Schirmeck

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour le camp nazi, voir Schirmeck (camp).
Schirmeck
Vue depuis le Château. À droite, la déviation.
Carte de localisation de Schirmeck
Pays France France
Région Alsace
Département Bas-Rhin
Arrondissement Molsheim
Canton Schirmeck
(chef-lieu)
Code Insee 67448
Code postal 67130
Maire
Mandat en cours
Frédéric Bierry
2001-2008
Intercommunalité C.C de la Haute-Bruche
Latitude
Longitude
48° 28′ 46″ Nord
         7° 13′ 11″ Est
/ 48.479444, 7.219722
Altitude 289 m (mini) – 823 m (maxi)
Superficie 11,42 km²
Population sans
doubles comptes
2 177 hab.
(1999)
Densité 191 hab./km²

Schirmeck est une commune française, située dans la département du Bas-Rhin et la région Alsace. Schirmeck est synonyme de « coin protégé », elle s'appelle Chermec en dialecte roman lorrain.

Ses habitants sont appelés les Schirmeckois.

Sommaire

[modifier] Géographie

La ville est située au bord de la Bruche, au cœur de la vallée vosgienne du même nom. La commune s’étend sur 1.142 hectares du Petit Donon à la Bruche, du ruisseau de Grandfontaine à celui de Tommelsbach, englobant le massif de l’Evêché, de 290 m à 823 m d’altitude. Le relief très confus appartient à la formation du dévono-dinantien d’âge primaire et se compose d’une série de schistes et de grauwackes en coulissage irrégulier mise en place au fond d’une mer malmenée par des explosions volcaniques. La quasi-totalité du territoire est occupé par la forêt caractérisé par un relief très accidenté mais riche d’un point de vue minéralogique avec la formation de lentilles et de filons ferrifères et accessoirement de manganèse. L’étroitesse de l’établissement de la ville entre le relief et la Bruche a conduit au percement d'un tunnel de 610 m afin de soulager la ville du transit automobile. La déviation est ouverte à la circulation depuis le 28 janvier 2007.


[modifier] Communes limitrophes

[modifier] Histoire

En 1328, apparaît la première mention écrite de la ville (située sur les terres de l'évêché de Strasbourg) dans la description des limites de l'abbaye de Senones sous le nom de Neufville en Barembax. Le terme de "ville neuve" suggère une création récente. Le nom allemand Schirmeck (opido nostro Schirmeck) est adopté par contre dans les actes de chancellerie dès 1348.

La ville est doté par l’évêque de Strasbourg Johann 1er de Dirpheim (1308-1328) d'un mur d'enceinte et d'un château épiscopal. La ville et tout son bailliage est vendu le 23 novembre 1366 au comte Jean de Salm qui le revend ensuite en l’émiettant avant de retourner dans les bien épiscopaux. Le château et la ville contrôlent un point de passage important entre l’Alsace et la Lorraine (par le comté de Salm) ; permettant le franchissement de la Bruche, un pont où est établit un péage est cité pour la première fois vers 1350. A cette date, une administration urbaine est en place où siège un écoutète (Schultheiss) représentant l’évêque.

Un péage important était également en place sur le col entre les deux Donons par où transitèrent plusieurs milliers de têtes de bétails en 50 ans (déposition d’un habitant de Harbouey en 1579). Des relations économiques élargies aux marchés aux bestiaux de Frankfort, de Strasbourg à Nuremberg font transiter par la ville du vin, du poisson, des céréales, du fer, des moutons, des porcs, des bœufs et des chevaux.

La situation géographique de la ville dans zone d’expression romane (et non alémanique) a sans doute favorisé l’installation de nombreuses familles originaires principalement du comté de Salm, sous la condition d’avoir une fortune supérieure à 50 florins, d’être en règle avec la justice et de parler la langue allemande (ce qui n’était évidemment pas le cas des habitants de la partie lorraine).

Une économie minière

Exploités déjà au Moyen-Age, de nombreux filons et amas minéralisés en oxyde de fer ont été sollicités par des entrepreneurs principalement au XVIe par le comte Georg Hans von Veldenz dès 1577 (seigneur de La Petite Pierre) puis au XVIIIe siècle par les maîtres de forges de Rothau.

Entre ces deux périodes s'était développé une forte activité sidérurgique avec l'installation d'un haut fourneau à Wackenbach (fonderie de Elias Guntzer de Sainte Marie-aux-Mines) et de deux autres à Schirmeck à partir de 1597 sous la direction de Nicolas Gennetaire, maître des monnaies du duc de Lorraine de Nancy. Après un début prometteur, la démesure de cette implantation sidérurgique se trouva confronté à la pénurie chronique de charbon de bois que ne pouvaient assurer la couverture forestière trop morcelée et peu homogène de l’époque. Ayant réduit son ambition sidérurgique à deux hauts fourneaux, Gennetaire fut contraint d’abandonner son bail d’exploitation en 1611 à la suite du pillage de ses forges par des troupes favorables à l’union évangélique (Guerre des Evêques). Les grosses exploitations minières de la montagne de l’Evêché reprirent sous la direction des maîtres de forges de Rothau après 1724 et se poursuivirent jusqu’en 1785 sous Jean de Dietrich avant d’être reprisent par la famille Champy, maître de forge de Framont-Grandfontaine. Plusieurs autres filons ferrifères furent accessoirement exploités ou sondés de 1827 à 1840 au-dessus du village de Wackenbach (amas d’hématite et de manganèse de Noire Maison) et sur la montagne du Crouhé par des villageois de Wackenbach et de Hersbach (recherche locale de manganèse). Bien que le minerai appartînt à la richesse du sous-sol de la communauté de Schirmeck-Wackenbach, son extraction et son traitement échappa totalement puis en partie après la Révolution à son contrôle, le domaine ayant appartenu jusque là à l’Evêché de Strasbourg.

La guerre de Trente ans

L’éclatement de la guerre de Trente ans (1618-1648) qui ravage l’empire germanique ruine le pays ainsi que la ville. De violents combats se produisirent entre des troupes impériales aidées par des paysans de la vallée de la Bruche et du Val de Villé contre les troupes suédoises en 1633 et se soldèrent par la défaite des premiers nommés. La ville et le château furent détruits à cette occasion, seules neuf maisons dont trois auberges échappèrent aux flammes. L'année suivante, une nouvelle administration se met en place et attribue au nom de la couronne de Suède Schirmeck et son bailliage à la famille comtale de Veldenz, seigneur protestant du Ban de la Roche. Mais la vallée se trouve dès la même année, à la suite de la bataille indécise de Nördlingen et du retrait des armées suédoises, livrée à une soldatesque sans merci. La ville reçoit, en 1635, le cantonnement de mercenaires au service du roi de France qui paralyse la reconstruction et n'empçeche pas son pillage par les impériaux la même année.

De plus de 300 âmes en 1634, la population passe à 110 habitants en 1653. La paix ne s’installe que tardivement avec la mort de Louis XIV en 1715, délivrant la ville de la lourdeur catastrophique des impositions militaires. Entre-temps, l’Alsace puis Strasbourg (1681) venait d’être annexées par la France. Ce n’est qu’en 1723 que la densité démographique urbaine retrouve sont niveau de 1634 avec un peu plus de 290 âmes.

Lors de la création des départements en 1790, Schirmeck est d'abord rattachée provisoirement au Bas-Rhin, puis transférée en 1795 aux Vosges.

En 1871, Schirmeck et son canton font partie des territoires d'Alsace-Lorraine cédés par la France à l'Allemagne (traité de Francfort).

Lorsqu'elle redevient française après la Première Guerre mondiale, Schirmeck reste définitivement alsacienne.

[modifier] Deux camps

Camp de travail obligatoire de Schirmeck en 1943
Camp de travail obligatoire de Schirmeck en 1943

À proximité de Schirmeck, deux camps furent construits par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale  :

  • Le « Sicherungslager Vorbrück-Schirmeck », camp de rééducation destiné aux Alsaciens et Mosellans, situé en périphérie de la ville, en activité d'août 1940 à novembre 1944.
  • Le camp de concentration du Struthof, construit sur un flanc isolé de la vallée. Environ 40 000 personnes y ont été détenues, avec près de 25 000 victimes. Il s'agit de l'unique camp de concentration construit par les nazis en France.

La ville fut libérée le 23 novembre 1944 par l'Armée américaine.

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
mars 2001 Frédéric Bierry UMP
Toutes les données ne sont pas encore connues.

[modifier] Démographie

Évolution démographique
1882 1962 1968 1975 1982 1990 1999
1372 2246 2605 2628 2352 2167 2177
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

[modifier] Statistiques

Dans les zonages d'étude de l'INSEE, Schirmeck est rattachée à l'unité urbaine de La Broque, laquelle groupe 5 communes de catégorie « Ville centre » (La Broque, Lutzelhouse, Rothau, Schirmeck et Wisches) et 3 communes de catégorie « Banlieue » (Barembach, Muhlbach-sur-Bruche et Russ).

[modifier] Lieux et monuments

Musée dans les murs restaurés du Château
Musée dans les murs restaurés du Château
  • Château et musée
  • L'ancienne Synagogue[1] de 1909, classée Monument Historique le 12 juin 1999.
  • Mémorial de l'Alsace-Moselle[2] : inauguré en 2005, ce lieu de mémoire retrace le destin de l’ancien Land Elsass-Lothringen de 1870 à nos jours en insistant plus particulièrement sur la Deuxième Guerre Mondiale en Alsace Moselle. Le visiteur est transporté au cœur d'un parcours historique et interactif dans les méandres du sort de l'Alsace Moselle, avec un espace consacré à la réconciliation franco-allemande et à la construction européenne.
  • Le château de Salm [3], construit au début du XIIIe siècle à 812 m d'altitude.
  • Le château de la Roche à Bellefosse, construit au XIIIe siècle.
  • L'observatoire de la Chatte Pendue (altitude 900m), avec son panorama sans fin (vue portant jusqu'à la cathédrale de Strasbourg, par temps clair et dégagé). Accès le plus aisé, en partant depuis le hameau de Salm (vieille communauté mennonite).
  • La montagne du Donon et son " Temple Païen " (construit vers 1930) à 1009 m d'altitude. Lieu celtique puis gallo-romain chargé d'histoire et de légendes ! Panorama exceptionnel sur les Vosges et la Lorraine avec tables d'orientation à son sommet, vestiges gallo-romains de haut intérêt historique (stèles, gravures, puits) des panneaux-guides explicatifs sont à la disposition des visiteurs.
  • Le camp de concentration nazi du Struthof, de sinistre mémoire (direction Rothau, puis Natzwiller / Champ du Feu). Le seul camp d'extermination en France. Depuis là-haut, beau panorama sur la moyenne vallée de la Bruche et ses sommets alentours (Rocher de Mutzig, Schneeberg, Donon, massif de la Chatte Pendue, etc).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

  • (fr) Ouvrage collectif (sous la direction d'Arnold Kientzler): Schirmeck au cœur de la Vallée de la Bruche, Ville de Schirmeck, 1985, 478 p.
  • (fr) Arnold Kientzler, Le bailliage épiscopal de Schirmeck, le château de Schirmeck, L'Essor (81), 1972, p. 2-9.
  • (fr) Arnold Kientzler, Le bailliage épiscopal de Schirmeck, formation, composition, limites, L'Essor (84), 1973, p. 2-11.
  • (fr) Arnold Kientzler, Faits de guerre dans la vallée de la Bruche (1632-1639, L'Essor (134), 1987, p. 3-8.
  • (fr) Denis Leypold, La métallurgie du fer dans le massif vosgien, la vallée de la Bruche de l'Antiquité au XIXe siècle, Société Savante d'Alsace (55), 1996, 529 p.

[modifier] Liens externes