Bataille du fossé

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En 627, la bataille du fossé[1] est un des épisodes de la guerre entre le prophète Mahomet (Mohammed) exilé à Médine et les habitants de La Mecque qui l'avaient contraint à l'exil en 622. Elle est aussi appelée bataille de la tranchée, ou bataille des coalisés, ce dernier nom se réfère à la sourate XXXIII intitulée Les Coalisés qui prophétise le déroulement et l'issue de la bataille.

[modifier] Histoire

A cause des persécutions que Mahomet et les siens subirent à La Mecque, les musulmans mecquois émigrèrent à Médine (appelée alors Yathrib) en 622. Ce fut le début de l’hégire. Mahomet devint le dirigeant de Médine et rédigea le traité de Médine, une des premières constitutions. Cette constitution fut acceptée par toutes les tribus de Médine, qu’elles soient arabes ou juives. Un des articles de cette constitution oblige toutes les parties de défendre Médine contre toute attaque étrangère. En 624, Mahomet et les siens avaient gagné la bataille de Badr contre les mecquois. En 625, menés par Abû Sufyân, les mecquois du clan Quraychite avaient gagné la bataille de `Uhud. Mahomet y passe même pour mort. Après cette bataille, la tribu juive des Banû Nâdir complotèrent pour assassiner le prophète Mahomet. En conséquence de cette trahison, ils ont été exilés vers Khaybar.

La tribu polythéiste des Quraych de La Mecque lança une troisième et dernière attaque contre Médine en 627. Ce fut la bataille du fossé. Les Quraych voulaient se débarrasser une fois pour toute du prophète Mahomet et de la communauté musulmane de Médine. Ils formèrent une coalition avec la tribu juive des benû-Nâdir et les deux armées d’environ 10 000 hommes et 1000 cavaliers marchèrent sur Médine.[2]

Le prophète Mahomet fut averti de cette attaque et réunit ces compagnons pour discuter de la marche à suivre. Un persan nommé Salman (سَلمَانُ الفَارِسِيُّ [salmān al-fārisīy])[3] conseilla au prophète Mohammed de creuser un fossé autour du camp des musulmans afin de briser les charges de cavalerie. Le fossé faisait 20 coudées (10 mètres) de profondeur et 20 coudées de large. Selon différentes sources, il fallut tout un mois pour le creuser[4] ou seulement 6 jours.[5] Cette tactique courante chez les perses était inconnue des arabes. Médine étant pourvue de remparts, le fossé ne fut creusé qu’aux endroits où ceux-ci manquaient. Ces remparts étaient gardés par différentes tribus de Médine, dont la tribu juive des Banû Qurayza.

Lorsque le fossé fut fini, Mahomet et son armée de 3000 hommes campèrent derrière pour attendre leurs ennemis, les coalisés. Les femmes et les enfants avaient prit refuge dans la maison fortifiée du poète médinois Hassân ibn Thâbit. Les armées ennemies arrivèrent et mirent le siège devant la ville. 26 jours passèrent sans qu’aucun vrai combat n’ait été engagé, mis à part quelques échanges de flèches et quelques assauts infructueux de la cavalerie des coalisés. Un de ces assauts fut mené par ‘Amr ibn ‘Abd ‘Wudd qui avait vaillamment combattu à la bataille de Badr. `Alî et quelques hommes allèrent s’opposer a eux. ‘Amr leur demanda de se battre en duel avec l’un d’entre eux. `Alî accepta le duel et tua ‘Amr ibn ‘Abd ‘Wudd.[6]

Après une vingtaine de jour de siège, les vivres commencèrent à manquer dans les deux camps. Le prophète voulu signer la paix avec l’ennemi pour alléger les souffrances de son peuple. Les chefs des principales tribus médinoises comprirent que Mahomet ne voulait signer la paix que pour leur bien. Alors ils lui demandèrent de ne pas signer, ce qu’il fit.[7]

Abû Sufyân avait une alliance avec la tribu juive des Banû Qurayza. Ceux-ci avaient accepté de laisser entrer les troupes pour attaquer les musulmans malgré le traité qu’ils avaient signé avec le prophète Mahomet. Un nouveau converti, Nu`aym ibn Mas`ûd vint trouver le prophète Mahomet et lui offrit ses services. Sa conversion n’était pas encore connue de l’ennemi et il alla chez les Banû Qurayza pour essayer de semer la discorde. Il leur fit croire qu'Abu Sufyan risquerait en cas de défaite de les laisser sans protection. Il conseilla donc aux Banû Qurayza de demander des otages en échange du passage. Nu`aym ibn Mas`ûd alla ensuite trouver Abu Sufyan et ses compagnons. Il leur déclara que les juifs s'étaient repentis de leur conduite envers Mahomet et qu’ils allaient leur demander des otages pour les donner aux musulmans. La ruse de Nu`aym fonctionna et sauva la ville. [8]

Le siège des coalisés fut finalement rompu lorsqu’une tempête ravagea le camp des coalisés en épargnant celui du prophète Mahomet. Les musulmans croient que ce fut la conséquence d’une intervention divine.

Tout de suite après la victoire inattendue des médinois, le prophète Mahomet s’occupa de la traîtrise des Banû Qurayza. Les musulmans croient que c’est à l'instigation de l’ange Gabriel. Les Banû Qurayza n’avaient pas seulement refusé de combattre aux côtés du prophète Mahomet, au mépris du traité de Médine, ils avaient aussi manigancé avec les coalisés. Si leur plan avait réussi, il aurait causé la mort de nombreux civils et de tous les musulmans de Médine.

Le prophète Mahomet les assiégea. Après vingt-cinq nuits de siège, les Banû Qurayza acceptèrent de se rendre au jugement de Sa`d ibn Mu`âdh, un homme de leur propre clan. Sa`d fut blessé d’une flèche lors de la bataille du fossé et fut transporté auprès du Prophète. Il demanda aux deux parties si elles accepteraient son jugement, chose qu’elles ont faite. Sa`d ibn Mu`âdh dit alors[9] « Mon jugement sur les Banû Quraydha sera : que les hommes soient tués, que leur biens soient répartis entre les musulmans et que les femmes et les enfants soient bannis. ». Le prophète Mahomet répondit « Ton jugement, Sa`d, est le jugement de Dieu. ».

La plupart des hommes de la tribu des Banû Qurayza furent alors exécutés pour trahison et la plupart des femmes et des enfants furent réduits en esclavage[10] ou plus vraisemblablement bannis[11]. Cette dernière explication provient de la bibliographie de Ibn Hischâm qui est la plus ancienne source historique de la vie du prophète Mohamed.

[modifier] Dans le Coran

La sourate XXXIII Les coalisés[12] aurait prédit cette bataille et son issue. Le terme coalisés désigne les quraychites de la Mecque alliés à d'autres tribus arabes et aux tribus juives de Médine ayant trahi leur alliance avec le Prophète.

« *Ô vous qui croyez! Rappelez-vous le bienfait de Dieu sur vous, quand des troupes vous sont venues et que Nous avons envoyé contre elles un vent et des troupes que vous n'avez pas vues. –Dieu demeure Clairvoyant sur ce que vous faites–

  • Quand ils vous virent d'en haut et d'en bas de toutes parts, et que les regards étaient troublés, et les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur Dieu toutes sortes de suppositions...
  • Les croyants furent alors éprouvés et secoués d'une dure secousse.
  • Et quand les hypocrites et ceux qui ont la le doute au cœur disaient: « Dieu et Son messager ne nous ont promis que tromperie ».
  • De même, un groupe d'entre eux dit: « Gens de Yathrib ! Ne demeurez pas ici. Retournez chez vous ». Un groupe d'entre eux demande au prophète la permission de partir en disant: « Nos demeures sont sans protection », alors qu'elle ne l'étaient pas : Ils ne voulaient que s'enfuir.
  • Et si une percée avait été faite sur eux par les flancs de la ville et qu'ensuite on leur avait demandé de renier leur foi, ils auraient accepté certes, et n'auraient guère tardé,
  • tandis qu'auparavant ils avaient pris l'engagement envers Dieu qu'ils ne tourneraient pas le dos.
–Et il sera demandé compte de tout engagement vis-à-vis de Dieu.–
  • Dis: « Jamais la fuite ne vous sera utile si c'est la mort sans combat ou le meurtre dans le combat que vous fuyez; dans ce cas, vous ne jouirez de la vie que peu de temps ».
  • Dis: « Quel est celui qui peut vous protéger de Dieu, s'Il vous veut du mal ou s'Il veut vous accorder une miséricorde? »
–Et ils ne trouveront pour eux-mêmes en dehors de Dieu, ni allié ni défenseur–
  • Certes, Dieu connaît ceux d'entre vous qui suscitent des obstacles, ainsi que ceux qui disent à leurs frères: « Venez à nous », tandis qu'ils ne déploient que peu d'ardeur au combat,
  • Avares à votre égard. Puis, quand leur vient la peur, tu les vois te regarder avec des yeux révulsés, comme ceux de quelqu'un qui s'est évanoui par peur de la mort. Une fois la peur passée, ils vous lacèrent avec des langues affilées, alors qu'ils sont chiches à faire le bien. Ceux-là n'ont jamais cru.
–Dieu donc, rend vaines leurs actions. Et cela est facile à Dieu–
  • Ils pensent que les coalisés ne sont pas partis. Or si les coalisés revenaient, ces gens-là souhaiteraient être des nomades parmi les Bédouins, et se contenteraient de demander de vos nouvelles. S'ils étaient parmi vous, ils n'auraient combattu que très peu.
  • En effet, vous avez dans le Messager de Dieu un excellent modèle, pour quiconque espère en Dieu et au Jour dernier et invoque Dieu fréquemment.
  • Et quand les croyants virent les coalisés, ils dirent: « Voilà ce que Dieu et Son messager nous avaient promis; et Dieu et Son messager disaient la vérité ».
–Et cela ne fit que croître leur foi et leur soumission–
  • Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Dieu. Certains d'entre eux ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore; et ils n'ont varié aucunement dans leur engagement ;
  • pour que Dieu récompense les véridiques pour leur sincérité, et châtie, s'Il veut, les hypocrites, ou accepte leur repentir.
–Car Dieu est clément et miséricordieux–[13]  »

[modifier] Notes

  1. arabe : ġazwa al-ḫandaq, غَزوة الخَندَق, bataille du fossé
  2. Jerald F. Dirks, "Understanding Islam, A guide for the Judaeo-Christian Reader", p. 190-191
  3. Salman s’était converti au christianisme au désespoir de son père qui était païen. Il voulu s’enquérir sur le prophète Mahomet et rejoignit une caravane dont les voyageurs le vendirent comme esclave. Il fut emmené à Médine ou il rencontra Mahomet et se convertit à l'islam.
  4. Tabari : La Chronique (Volume II, Mohammed le sceau des prophètes), Actes-Sud (ISBN 2-7427-3318-3) p. 224
  5. Jerald F. Dirks, "Understanding Islam, A guide for the Judaeo-Christian Reader", p. 192
  6. Ibn Hichâm, "La biographie du prophète Mahomet", p.266-267; Tabari : La Chronique (Volume II, Mohammed le sceau des prophètes), Actes-Sud (ISBN 2-7427-3318-3) p. 223-229
  7. Ibn Hichâm, "La biographie du prophète Mahomet", p.265
  8. Ibn Hichâm, "La biographie du prophète Mahomet", p.268-270
  9. Ibn Hichâm, "La biographie du prophète Mahomet", p.276
  10. Tabari : La Chronique (Volume II, Mohammed le sceau des prophètes), Actes-Sud (ISBN 2-7427-3318-3) p. 231
  11. Ibn Hichâm, "La biographie du prophète Mahomet", p.276
  12. arabe : al-ḥazab, الحَزب, pl. al-aḥazāb, الأحزاب, coalisé ; factieux
  13. Le Coran (XXXIII, 9-23)