Bernardino Ochino

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Bernardino Ochino (1487-1564), était un réformateur italien, né à Sienne en 1487. À un âge très jeune, il entra dans l'ordre des Frères mineurs de l'Observance. Vers 1510, il quitta momentanément l'ordre pour faire des études de médecine, puis le réintégra et évolua jusqu'à devenir le vicaire général de la partie cismontaine (Italie) (1533). Mais, aspirant à une règle plus stricte, il entra en 1534 dans le tout nouvel ordre des Capucins. Il était déjà devenu célèbre pour son zèle et son éloquence; et était un ami intime de l'Espagnol Juan de Valdés, Vittoria Colonna, Pietro Martire Vermigli, Carnesecchi, ainsi que d'autres qui encoureraient, plus tard, la suspicion d'hérésie; soit à cause de la modération de leur caractère ou à cause de la teinture évangélique de leur théologie.

[modifier] Œuvre

En 1538 il fut élu vicaire général de l'ordre des Capucins ; en 1539, pressé par Pietro Bembo il fit une visite à Venise et y délivra une remarquable série de sermons qui montraient une tendance délibérée vers le doctrine de la justification par la foi, ce qui apparaît de manière plus évidente dans ses dialogues qui ont été publiés la même année.

Il fut suspecté et dénoncé mais rien n'arriva jusqu'à l'instauration de l'Inquisition à Rome en juin 1542, à l'instigation de l'austère zélote Carafa. Ochino reçut, presque immédiatement, une citation à comparaître à Rome et se mit en route pour y obéir aux environs de la mi-août. Selon son propre récit, il fut découragé de se présenter en personne à Rome par les avertissements du Cardinal Contarini qu'il retrouva à Bologne en train de mourir d'un poison administré par ses adversaires du parti réactionnaire.

Il se dirigea alors vers Florence, et après quelques hésitations, traversa les Alpes pour se rendre à Genève. Il y fut cordialement reçu par Calvin et publia pendant deux ans plusieurs volumes de prédications, plus de tracts de controverse que de sermons, expliquant et revendiquant son changement de religion. Il adressa aussi des réponses à Vittoria Colonna, Tolomei et d'autres sympathisants italiens qui étaient très réticents à aller aussi loin que lui.

Sa propre rupture avec l'Église Catholique Romaine était décisive et irrémédiable, et il décrivait la doctrine de Luther de la justification par la foi seule comme le « articulus stantis vel cadentis ecclesiae », le point central dont l'acceptation ou le refus entraînait tout avec lui.

En 1545, il devint ministre (pasteur) de la congrégation protestante italienne d'Augsbourg, qu'il fut obligé d'abandonner quand, en Janvier 1547, le cité fut occupée par les forces impériales. Il trouva asile en Angleterre, où il reçut une charge à Canterbury et une pension de la bourse personnelle du roi Édouard VI. Il y composa son œuvre capitale « La tragédie du libre arbitre ». Cette œuvre remarquable, à l'origine écrite en Latin, ne subsiste plus que dans la traduction de l'Evêque Ponet, un magnifique exemple d'une langue anglaise très nerveuse.

La forme de l'œuvre - très dramatisée - est celle d'une série de dialogues. Lucifer, mis en rage par l'expansion du royaume de Christ, convoque ses vassaux dans un grand conseil et résout de promouvoir le Pape au rang d'antéchrist. L'État, représenté par l'empereur Phocas est persuadé fermer les yeux sur l'abus d'autorité spirituelle du pape. Les autres églises sont intimidées jusqu'à ce qu'elles acquiescent. Les projets de Lucifer semblent alors pleinement accomplis, quand le Ciel suscite Henri VIII d'Angleterre et son fils pour les mettre à bas.

La conception de l'œuvre marque une remarquable ressemblance avec le « Paradis Perdu » de John Milton. Et il est presque sûr que Milton, dont les sympathies avec la Réforme Italienne étaient si fortes, avait du développer avec les réformateurs italiens de solides accointances.

Plusieurs des prédications d'Ochino ont été traduites en anglais par une dame, Lady Anna Cook qui devint l'épouse de Sir Nicolas Bacon. Il publia de nombreux traités de controverses sur le continent.

En 1553, l'accession au pouvoir de Marie Stuart, de religion catholique, le chassa d'Angleterre. Il devint pasteur de la congrégation italienne de Zurich, composée principalement de réfugiés de Locarno et il continua à écrire des livres qui montraient sa désaffection croissante pour la stricte orthodoxie qui régnait autour de lui.

Le plus important de ses livres fut Les labyrinthes du libre arbitre, une discussion sur le libre arbitre qui attaquait en sous-main la doctrine calviniste de la prédestination.

En 1563, la tempête qui couvait depuis longtemps des critiques publiques se déchaîna à l'occasion de la publication des Trente Dialogues.

Dans l'un deux ses adversaires maintenaient qu'il avait justifié la polygamie sous couleur d'une prétendue réfutation. Ses dialogues sur le divorce et la trinité étaient aussi détestables. On ne l'autorisa pas à s'expliquer. Ochino fut bani de Zurich, et, après s'être vu refusé un asile par les autres cités protestantes, dirigea ses pas vers la Pologne, à cette époque l'état le plus tolérant d'Europe.

Il n'y résidait pas depuis très longtemps quand apparut un édit qui bannissait tous les dissidents étrangers. Fuyant le pays, il rencontra la peste à Pinczoff ; trois de ses quatre enfants furent emportés, et lui même - épuisé par la mauvaise fortune - mourut dans la solitude et l'obscurité à Schlakau en Moravie, à la fin de 1564.

Sa réputation auprès des Protestants de cette époque était si mauvaise qu'il fut accusé d'être l'auteur du traité « De Tribus Impostoribus » aussi bien que d'avoir mis en pratique sa soi-disant approbation de la polygamie. Il était réservé à son biographe Karl Benrath de justifier sa mémoire et de le représenter comme un fervent évangéliste ainsi que comme un penseur spéculatif avec une réelle passion pour la libre investigation, toujours à apprendre et à désapprendre et débattant de sujets très difficiles avec lui même dans ses dialogues. Très souvent d'ailleurs sans atteindre une conviction absolue.

La tendance générale de sa pensée - néanmoins- était contraire à la tradition, et il est remarquable qu'il résume dans sa propre histoire toutes l'évolution la théologie protestante de Luther à Socin.

Il est aussi intéressant pour les Anglais à cause de sa résidence en Angleterre et pour l'influence probable d'une ou plus ce ses œuvres sur Milton.

Toutes les informations disponibles concernant Ochino ont été collectées par l'excellent biographie de Karl Benrath (en allemand) traduite en anglais par Miss Helen Zimmern, avec une préface du Rev. W. Arthur, (Londres) 1876.

[modifier] Voir aussi


Autres langues