Léonid Brejnev

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Leonid Brejnev

Naissance 1er janvier 1907
à Kamenskoïe, Ukraine
Décès 10 novembre 1982 (à 75 ans)
à Moscou, RSFS de Russie]] URSS
Nationalité Soviétique
Occupation Premier secrétaire du PCUS (1964-1982)
Distinctions 4 fois Héros de l'Union soviétique, cavalier de l'Ordre de la Victoire, 8 fois titulaire de l'Ordre de Lénine, 2 fois titulaire de l'Ordre du Drapeau Rouge, 2 fois titulaire de l'Ordre de la Révolution d'Octobre, plusieurs autres décorations.

Léonid Ilitch Brejnev (en russe : Леонид Ильич Брежнев) (1er janvier 1907 du calendrier grégorien ou 19 décembre 1906 du calendrier julien - 10 novembre 1982) est un homme politique soviétique à la tête de l'Union soviétique de 1964 à 1982 (d’abord en association avec d’autres, ensuite, en accumulant des mandats supérieurs).

Secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) de 1964 à 1982, il fut deux fois président du Præsidium du Soviet suprême (chef de l’État), de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982.

Sommaire

[modifier] Montée dans la nomenklatura

Léonid Brejnev naquit à Kamenskoïe (de nos jours Dnieprodzerjinsk), en Ukraine, fils d’un métallurgiste russe. Comme de très nombreux jeunes prolétaires aux temps de la révolution russe il reçut une éducation technique, en gestion du territoire puis en métallurgie. Il devint en 1923 membre de l’organisation de la jeunesse du parti communiste, le Komsomol, puis intégra le Parti lui-même en 1931.

En 1935-1936 il fait son service militaire obligatoire. D’abord engagé dans un corps de blindés il suit des cours sur les chars d’assaut avant de servir finalement comme commissaire politique. Suite à cela, il devient directeur du collège technique de métallurgie de Dnieprodzerjinsk. Il est rapidement transféré au centre régional de Dniepropetrovsk et en 1939 il devient secrétaire du Parti, en charge des industries lourdes de la défense.

Il fait partie de la génération de Soviétiques qui ne connurent pas la période ayant précédé la révolution russe et mêmes trop jeunes pour avoir vraiment participé aux luttes pour la succession de Lénine au poste de chef du parti en 1924. Au moment où il entre au Parti, Joseph Staline était déjà le maître incontesté ; Brejnev, comme beaucoup d’autres jeunes communistes, grandit dans le stalinisme sans trop se poser de questions.

Ceux qui survécurent aux grandes Purges de 1937-1938 obtinrent des promotions rapides, puisque ces éliminations ouvraient de nombreux postes dans les niveaux haut et moyen du parti et de l’État.

En juin 1941 l’Allemagne nazie envahit l’Union soviétique et Brejnev participe à l’évacuation des industries de Dniepropetrovsk, avant que la ville ne tombe entre les mains des allemands, le 23 août. Comme la plupart des membres du parti de rang moyen il est enrôlé dans l’Armée rouge comme commissaire politique. En effet, l’Armée rouge suivait le principe du double commandement : toutes les formations militaires étaient sous les ordres d’un officier professionnel et d’un commissaire politique. Cette organisation était détestée par les officiers. En octobre Brejnev devient délégué de l’administration politique pour le front sud, avec le rang de commissaire de brigade.

En 1942, alors que l’Ukraine est occupée, Brejnev est envoyé dans le Caucase comme délégué de l’administration. En avril 1943 il devient chef du département politique de la 18e armée. La même année, cette armée monte au front en Ukraine pour soutenir l’Armée rouge qui venait de prendre l’initiative de foncer à l’ouest. Le commandant en chef de cette ligne de front est Nikita Khrouchtchev, qui devient le mentor de Brejnev. À la fin de la guerre, Brejnev occupe le poste de commissaire politique du 4e front ukrainien qui entre à Prague après la capitulation allemande.

En août 1946 il quitte l’Armée rouge avec le rang de major général. Il vient de passer la totalité de la guerre comme commissaire et non comme militaire. Après avoir participé aux projets de reconstruction de l’Ukraine il devient premier secrétaire à Dniepropetrovsk. En 1950 il devient délégué du soviet suprême, La même année, il est nommé premier secrétaire du parti en Moldavie, territoire roumain incorporé à l’Union soviétique une première fois en 1940 puis définitivement en 1944. En 1952 il devient membre du comité central et se présente au Politburo).

[modifier] Brejnev et Khrouchtchev

Staline meurt en mars 1953 et la réorganisation qui suivit abolit le Præsidium pour reconstituer un politburo plus réduit. Bien que Brejnev ne soit pas membre du politburo, il est nommé chef du directoire politique de l’armée et de la marine, au grade de lieutenant-général, une place très importante. Cette promotion est probablement due au nouveau pouvoir de son mentor Khrouchtchev qui succède à Staline comme secrétaire général du Parti. En 1955 il est fait premier secrétaire du parti au Kazakhstan, un poste stratégique.

En février 1956 Brejnev est appelé à Moscou pour contrôler l’industrie de la défense. Avec le programme spatial, l’industrie lourde est la construction principale du pays. Il est désormais un personnage clé et en juin 1957 il soutient Khrouchtchev dans sa lutte contre la vieille garde stalinienne menée par Viatcheslav Molotov, Gueorgui Malenkov et Lazare Kaganovitch pour la direction du parti. La défaite de ces derniers lui ouvre les portes du politburo.

En 1959, Brejnev devient secrétaire du comité central et le 5 mai 1960 obtient le titre de président du Præsidium du soviet suprême c’est-à-dire de chef de l’État. Ce poste ne conférait pas de réels pouvoirs, mais permettait d’aller à l’étranger, ce qui développe chez Brejnev un goût pour les objets de luxe occidentaux.

Jusque vers 1962, la place de Khrouchtchev comme chef du parti est solide mais ses résultats n’étant plus satisfaisants, il commence à inquiéter ses pairs. La montée des difficultés économiques de l’Union soviétique augmenta la pression. En apparence, Brejnev demeure loyal, mais en 1963 il est impliqué dans un complot ourdi par Anastase Mikoyan, avec pour but de remplacer Khrouchtchev. Cette année-là il succède à Frol Kozlov, comme secrétaire du comité central, et devient par ce poste le successeur officiel de Khrouchtchev. Le 14 octobre 1964 alors que Khrouchtchev est en vacances, les conspirateurs frappent et lui font perdre son poste. Brejnev devient premier secrétaire du parti, Alexeï Kossyguine premier ministre et Mikoyan chef de l’État (en 1965 Mikoyan prit sa retraite et fut remplacé par Nikolaï Podgorny.)

[modifier] Chef du parti

Pendant les années Khrouchtchev, il avait approuvé la dénonciation de la dictature de Staline, la réhabilitation des victimes des purges et la libéralisation limitée de la vie politique et intellectuelle soviétique. Mais dès qu’il devint le meneur il commença à inverser ce processus. Dans un discours en mai 1965 commémorant le vingtième anniversaire de la défaite de l’Allemagne, Brejnev mentionna Staline d’une manière positive pour la première fois. En avril 1966 il prit le titre de secrétaire général. Le procès des écrivains Iouli Daniel et Andreï Sinyavsky, en 1966, marqua le début d'une politique répressive. Sous Youri Andropov, la police politique (le KGB) retrouva la plus grande partie du pouvoir dont elle avait joui sous Staline, cependant sans les excès les plus terribles.

Sous Brejnev, les relations avec la République populaire de Chine continuèrent à se dégrader, le rétablissement des relations sino-américaines, au début de 1971, marqua une nouvelle phase dans les relations internationales. En mai 1972, le président Richard Nixon se rendit en Chine pour rencotrer Mao Zedong.

Négociations sur la limitation des armements stratégiques SALT II le 18 juin 1979 à Vienne
Négociations sur la limitation des armements stratégiques SALT II le 18 juin 1979 à Vienne

Le zénith de la détente de cette période fut la signature de l’Acte Final d’Helsinki en 1975 qui entérine les frontières. L’Union soviétique accepte que les États participants respectent les Droits de l'Homme et les libertés fondamentales, y compris celles de pensée, conscience, religion ou croyance, tout cela sans religion. Mais ces principes ne furent jamais appliqués et l’opposition politique libéralisation interne dans l’Union soviétique et ses satellites. Le problème de l’émigration des juifs soviétiques devint une source d'irritation croissante qui ne put être aplanie lors de la rencontre entre Brejnev et le président Gerald Ford à Vladivostok en novembre 1974.

Toutefois, un dégel économique est-ouest a nettement précédé le dégel politique, notamment entre les satellites soviétiques et l'Europe de l'Ouest avec une augmentation des échanges commerciaux et des coopérations techniques, mais aussi avec l'Union soviétique. Parmi les exemples les plus emblématiques, la production sous licence d'automobiles Fiat 124 par le combinat Lada (modèle qui a lancé la marque soviétique) à partir de 1966, ou encore la production de sodas par Pepsi-Cola à partir de 1974.

Dans les années 1970 l’Union soviétique atteint le maximum de son pouvoir politique et stratégique avec le scandale du Watergate, sous l’amiral Sergei Gorshkov l’Union soviétique devint un pouvoir naval mondial pour la première fois et par le truchement de Cuba intervint y compris militairement en Afrique. Cette puissance conduit l'Union soviétique à un paradoxe dans cette région : en Angola, les militaires soviétiques, cubains et est-allemands protègent le régime marxiste allié de José Eduardo dos Santos en sécurisant les puits de pétrole exploités par les compagnies occidentales, notamment Exxon.

Pendant ce temps, Brejnev consolide sa position interne. En mai 1976, il se nomma lui-même maréchal et, en juin 1977, il oblige Podgorny à prendre sa retraite et devient à nouveau président. Le 18 juin 1979 à Vienne, il signe, aux côtés de Jimmy Carter, les accords SALT II concernant le désarmement des États-Unis et de l'Union soviétique.

[modifier] Crise du régime

Cependant le pouvoir soviétique sur le plan international et celui de Brejnev en politique intérieure dépendent de l’économie de l’Union soviétique. Or celle-ci devient stagnante à partir de 1965 et montre même des signes de déclin. Le retard de l’agriculture en est un exemple. Malgré l’industrie lourde, l'URSS n’obtient que des rendements médiocres au point qu’il lui faut importer du blé.

Les énormes dépenses pour les forces armées et dans une moindre mesure pour le programme spatial faisaient négliger les besoins de base comme l’habitat. L’importance grandissante de l’économie informelle (on utilisait l'euphémisme « l'économie de l'ombre », en fait le marché noir) était une sorte de réponse, mais elle entraînait une corruption généralisée. Le goût personnel de Brejnev pour les voitures en est une illustration.

De plus, dans les années 1960-1980, son gendre fut impliqué tout comme le dirigeant ouzbek de l'époque, Charaf Rachidov, dans la célèbre affaire dite du « coton ouzbek », où des sommes importantes furent détournées par le truchement de falsifications des statistiques : ce fut d'ailleurs la plus importante fraude de l'ère soviétique.

Les dernières années de son règne furent marquées par un culte de la personnalité omniprésent atteignant un sommet pour son soixante-dixième anniversaire en décembre 1976. Cette propagande qui ne pouvait plus s'appuyer sur la terreur était incapable de commander respect ou peur et la population la méprisait. Brejnev s’intéressait surtout aux questions internationales en laissant les questions internes à ses subordonnés. Parmi ceux-ci, le responsable de l’agriculture, Mikhaïl Gorbatchev, devint de plus en plus convaincu qu’une réforme fondamentale était nécessaire, sans que se tramât aucun complot, mais la santé du vieux chef déclinait.

Le dernier acte, l'héritage qui serait fatal à ses successeurs, fut la décision en décembre 1979 d’intervenir en Afghanistan, où un régime communiste impopulaire avait de grandes difficultés à garder le pouvoir. Cela arrêta brusquement la détente allant même jusqu’à un embargo par les États-Unis et la fourniture d’armements aux rebelles afghans. En mars 1982, Brejnev fut victime d'une crise cardiaque. Son pouvoir n’était plus que fantomatique et il mourut en novembre.

Son règne sur l'URSS fut le second par sa durée, mais sa réputation posthume est catastrophique, aussi bien dans le peuple que chez les historiens. Il a bloqué toute évolution et a mal estimé la volonté de ses adversaires dans certaines aventures militaires. On juge sévèrement sa vanité et son acharnement à gaspiller l'argent dans des objets de luxe inutiles. À sa décharge on peut rappeler que l’Union soviétique atteignit un niveau record de puissance et qu’il était un négociateur habile.

Précédé par Léonid Brejnev Suivi par
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Premier secrétaire du Parti communiste de Moldavie
1950-1952
Dmitry Gladky
Panteleimon Ponomarenko
Premier secrétaire du Parti communiste du Kazakhstan
1955-1956
Ivan Yakovlev
Kliment Vorochilov
Président du Præsidium du Soviet suprême
1960-1964
Anastase Mikoyan
Nikolaï Podgorny
Président du Præsidium du Soviet suprême
1977-1982
Vassili Kouznetsov
Nikita Khrouchtchev
Secrétaire général du PCUS
1964-1982
Iouri Andropov

[modifier] Voir aussi