Nuruddin Farah

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Nuruddin Farah est un écrivain somalien de langue anglaise, né en 1945 à Baidoa dans le sud de la Somalie. Il a grandi dans l'Ogaden, une province de l'Éthiopie proche de la Somalie.

Au cours de sa jeunesse, il a appris le somali, l'amharique, l'arabe, puis l'anglais et l'italien. Entre 1969 et 1972, il a contribué à la mise en place de la transcription du somali selon l'alphabet latin (le somali n'avait, jusque là, d'existence qu'en tant que langue orale).

Sommaire

[modifier] Une vie d'errance

Il publie son premier roman, From a Crooked Rib, en 1970, un an après la prise de pouvoir par le général Siad Barre, qui devint ensuite sa bête noire et dont la politique dictatoriale et autocratique servit de toile de fond à sa première trilogie, publiée entre 1979 et 1983.

Après plusieurs années passées à étudier en Inde, en Angleterre et en Italie, il publia, en 1975, un second roman, A Naked Needle, qui lui valut les foudres du régime et l'obligea à s'exiler définitivement.

Entre 1975 et 1992, il poursuivit une vie d'errance, s'installant tour à tour dans plusieurs pays africains (Kenya, Éthiopie, Gambie, Nigeria) et refusant, comme certains de ses confrères, de s'installer aux États-Unis, où de nombreuses universités l'invitaient pourtant.

Après la chute du dictateur et l'effondrement de l'État somalien, il revint à deux reprises en Somalie, mais toujours en courant de grands risques personnels.

[modifier] Œuvres

Il a publié deux trilogies romanesques qui constituent, à ce jour, l'essentiel de son œuvre. La première comprend les romans Sweet and Sour Milk (1979), Sardines (1981) et Close Sesame (1983), et évoque les combats d'un groupe clandestin contre la dictature militaire de Siyad Barre. La deuxième, dont le titre général est Blood in the Sun (« Du sang au soleil »), comprend les romans Maps (1986), Gifts (1992) et Secrets (1998).

Il est aussi l'auteur d'un essai fondamental sur la diaspora des années 1990 Yesterday, Tomorrow, (2000), préfacé par Jean-Christophe Rufin, et de plusieurs pièces de théâtre, jouées mais non publiées. Il a confié en 2003 qu'il ne les ferait paraître qu'une fois qu'elles auraient été jouées à Mogadiscio.

Son œuvre est l'une des plus importantes de l'Afrique anglophone, et même de la littérature de langue anglaise. Son approche de sujets complexes au travers d'une langue habitée, poétique et refusant les conventions romanesques, lui a valu l'estime de la critique et d'un lectorat de plus en plus nombreux. Ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues, et il a obtenu, en 1998, le prestigieux Prix Neustadt.

Son dernier roman publié, Links (2003, édition sud-africaine ; 2004, édition américaine), marque une forme de tournant, dans la mesure où il s'agit d'un récit empruntant ses formes et ses codes au western. Le plus surprenant, sans doute, est la faible part, dans Links, des voix féminines, toujours essentielles dans l'œuvre de Nuruddin Farah, au point même que les éditeurs de son premier roman crurent que l'auteur était réellement, comme la narratrice, une jeune paysanne. De fait, Nuruddin s'est souvent montré très inventif dans son approche des thèmes couramment abordés par les théoriciens des Gender Studies, allant jusqu'à critiquer, dans Maps, les dérives phallogocentriques du nationalisme à travers la métaphore de la menstruation masculine.

[modifier] Articles

Nuruddin Farah est l'auteur de très nombreux articles. Essayiste et polémiste fin, il adopte un style parfois déconcertant et métaphorique, qui ne l'empêche pas de prendre des positions souvent radicales et ne font pas mystère de ses inimitiés.

[modifier] Bibliographie en français

[modifier] Liens externes