Stratégie de la tension

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La stratégie de la tension est un terme désignant des opérations de déstabilisation d'un pays par le biais d'attentats false flag, c'est-à-dire mis sur le dos de la partie adverse. Le terme trouve ses origines dans l'histoire de l'Italie, en particulier durant les années de plomb où de nombreux attentats ont été commis, dont certains (par exemple l'attentat de la piazza Fontana en 1969 ou l'attentat de la gare de Bologne en 1980) par des groupes d'extrême droite, dans le but de faire ensuite accuser les Brigades rouges. Selon un rapport parlementaire de la coalition de centre-gauche de L'Olivier de 2000, les Etats-Unis ont soutenu en Italie « une stratégie de la tension visant à empêcher le PCI et, dans une moindre mesure, le PSI, d'accéder au pouvoir exécutif. » On a aussi parlé de stratégie de la tension dans d'autres pays, dont la Belgique (tueries du Brabant dans les années 1980 et, plus récemment, les plans du groupe néo-nazi BBET, découverts en septembre 2006).

Sommaire

[modifier] La « stratégie de la tension » en Italie

Icône de détail Article détaillé : Opération Gladio.

Dans les milieux d’affaires on craint une contagion de Mai 68. Les États-Unis craignent le spectre d’un gouvernement de gauche incluant le Parti Socialiste Italien (PSI) ou le Parti Communiste Italien (PCI) dans un pays abritant d’importantes bases militaires américaines. Selon certaines thèses historiques, les réseaux stay behind de l'OTAN, appelés en Italie "Gladio", et la loge P2 auraient mis en place une stratégie de la tension pour influencer l’opinion et l’amener à accepter un gouvernement autoritaire anti-communiste, ainsi qu'empêcher le compromis historique entre la Démocratie Chrétienne et le PCI. La thèse de la stratégie de la tension est appuyée en 2000 par un rapport parlementaire de la coalition de centre-gauche de L'Olivier, qui affirme que Washington a soutenu en Italie « une stratégie de la tension visant à empêcher le PCI et, dans une moindre mesure, le PSI, d'accéder au pouvoir exécutif. »

Au début des années 1980, le terroriste néofasciste Vincenzo Vinciguerra avait déjà avoué à la justice que l'attentat de la Piazza Fontana du 12 décembre 1969 visait à pousser l'Etat italien à « déclarer l'état d'urgence » et à instaurer un régime autoritaire anti-communiste. A l'époque, le mouvement autonome, les « gauchistes et anarchistes », sont immédiatement pointés du doigt ; 400 personnes sont arrêtées, ainsi que le cheminot libertaire Giuseppe Pinelli, arrêté le soir même. Il « tombera accidentellement » par une fenêtre du 4e étage du commissariat central de Milan, où il était détenu. Le soir du 20 décembre, l’ambassadeur états-unien Ackley cable à Washington : « Il faut se préparer à un scénario à la grecque ». Le régime des colonels est en place depuis 1967.

L'attentat de la piazza Fontana a été le point de départ des années de plomb en Italie. On arrête peu après Licio Gelli, le grand-maître de Propaganda Due (P2), une loge maçonnique néofasciste. Lors de perquisitions chez lui, on découvre un « plan de renaissance démocratique » qui détaille la marche à suivre pour installer un régime néofasciste en Italie. En outre, on découvre la liste des membres de P2, qui inclut tous les dirigeants des services secrets italiens (SISMI, etc.), ainsi que de nombreux juges, politiques (dont Silvio Berlusconi), et journalistes.

[modifier] Belgique

On a soupçonné, sans que la commission parlementaire d'enquête à ce sujet ne puisse apporter de preuve définitive, des groupes néo-nazis (tels que le Westland New Post) liés au réseau stay-behind belge de l'OTAN, d'implication dans les tueries du Brabant en 1980. L'arrestation en septembre 2006 de membres du groupe néo-nazi Bloed-Bodem-Eer en Trouw (BBET), qui aurait projeté d'assassiner Filip Dewinter, le dirigeant anversois du parti d'extrême droite Vlaams Belang, puis Dyab Abou Jajhah, leader du groupe islamiste Ligue arabe européenne, afin d'instaurer une dictature fasciste en Belgique a réveillé des souvenirs liés aux années de plomb [1].

[modifier] Références

  1. Ultradroite en Flandre : le soldat Boutens voulait passer à l'acte, Le Monde, 15 septembre 2006

Frédéric Laurent, L'Orchestre noir, Paris, Stock, 1978

[modifier] Voir aussi