière paternité de la philosophie moderne, puisqu'il jugeait qu'il serait nuisible de faire usage de sa philosophie dans le domaine politique.

Sommaire

[modifier] Biographie

René Descartes est né le 31 mars 1596 à La Haye en Touraine aujourd'hui devenue Descartes, dans une famille bourgeoise aisée de Touraine. Il était le troisième enfant de Joachim Descartes, conseiller au parlement de Rennes. Sa mère mourut un an après sa naissance, et Descartes fut élevé par sa grand-mère. Enfant maladif, il se fit remarquer par ses dons intellectuels précoces. Son père l'appelait le philosophe, car le petit René ne cessait de poser des questions[1].

À l'âge de onze ans, Descartes entra au Collège royal de la Flèche, où enseignaient les Jésuites, et il y resta jusqu'à l'âge de 18 ans ; il reçut un traitement de faveur en raison de sa mauvaise santé et de ses dons. Il apprit la physique et la philosophie scolastique et étudia les mathématiques. Il dira plus tard dans son Discours de la méthode combien ces études lui paraissaient incohérentes et peu propres à la bonne conduite de la raison. De cette période, nous ne conservons qu'une lettre d'authenticité douteuse (elle est peut-être de l'un de ses frères), lettre que Descartes aurait écrite à sa grand-mère.

En 1616, il obtient son baccalauréat et sa licence de droit à l'université de Poitiers. Après ses études, il part vivre à Paris. De cette époque date un traité d'escrime. Il finit par se retirer en solitaire dans un quartier de la ville pour se consacrer à l'étude. Après deux années de cette vie cachée (Heureux qui a vécu caché était alors sa devise), il décide d'étudier le grand livre du monde.

Il s'engage alors en 1618 en Hollande à l'école de guerre de Maurice de Nassau, prince d'Orange, et fait la même année la connaissance du physicien Beeckman. C'est à ce dernier que sont adressées les premières lettres que nous avons de Descartes, et l'Abrégé de musique a été rédigé pour lui. Beeckman tenait un journal de ses recherches, et il y relate les idées sur les mathématiques, la physique, la logique, etc. que Descartes lui communiquait ; ce dernier consacrait alors ses heures de loisir à l'étude et aux mathématiques.

René Descartes.
René Descartes.

En 1619, Descartes quitte la Hollande pour le Danemark, puis l'Allemagne, où la guerre de Trente Ans allait éclater, et assista au couronnement de l'Empereur Ferdinand à Francfort. Il s'engage alors dans l'armée du duc Maximilien de Bavière.

Cette année-là, Descartes s'intéresse à l'ordre légendaire de la Rose-Croix dont il ne trouvera jamais aucun membre. Son appartenance à cette fraternité, de même que l'existence même de cette fraternité à cette époque, est contestée. Toujours est-il que dans le contexte qui suivit la condamnation des écrits favorables à l'héliocentrisme (1616), en France et en Allemagne, on parlait beaucoup des idées de cette prétendue fraternité. Il nia y avoir appartenu.

C'est pendant ses quartiers d'hiver (1619 - 1620) à Neubourg que se révèle à lui une pensée décisive pour sa vie. Le 10 novembre 1619, il fait en effet trois songes exaltants qui l'éclairent sur sa vocation :

« Le 10 novembre 1619 lorsque rempli d'enthousiasme je trouvai le fondement d'une science admirable… » (Olympiques, fragment)

Baillet en a fait le récit, dont voici le début :

« La recherche qu'il voulut faire de ces moyens, jeta son esprit dans de violentes agitations, qui augmentèrent de plus en plus par une contention continuelle où il le tenait, sans souffrir que la promenade ni les compagnies y fissent diversion. Il le fatigua de telle sorte que le feu lui prît au cerveau, et qu'il tomba dans une espèce d'enthousiasme, qui disposa de telle manière son esprit déjà abattu, qu'il le mit en état de recevoir les impressions des songes et des visions.
Il nous apprend que le dixième de novembre mille six cent dix-neuf, s'étant couché tout rempli de son enthousiasme, et tout occupé de la pensée d'avoir trouvé ce jour-là les fondements de la science admirable, il eut trois songes consécutifs en une seule nuit, qu'il s'imagina ne pouvoir être venus que d'en haut. »

Il raconte alors comment il s'enferma dans son poêle[2] et conçut sa méthode. Il fit alors vœu d'un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette à Loreto (accompli finalement en 1623), renonça à la vie militaire et, de 1620 à 1622, il voyage en Allemagne et en Hollande, puis revient en France. Ce qu'il a écrit pendant cette période se trouvait dans un petit registre mentionné dans l'inventaire fait à Stockholm après sa mort, mais il est aujourd'hui perdu. Il nous est néanmoins connu par Baillet et par Leibniz qui en avait fait des copies. Ces copies furent retrouvées par Foucher de Careil et publiées en 1859 sous le titre Cogitationes Privatae. Mais il se trouve qu'elles ont depuis de nouveau disparu. De cette époque nous possédons également un De Solidorum elementis.

En 1622, Descartes estime sa fortune suffisante pour ne pas avoir à travailler ; il règle ses affaires de famille et recommence à voyager, visitant l'Italie. De l'été 1625 à l'automne 1627, Descartes est de nouveau en France. Il rencontre le père Marin Mersenne à Paris et commence à être connu pour ses inventions en mathématique. Il fréquente le monde, cherche la compagnie des savants et se bat en duel. Mais, à l'automne 1627, chez le nonce du pape, le cardinal de Bérulle lui fait obligation de conscience d'étudier la philosophie. Il part alors à la campagne, en Bretagne, pendant l'hiver 1627 - 1628.

C'est de cette époque (1622 - 1629) que datent divers traités de mathématiques (sur l'algèbre, l'hyperbole, l'ellipse, la parabole) connus par le journal de Beeckman, et d'autres petits traités qui sont perdus. L'œuvre la plus importante de cette période s'intitule les Règles pour la direction de l'esprit.

Cherchant la solitude, il décide de s'installer dans les Provinces-Unies ; il y fait d'abord un bref séjour (à l'occasion duquel il va voir Beeckman), mais revient probablement à Paris pendant l'hiver 1628, puis s'installe définitivement en Hollande au printemps 1629. Sa vie va alors être entièrement consacrée à l'étude. Il s'inscrit à l'Université de Franeker. Il continue pourtant de se déplacer (de 1629 à 1633 : Franecker, Amsterdam, Leyde, Deventer). Souhaitant ne pas être dérangé, il n'indique jamais sur ses lettres le vrai lieu où il se trouve, mais donne le nom de quelques villes.

À Amsterdam, Descartes vit au centre de la ville, dans la Kalverstraat, le quartier des bouchers, ce qui lui permet de faire de nombreuses dissections. Il rencontre des savants : Reneri, Hortensius, Plempius, Schooten, etc. Ses rencontres, comme sa volonté de vivre solitaire, sont ainsi toujours subordonnées à sa passion de la recherche. Il commence en 1629 un Traité de métaphysique (aujourd'hui perdu), mais il ne semble pas que ses pensées se soient encore dirigées vers les thèses des Méditations métaphysiques. S'il formule néanmoins le 15 avril 1630 sa théorie de la création des vérités éternelles, c'est qu'il s'interroge sur la place de la science ; sa métaphysique se développe ainsi d'après ses réflexions de physique, et il ne tire pas encore au clair tous les fondements qui seront exprimés dans ses ouvrages ultérieurs.

Mais Descartes s'occupe également de mathématiques : il tente de réformer le système de notation et introduit l'usage des lettres de l'alphabet latin. C'est en 1631, quand Gollius lui proposa le problème de Pappus, qu'il découvre les principes de la géométrie analytique. Il commence les Météores à l'occasion de l'observation des parhélies (observations faites à Rome, en 1629). Il étudie l'optique, découvre les lois de la réfraction, et achève la rédaction de la Dioptrique. Enfin, Descartes veut expliquer tous les phénomènes de la nature : il étudie les êtres vivants et fait de nombreuses dissections à Amsterdam pendant l'hiver 1631 - 1632. De là viendront le Monde et le Traité de l'homme. Les observations anatomiques de Descartes nous sont connues par les copies de Leibniz et des fragments (Excerpta anatomica, Primae cogitaniones circa generationem animalium, Partes similares et excrementa et morbi, ce dernier daté de 1631). Mais les dates de certains textes sont incertaines (pour certains jusqu'à 1648 peut-être).

Les lettres de cette période vont le montrer occupé de science ; on trouve néanmoins quelques remarques d'esthétique sur la musique. Elles nous renseignent également sur son caractère susceptible et dur, méprisant l'irrésolution. Dans sa lettre à Mersenne du 4 novembre 1630, Descartes dit songer à faire un traité de morale. Il faut noter que Mersenne se trouvait au centre d'un réseau de mathématiciens et de scientifiques de nombreux pays (voir sa biographie).

En novembre 1633, Descartes apprend que Galilée a été condamné. Il renonce alors à publier le Traité du monde et de la lumière qui ne paraîtra qu'en 1664.

Le Saint-Office, le 24 février 1616, avait condamné les propositions : Sol est centrum mundi et omnino immobilis motu ; en 1620, un décret de la Congrégation des cardinaux avait autorisé de supposer le mouvement de la Terre par hypothèse. Mais l'ouvrage de Galilée, Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo (le dialogue sur les deux grands systèmes du monde), fut condamné le 22 juin 1633. L'hypothèse du mouvement de la Terre selon le modèle copernicien (héliocentrisme) ne pouvait être prise en compte que s'il était clair que l’analyse était effectuée dans une perspective purement mathématique.

Descartes reçoit de Beeckman l'année suivante (1634) le livre de Galilée qui lui valut cette condamnation. Il décide alors de donner une autre orientation à son œuvre : ce sera le Discours de la méthode (en 1637) et les essais qui le suivent, en particulier les Méditations métaphysiques (1641) et les Principes de la philosophie (1644).

À la fin de 1633, Descartes quitte Deventer pour Amsterdam ; en 1635, il est à Utrecht. Il passe ensuite à Leyde (où il avait déjà été en 1630) et s'arrête à Santpoort en 1637.

Descartes et la reine Christine.
Descartes et la reine Christine.

De 1637 à 1641, Descartes vit principalement à Santpoort. Il fait venir auprès de lui Hélène, la servante et amie dont, en 1635, il a eu une fille, Francine. Mais Francine meurt en septembre 1640, laissant à Descartes « le plus grand regret qu'il eût jamais senti de sa vie ». Un mois plus tard, Descartes perd son père, âgé de soixante-dix-huit ans et qui était le doyen du Parlement de Bretagne. Le 31 mars 1641, il s'installe dans le petit château d'Endegeest, agrémenté d'un beau jardin, de vergers et de prairies. C'est là qu'il recevra l'abbé Picot, l'abbé de Touchelaye, le conseiller Jacques Vallée Desbarreaux et de nombreux amis.

En 1641, il répond aux objections de Hobbes contre ses Méditations métaphysiques. En 1643, il rencontre Élisabeth de Bohême, fille de l'électeur Palatin détrôné en exil en Hollande, et commence une abondante correspondance, qui aboutira au Traité des Passions (1649). Il fait trois séjours en France (1644, 1647 et 1648). C'est au cours du second qu'il rencontrera Pascal et qu'il lui inspirera les expériences du Puy-de-Dôme sur la pression atmosphérique. En 1650, il accepte l'invitation de la reine Christine à Stockholm ; la rigueur du climat et l'horaire matinal de ses entretiens avec la reine (5 heures) sont pour lui inhabituels et ont raison de sa santé. Il meurt d'une pneumonie le 11 février 1650.

En 1667, les restes de Descartes furent rapatriés en France. Depuis 1819, sa tombe est à l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Bien que la Convention nationale, en 1792, ait projeté de transférer ses cendres au Panthéon de Paris avec les honneurs dus aux grands hommes, ses restes sont, deux siècles plus tard, toujours « coincés » entre deux autres pierres tombales - celles de Jean Mabillon et de Bernard de Montfaucon - dans une chapelle abbatiale de l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. L'arrêté de la Convention n'a toujours pas été appliqué.

[modifier] Philosophie

[modifier] Le projet cartésien : la recherche d’une science universelle

Descartes par Moncornet.
Descartes par Moncornet.

Quand Descartes commence à s'intéresser aux sciences, la domination de l'aristotélisme est très profondément discutée. Les débats sur l'héliocentrisme (voir équivalence des hypothèses) font rage dans le milieu scientifique.

Il y a au XVIIe siècle une influence des courants philosophiques du stoïcisme, de l'augustinisme et du scepticisme – plus particulièrement en ce qui a trait à l'influence de Montaigne, qui constitue à cet égard une figure représentative du doute et du scepticisme qui anime l'époque. Le doute sceptique est une question qui intéresse son siècle : on a conscience de ne pas posséder une vérité indubitable, surtout dans le domaine des mœurs et des opinions, mais on la cherche : le cheminement vers le doute s'oriente vers la vérité. Les idées de la fraternité de Rose-Croix étaient aussi très répandues en Allemagne et en France autour des années 1620.

En 1633, Galilée, après avoir convaincu une partie des autorités de l'Église, est finalement condamné, son ami le pape Urbain VIII commue sa peine en assignation à résidence.

Néanmoins, les thèses héliocentriques font leur chemin. Elles remettent en cause certains fondements de la religion chrétienne : le psaume 93 (92) (Dieu, roi de l'univers) affirme en effet, au XVIIe siècle : « Tu (Dieu) as fixé la terre immobile et ferme ». Descartes reçut en 1634 de son ami Beeckman le dialogue sur les deux grands systèmes du monde, le livre qui valut à Galilée sa condamnation. Descartes renonça à publier le traité du monde et de la lumière, et préféra s'orienter vers une carrière philosophique.

Avec Descartes, les outils mathématiques permettent le développement d'une science nouvelle, la dynamique, issue de l'astronomie et de la physique. Les sciences deviennent des disciplines autonomes qui se passent de la métaphysique. L'école scolastique a manqué sur les questions d'observation, elle est discréditée. C'est la révolution copernicienne.

Descartes, avide de connaissances, s'interrogea sur la place de la science dans la connaissance humaine. Il approuvait le projet de Galilée de rendre compte de la nature en langage mathématique, mais il lui reprochait son manque de méthode, d'ordre, et d'unité. Toute la philosophie cartésienne aura pour préoccupation constante de ramener l'étude d'objets particuliers à quelques principes premiers, dont le fameux cogito.

Dans son ouvrage sur les Règles pour la direction de l'esprit (1629), Descartes avait fait l'inventaire de nos moyens de connaître, et avait privilégié l'intuition et la déduction, sans négliger l'imagination et la mémoire (règle douzième).

Après le procès de Galilée, le projet philosophique de Descartes se présente alors en trois étapes principales correspondant aux trois œuvres suivantes :

Le discours de la méthode (1637)

Descartes commença donc par élaborer une méthode qu'il voulait universelle, aspirant à étendre la certitude mathématique à l'ensemble du savoir, et espérant ainsi fonder une mathesis universalis, une mathématique universelle. C'est l'objet du Discours de la méthode (1637). Il affirme ainsi que l'univers dans son ensemble (mis à part l'esprit qui est d'une autre nature que le corps) est susceptible d'une interprétation mathématique. Tous les phénomènes doivent pouvoir s'expliquer par des raisons mathématiques, c'est-à-dire par des figures et des mouvements conformément à des « lois ».

Descartes juge la méthode scolastique, inspirée de l'Antiquité et de la tradition judéo-chrétienne, comme trop « spéculative », déclarant dans le discours de la méthode (sixième partie) :

« Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connoissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connoissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. »

Les méditations sur la philosophie première (1641)

Mais il sentira la nécessité d'un fondement métaphysique pour la connaissance, fondement lié à la théologie qui permettrait d'affermir la religion. La métaphysique cartésienne, qu'il expose dans les méditations sur la philosophie première (1641), a ainsi une double fonction, et le but serait atteint si l'on met en évidence les principes premiers dont on peut déduire tout le reste : le cogito.

Toutefois, dans les méditations, Descartes semble montrer des réticences à s'étendre sur la notion scolastique de substance, qui se trouve pourtant au cœur de la métaphysique. Cette notion ne sera vraiment abordée par Descartes que dans les Principes de la philosophie[3].

Les Principes de la philosophie (1644)

La métaphysique cartésienne devient le point de départ de toutes les connaissances jusqu'à la morale qui en est le fruit. Dans les Principes de la philosophie (1644), Descartes compare la philosophie à « un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique, et les branches toutes les autres sciences, les principales étant la mécanique, la médecine et la morale… »

Le projet cartésien s'inscrit donc dans une conception morale de la recherche de la vérité :

« C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n'ont que leur corps à conserver, s'occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l'esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m'assure aussi qu'il y en a plusieurs qui n'y manqueraient pas, s'ils avaient espérance d'y réussir, et qu'ils sussent combien ils en sont capables. Il n'y a point d'âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu'elle ne s'en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu'elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d'honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce sont eux qui soupirent avec le plus d'ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu'ils possèdent. Or, ce souverain bien considéré par la raison naturelle sans la lumière de la foi, n'est autre chose que la connaissance de la vérité par ses premières causes, c'est-à-dire la sagesse, dont la philosophie est l'étude. Et, parce que toutes ces choses sont entièrement vraies, elles ne seraient pas difficiles à persuader si elles étaient bien déduites. » (les Principes de la philosophie, lettre-préface de l'édition française des principes)

[modifier] Moyens d’accès à la connaissance

Dans les Règles pour la direction de l'esprit (1629), Descartes expose son intention d'orienter les études de façon que l'esprit porte des « jugements solides et vrais » (première règle).

Il y a nécessité d'élaborer une méthode pour parvenir à la recherche de la vérité, car la méthode est « la voie que l'esprit doit suivre pour atteindre la vérité. » (règle quatrième). Les principes de la méthode sont innés en nous, et valables pour conduire sa raison en ordre vers la vérité, et cela dans toutes les sciences.

Descartes revient sur ce qui est immédiatement évident, à savoir la condition de la connaissance. Il existe donc pour Descartes des propositions simples qui, dès qu'elles sont pensées, sont tenues pour vraies : rien ne produit rien, une seule et même chose ne peut à la fois être et ne pas être, etc[4]. Ces propositions ne sont pourtant pas données, elles s'appuient sur des cas généraux, mais sont saisies en tant que telle par la pensée. C'est au moyen d'une intuition que la pensée saisit de façon évidente les éléments les plus simples, c'est-à-dire les principes (règle cinquième).

Descartes passe en revue les moyens d’accès à la connaissance, indiquant dans la huitième règle :

« Et d’abord nous remarquerons qu’en nous l’in­telligence seule est capable de connaître, mais qu’elle peut être ou empêchée ou aidée par trois autres facultés, c’est à savoir, l’imagination, les sens, et la mémoire. »

Pour parvenir à la certitude, tout doit être reconstruit ; Descartes va ainsi s'efforcer de bâtir la science en un fonds qui soit tout à lui. Mais la première condition pour bâtir l'édifice des sciences certaines, c'est que l'esprit se crée ses propres instruments, au lieu d'emprunter à autrui des outils dont il n'a pas éprouvé la rigueur. Quelqu'un qui veut exercer l'art de forgeron sans encore en avoir les outils, devra se forger pour son usage avec les moyens de la nature les outils dont il a besoin[5]. Cet instrument que se forge lui-même l'esprit, ce sont les règles de la méthode.

Il faut se servir de « toutes les ressources de l’intelligence, de l’imagination, des sens, de la mémoire, pour avoir une intuition distincte des propositions simples » (règle douzième).

La méthode sera pour Descartes le point de départ de toute philosophie, car elle « prépare notre entendement pour juger en perfection de la vérité et nous apprend à régler nos volontés en distinguant les choses bonnes d'avec les mauvaises. »[6]. La grande préoccupation de Descartes est ainsi d'atteindre la certitude. C'est pourquoi il se méfie des connaissances qui viennent des sens et des livres, car ce ne sont là que des certitudes paresseuses, quand il ne s'agit pas seulement de probabilité, et, par ce moyen, nous ne pouvons trouver la vérité que par hasard et non par méthode.

[modifier] Le discours de la méthode (1637)

Icône de détail Article détaillé : Discours de la méthode.

[modifier] Intuition et déduction

C'est à partir de ces intuitions des principes que Descartes propose de raisonner, c'est-à-dire de nous avancer dans la connaissance au moyen de la déduction. La déduction est ainsi un mouvement de la pensée, consistant en une série d'intuitions enchaînées, mises en relation par ce mouvement continu de l'esprit. Par ces séries d'intuitions reliées par le raisonnement, nous ramenons ce qui est inconnu aux principes, c'est-à-dire à ce qui est connu. Ainsi, en raisonnant sur la base de l'évidence, la pensée étend son domaine de connaissance au-delà des principes.

La méthode de Descartes ne prétend pas déduire a priori les phénomènes. Mais c'est l'expérience des cas particuliers qui met la pensée en mouvement, et cette pensée déduit et trouve de nouvelles connaissances. Néanmoins, si ce ne sont pas les causes qui prouvent les effets, il reste que la vérité est établie par des déductions à partir de principes, plutôt que par l'accord avec l'expérience. Ainsi Descartes est-il rationaliste quand il estime que la déduction est par elle-même suffisante pour valider la connaissance, et que ce sont les causes prouvées par l'expérience qui expliquent l'expérience. Cependant, lorsque l'expérience n'est pas conforme à ses principes, Descartes préfèrera privilégier les principes plutôt que de se plier à la réalité des résultats expérimentaux, parfois à l'excès. Sur ce point, Newton s'opposera au cartésianisme, attribuant la plus grande importance à l'adéquation entre les théories scientifiques et les faits expérimentaux, quitte pour cela à ne pas former d'hypothèses (par exemple sur la nature de la force gravitationnelle). La science est certes pour Descartes un système hypothético-déductif s'appuyant sur l'expérience, mais il reste que pour lui il devrait être possible de comprendre le monde physique par une théorie explicative complète prenant la forme d'une algèbre universelle.

Cette méthode scientifique étant établie, se pose alors la question de savoir quels sont les premiers principes : sur quoi notre pensée peut-elle se fonder pour s'assurer la certitude de ses connaissances ? Nous pouvons en effet douter de toutes nos connaissances.

Dans la sixième partie du discours de la méthode, Descartes indique qu'il a cherché à trouver les « principes ou premières causes de tout ce qui est ou qui peut être dans le monde, sans rien considérer pour cet effet que Dieu seul qui l'a créé ».

La certitude que Descartes se propose de trouver est au contraire absolue, et c'est une certitude analogue à celle des démonstrations mathématiques qui nous font voir avec évidence que la chose ne saurait être autrement que nous la jugeons et qui ne donne pas prise au scepticisme :

« Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s'entresuivent en même façon, et que, pourvu seulement qu'on s'abstienne d'en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu'on garde toujours l'ordre qu'il faut pour les déduire les unes des autres, il n'y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on ne découvre. »

Ainsi, par le nom de science, Descartes n'entend-il rien d'autre qu'une connaissance claire et distincte. Le point de départ de la théorie de la connaissance, ce qui sera retenu tout particulièrement par un cartésien comme Nicolas Malebranche, c'est la simplicité et la clarté des premiers éléments. Mais cette pensée de l'évidence serait vide si elle ne prenait pour matière l'expérience, et ne procédait par induction, c'est-à-dire par l'énumération des éléments d'une question à résoudre. Seule une telle connaissance, en augmentant notre savoir, « en formant notre esprit à porter des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui » (Règles, I) peut nous permettre de posséder toute la certitude et la vérité dont notre esprit est capable.

C'est pourquoi il faut dire également que toutes nos connaissances dépendent de notre entendement, et que ce dernier procède de la même manière dans toutes les sciences. Il y a ainsi pour Descartes une unité de la méthode, et il ne peut y avoir qu'une méthode vraie qui exprime l'unité et la simplicité essentielle de l'intelligence : la méthode en est la manifestation ordonnée.

[modifier] Préceptes de la méthode

Les règles de la méthode sont ainsi présentées par Descartes dans le Discours de la méthode :

«[…] comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu'un état est bien mieux réglé lorsque, n'en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées ; ainsi, au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne pas manquer une seule fois à les observer. »
  • l'évidence :
« Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c'est-à-dire, d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute. »
  • l'analyse :
« Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux résoudre. »
  • la synthèse et le raisonnement :
« Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres. »
  • le dénombrement :
« Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre. »

[modifier] Les méditations sur la philosophie première (1641)

Le doute méthodique et le cogito avaient été esquissés dans le Discours de la méthode. Les contemporains demandèrent à Descartes de plus amples explications sur sa métaphysique. Descartes aborde ces sujets dans les Méditations sur la philosophie première. Avant la publication, il demanda à son correspondant, Marin Mersenne (qui avait écrit les Questions sur la Genèse, 1623), de recueillir les objections des plus grands esprits de l'époque (1640).

[modifier] Le doute méthodique

Meditationes.
Meditationes.

Pour s'assurer de la solidité de nos connaissances, il nous faut trouver une bonne fois pour toutes un fondement inébranlable à partir duquel nous pourrions déduire tout le reste. Ainsi peut-on dire que la méthode cartésienne commence en réalité par la mise en doute systématique de toutes les connaissances qui nous semblent évidentes.

Mais il faut tout d'abord faire quelques remarques sur l'exposition de la pensée cartésienne. Bien que Descartes écrive le Discours de la Méthode en français pour rejoindre une plus large audience (il s'agit du tout premier ouvrage philosophique à être écrit en français, alors qu'à l'époque le latin était parfaitement maîtrisé par les érudits, qui considéraient cette langue comme la langue universelle de la science), il ne conseille pas de le suivre dans les voies qu'il a explorées :

  • parce qu'il faut faire par soi-même l'épreuve de nos connaissances pour parvenir à la certitude ; Descartes ne peut être certain pour son lecteur. Le doute et la méthode ont donc des aspects subjectifs très marqués, alors même que Descartes espère fonder les sciences.
  • parce que certains esprits n'en sont pas capables, par précipitation ou modestie ; et il faut déconseiller le doute à la plupart des hommes parce que le risque est trop grand qu'ils ne s'égarent pour toute leur vie :
« Épistemon : Je pense qu'il est très dangereux de s'avancer trop loin dans cette manière de raisonner : les doutes universels de ce genre nous conduisent droit à l'ignorance de Socrate, ou à l'incertitude des pyrrhoniens, qui est comme une eau profonde où l'on ne peut trouver pied.
Eudoxe : J'avoue que ce n'est pas sans grand danger qu'on s'y hasarde sans guide, quand on n'en connoît pas le gué, et que beaucoup même s'y sont perdus. » (Recherche de la vérité par les lumières naturelles)

Parmi les connaissances que nous avons dans notre esprit, Descartes distingue celles que nous avons reçues dès le plus jeune âge et celle que l'on apprend dans les livres ou par des maîtres :

« Comme nous avons été enfants avant que d'être hommes et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et nous préviennent de telle sorte qu'il n'y a point d'apparence que nous puissions nous en délivrer, si nous n'entreprenons de douter une fois en notre vie de toutes les choses où nous trouverons le moindre soupçon d'incertitude. » (Principes de la philosophie, 1)

Le préjugé et la précipitation nous empêchent de bien juger. Nous devons donc suspendre notre jugement. Mais il n'est pas suffisant de douter des connaissances que nous avons reçues par notre éducation, car nous pouvons facilement remarquer que nous sommes quelques fois trompés par nos sens. Descartes fait ainsi plusieurs expériences de pensée qui l'amènent à penser que les sens nous trompent peut-être tout le temps, comme dans le rêve ou la folie.

Ce doute au sujet de la véracité des sens l'amène à mettre en cause l'existence de l'ensemble des choses matérielles, de son corps et par conséquent de l'existence même du monde qui l'entoure.

Néanmoins, dans un passage des Méditations sur la philosophie première, Descartes montre, par l'exemple d'un simple morceau de cire, que ce ne sont pas nos sens qui nous trompent, mais le jugement que nous formulons sur leurs témoignages. C'est l'entendement qui conçoit le morceau de cire en tant que substance étendue, au-delà des formes, des couleurs, des odeurs, etc. que nous pouvons lui prêter. Ainsi, s'il y a erreur, elle ne peut venir que de la précipitation à juger de ce que nous recevons par le moyen de la perception ; c'est pour nous une marque d'imperfection et une source intarissable d'erreurs.

Une fois toutes ces sources d'erreurs écartées, il reste encore quelques vérités qui nous semblent très évidentes, parce qu'elles portent sur les éléments les plus simples : ainsi des vérités mathématiques. Néanmoins, il arrive que nous nous trompions en calculant ; mais ce n'est pas encore là le doute le plus universel que nous puissions concevoir, car nous pouvons faire l'hypothèse d'un dieu trompeur, d'un mauvais génie qui nous aurait créés tels que nous nous trompions toujours :

« Je supposerai donc qu'il y a, non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant qui a employé toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l'air, la terre, les couleurs, les figures, les sons et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. Je me considèrerai moi-même comme n'ayant point de mains, point d'yeux, point de chair, point de sang, comme n'ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses. Je demeurerai obstinément attaché à cette pensée ; et si, par ce moyen, il n'est pas en mon pouvoir de parvenir à la connaissance d'aucune vérité, à tout le moins il est en ma puissance de suspendre mon jugement. » (Méditations métaphysiques)

Le doute devient alors hyperbolique, et son caractère excessif fait de lui un doute métaphysique, car il ne concerne plus seulement les sens et les jugements que nous pouvons formuler à partir de leurs témoignages ; ce doute est la formulation de l'hypothèse que l'erreur et l'illusion sont ontologiquement liées à notre entendement, qu'elles sont donc radicales et insurmontables ; rien ne semble plus pouvoir être tenu pour certain. Même les mathématiques, aussi évidentes soient-elles pour notre pensée, pourraient bien n'être que le résultat d'une tromperie dont nous sommes les victimes.

Par ce doute hyperbolique, nous en arrivons donc à ne plus pouvoir rien juger, à ne plus pouvoir rien tenir ni pour vrai ni pour faux, à ne plus tenir aucun être comme réel.

[modifier] Le cogito

Mais il reste, dans ce néant universel, quelque chose dont nous ne saurions jamais douter : nous savons que nous doutons, et le sachant, nous avons l'intuition immédiate et claire que nous ne sommes pas rien : tandis que je doute, je sais que j'existe, car s'il y a un doute, c'est qu'il y a nécessairement quelqu'un qui est là pour douter : cogito, ergo sum, je pense donc je suis (Les Principes de la philosophie, article 7). Cette intuition n'est pas conçue comme un raisonnement (penser est ici une opération, une expérience) ; le donc de la proposition ne doit pas être interprété comme l'expression d'une déduction : je pense, je suis, ce n'est pas un syllogisme, c'est une certitude immédiate qui comprend ces deux termes :

« Après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : « Je suis, j'existe », est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. […] Je ne suis donc, précisément parlant, qu'une chose qui pense […] C'est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent.»

Cette certitude étant mise au jour, il apparaît néanmoins qu'elle n'est pas une connaissance. En effet, savoir et conscience ne sont pas ici la même chose : je sais que j'existe, mais je ne sais pas ce que je suis. Je sais seulement que je pense, i.e. que je doute, que je sens, que je veux, etc. Je suis donc une chose qui pense, c'est-à-dire une réalité pensante (ou une substance mais cette notion de substance sera introduite par Descartes dans les Principes de la philosophie). Tout part donc pour moi de ma pensée : ma réalité la plus certaine et la plus immédiate consiste dans cette conscience de ma réalité pensante.

Par cette remarque d'apparence anodine, Descartes évacue l'essentialisme de la nature humaine : il est faux d'affirmer que je suis un animal rationale (un animal raisonnable), comme le dit une définition classique de l'homme, car je ne sais ni ce qu'est un animal, ni ce qu'est la raison, ni encore moins comment elle se trouve en l'homme.

Descartes est donc parvenu à une certitude première, mais il apparaît pour le moins difficile d'en déduire une connaissance quelconque. Descartes semble maintenant enfermé dans ce que l'on nomme le « solipsisme ». La question est alors de savoir si nous pouvons donner un fondement réel, objectif à notre connaissance, ce que Descartes affirme :

« Prêtez-moi seulement votre attention ; je vais vous conduire plus loin que vous ne pensez. En effet, c'est de ce doute universel que, comme d'un point fixe et immuable, j'ai résolu de dériver la connaissance de Dieu, de vous-même, et de tout ce que renferme le monde. » (Recherche de la vérité par les lumières naturelles)

[modifier] Les idées

Descartes analyse alors les idées que nous avons, indépendamment de leur vérité ou de leur fausseté ; il les examine ainsi en tant qu'elles sont dans la pensée, en tant que représentation (c'est-à-dire en tant qu'elles ont un esse objectivum). Descartes se place ainsi en deçà du vrai et du faux par une distinction radicale et anti scolastique de lesse objectivum et de lesse formale. Il analyse les idées qui sont en son esprit à la lumière des principes que nous concevons intuitivement comme évident. Or, certaines de nos idées semblent venir de l'extérieur de nous ; d'autres semblent être de notre propre fait. Toutes ces idées doivent avoir une cause, car c'est un principe postulé par Descartes que tout effet doit avoir une cause (principe de causalité) ; nous allons voir qu'il utilise également ce principe ontologique suivant lequel un effet ne renferme pas plus de réalité que sa cause.

Nous avons en nous, selon Descartes, l'idée d'un être infini, somme de toutes perfections et de toutes réalités. Mais nous ne pouvons manifestement pas en être les auteurs.

La notion de l'infini ne peut venir d'un être imparfait : un être imparfait, c'est-à-dire cette substance pensante qui doute et qui désire. Cette idée n'est ni une construction de notre esprit à partir d'éléments de l'expérience (où trouverions-nous donc cette idées dans les choses particulières ? toute cause extérieure est finie, limitée), ni une création indépendante de notre raison imparfaite.

Le raisonnement de Descartes postule alors certains axiomes, et peut se formuler ainsi :

  • Puisque tout effet a une cause,
  • et que la cause n'a pas moins de réalité que l'effet,
  • il faut que cette idée de l'infini soit causée par quelque être parfait qui en est le véritable auteur ;
  • donc Dieu existe.

Dieu existe, et l'idée que j'ai de l'infini est la marque de son ouvrage ; c'est la marque du créateur dans sa créature. D'après Descartes, cette idée nous est donc innée : dès que je pense, la clarté et l'évidence dans ma faculté me font concevoir que Dieu existe. Malebranche sera plus direct encore : je pense, donc Dieu existe.

Néanmoins, l'innéité de l'idée ne veut pas dire qu'elle soit donnée : elle se développe en nous avec notre pensée, pour devenir une intuition :

« Les idées innées proviennent de notre faculté de penser elle-même. »

L'existence de Dieu étant assurée, Descartes pense posséder maintenant une certitude solide pour fonder nos connaissances. Remarquons toutefois que le fondement de ce raisonnement est le principe de causalité. On peut donc se demander avec Pascal si Descartes avait réellement besoin de Dieu pour fonder la science.

Mais il faut à présent comprendre comment la connaissance devient possible par la certitude de cette idée innée qu'est l'infini. Un être imparfait se trompe et peut être trompé. Un être parfait ne trompe pas, car la tromperie participe du défaut, et on ne peut l'attribuer à Dieu sans contradiction. Si donc Dieu existe et que par des idées innées je participe à sa perfection, alors l'erreur n'est plus le résultat d'un défaut ontologique (le malin génie, l'impossibilité radicale de toutes connaissances) mais provient uniquement de la finitude de mes facultés.

Cette perfection de Dieu que nous concevons de manière innée explique également que nous nous concevions imparfaits : c'est parce que nous avons l'idée de la perfection que nous pouvons reconnaître notre imperfection. L'imperfection subjective (celle du sujet, de la substance pensante) suppose la perfection objective, ontologique, en un mot, l'existence de Dieu.

Le résultat de cette recherche des premiers fondements aboutit donc à introduire Dieu dans la théorie de la connaissance. L'idée même de la nature (de ce que les sciences étudient) va s'en trouver modifiée :

« Par la nature considérée en général, je n'entends maintenant autre chose que Dieu même, ou bien l'ordre et la disposition que Dieu a établie dans les choses crées. »

Qu'est-ce donc que la connaissance ? C'est connaître l'ordre et les lois de la nature par notre participation à la perfection divine. Malebranche, souvent plus économe que Descartes, dira que nous voyons en Dieu. Ce que nous connaissons, ce sont donc les vérités éternelles instituées par la volonté immuable et absolue de Dieu.

[modifier] Les différentes preuves de l’existence de Dieu

Descartes examine ensuite le fondement de la connaissance, touchant aux questions de métaphysique générale (abordées en théologie à son époque).

Descartes écarte les preuves de l'existence de Dieu qui s'appuient sur l'expérience : notre esprit, en examinant l'enchaînement des phénomènes ne peut jamais y trouver de cause première. Cette preuve implique d'ailleurs que nous supposions l'idée d'un premier moteur, mais c'est une supposition illégitime dans le cadre du doute : nous ne savons pas ce que c'est qu'une cause première ou un premier moteur. La preuve de Descartes, formulée plus haut, suppose uniquement que le fini est une limitation de l'infini, que nous naissons de l'infini par une cause qui a plus de réalité que nous.

Dieu est donc l'auteur d'une création continue, puisque ce qui est fini n'a pas la puissance de subsister par soi-même :

« si une telle puissance résidait en moi, certes je devrais à tout le moins le penser et en avoir connaissance ; mais je n'en ressens aucune dans moi, et par là je connais évidemment que je dépends de quelque être différent de moi. »

Mais Descartes propose également d'autres preuves, dont la preuve ontologique.

Si nous concevons clairement et distinctement l'idée d'un être infini, nous devons admettre son existence. En effet, refuser l'existence à un tel être, ce serait lui refuser une perfection que nous lui attribuons pourtant. Nous ne pouvons à la fois concevoir cette idée et nier l'existence de Dieu sans être en contradiction avec nous-mêmes. Cette idée, depuis sa première formulation par Anselme de Cantorbéry, a été réfutée de nombreuses fois : attribuer de la perfection à une idée, ce n'est pas la même chose que d'affirmer l'existence réelle en être de cette perfection (cf. Gaunillon, Gassendi, Kant).

[modifier] La causalité

Une autre difficulté de la métaphysique cartésienne est l'emploi de la causalité dans la preuve de l'existence de l'être absolu. En effet, un tel principe menace de dépasser l'idée même de Dieu, car ne faut-il pas en vertu du principe de causalité que Dieu ait également une cause ? Pour résoudre cette difficulté, Descartes distingue entre ce qui a une cause hors de soi (substance au sens large) et ce qui a sa cause en soi (la substance per se). Il faut que Dieu soit à lui-même sa propre cause ; le rapport de Dieu à Dieu, pour ainsi dire, est un rapport de cause à effet. On nomme causa sui ce rapport de causalité propre à l'être suprême. Ce rapport s'explique, selon Descartes, par l'idée de toute-puissance : la puissance infinie de Dieu lui permet d'exister par lui-même. Descartes opère ainsi la synthèse entre la notion de substance et celle de cause de soi-même. L'objection classique (formulée par Antoine Arnauld) contre cette idée de la substance est que l'on ne peut donner ce que l'on n'a pas : la cause précède l'effet, et il faut donc que Dieu existât avant que d'être son propre... effet ! On voit que cette idée implique également que l'on distingue en Dieu passé, présent et futur, et que l'on y associe la possibilité de l'existence, ce qui serait une imperfection de son être.

La réponse de Descartes est que l'on ne peut pas ne pas appliquer le principe de causalité à Dieu. Mais cette causalité, dans le cas de Dieu, ne peut être conçue par nous que par analogie, car nos facultés sont trop imparfaites pour le comprendre. Il suit donc de notre imperfection que nous comprenons Dieu comme une cause de soi, et que seul Dieu peut être la cause de Dieu, car autrement il serait la cause d'un autre être et ne serait pas parfait. Pour ce qui est de la relation de temps qu'implique la causalité, elle n'est rien pour Dieu : Dieu est éternel, immuable.

Une dernière difficulté qui a été soulevée contre le système cartésien est que l'on ne comprend pas comment, d'un être absolument parfait sous tous rapports, ont pu naître des êtres finis. Le fond de toutes choses est parfait, et cependant l'imperfection y subsiste. Pour Descartes, cette objection ne tient pas compte du fait que toute finitude est une limitation, une négation : un néant d'être. Il y a là une théodicée : les choses crées sont nécessairement finies, et leur finitude est néanmoins une source de perfection pour le monde si nous le considérons dans son ensemble.

[modifier] Les Principes de la philosophie (1644)

Icône de détail Article détaillé : Les Principes de la philosophie.

Descartes établit une classification des connaissances en comparant la connaissance à un arbre :

« Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n’est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu’on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières. »

[modifier] La substance chez Descartes

Le concept scolastique de substance avait été peu abordé dans les méditations sur la philosophie première. Descartes aborde plus longuement ce point dans les Principes de la philosophie (1644).

L'idée que Descartes se fait de Dieu n'est guère comparable à celle que peuvent s'en faire les hommes qui ne font pas de philosophie, ou qui affirment la mépriser (cf. Pascal). En effet, pour Descartes, Dieu est la substance absolue qui renferme en elle-même toute la réalité, toutes les perfections possibles et toutes les qualités possibles. Être une substance, cela signifie exister par soi-même (per se), sans le concours d'un autre être (définition exposée dans les Principes de la philosophie). Mais cette conception va provoquer de graves difficultés dans la pensée cartésienne.

En effet, la notion de substance chez Descartes possède plusieurs sens. Rappelons la notion de chose pensante : un être fini, tel que nous-même en tant que nous pensons ; or cette réalité est aussi, dans les Principes de la philosophie, une substance. On ne peut donc employer cette notion en un sens univoque : les substances finies dépendent d'un être infini, et elles ne dépendent que de lui. La notion cartésienne de substance a donc un sens plus large, ou, selon sa propre explication un sens plus modeste : une substance est un être possédant certaines qualités. Un être fini est donc en ce sens une substance.

Descartes en vient à opposer la substance pensante, non étendue, et la substance corporelle ou matérielle, étendue (le corps ou le monde). Il élabore un dualisme de substance.

Icône de détail Article détaillé : Dualisme de substance.

Pourtant, à rigoureusement parler, il n'y a qu'une seule substance, qu'un seul être qui existe per se, Dieu :

« On ne peut prouver l'existence de Dieu sans le considérer comme l'être le plus parfait de tous ; mais il ne le serait pas s'il se passait dans la nature quelque chose qui n'émanât pas de lui. La philosophie naturelle nous enseigne déjà que la moindre pensée ne peut s'élever dans l'esprit humain sans que Dieu le veuille et sans qu'il ait voulu de toute éternité qu'elle s'élevât. »

C'est pourquoi, je ne peux me concevoir existant par moi-même : il faut un acte qui me crée et qui me maintienne dans l'existence. Or, ce n'est pas moi qui me crée, je ne me sors pas moi-même du néant, et je n'ai pas le pouvoir de me maintenir par moi-même. Il y a donc un être dont l'acte est de maintenir la création en l'état. C'est la théorie de la création continuée.

Une conséquence intéressante de cette idée de substance, au sens strict, est que la nature ne peut être constituée d'atomes. L'atome est en effet conçu comme un être existant par soi. Mais seul Dieu est par soi, donc il n'y a pas d'atomes.

Une objection très sérieuse fut formulée par Hobbes et par Gassendi : nous ne connaissons que des qualités (des attributs, des phénomènes) : nous n'avons aucune perception immédiate de la substance. C'est une objection qui, si elle est juste, réduit à rien le système cartésien. Descartes accorde que nous ne percevons aucune substance, mais soutient que nous pouvons néanmoins la penser.

Mais l'objection la plus lourde de conséquences consiste à dire que l'on ne peut accepter le double sens de la notion de substance : la rigueur exige que seul Dieu soit une substance. Ce sera la conclusion de Spinoza.

Pascal pensait que les conceptions philosophiques de Descartes menaient tout droit au déisme.

[modifier] Les sciences

On peut se douter par ce qui précède que la philosophie cartésienne n'est pas séparable de sa science. Science et philosophie agissent constamment l'une sur l'autre dans la pensée de Descartes, puisque sa méthode vise à permettre à l'homme de bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, à nous rendre plus sages et plus habiles et à nous assurer non seulement la connaissance, mais, d'une certaine manière, la maîtrise et possession de la nature aussi bien que de nous-mêmes. Telle est la finalité de son système, finalité à laquelle se subordonnent tous les moyens mis en œuvre.

La métaphysique est pour Descartes le fondement de toutes les sciences. Il illustre sa conception du rapport entre les connaissances humaines par cette image :

« Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j'entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n'est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu'on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu'on ne peut apprendre que les dernières. »

Les Principes de la philosophie, lettre-préface de l'auteur

Descartes souligne par là l'importance qu'il accorde à la métaphysique, mais il s'agit d'une métaphysique subjective reposant sur des objets abstraits. Elle mélange philosophie et sciences, et structure les connaissances d'une manière radicalement différente du découpage de la philosophie que l'on connaissait à son époque.

Icône de détail Article détaillé : Les Principes de la philosophie.

[modifier] Les mathématiques

Première page de La Géométrie.
Première page de La Géométrie.

Le principal apport de Descartes en mathématique est l'application des méthodes de l'algèbre (réformée par Viète au début du siècle) aux problèmes de la géométrie, pratiqués presque sans changement depuis l'antiquité (cf. Archimède par exemple). Mais les mathématiques ne sont pour lui qu'un moyen d'éprouver sa méthode, de s'y exercer, car il n'y a pas de science à laquelle on puisse demander des exemples aussi certains et évidents ; mais il n'en ferait pas grand cas si elle ne servait…

« qu'à résoudre les vains problèmes dont les calculateurs et les géomètres ont coutume d'amuser leurs loisirs ; et je croirais, dans ce cas, n'avoir réussi qu'à m'occuper de bagatelles avec plus de subtilité peut-être que les autres. »[7]

[modifier] L'algèbre

Pour Descartes, l'algèbre est une méthode de raisonnement sur des quantités inconnues. Il est le premier à utiliser les lettres de la fin de l'alphabet pour les inconnues et les lettres du début de l'alphabet pour les nombres qui varient, mais que l'on connaît.

En 1637, il utilise plusieurs notations ; par exemple pour 2x² - 5x = 23 :

2Aq - 5A égal à 23
ou : 2zz -5zImage:Égal.JPG23

Il note que, si un polynôme s'annule en un nombre c, alors il se factorise par X-c. Il énonce une règle portant sur les signes des coefficients du polynôme et permettant de donner un majorant du nombre de racines positives ou de racines négatives. Descartes appellent fausses solutions les valeurs absolues des racines négatives d'une équation. Il ne conçoit guère les nombres négatifs qu'en changeant les signes des quantités où ils interviennent de façon à se ramener à des coefficients positifs. Outre les racines positives (vraies solutions) que négatives (fausses solutions), il introduit le vocable imaginaire pour désigner des racines ni positives, ni négatives. Cependant, ce que Descartes désigne par solution imaginaire n'est pas nécessairement conçu comme un nombre complexe de la forme a + b\sqrt{-1}, mais est susceptible de prendre n'importe quelle forme.

[modifier] La géométrie

« Tous les Problèmes de géométrie se peuvent facilement réduire à tels termes, qu'il n'est besoin par après que de connaître la longueur de quelques lignes droites, pour les construire. »[8]

Descartes établit, en même temps que Fermat, la géométrie analytique, comme une application de l'algèbre à la géométrie. Le premier livre de La Géométrie est ainsi consacré à la résolution de problèmes à l'aide de droites et de cercles, auxquels il appliquent des procédés algébriques.

L'utilisation des coordonnées permet à Descartes d'unifier l'étude des courbes, mettant fin à une distinction remontant à l'Antiquité, où l'on privilégiait droites, cercles et coniques par rapport aux autres courbes. Ainsi, dans la Géométrie, résout-il l'équation générale de l'équation du sixième degré par intersection d'un cercle et d'une cubique.

Il donne une méthode pour déterminer la normale à certaines courbes. Pour cela, il cherche le centre d'un cercle touchant la courbe selon un point double. Le cercle sera alors tangent à la courbe et son centre placé sur la perpendiculaire à la tangente. Il procède ainsi pour la conchoïde de Nicomède. Il utilise également cette méthode pour ses ovales, en rapport avec la fabrication de lentilles optiques de qualité. Il détermine également quelle est la tangente en un point de la cycloïde.

Le théorème de Descartes, découvert par René Descartes en 1643, établit une relation entre les rayons de quatre cercles tangents entre eux. Il peut être utilisé pour construire un quatrième cercle tangent à trois autres.

[modifier] La physique

La physique de Descartes est exposée dans le Monde (1633). Il ne publia pas cet ouvrage à cause de la condamnation de Galilée. Cette partie de sa pensée sera publiée dans les Principes de la philosophie (1644). Il présente ainsi ses intentions au début du Monde :

« Et mon dessein n'est pas d'expliquer […] les choses qui sont en effet dans le vrai monde ; mais seulement d'en feindre un à plaisir, dans lequel il n'y ait rien que les plus grossiers esprits ne soient capables de concevoir, et qui puisse toutefois être créé tout de même que je l'aurai feint." (Le Monde, AT, XI, 36).

Le Monde a donc un aspect fictif et se présente comme des hypothèses :

« [...] bien que le monde n'ait pas été fait au commencement en cette façon, et qu'il ait été immédiatement créé de Dieu, toutes les choses qu'il contient ne laissent pas d'être maintenant de même nature, que si elles avaient été ainsi produites […] »

La physique cartésienne est fondée sur l'identification de la matière avec la quantité géométrique (materia vel quantitas). Il évacue ainsi du monde physique les formes substantielles et les qualités de la scolastique : la pesanteur et le mouvement sont ramenés à une explication mécaniste. La notion de force, et a fortiori d'action à distance, n'apparaît pas chez Descartes. Sa description du monde est essentiellement cinématique, le mouvement se transmettant de proche en proche par contact. L'Univers, dans lequel le vide n'existe pas, est donc rempli de substance animée et de tourbillons. Toute action occulte étant exclue dans ce mouvement, celui-ci doit être conservé dans sa totalité, par le pouvoir conservateur de Dieu. Si un corps perd du mouvement, il le transmet à un autre. En l'absence d'interaction, un corps poursuivra indéfiniment son mouvement. Il s'agit du principe d'inertie, , déjà présent chez Galilée, mais clairement affirmé par Descartes. Au sein de ce système, la théorie des chocs joue un rôle particulier. C'est elle qui est en effet susceptible de permettre des calculs prévisionnels de mouvement. Elle se révélera malheureusement fausse, et la physique cartésienne se heurtera violemment à la physique newtonienne dans la deuxième moitié du XVIIe et le début du XVIIIe. Si la première se base sur des principes métaphysiques mais ne permet pas d'effectuer des calculs prédictifs, la seconde donne un accord remarquable entre calculs et résultats expérimentaux, mais les cartésiens lui reprochent de ne fournir aucune explication sur la nature des forces introduites. Au cours du XVIIIe, les savants continentaux se rallieront à la physique newtonienne.

[modifier] Les lois du mouvement

Descartes définit ainsi le mouvement : « Mais si, au lieu de nous arrêter à ce qui n'a point d'autre fondement que l'usage ordinaire, nous désirons savoir ce que c'est que le mouvement selon la vérité, nous dirons […] qu'il est le transport d'une partie de la matière, ou d'un corps, du voisinage de ceux qui le touchent immédiatement, et que nous considérons comme au repos, dans le voisinage de quelques autres. » (II, parag. 25, AT, IX-2, 76)

Le mouvement a ainsi un caractère relatif, dont on peut affirmer qu'il n'est guère compatible avec le principe d'inertie.

Dans le Monde, Descartes énonce ses lois du mouvement :

  • « La première est : que chaque partie de la matière, en particulier, continue toujours d'être en un même état, pendant que la rencontre des autres ne la contraint point de le changer. » (AT, XI, 38)
  • « Je suppose pour seconde règle : que, quand un corps en pousse un autre, il ne saurait lui donner aucun mouvement, qu'il n'en perde en même temps autant du sien ; ni lui en ôter, que le sien ne s'augmente d'autant. » (Ibid., 41)
  • « J'ajouterai pour la troisième : que, lorsqu'un corps se meut, encore que son mouvement se fasse le plus souvent en ligne courbe, et qu'il ne s'en puisse jamais faire aucun, qui ne soit en quelque façon circulaire, […], toutefois chacune de ses parties en particulier tend toujours à continuer le sien en ligne droite. » (Ibid., 44)
« De tous les mouvements, il n'y a que le droit, qui soit entièrement simple, et dont toute la nature soit comprise en un instant. »
« De tous les mouvements, il n'y a que le droit, qui soit entièrement simple, et dont toute la nature soit comprise en un instant. »

Descartes, outre le principe d'inertie, affirme donc le caractère rectiligne du mouvement, illustré par le mouvement à tout moment possible de la pierre d'une fronde.

« Donc suivant cette règle, il faut dire que Dieu seul est l'auteur de tous les mouvements qui sont au monde, en tant qu'ils sont, et en tant qu'ils sont droits ; mais que ce sont les diverses dispositions de la matière, qui les rendent irréguliers et courbes. Ainsi que les Théologiens nous apprennent, que Dieu est aussi l'auteur de toutes nos actions, en tant qu'elles sont, et en tant qu'elles ont quelques bontés; mais que ce sont les diverses dispositions de nos volontés, qui peuvent les rendre vicieuses. » (19)

[modifier] Les lois des chocs

Dans les Principes de philosophie, parus en 1644, Descartes énonce les lois des chocs entre deux corps. La question est de savoir, connaissant la vitesse des corps avant leur rencontre, quelle sera leur vitesse après. Pour cela, Descartes utilise le fait que le mouvement est constant, et plus précisément :

« Lorsqu'une partie de la matière se meut deux fois plus vite qu'une autre, et que cette autre est deux fois plus grande que la première, nous devons penser qu'il y a tout autant de mouvement dans la plus petite que dans la plus grande ; et que toutes fois et quantes que le mouvement d'une partie diminue, celui de quelque autre partie augmente à proportion »[9].

Apparaît à cette occasion ce qui deviendra au sens moderne la notion de quantité de mouvement. Malheureusement, Descartes applique la conservation de cette quantité de manière erronée, et sa théorie des chocs se révèlera fausse, à l'exception de la première règle (principe n°46) qui énonce que, si deux corps identiques se déplacent l'un vers l'autre avec le même degré de vitesse, ils rebondiront en sens inverse sans que leur vitesse ne soit modifiée.

Mais si le premier corps se déplace vers la droite avec six degrés de vitesse et le second vers la gauche avec quatre degrés de vitesse, Descartes pense (troisième règle, principe 48) que les deux corps se déplaceront après le choc vers la droite avec cinq degrés de vitesse. Et dans la sixième règle (principe 51), Descartes énonce que, si le premier corps se déplace vers la droite avec quatre degrés de vitesse et le second est au repos, alors le premier rebondira vers la gauche avec trois degrés de vitesse alors que le second sera propulsé vers la droite avec un degré de vitesse, solution manifestement incohérente puisque, selon la troisième règle énoncée précédemment, les deux corps devraient aller vers la droite avec deux degrés de vitesse. L'erreur de Descartes provient du fait qu'il calcule les quantités de mouvement de façon absolue, sans tenir compte du sens de déplacement, alors qu'il faut les calculer algébriquement, par exemple positive si le corps se déplace vers la droite, négative s'il se déplace vers la gauche.

Dès 1652, Huygens, pourtant très admiratif de Descartes, se convaincra des erreurs de ce dernier. Dans le cas de deux corps de même masse, il trouvera la bonne réponse, au moyen de l'utilisation astucieuse du principe de relativité : quelles que soient leurs vitesses initiales, les deux corps échangent leurs vitesses au cours du choc. Le cas de deux corps de masse différente est plus compliqué et sera étudiée de façon systématique par la Royal Society, et en particulier John Wallis et Christopher Wren. C'est également Huygens qui énoncera de manière correcte la loi de conservation de la quantité de mouvement, ainsi que celle de l'énergie cinétique dans le cas d'un choc élastique.

Descartes est visiblement conscient de l'incompatibilité de sa théorie avec les faits expérimentaux, puisqu'il écrit :

« Les démonstrations de tout ceci sont si évidentes qu'encore que l'expérience nous semblerait faire voir le contraire, nous serions néanmoins obligés d'ajouter plus de foi à notre raison qu'à nos sens »[10].

Il cherchera de manière peu convaincante à expliquer cette incompatibilité, par l'existence de l'air qui environne les corps.

[modifier] Le vide

Descartes rejette la théorie du vide, car il n'est pas possible que ce qui n'est rien ait de l'extension[11]. Ainsi, selon Descartes, si un vase est vide d'eau, il est plein d'air, et s'il était vide de toute substance, ses parois se toucheraient[12].

Descartes est donc amené à rejeter les théories de Galilée sur la chute des corps dans le vide, et écrit de ce dernier[13] : Tout ce qu'il dit de la vitesse des corps qui descendent dans le vide, etc. est bâti sans fondement; car il aurait dû auparavant déterminer ce que c'est que la pesanteur; et s'il en savait la vérité, il saurait qu'elle est nulle dans le vide.

Excluant en effet toute action à distance, Descartes explique la pesanteur par l'action de tourbillons agissant sur les corps pesants.

C'est en 1644 que Torricelli mènera ses expériences qui conduiront à établir l'existence du vide.

[modifier] Les atomes

Pour Descartes, les corps sont infiniment divisibles. Il rejette les théories des atomistes. Selon lui en effet, l'impossibilité de diviser un corps, si petit soit-il, serait contraire à la toute-puissance de Dieu[14].

[modifier] Le mécanisme des tourbillons

En ce qui concerne le mouvement des planètes, Descartes exclut une action à distance du Soleil, cette idée ne reposant à l'époque sur aucun fondement rationnel. Par ailleurs, comme nous l'avons vu ci-dessus, il s'oppose à l'existence du vide. Il énonce donc que le mouvement des planètes est dû à de grands tourbillons d'éther remplissant l'espace et qui les emportent et les maintiennent sur leurs trajectoires. Cette théorie ne permettait cependant pas de faire des calculs prévisionnels. Elle influença néanmoins les scientifiques français de la fin du dix-septième au début du dix-huitième siècle. Incompatible avec la théorie de la gravitation newtonienne qui se développe dans la deuxième moitié du XVIIe, elle contribua à ralentir l'introduction de la mécanique newtonienne en France. Les cartésiens voyaient en effet dans l'attraction universelle de Newton une tentative d'introduction de force occulte dans une science qu'ils voulaient purement mécaniste. La publication des Philosophiae Naturalis Principia Mathematica de Newton amena certes Huygens, en grande partie cartésien et qui voyait dans les anneaux de Saturne une preuve de l'existence des tourbillons, à changer d'opinion. Il écrivait ainsi en 1690 : Je n'avais point étendu l'action de la pesanteur à des si grandes distances, comme du Soleil aux planètes, ni de la Terre à la Lune, parce que les tourbillons de Monsieur Descartes qui m'avaient autrefois paru fort vraisemblables, et que j'avais encore dans l'esprit, venaient à la traverse[15]. Mais c'est seulement dans les années 1730-1760 que des personnalités comme Maupertuis, Clairaut ou Gabrielle Émilie de Breteuil, marquise du Châtelet, contribuèrent à faire définitivement adopter la mécanique newtonienne en France, malgré une ultime tentative de Fontenelle, qui publiait en 1752 une Théorie des tourbillons cartésiens avec des réflexions sur l'attraction.

[modifier] La vitesse de la lumière

Contrairement à Galilée, Descartes pensait que la propagation de la lumière était instantanée. La question fut résolue en 1676 par Rømer qui fut le premier à donner une estimation satisfaisante de la vitesse de la lumière.

[modifier] Les lois de Descartes en optique

Bien que ces lois aient été découvertes avant lui dans la civilisation arabe, il semble que Descartes les ait redécouvertes seul[16], à peu près au même moment que Snell, vers 1625. Auparavant, Kepler avait édité en 1604 un ouvrage, Ad Vitellionem paralipomena, dans lequel il exposait les principes géométriques de l'optique. Kepler n'arriva cependant pas à déterminer les lois de la réfraction, observant seulement que, lorsqu'ils sont petits, les angles d'incidence sont proportionnels aux angles de réfraction.

Les lois de Snell-Descartes stipulent qu'arrivé sur un dioptre, un rayon lumineux, qui se divise en deux (Le rayon réfracté et le rayon réfléchi), se comporte de la manière suivante :

  • Les rayons incidents, réfléchis et réfractés et la normale au dioptre au point d'incidence se trouvent dans un même plan.
  • L'angle entre le rayon incident et la normale est égal à l'angle entre le rayon réfléchi et la normale.
  • Si l'on appelle i l'angle orienté entre le rayon incident et la normale, et r l'angle orienté entre le rayon réfracté et la normale, alors le rapport sin(i)/sin(r) est une constante dépendant des deux milieux séparés par le dioptre. En notation moderne, si n1 est l'indice de réfraction du premier milieu (s'il s'agit de l'air : n1 = 1,00 ; de l'eau n = 1,33 ; du verre : n ≈ 1,5 ; etc.) et n2 celui du second milieu, on a : n1*sin(i) = n2*sin(r).

Plus de détails à la page sur les Lois de Snell-Descartes.

Pour démontrer la loi de la réfraction, Descartes utilise d'abord l'exemple d'une balle qui traverserait une toile ou pénètrerait dans l'eau en perdant de la vitesse. En supposant que la composante de la vitesse parallèle au dioptre est conservée, il montre alors que la balle s'éloigne de la perpendiculaire à la surface traversée selon la loi énoncée précédemment. Il applique ensuite la même loi à la lumière. Outre l'hypothèse hasardeuse portant sur la vitesse, Descartes se heurte alors à deux difficultés.

La première est que, pour Descartes, la transmission de la lumière est instantanée. Elle ne saurait donc perdre de la vitesse en traversant un milieu. Descartes résout ce problème en substituant à la vitesse de la balle la facilité à pénétrer le milieu. La loi des sinus sera vérifiée selon que la balle ou la lumière aura plus ou moins de facilité à traverser tel milieu.

La seconde difficulté est que, contrairement à la balle qui s'éloigne de la perpendiculaire quand elle passe de l'air à l'eau, la lumière s'en rapproche. Descartes est donc amené à conclure que la lumière, contrairement à la balle, pénètre dans l'eau avec plus de facilité que dans l'air.

Les arguments avancés ne manqueront pas de susciter de vives polémiques, en particulier avec Fermat. Ce dernier proposera un autre principe explicatif, débouchant sur la même loi de la réfraction, mais promis à plus de succès que les explications de Descartes.

Les lois de Snell-Descartes auront néanmoins des applications considérables au XVIIe dans le développement des lentilles, lunettes, télescopes, microscopes. C'est en cherchant à améliorer la forme des lentilles que Descartes introduira ses ovales.

[modifier] Psychologie cartésienne

[modifier] L’union de l’âme et du corps

De Homine.
De Homine.

[modifier] Problème posé par le dualisme de substance

L'âme est pour Descartes une substance indépendante, et seul l'homme a une âme. Cette âme est le substrat de nos qualités spirituelles, c'est une essence particulièrement différente du corps. Il y a en effet pour Descartes une grande différence entre l'âme et le corps, une différence qui les distingue radicalement : l'âme est une substance pensante (res cognitans), la matière est une substance étendue (res extensa). Ce dualisme est à la base des courants d'où la psychologie devient scientifique, car à l'époque aristotélicienne, l'âme et le corps ne faisaient qu'un. Par conséquent il n'y avait pas de distinction entre la science et la philosophie.

Rappelons que le point de départ de Descartes est le cogito. Sa psychologie fait donc de la conscience le fait primitif. Par cette conscience, je peux penser l'âme, en tant que substance pensante, d'une manière entièrement indépendante du corps. Cette possibilité de penser de manière indépendante ces deux substances suffit pour Descartes à établir la réalité de leur différence. Les idées claires et distinctes que nous formons sur ce sujet, l'indépendance de ces idées, nous permettent d'affirmer l'indépendance réelle des substances.

John Locke objectera que nous n'avons pas une conscience si claire des choses, et que la matière pourrait penser : une substance pourrait bien à la fois être étendue et être pensante. Antoine Arnauld et Pierre Gassendi diront dans le même sens que de ce que nous attribuons à l'âme et au corps, nous ne pouvons déduire leur essence réelle.

Néanmoins, pour Descartes, l'idée de substance, appliquée à ces réalités, implique leur séparation, car deux substances s'excluent toujours mutuellement. L'homme est donc composé de deux substances. Cela soulève une autre difficulté (posée par exemple par la princesse Élisabeth de Bohême, lors de leurs échanges épistolaires) : comment comprendre l'union de l'âme et du corps ?

D'une part, une telle notion de l'âme provoque une violation évidente des principes de la physique cartésienne : en effet, l'âme produit des mouvements sans compensation : elle modifie le mouvement des esprits animaux, et est même modifiée elle-même par ce mouvement, et pourtant elle demeure un principe spirituel irréductible aux mécanismes de la nature. L'idée de l'âme est ainsi contraire au principe de l'inertie.

D'autre part, si l'âme agit sur le corps et inversement, ces deux substances ne peuvent être indépendantes l'une de l'autre : la causalité implique un rapport de dépendance. L'âme et le corps sont donc dans une certaine communauté, et leur indépendance réciproque affirmée par Descartes rend cette union inintelligible.

Descartes admet ces difficultés : en effet, dit-il, nous ne pouvons comprendre cette union, mais nous en avons néanmoins l'expérience tout au long de notre vie.

[modifier] Mécanismes psychologiques de base

Quelles sont les conséquences de ce dualisme pour la constitution d'une psychologie cartésienne ? Principalement, la distinction opérée par Descartes entre les phénomènes purement spirituels et les phénomènes qui résultent de l'influence du corps sur l'âme. Ainsi, la perception sensible est-elle l'effet des esprits animaux sur l'âme par le moyen de la glande pinéale. On a alors un mécanisme analysé ainsi par Descartes :

  • des mouvements provoqués dans le cerveau ;
  • l'action de ces mouvements dans le cerveau sur l'âme par l'intermédiaire de la glande pinéale ;
  • les jugements que nous portons sur les choses extérieures à partir de ces mouvements.

Ce troisième moment est le fait de l'âme, et c'est par là que nous sommes portés à juger involontairement de l'existence des choses extérieures.

[modifier] Les facultés de l’homme

Cette description des mécanismes psychologiques permet de définir certaines de nos facultés.

Ainsi le souvenir des choses matérielles est-il la conservation de certaines traces de mouvements provoqués dans notre cerveau. De même, l'imagination ne s'explique que par des mouvements corporels joints à une certaine activité de l'âme. Seule la pensée est active, en ce sens qu'elle n'a pas besoin de mouvements matériels : selon Descartes, la pensée est possible sans la perception et sans l'imagination.

Descartes opère une distinction semblable en ce qui concerne nos actions : l'appétition est un mouvement produit par le corps, alors que la volonté appartient à l'âme seule. Notre volonté est donc indépendante de toute influence sensible, bien plus, la causalité naturelle n'affecte pas notre volonté.

[modifier] Explication de l’erreur

Cette indépendance de la volonté est d'ailleurs un signe de notre perfection relative : alors que notre entendement est imparfait (nous ne comprenons pas tout ; voir ce qui a été dit dans la section sur la théologie), notre volonté est illimitée, et elle s'étend plus loin que l'entendement.

Cette différence de perfection entre la volonté et l'entendement permet à Descartes de faire une psychologie de l'erreur : l'erreur se produit lorsque nous donnons notre assentiment à quelque chose que notre entendement ne conçoit pas clairement et distinctement. La cause de l'erreur n'est ni dans la volonté (perfection qui nous rapproche le plus de Dieu) ni dans l'entendement (nous pouvons prendre conscience de son imperfection), mais dans la conjonction des deux, lorsque nous jugeons avec précipitation et sur la base de nos préjugés.

[modifier] Les passions

Les passions de l'âme (1649).
Les passions de l'âme (1649).

Pour Descartes, en suivant ses principes physio-psychologiques, les passions résultent de l'union de l'âme et du corps. Il faut là encore procéder à quelques distinctions : la passion est un mouvement de l'âme provoquée par les esprits animaux ; mais il existe ce que l'on peut appeler une auto affection de l'âme, une émotion naissant des mouvements de l'âme elle-même qui agit sur le cerveau et qui est la conséquence de ses pensées et de ses jugements. C'est le cas par exemple de l'amour intellectuel. On voit que cette distinction suit strictement la doctrine du dualisme.

Dans sa théorie des passions, Descartes s'est efforcé à ramener les passions à leurs éléments les plus simples. Ainsi, ces éléments, par recombinaison, doivent-ils expliquer toutes les passions humaines.

Descartes souligne le rapport qui existe entre les passions et les instincts : les hommes cherchent ce qui leur semble utile, et fuient ce qui leur semble nuisible. Or, dans certains cas, l'action des esprits animaux est telle, que l'âme n'intervient pas dans les actions à accomplir. La morale de Descartes consiste à faire intervenir la raison pour réguler ces mouvements violents du corps. Comment cette intervention est-elle possible ?

Ce que nous nous représentons dans l'âme a un rapport avec l'état des esprits animaux. Les sentiments se développent dans ce rapport. Il est alors possible à l'âme de produire une représentation qui modifiera les mouvements involontaires du corps. Le fondement de la morale cartésienne sera donc l'idée que l'âme ne combat pas avec elle-même : il n'y a pas lutte intérieure entre la raison et les passions. Il y a en réalité une lutte entre la volonté et le corps, et cette lutte se fait par les mouvements imprimés par l'âme et le corps sur la glande pinéale.

[modifier] La morale cartésienne

Les mécanismes principaux de la psychologie étant exposés, il faut à présent considérer ce qui peut en être déduit pour l'action humaine. L'analyse des passions, du point de vue de la physiologie cartésienne, a déjà fourni quelques réponses en ce qui concerne leur régulation. Il sera donc maintenant question des principes mêmes de la morale cartésienne. Mais il faut avant tout remarquer que Descartes n'a pas souhaité écrire de traité de morale :

« Il est vrai que j'ai coutume de refuser d'écrire mes pensées touchant la morale, et cela pour deux raisons : l'une, qu'il n'y a point de matière d'où les malins puissent plus aisément tirer des prétextes pour calomnier ; l'autre, que je crois qu'il n'appartient qu'aux souverains, ou à ceux qui sont autorisés par eux, de se mêler de régler les mœurs des autres. » (Lettre à Pierre Chanut, 20 novembre 1647)

Néanmoins, il s'empresse de faire part de ses idées touchant la morale, quand il s'agit de les communiquer à la princesse Élisabeth, puis à la reine Christine de Suède. C'est donc, outre le Traité des passions et quelques passages du Discours de la méthode, essentiellement dans sa correspondance que l'on trouvera la philosophie morale cartésienne.

[modifier] Le souci de bien conduire sa vie

Plus haut dans cet article, un extrait de la Lettre-préface des Principes de la philosophie indiquait quelle place Descartes assigne à la morale : elle est le fruit le plus parfait de toutes les sciences. L'étude des sciences a en effet pour but d'améliorer la condition humaine :

« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices, qui feraient qu'on jouirait, sans aucune peines, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie […] » (Discours de la méthode, 6e partie))

[modifier] La morale par provision

Si la liberté de notre volonté nous permet de douter fructueusement de tout dans le domaine de la connaissance, l'extension de ce doute à la morale risque de nuire à la bonne conduite de nos actions. Descartes épargne donc la morale du doute universel et propose une morale par provision, en attendant de trouver mieux. Il énonce trois principes dans le Discours de la méthode,

  • première maxime : la coutume, observer la religion et les mœurs de son pays ;
  • deuxième maxime : la résolution, exécuter avec fermeté le parti une fois pris ;
  • troisième maxime : la maîtrise de soi, chercher plutôt à se vaincre que la fortune.

Il développera ensuite ses idées sur la morale essentiellement dans sa correspondance avec la princesse Élisabeth et avec la reine Christine. Il y s'efforce de formuler une méthode pour atteindre le souverain bien, i.e. les jouissances intérieures de l'âme, qui seules sont éternelles et fondées sur la vérité. Pour cela, il énonce les moyens suivants :

  • avoir clairement connaissance du bien, i.e. en premier lieu, connaître Dieu, ce qui nous fait éprouver envers lui un amour intellectuel ;
  • maintenir sa volonté fermement et résolument. Si nous perdons notre temps à nous interroger sur tous les éléments de notre vie quotidienne, nous n'arriverons jamais à rien. Il nous faut donc souvent trancher des problèmes, sans en avoir une connaissance complète. Mais, une fois la décision prise, il faut se maintenir fermement en son jugement, tant que les événements ne nous prouvent pas notre erreur.
  • maîtriser ses passions, et laisser ce qui n'est pas en notre pouvoir, i.e. savoir distinguer entre ce qui n'est pas en notre pouvoir de ce qui est en notre pouvoir. Seule la volonté est en notre pouvoir, à strictement parler. Cette vertu est la vertu cardinale du cartésianisme, c'est la générosité :
« Ceux qui sont généreux en cette façon sont naturellement portés à faire de grandes choses, et toutefois à ne rien entreprendre dont ils ne se sentent capables. Et parce qu'ils n'estiment rien de plus grand que de faire du bien aux autres hommes et de mépriser son propre intérêt, pour ce sujet ils sont parfaitement courtois, affables et officieux envers chacun. Et avec cela ils sont entièrement maîtres de leurs passions, particulièrement des désirs, de la jalousie et de l'envie, à cause qu'il n'y a aucune chose dont l'acquisition ne dépendent pas d'eux qu'ils pensent valoir assez pour mériter d'être beaucoup souhaitée ; […] » (Passions de l'âme, art. 156)

[modifier] La liberté

La démarche cartésienne a déjà montré l'indépendance de notre volonté. Notre capacité à douter sans borne est une preuve, pour Descartes, du caractère illimité de notre volonté et de l'existence de notre liberté. Nous expérimentons notre liberté du seul fait que nous pensons, et que, pensant, nous pouvons suspendre tous nos jugements. La liberté n'a ainsi pas besoin de plus de preuve.

« La liberté de notre volonté se connaît sans preuves, par la seule expérience que nous en avons. »

Néanmoins, cette liberté de la volonté de réserver son assentiment n'est pas le plus haut degré de liberté que nous puissions atteindre. :

« Car, afin que je sois libre, il n'est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l'un ou l'autre des deux contraires ; mais plutôt, d'autant plus que je penche vers l'un, soit que je connaisse que le bien et le vrai s'y rencontrent, soit que Dieu dispose ainsi l'intérieur de ma pensée, d'autant plus librement j'en fais choix et je l'embrasse. » (Méditations métaphysiques, IV)

[modifier] La mort

Pour Descartes, une grande âme doit supporter l'idée de la mort, et, tout en faisant tout ce qu'elle estime en son pouvoir pour trouver son contentement en soi-même même dans l'épreuve, ne pas estimer la vie qui est peu de chose au regard de l'éternité :

« […] le temps que nous vivons en ce monde est si peu de chose en comparaison de l'éternité, que nous ne nous devons que fort peu soucier si nous sommes pris quelques années plus tôt ou plus tard. » (Lettre à Colvius, 14 juin 1637, après que Descartes eut appris la mort de Beeckman)

[modifier] Descartes et la politique

Descartes n'a presque rien écrit en ce qui concerne la politique, et peut-être la prudence l'a-t-elle conduit à garder ici le silence.

Le doute méthodique qu'il applique à la connaissance ne semble pas devoir s'appliquer à la réforme des États. Bien au contraire, il critique « ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui, n'étant appelées, ni par leur naissance, ni par leur fortune, au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d'y faire toujours, en idée, quelque nouvelle réformation ». (Discours de la méthode)

Néanmoins, à la demande de la princesse Élisabeth, Descartes est amené à donner son avis sur la pensée de Machiavel. Dans une lettre de septembre 1646, Descartes rejette l'idée que tous les moyens sont bons en politique pour arriver. Il réprouve absolument les moyens perfides conseillés par Machiavel :

« J'excepte une espèce de tromperie, qui est si directement contraire à la société, que je ne crois pas qu'il soit jamais permis de s'en servir […] : c'est de feindre d'être ami de ceux qu'on veut perdre, afin de les pouvoir mieux surprendre. L'amitié est une chose trop sainte pour en abuser de la sorte. »

Cependant ses considérations sont aussi, et peut-être essentiellement, d'ordre technique. En effet, l'idée de Descartes est que les préceptes de Machiavel sont contradictoires avec le but poursuivi qui est de se maintenir au pouvoir. Finalement, les conseils de l'auteur du Prince sont dangereux et inefficaces. Descartes ne s'en tient donc pas à une critique morale.

[modifier] Postérité

Descartes ne se destinait pas à une carrière philosophique. Ce furent la controverse ptoléméo-copernicienne et le procès de Galilée (1633) qui orientèrent sa carrière vers la philosophie.

Quelques philosophes aux Pays-Bas puis en France ont suivi Descartes (voir cartésianisme). Ultérieurement, la confirmation à la fin du XVIIe siècle des hypothèses héliocentriques grâce au formalisme mathématique élaboré par Newton a popularisé la philosophie de Descartes, engendrant une philosophie mécaniste.

Le dualisme de substance développé par Descartes, a posé des difficultés à ses successeurs. Spinoza explicita une théorie de la substance, tandis que Malebranche développa une philosophie originale sur le problème corps-esprit, l'occasionalisme, dans lequel intervient la foi.

Au XVIIIe siècle, La Mettrie étend le concept d'animal-machine de Descartes à l'homme, mais se faisant, s'oppose au dualisme de Descartes.

Au XIXe siècle, au sortir de la Révolution française, les idéologies saint-simonienne et positiviste se sont directement inspirées des principes cartésiens. En France, le discours de la méthode est devenu l'ouvrage philosophique le plus étudié.

Depuis le XXe siècle, les recherches scientifiques, en particulier en astrophysique, ont montré que la structure de l'univers est beaucoup plus complexe qu'on ne le pensait au XVIIe siècle.

La philosophie de Descartes continue d'alimenter les débats. Dans les années 1960-1996, on compte 4 402 publications sur Descartes, dont 1745 dans le monde anglo-saxon, et 1334 francophones. Dans le monde anglo-saxon, les questions qui se posent portent sur le dualisme de substance, le langage, le statut des idées. Les débats français seraient trop étroitement centrés sur la méthode, la systématicité des arguments, et la metaphysica specialis des trois preuves d'existence.[17]

John Cottingham note que « la division cartésienne dualiste de la réalité en deux sortes d'entités fondamentalement distinctes (choses pensantes et choses étendues) a légué à la philosophie une énigme majeure à laquelle nous sommes toujours confrontés aujourd'hui : en quoi la conscience consiste-t-elle exactement, et quels rapports entretient-elle avec le monde physique ? […] [Tous les philosophes modernes] conviennent que le problème des relations entre l'esprit et le corps, est un casse-tête philosophico-scientifique d'une importance énorme, et que les idées émises par Descartes ont influé d'une façon extraordinaire sur les approches ultérieures de ce problème, pour le meilleur et pour le pire. »[18]

Selon Jean Bastaire, Descartes, par des formules telles que «Nous rendre comme Maîtres et Possesseurs de la nature» (Discours de la méthode, sixième partie) aurait incité les hommes en occident à se comporter avec une mentalité d'exploitant, et non d'intendant, de gérant. L'homme se serait ainsi fait démiurge, et aurait adopté une attitude prométhéenne[19], le conduisant à une surexploitation des ressources naturelles.

Sur le plan scientifique, Descartes contribue à une évolution importante en mathématiques, par l'unification entre le domaine géométrique et le domaine numérique, jusque là strictement séparés. En introduisant un caractère opératoire sur les grandeurs géométriques, il participe à l'émergence de l'idée que le nombre peut être autre chose qu'un entier. Le XVIIe verra la naissance de l'analyse moderne, et du calcul différentiel et intégral. En physique, le bilan est plus réservé. A peu près toutes les théories de Descartes se sont révélées fausses et les cartésiens, se basant sur ces principes, se sont opposés à l'introduction de la mécanique newtonienne en France. On retiendra néanmoins la généralisation qu'il donne au principe d'inertie de Galilée, et la loi de la réfraction, même s'il fait reposer cette dernière sur des principes erronés. Sa théorie de la conservation de la quantité de mouvement, fausse, doit être rectifiée par ses successeurs, tels que Huygens.

[modifier] Œuvres

[modifier] Éditions

  • Œuvres de Descartes, Paris, F.G. Levrault, par Victor Cousin, 1824-1826 (disponibles sur Gallica)
  • Descartes, Œuvres, édition Charles Adam et Paul Tannery, Léopold Cerf, 1897-1913, 13 volumes ; nouvelle édition complétée, Vrin-CNRS, 1964-1974, 11 vol. (édition de référence)
  • Descartes, Œuvres et lettres, textes présentés par André Bridoux, Bibliothèque de la Pléiade, NRF, Gallimard, 1953
  • Descartes, Œuvres philosophiques, textes établis, présentés et annotés par Ferdinand Alquié, 3 vol. (I : 1618-1637, II : 1638-1642, III : 1643-1650), Classiques Garnier, 1963-1973

[modifier] Épitaphe de Descartes

Chapelle Saint-Benoît, Saint-Germain-des-Prés.
Chapelle Saint-Benoît, Saint-Germain-des-Prés.
MEMORIAE RENATI DESCARTES
RECONDITIORIS DOCTRINAS
LAVDE
ET INGENII SVBTILITAT
PRAECELLENTISSIMI
QVI PRIMVS
A RENOVATIS IN EVROPA
BONARVM LITTERARVM STVDIIS
RATIONIS HVMANAE
IVRA
SALVA FIDEI CHRISTIANAE
AVTORITATE
VINDICAVIT ET ASSERVIT
NVNC
VERITATIS
QVAM VNICE COLVIT
CONSPECTV
FRVITVR

Traduction partielle : Le premier qui, depuis la renaissance des Belles Lettres en Europe, a revendiqué et assuré les droits de la raison humaine.

[modifier] Notes et références

  1. Adrien Baillet, Vie de Monsieur Descartes (1re éd., 2 tomes, Paris, chez Daniel Horthemels, 1691), réimpressions : Olms, New York, 1972 ; La Table Ronde, collection La Petite Vermillon, 1992.
  2. C'est ainsi que l'on appelait une chambre chauffée en hiver par un poêle
  3. Voir Descartes face à Leibniz
  4. Ces propositions simples sont plus communément appelées axiomes ou principes philosophiques
  5. Les Règles pour la direction de l'esprit, VIII, X
  6. Recherche de la vérité par les lumières naturelles, X
  7. Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, règle IV
  8. Descartes, La Géométrie, Livre premier
  9. Descartes, Les principes de philosophie, principe n°36, Que Dieu est la première cause du mouvement, et qu'il en conserve toujours une égale quantité en l'univers
  10. Descartes, Les principes de philosophie, principe n°52
  11. Descartes, Les principes de la philosophie, principe n°16, Qu'il ne peut y avoir aucun vide au sens que les philosophes prennent ce mot
  12. Descartes, Les principes de la philosophie, principe n°18, Comment on peut corriger la fausse opinion dont on est préoccupé touchant le vide
  13. Descartes, Lettre à Mersenne, 11 octobre 1638, Oeuvres complètes Adam-Tannery , II, 385.
  14. Descartes, Les principes de la philosophie, principe n°20, Qu'il ne peut y avoir aucuns atomes ou petits corps indivisibles
  15. Christian Huygens, Discours de la cause de la pesanteur, Oeuvres complètes, tome XXI, p.472 (p.161 de l'édition originale)
  16. Huygens est d'un autre avis : « Il est vrai que ces lois de la réfraction ne sont pas de l'invention de M. Descartes selon toutes les apparences, car il est certain qu'il a lu le livre manuscrit de Snellius, que j'ai vu aussi », témoignage à prendre cependant avec prudence. Huygens, lettre de Huygens à P. Bayle, 26 février 1693, de la vie de M. Descartes par Baillet, Oeuvres complètes de Huygens, publiées par la Société Hollandaise des Sciences, t.X, Correspondance, p.405
  17. Descartes, sous la direction de Jean-Luc Marion. Bayard
  18. Descartes, John Cottingham. Points.
  19. Conférence Christianisme et environnement à la Maison des Polytechniciens. 13 juin 2007.

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

Voir la bibliographie détaillée sur wikilivre : René Descartes - Bibliographie.
  • Jean-Luc Marion :
    • Sur l’ontologie grise de Descartes. Science cartésienne et savoir aristotélicien dans les Regulae, Librairie Philosophique J.Vrin, 1975.
    • Sur la théologie blanche de Descartes. Analogie, création des vérités éternelles, fondement, PUF, 1981.
    • Sur le prisme métaphysique de Descartes. Constitution et limites de l’onto-théo-logie cartésienne, PUF, 1986.
    • Questions cartésiennes I. Méthode et métaphysique, PUF, 1991.
    • Questions cartésiennes II. L’ego et Dieu, PUF, 1996.
  • Descartes Méditations métaphysiques 1, 2 et 3 Folio plus philosophie (2006) Dossier et notes par Martin Steffens. Lecture d’image : Seloua Louste-Boulbina (ISBN 2-07-033836-3)
  • François Azouvi : Descartes et la France : histoire d'une passion nationale, Ed.: Hachette; Pluriel-poche, 2006, (ISBN 2-01-279124-7)
  • Samuel S. de Sacy, Descartes, Seuil, réédité en 1996 ;
  • Yvon Belaval, Leibniz critique de Descartes, Gallimard, coll. « Tel », 1997 ;
  • Jean-Marie Beyssade, La Philosophie première de Descartes. Le Temps et la cohérence de la métaphysique, Flammarion, coll. « Nouvelle bibliothèque scientifique », 1979 ;
  • Geneviève Rodis-Lewis :
    • Descartes, Calmann-Lévy, 1995
    • La Morale de Descartes, PUF, 1957, nouvelle éd., collection Quadrige, 1998,
    • Descartes et le rationalisme, PUF, collection Que sais-je ?, 1966, 7e éd. corrigée, 1996,
    • L'Œuvre de Descartes, 2 vol., Vrin, 1971.
  • Alain, Descartes, 1928 ds Les Passions et la Sagesse, La Pléiade, 1960, pp. 923-995.
  • Lev Vygotsky, Théorie des émotions. Étude historico-psychologique. Rédigée en 1933 et publiée en russe en 1984. Traduction française avec longue introduction par Nicolas Zavialoff aux Ed. L'Harmattan (1998), 416p. Pénétrante analyse du Traité des Passions.
  • Denis Kambouchner, L'homme des passions. Commentaires sur Descartes. Albin Michel, 1995. 2 vol. 501p. chacun. Une somme sur le Traité des Passions.
  • Patricia Janody, Constructions schizophrènes, constructions cathésiennes, 1998, Érès, Paris

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