Numidie

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Carte de la Numidie
Carte de la Numidie

La Numidie (en latin Numidia) (en grec nomadia (Νομαδια) le pays des nomados (νομαδος) qui changent de pâturage ; nomades) est une ancienne province de l'Empire romain située entre la province d'Afrique (à l'est de l'actuelle Tunisie) et la province de Maurétanie (sur la côte occidentale de l'actuelle Algérie). La Numidie correspond en fait à la côte orientale de l'Algérie.

Sommaire

[modifier] Le royaume indépendant

Medghassen la sépulture des rois Numide  et patriache des Zénètes
Medghassen la sépulture des rois Numide [1] et patriache des Zénètes [2]

Au IIIe siècle av. J.-C., la Numidie est peuplée de Berbères semi-nomades répartis en différentes tribus. Les Romains désignent les tribus de la partie orientale sous le nom de Massyles (de Mis Ilès, Ilès étant l'arrière-grand-père de Massinissa) et celles de la partie occidentale sous celui de Massaessyles. Les Berbères sont alors utilisés par les Carthaginois comme cavaliers.

Au cours de la Deuxième guerre punique, les Massaesyles, commandés par Syphax, sont alliés à Carthage, tandis que les Massyles, commandés par Massinissa, s'allient à Rome, après avoir été spoliés par Syphax. À la fin de la guerre, les Romains attribuent tout le territoire numide à Massinissa. Son nouveau territoire entoure désormais celui de Carthage, sauf du côté de la mer.

En -148, à la mort de Massinissa, Scipion Émilien partage la Numidie entre les trois fils du roi. De même, Rome oblige Micipsa, dernier fils de Massinissa, à partager sa part entre ses deux fils et le fils naturel de son frère, Jugurtha. Ce dernier, voulant restaurer l'unité du royaume, fait assassiner ses cousins, et, en -113, se rebelle contre Rome à qui il va infliger de sévères défaites au cours d'une guerre longue et difficile qui durera de -111 à -105. Incapables de remporter une victoire militaire, les Romains usent de traîtrise pour le capturer. En -105, à la faveur d'un guet-apens, Jugurtha est livré par Bocchus, son beau-père et jusque là son allié, à Sylla qui avait soudoyé l'entourage de ce dernier. La Numidie est partagée : sa partie occidentale est attribuée à Bocchus, roi de Maurétanie, le reste est laissé sous l'autorité d'un roi vassal de Rome.

[modifier] Dynastie Numide

[modifier] Dynastie des Massaessyles

[modifier] Dynastie des Massyles

[modifier] La Numidie romaine

La situation perdure jusqu'à la guerre civile entre Jules César et Pompée. Juba Ier, partisan de Pompée, perd son royaume en -46 après la défaite de Thapsus contre César. César accorde à Sittius un territoire vaste autour de Cirta (Constantine). La Numidie devient alors la province d’Africa nova, jusqu'à ce qu'Auguste réunisse les deux provinces en un seul ensemble, l'Afrique proconsulaire. Cette dernière est dirigée par un proconsul, qui conduisit un moment l'armée d'Afrique. Auguste rend son royaume à Juba II, fils du précédent, après la bataille d'Actium (-31). En -25, Juba II reçoit le trône de Maurétanie, et la Numidie est partagée entre la Maurétanie et la province d'Afrique. La partie intégrée à la province d'Afrique en constitue une région et, en théorie, n'a pas d'autonomie administrative, puisqu'elle dépend du proconsul assisté de légats.

Les populations se rebellent de nombreuses fois, et provoquent une succession d'actions militaires de Rome, soldées parfois par de graves défaites romaines. Sept ans durant, Tacfarinas résiste aux Romains, malgré Tibère qui transféra une seconde légion pour appuyer la troisième légion Auguste (seule ensuite). Dès 39 apr. J.-C., Caligula confie la conduite de la région de Numidie à un représentant personnel — « légat de l'empereur » — chargé de commander la troisième légion Auguste. C'est ainsi qu'il met fin à une exception politique : celle d'une armée importante placée sous les ordres d'un proconsul et non d'un légat. Le Sénat perd la dernière légion qui était sous ses ordres. Bien que toujours officiellement intégrée à la province d'Afrique proconsulaire, la Numidie en constitue une région à part, placée sous l'autorité de son légat qui dirige la troisième légion Auguste et ne rend de compte qu'à l'empereur. C'est une province de fait, mais non de droit, statut relativement unique dans l'empire. Après 193, sous Septime Sévère, la Numidie est officiellement détachée de la province d'Afrique et constitue une province à part entière, gouvernée par un légat impérial. Sous Dioclétien, elle constitue une simple province dans la réorganisation tétrarchique, puis est brièvement divisée en deux : Numidie militaire et Numidie cirtéenne.

Dès le IIe siècle, la province est christianisée, mais rapidement elle adhère à l'hérésie donatiste tout en connaissant des hommes de foi aussi illustres que Saint Augustin, évêque d'Hippone. En 428, les Vandales commencent leurs incursions en Numidie. Ils parviennent même à y créer un royaume entre 432 et 534, date à laquelle la province passe sous l'autorité byzantine.

La région est conquise par les armées musulmanes entre 696 et 708.

[modifier] Histoire de la province d'Afrique

ÉVOLUTION DE LA PROVINCE AFRICAINE
Début de la conquete romaine Carthage Royaume de Numidie orientale (Massyles) Numidie occidentale (Massaessyles) Royaume de Maurétanie
de 146 a.C. Afrique Numidie Maurétanie
de 105 a.C. Africa (après annexion d'une partie de la Numidie) Numidie orientale Numidie occidentale Mauretanie
de 45 a.C. Africa Vetus Africa Nova (ex Numidie orientale) Numidie occidentale (au delà: IV Coloniae Cirtensium) Mauretanie orientale (après annexion de la Numidie occidentale) Mauretanie occidentale
de 27 a.C. Afrique Proconsulaire Maurétanie
de 41 d.C. Afrique Proconsulaire Maurétanie Césarienne Maurétanie Tingitane
de 193 d.C. Afrique Proconsulaire Numidie Maurétanie Césarienne Maurétanie Tingitane
Après la réforme de Dioclétien Afrique Zeugitane Afrique Bizacene Numidie Maurétanie Césarienne Mauretanie Sétifienne Maurétanie Tingitane

[modifier] Bibliographie

  • Filippo Coarelli et Yvon Thébert, "Architecture funéraire et pouvoir : réflexions sur l'hellénisme numide", Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, Année 1988, 2, pp. 761-818 [1]
  • Nacéra Benseddik, « Jugurtha-Cirta-Lambèse-Timgad » dans Dictionnaire du Monde antique, PUF, Paris 2005.
  • Yann Le Bohec, L’Afrique romaine (146 avant J.-C. - 439 après J.-C.), éd. Picard, 2005 (Paris), 600 p. ISBN 2-7084-0751-1
  • François Décret et Mhamed Fantar, L’Afrique du Nord dans l’Antiquité. Histoire et civilisation - des Origines au Ve siècle, Paris, 1981.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes