Ère Meiji

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Histoire du Japon
Samouraïs du fief de Satsuma lors de la guerre Bōshin
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Chronologie du Japon

L'ère Meiji (明治) est le nom de la période historique du Japon entre 1868 et 1912; elle est comprise entre l'ère Keiō (fin de l'époque Edo) et l'ère Taishō.

L'empereur Mutsuhito (睦仁) a pris pour l'occasion le nom de Meiji qui signifie gouvernement éclairé (mei 明 = lumière, clarté - ji 治 = gouvernement)

L'ère Meiji, également appelée « Restauration de Meiji », symbolise la fin de la politique d'isolement volontaire . Le Japon était, jusqu’à l'ère Meiji, un pays fermé. Entrer ou revenir dans le pays, sans autorisation expresse, était puni de mort immédiate, ceci pour les Japonais comme pour tout étranger. Cet état de chose appelé « sakokou » a donné au Japon 250 ans de paix intérieure. Cela a permis d’affiner et de perfectionner les arts, mais aussi, tout doucement, de se scléroser. Mis à part certains voyages très officiels vers la Corée et la Chine, les seuls contacts avec l’extérieur se faisaient à Nagasaki. Au Japon, tout au moins pendant ce sakokou, l’empereur (n’) était « que » le représentant d’Amaratsu, la déesse du soleil. Le pouvoir réel était détenu par le shogun. La famille Tokugawa a fourni tous les shoguns du sakokou. L’empereur « régnait » depuis son palais de Kyoto (toujours existant) et le Shogun dirigeait le pays depuis Edo, aujourd’hui Tokyo (500 km séparent les deux villes). En 1867, le shogun régnant a volontairement abdiqué, en refusant de nommer un successeur, déclarant que son devoir était de laisser le pays s’ouvrir pour permettre son évolution. Le pays était déjà soumis à la pression d'ouverture d’autres puissances étrangères dont notamment les U.S.A, ceci depuis 1853 (menace des canons de l'expédition américano-européenne commandée par Perry). Le jeune empereur Meiji, devenu empereur à la mort de son père en 1866, devint le représentant de cette Réforme.

L’ère Meiji, qui commence officiellement en janvier 1868, a choisi délibérément d’ouvrir le pays, permettant ainsi l’entrée organisée dans l’ère industrielle, et de sortir ainsi d’un régime essentiellement féodal. Il y a eu une petite guerre civile (voir thème du film Le Dernier Samouraï) due à des réflexes xénophobes et conservateurs. Cette Restauration a été inspirée « par le haut » et n’était pas due à une révolution populaire. La première grande réforme a été l’abolition de la classe guerrière des samouraïs. L’industrie, qui n’avait été que très légèrement développée, a été organisée au niveau de l’état. La première monnaie étatique a été frappée, ce qui a permis l’installation d’un système de taxes à l’échelon national. La marine militaire et civile s’est très fortement développée par l’achat de navires à l’étranger et la construction de nouveaux ports. Dès 1870, les chemins de fers se sont développés avec l’aide d’ingénieurs Anglais et en 1894, 3 380 km de voies étaient déjà en exploitation. Enfin, en 1885, une monnaie nationale a été créée. Une réforme spectaculaire a été la création du système d’éducation nationale. En 1885, le Japon a rejoint une convention internationale à propos du système métrique et, petit à petit, a adopté ce système (devenu complètement officiel et obligatoire dans les années 1950).

Les contacts avec les autres pays du monde se sont développés. Des négociations ont conduit à un traité des frontières avec la Russie, et en 1894, un traité d’égalité a été signé avec la Grande Bretagne. Le Japon s’est ouvert volontairement – quoique soumis aux pressions étrangères - mais n’a été « colonisé » par aucun autre pays (contrairement à plusieurs pays asiatiques).

Le christianisme, qui avait été interdit au début des shogunats, a de nouveau été autorisé. Il est à noter que le sentiment religieux au Japon est plutôt dilué et très tolérant. Le nombre de chrétiens Japonais est de moins de 8 %.

L’Empereur est devenu la seule représentation de l’autorité et ce, jusqu’en 1882, quand un premier ministre a été nommé. Des délégations s’étaient rendues en Europe pour étudier les diverses formes de gouvernement (à l’époque la France vivait les dernières années du second empire). La nouvelle constitution s’est fortement inspirée de la constitution allemande créée par Bismarck. L’Empereur étant redevenu l’autorité politique suprême en même temps qu’il restait demi dieu. Il était également le représentant de la déesse du soleil, l’animiste Shinto. Le shintoïste, qui était la religion originale du Japon a été redéveloppée et soutenue au détriment de la religion bouddhiste. Par la suite, cette tendance s’est légèrement renversée, principalement pour des raisons pratiques.

La constitution japonaise était devenue un genre de monarchie constitutionnelle, avec un empereur semi divin. L’empereur prenait les décisions, mais chacune d’elle devait être contre-signée par un ministre.

L'essor du commerce international et l'industrialisation du Japon, ainsi que son passage de la féodalité (abolition) à la « modernité  » occidentale (course aux technologies nouvelles et expansion de l'empire colonial, dans une perspective de partage du monde par l'occident). C'est aussi durant cette période que l'alcoolisme commence à faire des ravages parmi les populations rurales, sous l'impulsion des britanniques qui apportent régulièrement du whisky en grande quantité.

Résolument tourné vers la modernité, l'empereur Meiji invita, à grands frais, de nombreux spécialistes européens, en fonction du domaine où excellait leur nation : militaires prussiens ; chimistes et médecins allemands ; fonctionnaires, géomètres, recenseurs et ingénieurs navals[1] français ; ingénieurs insdustriels britanniques ; agronomes hollandais ; etc. Cette époque est aussi caractérisée par l'expansion du territoire japonais, calquée sur le modèle occidental.

Durant cette ère, de nombreux mots ont été créés pour enrichir la langue japonaise de termes désignant essentiellement des objets ou concepts occidentaux. Contrairement aux mots créés dans la deuxième moitié du XXe siècle, transposés directement depuis l'anglais, les mots créés durant l'ère Meiji l'ont été à partir des racines chinoises et des kanji. C'est le cas par exemple de 電話 (denwa), qui signifie téléphone (électricité - parole).


Synthèse

Le Japon de l’ère Meiji était en perpétuel état de crise, il recherchait un certain équilibre intérieur difficile à acquérir face à la complexité du monde extérieur. Le Japon de l’ère Meiji a la nostalgie du temps passé, mais son désir de changement le pousse à se révolter contre son passé. Ce fut une lutte épique qu’il livra pendant des années de bouleversement social, politique et culturel. Il sortira vainqueur de cette « lutte » en rêvant de grandes entreprises, et en réalisant, grâce à sa modernisation, des avancées dans les domaines de l’industrie, de l’économie, de l’agriculture et en matières d’échanges commerciaux.

Sommaire

[modifier] Chronologie

L’ouverture du pays

  • 1853 : le commodore Perry qui dirige l'expédition américano européenne (bateaux noirs) pénètre dans la baie de Tokyo. Son but est d’ouvrir le Japon au commerce avec l’Occident. Au Japon deux courants se forment, l’un plutôt pour le commerce avec l’Occident et l’autre totalement opposé.
  • Septembre 1864 : la flotte occidentale composée de navires américains, britanniques, hollandais et français tente de forcer le détroit de Chõshu en bombardant les côtes.
  • Juillet 1866 : un nouveau traité ramène les droits d’importations à 5% ce qui condamne les extrémistes et renforce le parti loyaliste.
  • Printemps 1867 : l’agitation et les idées de réformes sont si importantes que le shogun Yoshinobu du clan des Tokugawa est contraint de renoncer au pouvoir.

La restauration Meiji de 1868

  • 3 janvier 1868 : les troupes loyalistes s’emparent du palais impérial à Kyôto. Un conseil impérial réuni sur le champ abolit le bakufu. Le règne de l’empereur Mutsuhito qui n’a que quinze ans va commencer ici.
  • 6 avril 1868 : à Kyôto l’empereur Mutsuhito prête un serment en cinq articles qui annoncent les changements prévus par le nouveau régime et l’ouverture officielle du Japon.
  • Entre 1868 et 1869 : une guerre civile éclate au Japon. Guerre entre les armées des clans de Satsuma, de Chõshu, de Tosa et leurs alliés et, d’autre part, les troupes appartenant au gouvernement shogunal d’Edo et les clans qui lui restèrent fidèles.
  • 1871 : le yen remplace l’ancienne monnaie du Japon. Le Shinto (religion caractérisée par une quasi-divination de l’empereur) redevient une religion d’État.
  • 1872 : un système scolaire obligatoire est instauré. Une ligne ferroviaire reliant Tôkyo à Yokohama est ouverte.
  • 1er janvier 1873 : le calendrier grégorien remplace le calendrier luni-solaire d’origine chinoise.
  • 1876 : le port du sabre est interdit ce qui va provoquer une année plus tard la révolte du clan de Satsuma.
  • 10 octobre 1882 : le Nihon Ginkô est crée (la banque du Japon).
  • 11 février 1889 : une Constitution institue un régime représentatif. Elle établit deux chambres l’une élue au suffrage censitaire, l’autre ; la Chambre des pairs.
  • Entre 1894 et 1895 : la guerre éclate entre la Chine et le Japon (sino-japonaise). Le conflit est dû aux problèmes d’expansion territoriale. Le Japon remportera facilement cette guerre.
  • 1890 : première session parlementaire sous la constitution Meiji
  • 1895 : Taiwan est annexé.
  • 1900 : le Japon participe, aux côtés des puissances occidentales à la répression de la révolte des Boxers en Chine.
  • 1902 : le Japon s’allie à la Grande-Bretagne rivale de la Russie en Asie.
  • 1904 et 1905 : le Japon entre en conflit avec la Russie ( guerre russo-japonaise )
  • 1905 : traite de Portsmouth
  • 1907 : accords franco-japonais et russo-japonais
  • 1910 : traité d’annexion de la Corée
  • 1910 : la Corée est annexée.
  • 1912 : l’empereur Meiji meurt et l’Ère Meiji prend fin.

[modifier] Modernisation

[modifier] Les principales réformes et leurs conséquences

La pression d’autres pays (Etats-Unis, France, Angleterre, Sibérie, Russie) menaçait une colonisation du Japon. Le Japon décida alors de copier les nations occidentales et de s’industrialiser.

L’ouverture du pays vers l’étranger

Conséquences : l’ouverture du pays amena de nouvelles maladies comme le choléra, la dysenterie, la typhoïde ou encore la vérole. Les maladies, elles, vont créer une grande panique au sein de la population japonaise. Celle-ci va devenir très hostile aux étrangers.

L’ouverture du Japon vers l’étranger montre la fin d’une protection, dont ils avaient pu bénéficier contre les épidémies.

L’abolition des privilèges

Conséquences : les seigneurs doivent rendre leur domaine à l’empereur, les samouraïs se font interdire leur sabre, et les clans militaires sont brisés. L’empereur gouverne en « souverain absolu ».

Une armée nationale

Conséquences : une armée nationale est créée et le recrutement militaire est élargi. L’armée devient une armée de métier et n’est plus une armée basée sur des clans (castes) économiques.

Le développement des moyens de transport

Conséquences : les moyens de transport, comme le train (chemin de fer), facilite le déplacement au sein même du pays.

La création du Yen (nouveau système bancaire -monnaie unique-)

Conséquences : le Yen va fortement faciliter les échanges commerciaux entre le Japon et l’occident (aussi entre les autres pays asiatiques).

Le Shintoïsme, religion d’Etat

Conséquences : une séparation se crée entre les shintoïstes et les bouddhistes.

L'éducation

Conséquences : l’enseignement devient obligatoire. L’état crée des écoles publiques très rapidement. Grâce à l’enseignement et à une philosophie compétitive, une nouvelle forme d’élite apparaît.

Le statut de la femme

Conséquences : bien que le droit de vote n'ait été accordé aux femmes que bien plus tard (1945), leur statut, qui au Japon n’était pas aussi contraint qu’ailleurs, s’est encore libéralisé.

Pour la population, la « Restauration de Meiji » a permis une grande liberté de déplacement, ouvert des professions et des carrières, qui, auparavant, étaient réservées à certaines classes.


[modifier] Économie

[modifier] Technique

  • création d'une ligne télégraphique entre Tōkyō et Yokohama en 1869
  • création d'une ligne de chemin de fer entre Tōkyō et Yokohama en 1872
  • premier pont en fer sur la rivière Sumida en 1887
  • création de l'unité monétaire japonaise en 1871, introduction de la monnaie fiduciaire (yen) sous forme de billets de banque convertibles en argent (1885), et mise en place d'un système bancaire (1882). C'est le point de départ pour l'industrialisation du Japon.

[modifier] Politique

Masayoshi Matsukata, quatrième premier ministre de l'Empire du Japon sous l'ère Meiji.
Masayoshi Matsukata, quatrième premier ministre de l'Empire du Japon sous l'ère Meiji.
  • restauration du pouvoir de l'empereur, le Shogun étant discrédité après l'accord passé lors de l'expédition américaine Perry.
  • constitution en 1889
  • le calendrier luni-solaire d'origine chinoise est remplacé par le calendrier grégorien en 1873
  • reconstitution du shintoïsme qui devient la religion nationale, séparée clairement du bouddhisme
  • séparation du pouvoir législatif et exécutif
  • Mot d'ordre : « esprit japonais et méthodes occidentales »
  • Mise en place d'un nouveau système éducatif

[modifier] Expansion militaire

[modifier] Autres faits marquants

  • Déplacement de la capitale de Kyōto à Tōkyō le 6 novembre 1868
  • Serment des cinq articles (avril 1868).
    • Art. 1: Nouvelles décisions prises par voie de discussion publique
    • Art. 2: Affaires du gouvernement réglées par les supérieurs et inférieurs ensemble
    • Art. 3: Chacun doit pouvoir accomplir sa vocation
    • Art. 4: Coutumes pernicieuses abolies
    • Art. 5: Le Savoir sera recherché dans le monde entier

Débute alors une lutte contre le temps perdu et contre la fin de l'isolement volontaire

  • L'instruction devient obligatoire (1871)
  • 1889 : Promulgation de la Constitution Meiji


[modifier] Impact Global

Le Japon, à la fin de l'ère Meiji, a atteint son but principal: arriver à la hauteur des puissances occidentales. Après avoir subi une révolution politique, sociale et industrielle, le Japon forme une grande puissance militaire, dont l'empereur Meiji peut être fier car il a accompli le but de sa restauration. De nos jours, l'instruction est toujours obligatoire au Japon ainsi que la monnaie du pays, le yen, qui persiste. De plus, la capitale a changé de nom, en passant de Kyotô à Tôkyô. En guise de reconnaissance, un temple portant le nom de Meiji Jingû a été construit à Tôkyô.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Voir Louis-Émile Bertin, qui menèrent la reconstruction/réorganisation de la marine japonaise.
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1868 - 1912
Taishō