Âjîvika

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Ajivika ou âjîvika (aussi écrit ajivaka - en prakrit; ou correctement en sanskrit: ājīvika) était une ancienne religion athéiste, philosophie et un mouvement ascètique du subcontinent indien. Les âjîvika étaient contemporains des premiers bouddhistes et des jaïns historiques. Les âjîvika croyaient que la transmigration de l'âme était déterminée par un principe cosmique, exact et non-personnel, appellé niyati (destin) et qui était donc complètement indépendant des actions personnelles.

Sommaire

[modifier] Makkhali Gosâla et les âjîvika

Parmi les « chefs de communauté » et les « fondateurs de secte » se détache avec une sombre majesté Maskarin (Makkhali) Gosâla, le chef des âjîvika. Ancien disciple et plus tard l’adversaire de Mahâvîra, il était considéré par le Bouddha comme son plus dangereux rival. Attaquées et vilipendées à l´envi par les bouddhistes, et de la même façon fortement critiquées par les jaïna, les doctrines et les pratiques des âjîvika se laissent difficilement reconstituer [1].

[modifier] La doctrine

Le canon âjîvika comportait un système complexe de philosophie, mais, en dehors de quelques citations conservées dans les livres des adversaires, rien n'a survécu. Et pourtant, le mouvement âjîvika a eu une longue histoire : précédant de plusieurs générations le bouddhisme et la forme contemporaine du jaïnisme (6e avant J.-C.), il n'a disparu qu'au XIVe siècle après J.-C. Makkhali Gosâla ne prétendait pas avoir fondé l'ordre âjîvika ; d'après un texte jaïna, le Bhagavadi Sûtra, il se considérait comme le 24e Tîrthankara de son époque et quelques noms de ses prédécesseurs légendaires sont même venus jusqu'à nous[2].

L'étymologie du terme âjîvika demeure obscure ; Hoernle l'explique par la racine âjîva, « manière de vivre ou profession d'une classe d'êtres », mais il pourrait aussi dériver de l'expression â jîvat « long comme la vie », allusion à la doctrine fondamentale qui affirme la nécessité du passage par un nombre considérable d'existences avant d'obtenir la délivrance[3].

Ce qui distinguait Gosâla de tous ses contemporains c'était son rigoureux fatalisme[4].

« L'effort humain est inefficace » (n'atthi purisakâra), tel était l'essentiel de son message et la clé de voûte de son système tenait dans un seul mot : niyati, la fatalité, le destin. Suivant le résumé du Sâmannaphalasutta, 54, Gosâla croyait qu'« il n'y a pas de cause, il n'y a pas de motif à la corruption des êtres, les êtres sont corrompus sans cause ni motif. Il n'y a pas de cause [...] à la pureté des êtres, les êtres sont purifiés sans cause ni motif. Il n'y a pas d'acte fait par soi, il n'y a pas d'acte fait par autrui, il n'y a pas d'acte humain, il n'y a pas de force[...], d'énergie[...], de vigueur humaine [...], de courage humain. Tous les êtres, tous les individus, toutes les créatures, toutes les choses vivantes sont sans volonté, sans force, sans énergie, ils évoluent par l'effet du destin, des contingences, de leur état même …» (trad.L.Renou)[5].

Autrement dit, Gosâla s'insurgeait contre la doctrine pan-indienne du karma. D'après lui, tout être devait parcourir son cycle à travers 8 400 000 mahakalpa, et à la fin la délivrance se produisait spontanément, sans effort. Ce déterminisme implacable, le Bouddha le jugeait criminel, et c'est pourquoi il attaqua Makkhali Gosâla plus qu'aucun autre parmi ses contemporains ; il considérait la doctrine de la niyati comme la plus dangereuse[6].

[modifier] Makkhali Gosâla

Disciple et compagnon de Mahâvîra pendant plusieurs années, Gosâla pratiqua l'ascèse, obtint des pouvoirs magiques et devint le chef des âjîvika. Il était connu comme taciturne (Samyuta Nikâya I, 66, disait qu'il « avait abandonné la parole ») et les fragments biographiques conservés par les écritures bouddhiques et jaïna donnent à penser qu'à l'instar des autres maîtres, Gosâla était un puissant magicien[7].

Il tue un de ses disciples par son « feu magique » (Basham, Ajîvika, p.60). C'est d'ailleurs à la suite d'un tournoi magique avec Mahâvîra que Makkhali Gosâla meurt (probablement entre 485-484 av. J.-C.). Selon les jaïna, il aurait décidé de se repentir, avant de rendre son dernier souffle, en affirmant qu'il s'était trompé[8].

[modifier] Initiation et pratiques dans l'ordre des âjîvika

L'initiation dans l'ordre âjîvika présentait le caractère archaïque des initiations dans les sociétés traditionnelles de mystères. Une allusion du commentaire au Tittira Jâtaka nous laisse entendre que le néophyte devait se brûler les mains en serrant un objet chaud[9].

Un passage du commentaire à Dhammapada nous révèle un autre rite d'initiation : le candidat était enterré jusqu'au cou et on lui arrachait les cheveux poil par poil. Les âjîvika allaient complètement nus, suivant une coutume antérieure, du reste, à l'apparition de Mahâvîra et de Makkhali Gosâla[10].

Comme tous les ascètes, ils mendiaient leur nourriture et se conformaient à des règles alimentaires très strictes; beaucoup mettaient un terme à leur vie en se laissant mourir de faim. Les bouddhistes et les jaïna mettaient cependant en doute l'ascèse de âjîvika ; les premiers les accusaient de mondanité, les jaïna de manquer de chasteté. Si l'on en croît Mahâvîra, Makkhali Gosâla estimait qu'un ascète ne pèche pas s'il a commerce avec une femme (d'après Jaina Suttra). Mais il ne faut pas oublier que, dans l'Inde, les pratiques sexuelles furent de tous temps utilisées soit pour acquérir des pouvoirs magiques, soit pour forcer l'obtention d'un état de béatitude[11].

Rien ne nous a été conservé concernant les techniques spirituelles des âjîvika. Il est vrai que Makkhali Gosâla occupe une position originale dans l'horizon de la pensée indienne : sa conception déterministe l'incitait à étudier les phénomènes naturels et les lois de la vie. Il a esquissé une doctrine des transformations au sein de la Nature (parinâmavâda) en se fondant sur des observations précises sur la périodicité de la vie végétale[12].

Mais tout ceci n'explique pas le succès populaire des âjîvika et leur survivance pendant deux millénaires[13].

La doctrine de la niyati n'avait rien pour attirer les gens: La morale des âjîvika était basée sur le fait qu'il ne fallait rien prendre au sérieux. Il faut supposer que la secte possédait ses traditions ascétiques et ses secrets de méditation, et que c'est à cet héritage ésotérique qu'elle a dû sa survivance ; ce que nous laissent entendre certaines allusions à une sorte de nirvâna, comparable au ciel suprême des autres écoles mystiques[14].

D'ailleurs, vers le Xe siècle après J.-C., les âjîvika, comme l'Inde entière, adhérèrent à la bhakti, et finirent par se confondre avec les Pancaratra[15].

[modifier] Littérature

  • A.L.Basham[1], History and Doctrine of the Ajivikas: A Vanished Indian Religion, London 1951;
  • A.F.R.Hoernle[2], Ājīvikas, [dans:] J. Hastings[3] (éd.), Encyclopaedia of Religion and Ethics, vol. I, Edinburgh 1908, 1925 (2e éd.), p. 259-268;
  • M.S.Zięba[4], Ājīvika, [dans:] A. Maryniarczyk[5] (éd.), Powszechna Encyklopedia Filozofii[6]], t. 1: A-B, Lublin 2000, s. 93-95.

[modifier] Référence(s)

  1. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  2. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  3. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  4. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  5. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  6. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  7. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  8. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  9. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  10. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  11. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  12. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  13. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  14. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506
  15. d'après Le yoga, immortalité et liberté de Mircea Eliade, ISBN 2228883506