Tentative d'assassinat de Jean-Paul II du 13 mai 1981

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Le 13 mai 1981, Mehmet Ali Ağca, membre de l'organisation nationaliste turque des Loups gris, tenta d'assassiner le pape Jean-Paul II, sur la place Saint-Pierre à Rome. Selon une commission parlementaire italienne, il se serait agi d'un complot ourdi par plusieurs États du bloc communiste. Des thèses conspirationnistes ont également été émises.

Sommaire

[modifier] L'attentat

Le 13 mai 1981, le turc Mehmet Ali Ağca a tiré deux fois sur le pape polonais Jean-Paul II, mais a été rapidement maîtrisé par la foule et les services de sécurité du pape. Ağca fut condamné en Italie à la prison à vie mais libéré après 19 années de captivité puis emprisonné en Turquie. Peu après la tentative d'assassinat, à Noël 1983, Jean Paul II lui avait rendu visite en prison. Après une conversation privée, le pape avait déclaré : « Ce dont nous avons parlé restera un secret entre lui et moi. Je lui ai parlé comme à un frère à qui j'ai pardonné et qui a mon entière confiance. ».

Mehmet Ali Ağca avait affirmé que Serguei Antonov lui avait fourni le pistolet avec lequel il avait grièvement blessé Jean-Paul II et que Serguei Antonov, qui était un responsable du bureau romain de la compagnie aérienne Balkan Air, avait agi pour le compte des services secrets bulgares. Mais Serguei Antonov avait été acquitté en 1986 pour « insuffisance de preuves ». Ces accusations n'ont cependant jamais été prouvées, même à l'ouverture des archives des services secrets communistes bulgares en 1989 ; et l'État bulgare, qui avait toujours proclamé son innocence, lui a accordé en 2002 « une pension pour mérites exceptionnels ».

Au cours d'un procès en Turquie, Abdullah Çatlı, autre membre des Loups Gris, a affirmé avoir donné lui-même l'arme à Ağca[1]. Ağca a été libéré sur parole en janvier 2006.

[modifier] Responsabilité

[modifier] Thèse officielle de la « commission Mitrokhine » : l'URSS, la Bulgarie et la RDA

Le sénateur Paolo Guzzanti, membre de Forza Italia, déclara le 2 mars 2006 que l'attentat contre Jean-Paul II avait été décidé par l'ancien dirigeant soviétique Léonid Brejnev, puis mis en œuvre par les autorités militaires d'URSS[2]. Le GRU, service secret soviétique, aurait « ensuite procédé à une répartition des tâches ». Dans cette opération, les services bulgares auraient servi de « couverture » tandis que la Stasi, la police secrète est-allemande, aurait été chargée de la « désinformation ».

Paolo Guzzanti se basait au premier chef sur le rapport, publié en 2006, de la « commission Mitrokhine », commission parlementaire italienne qu'il avait présidé et chargée d'enquêter sur les activités des services secrets communistes en Italie pendant la guerre froide. La commission tenait son nom de Vassili Mitrokhine, un ex-agent du KGB sur les archives duquel elle s'était principalement appuyé. Pour étayer ses propos, Guzzanti cita également le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, qui lui aurait confié en octobre 2004 avoir acquis la conviction que l'attentat commis par Ali Agca contre le pape le 13 mai 1981 avait été l'œuvre du GRU.

Pourtant, lors d'un voyage en Bulgarie en mai 2002, Jean-Paul II avait déclaré qu'il n'avait jamais cru en la piste de la « connexion bulgare », déjà soutenue à l'époque par Michael Ledeen. La Bulgarie et l'URSS nièrent formellement être impliquées dans cette tentative d'assassinat, de même que Markus Wolf, ancien maître-espion de la Stasi.

[modifier] Thèse alternative inculpant Gladio

Selon Le Monde diplomatique, le groupe des Loups gris, dont faisait partie Mehmet Ali Ağca, était « manipulé » par Gladio, réseau « stay-behind » de l'OTAN qui visait pendant la guerre froide à préparer une « guérilla» en cas d'invasion soviétique, mais soupçonné en Italie, en Grèce et en Turquie d'avoir pratiqué des attentats « false flag » visant à discréditer l'extrême gauche.

Selon cette hypothèse, la tentative d'assassinat aurait eu comme objectif de raviver la stratégie de la tension en Italie, le dernier attentat célèbre étant celui de l'attentat de la gare de Bologne en 1980. Le Monde diplomatique souligne ainsi que Mehmet Ali Ağca a été aidé par Abdullah Çatlı, autre membre des Loups gris et membre notoire de Gladio[3]. La journaliste Lucy Komisar soutient la même thèse, tandis que l'historien Daniele Ganser a montré, dans son livre sur Gladio publié en 2005, les liens avérés entre les Loups Gris, la CIA et Counter-Guerrilla, la branche turque de Gladio[4].

[modifier] Dans la culture populaire

Cette tentative d'assassinat a notamment inspiré l'écrivain américain Tom Clancy pour son roman Red Rabbit et elle représenté dans le dernier épisode du manga Chrno crusade.

[modifier] Références

[modifier] Sources

  1. « Les liaisons dangereuses de la police turque - collusion entre les forces de sécurité, les loups gris et la mafia », Le Monde diplomatique, mars 1997.
  2. L'ombre de Brejnev sur l'attentat contre Jean-Paul II, Le Figaro, Alain Barluet , 3 mars 2006
  3. "La Turquie, plaque tournante du trafic de drogue", Le Monde diplomatique, juillet 1998
  4. "Les liaisons dangereuses de la police turque - collusion entre forces de sécurité, loups gris et mafia", Le Monde diplomatique, mars 1997

[modifier] Bibliographie

[modifier] Documentaire

  • Patrice des Mazery, Roumiana Ougartchinska, Lundi Investigation, Jean-Paul II : Contre-enquête sur l'attentat, diffusé sur Canal +, le 12 juin 2007.

[modifier] Lien externe

Drapeau du Vatican Articles en rapport avec le pape Jean-Paul II, sa vie, son histoire, sa mort. Drapeau du Vatican

Naissance : le 18 mai  1920  à Wadowice · Mort : le 2 avril 2005 au Vatican ·
Sa biographie · Pape : le 16 octobre  1978 · Visites du Pape · Sa mort · Ses funérailles · Conclave de 2005 ·
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