Causes de la Seconde Guerre mondiale

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Les causes immédiates de la Seconde Guerre mondiale sont généralement imputées à l'invasion de la Pologne par l'Allemagne et aux attaques du Japon sur la Chine, les États-Unis et les colonies britanniques et néerlandaises. Dans les deux cas, les attaques résultaient de décisions émanant de gouvernements autoritaires au pouvoir en Allemagne et au Japon. Cet article vise à exposer les mécanismes qui ont conduit aux différentes déclarations de guerre, mais aussi à rechercher dans un contexte historique plus large les causes plus lointaines qui ont pu conduire à la situation de l'immédiate avant-guerre.

Sommaire

[modifier] Les événements précédant la guerre en Europe

Les historiens se sont évidemment interrogés sur les causes plus profondes de la Seconde Guerre mondiale en Europe et citent couramment les mauvais traités de 1919 : les divergences entre vainqueurs, la crise de 1929, ses conséquences sociales et la sortie de la crise par des politiques d'armement, le rôle des idéologies[1].

[modifier] La nouvelle Europe issue du traité de Versailles (1919)

Après la Première Guerre mondiale se pose le problème de la compensation que l’Allemagne devrait payer aux vainqueurs. Ceci sera réglé en 1919 par le traité de Versailles, considéré comme un diktat par les Allemands. Le Royaume-Uni partage les colonies allemandes, sous la forme de mandats de la SDN, avec la France (mais aussi avec la Belgique, le Japon, les États-Unis). Mais la France, sur le sol de laquelle s’est déroulée une grande part des combats, obtient en outre le droit à de fortes indemnités de réparations, ainsi que la récupération des deux provinces (l’Alsace et la Moselle) annexées par Bismarck après la guerre de 1870. Quant aux États-Unis, devenus de gros créanciers des puissances alliées et appliquant strictement leurs droits, compte tenu de leurs lourdes pertes, ils exigent le règlement des dettes d’achats de matériel de guerre et de carburant dues par leurs alliés.

Les traités de Versailles, de Saint-Germain, de Trianon et de Neuilly suscitent rancœurs et frustrations et désirs de reconquête chez les peuples allemands, autrichiens, hongrois et bulgares. Les frontières de l'URSS avaient également été déplacées au profit de la Pologne. Au cours des années vingt et trente, si la France soutient les petits pays créés par les traités de 1919, l'Angleterre soupçonne la France de vouloir substituer grâce à ces petits états, son impérialisme à celui du germanisme. Pour assurer sa sécurité, la France voulait affaiblir l'Allemagne alors qu'au contraire, les Anglo-saxons la voulaient suffisamment forte pour jouer un rôle important sur le marché mondial. L'Allemagne saura profiter de ces divergences [1].

La Russie est quant à elle devenue, à l’issue de la révolution bolchévique et de la contre-révolution, l’Union soviétique, tandis que de nouveaux États (Tchécoslovaquie, Hongrie, Pologne, Pays baltes) sont créés en Europe centrale, au nom du principe des nationalités, en particulier du fait du démembrement de l’empire austro-hongrois.

[modifier] La crise de 1929

La crise de 1929 Entraîna deux attitudes : d'une part les démocraties (France, Grande-Bretagne, Etats-Unis D'Amérique) qui accordèrent des avantages sociaux et d'une autre part les dictatures (Italie, U.R.S.S...) qui entrèrent dans des économies de guerres. Alors que l'agressivité des démocraties se situe sur le plan économique, les dictatures fascistes vont naturellement penser leur défense et leur expansion en termes militaires. Mais partout, les politiques d'armement sont mises en place efficacement pour sortir du marasme économique [1].

"Dans les premières années de son régime, Hitler continue la politique de ses prédécesseurs : La révision du Traité de Versailles, qui est la revendication générale de tout un peuple, même des adversaires du national-socialisme… À partir de 1936, les esprits commencent à diverger : D'un côté, les adeptes de l'impérialisme "wilhelmien", comme l'AA[2], Schacht, et même Goering. De l'autre, Hitler et ses partisans fanatiques qui veulent conquérir « l'espace vital », voire dominer le monde entier, peut-être en association avec d'autres puissances, selon des critères racistes…"[3]

Se poser la question des causes de la Seconde Guerre mondiale en Europe, c'est donc se poser aussi la question de l'irrésistible montée d'Hitler, du ralliement des Allemands à sa personne, et de l'aveuglement des démocraties face au danger hitlérien.

[modifier] Les fascistes italiens au pouvoir (1922-1939)

Depuis 1922, l’Italie est aux mains du parti fasciste, dirigé par Benito Mussolini, qui exprime des revendications sur divers territoires, en Afrique ou en Europe.

L'Italie envahit l'Albanie le 7 avril 1939.

[modifier] Difficultés économiques et arrivée au pouvoir d’Hitler

A la fin de la première guerre mondiale l'Allemagne est trés appauvrie par la guerre et beaucoup de gens vivent comme une humiliation le traité de Versaille (1920). Uné brève ère de prospérité économique commence en 1925 et se termine en 1929 avec le krack boursier de Wall Street qui entraîna une crise économique mondiale. Les faiblesses politiques (faiblesse de la République de Weimar) permettent au NSDAP (parti national-socialiste des travailleurs allemands ou nazi) et à son chef Adolf Hitler de prendre le pouvoir légalement en 1933, le 30 janvier. Très vite, Hitler restaure en Allemagne le service militaire généralisé, interdit par le traité de Versailles, remilitarise la Rhénanie (1936) et met en œuvre une politique étrangère agressive. Cette politique est destinée à regrouper au sein d’un même État les populations germanophones d’Europe centrale.

[modifier] La guerre d’Espagne (1936-1939)

Dès 1936, les futurs belligérants européens de la Seconde Guerre mondiale commencent à s’affronter plus ou moins directement dans le cadre de la guerre d'Espagne. Dans le camp républicain, les brigades internationales (composées d'engagés volontaires majoritairement communistes venus surtout d’Europe centrale et de France, des républicains allemands et italiens et des démocrates anglo-saxons combattent sous commandement espagnol. Dans le camp franquiste interviennent plusieurs divisions italiennes de « Chemises noires » commandées par des généraux italiens et une légion allemande d’aviation « Condor » (composée d’aviateurs de la Luftwaffe sous commandement allemand, qui viennent, par roulement, s’entraîner à leurs missions de bombardement sur les populations espagnoles) ainsi que quelques centaines de volontaires irlandais. Les Républicains bénéficient du soutien de l'URSS et, dans une moindre mesure et de façon indirecte, de la France (notamment par l'ouverture périodique de ses frontières au passage de matériel russe). La Grande-Bretagne se garde d'intervenir, tout en souhaitant la victoire du camp franquiste et en la favorisant par sa passivité vis-à-vis de l'intervention germano-italienne, en accord avec sa politique d'apaisement.

[modifier] Les ambitions de Hitler, l’expansion territoriale de l’Allemagne nazie (1938-1939)

L'extension de l'Allemagne de 1935 à 1939
L'extension de l'Allemagne de 1935 à 1939

Hitler réalise ses projets de regroupement des populations germaniques en annexant l’Autriche en mars 1938: c'est l'Anschluss. Ensuite, il revendique l'annexion de territoires à l'ouest de la Tchécoslovaquie peuplés majoritairement d'Allemands, les Sudètes.

L'annexion des Sudètes est entérinée à Munich en septembre 1938, lors d’une conférence où le Français Édouard Daladier et le Britannique Neville Chamberlain se fient aux promesses d’Hitler, selon lesquelles l’obtention des Sudètes satisferait la « dernière revendication » du IIIe Reich, et interdisent à la Tchécoslovaquie de se défendre. Cela n’empêche pas Hitler d’annexer, en mars 1939, la moitié de la Tchécoslovaquie, la Bohême et la Moravie, avec la complicité des nationalistes slovaques de Mgr Tiso, qui créent un état slovaque indépendant, de la Hongrie et de la Pologne qui récupèrent chacun des territoires.

Hitler s’empare également de Memel en Lituanie.

Cependant, le corridor de Dantzig (aujourd’hui Gdańsk), ancienne ville prussienne détachée de l’Allemagne après 1918, constitue un élément important d’instabilité. En effet, Berlin revendique ce corridor qui sépare la Prusse orientale du reste de l’Allemagne. Quant à la Pologne, elle rejette les revendications allemandes sur le corridor de Dantzig qui est son seul accès à la mer.

Le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre formelle, l'armée allemande envahit la Pologne sous le prétexte que les troupes polonaises ont commis des provocations le long de la frontière germano-polonaise: c’est le début de la Seconde Guerre mondiale.

L'invasion de la Pologne par les armées allemandes le 1er septembre 1939 est l'événement qui a déclenché formellement la guerre en Europe. La France et le Royaume-Uni déclarent la guerre, alors que ces puissances n'avaient pas voulu faire lors des étapes précédentes de l'expansion de l'Allemagne hitlérienne, notamment l'annexion de l'Autriche, l'annexion des Sudètes et l'invasion de la Bohême-Moravie. Depuis le 1er novembre 1936, il existait une alliance officielle entre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste connue sous le nom d'Axe Rome-Berlin. La guerre d'Espagne avait servi de champ de manœuvre pour ces deux puissances qui soutenaient le camp franquiste.

[modifier] Situation de l’Europe en 1939

En 1939, bien qu’encore meurtrie par la Première Guerre mondiale, l’Europe domine largement le monde et ses colonies s’étendent sur toute l’Afrique et la majeure partie de l’Asie. Trois régimes totalitaires s’affirment sur le continent : l’Allemagne hitlérienne, l’Union des républiques socialistes soviétiques stalinienne et l’Italie fasciste.

[modifier] Les événements précédant la guerre en Asie

[modifier] 1894-1895 : guerre sino-japonaise

Le Japon, modernisé à partir de l’ère Meiji, développe depuis la fin du XIXe siècle sa puissance économique et militaire, s’accordant ainsi une place centrale et peu à peu hégémonique en Extrême-Orient.

Dès 1894, le Japon affronte la Chine au sujet d’une controverse sur la Corée. Cette guerre sino-japonaise, où de nombreux commentateurs prédisent la victoire de la Chine impériale face au petit Japon, voit l’armée nippone écraser les forces chinoises, notamment grâce à sa supériorité technologique. De cette victoire, le Japon obtient la cession de Formose (Taiwan), des îles Pescadores et de la presqu’île du Liaodong.

[modifier] 1904-1905 : Guerre russo-japonaise

Mais la Russie impériale, y voyant un moyen d’accroître son influence en Extrême-Orient, paie les dettes de guerre de la Chine auprès du Japon et, soutenue par l’Allemagne et la France, humilie Tōkyō en imposant la restitution de la péninsule de Liaodong à la Chine. La Russie et le Japon sont dès lors impliqués dans une lutte d’influence au nord-est de la Chine, alors dominée par les puissances occidentales. La Russie obtient la concession de la construction du « transmandchourien » et accroît sa présence militaire dans le secteur, avec notamment la création d’une base navale à Port-Arthur, au sud de la péninsule de Liaodong. La politique agressive des Russes les menant à s’intéresser à un développement de leur influence en Mandchourie et en Corée, le Japon s'en inquiète et tente dans un premier temps de négocier un partage des aires d’influence en Mandchourie. Mais la Russie ne prend pas en considération ces propositions et la conciliation n’aboutit pas.

C'est pourquoi en 1904 les Japonais détruisent sans déclaration de guerre une flotte russe dans la rade de Port-Arthur, puis une autre flotte russe en 1905, à la bataille de Tsoushima, c'est la Guerre russo-japonaise. Le Japon, bien préparé et proche de ses bases obtient ainsi la domination de la mer de Chine. À l’inverse, la Russie, minée par des tensions internes, dirigée à l’est par un commandement incompétent et ne parvenant pas à assurer une liaison militaire efficace avec l’ouest par son Transsibérien à voie unique, essuie aussi de lourdes défaites terrestres. La guerre russo-japonaise se solde en 1905 par un armistice qui humilie la Russie, laissant au Japon le Liaodong, la moitié de l’île de Sakhaline et la prééminence sur la Corée. Le Japon devient le premier pays asiatique à avoir vaincu une puissance occidentale, ce qui lui confère, auprès des peuples d’Extrême-Orient, un prestige qui subsistera jusqu’en 1945.

[modifier] La politique expansionniste japonaise de 1931 à 1945

Article détaillé : Expansionnisme du Japon Showa

En 1914, l'Empire du Japon déclare la guerre à l'Allemagne et récupère à la fin de la guerre les possessions allemandes du Pacifique.

En 1931, sous le prétexte d'incidents transfrontaliers, le Japon envahit le nord de la Chine qui devient en 1932 le Manzhouguo, État indépendant sous protectorat japonais. L'année suivante, le Japon quitte la SDN, puis, en 1937, profitant de la faiblesse d’une Chine secouée par la guerre civile entre des troupes communistes et celles du Kuomintang, il occupe une partie nord-est de ce pays dans une guerre sino-japonaise qui prendra de plus en plus d'ampleur.

Une tentative d’occupation de la Mongolie par l'armée shôwa est freinée en 1939 par l'Union soviétique qui lui inflige une cuisante défaite. Les deux nations conviennent alors d’un traité de non-agression.

Hirohito adopte alors en 1941 le plan de son état-major qui prévoit une occupation du sud-est asiatique et l'établissement d’une « Sphère de co-prospérité de la grande Asie orientale ». Cette expansion débute par l'occupation de l'Indochine française. Pour permettre l’accomplissement de son expansionnisme militaire sur l’Asie orientale et le contrôle des ressources de l’Asie du Sud-Est, le Japon doit cependant détruire la principale menace qui subsiste dans le Pacifique : la force navale américaine basée à Hawaii. Le 7 décembre 1941, l'empereur autorise donc l'attaque de Pearl Harbor, qui coïncidera avec l'invasion de la Malaisie et des Philippines.

[modifier] Notes et références

  1. abc Yves Durand, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p.59-78
  2. AA, initiales de Auswärtiges Amt, le ministère des Affaires étrangères allemand
  3. Charles Bloch, Le IIIe Reich et le Monde, Imprimerie nationale, 1986

[modifier] Bibliographie

Ouvrages généralistes

  • Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Fayard, 1986,
  • Yves Durand, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997
  • Charles Bloch, Le IIIe Reich et le Monde, Imprimerie nationale, 1986

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes