Magie (surnaturel)

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« La magie est l'étude et la pratique du maniement des forces secrètes de la nature » — Papus[1].

Pourquoi ce « Magie », ce M majuscule ? peut-être pour ne pas confondre avec la magie au sens de prestidigitation[2], peut-être pour agrandir, magnifier l'aspect aventureux d'une entreprise souvent ridiculisée ou jugée inquiétante par les pouvoirs en place.

Dans de nombreuses cultures, les moyens mis en œuvre par la magie en tant que science occulte s’opposent, en effet, aux raisonnements scientifiques, ainsi qu’aux religions établies.

Les évolution des connaissances scientifiques, qui permettent d’expliquer des phénomènes comme la foudre, les mouvements des planètes, ou les réactions chimiques, ont progressivement réduit la croyance en la magie.

Anneau ancien reprenant le symbole du pentagramme, souvent associé à des pratiques magiques
Anneau ancien reprenant le symbole du pentagramme, souvent associé à des pratiques magiques

Sommaire

[modifier] Description

[modifier] Étymologie

La majorité des linguistes trouve la racine du mot français "magie" dans les mots grecs magos (μάγος), "mage", ou mageia (μαγεία), "magie", ou "magikos" (μαγικός), "magique".[3] Il faut aller jusqu'en Perse. "Mage" (maguš) est visible pour la première fois sur une inscription gravée en 515 av. J.-C. à Béhistoun (Perse antique, Iran actuel), sur les exploits de Darius Ier, roi de Perse, contre un Mage. "Darius le Roi dit : 'Ensuite il y avait un homme, un Mage, du nom de Gaumata'."[4] Héraclite (vers 500 av. J.-C.) est le premier à utiliser le mot, en énumérant "les somnanbules, les mages (μάγοι), les bacchants [initiés à Dionysos], les ménades [initiées à Dionysos], et les initiés".[5] Hérodote, peu après, précise le sens : "Les tribus mèdes sont : les Bouses, les Parétacènes, les Strouchates, les Arizantes, les Boudiens, les Mages (μάγοι)."[6] En fait, les Mages forment la caste sacerdotale des Mèdes[7], comme les Brahmanes sont la caste sacerdotale des Indiens. Certains Mages sont prêtres. Ils ont diverses fonctions : interpréter les songes, pratiquer la divination, sacrifier au Soleil, à la Lune, à la Terre, au Feu, à l'Eau et aux Vents, chanter la théogonie, participer au pouvoir politique, faire des sacrifices royaux, procéder à des rites funéraires. Comme le montre une sculpture de Kizkapan, ils portent un bonnet qui couvre la bouche, ils officient sur un autel du feu. Le mot "mage" existe donc en Occident depuis le Ve s. av. J.-C. Vers le milieu du IVe siècle av. J.-C. le mot Mageia (en latin magia) est employé par les Grecs en tant que doctrine issue de la Perse, notamment avec Zoroastre, dit aussi Zarathushtra (vers 590 av. J.-C. ?). Parmi les Mages perses (et non plus mèdes), ou prêtres de Zoroastre, les plus célèbres sont : Ostanès le Mage [6] et Hystaspe, qui seraient venus en Occident dès 480 av. J.-C. Ils auraient accompagné Xerxès Ier, roi de Perse, en pleines "guerres médiques". [8]

[modifier] Définitions

Le mot "magie" désigne tantôt une technique ("les arts magiques"), tantôt des procédés, des opérations, tantôt une action, un effet, mais cela n'est pas si gênant.

Apulée : "La magie est la science de la piété et du divin (...). Mes adversaires, toutefois, peuvent adopter le sens du vulgaire, selon lequel le mage, étant en communauté avec les dieux immortels, a le pouvoir de tout faire par la vertu mystérieuse des incantations."[9]

Helena Blavatsky : « La magie, considérée comme science, est la connaissance des principes et de la voie par laquelle l’omniscience et l’omnipotence de l’Esprit et son contrôle sur les forces de la nature peuvent être acquis par l’individu tandis qu’il est encore dans le corps. Considérée comme art, la magie est l’application de ces connaissances à la pratique. »[10]

Aleister Crowley : "Magick is the Science and Art of causing Change to occur in conformity with Will. La Magie est la Science et l'Art d'occasionner des Changements en accord avec la Volonté."[11]

Pierre A. Riffard : "La magie est l'action efficace sur un objet réel ou mental, par la parole, le geste, l'image ou la pensée, indépendamment des catégories de l'être (espace, temps, causalité), mais conformément à des correspondances soit analogiques [par exemple, rouge = le fer, le mardi] soit mécaniques [rouge → excitation, mûrissement]."[12]

Définition d'un dictionnaire (Hachette) : "Science occulte qui permet d'obtenir des effets merveilleux à l'aide de moyens surnaturels."

En général, on lie l'idée de magie à ces notions : admettre l'existence de forces surnaturelles et secrètes, contraindre les puissances du ciel ou de la nature, recourir à des moyens d'action qui ne sont ni religieux ni techniques mais occultes, distinguer magiciens et sorciers, obtenir des effets merveilleux.

On peut distinguer mage, magicien, magiste. Le magicien est un praticien, il réalise des merveilles ; dans les années 1760, on disait du comte de Saint-Germain qu'il vivait depuis l'époque de Jésus, ne mangeait pas, créait des pierres précieuses, faisait disparaître les taches des diamants, transmutait les métaux en or... Le mage est un sage, qui connaît les secrets de la nature ("les rois mages"). Le magiste est un sage praticien, il est à la fois savant comme le mage et habile comme le magicien ; au XIXe s., on considérait Helena Blavatsky et Papus comme des magistes.

D'autres personnes font des "miracles", mais autrement. Le prestidigitateur et le "fakir" utilisent l'illusion ; le médium et le prodige ont un don ; le saint et le mystique comptent sur Dieu.

[modifier] Facteurs pratiques de l'action magique

La pratique de la Magie repose sur la croyance que l’esprit humain est tout-puissant sur le monde qui l’entoure et qu’une pensée déterminée, bien orientée, bien concentrée, peut se concrétiser, influer sur les choses et les êtres. Mais comment cette concrétisation de la pensée serait-elle possible ? Selon les esprits matérialistes et la plupart des savants, il s’agit d’un phénomène physiquement impossible et dépourvu de fondement scientifique. Selon les magiciens, un pouvoir ou une force secrète servirait de truchement entre le monde mental et le plan de la réalité physique. La Magie est, en effet, présentée par ses adeptes comme l’utilisation d’un pouvoir ou d’une force pour influencer une cible donnée (le praticien lui-même, une tierce personne, une collectivité, une chose). Les adeptes de la Magie occidentale contemporaine définissent ainsi le rôle des pratiques magiques : mettre en action cette fameuse force ou ce pouvoir pour influencer la destinée d’une cible. La connexion peut être facilitée par des accessoires, comme les encens ou des ingrédients.

D’après certaines théories magiques, l’opérateur doit établir une connexion psychique avec la cible de son action. Il doit ensuite imaginer cette cible dans la situation qu’il souhaite lui voir arriver. Tout cela s’effectue par concentration et visualisation mentale, mais les magiciens s’aident aussi de la parole (alors appelée "incantation").

Cependant, l’être humain ne peut rester concentré sur le même objet bien longtemps. Pour remédier à cela les magiciens utilisent un objet magique (appelé « témoins ». Ce dernier, mis en scène dans un rituel, a pour fonction de faciliter la connexion en question, en aidant le praticien à se concentrer sur sa cible d’une part et sur l’effet qu’il désire d'autre part. Il existe traditionnellement deux sortes de témoins : les témoins d’action (représentations de l’effet désiré, de la situation telle que l’on voudrait qu’elle soit) et les témoins-cibles (représentation de l’individu ou de la collectivité visée). Tous deux entrent dans les facteurs de base de l’action magique.

Glyphes astrologiques. Un rituel magique peut inclure l'emploi d'un glyphe particulier, déterminé en fonction de l'influence planétaire qui correspond au but poursuivi.
Glyphes astrologiques. Un rituel magique peut inclure l'emploi d'un glyphe particulier, déterminé en fonction de l'influence planétaire qui correspond au but poursuivi.

Les témoins d’action, qui ont donc pour fonction d’aider le magicien à se concentrer sur l’effet désiré, à s'immerger dans son désir, peuvent être des dessins, des symboles (astrologiques…), de l’encens, des bougies d’une certaine couleur, des huiles… ayant des correspondances de type analogique, archétypal, avec l'effet voulu.

La couleur noire le nombre des bougies sont déterminés en fonction du but poursuivi, d'après des codes ésotériques de correspondances.
La couleur noire le nombre des bougies sont déterminés en fonction du but poursuivi, d'après des codes ésotériques de correspondances.

Dans le cas d’un sort d’amour, le témoin d’action peut être : le dessin d’un cœur, le symbole de la planète Vénus (du fait que celle-ci est associée en astrologie à l’amour), de l’encens de rose (car la rose est traditionnellement associée à la notion d’amour), de l’huile essentielle de rose, une ou plusieurs bougies de couleur rouge (cette couleur étant associée à la passion), etc. Les correspondances peuvent s’appliquer jusqu'à la quantité de bougies : le 15 sera ici de rigueur, car ce nombre est, en numérologie, le signe de l’amour. En somme, un témoin d’action est la représentation symbolique, archétypale, de l’effet désiré.

Le témoin-cible est un objet qui représente l'objet visé par l’opération magique. Ce peut être le magicien lui-même, une autre personne, ou encore une entité composée de plusieurs personnes (comme une association, un groupe, une entreprise…). Le témoin-cible doit aider le magicien à se concentrer sur l’individu ou la collectivité visée. Il n’est pas toujours utilisé en tant qu’objet à contempler, mais il est parfois manipulé. Ces manipulations sont une « mise en scène » de l'action désirée sur la cible, et sont censées faciliter la concrétisation de l’effet voulu.

[modifier] Principes théoriques de l’action magique

Personne, vraiment, ne sait expliquer la magie, ni même si elle est véritablement efficace. Mais des théories existent.

La magie orientale - mésopotamienne, égyptienne, iranienne - explique ses exploits par l'archétype, le modèle divin ou cosmogonique. À ses yeux, pour agir magiquement il faut faire comme font les dieux ou faire comme ce fut à l'origine. Les dieux sont des exemples, des créateurs, des tout-puissants, les origines sont des moments forts, ils concentrent des puissances idéales, des possibilités. C'est donc magique. Le papyrus égyptien de Haouârah (IIe-IIIes.) dit ceci : "De même que Typhon [le dieu Seth] est l'adversaire d'Hélios [le dieu Osiris], pareillement embrase l'âme d'Eutychès".[13] Autrement dit : puisse ton amour pour la dame Eutychès avoir la même force que la haine de Seth contre Osiris.

Bôlos de Mendès, le premier des occultistes, explique la magie par les "sympathies et antipathies" et par les "vertus occultes".[14] D'après lui, la salamandre et le feu sont en sympathie, le coq et le lion en antipathie, en inimitié ; la dépouille d'un serpent a la propriété merveilleuse de favoriser les menstrues.

Pic de la Mirandole, en néoplatonicien, explique la magie par l'amour. "Les merveilles de l'art magique ne s'accomplissent que par l'union et l'actualisation des choses qui sont latentes ou séparées dans la nature. (...) Faire de la magie n'est pas autre chose que marier le monde. Magicam operari non est aliud quam maritare mundum." Tout comme le vigneron fait une greffe de la vigne sur un ormeau, le magicien lie l'inférieur au supérieur, le matériel au divin, sur le plan du caché, du latent, du séminal. Pour faire un talisman il faut lier le signe gravé ou inscrit à un esprit planétaire, à un des sefirot de l'arbre des kabbalistes.[15]

Paracelse explique la magie par l'astral, aussi bien l'Esprit sidéral que le corps astral (corpus siderem), d'autre part il explique par la volonté et l'imagination du mage. "L'Esprit sidéral" est la lumière répandue dans notre esprit autant que la Raison universelle. "Même les choses insensibles, les plantes, les graines, les fruits, les pierres, etc., tout a un corps astral", celui-ci est un "aimant" qui attire "les influx sidéraux", un "moteur" qui donne vie et esprit au corps élémentaire.[16] Le mage sait capter et diriger "les forces célestes", "les puissances astrales" dans les objets terrestres, mais aussi utiliser les images, les lettres, les mots. Hélas, la pensée de Paracelse reste difficile à comprendre.

Agrippa de Nettesheim, Giambattista Della Porta, Swedenborg, la majorité des auteurs expliquent la magie par les analogies et correspondances[17] pour le côté abstrait, par les liens ou les déliements pour le côté concret. C'est la fameuse notion de "ligature" (serrer un lien, faire un noeud). On a là une idée magique de tous temps et pour tous lieux. Exemple : il y a, selon le magicien, analogie, ressemblance, métaphore, apparentement entre l'amour et un lien, un noeud, un enchaînement, donc, pour créer un amour de façon magique, le magicien fera un noeud. L'analogie créera le lien. Recette du IVe siècle : "Charme étonnant pour lier une femme aimée. Fais 365 noeuds." Recette de 1997 : "Pour attirer l'amour. Dans un ruban rouge vous aurez écrit vos deux noms avec le sang de l'un des deux. Liez le ruban de manière à faire joindre les noms."[18] L'action magique transfère à deux personnes le pouvoir qu'a le noeud sur deux cordes, celui d'unir, de rapprocher. Un mage d'une part scrute, connaît, d'autre part manipule, transfère les équivalences symboliques.

Franz Anton Mesmer (1766) et tout le mouvement du magnétisme animal expliquent par un "fluide magnétique universel", ou plus prosaïquement par l'électromagnétisme.

Éliphas Lévi explique par la volonté[19]. "Savoir, oser, vouloir, se taire, voilà les quatre verbes du mage (...). Vouloir, vouloir longtemps, vouloir toujours, mais ne jamais rien convoiter, tel est le secret de la force ; et c'est cet arcane magique que le Tasse met en action dans la personne des deux chevaliers qui viennent délivrer Renaud et détruire les enchantements d'Armide. (...) Ce qui rendait Jeanne d'Arc toujours victorieuse, c'était le prestige de sa foi."

Frazer, ethnologue anglais, explique par les associations d'idées.[20] "Les hommes confondent l'ordre de leurs idées avec l'ordre de la nature, et, dès lors, imaginent que le contrôle qu'ils exercent ou semblent exercer sur leurs pensées les autorise à pratiquer un contrôle correspondant sur les choses." Frazer distingue, dans son analyse de la magie, trois lois, qui marchent par associations (similitude, contiguïté, contrariété). Première loi, la similitude, la sympathie par imitation : "Tout semblable appelle le semblable, ou un effet est similaire à sa cause" ; par exemple, la technique d'envoûtement consiste à percer d'une aiguille une poupée imitant la personne que l'on veut blesser. Deuxième loi, la contiguïté, la sympathie par contact, la contagion : "Les choses qui ont été une fois en contact continuent d'agir l'une sur l'autre, alors même que ce contact a cessé" ; par exemple, un magicien peut blesser une personne en piquant les empreintes de pas laissées par cette personne. Troisième loi : "le contraire agit sur le contraire" ; par exemple, pour contrecarrer une blessure on peut susciter son contraire sous forme d'une image de cicatrisation.

Mikhaël Aïvanhov, un maître spirituel bulgare, explique par l'aura.[21] "Être un mage, c'est créér. Le mage véritable est entouré d'un cercle de lumière, son aura, ce halo de lumière invisible qui émane de lui et qu'il a formé grâce à son travail spirituel et à la pratique des vertus. Pour créer, le mage utilise les mêmes moyens que Dieu Lui-même : il projette une image ou prononce un mot qui traverse son aura, et c'est l'aura qui fournit la matière pour la manifestation." Il existe "trois grandes lois magiques : 1) la loi d'enregistrement, 2) la loi d'affinité, 3) la loi du choc en retour."[22]

Une théorie bien plus moderne passe par la notion de "champ morphique" [7]. Rupert Sheldrake[23], biologiste et parapsychologue anglais, développe "l'idée que les formes et comportements caractéristiques des systèmes physiques, chimiques et biologiques sont déterminés par des champs organisateurs invisibles qu’ils appellent les 'champs morphogénétiques', apparemment capables de transcender à la fois le temps et l’espace sans avoir ni masse ni énergie propre."

[modifier] Fonctionnement

Chaque tradition ou culture possède ses propres définitions des catégories magiques.

[modifier] Intention : magie magie noire, magie blanche

Depuis seulement la fin du Moyen Âge, vers 1450[24], les savants posent la distinction entre deux sortes de pratiques, en fonction de leurs buts moraux : la magie noire ("nigromancie") et la magie blanche. Auparavant on voyait dans chaque magie et du mal et du bien.

  • La magie noire a des buts maléfiques ("sorcellerie") et des moyens négatifs ("diabolisme"). Ses adeptes passent pour être néfastes à la société, ils empoisonnent, ensorcelent, lancent des imprécations, invoquent des diables, utilisent des figurines d'envoûtement, nouent l'aiguillette (ils provoquent l'impuissance sexuelle), provoquent des sécheresses ou des orages, etc.
  • La magie blanche, elle, concerne une utilisation de la Magie à des fins altruistes, ou préventives ("magie bleue"), avec des moyens presque toujours positifs, bénéfiques ("haute magie"). Elle guérit, protège, exorcise, renforce, réconcilie...

La distinction magie noire/magie blanche recoupe presque la distinction magie illicite (ars prohibita)/magie licite et la distinction magie diabolique/magie naturelle. J. Pic de la Mirandole dit ceci : "Il y a une double magie. L'une relève tout entière de l'activité et de l'autorité des démons (...). L'autre n'est rien d'autre que l'achèvement absolu de la philosophie de la nature."[25]

  • La magie rouge fait son apparition - du moins comme mot - vers 1840.[26] La plupart des définitions de la magie rouge l'associent à la sexualité, à l'amour, à la séduction et au plaisir amoureux ou charnel.
  • La magie verte ne concerne que l'ordre naturel végétal (voire animal, si les bêtes sont sauvages).
  • La magie bleue désigne parfois toutes les magies de protection.

[modifier] Méthode : magie rituelle, magie naturelle

Une deuxième opposition met face à face deux magies, l'une rituelle, l'autre physique : la magie opératoire et la magie naturelle. Agrippa insiste sur cette distinction.[27]

  • La magie rituelle, au niveau le plus simple, est une magie opérative, c'est-à-dire faite d'actes réfléchis et efficients. Il suffit d'émettre un son, de poser un objet près d'un autre... Il faut aussi quelques conditions, dont les plus importantes sont, dit-on, "le respect scrupuleux des règles" et "la force magnétique de l'opérateur". Ces conditions sont déjà si difficiles, que tout échec en magie finit par s'expliquer ! Si l'on ajoute le choix de l'heure propice, du lieu consacré, de l'objet approprié, la magie devient quasi impossible. Le rite du cercle magique est célèbre.[28] Le magicien, avec une épée ou une baguette, trace autour de lui un cercle, pour se protéger d'influences négatives, à l'extérieur, et pour attirer à l'intérieur des puissances positives. Les initiations magiques, les invocations, les exorcismes, les rites sacrificiels, les rites curatifs sont des cérémonies magiques. Les grimoires, la franc-maçonnerie occulte, les rosicruciens, la Golden Dawn proposent à leurs adeptes des rituels très complexes.
  • La magie naturelle est presque une science ordinaire. La notion n'apparaît qu'au XIIIe s., grâce à Roger Bacon[29] et à d'autres auteurs. Della Porta, à la fois magicien et physicien, la définit ainsi : "Naturelle..., cette magie, douée d'une plantureuse puissance, abonde en mystères cachés et donne la contemplation des choses qui gisent sans être appréhendées, et la qualité, propriété et connaissance de toute nature comme sommet de toute philosophie." En d'autres termes, c'est de la science physique, mais elle porte sur des phénomènes mal connus ou elle crée des phénomènes qui semblent des miracles sans en être, par exemple les feux grégois, l'attraction du fer par l'aimant, les monstres, les illusions d'optique, la prestidigitation. L'antique Claude Élien a donné la clef : "La nature est, elle aussi, magicienne."[30]

[modifier] Usage : magie médicale, magie divinatoire...

La magie, ça sert. Elle a ses spécialités et ses spécialistes.

  • Magie cynégétique. C'est la magie pour la chasse.
  • Magie divinatoire. Magie et divination ont été confondues jusqu'au début du XIIIe s., puis on les distinguées, mais on peut les réunir, quand il s'agit d'interroger occultement le passé, le futur, les secrets, les cachettes. Le cas le plus violent est la nécromancie, où le magicien interroge un mort. Le cas le plus élevé est la théurgie, quand le magicien interroge un dieu ou un ange ; John Dee, avec un médium, a pratiqué des "conversations angéliques" (1581) : "Edward Kelly est un voyant de grande qualité. Il a invoqué et parlé avec Uriel, l'un des Sept Anges. Il prie d'abord avec moi le Seigneur, puis invoque le Bon Ange, écoute ses paroles et répond."[31]
  • Magie érotique ou magie sexuelle. Les moyens traditionnels sont bien connus, du moins en théorie. Déjà Sophocle les cite : "Si, par des philtres et par des charmes qui touchent Héraklès, je l'emporte sur la jeune fille, j'aurai conduit mon plan avec art."[32] Herbes et incantations. Mais d'autres moyens seraient disponibles, la magie de rapprochement, la magie par contact (agir sur un objet qui appartient à la personne désirée), les parfums...
  • Magie initiatique. Depuis la préhistoire, il existe des initiations où l'on transmet un instrument, une technique, un savoir magiques, ou qui donnent l'initiation grâce à des opérations magiques telles que l'évocation d'un maître défunt, l'usage d'un talisman.
  • Magie médicale. Le premier usage fut certainement la médecine. Quand tous les moyens ordinaires échouent, comment ne pas songer à la magie ? On a alors l'embarras du choix quant aux moyens : plantes magiques, formules magiques, imposition des mains, transes médiumniques... Et les spécialistes sont foule : guérisseurs, rebouteux, radiesthésistes, magnétiseurs, chamanes...


[modifier] Supports extérieurs : plantes, astres, nombres, symboles...

Un texte magique grec pointe déjà le sujet : "Ce sont dans les plantes, les formules et les pierres que résident tout l'art et la faveur et le pouvoir magique de l'effet cherché."[33] Pic de la Mirandole mentionne "les paroles et les mots", "les nombres", "les lettres", "les caractères, les figures", la musique.[34]

  • Choses magiques. Pour un mage comme Henri-Corneille Agrippa, le monde "élémental", celui des quatre ou cinq Éléments (Terre, Eau, Air, Feu, Éther), est inférieur, mais "il est gouverné par son supérieur et reçoit ses influences, en sorte que l'Archétype même et le Créateur souverain ouvrier nous communique les vertus de sa toute puissance par les anges, les cieux, les étoiles, les Éléments, les animaux, les plantes, les métaux et les pierres".[35] La magie élémentaire porte sur les Éléments, la magie astrale sur les "esprits planétaires" (ceux de Vénus, Mars, etc.)... Les reliques de saints, depuis le VIe s. sont supposées avoir des dons miraculeux.[36]
  • Nombres magiques. Depuis Pythagore, les magiciens croient savoir que les nombres sont des principes d'organisation, des forces.
  • Signes magiques. Le magicien puise souvent dans des "images sacrées", des "images divines". Il s'agit de symboles graphiques (comme le pentagramme), de "charactères" (lettres ou hiéroglyphes, "sceaux planétaires"), de symboles, de "carrés magiques", de talismans ou amulettes ; pour le magicien, agir sur ces figurations de forces équivaut à agir sur les forces figurées elles-mêmes. Le magicien mésopotamien ou égyptien, par exemple, fait couler de l'eau sur une statue couverte d'inscriptions magiques : l'eau entraîne les caractères, et sera utilisée, en boisson, comme médicament ou potion. L'usage de figures, dessins est bien connu. Toute représentation d'un magicien le montre avec la figure d'un pentagramme ou d'un Sceau de Salomon. Un sommet de la magie des images est "l'art notoire", développé au XII° et XIII° siècles : le sujet, en général un moine ignorant, "en jeûne et oraison", contemplait longuement des figures géométriques ("notes") représentant une science, et il comptait ainsi pouvoir l'acquérir, par magie de contagion.[37]


[modifier] Supports intérieurs : parole, geste, imagination, volonté

Où le magicien puise-t-il en lui-même ?

  1. La parole magique est efficace. Encore faut-il, disent les magiciens, connaître l'intonation correcte. La parole magique est, au choix, une prière, une incantation, une formule, des "mots barbares"[38], un nom d'ange, une invocation.
  2. Le geste magique est un acte supposé efficace, en particulier le sacrifice. Le geste magique exige souvent des instruments. Les plus connus sont la baguette magique, le miroir magique, le caducée d'Hermès, l'étoile flamboyante. Il faut ajouter des objets plus courants, comme les cierges liturgiques, les coupes d'eau lustrale.
  3. L'imagination magique, par visualisations, symbolisations, rêves, fantasmes, poésie, peut changer les choses. Le magicien n'invente pas une image, il trouve en esprit la vraie image des choses, par exemple pour l'homme celle d'un pentagramme, pour la planète Saturne celle d'un vieillard.
  4. La volonté magique est, selon les mages, une force aussi réelle que la volonté physique ou la vapeur. La magie, dit l'illuministe Jacob Böhme[39], «n’est en soi rien qu’une volonté, et cette volonté est le grand mystère de toute merveille et de tout secret: elle s’opère par l’appétit du désir de l’être.» La pensée unit telle chose à telle chose, selon sa volonté.


[modifier] Supports spirituels : démonisme, chamanisme, théurgie

Quand le magicien ne peut compter ni sur lui-même ni sur les choses, il pense à d'autres esprits qui pourraient lui venir en aide : les démons, les incubes et succubes (démons sexuels), les esprits de la nature, les âmes des morts, les fées, les anges, les dieux.

Les magiciens ont parfois recours à un assistant, appelé "parèdre", qui est un démon, un dieu, un génie, un esprit, l'âme d'un mort. "On acquiert un démon comme assistant : il te dira tout, il vivra, mangera et dormira avec toi."[40]

  • Démonisme. Le recours aux esprits malfaisants ("magie démoniaque") au moyen d'invocations ("goétie") ou de rites ("basse magie") laisse épouvanté. Pourtant, cela existe et relève du satanisme ou de la magie noire. Mais toutes sortes d'"esprits" existent, pour un magicien, dans les eaux, au ciel, dans les organes, partout, on peut les évoquer et obtenir un résultat. "Un certain Harnouphis, mage égyptien de l'entourage de Marc Aurèle, appela des génies par art magique, notamment Hermès Aérios, et, par leur entremise, il provoqua, dit-on, la pluie."[41]
  • Nécromancie. Une classe courante de magie concerne la magie de la mort et des âmes des morts. Elle inclut, entre autres, les célèbres magies concernant les morts-vivants, les zombis, les fantômes.
  • Médiumnisme. Le magicien peut passer par un médium à transe, un somnanbule. Crowley est entré en haute magie en utilisant, au Caire, les dons de médium de sa première femme, Rose Kelly.[42]
  • Chamanisme. Un chamane, par définition, entre en communication avec les esprits des animaux, qui sont ses "auxiliaires".[43] Le premier chamane occidental, Aristéas de Proconnèse (vers 600 av. J.-C.), était supposé "prendre la forme d'un corbeau".[44] La légende en fait un mage capable de bilocation, qui pouvait vivre sans manger.
  • Théurgie. "La théurgie est une forme de magie, celle qui permet de se mettre en rapport avec les puissances célestes bénéfiques pour les voir ou pour agir sur elles (par exemple en les contraignant à animer une statue, à habiter un être humain, à révéler des mystères)."[45]

Bref la magie qui invoque des diables ou démons malfaisants, c'est de la goétie, celle qui invoque des anges bienfaisants ou dieux, c'est de la théurgie ; les deux forment la "magie cérémonielle".[46]

Souvent, tous les supports interviennent. Soit le "rituel d'appel de forces". "Il faut d'abord se procurer une feuille de parchemin animal [symbole] sur laquelle on écrira sa demande. Le rituel s'effectuera en lune ascendante [astre], soit dans l'oratoire, soit en plein air [condition de lieu], la nuit [condition de temps]. Sur l'autel sont disposés : le parchemin enveloppé de soie, deux cierges liturgiques [Élément Feu], de l'eau lustrale [Élément Eau], un bol de terre ou un crâne [Élément Terre], de l'encens dans un brûle-parfum [Élément Air]. On tracera [expression par geste] le cercle de protection. On prend son couteau rituélique à manche noir [instrument] et on dit [expression par parole] : Introïbo ad altare Demiurgi, puis on lit les psaumes 2, 6, 101, 129 et 142. On visualise [expression par imagination] alors sa demande : si on souhaite de l'argent, on voit des piles de beaux billets. On appelle le génie que l'on a choisi [démonisme]. On attend jusqu'à ce que l'on sente la présence de l'entité appelée [expression par volonté], et, croyez-moi, on la sent. On lit à nouveau le texte du parchemin, puis on récite la formule suivante : Demiurgus Caeli..."[47]

[modifier] Théories sur la Magie

[modifier] La Magie selon les philosophes

Plotin, dans son traité 28, explique la magie par les antipathies et sympathies (comme Bôlos de Mendès), par l'Amour et la Haine cosmiques (comme Empédocle), par la sympathie cosmique (comme les stoïciens), par les démons (comme Pythagore et Xénocrate).[48] "Pour les actes de sorcellerie (goetéia), comment les expliquer ? par la sympathie, par le fait qu'il existe par nature une harmonie entre les semblables et une opposition entre les contraires, par la variété des nombreuses puissances qui se mettent en oeuvre pour réaliser l'unité de l'être vivant. D'ailleurs, sans que personne n'intervienne, beaucoup d'attractions et de sortilèges se produisent ; car la vraie magie c'est l'amour qu'il y a dans l'univers et inversement la haine."

Les humanistes de la Renaissance. Les grands noms sont Marsile Ficin, Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, Pic de la Mirandole. On sent que leur connaissance du sujet est livresque.

Marsile Ficin opère une révolution dans l'histoire de la magie en en donnant une version subjective, complètement spirituelle. Il croit en un esprit, substance très subtile, qui unit Corps du monde et Âme du monde, et il limite le pouvoir de la magie au seul esprit du mage.[49]

Selon Pic de la Mirandole, alors âgé de 24 ans, "nulle science ne confirme davantage la divinité du Christ que la magie et la Cabbale". "Faire de la magie n'est autre que marier le monde." Il croit en quelques principes : l'animisme (tout est vivant et providentiel), la latence (le magicien peut "actualiser ou réunir" à une autre toute force cachée), Dieu (toute oeuvre doit être rapportée au Créateur), les analogies. Pour Pic, la magie consiste à s'appuyer sur l'astrologie pour lire le Livre de la nature et sur la kabbale pour interpréter la Bible. Par ailleurs, Pic distingue une bonne magie, qui est la magie naturelle, et une mauvaise magie, de type démoniaque. "Je dis et je répète que ce nom de 'magie' est un terme équivoque et signifie aussi bien la nécromancie, où l'on procède par pacte et accords étroits avec les démons, que la partie pratique de la science de la nature, qui n'enseigne rien d'autre qu'à accomplir des oeuvres merveilleuses grâce aux forces naturelles."[50]

Pour Agrippa, les plantes, les planètes ont chacun une âme rationnelle. Les influences vont du supérieur à l'inférieur, verticalement, comme chez Platon : Dieu, Idées, Âme du monde, Figures et Nombres, rayons des étoiles, esprits et âmes humaines, choses matérielles.[51]

[modifier] La Magie selon les anthropologues

  • Les évolutionnistes. Depuis la fin du XIXe s., la magie est pensée par des spécialistes de sciences humaines.[52]Edward Burnett Tylor fait une différence radicale entre magie et religion. La magie repose sur "l'erreur consistant à prendre une analogie idéale pour une connexion réelle"[53], par exemple le raisonnement du magicien infère du fait que le coq chante quand le Soleil se lève l'idée que si l'on fait chanter le coq le Soleil se lèvera. En tout cas, la magie donne une explication du monde. Dans son ouvrage Le Rameau d'or[54], James George Frazer théorise l'hypothétique passage de l'humanité par trois stades intellectuels : magie, religion, science, et par là s'approprie la simplification « progrès = rationalisation ». Frazer distingue ces trois étapes et mentalités selon l'intention, la rationalité et l'autonomie de l'agent. La magie est le stade le plus ancien et le bas. Magie et science veulent ensemble l'autonomie de l'agent et changer le monde, mais la magie, à la différence de la science, n'est pas rationnelle, elle a des principes tout autres. Magie et religion admettent ensemble l'existence de puissances surnaturelles, mais la magie a un but pratique et veut forcer les puissances surnaturelles, alors que la religion n'a pas de but pratique et cherche à se concilier les puisances surnaturelles (Dieu, anges, démons...).
  • Les sociologistes. Pour Hubert et Mauss[55], la religion a pour extrême le sacrifice, tandis que la magie a pour extrême le maléfice ; la religion recherche le grand jour et le public, tandis que la magie les fuit ; la religion se montre comme un "culte organisé", tandis que la magie se montre souvent sous un aspect "irrégulier, anormal, et peu estimable". Le magicien a une position sociale, on lui attribue des pouvoirs spéciaux, "c'est donc l'opinion qui crée le magicien et les influences qu'il dégage". "Et le magicien se dupe lui-même." Dans Les formes élémentaires de la religion, Émile Durkheim[56] sépare magie et religion : individualiste et anti-sociale, la magie ne se prête pas à des manifestations collectives, et elle est viscéralement anti-religieuse. Mauss, ensuite, centre son approche sur la notion de mana. "Le mana est d'abord l'action spirituelle à distance qui se produit entre des êtres sympathiques. C'est également une sorte déther, impondérable, communicable, et qui se répand de lui-même. Le mana, en outre, fonctionne dans un milieu qui est mana."

Pour Lucien Lévy-Bruhl, la magie relève d'une mentalité pré-logique, car elle ignore les principes de non-contradiction et d'identité ; elle se centre sur la notion de "participation mystique", qui veut que "les objets, êtres, phénomènes peuvent être à la fois eux-mêmes et autre chose qu'eux-mêmes", par exemple un primitif pense être lui-même et son totem.

  • Les fonctionnalistes. Pour Bronisław Malinowski[57], la magie est pragmatique, elle répond à des buts précis, surtout en cas de malheur et d'échec, et elle est individuelle. On recherche son efficacité et on trouve ses fins par les rites. La religion est plus abstraite, désintéressée que la magie, la magie intervient où la technique échoue. Magie comme religion ont pour dénominateur commun leur fonction apaisante pendant des périodes de troubles ou de doutes psychologiques ; cependant, si les progrès de la science vont réduire la magie, la religion continuera à rassurer.
  • Les structuralistes. Pour Claude Lévi-Strauss [58], la magie n'est pas une fausse science, une pensée prélogique, mais une autre rationalité, une façon de donner du sens. Elle met en place un système de classification.

[modifier] Efficace, la magie ?

Avis partagés.

Réponse de l'historiographie. Peu de faits magiques sont attestés. Il s'agit souvent de racontars, d'événements mal présentés ou mal datés. Prenons la "malédictions des Templiers". "La légende veut qu'à l'instant de succomber dans les flammes, Jacques de Molay ait lancé une malédiction à l'attention du roi et du Pape : 'Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !' La malédiction du templier allait s'avérer exacte : Clément V meurt le 20 avril 1314 d'étouffement et Philippe le Bel décède en novembre 1314 d'un ictus cérébral ; ses trois fils mourront dans les 12 années à venir, sans laisser de descendance mâle." En réalité, la malédiction est due à une confusion de Paul Émile, dans le De Rebus Gestis Francorum (1548) avec la malédiction d'un autre Templier.

Réponse de la parapsychologie. Certains "pouvoirs magiques" sont examinés par des parapsychologues, mais ils ne sont guère reproductibles, et on peut les interpréter différemment. Toujours est-il que la psychokinèse, l'influence à distance du magnétiseur, les guérisons paranormales, l'efficacité thérapeutique de la prière... font l'objet d'études objectives. Soit ce dernier cas ! "0n répartit les patients en deux groupes (aléatoirement). Des volontaires extérieurs prient pour les personnes de l’un des groupes, l’autre groupe constituant le 'groupe contrôle'. Le Dr Byrd en 1988 a obtenu des résultats positifs : les patients pour lesquels on avait prié se portaient mieux que les autres."[59] Certains sujets métapsychiques sont particulièrement étudiés, par exemple des guérisseurs, ceux qui ont la main verte...

Réponse de l'épistémologie. La magie n'est jamais vérifiable et elle trouve toujours une justification. Si le rite échoue, le magicien dira que les conditions n'étaient pas remplies.

Réponse de la sociologie. Mauss[60] croit en une "suggestion collective". La société a une influence sur l'individu. La société ou un groupe croit en la magie, et l'effet se produit, par insinuation. Par exemple, une hantise de la mort, d'origine purement sociale, peut entraîner la mort.

[modifier] Histoire de la Magie occidentale

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Partie à développer davantage.
 

[modifier] Préhistoire et Antiquité

  • À quel moment de la préhistoire la magie apparaît-elle ? Nul ne peut répondre. On peut imaginer qu'il y a eu des rituels magiques lors de la découverte du feu (750.000 ans), ou pour la chasse[61]. L'utilisation de l'ocre rouge (280.000 ans), pour les armes, les peintures, les sépultures est aussi un indice. "L'homme de Néandertal, d'un degré d'évolution antérieur à notre humanité, montre déjà la présence d'un comportement magico-religieux", selon le préhistorien André Leroi-Gourhan.[62] Il est possible que certains personnages peints de 33.000 à 10.000 ans av. J.-C. soient des "sorciers" (selon l'abbé Breuil), ou des "chamanes" (selon Jean Clottes)[63].

La magie occidentale a sans doute pris à d'autres cultures. Les Grecs en étaient conscients, en particulier quand ils disaient qu'Apollonios de Tyane avait "rendu visite aux Mages de Babylone, aux Brahmanes des Indes et aux Gymnosophistes d'Égypte".[64]

  • La magie grecque commence peut-être en Crète avec les Dactyles (métallurges), les Courètes (danseurs) (vers 2500 av. J.-C. ?). On connaît des chamans grecs dès 600 av. J.-C. [8]. Les principaux documents sur la magie antique consistent en papyrus magiques, en tablettes d'envoûtement et en amulettes. Les esprits ont été marqués par ce passage du Corpus Hermeticum, traité XIX : Asclépius (Ier s.) : "Ce sont des statues pourvues d'une âme, conscientes, pleines de souffle vital, et qui accomplissent une infinité de merveilles, des statues qui connaissent l'avenir et le prédisent par les sorts, l'inspiration prophétique, les songes et bien d'autres méthodes, qui envoient aux hommes les maladies et qui les guérissent, qui donnent, selon nos mérites, la douleur et la joie."

[modifier] Moyen-Âge et Renaissance

  • Le Moyen-Âge vit sur cette définition confuse du magicien par Isidore de Séville : « Les magiciens (magi) sont ceux qu’on désigne vulgairement sous le nom de 'malfaisants' (malefici) à cause de l'ampleur de leurs méfaits. Ils perturbent les éléments, troublent l’esprit des hommes, et, sans absorption d’aucune potion, seulement par la violence de leurs incantations, ils tuent. Ils osent tourmenter grâce aux démons qu’ils ont invoqué, pour que n’importe qui anéantisse ses ennemis par ces arts mauvais. Ils utilisent même du sang et des victimes et touchent souvent au corps des morts."[65] Il faudra beaucoup d'efforts, attendre le XVI° s. pour séparer la magie diabolique de la magie, de l'hérésie, du paganisme, de la divination, de la nécromancie. La confusion des mots s'accompagne d'une terrible répression, de censure, d'Inquisition. Le concile de Rome, en 721, interdit les incantations (incantationes), c'est-à-dire les actes de magie.

Les textes importants sont Le secret des secrets, le Picatrix [9] de l'Arabe pseudo-al-Majrîtî, le Des rayons des étoiles de l'Arabe al-Kindî, Le Grand Albert (1245 ss.), le Livre des visions de Jean de Morigny (1323), La magie sacrée d'Abramelin de Mage (1450 ? ou faux du XVIII e s. ?). On parle surtout de vertus occultes, d'esprits, de talismans, d'astrologie. À partir de 1250 des livres de "magie salomonienne" circulent, dont Les clavicules de Salomon [10], le Lemegoton. Clavicule de Salomon (plus tardif, XIVe ou XVes., 1ère éd. 1563 [11]. Ils traitent de figures magiques, de noms d'esprits, anges ou démons à invoquer pour obtenir ce que l'on désire.

[modifier] XVIIe et XVIIIe siècles

  • Le XVIIe ne confond plus astronomie et astrologie, physique et magie naturelle, théologie et théosophie. On rationalise la Magie, avec Robert Fludd, Athanase Kircher.
  • Le XVIIIe s. parisien voit défiler de hautes figures de la Magie, comme le comte de Saint-Germain en 1763, Franz Anton Mesmer en 1778, Cagliostro en 1785, tous contestés. Plus discrets, d'autres pratiquent la théurgie, dont les martinistes (Martines de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin). Des grimoires, nettement satanistes, circulent, par exemple Le grimoire d'Honorius III (vers 1730) [12], Le grand grimoire, ou Dragon rouge (1750 ?).


[modifier] XIXe et XXe siècles

La contribution la mieux organisée, la mieux pensée à la magie vient d'une organisation initiatique, fondée en 1888 par deux Anglais : la Golden Dawn. Elle a élaboré de rituels, des symboles magiques de toutes sortes et attiré dans ses rangs les plus grands mages et magiciens, dont Samuel MacGregor Mathers, Arthur Edward Waite, Aleister Crowley, Israel Regardie. Crowley est "the most controversial and misunderstood personality to figure in the new era of modern day witchcraft".

Deux mouvements émergent au XIXe : la Société théosophique de Helena Blavatsky et le néo-occultisme d'Éliphas Lévi et Papus. Les théosophistes utilisent des notions orientales, les néo-occultistes veulent concilier la magie avec la science.

Franz Bardon est un grand nom de la magie du XXe s., style occultiste.

Membre de plusieurs organisations initiatiques, Gerald Gardner a fondé en 1939 une tradition de sorciers et sorcières qui devint la Wicca ; en Angleterre, la peine capitale infligée aux sorcières a été abolie deux fois (Witchcraft Act de 1735 et 1951). L'accent est mis sur la magie, une magie païenne, sous l'influence d'un livre de Margaret Murray consacré au sorcières.[66]

Le New Age, né en 1970 aux USA, sans être magique, baigne dans une atmosphère magique. La grande idée du New Age, c'est qu'on peut créer sa propre réalité grâce à des visualisations ou à des affirmations telles que "Je suis Dieu".[67] La magie consiste à participer mystiquement à l'enchantement du monde et à augmenter spirituellement son pouvoir d'enchantement.


Duel de magie, deux magiciens transformistes s'affrontent, l'un prenant la forme d'un serpent, l'autre d'un rapace. peint par Yoshitsuya Ichieisai — Japon, années 1860.
Duel de magie, deux magiciens transformistes s'affrontent, l'un prenant la forme d'un serpent, l'autre d'un rapace.
peint par Yoshitsuya Ichieisai — Japon, années 1860.

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie : les traités de magie

(par ordre chronologique)

  • Papyri Graecae Magicae (recueil des textes magiques grecs, du IVe s. av. J.-C. jusqu'au IVe s., trad. : Michaël Martin, Les papyrus grecs magiques, Éditions Manuscrit-Université, "Histoire", 2002, 284 p.
  • Grand papyrus magique de la Bibliothèque nationale de Paris (IVe s.), trad. du grec : Manuel de magie égyptienne, Paris, Les Belles Lettres, "Aux sources de la tradition", 1995, 165 p.
  • pseudo-al-Majrîtî (Picatrix), Le but des sages dans la magie (Ghâyat al-hakîm fi'l-sihr) (vers 1050), trad. de la version latine (1256) : Le Picatrix, Turnhout (Belgique), Brepols, "Miroir du Moyen-Âge", 2003, 383 p. Extraits en ligne : [13]
  • Le grand et le petit Albert (vers 1245-1703 pour le Grand Albert, avec des extraits, effectivement, d'Albert le Grand), trad. du latin, Trajectoire, 1999, 391 p. Extraits en ligne du 'Grand Albert : [14]. Petit Albert : [15]
  • Marsile Ficin, Les trois livres de la vie (1489), trad. du latin, Fayard, "Corpus des oeuvres de philosophie", 2000, 276 p.
  • Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, La philosophie occulte ou la Magie (1510, 1ère éd. 1531-1533), livre I, 218 p. : La magie naturelle, livre II, 228 p. : La magie céleste, livre III, 248 p. : La magie cérémonielle, trad. du latin Jean Servier, Paris, Berg International, 1982. Le livre IV est apocryphe et démoniaque : La philosophie occulte, livre quatrième. Les cérémonies magiques, Paris, Éditions traditionnelles, 2000, 80 p.
  • Paracelse, De la magie. Étude et textes choisis par Lucien Braun, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 1998, 147 p.
  • Francis Barrett, The Magus (1801), Nonsuch Publishing, 2007, 320 p. En ligne : [16]
  • Éliphas Lévi, Dogme et Rituel de la haute magie (1854-1861), Histoire de la magie (1859), La clef des grands mystères (1859) : Secrets de la magie, Paris, Robert Laffont, "Bouquins", 2000, 1066 p. En ligne : [17]
  • Papus, Traité méthodique de magie pratique (posthume, 1924), Saint-Jean-de-Braye, Dangles, 1999, 648 p. En ligne : [18]
  • Aleister Crowley, Magick in Theory and Practice (1929), trad. partielle : Magick, O.T.O. et Blockhaus, 1992, 186 p. Extraits de Crowley en ligne : [19]
  • Franz Bardon, Le chemin de la véritable initiation magique (1956) en ligne [20], La pratique de la magie évocatoire (1956), La clé de la véritable Kabbale (1957), trad. de l'all., Courbevoie, Éditions Alexandre Moryason, 2001
  • Israel Regardie, The Complete Golden Dawn System of Magic (1984), Tempe, Arizona, New Falcon Publications, 1991, 1100 p.

[modifier] Bibliographie : les romans de magie

[modifier] Bibliographie : les études

(par ordre chronologique)

  • Edward B. Tylor, La civilisation primitive (1871), trad. de l'an., Paris, Reinwald, 1876, 2 t.
  • Marcel Mauss, Esquisse d'une théorie générale de la magie (1902-1903, 1ère éd. 1950), in Sociologie et Anthropologie (1902-1934, 1ère éd. 1950), Paris, PUF, 2004, p. 1-141
  • James Frazer, Le Rameau d'or (1911-1915), trad. de l'an., Paris, Robert Laffont, "Bouquins", 1981, vol. I : Le roi magicien dans la société primitive (1890). Texte en ligne (en anglais) : [21]
  • Lynn Thorndike, A History of Magic and Experimental Science (1923-1958), Londres, Macmillan, 1984, 8 vol. (835 p. ; 1036 p. ; 827 p. ; 767 p. ; 695 p. ; 766 p. ; 695 p. ; 808 p.)
  • Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale (1958), chap. IX : "Le sorcier et sa magie", chap. X : "L'efficacité symbolique", Paris, Pocket, "L'agora", 2003, 480 p.
  • François Ribadeau-Dumas, Histoire de la magie (1960 ?), Paris, Pierre Belfond, "Sciences secrètes", 1973, 621 p.
  • Jeanne Favret-Saada, Les mots, la mort, les sorts. La sorcellerie dans le bocage (1977), Paris, Gallimard, "Folio", 1985, 427 p. ISBN|978-2070322817
  • Régis Boyer, Le monde du double. La magie chez les anciens Scandinaves, Paris, Berg International, 1986, 219 p.
  • Richard Kieckhefer, Magic in the Middle Ages, Cambridge University Press, 1989
  • Alain Moreau et Jean-Claude Turpin, La Magie, Montpellier, Publications de l'Université Paul Valéry, 2000, t. 1 : Du monde babylonien au monde hellénistique, 330 p., t. 2 : 2. La magie dans l’antiquité grecque tardive. Les mythes, 340 p., t. 3. Du monde latin au monde contemporain. 362 p., t. 4 : Bibliographie. 169 p.
  • Jean Servier, La magie, Paris, PUF, "Que sais-je ?", 1993, 127 p.
  • M. W. Dickie, Magic and Magicians in the Greco-Roman World, Londres et New York, Routledge, 2001, 380 p.
  • Leo Ruickbie, Witchcraft Out of the Shadows, Robert Hale, 2004, p. 193-209 (sur la magie dans le néo-paganisme de la Wicca).
  • Jean-Michel Salmann (dir.), Dictionnaire historique de la magie et des sciences occultes, Paris, Le livre de poche, "Pochothèque", 2006, 935 p.
  • Pierre A. Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Paris, Payot, 2008, 331 p.

[modifier] Citations

  • Franz Bardon : "La Magie est une Science noble, mère des sciences modernes, consistant en la connaissance et la maîtrise des Lois de la Nature et des quatre Éléments constituant tout ce qui existe dans l'univers (le Feu, l'Air, l'Eau et la Terre ). Le but ultime au delà de cette Connaissance et maîtrise étant de ne faire qu'un avec l'Univers ou Dieu (quel que soit le nom qu'on lui donne), selon les croyances de chacun."
  • Arthur C. Clarke : "Toute technologie suffisamment évoluée est impossible à distinguer de la magie."
  • John Maynard Keynes : "Newton ne fut pas le premier de l'Âge de raison, mais le dernier des magiciens."

[modifier] Films et séries télévisées

(par ordre chronologique)


[modifier] Notes

  1. Papus, ABC illustré d'occultisme (1922, posthume), Saint-Jean-de-Braye, Dangles, 1984, p. 395.
  2. Le concile provincial de Tours (1583) identifie magus et praestigiator.
  3. Définition étymologique de magie du Centre national de ressources textuelles et lexicales.http://elearning.unifr.ch/antiquitas/fiches.php?id_fiche=30. Pierre Chantaigne, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, t. 3, 1974.
  4. "Inscription de Béhistoun" (515 av. J.-C.), en écriture cunéiforme et en trois langues (vieux perse, babylonien, élamite), [1]
  5. Héraclité, fragment B 14 : Les présocratiques, Paris, Gallimard, "Pléiade", 1988, p. 149.
  6. Hérodote, L'Enquête (vers 420 av. J.-C.), livre I, 101, trad. du grec, Gallimard, "Folio", t. 1, p. 95.
  7. Sur les Mages mèdes : R. C. Zaehner, The Dawn and Twilight of Zoroastrianism (1961), Phoenix Press, 2002, p. 160 sq. G. Widengren, Les religions de l'Iran (1965), trad., Paris, Payot, "Les religions de l'humanité", 1968, p. 134 sq. Pierre A. Riffard, Ésotérismes d'ailleurs, Paris, Robert Laffont, "Bouquins", 1997, p. 503-511.
  8. J. Bidez et F. Cumont, Les mages hellénisés. Zoroastre, Ostanès et Hystaspe d'après les traditions grecques (1938), Paris, Les Belles Lettres, 1973. Textes mis en grec vers 270 av. J.-C.
  9. Apulée, Apologie, ou de la magie (vers 158), XXVI, 6, trad. du latin, Classiques Garnier, 1933, p. 47. Lire Adam Abt, Die Apologie des Apuleius von Madaura un die antike Zauberei, Giessen, A. Töpelmann Verlag, 1908.
  10. Helena Blavatsky, Isis dévoilée (1877), t. 2 : Théologie, trad. de l'an., Adyar, 2000.
  11. Aleister Crowley, Magick in Theory and Practice (1929-1930), Routledge and Kegan Paul, 1975, p. 125.
  12. Pierre A. Riffard, Dictionnaire de l'ésotérisme, Paris, Payot, 1983, p. 198.
  13. O. Guéraud, Mélanges Maspero 2, Mémoires de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, 67, 1935-1939, p. 201-206. Cité par A. Bernand, Sorciers grecs (1991), Fayard, "Pluriel", 1995, p. 287.
  14. Sur Bôlos de Mendès : A.-J. Festugière, La révélation d'Hermès Trismégiste, t. 1 : L'astrologie et les sciences occultes (1944), Paris, Les Belles Lettres, 1981, p. 193-238.
  15. Jean Pic de la Mirandole, 900 conclusions (1486), n° 782 et 784, trad., Paris, Allia, 1999, p. 195.
  16. Paracelse, La grande astronomie (1537, 1ère éd. 1571), trad. de l'all., Paris, Dervy, 2000, p. 88, 106, 179. Sur la magie p. 166-175.
  17. Sur les analogies et correspondances : Pierre A. Riffard, L'ésotérisme, Robert Laffont, "Bouquins", 1990, p. 335-349 ; Wouter J. Hanegraaff (dir.), Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, Leyde, Brill, 2005, t. 1, p. 275-279.
  18. Grand papyrus magique de la Bibliothèque nationale de Paris (IV° s.), trad. du grec : Manuel de magie égyptienne, Paris, Les Belles Lettres, "Aux sources de la Tradition", 1995. Éric Pier Sperandio, Le guide de la magie blanche. Recettes de sorcières (1997), Paris, J'ai lu, "Aventure secrète", 2004, p. 54.
  19. Éliphas Lévi : Secrets de la magie, p. 54, 203-204, 824-826.
  20. Frazer, Le Rameau d'or, t. 1 : Le roi magicien dans la société primitive (1890), chap. 3, trad., Robert Laffont, "Bouquins". Voir Marcel Mauss, Esquisse d'une théorie générale de la magie (1902-1903), in Sociologie et Anthropologie, PUF, 1950, p. 56-66).
  21. Omraam Mikhaël Aïvanhov, "Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice", VI, 3 : "La magie divine", Fréjus, Éditions Prosveta, "Synopsis", 1998, p. 463-478. Voir Le livre de la magie divine, Fréjus, Prosveta, "Izvor".
  22. O. M. Aïvanhov, La livre de la magie divine, Fréjus, Prosveta, "Izvor", chap. 11.
  23. Rupert Sheldrake, La mémoire de l'univers (Presence of the Past) (1988), trad. de l'an., Monaco, Éditions du Rocher, 1989.
  24. Voir Jean-Baptiste Thiers, Traité sur les superstitions qui regardent les sacrements d'après l'Écriture sainte, les décrets des Conciles et les sentiments des Saints Pères et des Théologiens, Paris, 1741, 4 vol.
  25. J. Pic de la Mirandole, Discours sur la dignité de l'homme (1486).
  26. Simon Blocquel, La magie rouge, crème des sciences occultes naturelles ou divinatoires, par l'helléniste Aaron, 1843, 160 p.
  27. Agrippa, Paradoxe sur l'incertitude, vanité et abus des sciences (1531), chap. 41-46, trad. du latin 1608.
  28. Sur le cercle magique : Théophraste, Recherches sur les plantes (IIIe s. av. J.-C.), IX, 8, trad. du grec, Les Belles Lettres, "Budé", t. 3, 1989 ; Pline, Histoire naturelle (vers 70), livre XXV, 49 et 107, trad. du latin, Les Belles Lettres, "Budé", 1974.
  29. Roger Bacon, De l'admirable pouvoir (vers 1260), trad. du latin, Gutenberg Reprints, 2008.Texte en ligne : [2]
  30. Claude Élien, Traité sur la nature des animaux (IIIe s.), II, 14, trad. du grec. Voir Michaël Martin, Magie et Magiciens dans le monde gréco-romain, Paris, Errance, 2005, p. 204.
  31. Claude Postel, John Dee. Le Mage de la ruelle d'or, roman, Les Belles Lettres, 1995, p. 106. D'après John Dee, A True and Faithful Relation of What Passed for Many Years between Dr. John Dee and Some Spirits, 1ère éd. Casaubon, 1659. [3].
  32. Sophocle, Les trachiniennes (415 av. J.-C.), 585.
  33. C.C.A.G. Catalogus Codicum Astrologorum Graecorum, Bruxelles, 12 tomes en 20 volumes, 1898 à 1953, VIII, 2, p. 143, trad. Festugière.
  34. Jean Pic de la Mirandole, 900 Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques (1486), conclusion XXX, trad. du latin, Paris, Allia, 1999, p. 197-201.
  35. Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, La philosophie occulte, t. 1, p. 1.
  36. Jacques de Voragine, La légende dorée (vers 1250), trad., Paris, Gallimard, "Pléiade", 2004, 1550 p.
  37. Sur l'art notoire : études de Julien Véronèse, dont L'Ars notoria au Moyen Âge et à l'époque moderne. Étude d'une tradition de magie théurgique (XIIe-XVIIe siècle), thèse, Paris X-Nanterre, 2004.
  38. Euripide, Iphigénie en Tauride (414 av. J.-C.), 1336.
  39. Jacob Böhme, Sex puncta mystica, 1620.
  40. Papyrus de Berlin. Voir Fritz Graf, La magie dans l'Antiquité gréco-romaine, Paris, Les Belles Lettres, 1994, p. 126-134, 223-226.
  41. Dion Cassius, Histoire romaine (III° s.), livre LXXII, 8, trad. du grec, Paris, Les Belles Lettres, "Budé".
  42. Aleister Crowley, Book of the Law. Liber Legis (1904).
  43. Roberte Hamayon, La chasse à l'âme. Esquisse d'une théorie du chamanisme sibérien, Paris, Société d'ethnologie, Université de Paris X, p. 533. Michel Perrin, Le chamanisme, Paris, PUF, "Que sais-je ?", 1995, p. 39.
  44. Hérodote, L'enquête, IV, 15. Voir M. Eliade, Le chamanisme et les techniques archaïques de l'extase (1968), Payot, p. 86, 305.
  45. P. Riffard, Dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, 1983, p. 340.
  46. Saint Augustin, De la doctrine chrétienne (397-427) : opposition à la magie (II, 36-38), notion de "pacte avec le diable" (II, 24) ; Cité de Dieu (420-429), livres V, VIII et X. Agrippa de Nettesheim, La philosophie occulte, t. III : La magie cérémonielle. P. Massé du Mans, De l'imposture et tromperie des diables, devins, enchanteurs, sorciers, noueurs d'esguillettes, chevilleurs, nécromanciens, chiromanciens..., 1579.
  47. R. P. Johannès, Manuel pratique de sorcellerie berrichonne, Paris, Guy Trédaniel-Éditions de La Maisnie, 1986, p. 63-65.
  48. Plotin, Ennéades (III° s.), traité 28 (Ennéade IV.4), trad. du grec, Traités 27-29, Garnier-Flammarion, 2004.
  49. Marsile Ficin, Les trois livres de la vie (1489), trad. du latin, Paris, Fayard, "Corpus des oeuvres de philosophie", 2000, 276 p. Voir Daniel W. Walker, Magie spirituelle et angélique de Ficin à Camapnella (1958), trad. de l'an., Paris, Albin Michel, 1988.
  50. Jean Pic de la Mirandole, Apologia (1487), apud H. Crouzel, Une controverse sur Origène à la Renaissance, Vrin, 1977.
  51. Agrippa, La philosophie occulte, I, chap. 11. Voir Platon, Timée, 29-50.
  52. Frédéric Keck, "Les théories de la magie dans les traditions anthropologiques anglaise et française", 'Methodos, 2, 2002 :[4]
  53. Edward B. Tylor, La civilisation primitive (1871), trad. de l'an., Paris, Reinwald, 1876, 2 t.
  54. James Frazer, Le Rameau d'or (1911-1915), trad. de l'an., Robert Laffont, "Bouquins", 1981-1984, 4 vol.
  55. Marcel Mauss, Esquisse d'une théorie générale de la magie (1902-1903), in Sociologie et Anthropologie (1902-1934, 1ère éd. 1950), Paris, PUF, 2004, p. 1-141.
  56. Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912), PUF, 2007, 647 p.
  57. Bronislaw Malinowski, Les jardins de corail (1935), trad. de l'an., Paris, La découverte, 2007. Archipel des Trobriand, au large de la Nouvelle-Guinée. Alfred R. Radcliffe-Brown, Structure et Fonction dans la société primitive (1952), trad. de l'an, Seuil, "Points Essais", 1969 ; Sorcellerie, oracles et magie chez les Azandé (1937), trad., Gallimard, 1972. Au Niger.
  58. Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Plon, 1958 : "Le sorcier et sa magie", "L'efficacité symbolique".
  59. Randolph C. Byrd, "Positive Therapeutic Effects of Intercessory Prayer...", Southern Medical Journal, juil. 1988, vol. 81, n° 7 [5].
  60. Marcel Mauss, "Effet physique chez l'individu de l'idée de mort suggérée par la collectivité (Australie, Nouvelle-Zélande)" (1926), in Sociologie et Anthropologie, PUF, p. 311 sq.
  61. Salomon Reinach, "L'art et la magie", L'anthropologie, Paris, 1903, t. XIV, p. 257-266.
  62. André Leroi-Gourhan, "Les hypothèses de la préhistoire", apud Henri-Charles Puech (dir.), Histoire des religions, Paris, Gallimard, "Pléiade", t. 3, 1976, p. 570.
  63. Jean Clottes et David Lewis-Williams, Les chamanes de la préhistoire. Transe et magie dans les grottes ornées (1996), Paris, La maison des roches, 2001, 236 p.
  64. Philostrate l'Athénien, La vie d'Apollonios de Tyane, I, 2, in Romans grecs et latins, Gallimard, "Pléiade", 1958.
  65. Isidore de Séville, Etymologiae (630), livre VII, chap. 9 : De magis, Oxford, 1957.
  66. Margaret Murray, The Witch-cult in Western Europe (1921), Filiquarian Publishing, 2007, 348 p. Gerald Gardner, Witchcraft Today (1954), Arrow Books, 1970, 192 p.
  67. Wouter J. Hanegraaff, New Age Religion and Western Culture SUNY (State University of New York) Press, 1998, p. 394.

[modifier] Citations

  • Molière : "Transformer tout en or ; faire vivre éternellement ; guérir par des paroles ; savoir tous les secrets de l'avenir ; faire descendre comme on veut du ciel, sur des métaux, des impressions de bonheur ; commander aux démons ; se faire des armées invisibles, et des soldats invulnérables, tout cela est charmant sans doute... mais, pour moi, je vous avoue que mon esprit grossier a quelque peine à le comprendre et à le concevoir" (Les amants magnifiques).

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[modifier] Disciplines / Courants

Animisme - Arts divinatoires - Chamanisme - Démonologie - Ésotérisme - Hermétisme - Illusionnisme - Magie draconique (ou Draconia) - Magie du Chaos(ou Kaos Magick) - Nécromancie - Sorcellerie - Superstition - Thaumaturgie - Théurgie - Wicca

[modifier] Techniques / Outils

Abracadabra - Baguette magique - Exorcisme - Incantation - Invocation - Thérianthropie (généralisation de la lycanthropie)

[modifier] Rapports science / magie

Épistémologie - Pensée magique - Science - Zététique

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