Histoire de la Lorraine

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Sommaire

[modifier] Préhistoire

Les premières traces de la présence de l'homme en Lorraine remontent à plusieurs centaines de milliers d'années. Grâce à ses forêts giboyeuses et ses rivières poissonneuses, elle offre à l'homme préhistorique des ressources alimentaires en abondance mais peu d'abris dans la plaine. Les traces d'occupation sont encore assez rares au paléolithique (plateau de Haye) et il faut attendre le néolithique pour que la région commence à se peupler comme l'attestent les poteries et les outils primitifs retrouvés sur les différents sites (plateau de Malzéville près de Nancy, colline Sainte-Croix à Metz, butte de Vaudémont, colline de Sion, le camp d'Afrique de Ludres ou mont Hérapel).

[modifier] Protohistoire

La Lorraine se développe grâce au commerce du fer et du sel, ce dernier provenant du briquetage de la Seille et étant obtenu par évaporation en chauffant l'eau de certaines sources naturelles d'eau salée.

Vers le IIIe siècle avant l'ère chrétienne, trois peuplades celtes s'installent en Lorraine.

  • Les Trévires à l'extrême nord dont la capitale était Treverorum (Trèves)
  • les Médiomatriques au centre dont la capitale était Divodurum (colline Sainte-Croix de Metz),
  • les Leuques au sud dont la capitale était Nasium (oppidum de Boviolles), puis Tullum (Toul).

Ces peuplades pratiquent la culture des céréales, l'élevage, l'artisanat des métaux et la poterie.

En 58 avant Jésus-Christ, ces peuplades s'allient aux Romains pour repousser les envahisseurs Germains, mais à partir de -52, ce sont les Romains qui prendront possession de la région.

[modifier] Antiquité

Après l'invasion romaine, la région connait une période de paix durable. L'empereur Auguste intègrera la région à la province de Gallia Belgica. Les Romains ont contribué au développement de la région, en construisant des routes, des aqueducs, des bâtiments, etc. Le tracé des routes actuelles correspond encore en partie à celui de celles créées par les Romains. Les Romains s'installent notamment sur les rives de la Seille où ils reprennent l'exploitation du sel initiée par les Celtes sept siècles auparavant, ce qui leur assure une grande prospérité. Le meilleur exemple de cette prospérité est la stèle dédiée en 44 par les habitants de Marsal à l'empereur Claude.

Il existe de nombreux vestiges de sites gallo-romains comme l'amphithéâtre romain de Grand ou le parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim.

En 451, la région est envahie par les Huns et Metz est rasée.

[modifier] Moyen Âge

À partir de 482, la région est intégrée au royaume de Clovis et en 561, Metz devient la capitale de l'Austrasie. Pépin de Herstal, un roi austrasien devient roi des Francs après sa victoire sur Thierry II, roi de Neustrie.

Bien que Lothaire ait été le successeur de Louis le Pieux, ses frères Charles le Chauve et Louis le Germanique lui imposèrent le partage du royaume de Charlemagne par le traité de Verdun en 843. Le royaume qui en résulta s'étendait de l'Italie à la mer du Nord. Celle-ci fut partagée (traité de Prum, 855) et une partie donnée à Lothaire II à la mort de Lothaire puis passa, à la mort de celui-ci en 869, sous le contrôle partiel de Charles le Chauve. Louis le Germanique lui en avait en effet cédé une partie lors du traité de Mersen. Charles voulut en obtenir le contrôle total par la force mais il fut sévèrement défait. La Lotharingie devint alors une cause de conflit entre la France et la Germanie. En 911 elle passa sous le contrôle du roi de Francie occidentale Charles le Simple. En 925, elle devint un duché de l'Empire germanique après que Henri Ier eut réussi à rallier l'aristocratie lotharingienne à sa cause et obtenu la neutralité de Charles le Simple.

Première carte connue de la Lorraine, (Martin Waldseemüller, vers 1508)
Première carte connue de la Lorraine, (Martin Waldseemüller, vers 1508)

Le nom Lorraine est dérivé du nom Lotharii Regnum, qui est le nom de la partie Nord de la Lotharingie, sur laquelle régna Lothaire II. Le nom allemand de la Lorraine, Lothringen est resté inchangé.

Avec la perte du titre impérial et le déclin de l'influence carolingienne, le royaume fut petit à petit démembré et devint un duché, lequel duché fut à son tour divisé entre duché de Haute-Lotharingie - correspondant à la province ecclésiastique de Trèves - et duché de Basse-Lotharingie ou Lothier.

Gérard d'Alsace hérite du duché de Lorraine en 1048 et fonde la capitale de son Duché : Nancy.

Pendant tout le Moyen Âge, les limites géographiques des divers marquisats, comtés et autres duchés sont très complexes et changeantes. Par exemple, les Trois-Évêchés, Metz, Toul et Verdun étaient alors des temporels épiscopaux c'est-à-dire des lieux où l'Évêque exerçait le pouvoir temporel. Metz a par ailleurs chassé son évêque pour devenir une république marchande riche et enviée, dirigée par un Maître-Echevin. Son influence était telle qu'elle subit et contint les attaques de quatre princes voisins jaloux lors de la guerre des quatre seigneurs. De son côté, Le Duché de Lorraine a dû faire face aux attaques de Charles le Téméraire durant la bataille de Nancy.

Au XIVe siècle, la Lorraine est mentionnée par Ibn Khaldoun.

[modifier] Époque moderne

Après la diète d’Augsbourg de 1500 les diverses entités politiques de Lorraine sont électeurs du cercle du haut Rhin du Saint-Empire romain germanique.

La région est ravagée par le double fléau de la famine et de la peste. D'après l'historien Auguste Digot, des pluies torrentielles détruisent les semailles en l'an 1500, d'où la disette suivie d'une contagion très meurtrière. Le "discours des choses advenues en Lorraine", imprimé à Épinal en 1617, en parle en ces termes :

"La famine aussi survint par tout le pais, si estrange que le bichet de bled qui s'étoit donné quelques années auparavant pour moins de trois sols se vendit alors cinquante, comme ainsi la queue de vin qui ne s'estoit vendus que 18 gros, s'acheta 10 francs et plus. Cherté non ouïe auparavant et qui fut suivie l'année d'après d'une si grande pestidence, (car l'une est comme le levain de l'autre), qu'elle emporta presque le tiers des gens du pais, et qui fut tellement esclaircy et denuez d'hômes, que le commerce et le labourage en demeurèrent arrestez bien longtemps. Toutefois le Duc René remédia le plutôt qu'il peu à ce déffaut par un allégement et diminution des charges et aydes ordinaires que le peuple supportait auparavant."

En effet, le compte de 1507, pour la prévôté de Châtenois, parle de la réduction accordée "à cause de la peste qui y avait régné".

Icône de détail Article détaillé : La peste en Lorraine.

Le "bon" duc Antoine s'efforce toujours de maintenir la paix avec les pays voisins et d'accroître la prospérité de son peuple. Malheureusement, la peste exerce de nouveaux ravages. La Lorraine est encore décimée par le fléau en 1522 et les années suivantes.

En 1542, la Lorraine est reconnue « État libre et non incorporable » par le traité de Nuremberg.

Des protestants allemands, "reistres" ou "lansquenets", tantôt seuls tantôt avec les calvinistes français, envahissent par trois fois (de 1562 à 1577) la Lorraine. La garnison qu'ils établissent au château de Vicherey, pille et rançonne les alentours jusqu'au jour où elle en est chassée par le Duc Charles III.

La peste reparaît en Lorraine en 1585.

La prévôté de Châtenois est particulièrement éprouvée, comme l'attestent les comptes de 1586, de 1593 et de 1596. En dix ans, Châtenois est réduit de 900 habitants à 350 et Houécourt en perd 100 sur 280. Viocourt, Balleville, Rainville, Gironcourt, Dommartin, le ban de Biécourt sont atteints dans les mêmes proportions. Il ne reste à Auzainvilliers qu'un seul conduit. La mairie de La Rivière est complètement anéantie alors qu'en 1560 elle comptait 40 conduits disséminés sur les bords du Vair et de la Vraine, à Viocourt, Balleville, Saint Paul, Dommartin et Removille, et avait ensuite déjà beaucoup souffert des ravages des Reîtres. "Les maisons sont presque toutes désertes, disait le receveur de Châtenois à la Chambre des Comptes, il n'y reste que 13 conduits", en demandant de ne les soumettre qu'à une très légère redevance. Il ne lui est pas nécessaire après le passage de la peste de renouveler sa demande puisqu'il se borne à constater "qu'il n'y a nul conduit".

Malgré les ravages de la peste en Lorraine, et en particulier dans la prévôté de Châtenois, Charles III laisse, à sa mort, son duché dans un état florissant. Son successeur, son fils Henri II, fait le bonheur de son peuple par la sagesse de son administration. Cette ère de prospérité dure peu, car les calamités que sont peste, famine, et guerre s'unissent "pour faire un désert du plus beau pays de l'Europe".

La peste paraît la première en 1630, non pas la maladie contagieuse qui avait frappé plusieurs fois et dont on pouvait circonscrire les ravages, mais la terrible peste orientale. Pendant sept ans, elle sévit en Lorraine, et y fait d'innombrables victimes. À la peste vient s'ajouter la famine, causée par les mauvaises récoltes des dernières années depuis 1626. La guerre qui éclate peu après (tout en apportant son cortège d'horreurs) ne manque pas d'aggraver la disette et d'activer la maladie.

Pour s'être allié à l'Angleterre et à l'Allemagne, et avoir attiré dans ses États le Duc d'Orléans, Charles IV provoque la colère de Richelieu, qui d'ailleurs ne cherchait qu'une occasion pour s'emparer de la Lorraine. Les Français l'occupent en 1633 et y causent de grands ravages. Pour se venger d'Henri de Bouzey, qui avait voulu les empêcher de s'approcher de La Mothe, ils détruisent son château et pillent le village et les environs. Les Suédois, leurs alliés, qu'ils appellent en Lorraine, achèvent l'œuvre de dévastation, au point de laisser, après trois siècles, aux populations le souvenir de leurs cruautés. De leur côté, les Hongrois et les Croates (qui étaient au service de Charles IV) ne manquent pas l'occasion de piller et de rançonner le pays qu'ils ont mission de défendre. Enfin, des Lorrains eux-mêmes, poussés par leur extrême misère, prennent le parti de vivre de brigandages et d'augmenter la confusion.

Les habitants s'établissent dans les bois et les loups viennent dans les villages. Le résal de blé, qui se vendait 4 ou 5 Fr., monte à 56 Fr. et parfois plus haut. La plupart se nourrissent d'herbes, de racines, de fruits sauvages ou bien meurent de faim. Il se passe alors des choses épouvantables. Des mères mangent leurs propres enfants (comme celle qui fut condamnée à Mirecourt), des enfants (comme à Ubexy) dévorent les cadavres de leurs parents. Des villages entiers sont anéantis, tel Surcelle sur le territoire d'Auzainvilliers, les autres perdent les trois quarts de leur population.

Par le traité de Saint-Germain en 1641, Louis XIII rend la Lorraine à Charles IV, dont les imprudences rallument aussitôt la guerre. La même année, les Français s'emparent une seconde fois du pays, dont la dernière forteresse, La Mothe, ne tombe entre leurs mains qu'en 1645. Cette seconde occupation française est moins éprouvante que la première : peste disparue, famine atténuée grâce à quelques bonnes récoltes, pillards moins nombreux depuis la démolition d'environ deux cents châteaux-forts (ordonnée par Louis XIII, et servant parfaitement sa politique en affaiblissant pour l'avenir la force de résistance du pays). D'autre part, le ministre de Louis XIV encore enfant, Mazarin, a à combattre la Fronde, et les armées de Charles IV (commandées par Philippe Emmanuel de Ligniville, seigneur de Houécourt), ne luttent pas sans succès contre la France. La Lorraine retrouve donc quelque tranquillité, mais elle est toujours aussi déserte.

A la suite du traité des Pyrénées, la convention de Vincennes (1661) rend à la Lorraine son indépendance et Charles IV reprend le gouvernement de ses États

Outre les possessions « laïques » (Duchés), la Lorraine comprend les territoires relevant des Trois-Évêchés (Toul, Metz et Verdun) annexés à la France sous Louis XIV par le traité de Westphalie, et occupés de fait dès 1552 par Henri II.

Les duchés de Lorraine et de Bar subissent de longues occupations par les armées françaises au cours de la plupart des guerres du XVIIe et du début du XVIIIe siècle.

En 1670, nouvelle rupture avec la France qui s'empare une troisième fois de la Lorraine. C'est en vain que Charles IV lutte pour reconquérir ses États. Il meurt en 1675. Son neveu Charles V continue la guerre à la tête des Impériaux, il meurt lui même en 1690, laissant le titre purement honorifique de Duc de Lorraine à son fils Léopold.

La troisième occupation française fut moins funeste encore que la seconde. Louis XIV, qui gouvernait alors par lui même, visita notre pays; il vit combien il était pauvre et désert, et il résolut d'y remédier. Dans ce but, il accorda des faveurs aux communautés, il encouragea l'agriculture, l'industrie, le commerce, il invita les étrangers à s'y établir.

Le traité de Ryswick (1697), qui terminait la guerre entre l'Empire et la France, enlevait la Lorraine à Louis XIV et la restituait à son Duc légitime, Léopold, fils de Charles V. Les Lorrains, dont la longue occupation française n'avait pu refroidir la patriotisme, accueillirent leur souverain avec enthousiasme. Les espérances qu'ils avaient fondées sur lui ne devaient être trompées. Désireux avant tout de repeupler ses États, Léopold multiplia ses efforts pour rappeler ceux de ses sujets qui s'étaient expatriés et pour attirer les étrangers. Partout où se trouvaient des terres incultes, on les leur abandonna moyennant une certaine redevance. En même temps des privilèges furent accordés aux Lorrains qui se mariaient en Lorraine.

Léopold obtint le résultat qu'il désirait. Une statistique de 1711 révèle que la population en Lorraine avait doublé depuis son retour. Et à ce peuple qu'il aimait, Léopold s'appliqua pendant toute la durée de son règne à procurer l'abondance et la paix. Voltaire a fait de lui ce bel éloge dans "Le siècle de Louis XIV" :

"Un des plus petits souverains de l'Europe a été celui qui a fait le plus de bien à son peuple, Léopold trouva la Lorraine désolée et déserte, il la repeupla et il l'enrichit. Il l'a toujours conservée en paix pendant que le reste de l'Europe a été ravagé par la guerre. Il a procuré à ses peuples l'abondance qu'ils ne connaissaient plus. Je quitterais demain ma souveraineté, disait-il, si je ne pouvais faire du bien. Aussi a-t-il goûté le bonheur d'être aimé, et j'ai vu longtemps après ses sujets verser des larmes en prononçant son nom."

Sous le règne de François III qui succéda à Léopold, en 1729, la Lorraine continua à être florissante. Une des causes de cette prospérité en Lorraine fut sans contredit l'introduction de la pomme de terre. Comme elle était de qualité médiocre, elle ne servit d'abord qu'à la nourriture des animaux.

"Ce fruit, dit une ordonnance de 1715, apporté du fond des Indes, qui semble plutôt destiné à la nourriture des animaux qu'à celle des hommes, est devenu fort commmun dans toute la Vôge, surtout dans le temps mallheureux qu'on vient d'essuyer."

La prospérité de la Lorraine ne pouvait qu'exciter davantage les convoitises de la France, et ce que la force des armes n'avait pu lui assurer, elle allait l'obtenir par une habile politique. En 1735, alors que le duc François doit épouser l'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche, héritière des Habsbourg, la France refuse de voir la Lorraine et le Barrois, quasi enclavés dans son territoire (l'Alsace a été progressivement annexée au cours du règne de Louis XIV), passer entre les mains d'une grande puissance étrangère. L'Autriche et la France concluent un marché en vertu duquel François renonce à la Lorraine en échange de la Toscane et la France accepte la Pragmatique Sanction. Afin de ménager les susceptibilités, les duchés ne sont pas immédiatement annexés à la France mais remis, à titre viager, au beau-père de Louis XV, l'ex-roi de Pologne Stanislas Leszczyński qui, à partir de 1733, est le dernier duc souverain. En 1737, le Duc François III quittait ses sujets éplorés pour épouser l'archiduchesse d'Autriche, et devenir bientôt Empereur d'Allemagne. En même temps le traité de Vienne donnait la Lorraine à Stanislas, roi détrôné de Pologne, avec clause de retour à la France après sa mort. Stanislas était bon, malheureusement, il ne fut pas libre de suivre les inspirations de son cœur. En fait, dès le début de son règne (1737) la Lorraine est gouverné de fait par un chancelier nommé par la France. Louis XV son gendre, s'arrogea en effet aussitôt le droit d'y lever des subsides, d'incorporer des milices lorraines dans l'armée française, de désigner les fonctionnaires y compris le premier ministre, et Stanislas n'eut pas la fermeté de résister.

Bientôt les régiments français vinrent séjourner en Lorraine, et il fallut les nourrir. Puis ce fut la guerre de la Succession d'Autriche qui enleva à l'agriculture des milliers de Lorrains dont beaucoup périrent, ce furent de mauvaises récoltes, s'ajoutant aux réquisitions incessantes, aux logements de troupes, aux nouveaux impôts. La population regretta alors plus vivement que jamais ses anciens ducs et leur indépendance.

La guerre de Sept Ans amena de nouvelles levées d'hommes et de nouvelles réquisitions; heureusement les récoltes furent plus abondantes. À peine cette guerre était elle terminée, que le Duc Stanislas mourait, en 1766 : la Lorraine et le Barrois sont réunis à la France et réorganisés.

[modifier] Époque contemporaine

En 1790, la Lorraine donna naissance à quatre départements français : la Meurthe, la Meuse, la Moselle et les Vosges. En 1793, les dernières enclaves non françaises furent annexées, la principauté de Salm, centrée à Senones dans les Vosges, et le comté de Créhange dans la Moselle. Integré à la Moselle le 14 février 1793, le comté de Sarrewerden est finalement transféré quelques mois plus tard au département du Bas-Rhin pour former l'Alsace bossue[1]. La petite seigneurie de Lixing est la dernière à rejoindre la France en 1795.

[modifier] Le traité de Francfort

Départements lorrains avant 1871, figurés par les différentes couleurs. En noir, le tracé des limites actuelles de départements
Départements lorrains avant 1871, figurés par les différentes couleurs. En noir, le tracé des limites actuelles de départements

Suite à la guerre de 1870, une partie de la Lorraine fut, avec l'Alsace, annexée par l'Allemagne lors du traité de Francfort (1871). Cette partie était constituée de presque toute la Moselle, à l'exception de l'extrême ouest du département (Briey, Longwy), de la fraction nord-est de la Meurthe (Château-Salins, Sarrebourg), et de quelques communes des Vosges (canton de Schirmeck et moitié orientale du canton de Saales). Le reste de la Meurthe et de la Moselle constituèrent, en 1871, le département de Meurthe-et-Moselle. L'ensemble des territoires annexés forma, sous l'administration allemande, le Reichsland d'Alsace-Lorraine (Elsaß-Lothringen), avec pour capitale Strasbourg.

Au sein de l'Alsace et de la Moselle, les populations avaient la possibilité de choisir de quitter leur région pour rejoindre la France. Ces personnes, appelées optants, furent estimées au nombre de 50 000 (dont 11200 en Lorraine), et une partie d'entre-elles s'installèrent en Lorraine française, et plus précisément à Nancy, à tel point que le rapport des populations entre Metz et Nancy s'inversa, passant de 2:1 à 1:2. Cette arrivée de populations pour la plupart aisées et cultivées fut un élément qui favorisa le dynamisme de Nancy durant cette période, participant notamment au développement de l'art nouveau (mouvement pluri-artistique de l'École de Nancy) et un très rapide développement urbain. Pendant ce temps les Allemands donnent une architecture très germanique aux nouveaux quartiers de nombreuses villes annexées, alors que le bâti ancien, demeuré propriété des optants, se dégrada. La gare et la poste centrale de Metz sont des bons exemples de cette germanisation des bâtiments.

[modifier] Première Guerre mondiale

Cependant, la rancœur que nourrissaient les terres perdues par la France au sein de la population et de sa classe politique fut l'une des causes qui l'entraîna dans un nouveau conflit avec l'Allemagne, lors de la Première Guerre mondiale. Durant cette guerre, la Lorraine fut directement touchée par les combats. Dès le début de la guerre plusieurs grandes bataille de la guerre de mouvement se déroulent dans la région: la bataille de Lorraine puis la trouée de Charmes, les batailles du Grand Couronné, des hauts de Meuse et de haute Meurthe. Après la stabilisation du front, qui traversait la région du nord-ouest au sud-est, plusieurs affrontements importants se dérouleront dans la région, comme la bataille des Hautes-Vosges, les combats du Bois-le-Prêtre ou le saillant de Saint-Mihiel. La bataille de Verdun qui se déroula en 1916 fût l'une des plus longues et les plus meurtrières de la guerre. Plusieurs villages furent entièrement détruits, jamais reconstruits depuis. On appelle cette région dévastée la zone rouge. D'importants mémoriaux y ont été érigés, comme celui de l'ossuaire de Douaumont.

Après la Première Guerre mondiale, la France récupéra ses territoires perdus en 1871, lors du traité de Versailles (1919). Les territoires pris à l'origine à la Meurthe et à la Moselle formèrent un seul département, la Moselle, dans des limites qui sont donc sensiblement différentes de celles du département homonyme avant 1871. La Meurthe-et-Moselle, construction temporaire à l'origine, resta inchangée, laissant un souvenir de l'ancienne frontière. Enfin les communes qui avaient été prises aux Vosges restèrent alsaciennes, rattachées au Bas-Rhin.

Les ressources minières de la Lorraine sont alors quasiment intactes :

  • l'extraction du charbon n'était qu'un appoint pour les Allemands qui possèdaient des ressources plus simples d'accès dans le bassin de la Sarre.
  • le minerai de fer n'est exploité que depuis le début du siècle car il contient un important taux de phosphore qui rend la fonte cassante. Ce n'est qu'en 1878 que l'ingénieur anglais Thomas Gilchrist avait inventé un procédé permettant d'éliminer cette impureté.

Entre les deux guerres mondiales, la zone frontalière de Lorraine fut un des lieux de déploiement de la ligne Maginot, ouvrage fortifié destiné à prévenir une nouvelle invasion allemande : cette ligne fut en fait contournée, les armées du IIIe Reich choisissant de passer par le massif belgo-français des Ardennes, que l'on considérait comme impraticable pour l'arme blindée.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

Dieuze à l'automne 1944
Dieuze à l'automne 1944

La Lorraine fut de nouveau occupée durant la Seconde Guerre mondiale de 1940 à 1944. Pendant cette période le département de la Moselle fut à nouveau annexé par l'Allemagne, de même que l'Alsace. La plus grande partie de la Lorraine fut reprise de septembre à décembre 1944 en particulier par l'armée du général Patton. Mais les offensives allemandes de la bataille des Ardennes puis de l'opération Nordwind au nord de l'Alsace retardèrent la libération de la région de Forbach et de Bitche à mars 1945. Suite à cette bataille de Lorraine, la région accueille le plus grand cimetière américain d'Europe, à Saint-Avold.

Hormis durant la Seconde Guerre mondiale, la production industrielle ne va pas cesser de croître jusqu'en 1960 où :

  • la production de houille dépasse les 15 millions de tonnes, soit 24% de la production française de charbon. Cette industrie emploie plus de 40 000 mineurs qui, avec 3 tonnes extraites par homme et par jour ont un rendement approximativement deux fois supérieurs à la moyenne française.
  • les mines de fer produisent 46 millions de tonnes par an, soit 90% de la production française et emploient 25 000 mineurs. La France est alors le troisième producteur mondial d'acier.
  • la sidérurgie emploie 100 000 personnes dont 70 000 ouvriers et produit 11 millions de tonnes de fonte, 12 millions d'acier et 9 millions de produits finis, soit approximativement 70% de la production française.
  • l'industrie textile représente plus de 25% de la production française et emploie plus de 60 000 personnes.
  • parallèlement, l'agro-alimentaire emploie environ 110 000 personnes, le bâtiment 100 000, le bois et le papier 22 000, la chimie 10 000

Cette forte demande en main d'œuvre implique un important flux migratoire, à la fois d'autres régions françaises et de l'étranger, principalement d'Italie et de Pologne. La population s'est accrue de 500 000 habitants en 30 ans. Cela implique une tension considérable sur le marché de l'immobilier. En 1965, on estime qu'il manque encore plusieurs dizaines de milliers de logements et qu'environ 30% des Lorrains souffrent de surpopulation.

La Lorraine est alors, après l'Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais, le troisième pôle économique de la France.

À partir des années 1970, le charbon est progressivement remplacé par le gaz, le pétrole puis l'énergie nucléaire. Le développement du transport maritime permet à de nouveaux pays d'exporter leur production de fer et de charbon, venant souvent de gisements beaucoup plus rentables que les mines lorraines. La sidérurgie est alors de plus en plus concurrencée par les usines portuaires, puis par les nouvelles installations des pays exportateurs de minerais. Simultanément, l'industrie textile doit elle également affronter la concurrence de nouveaux pays à faibles coûts de main-d'œuvre.

[modifier] Références

  1. Rauwiller

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Histoire de la Lorraine, Serpenoise, Presses universitaires de Nancy, 1990-1994, 7 vol., (Encyclopédie illustrée de la Lorraine)
  • Parisse, Michel (dir), Histoire de la Lorraine, Privat, Toulouse, 1977
  • Auguste Digot : Histoire de la Lorraine, en 6 tomes (de plus de 400 pages chacun) publiés initialement en 1856, chez Vagner à Nancy - reprint Ed. Lacour-Ollé, 2002 - (ISBN 2-84149-253-2)
  • Dictionnaire de l'Ancien Régime, sous la direction de Lucien Bély, Presses universitaires de France, 1996, 1384 pages - (ISBN 2-13-047731-3)
  • Monographie de l'abbé Petitjean (curé de La Neuveville-sous-Châtenois, avant 1914), publiée dans le bulletin paroissial du village.

[modifier] Liens