Critique radicale

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La critique radicale est une branche de la philologie. Elle étudie les origines et les sources d'un texte. La critique radicale s'applique à tous les "textes fondateurs", qu'il s'agisse de l'Iliade ou de l'Odyssée, de la Bible, du Coran ou du Tao Të King attribué à Lao-Tseu. En Occident, ce travail connut une certaine notoriété en raison des conséquences théologico-politiques qu'il eut sur le christianisme occidental.

La critique radicale se concentre en particulier sur les sources ayant contribué au document et détermine qui en était l'auteur, la date et le lieu de composition du texte. Elle s'intéresse aussi aux sources externes des textes[1]. On oppose la critique de sources ou critique radicale à la critique textuelle, qui tente d'établir la version originale d'un texte ou les divers textes intermédiaires qui s'en rapprochent.

Sommaire

[modifier] Critique de sources et critique radicale

À l'origine, la critique radicale se référait à la pratique d'un groupe de chercheurs biblistes allemands siégeant à Tübingen, parmi lesquels :

qui commencèrent vers la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle à analyser les archives historiques du Moyen-Orient au Ier siècle de l'ère commune et des temps bibliques de l'Ancien Testament, à la recherche de la confirmation indépendante des événements relatés dans la Bible. Leur généalogie intellectuelle se situe chez Locke, Hume, Kant, Lessing, Fichte, Hegel, et les rationalistes français.

Ces idées ont voyagé en Angleterre avec Coleridge et plus encore avec les traductions anglaises par George Eliot de la vie de Jésus de Strauss (1846) et de l'essence du christianisme de Feuerbach (1854). La Vie de Jésus, (1863), par Ernest Renan (1823-1892), continuait la même tradition.

Trois ans avant la parution de la Vie de Jésus, les théologiens libéraux anglicans avaient commencé le processus d'intégration de cette critique historique dans le domaine de la doctrine chrétienne dans Essays and Reviews (1860). Dans le catholicisme, L'Évangile et l'Église (1902), par Alfred Loisy conçu pour réfuter l'Essence du christianisme, une conférence publiée par Adolph von Harnack, moins inspiré que Renan, révéla au grand public la crise moderniste (1902-1961).

Avec les travaux de chercheurs ou de théologiens tel Rudolf Bultmann, la critique radicale de la Bible a été employée pour la "démythologiser". Ce type de travaux sont ressentis comme une menace par certains courants chrétiens les plus traditionnels et des courants récents du judaïsme qui lisent dans la Bible les fondements historiques d'Israël.

[modifier] Condamnations dogmatiques de la méthode radicale

Chez les catholiques romains, le pape Léon XIII condamnait les « erreurs du rationalisme et de la critique radicale » dans l'encyclique Providentissimus Deus de 1893, qui permettra à Merry del Val d'excommunier Alfred Loisy. Le pape Pie X dénonça, lui, la critique radicale dans sa constitution apostolique Lamentabili.

Certains fondamentalismes, dans le protestantisme et le judaïsme, décrètent qu'une critique radicale est hérétique car ils affirment que la Bible est la parole de Dieu insufflée dans les patriarches, prophètes et apôtres.

Les chercheurs juifs [2] et chrétiens libéraux[3] répondent en précisant que la croyance en Dieu n'a rien à voir avec le fait de croire qu'un certain texte, en l'occurrence la Bible ou les Évangiles, a plus d'un auteur. De plus, ils soulignent le raisonnement circulaire qui consiste à employer des affirmations bibliques pour « prouver » l'authenticité ou l'historicité de la Bible.

[modifier] Notes et références

  1. le cas Gilgamesh est bien connu, comme celui de la loi du Talion, fréquemment mal interprétée faute de comparatisme
  2. Rabbi Marcus Jastrow, membre des 1883 de la SBL, Society of Biblical Litterature. Voir aussi les célèbres débats entre Abraham Joshua Hershel v/ le rabbin Hircsh, largement cité par Geneviève Comeau, Catholicisme et judaïsme dans la modernité, Une comparaison, éd. Cerf, Cogitatio fidei n° 210, 1998
  3. Le Libéralisme théologique, revue Problèmes d'Histoire des Religions, Université Libre de Bruxelles

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Christianisme

  • (fr) (de) (nl) Dutch Radikal Kritik le lien pointe sur la partie française du site mais le contenu différent publié en allemand ou en néerlandais est encore plus caractéristique que la partie francophone. En bibliothèque, il est encore possible de trouver le livre fondateur de Gustav Adolph Van den Bergh van Eysinga, Die hollandische radikale Kritik des Neuen Testaments, Jena, 1912.
  • La Vie de Jésus d'Ernest Renan
  • Journal of Higher criticism (en anglais)
  • Catholic Encyclopedia article « Biblical Criticism (Higher) » (en anglais) Cet article est un excellent exemple du tour d'esprit développée par la Crise moderniste ; la Catholic Encyclopedia publie son texte de 1908.

[modifier] Islam

  • recension de Jacqueline Chabbi, la légende de Mahomet, Le Seigneur des tribus. L'Islam de Mahomet., Paris, Noesis, 1997.
  • Alfred-Louis de Prémarre, Les Fondations de l'Islam : Entre écriture et histoire, Seuil.
  • Rhétorique sémitique : Textes de la Bible et de la Tradition musulmane (Collectif) CERF.
  • Youssef Seddik, Le Coran, autre lecture, autre traduction Editions Barzakh/de l'Aube.
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