Castellane

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Castellane

Carte de localisation de Castellane
Pays France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Alpes-de-Haute-Provence
Arrondissement Castellane
Canton Castellane
Code Insee 04039
Code postal 04120
Maire
Mandat en cours
Gilbert Sauvan
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes du Moyen Verdon
Latitude
Longitude
43° 50′ 51″ Nord
         6° 30′ 50″ Est
/ 43.8475, 6.51388888889
Altitude 639 m (mini) – 1 761 m (maxi)
Superficie 117,79 km²
Population sans
doubles comptes
1 592 hab.
(2004)
Densité 12 hab./km²

Castellane (en occitan provençal : Castelana selon la norme classique ou Castelano selon la norme mistralienne) est une commune française, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Avec seulement un peu plus de 1500 habitants, Castellane a la particularité d'être la plus petite sous-préfecture de France.

Ses habitants sont appelés les Castellanais.

Sommaire

[modifier] Géographie

La commune de Castellane est une cité très ancienne implantée en amont des Gorges du Verdon. La ville est située à 724 mètres d'altitude[1].

Le Roc, ou Roc Notre-Dame domine la ville de ses 184 m de haut[2]. C'est le site qu’elle occupait au Haut Moyen Âge, et un site classé.

Deux lacs de barrage se trouvent sur le territoire de Castellane :

Deux clues se trouvent sur la commune : la clue de Taulanne, franchie par l’Asse de Blieux et la route Napoléon ; la clue de Chasteuil, franchie par le Verdon.

Le sentier de grande randonnée GR 4 traverse la commune.

[modifier] Sommets et cols

Castellane et le Roc
Castellane et le Roc

[modifier] Hameaux

  • La Baume,
  • Blaron,
  • Chasteuil (cité au XIIIe siècle, Castaneum[1])
  • Eoulx (cité en 1045, Eols),
  • Robion (cité en 1045, In Rubione),
  • Taloire (cité vers 1200, Taladoira),
  • Taulanne (cité au XIIIe siècle, Taulana).
  • Villars-Brandis (cité au XIIIe siècle, Brandisium)
  • La Palud

[modifier] Géologie

La commune fait partie de la zone de calcaires jurassiques des Préalpes de Provence. Le relief s'est formé avec la surrection des Alpes au cours de l'ère tertiaire[3].

[modifier] Communes voisines

Senez Saint-André-les-Alpes Saint-Julien-du-Verdon
Blieux N Demandolx,
La Garde
O    Castellane    E
S
Rougon Trigance     Le Bourguet Châteauvieux
Enclave: {{{enclave}}}

[modifier] Économie

Tourisme d’été : départ des gorges du Verdon, nombreuses résidences secondaires (la population décuple l’été).

[modifier] Histoire

[modifier] Préhistoire et Antiquité

Castellane présente un peuplement très ancien. Son territoire est d'abord fréquenté par des nomades au Néolithique (traces les plus anciennes : 6000 ans av. J.-C.[4]. Une grotte ornée d’art pariétal se trouve également sur la commune[5]. Des tribus ligures occupent le territoire. Les Suetrii créent ensuite un oppidum appelé Ducelia, à proximité du Roc. Ils exploitent les nombreuses sources salées qui se trouvent à proximité et en revendent le sel.

Après la conquête romaine, des habitations s'établissent dans la plaine, et la ville est appelée civitas saliniensum (la cité des marchands de sel). Elle prend alors son essor. Plusieurs voies partent ou passent par de cette ville :

Le nom de la ville devient ensuite Salinae. Elle était la capitale des Suetrii[1].

Les habitants de la cité s'installent tout d'abord sur le bord du Verdon pour y exploiter les sources salées encore visibles aujourd'hui.

Un évêché y est fondé au Ve siècle : il est transféré à Senez en 506[1], et y reste jusqu’à sa suppression à la Révolution française, malgré toutes les tentatives de le faire revenir à Castellane.

[modifier] Moyen Âge

Le site intermédiaire de la ville de Castellane (au centre, l’ancienne église Saint-André)
Le site intermédiaire de la ville de Castellane (au centre, l’ancienne église Saint-André)

Pour se protéger des invasions, la ville s'installe au sommet du Roc qui domine la vallée du Verdon, puis descend un peu à flanc de montagne sur les terrasses bordant le Roc. Certains vestiges de ce troisième site de Castellane, nommé Sinaca en 813 (actuel lieu-dit le Signal[7], puis Petra Castellana en 965[1]) sont encore visibles. Au début du IXe siècle, tout le terroir environnant n’était peuplé que de 84 habitants. Pour des questions pratiques, les habitants s'installent ensuite au pied du Roc, dans le fond de la vallée.

Progressivement, trois bourgs coexistent[1] :

  • le Rupes, au sommet du Roc, bientôt uniquement occupé par le château (construit en 977 par Pons-Arbaud et Aldebert[8]) ;
  • le Castrum, à mi-hauteur, sur un site plus large mais facile à défendre ;
  • le Burgum, site actuel, d’accès aisé et facilitant les échanges.

En 1189, Boniface III est attaqué par son suzerain Alphonse Ier de Provence auquel il refusait l'hommage, et doit se soumettre[9]. Une autre guerre éclate entre le baron de Castellane et son comte en 1227. En 1262, c’est Charles Ier d’Anjou qui soumet Boniface VI de Castellane. Au XIIIe siècle, un bailliage y est installé[1].

La Peste noire atteint Castellane en 1348, et est suivie d’une crue dévastatrice du Verdon. En 1390, Raymond de Turenne ravage le terroir environnant et le village de Taulanne, sans réussir à prendre la ville.

La Provence est rattachée à la Couronne de France en 1483, et Louis XI fait raser le château. En 1486, un consulat est conféré à Castellane, qui peut s’administrer elle-même.

[modifier] Renaissance

Les Impériaux de Charles Quint pillent la ville en 1536[1].

Des troubles religieux éclatent dès 1559, Brun de Caille ayant converti les Castellane. Paulon de Mauvans, capitaine protestant, pille la ville à l'été 1560[10], puis s’y installe après un armistice avec le gouverneur de Provence, le comte de Tende. La ville est attaquée par les protestants le 4 octobre 1574, mais ils en sont chassés par les habitants sortis de la ville et les habitants du voisinage, et poursuivis jusqu’à la clue de Taulanne[11].

Le 30 janvier 1586, le baron d’Allemagne et le duc de Lesdiguières tentent de surprendre la ville. L’attaque est repoussée, et le baron d’Allemagne blessé d’une balle dans le dos, ce qui provoqua le repli des assaillants. Ce siège est depuis célébré chaque année le dernier week-end de janvier, à travers la cérémonie des Pétardiers (sapeurs artificiers). L’attaque est reconstituée, et notamment l’épisode où Judith Andre tua le capitaine des pétardiers, Jean Motte, en lui versant un chaudron de poix bouillante du haut de la porte de l'Annonciade, réputée point faible du village[12].

Castellane vue du Roc, ancien site de la ville qui la domine
Castellane vue du Roc, ancien site de la ville qui la domine

[modifier] XVIIe-XVIIIe siècles

Une nouvelle peste frappe la ville en 1630. Les Austro-Sardes occupent brièvement la ville en 1746. La ville est le siège d’une viguerie jusqu’à la Révolution[13].

[modifier] Révolution française

La société patriotique (Société des Amis de la Constitution) est enregistrée le 8 septembre 1791, disparaît, puis se reconstitue le 6 mai suivant, lors de la tournée des administrateurs départementaux[14]. Elle prend alors pour nom Société des Amis de la Liberté, Égalité, Paix et Loix[15]. Masséna s’y inscrit et les femmes fondent un club distinct des hommes, avant que les deux ne fusionnent. Elle compte jusqu’à 293 adhérents, soit 40 à 70 % de la population masculine[16], et s’affilie au club des Jacobins de Paris (la seule du district dans ce cas), puis à celui des Jacobins de Marseille le 17 juin 1792[17]. Les discussions, qui ont lieu majoritairement en provençal, sont animées et dégénèrent parfois en pugilat, par exemple le 29 juin 1792 à propos d’une éventuelle descente des Marseillais[18]. Le 5 frimaire an III, le représentant en mission Gauthier épure la société[19].

Une sous-préfecture est créée en 1799.

[modifier] XIXe

[modifier] XXe siècle

Le 10 septembre 1926, la sous-préfecture est supprimée, dans le cadre du plan d’économies de Poincaré, puis est rétablie le 1er juin 1942[20].

En 1951, un tremblement de terre a lieu à Taloire.

Plusieurs communes ont été rattachées à Castellane :

  • celle de Castillon, en 1948, lors de la construction du barrage de Castillon ;
  • Villars-Brandis (1964),
  • celles de Chasteuil, Eoulx, Robion, Taloire, Taulanne, qui forment autant de hameaux de la commune, en 1973.

[modifier] Héraldique

Blasonnement :
de gueules à un château sommé de trois tours d'argent ; au chef d'azur à trois fleurs de lys d'or[21]

[modifier] Administration

Liste des maires successifs[22],[23]
Période Identité Parti Qualité
1792 Antoine Alphand Président de la société patriotique
mars 2001 mars 2008 Michel Carle UDF
mars 2008 Gilbert Sauvan PS[24] Vice-président du conseil général

La ville dispose d’une bibliothèque, d’un collège, d’un hôpital local.

[modifier] Démographie

Population sous l’Ancien Régime
Date 1315 1471 1716 1760
Population en feux[25] jusqu’en 1471
en nombre d’habitants ensuite[26]
292 134 1940 1752
Évolution démographique
(Source : INSEE[27])
1809 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2004
1903 1160 1181 1234 1383 1349 1508 1592
Nombre retenu à partir de 1968 : population sans doubles comptes

[modifier] Lieux et monuments

  • le pont du Roc, XVe siècle, restauré en 2008 et fermé à la circulation automobile ; ses abords sont un site inscrit
  • le dolmen des Pierres Blanches, néolithique final-chalcolithique
  • le Roc qui domine la ville, s'élevant à 930 mètres (soit plus de 200 m au dessus du Verdon).
  • la chapelle Notre-Dame du Roc (site du Haut Moyen Âge) ; le Roc est un site inscrit
  • le donjon pentagonal datant du XIVe siècle (monument historique)
  • château XVIIIe siècle à Eoulx
  • l’église Saint-Victor du XVe siècle
  • le temple bouddhiste
  • l’église Saint-Thyrs (ou Saint-Thyrse) de Robion, classée monument historique en 1944
  • la bibliothèque (catalogue en ligne)
  • ruines de l’église Saint-André (site de Petra Castellana)
  • église Notre-Dame-du-Plan XIIe, ancien prieuré, à Castellane ; église Saint-Sébastien de Chasteuil (XVIe siècle) ; Saint-Pons à Eoulx ; Saint-Pons (XVIe siècle) avec cloche datée de 1436 à Robion ; église Saint-Jean à Taloire (XIIIe siècle) ; Saint-Pierre à Taulanne ; Saint-Jean-Baptiste à Villars-Brandis
  • église Saint-Victor, au bourg ; chapelles de Blaron ; Saint-Antoine et Notre-Dame (ruinée) à Eoulx ; Saint-Thyrse (restaurée en 1942) et Saint-Trophime à Robion ; Saint-Étienne, sur un sommet, à Taloire ; Saint-Jean, à Villard

[modifier] Personnalités liées à la commune

Dans la commune s'est également installée l'association bouddhiste Ogyen Kunzang Chöling, animée par Robert Spatz, et citée dans le même rapport parlementaire aussi comme une secte.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Castellane.

[modifier] Articles de Wikipédia

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. abcdefgh Michel de La Torre, Alpes-de-Haute-Provence : le guide complet des 200 communes, Deslogis-Lacoste, coll. « Villes et villages de France », Paris, 1989, Relié, 72 (non-paginé) p. (ISBN 2-7399-5004-7)
  2. Robert Dichary, Castellane : à l'aube des gorges du Verdon, Serre Éditeur, Nice, 1994. ISBN 978-2-86410-206-9, p 7
  3. Robert Dichary, op. cit., p 6-7
  4. Robert Dichary, op. cit., p 4
  5. La grotte est trop peu importante pour être fermée et surveillée, mais son emplacement reste confidentiel pour ne pas altérer les peintures ; Jean Gagnepain, Préhistoire du Verdon, Alpes-de-Haute-Provence et Var : des origines à la conquête romaine, Édisud, Aix-en-Provence, 2002. ISBN 2-7449-0347-9. Préface de Jean Courtin, p 75
  6. Robert Dichary, Castellane : à l'aube des gorges du Verdon, Serre Éditeur, Nice, 1994. ISBN 978-2-86410-206-9, p 10
  7. Jacques Cru, « Petra Castellana », Verdon no 1, estieu 1999, p 32
  8. Jacques Cru, « Petra Castellana », Verdon no 1, estieu 1999, p 33
  9. Jacques Cru, Histoire des Gorges du Verdon jusqu’à la Révolution, co-édition Édisud et Parc naturel régional du Verdon, 2001, ISBN : 2-7449-0139-3, p 67-69
  10. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858), p 211
  11. Jacques Cru, Histoire des Gorges du Verdon jusqu’à la Révolution, p 200
  12. Jacques Cru, Histoire des Gorges du Verdon jusqu’à la Révolution, p 203
  13. La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307, 1er trimestre 1989, 108e année, p 107
  14. Patrice Alphand, « Les Sociétés populaires», La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307, 1er trimestre 1989, 108e année, p 291-300
  15. Patrice Alphand, op. cit., p 310
  16. Patrice Alphand, op. cit., p 320
  17. Patrice Alphand, op. cit., p 303-304
  18. Patrice Alphand, op. cit., p 304
  19. Patrice Alphand, op. cit., p 333
  20. « L’Installation de l’administration préfectorale », in Chroniques de Haute-Provence Les préfets dans l’histoire de Haute-Provence depuis 1800, Autour d’une exposition réalisée par les Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, (no 340, 2000), p 11, disponible en ligne [1]
  21. Louis de Bresc Armorial des communes de Provence 1866. Réédition - Marcel Petit CPM - Raphèle-lès-Arles 1994
  22. Patrice Alphand, « Les Sociétés populaires», La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307, 1er trimestre 1989, 108e année
  23. Site de la préfecture des AHP
  24. Carte des cantons et Liste des élus, sur le site du Conseil général des AHP, consultée le 14 mai 2008
  25. Jacques Cru, Histoire des Gorges du Verdon jusqu’à la Révolution, p 167
  26. Robert Niel, Le Roman des brigands dans les Basses-Alpes de 1789 à 1802, Impr. B. Vial (Digne-les-Bains), 2007. - 190 p, ISBN 978-2-9530563-1-0
  27. Castellane sur le site de l'Insee