Ogyen Kunzang Chöling

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Sommaire

Ogyen Kunzang Chöling (OKC) est un nouveau mouvement religieux bouddhiste, fondé en Belgique par Robert Spatz en 1972, à la demande de Kyabjé Kangyour Rinpotché (1895 - 1975), grand Maître bouddhiste vénéré au Tibet, qui avait déjà instauré un monastère OKC en Inde, à Darjeeling.

Depuis la moitié des années 90, ce mouvement a été l'objet de nombreuses critiques : en effet, la Commission parlementaire sur les sectes en France ainsi que plusieurs associations anti-sectes le présentent de manière très défavorable.

[modifier] Croyances et pratiques

OKC déclare appartenir à la tradition bouddhiste tibétaine nyingma. D'après son site officiel, ses centres ont pour but « la transmission et la mise en pratique des enseignements bouddhiques de la tradition tibétaine ainsi que la réalisation de toute activité contribuant au bien-être et à l'évolution spirituelle des êtres »[1].

Le culte se compose essentiellement de prières, de méditation, de séances de yoga curatif et de médecine naturelle. Les offices se tiennent chaque jour au temple, tôt le matin ainsi que le soir vers le moment du dîner, les horaires variant suivant les temples. Des cérémonies d'offrandes ont lieu les 10è et 25è jour du calendrier lunaire. Des cours d'enseignement et de pratique du bouddhisme dirigés par des lamas sont organisés régulièrement à l'intention du public.

Dans le but de favoriser la paix, le mouvement souhaite disperser des "terboum" (signifiant "Vases précieux") un peu partout dans le monde. Il s'agit de récipients censés protéger les lieux où ils se trouvent. À l'heure actuelle, sur 6 200 emplacements définis par un lama grâce à l'astrologie bouddhiste tibétaine, 4 000 sont déjà en place[1].

[modifier] Organisation

[modifier] Lieux d'implantation

Belgique : En Europe, le premier centre fut fondé à Bruxelles en 1972, par Robert Spatz (né en 1944 à Uccle en Belgique, appelé Lama Kunzang Dorje), sur la demande de Kyabjé Kangyour Rinpotché dont il fut un fervent disciple et qu'il suivit dans ses retraites spirituelles durant six ans. Spatz a été formé lama à Chanteloube (Dordogne) auprès de la famille de souche royale de Wangyal Rimpoche.

Depuis, un nouveau temple a été consacré à Bruxelles en novembre 1999 où des séminaires d'introduction au bouddhisme sont donnés ; les cours, programmés le samedi, durent deux heures chacun. Le yoga traditionnel, axé principalement sur la respiration, y est enseigné à trois niveaux différents[1].

France : En France, le mouvement s'est implanté à Castellane en 1974, où il a acheté un domaine de 112 hectares, appelé Nyima Dzong, qui comprend un temple, les habitations des membres, de grandes statues de divinités bouddhistes, et un stupa.

Portugal : D'autres implantations du mouvement virent le jour au Portugal, en 1979 et 1982. Au temple de Lisbonne, on propose des cours d'introduction au bouddhisme dispensés le week-end, des études et pratiques des textes bouddhistes pour les élèves déjà bien avancés, des retraites d'étude et de pratique effectuées surtout en été au centre de Humkara Dzong, du yoga traditionnel et de la méditation. L'autre temple du pays, situé sur une colline dans le sud, comporte de nombreuses statues et comprend de petites maisons d'habitation, un bâtiment pour les lamas de passage, et deux ateliers[1].

Polynésie française : Enfin, à Tahiti (Papeete), en 1982, le centre de Gyatso Dzong (signifiant la "Forteresse océane") a été fondé et le yoga traditionnel y est enseigné[1].

[modifier] Structures

OKC possède également des magasins, des restaurants biologiques ainsi que des châteaux. En France, le groupe n'a qu'une seule association ; en Belgique en revanche, il possède des sociétés coopératives Kubera (comptabilité interne), Tara (restaurants), Torma (rénovation et travaux de construction), Vajra (distribution alimentaire agrobiologique) et une SA Persampe. Le mouvement est enregistrée comme une association de loi 1901 en France, et comme une association sans but lucratif en Belgique[2].

Depuis juillet 1996, il a publié une revue trilingue, Adarsha (signifiant "Miroir"), qui comporte des reportages, des enseignements des lamas bouddhistes tibétains et des témoignages.

[modifier] Controverses et polémique

[modifier] Secte ?

En France, OKC est répertorié comme secte dans les rapports n°2468 de décembre 1995 et n°1687 de juin 1999. Le groupe, qui est considéré comme une "secte orientaliste", figure parmi les mouvements ayant de 50 à 500 adeptes. Il ne remplit néanmoins qu'un seul des dix critères de comportement sectaire retenus par la Commission parlementaire. Son patrimoine financier en ferait le onzième mouvement supposé sectaire de France.

En 2006, à l'occasion de la commission relative à l'influence des mouvements sectaires sur les mineurs, un questionnaire a été envoyé à divers groupes entrant, d'après les parlementaires, dans le champ de leur étude. À propos des enfants grandissant en son sein, OKC a répondu : « L'association OKC a pour but l'étude et la pratique du bouddhisme tibétain et ne s'occupe pas, en tant que telle, de l'éducation des enfants qui séjournent au Château de Soleils. L'éducation des enfants relève de leur vie privée et de la responsabilité de leurs parents. »[3]

La Commission parlementaire belge a également inclus OKC dans la liste des groupes à étudier en vue de son rapport sur les sectes ; elle a d'ailleurs procédé à l'audition de Robert Spatz.

Il convient toutefois de rappeler que ce rapport parlementaire et sa liste de sectes ont fait l'objet de nombreuses critiques de la part d'historiens des religions, de sociologues, d'universitaires ou d'associations de défense de la liberté de croyances. En outre, depuis une circulaire du Premier ministre en date du 27 mai 2005[4], la lutte contre les sectes ne recourt plus désormais à une liste de sectes, mais plutôt à une utilisation de faisceaux de critères. La circulaire admet que la liste de mouvements figurant dans le rapport parlementaire de 1995 devient de moins en moins pertinente, eu égard à la complexité du phénomène sectaire et à son évolution. Pour sa part, le président de la MIVILUDES, Jean-Michel Roulet, a estimé en 2005 que la liste parlementaire des sectes de 1995 est « complètement caduque », mais qu'elle « a permis de cerner le phénomène même si c'était de manière parfois erronée et partiellement incomplète ». Ainsi, la classification d'OKC comme secte n'est plus d'actualité. De plus, les rapports annuels ultérieurs de la MILS, puis de la MIVILUDES, ne mentionnent plus du tout OKC.

D'anciens membres ont évoqué notamment comme griefs le confinement dont les adeptes sont l'objet, des violences physiques, des punitions, la dévotion absolue à Robert Spatz, un mode de vie contraignant (absence de chauffage, corvées, travaux imposés, silence obligatoire, nourriture frugale...).

[modifier] Scolarisation interne et emploi du temps chargé

Parmi les charges retenues contre OKC figurent l'emploi du temps très chargé auquel sont soumis les enfants (ce qui amène le rapport belge, à la page 170, à qualifier l'éducation de "spartiate" au sein d'OKC), ainsi que la scolarisation à l'intérieur du groupe. En effet, le centre de Castellane a ouvert sa propre école (qui comptait trente-deux d'enfants au moment de l'audition des représentants d'OKC par la Commission parlementaire belge), enseignant les matières traditionnelles ainsi que la philosophie bouddhiste. La Commission parlementaire belge estime que cela ne favorise pas les échanges externes au groupe, obligeant ainsi les enfants à rester dans la communauté une fois qu'ils auront grandis. En plus des trois heures de cours généraux, les enfants doivent se livrer quotidiennement aux pratiques cultuelles du groupe, aux travaux manuels, à l'apprentissage du tibétain, à la culture du potager, au sport (arts martiaux japonais) et à la danse, ce qui leur laisserait peu de temps libre.

À ces critiques, OKC répond qu'un contrôle par l' Inspection Académique de Digne a révélé que les écoliers de la communauté de Castellane obtenaient des résultats bien meilleurs que ceux fréquentant l'école traditionnelle. Par ailleurs, il n'est pas exigé des enfants des membres d'OKC qu'ils soient scolarisés dans la communauté, qui malgré tout offre, selon Robert Spatz, un cadre de vie très appréciable. En outre, les enfants scolarisés dans le groupe voient régulièrement leurs parents (ceux-ci séjournent avec eux durant les vacances), et ils ont le droit de regarder la télévision ou de lire[5].

[modifier] Vie communautaire et travail dissimulé

Selon la Commission parlementaire belge, OKC « demande à ses membres du travail communautaire, et leur fournit gratuitement en échange le logis, le manger et l'enseignement (...). L'ampleur des tâches imposées et la durée du travail peuvent être importantes et conduire à une véritable exploitation de la main d'œuvre ainsi employée ». Ce qui reviendrait à un travail clandestin.

Pour sa part, OKC rétorque que le bénévolat a été particulièrement utile et de toutes façons nécessaire, surtout au début de sa création, et que celui-ci ne concerne aujourd'hui qu'une quarantaine de membres, les autres ayant une vie professionnelle indépendante hors de la communauté[5].

Toutefois, à la page 165, le rapport belge reconnaît que, pour certains fidèles, la vie communautaire se limite aux célébrations religieuses et aux repas. Par ailleurs, les célibataires disposent d'une chambre et les familles d'un petit logement.

[modifier] Conditions de vie éprouvantes

Le mode de vie difficile est souvent évoqué par les anciens membres de la communauté qui reprochent entre autres l'interdiction de parler et l'absence de chauffage.

Dans son rapport, la Commission parlementaire belge déclare à la page 158 qu'OKC fait partie des mouvements proposant des « formes d'alimentation alternatives telles que le végétarisme, le véganisme et la macrobiotique ». Ce qui, d'après elle, est une technique permettant « d'attache[r] mentalement les (nouveaux) disciples au groupe ». L'activiste anti-secte M.Lallemand indique, à la page 165 du rapport, que le mode de vie serait très dur au sein de la communauté : lever à 4h, prière à 4h30 (6h selon les responsables), déjeuner à 8h, puis travaux communautaire jusqu'à 20h, horaire de la prière du soir et du dîner.

À l'inverse, Robert Spatz affirme que lors des repas on joue un peu de musique et qu'il n’est pas du tout imposé de manger en silence. Par ailleurs, il est possible de se divertir en participant à des activités culturelles ou sportives, sans contrôle de la part du groupe. Pour ce qui est du chauffage, Robert Spatz fait remarquer que celui-ci était déjà absent lors de l'achat du château des Soleils en 1974, que son expérience personnelle prouve qu'on peut s'en passer même quand il fait très froid, et que de toutes façons, il n'est pas interdit pour les membres de se chauffer (chacun dispose d’un petit appareil de chauffage)[5]. En outre, des membres de la communauté ont affirmé à la commission parlementaire belge que l'interdiction de fumer et de boire auraient été levée (p 165).

[modifier] Abus sexuels

Prétextant une initiation religieuse, Robert Spatz se serait livré, dans le début des années 80, à un viol sur une femme, ainsi qu'à des attouchements et attentats à la pudeur sur une mineure (lors des faits) ; il est mis en examen durant l'été 1997 et un mandat d'arrêt est délivré à son encontre le 30 mai au motifs de « viol avec la circonstance aggravante de l'autorité exercée sur la victime, et attentat à la pudeur sur mineur de moins de 16 ans »[6].

[modifier] Abandons de soins et séquestrations

Une adepte de 46 ans appartenant à la communauté, ne se soignant plus pour son cancer en phase terminale, la famille a déposé une plainte[6].

Par ailleurs, sous prétexte de méditation, des membres auraient été séquestrées dans des cellules isolées phonétiquement et fermées, situées sous la piscine. D'anciens membres affirment que les enfants pouvaient être enfermés plusieurs jours, voire une semaine, dans une cabane de bois privée de lumière, et sans nourriture, si ce n'est un verre d'eau. En outre, les enfants auraient été régulièrement brimés et n'étaient lavés qu'une fois par semaine.[7].

[modifier] Financement

Selon la Commission parlementaire française, OKC est une "secte moyenne" pour ce qui est de ses finances. Son patrimoine immobilier et ses recettes annuelles sont estimés respectivement à 6 et 25 millions de francs. La fortune du groupe provient essentiellement de dons, mais aussi de ses sociétés commerciales, de la vente de sa revue, des cours (gratuits pour les membres) et des revenus des membres de la communauté[8] (par exemple, deux d'entre eux versaient chacun mensuellement 40 000 FF, selon le rapport belge). En Belgique, OKC a un budget annuel d'environ 20 millions de FF provenant de ses différents filiales. Il serait redevable envers l'Office national de la sécurité sociale d'une somme de plus de 8 750 000 FF auquel s'ajoutent des pénalités. La Commission parlementaire belge reproche l'enrichissement de Robert Spatz, qui recevrait environ 4 millions de FF par an sur l'un de ses comptes grâce à la gestion de ses propriétés situées à Ixelles. De plus, elle déclare dans son rapport, page 184, qu'OKC fait partie des sectes disposant de nombreux immeubles, notamment d'un château et de matériel roulant.

De son côté, Robert Spatz déclare qu'il a hérité toute cette fortune de son père et déclare la mettre à la disposition d'OKC, et ceci de façon désintéressée. De plus, en tant que lama laïque, il n'est pas tenu par des vœux de pauvreté. Il déclare avoir utilisé l'argent entre autres pour soutenir le fonds d’entraide bouddhiste en France, aider la société d'édition d'ouvrages bouddhistes Padmakara, et participer au financement de la visite du dalaï-lama à Paris[5].

[modifier] Actions judiciaires

Le 30 mai 1997, à 14 h, 150 gendarmes (ainsi que deux hélicoptères) pénétraient dans le domaine d'OKC à Castellane, après que le juge d’instruction de Digne ait délivré une commission rogatoire au motif de « non-assistance à personne en danger, blessures involontaires et exercice illégale de la médecine ». Personne n'a été emmené par les gendarmes, mais ceux-ci procédèrent à l'audition d'une trentaine d'enfants. Dix-sept autres perquisitions dans les locaux d'OKC ont eu lieu en Belgique par 200 gendarmes. En France, une autre visite de contrôle est effectuée à Castellane le 30 mars 2000[6],[9].

Le 4 juin 1997, Robert Spatz et 5 proches (dont sa femme), sont mis en examen pour « abus de confiance, associations de malfaiteurs, blanchiment d’argent, recel, non-assistance à personne en danger et séquestration arbitraire aggravée de sévices corporels ». Spatz est libéré de prison sous caution le 7 octobre 1997. Finalement, le 8 novembre 2001, le tribunal correctionnel de Digne a relaxé les prévenus.

En août 2000, un homme de 24 ans originaire du Mozambique a pris en otage les clients d'un restaurant appartenant à OKC à Ixelles. Il réclamait une somme d’argent, s’estimant victime du groupe dans lequel lui et sa mère avaient passé plus d'une dizaine d'années[10].

En 1999, le mouvement a, en Belgique, tenté par une action judicaire sans succès de faire cesser la publication de la brochure Gourou, gare à toi dans laquelle OKC, cité à plusieurs reprises de manière défavorable, s'estimait victime d'un préjudice moral[11].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes (= sources de l'article)

[modifier] Références

  1. abcde Site officiel d'OKC
  2. Rapport parlementaire belge sur les sectes
  3. La commission d'enquête parlementaire et le respect du contradictoire, une enquête du CICNS, 17 avril 2007
  4. Circulaire du Premier ministre du 27 mai 2005 relative à l'abandon de la liste de sectes
  5. abcd Audition de Robert Spatz par la Commission parlementaire belge
  6. abc Présentation défavorable d'OKC, par Philippe Allard
  7. Les sectes, de Thomes Lardeur, Presses de La Renaissance, Paris, 2004 (ISBN 2-7509-0008-5)
  8. Rapport parlementaire n°1687 de juin 1999
  9. La descente de gendarmerie dans la communauté
  10. Un ex-adepte d'OKC règle ses comptes en public, in Le Soir, 29 août 2000
  11. Arrêt du 19 novembre 1999 de la Cour d'Appel de Bruxelles à propos d'OKC