Mezri Haddad

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Mezri Haddad, né le 2 juillet 1961 au Kram, dans la banlieue nord de Tunis, est un journaliste, écrivain et philosophe tunisien. Auteur de plusieurs essais principalement politiques, il intervient régulièrement dans la presse française (Le Figaro, Libération et Le Monde), belge (Le Soir et La Libre Belgique) ou suisse (La Tribune de Genève).

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Malgré son milieu social très modeste, Mezri Haddad suit ses études primaires au Kram puis secondaires au lycée technique de La Goulette. En juin 1978, alors qu'il est premier de sa classe, il est arbitrairement empêché de poursuivre ses études au lycée technique de Tunis en raison de son activisme politique lors des événements du Jeudi noir[réf. nécessaire] en janvier 1978. Il part alors en Algérie où il réussit le concours d'entrée à l'Institut national du génie mécanique à Boumerdès. L'Algérie lui accorde une bourse mais la Tunisie le poursuit en refusant de lui accorder — convention tuniso-algérienne oblige — l'autorisation de poursuivre ses études dans ce pays[réf. nécessaire]. Il regagne alors son pays en décidant de renoncer définitivement aux études scientifiques et à son rêve de devenir ingénieur pour se consacrer exclusivement au combat politique.

En 1979 naît sa vocation pour le journalisme : il signe son premier article, intitulé « Un jeune tunisien très en colère », dans le quotidien La Presse de Tunisie. Ce n'est que trois ans plus tard qu'il signe son second article, intitulé « L'effet Wassila », dans Jeune Afrique le 20 octobre 1982. Il y critique violemment la première dame de Tunisie. Arrêté puis pardonné, il entame une carrière de journaliste dans la presse officielle. Il la quitte en janvier 1984 en pleine émeutes du pain. Après une année de remise à niveau, il s'inscrit à la Sorbonne en choisissant la section philosophie. En 1987, année de l'arrivée au pouvoir du président Zine el-Abidine Ben Ali, Mezri Haddad, longtemps opposé au régime d'Habib Bourguiba, accueille positivement le nouveau pouvoir et rend publiquement hommage à celui-ci.

[modifier] Études

Mezri Haddad parvient à achever son cursus universitaire. En 1987, il obtient son DEUG en philosophie de Paris IV et, en 1988, il décroche sa licence de la même université. Il s'inscrit alors en sociologie et suit les cours des professeurs Raymond Boudon, François Bourricaud et Bernard Valade. Parallèlement, il participe durant trois années au séminaire de Dominique Chevallier consacré à l'histoire du monde arabe. En 1989, il soutient sa maîtrise de philosophie morale et politique sur « L'idéologie communiste et l'islamisme : analyse et perspectives » dans laquelle il démontre les points de convergences entre les totalitarismes communiste et théocratique. En 1990, il obtient son DEA sur le thème du « Matérialisme historique et luttes des classes chez Karl Marx ». La même année, il s'inscrit en thèse de doctorat, toujours à Paris IV, section philosophie morale et politique. Contre l'avis de ses professeurs, il choisit de travailler sur la thématique du religieux et du politique dans l'islam et le christianisme[réf. nécessaire]. « La problématique des rapports entre l'autorité spirituelle et le pouvoir temporel dans l'islam et dans le christianisme » est le sujet de la thèse qu'il soutient en 1997 en obtenant son doctorat. Selon les membres du jury, par sa démarche comparatiste et pluridisciplinaire, Haddad montre que le théologico-politique est le problème majeur de toutes les religions et de toutes les civilisations[réf. nécessaire].

[modifier] Carrière professionnelle

Entre 1989 et 1993, il est assistant du professeur Jacqueline Brisset, à Paris II, en philosophie du droit et en histoire des idées politiques. De 1991 à 1992, Pierre Aubenque, grand spécialiste d'Aristote, le prend comme chercheur au Centre de recherche sur la pensée antique, laboratoire associé au CNRS. De 1999 à 2001, il est chercheur au Centre d'histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, laboratoire dirigé par Roschdi Rasched et associé au CNRS. À la même époque, il est enseignant d'histoire (ATER) à Paris VII, affecté à l'UFR « Géographie et sciences de la société ». De 2003 à 2005, il est chargé d'enseignement vacataire à HEC dans un séminaire baptisé « Religions et cultures ».

[modifier] Activités politiques

Très tôt, il prend ses distances avec le nouveau régime tunisien. En 1989, il constate que l'euphorie, l'unanimisme et le culte de la personnalité menace déjà le nouveau pouvoir. De retour en France, il renoue avec le journalisme. De 1989 à 1991, il est l'un des rares intellectuels à contester ouvertement, dans la presse tunisienne (Réalités), la dérive autoritaire du régime[réf. nécessaire]. Il appelle au dialogue avec l'opposition, au respect des droits de l'homme et à l'ouverture démocratique. Interdit de parole en Tunisie, il poursuit son combat dans le quotidien Libération, le seul journal à lui ouvrir ses colonnes à l'époque[réf. nécessaire].

Après trois longues années d'attente, la France lui accorde le statut d'exilé politique. Respecté par toutes les mouvances de l'opposition, Mezri Haddad devient une pièce maitresse de l'échiquier politique tunisien. À chaque article dans Libération, il déclenche une crise diplomatique entre la France et la Tunisie. Un ancien ministre dit de lui qu'il était le véritable cerveau de l'opposition tunisienne en exil comme à l'intérieur du pays[réf. nécessaire].

Mais, en 1997, dans une interview au quotidien belge Le Soir, il surprend tout le monde en annonçant son désaccord avec une opposition qu'il soupçonne de compromission avec les islamistes. Deux hommes influents vont alors jouer un rôle dans le rapprochement entre le président Ben Ali et Mezri Haddad : Mohamed Masmoudi, ancien ministre des affaires étrangères à l'époque de Bourguiba, et Béchir Ben Yahmed, patron de Jeune Afrique. Dès 1998, ce dernier le persuade de rompre l'exil et de rentrer en Tunisie mais Haddad ne rentre au pays qu'en avril 2000, quelques jours avant le décès de Bourguiba. Il rencontre alors le président Ben Ali et plaide pour une amnistie générale et le retour des exilés politiques en Tunisie[réf. nécessaire], notamment Ahmed Ben Salah et Mohamed Mzali.

Avec son nouvel ouvrage, Non Delenda Carthago. Carthage ne sera pas détruite, publié aux éditions du Rocher en 2002, il s'en prend violemment à l'opposition mais n'épargne pas non plus certains hommes du pouvoir[réf. nécessaire].

[modifier] Appartenance

  • membre-sociétaire de la Société des gens de lettres
  • membre du conseil d'administration du Daedalos Institute of Geopolitics (Nicosie)
  • fondateur et secrétaire général du Cercle des libres penseurs franco-tunisiens (Paris)
  • membre du Rassemblement des écrivains arabes
  • membre de la Fondation des philosophes arabes

[modifier] Vie privée

Mezri Haddad est marié à Djamila Negab née de père algérien (ancien militant indépendantiste proche de Messali Hadj) et de mère française. De ce couple, sont nées Sophia et Inès. Mezri Haddad est le cinquième et dernier enfant de Mohamed Haddad et de Zohra Saïdani. Son père appartenait à l'une des plus grandes familles de Monastir, la ville natale du présient Bourguiba. Il a été ouvrier à l'arsenal de Ferryville puis technicien à la centrale thermique de La Goulette jusqu'à sa retraite. Communiste de conviction, il a très tôt rejoint le Néo-Destour dans sa lutte pour l'indépendance de la Tunisie[réf. nécessaire]. Sa mère, Zohra, est originaire d'une famille pauvre de Mateur.

[modifier] Bibliographie

Outre les nombreuses conférences données dans les plus grandes universités européennes, américaines et arabes, ainsi que les très nombreux articles de presse qu'il a publié en France et en Tunisie, Mezri Haddad est l'auteur et le coauteur de plusieurs essais politiques, philosophiques et islamologiques dont :

  • « Introduction à la pensée islamique », Histoire des idées politiques, éd. de l'Espace européen, 1990 (réédité en 1991 et 1992)
  • « Islam et athéisme », Rétrospective, éd. Eska, Montréal, 2000
  • « Le politique est coupable, pas le religieux », L'islam est-il rebelle à la libre critique ?, éd. Corlet-Marianne, Paris, 2001
  • « Symbiose et non osmose, diversité et non dilution », Arabofrancophonie, éd. L'Harmattan, Paris, 2001
  • « Du théologico-politique comme problématique commune à l'islam et au christianisme », Pour un islam de paix, éd. Albin Michel, Paris, 2001
  • « Réflexion sur l'islam et le christianisme dans leur rapport au personnalisme », La Personne et son avenir (hommage à Emmanuel Mounier), éd. Au signe de la Licorne, Paris, 2002
  • Non Delenda Carthago. Carthage ne sera pas détruite. Autopsie de la campagne antitunisienne, éd. du Rocher, Paris, 2002
  • « Rôle du dialogue des religions pour asseoir les fondements de la paix », Du dialogue euro-arabe. Exigences et perspectives, éd. ALECSO (Arab League Educational Cultural and Scientific Organization), 2003
  • Tunisie : des acquis aux défis, éd. Médiane, Paris, 2004
  • « L'information et la continuité culturelle entre les Arabes et l'Occident » (arabe), éd. ALECSO (Arab League Educational Cultural and Scientific Organization), 2004
  • « Violence anomique ou violence atavique ? », in Raphaël Draï et de Jean-François Mattéi [sous la dir.], La République brûle-t-elle ? Essai sur les violences urbaines françaises, éd. Michalon, Paris, 2006
  • « Genèse de la dissidence dans l'islam des origines », préface au livre de Moncef Gouja, La grande discorde de l'islam, éd. L'Harmattan, Paris, 2006
  • « Peut-on considérer le comparatisme comme pierre angulaire du dialogue entre les religions et les civilisations et comme fondement éthique et épistémologique de la tolérance ? », Dialogue des religions d'Abraham pour la tolérance et la paix, éd. Université de Tunis - El Manar, 2006