Langues de Byzance

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Au long de ses mille ans d'histoire, l'Empire romain d'orient a eu deux langues officielles : le latin (à peu près abandonné vers le VIIe siècle) et le grec médiéval (Μεσαιωνική Ελληνική), compris par presque tous. Les lettrés écrivaient volontiers, et beaucoup savaient aussi s'exprimer en koinè, langue grecque de l'époque hellénistique, devenue depuis langue littéraire et savante.

Mais ses populations et ses différentes confessions s'exprimaient en bien d'autres langues encore.

En Italie, en Sicile, à Carthage et dans la partie byzantine de l'Espagne on parlait des langues romanes, même si des lettrés comme saint Augustin et l'Eglise utilisaient le latin classique.

Sur les côtes de la péninsule des Balkans et de l'Anatolie, en Calabre, à l'est de la Sicile et dans toutes les îles de la Méditerranée orientale, le grec populaire (Μεσαιωνική δημοτική) a toujours dominé, avec de nombreuses variantes aujourd'hui disparues: italique (Κατωιταλιώτικα) en Calabre et Sicile, helladique dans les Balkans et autour de l'Égée, pontique autour de la Mer Noire, mikrasiatique en Anatolie centrale et méridionale, notique en Cyrénaïque et en Égypte.

À l'intérieur des terres, dans les Balkans (qui ne s'appelaient pas encore ainsi : le mot balkan est turc et signifie "gluant"), on parlait des langues thraces et illyriennes qui évoluèrent ultérieurement soit en dialectes albanais (guègue, tosque), soit, par la romanisation, en dialectes est-romans dits valaques (istro-roumain, dalmate, aroumain, mégléno-roumain et dicien), mais à partir du VIe siècle s'y ajoutèrent des langues slaves: sorabe (qui plus tard contribua à la naissance du serbo-croate) et slavon ainsi que les dialectes turcs des premiers Bulgares (qui adoptèrent ensuite le slavon) et des Gök-Oguz (aujourd'hui appelés Gagaouzes). Dans les Balkans, l'église utilisa d'abord le grec liturgique (Ακολουθική Ελληνική) comme à Constantinople, puis également le slavon liturgique, avec l'alphabet cyrillique créé pour les Slaves par Cyrille et Méthode.

Dans l'intérieur de l'Anatolie, outre de nombreux îlots grecs notamment dans les principales villes, on parlait plusieurs langues indo-européennes proches des langues iraniennes actuelles: phrygien (une langue thrace), isaurien et cappadocien (langues que les Kurdes actuels revendiquent comme relevant du proto-kurde). En Anatolie orientale, de la Cilicie à la Mer Noire (qui ne s'appelait pas encore ainsi: ce nom est turc, et cette mer s'appelait alors le "Pont Euxin") dominaient l'arménien (autre langue indo-européenne) et le laze, langue du Caucase proche des dialectes géorgiens actuels. En Anatolie, l'église utilisa le grec liturgique et l'arménien, dont l'alphabet est inspiré à la fois du grec et de l'araméen. À partir du XIe siècle, les turcs commencèrent à s'installer en Anatolie et à turciser et islamiser ses habitants.

En Syrie et Palestine c'est l'araméen qui dominait, à côté du grec notique et de l'arabe; araméen, hébreu et arabe sont des langues sémites. En Égypte, la langue usuelle était le copte, langue hamitique issue de l'ancien égyptien et proche du berbère parlé en Afrique du Nord. Les juifs de l'Empire, dits "romiotes", s'exprimaient en yévanique, tandis que les synagogues continuaient à utiliser l'hébreu ancien. À partir du VIIIe siècle, les Arabes musulmans commencèrent à s'installer en Syrie, Palestine, Égypte et Afrique du nord, et à arabiser et islamiser leurs habitants.

La plupart de ces langues ont eu une riche littérature et ont contribué à véhiculer les trésors littéraires et les débats d'idées de leur (long) temps.