Philippe d'Orléans (1869-1926)

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Louis Philippe Robert d'Orléans, « duc d'Orléans », est né le 6 février 1869 à Twickenham, au Royaume-Uni, et est décédé le 28 mars 1926 à Palerme, en Sicile. Il est prétendant orléaniste au trône de France de 1894 à 1926 sous le nom de « Philippe VIII ».

Le prétendant orléaniste au trône de France, Philippe, « duc d'Orléans ».
Le prétendant orléaniste au trône de France, Philippe, « duc d'Orléans ».

Sommaire

[modifier] Famille

Le comte de Paris, père du « duc d'Orléans ».
Le comte de Paris, père du « duc d'Orléans ».

Le prince est le fils aîné de Philippe d'Orléans (1838-1894), comte de Paris, et de son épouse et cousine germaine l'infante espagnole Marie-Isabelle d'Orléans (1848-1919).

Par ses deux parents, il est l'arrière-petit-fils du roi des Français Louis-Philippe Ier (1773-1850) mais, par sa mère, il compte également parmi ses arrières-grands-parents le roi Ferdinand VII d'Espagne (1784-1833).

Le 5 novembre 1896, Philippe épouse l'archiduchesse Marie-Dorothée de Habsbourg-Hongrie (1867-1932), fille du prince palatin Joseph de Habsbourg-Hongrie (1833-1905) et de son épouse la princesse Clotilde de Saxe-Cobourg-Kohary (1846-1927), elle-même fille de la princesse Clémentine d'Orléans (1817-1907). Mais l'union des deux cousins est malheureuse et reste stérile. Pendant le premier conflit mondial, la princesse Marie-Dorothée refuse même de quitter l'Autriche-Hongrie pour rejoindre son mari et les deux époux se séparent au lendemain de la guerre.

[modifier] Biographie

[modifier] Premières années

Philippe d'Orléans adolescent.
Philippe d'Orléans adolescent.

Après l'abolition de la première loi d'exil, en 1871, le jeune « duc d'Orléans » vient vivre en France avec sa famille, au château d'Eu. Là, il bat la campagne et s'initie très tôt à la botanique et à la zoologie, sciences qui vont tenir une place primordiale dans son existence. Son père, le comte de Paris, est, depuis la mort du « comte de Chambord », le principal prétendant au trône de France et œuvre activement à la restauration monarchique. Mais, en 1886, la famille royale est de nouveau visée par une loi d'exil, votée à la suite du battage médiatique provoqué par le mariage de la fille ainée du prétendant, la princesse Amélie, avec l'héritier du trône portugais, et auquel ont assisté les ambassadeurs européens. Le comte de Paris, son épouse et leurs enfants doivent donc quitter la France et retourner vivre en Angleterre.

[modifier] Carrière militaire

Ne pouvant suivre une carrière militaire en France, le « duc d'Orléans » s'inscrit à l'école militaire britannique de Sandhurst, où il entre sans concours par ordre personnel de la reine Victoria du Royaume-Uni et au titre de fils ainé d'un chef de Maison royale. Le prince s'enrôle ensuite dans l'armée britannique. Il part alors dans l'Himalaya, en Inde, au Sikkim et au Népal, où il est rejoint par son cousin le prince Henri d'Orléans, fils du duc de Chartres.

[modifier] Le « prince Gamelle »

De retour en Europe en 1889, le « duc d'Orléans » s'inscrit à l'Académie militaire suisse pour y suivre des cours. Mais, en 1890, âgé de vingt-et-un ans et toujours sous le coup de la loi d'exil, il débarque clandestinement à Paris pour exiger, comme chaque jeune Français, le droit d'accomplir son service militaire, ce qui lui est évidemment refusé. La presse ayant été mise au courant de son projet, le gouvernement traduit le prince en justice et le fait condamner à deux ans de prison. Cependant, il est libéré au bout d'à peine quatre mois de captivité, le gouvernement républicain étant bien embarrassé de détenir en prison un Français ne réclamant que le droit de servir sous les drapeaux et de « manger à la gamelle du soldat ». Suite à cet événement, le prince gagnera d'ailleurs le surnom populaire de « Prince Gamelle ».

Le « duc d'Orléans » en 1910.
Le « duc d'Orléans » en 1910.

Après ce coup d'éclat -dont son père n'a pas été mis au courant et qui embarasse fortement son oncle, le duc d'Aumale, qui craint de se voir lui-même à nouveau exiler- le jeune Philippe reprend ses voyages et part chasser dans le Caucase, en Amérique du Nord, en Somalie et en Ethiopie. Là, il se livre à d'énormes carnages qui lui permettent d'amasser quantité de dépouilles d'animaux, qu'il collectionne dans l'espoir de fonder un musée. Mais le prince réalise également d'importantes découvertes scientifiques : en Ethiopie, il visite des contrées alors inconnues des Européens et identifie une variété d'éléphant inconnue baptisée en son honneur Elephas Orleansi.

[modifier] Vie privée

Le mariage du « duc d'Orléans » avec sa cousine l'archiduchesse Marie-Dorothée en 1896 sonne l'arrêt des grandes expéditions du prince... mais pas des voyages. À bord du yacht le Maroussia, le couple princier visite, à partir de 1897 et pendant plusieurs années, les rivages méditerranéens. Le couple, qui ne peut concevoir d'héritier, séjourne très souvent à Palerme, en Sicile, dans le superbe Palais d'Orléans, où il reçoit de nombreuses visites royales ou impériales, comme celle de Guillaume II d'Allemagne et de son épouse, par exemple. Cependant, les relations du couple princier se dégradent et le « duc d'Orléans », fatigué de sa condition d'exilé, décide de reprendre ses expéditions.

[modifier] Un prince explorateur

En 1904, il part visiter la Norvège et le Spitzberg à bord du Maroussia. Puis, désirant poursuivre ses expéditions dans l'océan arctique, le « duc d'Orléans » acquiert un vaisseau plus important, le Belgica, avec lequel il mène trois campagnes polaires entre 1905 et 1909. Visitant la côte est du Groenland, il a alors la joie de découvrir des terres encore inconnues qu'il nomme Île de France et Terre du duc d'Orléans.

A partir de 1912, Philippe reprend ses expéditions terrestres, mais cette fois plus pour la chasse que pour la science. Il part alors pour l'Asie centrale, la Russie et le Caucase. L'année suivante, il se rend en Argentine et au Chili.

[modifier] Action politique

Charles Maurras, le père de l'Action française.
Charles Maurras, le père de l'Action française.

Mais ces voyages n'empêchent pas le prince d'accomplir ses devoirs politiques de prétendant, même s'il y prend peu d'interêt personnel. La France est alors passionnée par l'« Affaire Dreyfus » et le prince et le mouvement monarchiste se rangent, à partir de 1898, parmi les antidreyfusards convaincus. Prince catholique, le prétendant s'oppose également à la loi sur les congrégations de 1901. Mais c'est la rencontre du « duc d'Orléans » avec Charles Maurras en 1908 qui constitue certainement l'événement politique le plus important de la vie du prince. C'est en effet Charles Maurras, père de l'Action française et des Camelots du Roi, qui va s'emparer du mouvement monarchiste français pendant trente ans et réduire à néant les courants monarchistes antérieurs, qui n'ont plus que le choix de se soumettre ou de disparaître. Le prétendant abandonne en effet à l'Action Française la réalité de la direction politique du monarchisme français.

[modifier] Première guerre mondiale

Pendant le premier conflit mondial, le « duc d'Orléans » cherche à participer au combat aux côtés de la Triple-Entente mais ni la France, ni le Royaume-Uni, ni la Russie ou les États-Unis ne lui permettent de s'engager dans leur armée. Déçu par ces rejets, le prétendant retourne alors en Angleterre, où il passe toute la guerre.

[modifier] Dernières années

Une fois la paix revenue, Philippe reprend ses voyages : il part en Argentine et au Chili en 1921, fait le tour de l'Afrique l'année suivante, retourne en Haute-Égypte en 1925 et en Ethiopie en 1926. C'est après ce dernier voyage que le prince meurt dans son Palais d'Orléans, à Palerme.

[modifier] Héritage

La Grande Galerie de l'Evolution du Museum d'Histoire naturelle de Paris.
La Grande Galerie de l'Evolution du Museum d'Histoire naturelle de Paris.

Tout au long de ses voyages, le « duc d'Orléans » a amassé quantité de trophés de chasse qu'il a consciencieusement faits naturaliser et exposer dans ses châteaux, d'abord en Angleterre puis en Belgique. Mais le souhait du prétendant était de léguer ces dépouilles à la France afin de constituer un musée d'histoire naturelle ouvert au public.

A sa mort, la reine Amélie du Portugal, sa sœur, fait en sorte de réaliser cette volonté et le Muséum d'Histoire naturelle de Paris accueille dans une de ses annexes ses précieuses collections. Malheureusement, l'annexe, édifiée par l'architecte Weber et décorée par Maxime Real del Sarte, est mal conçue et les dépouilles sont rapidement abîmées par le temps. En 1960, les autorités doivent donc se résoudre à démolir le monument et les rares dépouilles encore indemnes sont reléguées à la Grande galerie de l'Evolution, où on peut encore les admirer aujourd'hui.

[modifier] Titulature et controverse

Louis-Philippe Ier, arrière-grand-père de Philippe d'Orléans.
Louis-Philippe Ier, arrière-grand-père de Philippe d'Orléans.

Comme prétendant orléaniste au trône de France et chef de la Maison d'Orléans, le prince Philippe pouvait porter chaque titre lié à un apanage traditionnel de la Maison Royale, ou puiser dans les nombreux titres traditionnels de sa branche : duc d'Orléans, duc de Valois, duc de Chartres, duc de Nemours, duc de Montpensier, dauphin d'Auvergne, prince de Joinville, sénéchal héréditaire de Champagne, marquis de Coucy, marquis de Folembray, comte de Soissons, comte de Dourdan, comte de Romorantin, baron de Beaujolais.

Pour ses partisans les orléanistes, et particulièrement les militants d'Action française, Philippe d'Orléans était l'héritier du trône de France sous le nom de « Philippe VIII ». Il était en effet l'aîné des descendants du roi Louis XIII de France, à l'exclusion des descendants de Philippe V d'Espagne, partis régner de l'autre côté des Pyrénées en vertu du traité d'Utrecht, signé par le roi d'Espagne en 1713.

Mais, pour ses adversaires légitimistes, Philippe d'Orléans n'était « que » duc d'Orléans alors que les véritables prétendants étaient ses lointains parents les princes Charles et Jacques de Bourbon.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Œuvres

  • Chasses et chasseurs arctiques (1906)
  • A travers la banquise (1906)
  • La Revanche de la banquise (1908)

[modifier] Autres sources

  • Marie-Françoise Lafon, Philippe, duc d'Orléans 1869-1926, Explorateur, navigateur, naturaliste, Boubee, 2000.
  • Georges Poisson, Les Orléans, une famille en quête d'un trône, Perrin, Paris, 1999.

[modifier] Liens externes

Charles Maurras, Le Tombeau du Prince (recueil d'articles publiés à l'occasion de la mort de Philippe d'Orléans).

[modifier] Voir aussi

Précédé par Philippe d'Orléans (1869-1926) Suivi par
Philippe VII

Philippe VIII
Succession orléaniste
1894-1926
Jean III
Précédé par Philippe d'Orléans (1869-1926) Suivi par
Philippe d'Orléans duc d'Orléans Jean d'Orléans

François d'Orléans