Oasis

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Oasis en Libye (Sahara)
Oasis en Libye (Sahara)

En géographie, une oasis (mot venant du grec ancien) désigne une zone de végétation isolée dans un désert stérile. Ceci se produit à proximité d'une source d'eau ou lorsqu'une nappe phréatique est suffisamment proche de la surface du sol ou parfois sur le lit de rivières venant se perdre dans le désert.

Les oasis ont toujours joué un rôle important dans l'établissement des routes commerciales empruntées par les caravanes (transport de marchandises et de voyageurs/pélerins), qui y trouvaient de quoi se désaltérer et se restaurer. Ce ne furent donc pas des points isolés et perdus dans les déserts, mais toujours de véritables carrefours et plaques tournantes. Leur contrôle politique ou militaire était donc d'une grande importance stratégique.

Le mot « oasis » passe dans le langage commun pour désigner un espace réduit au milieu du désert rendu fertile par la présence d’eau. Or, la rigueur archéologique y introduit d’autres caractères essentiels. Une oasis, dans sa définition archéologique, est un terroir créé par la main de l’homme et entretenu par l’introduction d’un système de gestion technique et sociale de la ressource en eau. Il s’agit en fait d’un espace mis en culture par l’irrigation (avec des seguias) et donc parfaitement artificiel. Cela implique une présence humaine et une oasis peut donc être définie comme l’association d’une agglomération humaine et d’une zone cultivée (souvent une palmeraie) en milieu désertique ou semi-désertique.

Une palmeraie d’oasis est un espace fortement anthropisé et irrigué qui supporte une agriculture classiquement intensive et en polyculture. L’oasis est intégrée à son environnement désertique par une association souvent étroite avec l’élevage transhumant des nomades (très souvent populations pastorales et sédentaires se distinguent nettement). Cependant, l'oasis s’émancipe du désert par une structure sociale et écosystémique toute particulière. Répondant entre autres de contraintes environnementales, c’est une agriculture intégrée qui est menée avec la superposition (dans sa forme typique) de trois strates créant ce que l'on appelle « l'effet oasis » : la plus haute des palmiers dattiers (le palmier-dattier caractérise la plupart des oasis), une intermédiaire des arbres fruitiers (oranger, bananier, grenadier, pommier, etc.) et à l’ombre la strate des plantes basses (maraîchage, fourrage, céréales). Une autre constante de la structure oasienne est le travail en planches de culture, une organisation de l’espace appropriée à l’irrigation par inondation[1]. Les oasis sahariennes, milieux naturels et anthropiques, n'occupent qu'un millième de la surface du Sahara. La présence d’eau en surface ou en sous-sol est nécessaire, mais non suffisante à la création de tels espaces. Le Sahara est l’exemple type de l’actualisation de cette potentialité, mais pas l’unique. À travers le monde, le système oasien nourrit au moins dix millions de personnes. Cependant, il existe des régions désertiques sans oasis, malgré la présence d’eau (le Kalahari, par exemple). La création d’oasis est aussi contingentée par l’Histoire : de nombreuses oasis ont été créées ou se sont développées pour leur rôle de relais sur les routes commerciales (route saharienne de l’or ou route asiatique de la soie).

Les oasis sont l'objet régulier de projets de développement, nationaux ou internatioanaux, visant ces territoires comme potentiels agricoles ou touristiques.

Au niveau des ONG et associations, il existe par exemple le Réseau associatif de développement durable des oasis (RADDO) créé en 2001 qui rassemble des associations de Tunisie, d'Algérie, du Maroc et de Mauritanie. Son but — emblématique des approches environnementalistes récentes — est d'enrayer le déclin des oasis du Maghreb et la dégradation de leur écosystème par la mise en place d'actions d'amélioration de la gestion de l'eau et de la production de semences, d'aide à la diversification des activités et à la formation à l'agrobiologie.

Mais les exemples sont nombreux et témoignent de l'intérêt porté à ces écosystèmes limites en milieu désertique. Ils sont soumis aujourd'hui à de nouvelles pressions socioécologiques, en particulier l'investissement étatique dans l'extension des zones cultivées (ce qui amène souvent à une surexploitation de réserves d'eau souvent fossiles ou peu renouvelables) et touristique qui induit une concurrence sur l'eau et la main-d'œuvre locale (au détriment de l'agriculture) et, sur un autre plan, une recréation patrimoniale culturelle.

Sommaire

[modifier] Exemples d'oasis

Oasis de Timimoun (Algérie)
Oasis de Timimoun (Algérie)
Oasis de Chebika (Tunisie)
Oasis de Chebika (Tunisie)


[modifier] Notes

  1. Voir l'ouvrage sur les oasis de Vincent Battesti

[modifier] Bibliographie

  • Vincent Battesti, Jardins au désert, Évolution des pratiques et savoirs oasiens, Jérid tunisien [détail des éditions], Éditions IRD, coll. À travers champs, Paris, 2005, 440 p. (ISBN 2-7099-1564-2)
  • M. Ferry, S. Bedrani, D. Greiner, Agroéconomie des oasis, CIRAD, GRIDAO, Montpellier, 1999, 230 p.
  • Yves Lacoste, « Oasis » dans Encyclopædia Universalis, vol. XVI, Paris, 1990.
  • Nadir Marouf, Lecture de l'espace oasien, Sindbad, La Bibliothèque arabe, coll. Hommes et sociétés, Paris, 1980, 281 p.
  • A. G. P. Martin, Les oasis sahariennes, Auguste Challamel, Paris, 1908, 404 p.
  • A. Moussaoui, Espace et sacré au Sahara : Ksour et oasis du sud-ouest algérien, CNRS, coll. CNRS anthropologie, Paris, 2002, 291 p.
  • Les oasis au Maghreb, Mise en valeur et développement, Actes du séminaire Gabès, 4-6 novembre 1994. Tunis, Cahier du C.E.R.E.S., Série Géographique, vol. 12, 1995, 352 p.
  • Ben Mohamed Kostani._ les oasis marocaines précoloniales, cas de Gheris, publications de l'IRCAM,2005
  • Ben Mohamed Kostani._ l'Oasis de Gheris et le protéctorat, mécanismes de changement et formes de résistance, thèse de doctorat, 2002, en cours de publication.

[modifier] Liens et documents externes

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