Résistance en Yougoslavie pendant la Seconde Guerre mondiale

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Bataille de Yougoslavie
Informations générales
Date 1941 - 1945
Lieu Yougoslavie
Issue Victoire des Résistants communistes
Belligérants
Partisans communistes Allemagne
Oustachis croates
Italie
Bulgarie
Hongrie
Slovaquie
État fantoche de Serbie
Albanie
Tchetniks
Royalistes
Commandants
Josip Broz Tito Von Weichs Draža Mihailović
Pertes
600 000 à 1 700 000 au total
Seconde Guerre mondiale
Campagne des Balkans
Bataille d'Albanie · Guerre italo-grecque · Bataille de Yougoslavie · Bataille de Grèce · Bataille de Crète · Résistance en Yougoslavie

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Résistance en Yougoslavie pendant la Seconde Guerre mondiale

C'est en Yougoslavie que la résistance fut la plus forte et la plus violente. Deux mouvements dominèrent celle-ci :

  • les Tchetniks de Draža Mihajlović, nationalistes serbes, et qui sont les premiers à résister sous la conduite du général Mihajlović ;
  • les partisans, d'inspiration communiste et groupant des résistants de toutes nationalités, sous les ordres du Croate Joseph Broz, dit « Tito ».

Sommaire

[modifier] Les Tchetniks

Icône de détail Article détaillé : Tchetniks.
Drapeau des Tchetniks
Drapeau des Tchetniks

Unité paramilitaire serbe dirigée par Mihajlović, les Tchetniks comprennent surtout des combattants serbes, de tendance monarchiste et nationaliste serbe. Ils sont les premiers à résister face aux Allemands et à leurs alliés. Ils font d'abord cause commune avec les partisans de Tito et combattent occasionnellement ensemble, mais bien vite ils deviennent ennemis car en désaccord profond sur l'avenir de la Yougoslavie (une monarchie centralisée et autoritaire dominée par les Serbes comme avant la guerre, ou une fédération de républiques égales en droit). Les Tchetniks collaborent avec l'occupant dans des offensives contre les partisans, notamment lors de l'Opération Weiss à laquelle participe 50 000 Allemands, 25 000 Italiens, 17 000 oustachis et domobrans, plus de 12 000 Tchetniks. Pendant plusieurs années les Tchetniks vont donc recevoir du matériel allemand, italien, mais aussi anglais et américain, et même à certaines périodes soviétique. Mihajlović est exécuté pour trahison en 1946. Selon Robert Philippot [1] après une rencontre infructueuse entre les deux chefs de la Résistance en septembre 1941, « Tandis que les troupes de Tito, chassées d’Uzice, s’enfuient vers les montagnes de Bosnie, Mihajlović sauve ses tchetniks de l’extermination en négociant avec le gouvernement collaborateur de Nedic. Il adoptera désormais une attitude attentiste, plus enclin à combattre les partisans titistes que les divisions allemandes. »

[modifier] Les Partisans

Josip Broz, dit Tito, Croate et animateur de l'Internationale Communiste à l'époque de la guerre d'Espagne. crée un mouvement en juin 1941. En accord avec Moscou, il donne à son mouvement le caractère d'une large coalition antifasciste plutôt qu'une orientation ouvertement communiste [1].

Le développement des partisans se fait d'abord en Croatie (la première unité formée sera baptisée première brigade partisane de Sisak) et dans les régions occupées par les Serbes. En décembre 42, il y a encore, selon les mots de Tito, "une immense majorité de Serbes" dans cette Armée de Libération Nationale Yougoslave(ALNY) [2]. C'est dans la ville d'Užice, située dans les régions montagneuses au sud-ouest de la Serbie, que Tito installe son premier quartier général en septembre 41. Les Allemands massent cinq divisions et reprennent la ville le 25 novembre. Les partisans sont alors presque complètement chassés de Serbie.

Pendant les années 42-43, le centre de gravité des partisans glisse plus à l'ouest, en Bosnie. Le développement des partisans s'opère d'abord chez les populations serbes de l'État indépendant de Croatie, à cause des massacres qui y sont perpétrés (Voir l'article Yougoslavie dans la Seconde Guerre mondiale). Mais comme les partisans ne se livrent pas à des représailles contre les Musulmans et les Croates, ces derniers vont peu à peu grossir leurs rangs au fur et à mesure que les Allemands et leurs alliés oustachis deviennent de plus en plus impopulaires en Yougoslavie[2].

Les partisans prennent ainsi le contrôle de vastes zones dans la partie ouest de la Yougoslavie, notamment en Croatie où ils réduisent ainsi l'autorité du pouvoir oustachi. En 1942, Tito crée à Bihać, dans le nord-ouest de la Bosnie, en 1942 un "Conseil Antifasciste de Libération Nationale de Yougoslavie"(AVNOJ), sorte de parlement, puis, lorsqu'il est chassé de Bihać, il crée à Jajce, toujours en Bosnie, un "Comité de libération nationale" qui est une sorte de gouvernement. En 44, le quartier général est transporté à Drvar qui est assailli par les Allemands en juin 44. A ce moment-là, l'armée de Tito ne comprend pas moins de 300 000 hommes présents dans toutes les régions de Yougoslavie où ils ont libéré de nombreuses zones, y compris en Serbie où les partisans ont pu reprendre pied [2].

Au début de l'insurrection, l'équipement des partisans venait essentiellement des prises de guerre, mais à partir de 1943, les partisans reçoivent des armes des Britanniques. Tito utilise les armes reçues des alliés aussi bien contre les Tchetniks que contre les Allemands. L'une des plus grandes réussites de la résistance yougoslave est d'être parvenue à immobiliser de 12 à 20 divisions de l'Axe pendant toute la guerre.

[modifier] Les forces ennemies

Au début de 1943 opérait en Yougoslavie 7 divisions allemandes, 18 divisions italiennes, 5 divisions bulgares (incomplètes) et 3 divisions hongroises. En juillet 1943, l'équivalent de 13 divisions allemandes plus des régiments autonomes, des régiments de police et de SS, 19 divisions italiennes plus des régiments et brigades autonomes, 7 divisions bulgares, 2 divisions hongroises.

Les troupes de l'Axe ayant combattu la résistance Yougoslave étaient notamment composées de:

  • la Division SS "Prinz Eugen"-369e division d'infanterie
  • 717e division (allemande)
  • 369e division de légionnaires (allemande)
  • 2e armée blindée (allemande)
  • 3e corps blindé SS "Germania" (allemand)
  • 5e corps SS de montagne (allemand)
  • 15e corps de montagne (allemand)
  • 21e corps de montagne (allemand)
  • 69e corps de réserve (allemand)
  • 2e armée (italienne)
  • 5e armée (italienne)
  • 8e armée (italienne)

Le commandant des troupes allemandes en Croatie était le général Lüters.

Les militaires ayant joué un rôle : général Löhr, feld-maréchal Von Weichs, l'Obergruppenführer Phleps.

[modifier] Les relations avec les Alliés

Les Anglo-américains commencent par soutenir les Tchetniks de Mihajlović qui est leur allié naturel. De son côté, Staline, qui ne veut pas heurter des alliés, au lieu de reconnaître le gouvernement des partisans, reconnaît celui de Londres, regroupé autour du roi Pierre II, que Tito considère pourtant comme un ennemi, comme en témoigne ce message radio envoyé au Komintern le 25 janvier 1943 :

" Pourquoi la Yougoslavie Libre (radio yougoslave basé à Moscou) ne parle-t-elle pas dans ses commentaires de cette grande offensive contre le territoire libéré où, coalisés, les Allemands, les oustachis, les Italiens et les Tchetniks de Draza Mihailovic se livrent à d'effroyables atrocités, tandis que la radio de Londres glorifie ce vil traître. Vous devez savoir qu'une fois encore ce sont les populations serbes qui sont le plus durement frappées et que la plus grande responsabilité en incombe au gouvernement yougoslave en exil à Londres". [3]

Les Britanniques, cependant, s'aperçoivent vite de l'ambiguïté des Tchetniks et de l'efficacité des partisans. En 1943, Winston Churchill fait parachuter auprès de Tito le général Fitzroy Mc Lean qui a écrit dans ses mémoires :

" Ma tâche consistait donc simplement à dire au gouvernement quels hommes, en Yougoslavie, tuaient le plus d'Allemands et à indiquer par quels moyens nous pourrions les aider à en tuer davantage..." [2].

Les Britanniques privilégient alors leur aide à Tito. Lorsqu'il sera contraint d'évacuer Drvar, en juin 44, ils lui offrent un refuge en Italie du Sud et le transportent ensuite par la mer à l'île de Vis où il pourra s'installer sous la protection de la marine britannique. De son côté, le roi Pierre II, réfugié à Londres, reconnait également Tito comme chef de la Résistance et envisage la possibilité d'un gouvernement de coalition.

[modifier] La prise du pouvoir

Conformément à un accord passé préalablement entre Tito et Staline, alors que l'Armée rouge conquiert la Roumanie, entre à Sofia le 9 septembre 1944 et remonte ensuite vers la Hongrie, ce sont les partisans de Tito qui libèrent Belgrade le 20 septembre et poursuivent le combat contre les Allemands qui résistent en Bosnie occidentale, en Croatie et en Slovénie jusqu'en mai 1945. Le roi est mis à l'écart et la prise du pouvoir par les communistes est finalement complète sans que les alliés n'y trouvent rien à redire. Tito créera en 1945 la nouvelle République fédérale populaire de Yougoslavie (plus tard renommée République fédérale socialiste de Yougoslavie - Voir Histoire de la Yougoslavie). Il en sera le président jusqu'à sa mort, en 1980.

[modifier] Liens internes

[modifier] Références

  1. ab R.Philippot, Yougoslavie: L'occupation et la Résistance article d'Encyclopedia Universalis, édition 2000
  2. abcd Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie, 2000 [détail des éditions]
  3. (Archives du Comité central de la LCY, fonds KI, 1943/26)