Belem

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Le Belem à quai à Bordeaux pour Bordeaux fête le fleuve édition 2007.
Le Belem à quai à Bordeaux pour Bordeaux fête le fleuve édition 2007.
Le Belem lors de son entrée dans le port de Bayonne
Le Belem lors de son entrée dans le port de Bayonne

Le Belem (1896) est le dernier trois-mâts barque français et le plus ancien trois-mâts en Europe en état de navigation[1]. Cet ancien voilier de charge, plusieurs fois transformé, est aujourd'hui reconverti dans le cabotage et offre des stages d'initiation et de découverte aux passionnés.

Sommaire

[modifier] L'histoire du Belem

Lancé le 10 juin 1896, seulement 7 mois après sa commande aux chantiers Dubigeon de Nantes par la maison Crouan, spécialisée dans le transport du cacao pour le compte des chocolateries Menier, il est affecté à la flotte des « Antillais » et peut transporter jusqu'à 675 tonnes de fret.

Son premier voyage, sous les ordres du capitaine Lemerle, surnommé le merle noir, fut un demi-succès, un incendie à l'approche des côtes d'Amérique du Sud ayant détruit une partie de la cargaison. Bon marcheur, ce voilier de petit tonnage, comparé à la flotte des voiliers cap-horniers de l'époque, n'effectuera pas moins de 32 campagnes jusqu'à sa retraite commerciale en 1914.

Ces campagnes se feront principalement en direction de Belém, port situé sur la rive sud du bras méridional de l'embouchure du fleuve Amazone. Mais le Belem connaîtra bien d'autres destinations, telles que Montevideo en Uruguay, ou la Martinique aux Antilles d'où il échappera de peu à la colère de la montagne Pelée en 1902. En effet, l'entrée du port lui est refusée par manque de place, et il doit aller mouiller à l'autre bout de l'île, ce qui le sauvera. C'est d'ailleurs le Belem qui secourra les trois rescapés de la catastrophe.

L'équipage est alors composé de seulement 13 hommes dont les conditions de vie à bord sont rudes. En effet, il faut manier plus de 1 000 m2 de voiles. Le gréement est alors celui d'un trois-mâts barque, la brigantine triangulaire ne portant curieusement pas de vergue. Mâts et espars sont en bois, cordages en chanvre et voiles en coton.

L'expansion des bateaux à vapeur, plus fiables et plus réguliers pour la navigation commerciale, rend le Belem obsolète. En 1914, il est racheté par le Duc de Westminster à des fins de yachting. Le Belem entame une nouvelle vie en tant que luxueux navire de croisière. À cette époque, il est profondément transformé pour assurer le confort du propriétaire et de ses invités.

La cale est transformée en cabines confortables et l'on peut accéder, par un escalier à double révolution, à un salon vitré, décoré en acajou de Cuba et monté sur le pont. Ceci imposera malheureusement que les basses voiles, très puissantes auparavant, soient retaillées. Les bas-mâts sont changés pour des tubes d'acier. On le dote aussi de 2 moteurs suédois Bollinder de 250 ch dont l'échappement se fait au travers du mât d'artimon, devenu creux. Du coup, avec la réduction de moitié de la grand-voile et de la misaine, la traînée hydraulique provoquée par les deux grosses hélices quadripales d'1,20 mètre de diamètre et l'augmentation du fardage (salon de pont et dunette surélevés) ont lourdement obéré ses très bonnes capacités nautiques à la voile. Il a pratiquement perdu 2 nœuds de vitesse ne remonte quasiment plus au vent ! En contre-partie, il peut naviguer par tous les temps et manœuvrer seul dans tous les ports du monde, ce qui correspond bien aux attentes de son nouveau propriétaire.

Le Belem au large de Belle-Ile, 2008
Le Belem au large de Belle-Ile, 2008

Le beaupré, en acier depuis son origine, a été aussi raccourci, ramenant le centre de poussée vélique vers l'arrière et le rendant un peu plus ardent. Du coup, avec le gréement qu'il possède de nos jours, il ne peut pas porter toute sa brigantine aux allures de près sans le déséquilibrer, ce qui limite aussi la puissance de son gréement. Cependant, dépasser les 60 mètres de longueur hors-tout pouvant avoir des conséquences financières importantes en termes de redevances portuaires, le rallongement de cet espar afin de porter un ou deux focs supplémentaires n'est pas envisageable[2].

Racheté en 1921 par Sir Arthur Ernest Guinness, il est rebaptisé Fantôme II. À dater de cette époque, le Belem va beaucoup naviguer, effectuant de très longs voyages. Cependant, même s'il a fait le tour du monde par les canaux de Panama et de Suez, il n'a jamais passé le cap Horn. Ces voyages cesseront en 1939, avec la mort de Sir Guinness et le début de la Seconde Guerre mondiale. Le Belem trouve alors refuge à l'Île de Wight où il sera miraculeusement épargné par les bombardements mais son gréement subira de grosses avaries. Il servira de base à une unité des Forces navales de la France Libre.

Il appareille en 1952 pour Venise où son nouvel acquéreur, la fondation Cini, en fait un navire-école. Il est rebaptisé une fois de plus : Giorgio Cini. Ré-armé avec un dortoir dans l'entrepont, le gréement devient celui d'un trois-mâts goélette, plus facile à manœuvrer.

En 1972, les carabiniers le rachètent pour la lire symbolique car ils souhaitaient se doter d'un navire-école. Il est re-motorisé avec 2 moteurs Fiat de 300 ch mais sa nouvelle carrière fut courte. Le manque d'entretien pendant les années de guerre ne lui ont pas laissé fière allure et, rapidement, il est jugé trop vétuste pour emmener des cadets en mer. Les chantiers navals de Venise le remettent plus ou moins en état de naviguer, le gréement est remonté comme à l'origine en trois-mâts barque (le grand mât reprend son phare carré).

Détail d'ornementation de la poupe du Belem.
Détail d'ornementation de la poupe du Belem.

En 1976 et toujours pour une lire symbolique, les militaires cèdent le trois mâts à un chantier vénitien qui, après une toilette sommaire, le propose à la vente.

C'est par hasard qu'un passionné de vieux gréements, le docteur Gosse, le retrouve. Grâce à une association (l'ASCANF), une grande banque française, la Caisse d'épargne, rachète le dernier grand voilier en acier français afin de le ramener dans son pays d'origine. Le 17 septembre 1979, le Belem arrive enfin à Brest remorqué par un bâtiment de la Marine nationale, l'Éléphant.

En 1980, le Belem est donné à la fondation Belem créée la même année (et reconnue depuis d'utilité publique). Afin de sensibiliser l'opinion et de récolter des fonds pour sa réhabilitation, il est amarré à Paris, près de la tour Eiffel et est en grande partie restauré à cet endroit.

En 1984, le Belem est classé monument historique, comme l'autre grand voilier français, le Duchesse Anne qui, lui, ne navigue pas.

Depuis 1986, le Belem a entamé une nouvelle carrière de représentant de la marine à voile. Il prend à son bord des stagiaires de tous âges pour leur faire découvrir la navigation traditionnelle au moyen de stages de 2 à 10 jours. Outre l'équipage de 16 hommes (capitaine et cook compris) il peut emmener jusqu'à 48 stagiaires répartis en 4 groupes. Il fait ainsi du cabotage le long des côtes françaises et européennes et quelques voyages en Atlantique grâce au mécénat du Groupe Caisse d'épargne au travers de la Fondation Belem. Il participe aussi aux rassemblements internationaux de grands voiliers.

[modifier] Caractéristiques techniques

Coque Propulsion, Équipements Mâture et gréement

Coque rivée, tout acier
Longueur de coque sans beaupré : 51 m
Longueur de coque hors tout : 58,50 m
Longueur à la flottaison : 48 m
Largeur au maître-bau : 8,80 m
Déplacement en charge : 750 t

2 moteurs diesel Fiat Iveco 300 ch (224 kW) chacun
2 lignes d'arbre, 2 hélices 4 pales de 1,20 mètre de diamètre
4 groupes électrogènes
Réservoir de gazole : 40 t
Autonomie : 24 jours à 7 nœuds (13 km/h), 4 000 milles marins (7 400 km)
Réserves d'eau douce : 20 t
Production : 3 t/jour par osmoseur
Guindeau électrique et 3 cabestans de pont

Mâts en acier 2 parties (bas mât, mât de hune)
Hauteur du grand mât : 34 m
Vergues : en acier pour les trois plus basses
en bois pour les perroquets et cacatois
Croisure maximale grande vergue : 19,50 m
Surface totale de voilure : 1 200 m2 environ
Nombre de voiles (carrées et d'étai): 21
plus de 2 500 mètres de cordages, filins, câbles...
220 points de tournage des manœuvres courantes
250 poulies simples, doubles ou triples

Équipage Performances

16 hommes d'équipage
1 commandant, 1 second, 2 lieutenants
1 chef mécanicien, 2 cuisiniers, 7 gabiers instructeurs
Stagiaires embarqués : 48 maximum

Vitesse maxi au moteur : 9 nœuds (17 km/h)
Possibilité de remonter au vent : 75°
Durée d'établissement de la voilure : 30 à 40 min
Durée pour serrer toute la voilure : 50 à 60 min
Durée d'un virement de bord : 15 à 20 min

[modifier] Un Belem peut en cacher un autre

Le trois mâts barque Belem ici présenté était initialement un bâtiment de la Compagnie Denis Crouan et Fils immatriculé à Nantes. Il ne faut pas le confondre avec un autre trois-mâts barque "Belen" ayant appartenu à la Compagnie Celtique Maritime, également nantaise, qui lui était un cap-hornier[3].

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Cependant, les trois-mâts barques américains Star of India et Elissa datent respectivement de 1863 et de 1877, sans compter la Frégate américaine USS Constitution qui est son aînée de près d'un siècle
  2. confidence d'un capitaine du Belem
  3. Cf. sur le site des cap-horniers nantais [1]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens et documents externes

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