Maghreb

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Localisation du Maghreb
Localisation du Maghreb

Le Maghreb (en arabe al-Maghrib, « le Couchant ») est la région d’Afrique du Nord comprise entre la mer Méditerranée, le Sahara et l’océan Atlantique. Ses habitants s'appellent les Maghrébins.

Les premiers Arabes arrivés dans la région ont appelé Djazirat al-Maghrib, c'est à dire Île du Couchant, les pays occidentaux isolés du reste du monde par le contact, au fond de la grande Syrte, entre le Sahara et le rivage de la Méditerranée. Le Maghreb au sens strict regroupait donc la Tripolitaine, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. On y ajouta ensuite l'Espagne musulmane et on parla de Maghreb arabe. Aujourd'hui, afin d'éviter toute confusion, on appelle Petit Maghreb ou encore Maghreb central l'ensemble des trois pays occupant la péninsule atlassienne de l'Afrique du Nord. L'espace du Grand Maghreb rattache à cet ensemble la Mauritanie et l'ensemble de la Libye.

Le Maghreb couvre une superficie d'environ trois millions de km² partagés entre le bassin méditerranéen et les régions sahariennes. Le désert du Sahara recouvre la majeure partie de son territoire. La population d'environ 83 millions d’habitants [1]est de ce fait très inégalement répartie et concentrée principalement sur les plaines littorales. La région dispose en outre d'importantes ressources naturelles minières (phosphates et fer) et énergétiques (gaz naturel et pétrole).

Le Maghreb forme depuis plus d’un millénaire une unité géographique, linguistique et religieuse. Il possède en effet une forte identité qui le distingue par rapport aux mondes arabo-musulman et africain du fait de son relatif isolement par rapport à celui-ci et de l'importance de l'élément berbère dans sa culture[2]. Bien qu'éloignés l'un par rapport l'autre, le Maghreb et le Machrek sont toutefois particulièrement liés par la langue arabe et la culture islamique. Carrefour d'influences diverses, son histoire contemporaine est marquée par la colonisation française, espagnole et italienne mais aussi par sa proximité avec l'Europe de l'Ouest.

Sommaire

Étymologie

Son nom provient de l'arabe Al-Maghrib (المغرب) qui signifie « Le Couchant » ou « L'Occident » en raison de la position occidentale de cette région par rapport au reste du monde arabe. Il s'oppose au Machrek (« Le Levant ») qui désigne l'Orient arabe s'étendant de l'Égypte à l'Irak et à la péninsule arabique. Les Arabes utilisèrent d'abord le nom de Jezirat Al-Maghrib, qui signifie « Île de l'Occident », mettant alors en avant la situation de la région apparemment isolée entre une mer et un désert. Al-Maghrib en arabe désigne aussi le Maroc et, lorsqu'il y a ambiguïté, on appelle le Maroc Al-Maghrib Al-Aqsa, ce qui signifie « L'Occident lointain », on utilise le terme Al-Maghrib Al-Araby (littéralement « Le Couchant arabe » mais souvent traduit « Maghreb arabe ») pour désigner la région entière.

Certains autochtones de la région, qui s'appellent eux-mêmes Imazighen (pluriel de Amazigh signifiant « homme libre »), que les Européens appellent Berbères, la désignent par le nom de Tamazgha et non de Maghreb. Ils contestent cette dernière appellation, au motif qu'elle n'est pas le nom originel de la région mais une désignation par les Moyen-Orientaux au moment de la conquête musulmane du Maghreb, et ne l'appellent pas non plus Berbérie, terme qui vient de sa désignation par les Grecs et les Romains.

Histoire

Antiquité

Bassin à mosaïques de l'ancienne cité romaine de Volubilis (Maroc)
Bassin à mosaïques de l'ancienne cité romaine de Volubilis (Maroc)

La région de l'actuel Maghreb est peuplée dès la préhistoire par les Berbères qui développent une culture originale. Ils sont les premiers habitants de la région et sont considérés comme étant les ancêtres des maghrébins modernes, arabophones comme berbérophones[3].

Les Phéniciens installent des comptoirs à partir du VIIIe siècle av. J.-C. dont le plus prospère est Carthage. Les guerres puniques opposent ensuite les Carthaginois aux Romains qui prennent possession du territoire à partir du IIe siècle av. J.-C. À son apogée, l'Afrique romaine s'urbanise et se christianise. Cette Église d'Afrique, composée de Berbères en majorité chrétiens, a été au fondement du christianisme européen[4].

Au Ve siècle, un peuple germanique de religion chrétienne et originaire de l'actuelle Pologne, les Vandales, traversent le détroit de Gibraltar et envahissent le Maghreb ; ils représentent environ 80.000 personnes. Ils y fondent un royaume éphémère qui sera détruit au VIe siècle à la suite de la défaite vandale face aux armées du général Bélisaire, qui réintègre ainsi l'Afrique du Nord dans l'Empire Romain, alors représenté par la civilisation byzantine.

Empires musulmans

À partir du VIIe siècle, la conquête arabe est fulgurante : elle fait entrer le Maghreb dans le monde arabo-musulman et en chasse les Romains qui l'avaient occupé depuis la chute de Carthage plus d'un millénaire plut tôt. En 711, commandé par Tariq Ibn Ziyad, un maghrébin converti à l'Islam, les forces arabo-berbères traversent le détroit de Gibraltar et attaquent la péninsule ibérique, alors occupée par les Wisigoths, un peuple barbare. S'en suivra une période fastueuse dans l'histoire de la péninsule, qui resta pendant plusieurs siècles une des régions les plus riches et les plus développées d'Europe dans tous les domaines, économique, scientifique, artistique, et technologique.

Maghreb à l'époque de l'empire almohade (1190)
Maghreb à l'époque de l'empire almohade (1190)

Après une période d'unité politique sous les Aghlabides (IXe siècle) autour de la ville de Kairouan, plusieurs dynasties se succèdent au Maghreb : les Fatimides, les Zirides (Xe siècle). Après avoir détrôné les Almoravides au XIIe siècle, la dynastie des Almohades va réaliser l'unité politique de tout le Maghreb, leur état s'étendait de l'Ouest de la Libye au Maroc, et comprenait une grande partie de la péninsule Ibérique.

En 1236, les Hafsides, vassaux des Almohades, se déclarent indépendants et fondent une nouvelle dynastie à Tunis qui règne jusqu'en 1574. Le royaume de Tlemcen, fondé en 1282 est dirigé par la dynastie des Abdalwadides. À son apogée, cet État contrôle un territoire allant de l'Atlas à l'actuelle Tunisie au XVe siècle.

En 1553, le royaume passe sous la protection ottomane. Du XVIe au XIXe siècle, à l'exception du Maroc toute la partie Nord du Maghreb fait théoriquement partie de l'empire ottoman, mais l'Algérie et la Tunisie, alors vassaux de la Sublime Porte, sont en fait des états quasi-indépendants. C'est à cette époque que se fixent les limites des trois entités politiques actuelles et que les capitales s'installent sur le littoral.

Colonisation européenne

En 1830, commence le début de la colonisation française au Maghreb. Elle commencera par l'invasion de l'Algérie, puis de la Tunisie, tous deux états vassaux de l'Empire ottoman, et se terminera par la conquête du Maroc en 1912.

Débarquement américain près d'Alger en 1942
Débarquement américain près d'Alger en 1942

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Maghreb sert de champ de bataille entre les Alliés et les puissances de l'Axe, il est donc le théâtre de nombreuses interventions militaires, comme l'opération Torch. C'est à partir du Maghreb, qui servira de base stratégique aux Alliés et dont la ville d'Alger sera proclamée capitale provisoire de la France libre, que l'armée française sera reconstituée et que les contingents Alliés débarqueront en Italie en 1943, et lanceront en août 1944 le débarquement de Provence, qui libéra l'est de la France des troupes allemandes. Des centaines de milliers de maghrébins prendront part à ces opérations.

Après 1945, les revendications indépendantistes se font donc jour et aboutissent à l'indépendance des trois pays, de façon presque simultanée, mais selon des modalités différentes. Par des négociations pour le Maroc et la Tunisie, qui obtiennent l'indépendance dès 1956, et par une guerre pour l'Algérie, débutée le 1er novembre 1954, qui aboutit sur l'indépendance algérienne le 5 juillet 1962. Aujourd'hui, les gouvernements maghrébins sont très différents et doivent faire face aux oppositions démocratiques et islamistes.

Algérie

Icône de détail Article détaillé : Algérie française.
Maghreb avant la conquête française (publiée en 1843)
Maghreb avant la conquête française (publiée en 1843)

L’invasion française de l’Algérie en 1830 marqua le début de la période coloniale. Pendant plus de cent ans, les Français tentèrent d’intégrer l’Algérie à la France, essentiellement en raison de l’abondance de ses ressources. L’armée française l’a soumise village après village, mais il faut préciser que ce qui caractérise la colonisation de l’Algérie et tient lieu de particularité est qu’il s’agit d’une colonie de peuplement. Alors que la France annexe officiellement l'Algérie, formant trois département français, les populations indigènes restent astreintes à un statut inférieur d'indigénat, et se forme ainsi au sein de la société algérienne deux communautés ; d'un côté les musulmans indigènes, juridiquement inférieur, et les colons, citoyens français (pieds-noirs), au niveau de vie supérieur. Ce qui exacerbait les tensions, et les revendications nationalistes algériennes, dont le point de paroxysme est atteint avec les manifestations d’Algériens de mai 1945, durement réprimés, qui font 10 à 25 000 morts, selon les historiens, et marque le début de la guerre d'indépendance.

Tunisie

Icône de détail Article détaillé : Protectorat français en Tunisie.

Au XIXe siècle, les puissances européennes entrent en conflit pour le contrôle des territoires musulmans du Maghreb et du Moyen-Orient. La Tunisie est l'enjeu des rivalités entre la France et l'Italie. Cette dernière acceptera finalement la main-mise française sur la Tunisie à la condition d'avoir le champ libre en Libye, un pays que l'Italie convoite et dont elle s'emparera en 1911.

En 1881, l'armée française pénètre en Tunisie, alors en état d'extrême faiblesse, qui décide de ne pas opposer de résistance. Par le traité du Bardo, un protectorat est imposé à la Tunisie qui sera le second pays du Maghreb à être colonisé par la France.

Maroc

Le Maroc restera indépendant jusqu'en 1912, date à laquelle l'Espagne et la France, alors alliés, contraignent le Sultan d'accepter lui aussi un protectorat. Le pays allait donc être occupé par la France, tandis que l'Espagne, déjà présente dans le Sahara Occidental, occuperait la partie de l'extrême Nord du Maroc. En 1921, éclate la Guerre du Rif, menée par les résistants marocains qui sont dirigés par Abdelkrim, alors en lutte contre l'occupation franco-espagnole de son pays. Après le succès de la bataille d'Anoual, à l'issue de laquelle 16 000 soldats espagnols sont tués par les armées marocaines, qui s'emparent de leur matériel militaire. L'Espagne, alors en pleine crise, demande l'aide de la France. Craignant pour la stabilité de ses colonies au Maghreb, celle-ci envoie plusieurs dizaines de milliers d'hommes pour soutenir les troupes espagnols. Après la défaite des marocains, un grand nombre de civils seront massacrés en guise de représailles, et ce malgré les promesses de l'administration coloniale de ne pas s'en prendre aux populations civiles si le chef de la rébellion, Abdelkrim, acceptait de se rendre aux autorités.

Géographie

Le Maghreb possède une superficie totale de plus de six millions de kilomètres carrés avec de fortes disparités d’un pays à l’autre. Cette région est bordée au nord par la mer Méditerranée, à l'ouest par l'océan Atlantique et au sud par le désert du Sahara. Elle est traversée par la chaîne de l'Atlas sur plus de 2 000 kilomètres.

Le Maghreb subit un fort déséquilibre démographique et économique entre le littoral et l'intérieur des terres, particulièrement en Algérie où 90% de la population se concentre au nord du pays, dans les montagnes et sur les plaines côtières. Cette région, la partie fertile du pays, représente près de trois fois la superficie de l'Angleterre. Le Sahara algérien quant à lui s'étend sur deux millions de kilomètres carrés. Ainsi, si la part du désert dans l'étendue des pays maghrébins est importante (84 % de la surface de l'Algérie et 40 % de la superficie de la Tunisie), ces pays disposent en revanches d'importantes terres fertiles et abritent de vastes forêts à l'image du massif de la Kroumirie.

Littoral

Vue de la baie d'Alger depuis l'ouest
Vue de la baie d'Alger depuis l'ouest
Littoral tunisien
Littoral tunisien

De Tobrouk à Agadir, le Maghreb possède une façade maritime qui s’étend sur près de cinq mille kilomètres en bordure de la mer Méditerranée, jusqu’à Tanger, et sur 700 km le long de l’océan Atlantique entre Tanger et Agadir. La côte devient ensuite désertique jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal, 1 500 km plus au sud.

Les plaines littorales du Maghreb offrent les plus fortes densités humaines de la région et abritent les principales villes. C'est également sur les côtes qu'est pratiquée l'agriculture intensive, que s'est installée l'industrie en relation avec les ports et les infrastructures touristiques comme au Maroc et en Tunisie. Les côtes constituent une interface active avec l'Europe et reçoivent donc l'essentiel de ses investissements.

Le climat du littoral maghrébin est de type méditerranéen : il se caractérise par des hivers relativement doux et des étés secs et chauds. Il s'agit d'un atout pour attirer les touristes européens et permet aussi de cultiver des primeurs et des agrumes qui sont ensuite exportés vers l'Europe. Cependant, la sécheresse estivale pose des problèmes de gestion de l'eau et oppose des activités économiques différentes : l'industrie et l'agriculture, grandes consommatrices d'eau, se retrouvent alors en concurrence.

La région n'est pas épargnée par les tremblements de terre. Le séisme d'Agadir (Maroc) fait plus de 15 000 morts en 1960[5]. Plus récemment, le 21 mai 2003, le séisme de Boumerdès (Algérie) provoqua la mort de 2 217 personnes alors que le séisme d'Al Hoceima (nord du Maroc) fit 629 morts [6] et une centaines de blessées.

Relief

La chaîne de l'Atlas traverse le Maghreb d'est en ouest et forme une protection naturelle contre la progression du désert. Il s'élève à plus de 4 000 m d'altitude — son point culminant est le Jbel Toubkal au Maroc culminant à 4 167 m — et a longtemps servi de refuge aux populations berbères.

Le Jbel Toubkal dans le Haut Atlas, plus haut sommet d'Afrique du Nord, culminant à 4 167 m
Le Jbel Toubkal dans le Haut Atlas, plus haut sommet d'Afrique du Nord, culminant à 4 167 m
Une oasis à Timimoun dans le désert algérien
Une oasis à Timimoun dans le désert algérien

Aujourd'hui encore, les éleveurs et agriculteurs berbères vivent dans ces régions montagneuses en conservant leur identité culturelle[7]. Le climat y est plus froid en altitude et peut parfois être franchement rigoureux en hiver. Durant cette saison, les sommets de l’Atlas sont recouverts de neige.

Les principales massifs montagneux de l'Atlas se structurent du sud-ouest vers le nord-est :

Il se décomposent ensuite en différents massifs secondaires :

Désert

Le sud du Maghreb est occupé par le désert du Sahara dont la majeure partie est constitué de plaines rocailleuses, tandis que l'autre part est constituée par des immenses dunes de sable.

Les précipitations y sont faibles et la présence humaine inexistante ou discontinue. Certaines oasis jalonnent les pistes transsahariennes et la présence d'hydrocarbures (notamment en Algérie) ou de phosphates (notamment en Tunisie) a permis l'apparition de quelques villes (El-Oued, Ghardaïa, Tamanghasset, Laayoune, etc.).

L'irrigation, nécessaire à l'agriculture, est possible grâce à l'eau puisée dans les nappes phréatiques fossiles et dans les cours d'eau temporaire (appelés oueds).

Tissu urbain

Tunis, capitale et première agglomération de Tunisie, vue de nuit
Tunis, capitale et première agglomération de Tunisie, vue de nuit

Les principales villes du Maghreb sont :

Quant aux plus grandes agglomérations maghrébines (estimations de 2007[8]), elles se classent de la façon suivante :

  1. Alger : 4 275 000 habitants
  2. Casablanca : 3 900 000 habitants
  3. Tunis : 2 250 000 habitants
  4. Rabat : 1 810 000 habitants
  5. Oran : 1 260 000 habitants

Économie

Après la proclamation de l'indépendance des divers pays, dans les années 1960, les gouvernements respectifs optent pour la planification économique. Le PIB par habitant progresse mais l'économie du Maghreb doit faire face à de nouveaux défis[9]. Aujourd'hui, elle est confrontée comme le reste du monde à la mondialisation. Cela conduit les gouvernements à privatiser de larges secteurs de leurs économies. Les divers pays du Maghreb se classent de la façon suivante sur le base du PIB :

  1. Algérie Algérie : 139,460 millards USD soit 4 042 USD par habitant
  2. Maroc Maroc : 79,709 millards USD soit 2 569 USD par habitant
  3. drapeau de la Libye Libye : 79,543 millards USD soit 12 809 USD par habitant
  4. Tunisie Tunisie : 37,779 millards USD soit 3 619 USD par habitant
  5. Mauritanie Mauritanie : 2,948 millards USD soit 972 USD par habitant

La crise affecte la croissance du PIB, accroît la dépendance alimentaire et favorise les émeutes à caractère social (comme les émeutes du pain tunisiennes en 1983-1984). Le développement économique a entraîné une transformation des paysages du littoral (stations touristiques, agriculture intensive et urbanisation accélérée)[10]. Face à la mondialisation, les pays du Maghreb ont tenté de timides rapprochements dans le cadre de l'Union du Maghreb arabe[11] mais les réalisations communes apparaissent bien modestes en raison des différences politiques de ses membres.

Secteur primaire

Port d'Essaouira
Port d'Essaouira

L'agriculture au Maghreb a connu d'importantes mutations depuis les années 1970 : mécanisation, utilisation d'engrais et irrigation moderne ont entraîné une augmentation des productions agricoles. Le monde agricole n'échappe pourtant pas à la crise et l'essor des récoltes ne suit pas l'accroissement démographique.

Par son appartenance au bassin méditerranéen, les produits de l'agriculture maghrébine sont les céréales, l'élevage des ovins et des caprins, le maraîchage, les agrumes, la vigne, la pêche et l'huile d'olive. Il est à noter que le Maroc est aussi l'un des premiers exportateurs mondiaux de haschich[12],[13]. Les principales ressources du sous-sol sont les hydrocarbures et les phosphates. Les principaux gisements de pétrole en exploitation se trouvent en Algérie (Hassi Messaoud et In Amenas).

Secteur secondaire

L'industrialisation est un phénomène relativement récent dans la région (années 1970). L'intervention étatique a permis le développement d'usines alors que les investissements étrangers et la sous-traitance bénéficient aux régions littorales ouvertes vers l'extérieur. Les principaux secteurs de production sont l'agroalimentaire, les matériaux de construction (ciment et sidérurgie) surtout en Algérie, le textile et la pétrochimie.

Les grands centres industriels sont Alger, Arzew, Annaba, Casablanca, Bizerte, Tunis, Sousse, Gabès, Mohammédia et Tanger.

Une autoroute transmaghrébine de 1216 kilomètres est en cours de construction entre le littoral marocain et la Libye.

Secteur tertiaire

Le climat, les paysages et le patrimoine culturel du Maghreb sont autant d'atouts pour le développement touristique de la région. De plus, le Maghreb bénéficie en outre de la proximité géographique avec l'Europe et de l'usage courant de la langue française : Marrakech ou Djerba sont ainsi à deux heures d'avion de Paris.

Toutefois, la pression touristique suscite une nécessité de préservation du patrimoine et une gestion raisonnée des ressources en eau. Le Maghreb doit aussi faire face au danger terroriste (attentat de la Ghriba en 2002, attentats du 16 mai 2003 à Casablanca ou attentats d'Alger du 11 avril 2007).

Le secteur commercial s'inscrit dans le cadre de la mondialisation des échanges qui profite avant tout aux villes du littoral tournées vers l'extérieur. Arzew, Béjaïa, Skikda et Skhira sont les principaux ports industriels d'exportation vers l'Europe.

Démographie

Démographie des pays du Maghreb
Pays Algérie Maroc Tunisie
Population (en millions d'habitants) 33,6 33,4 10,2
Croissance démographique annuelle (en %) 1,22 1,55 0,99
Indice synthétique de fécondité (enfants par femme) 1,89 2,68 1,74
Espérance de vie (en années) 72,1 70,94 75,12
Population urbaine (en % de la population totale) 57,7 56,1 66,2
Indicateur de développement humain (2004) 0,704 0,642 0,740
Analphabétisme (en % de la population totale) 26.5 34.2 19.1
Sources : CIA World Factbook 2006 et L'état du monde 2004 (éd. La Découverte, Paris, 2003)

Tableau général

Le Maghreb compte environ 83 millions d'habitants très inégalement répartis et les plus fortes densités de population se rencontrent sur les plaines littorales de l'océan Atlantique et de la mer Méditerranée. C'est également au nord et à l'ouest de la région que se trouvent ses principales agglomérations (Alger, Casablanca, Rabat, Tunis, Tanger, Annaba, Tétouan et Oran).

Jeunes algérois dans les rues de la Casbah d'Alger
Jeunes algérois dans les rues de la Casbah d'Alger

En trente ans, la population du Maghreb a été multipliée par deux. Toutefois, la croissance démographique tend à ralentir à cause de la baisse du taux de fécondité : elle s'explique par l'efficacité du planning familial, la scolarisation des filles et la modernisation des modes de vie. Quant au taux de natalité, il a baissé dans les trois pays mais la proportion de moins de 15 ans demeure élevée. Cela pose des problèmes de scolarisation que les gouvernements ont relevés avec plus ou moins de succès.

Par ailleurs, l'exode rural pousse les jeunes des montagnes et des campagnes à migrer dans les villes du littoral où les salaires sont plus élevés et les conditions de vie meilleures[14]. Au début du XXIe siècle, plus de la moitié des Maghrébins vivent en ville. Une partie d'entre eux tente ensuite sa chance en migrant vers Europe de l'Ouest.

Population

Selon Gilbert Meynier, la population maghrébine serait principalement berbère[15]. Cependant, la plupart des Maghrébins revendiquent une identité arabe[réf. nécessaire]. En effet, si l'apport des Moyen-Orientaux au Maghreb n'est pas aussi important sur le plan démographique qu'il n'est déterminant sur les plans linguistiques, culturels et religieux, les Arabes arrivés à partir du VIIe siècle avec les conquêtes musulmanes, ont contribué à convertir à l'islam le Maghreb. L'apport démographique arabe est beaucoup plus significatif à partir du XIe siècle, lorsque le pouvoir des Fatimides envoya, dans le but de réprimer des dynasties du Maghreb ayant proclamées leur indépendance, de nombreuses tribus guerrières. La plus importante d'entre elles est celle des Hilaliens accompagnée des Banu Sulaym et des Banu Maqtil.

Jeune femme berbère de Tunisie (début des années 1900)
Jeune femme berbère de Tunisie (début des années 1900)

Les estimations en terme de déplacement de population vont de 80 000[16] à 200 000[17] ou 250 000[18]. Selon Charles-André Julien, les actuelles populations arabophones, majoritaires au Maghreb, seraient en grande partie berbère[19]. Selon le défenseur de la cause berbère Gabriel Camps, les « invasions hilaliennes » on été « d'un poids insignifiant sur le plan démographique, mais déterminant sur le plan culturel et socio-économique[20]. » De nos jours, l'arabe littéral est la langue officielle des pays du Maghreb, c'est-à-dire la langue des médias et de l'école.

Dans ce contexte, seule une minorité de la population maghrébine — de l'ordre de 40% au Maroc, 27,5% en Algérie et de 4 à 8% en Tunisie et en Libye[21] — parle le berbère en plus de l'arabe. Ces groupes conservent une identité qui leur est propre en particulier dans les montagnes de l'Atlas. Certains sont nomades et d'autres sédentaires.

Groupe de Juifs tunisiens
Groupe de Juifs tunisiens

Par ailleurs, de petites communautés juives séfarades résident au Maghreb. Il y aurait 7 000 juifs au Maroc et 2 000 en Tunisie, et auraient pratiquement disparus en Algérie sauf dans quelques grandes villes. Si de nombreux Juifs sont présents au Maghreb dès l'Antiquité, notamment au travers de la conversion de certains Berbères, la plupart des Juifs maghrébins sont les descendants des réfugiés de la péninsule Ibérique chassés lors de l'avancée chrétienne et particulièrement lors de l'expulsion des Juifs d'Espagne par les souverains catholiques après la chute du royaume de Grenade qui marqua la fin de la Reconquista en 1492. Certains Juifs européens sont arrivés à l'époque moderne avec la colonisation française[22]. Après les indépendances des trois pays, la plupart des Juifs ont quitté le Maghreb pour Israël et la France.

Par ailleurs, plusieurs sources[23],[24] indiquent que plus d'un million d'Européens furent capturés comme esclaves entre 1530 et 1780 et que bon nombre d'entre eux firent par la suite souche au Maghreb. Ces chrétiens furent capturés pendant la période corsaire. Il s'agissait de guerres, exacerbées de part et d'autre par le fait religieux, où l'esclavage était pratiqué par les deux camps[25]. Cet esclavagisme, pratiqué aussi bien par les chrétiens que par les musulmans, terrorisait les populations côtières du bassin méditerranéen. Ainsi, un grand nombre d’esclaves musulmans se trouvait à Malte du fait des nombreuses prises effectuées par les galères de l’Ordre de Malte qui était en guerre perpétuelle contre les « infidèles » ou par des corsaires qui razziaient les côtes maghrébines et moyen-orientales pour en capturer les habitants[26],[27]. Dès le XIIIe siècle, bien avant le début de cette période, les navires chrétiens européens débarquent aux Îles Canaries, alors habitées par les Guanches, s'y installèrent et y pratiquèrent l'esclavage, si bien que cette population est aujourd'hui éteinte[28].

Culture

Le Maghreb appartient au bassin méditerranéen et au monde arabo-musulman. Sa culture est donc issue d'un mélange d'influences diverses. Englobé dans la République romaine puis l'Empire romain, du IIe siècle av. J.-C. au Ve siècle, le Maghreb conserve de cette période le même type de vestiges que dans le reste du bassin méditerranéen : temples romains (Dougga), théâtres romains (Timgad), amphithéâtres (Thysdrus), arcs de triomphe (Volubilis), thermes (Carthage) et mosaïques (Musée du Bardo à Tunis).

Ruines de Thuburbo Majus
Ruines de Thuburbo Majus

Au Moyen Âge, les Arabes du Moyen-Orient imposent progressivement leur langue et leur religion qui imprègnent de nombreux domaines de la vie sociale. La civilisation islamique contribue au renouveau du paysage urbain (mosquées, souks, hammams, médinas et kasbahs) dans un contexte de fondation de villes nouvelles (comme Kairouan en 670, Fès en 809 ou Oran au Xe siècle).

Toutefois, l'arabisation du Maghreb se heurte aux résistances des populations berbères qui tentent de préserver leur identité. Ainsi, le printemps berbère de 1980 permet l'expression de demandes d'officialisation du berbère en Kabylie puis d'autres régions d'Algérie (Aurès, Mzab, etc.). Finalement, le gouvernement algérien reconnaîtra le berbère comme une langue nationale mais refusera son officialisation, ce qui contribue à maintenir la tension sur la question linguistique et identitaire en Algérie.

Aux XIXe et XXe siècles, la colonisation française réintroduit le christianisme — déjà présent durant l'Antiquité et dont saint Augustin était une grande figure — construit une cathédrale (d'abord à Constantine en 1838), des bâtiments officiels, des infrastructures de transport modernes, etc. Toutefois, la domination européenne a fortement troublé la société maghrébine en apportant la modernité et les valeurs occidentales et s'est soldée par le rejet de cette influence au travers du nationalisme puis de l'islamisme. Aujourd'hui, le français reste utilisé dans les affaires et l'enseignement et une grande partie des Maghrébins ont accès à la culture occidentale, notamment grâce aux émissions télévisées captées par les paraboles. Mais les mouvements culturels locaux expérimentent de plus en plus des formes d'expression jadis réprimées par les régimes nés de l'indépendance, notamment dans les domaines de la musique, de la danse et des arts visuels.

Relations du Maghreb avec l'Europe

Vue sur les côtes marocaines depuis l'Espagne
Vue sur les côtes marocaines depuis l'Espagne

Le détroit de Gibraltar, large de 14 km, relie plus qu'il ne sépare les deux continents. Le détroit de Sicile est plus étendu (environ 100 km) et constitue également une voie d'accès maritime. De ce fait, les relations économiques entre le Maghreb et l'Europe sont anciennes. Dès l'Antiquité, la Maurétanie envoie des denrées méditerranéennes (olives, blé, vin, etc.) ou de l'Afrique sub-saharienne (or, ivoire, esclaves, etc).

Avec la colonisation européenne au XIXe siècle, elles se doublent d'échanges humains. Un grand nombre d'Européens s'installe au Maghreb, apportant avec eux leur langue et leur religion. Toutefois, au terme de la guerre d'Algérie (1954-1962), les Pieds-Noirs sont contraints de migrer vers la France.

Au début du XXIe siècle, environ 70 % du commerce extérieur du Maghreb est réalisés avec l'Union européenne. Les échanges concernent les matières premières et les minerais (exportations d'hydrocarbures et de phosphates) mais aussi les productions agricoles (agrumes et primeurs). La Tunisie exporte aussi du textile. Les pays du Maghreb importent essentiellement des produits industriels et agricoles (céréales et lait). Depuis quelques années, des entreprises européennes délocalisent leurs unités au Maghreb pour profiter du faible coût de la main d'œuvre, ce qui est encouragé par la signature d'accords bilatéraux de libre-échange notamment dans le cas tunisien.

Enfin, les flux migratoires demeurent importants entre le Maghreb et l'Europe[29],[30]. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un certain nombre de Maghrébins ont quitté leurs pays pour travailler en Europe. La France, en raison des liens historiques et culturels qu'elle entretient avec le Maghreb, reste la première destination des migrations économiques. Depuis 1974, l'immigration légale est fortement restreinte par les gouvernements européens. Le Maghreb est dès lors le point de départ d'une immigration clandestine qui passe par le détroit de Gibraltar, par les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, ainsi que par le détroit de Sicile et l'île italienne de Lampedusa)[31].

Notes et références

  1. « La région réalise un PIB de 303 milliards de dollars en 2007 », Jeune Afrique, 10 avril 2008
  2. (fr) « Le substrat berbère de la culture maghrébine » publié par la revue allemande Französish heute (éditée par l'Association des professeurs allemands enseignant le français) en juin 1984
  3. « Depuis le début des temps historiques, des populations très diverses se sont établies au Maghreb. [...] on notera l'immigration de Sémites (Phéniciens, Arabes), d'Indo-Européens (Latins, Vandales, Grecs), de Turcs et de Noirs. Mais si ces différents éléments se sont mélangés aux populations locales, ils sont venus en trop petit nombre pour modifier les conditions ethniques de l'Afrique du Nord. Les Vandales étaient 80.000. L'immigration arabe n'a pas été non plus considérable. [...] Ces remarques nous amènent à penser que les populations occupant aujourd'hui la Berbérie sont, compte tenu de quelques métissages, les mêmes qui l'occupaient au début des temps historiques. » Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord (1951), Payot, 2001, p.59
  4. Lucien Oulahbib, Les Berbères et le Christianisme, p. 5, Editions Berbères, 2004.
  5. (fr) Site consacré au séisme d'Agadir de 1960
  6. (fr) Le séisme d'Al Hoceima du 24 février 2004 - Rapport préliminaire de mission du 3 au 7 mars 2004, Université Mohammed V – Agdal.
  7. (fr) « Les montagnes du Maghreb : un cas de déterminisme géographique ? »
  8. (en) http://www.citypopulation.de/ Thomas Brinkhoff : The Principal Agglomerations of the World, 30-09-2007.
  9. (fr) Rodrigo Rato, « Intégration économique au Maghreb : sur le chemin de la prospérité », 15 juin 2005
  10. Carte extraite de la page 42 du n°10 de la revue Questions internationales (« Le Maghreb ») parue en novembre-décembre 2004
  11. (fr) Georges Mutin, « Les pays du Maghreb : Problèmes de développement » (ch. 5)
  12. (fr) « Le Maroc, royaume de la résine de cannabis »
  13. (en) Rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime
  14. (fr)[pdf] « Analogie et disparités du fait urbain au Maghreb » par Vanessa Rousseau
  15. L’Algérie des origines. De la préhistoire à l’avènement de l’Islam (p. 11). »
  16. Gabriel Camps, Les Berbères. Mémoire et identité, éd. Errance, Paris, 1995 (ISBN 287772221X)
  17. « Dictionnaire de l'Islam », Encyclopédia Universalis, p. 293
  18. (fr) Les invasions hilaliennes en Ifrîqiya par François Decret
  19. Histoire de l'Afrique du Nord (p. 59)
  20. Les Berbères. Mémoire et identité (p. 102)
  21. (fr) http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/, Jacques Leclerc, L’aménagement linguistique dans le monde. CIRAL (Centre international de recherche en aménagement linguistique).
  22. Jacques Taïeb, Sociétés juives du Maghreb moderne, éd. Maisonneuve & Larose, 2000 (ISBN 2706814675)
  23. (en) British Slaves on the Barbary Coast par Rees Davies
  24. (en) Christian slaves, Muslim masters, White Slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast and Italy. 1500-1800 par Robert C. Davis
  25. (fr) Daniel Panzac, « Les esclaves et leurs rançons chez les Barbaresques », Cahiers de la Méditerranée, vol 65
  26. (fr) Anne Brogini, « L'esclavage au quotidien à Malte au XVIe siècle », Cahiers de la Méditerranée, vol 65
  27. (fr) Moulay Belhamissi, « Course et contre-course en Méditerranée ou comment les Algériens tombaient en esclavage », Cahiers de la Méditerranée, vol 65
  28. (fr) Le génocide des îles Canaries préambule à celui des Amérindiens
  29. (fr) Bichara Khader, « L'enjeu migratoire dans les rapports Europe-Maghreb », Confluences culturelles, n°5, hiver 1992-93
  30. (en) Donatella Giubilaro, « Migration from the Maghreb and migration pressures : current situation and future prospects » (Organisation internationale du travail)
  31. (fr) Bernabe Lopez Garcia, « L'Espagne, porte européenne du Maghreb », Confluences culturelles, n°5, hiver 1992-93

Bibliographie

  • Marc Côte, Le Maghreb, Documentation photographique, éd. La Documentation française, n°8002, avril 1998
  • Camille Lacoste et Yves Lacoste, Maghreb. Peuples et civilisations, éd. La Découverte, Paris, 2004 (ISBN 2707144320)
  • André Prenant, Maghreb et Moyen-Orient. Espaces et sociétés, coll. Capes Agrégation, éd. Ellipses, Paris, 1998 (ISBN 2729897127)
  • Vanessa Rousseaux, L'urbanisation au Maghreb. Le langage des cartes, éd. Publications de l'Université de Provence, Aix-en-Provence, 2004 (ISBN 2853995577)
  • Pierre Vermeeren, Maghreb. La démocratie impossible, éd. Fayard, Paris, 2004 (ISBN 2213618879)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes