Histoire de Vaucluse

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Même si le département français de (ou du) Vaucluse ne fut créé que le 12 août 1793, l'histoire du territoire qu'il recouvre est riche et beaucoup plus ancienne.

Le plus vieux village du (futur) territoire français est le site de Courthézon, daté de 4560 av. J.-C. environ.

Sommaire

[modifier] Néolithique

2 090 +/- 140 av. J.-C. : l'hypogée de Roaix (Vaucluse) a livré les squelettes imbriqués d'une quarantaine d'individus, hommes, femmes ou nouveau-nés, dont certains présentaient des pointes de flèches fichées dans les os du bassin ou au milieu du thorax. Il s'agit de l'une des plus anciennes preuves d'inhumation collective à la suite d'un massacre et de l'un des premiers témoignages de guerre.

[modifier] Les tribus Celto-Ligures

Avant l'arrivée de Jules César, la territoire est occupé par plusieurs tribus celto-ligures. On retrouve des traces de Cavares, Voconces et Méminiens... mais aussi de Dexsiviates, Menlini, Tricastini, Vordenses et Vulgientes.

Vers 539 av. J.-C., Avenio (qui deviendra Avignon) est fondé par les Phocéens de Marseille. Cette ville sera longtemps la capitale des Cavares.

Les Voconces, comme d'autres peuples gaulois du secteur, sont romanisés entre 125 et 118 avant J.-C. lors de la conquête de la province de Narbonnaise. Ce peuple occupait un territoire important (plusieurs départements actuels) avec une présence sur les contreforts du Ventoux et l'actuelle Vaison-la-Romaine comme l'un de leur chefs-lieux.

Dans le courant du Ier siècle avant J.-C., les Voconces signèrent avec Rome un traité d'amitié (foedus) qui leur permit de garder une certaine autonomie et leurs institutions traditionnelles.

[modifier] Période romaine

Empire Romain
Empire Romain

Le territoire qui formera le futur département du Vaucluse a de nombreuses traces de l'occupation romaine (Théâtre antique d'Orange, etc.).

C'est à cette époque que vont être créées les futures villes d'Avignon, Orange, Carpentras, Cavaillon, Apt, Vaison-la-Romaine... Orange est fondée en 35 av. J.-C. par les vétérans de la deuxième légion gallique sous le nom de Colonia Julia Secundanorum Arausio dans le territoire de la tribu gauloise des Tricastins (Tricastini). L'empereur romain Vespasien (69-79 Ap. J.-C.) fabrique un "cadastre" d'Orange et transforme la ville.

Entre le IIe et le IIIe siècle, la ville de Vaison prend son indépendance et se sépare de la cité des Voconces avec Gap et Sisteron.

[modifier] Architecture

L'empire est vaste et le futur Vaucluse est à la sortie de l'Italie. Plusieurs voies (routes) vont alors être créées. La plus ancienne est la Via Domitia, (voie de Domitien), par Cavaillon, le pont Julien et Apt. Son rôle est principalement stratégique, acheminer rapidement des troupes de l' Italia (Italie) à l' Hispania (Espagne). Une autre route romaine passera par le Vaucluse, la Via Agrippa (voie d'Agrippa), sur un axe nord-sud, d'Arles à Lyon.

[modifier] Agriculture et économie

Pays en plein essor jusqu'au milieu du IIIe siècle. La grande industrie régionale est celle du fer avec des sols riches sur Roussillon, Gargas, Rustrel, etc. On trouve des fourneaux artisanaux de Fontaine-de-Vaucluse à Simiane-la-Rotonde.

[modifier] Moyen Age et Renaissance : Guerres et religion

Vers la fin du IIIe siècle, l’empire Romain se désagrège. Le christianisme apparaît et se propage en même temps que son clergé s'organise.

Vers la fin du Ve siècle, le Vaucluse est le théâtre d’invasions "barbares" comme les Wisigoths.

En l'an 500, Gondebaud, roi des Bourguignons, s’empare d'Avignon et s’y défend contre Clovis Ier. Par la suite, la ville est la proie des Goths, et enfin des Francs sous Thierry Ier, roi d’Austrasie, en 612.

En 574, les Lombards ravagent le secteur.

Extension de l'empire carolingien sous Charlemagne.██ à la mort de Pépin le Bref 768██ Conquètes de Charlemagne (768-814) ██ Royaumes versant un tribut
Extension de l'empire carolingien sous Charlemagne.██ à la mort de Pépin le Bref 768██ Conquètes de Charlemagne (768-814) ██ Royaumes versant un tribut

Les troupes arabo-musulmanes prennent Avignon en 735 puis attaquent la Bourgogne. Beaucoup de seigneurs bourguignons « pactisent » alors avec les Berbères mais Charles Martel parvint à les refouler dans le sud de la vallée du Rhône en 736. En 737, il reprend Avignon avec son demi-frère Childebrand. Il s'allie aux Lombards pour reprendre la Provence en 739. L'éviction définitive des troupes arabo-musulmanes du secteur (dont le Var) ne sera faite qu'en fin 976 par Guillaume le Libérateur.

Le comté d'Orange est fondé par Charlemagne.

XIIe et XIIIe siècles, mouvements de renaissance spirituelle et religieuse. Création d'abbayes, églises, couvents, chapelles romanes...

Vers 1136, les Templiers fondent de puissantes commanderies.

Le comté d'Orange devient Principauté d'Orange en 1181.

1229 avec le traité de Meaux, Raymond VII abandonne aux Papes tout ce qu'il possède sur la rive gauche du Rhône. En 1274, Philippe le Hardi met les Papes en possession du Comtat Venaissin.

[modifier] Architecture

XIe siècle, création des « Castrum » (Fortifications perchées autour desquelles se sont développés des villages) du Luberon et des Monts de Vaucluse

Le 23 juin 1148, l'Abbaye de Sénanque est fondée sur le territoire de Gordes

[modifier] Agriculture et économie

Forte économie autour de l'olive (huile, etc.)

[modifier] Le XIVe siècle

Carte de diffusion de la peste noire de 1347
Carte de diffusion de la peste noire de 1347

en 1347 et jusqu'en 1351, l'europe est touchée par une très importante épidémie de peste noire. La Provence (1347), puis le comtat Venaissin (1348) sont touchés dans les premiers.

[modifier] Politique

Les Papes à Avignon : De 1309 à 1376, sept papes français vont siéger à Avignon : Clément V, Jean XXII, Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI.

Pour plus de détails sur la papauté à Avignon, voir : Avignon et Papauté d'Avignon

1394, expulsion des juifs du Royaume de France. Nombre d'entre eux se réfugissent alors dans le jeune Comtat Venaissin, état pontifical tolérant à leurs égards.

Vue sur le palais.
Vue sur le palais.

[modifier] Architecture

Le Palais des Papes est construit entre 1335 et 1352 sur une protubérance rocheuse au nord de la ville, surplombant le Rhône, sous les pontificats de Benoît XII et Clément VI.

1367, début de la construction de la synagogue de Carpentras.

[modifier] Agriculture et économie

La venue des Papes à Avignon introduit la culture de la soie dans la région. Peu à peu se développera la culture du murier dont les feuilles servent de nourriture aux vers.

[modifier] Le XVe siècle

[modifier] Politique

état de la France en 1477
état de la France en 1477
  • Mort du roi René en 1480. 1481, le comté de Provence est incorporé au royaume de France sous l'appellation de "province royale française".
  • avril 1481 - guerre civile de Provence

[modifier] Les Vaudois

L'histoire des Vaudois dans la région du Luberon (sud de la France) illustre les tensions religieuses qui secouent le monde chrétien au Moyen Âge et à la Renaissance.

L'installation de Vaudois dans la région du Luberon commence en 1399 : Louis II de Provence, à la suite d'une longue campagne militaire en Italie, a besoin d'argent. Il met en vente des terres de peu de valeur, qui lui sont achetées par les seigneurs de Boulier-Cental et de Rocca-Sparviera. Ceux-ci, qui ont des possessions dans le Piémont, installent dans ces terres nouvellement acquises une centaine de familles de paysans piémontais, de religion vaudoise : à Mérindol, Vaugines, Cabrière d'Aygues.

Les témoignages du temps décrivent ces Vaudois comme de gros travailleurs, intègres, payant leurs dettes, d'une grande pureté de mœurs. Grâce à leur labeur, les terres produisent de plus en plus, et leurs seigneurs voient leurs dividendes passer « de quatre écus à huit cents ».

Par accroissement naturel, et par la venue de nouveaux Piémontais, ils s'installent dans d'autres villages de l'autre côté du Luberon : Cabrières-d'Avignon, Gordes, Goult, Lacoste.

[modifier] Architecture

[modifier] Agriculture et économie

[modifier] Le XVIe siècle

[modifier] Politique

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le royaume de France est ravagé par les guerres de religion où s’opposent catholiques et protestants.

En 1590, Henri IV crée à Pertuis un Parlement rival de celui d’Aix (puisque celui-ci ne le reconnaît pas pour roi).

[modifier] Les Vaudois, suite

Jusque vers 1528, ils semblent vivre en bonne intelligence avec leurs voisins catholiques.

[modifier] La radicalisation

En 1528, l'évêque d'Apt, Jean Nicolaï, commence à lancer des procès en hérésie. Vers 1530, Jean de Roma, un dominicain, assemble une troupe et commence massacres, viols, tortures, pillages, avant de devoir s’enfuir au Comtat Venaissin : le roi de France, inquiet de ces pillages, avait saisi contre lui le Parlement d'Aix. Il meurt quelques années plus tard.

C'est l'époque de l'installation du calvinisme à Genève. En 1530, les Vaudois du Piémont y envoient quelques émissaires. Calvin leur montre leurs similitudes de doctrine.

En 1532, le mouvement vaudois se rattache officiellement au protestantisme.

[modifier] Le début de la répression

Dans le Comtat Venaissin, appartenant au pape, le vice légat confisque des terres de Vaudois et les redistribue à des catholiques. Le pape Clément VII demande au roi de France François Ier d'agir de même sur le versant français du Luberon.
Or, après l'élection de Charles Quint en 1519 comme empereur d'Allemagne, François Ier se sent encerclé car Charles Quint possède l'Espagne, les Pays-Bas et une partie de l'Italie. En réaction, François Ier s'allie avec l'empire ottoman de Soliman le magnifique, par un traité du 4 février 1536 dit « des capitulations ». Cette alliance avec un pays musulman faisant scandale, François Ier ne peut plus se permettre une attitude tolérante en France envers des hérétiques.
Le parlement d'Aix-en-Provence condamne en 1532 sept personnalités vaudoises, et demande aux seigneurs locaux de confisquer les terres des Vaudois. Ceux-ci prennent les armes, et s'emparent de Mérindol, Lacoste et de Cabrières-d'Avignon.
En 1534, de nouvelles condamnations frappent des Vaudois, qui sont libérés par leurs coreligionnaires en armes des prisons d'Apt, Cavaillon, Roussillon.
La politique internationale interfère une fois de plus avec la question vaudoise : En novembre 1535, François Ier réclame de nouveau le duché de Milan.
Il envahit la Savoie dès le début de 1536.
Charles Quint prend alors en personne la tête de son armée pour envahir la Provence en franchissant le Var le 25 juillet 1536, et s'empare de Toulon, qui est occupée du 10 août au 15 septembre. Son armée en proie aux épidémies, Charles Quint renonce à assiéger Marseille et rebrousse chemin en septembre.
François Ier cherche alors à calmer la situation en Luberon, et le 15 juillet 1535, il accorde le pardon aux Vaudois à condition que ceux-ci abjurent leur religion dans les six mois.

En 1544, les Vaudois incendient le monastère de Sénanque (Gordes).

[modifier] La persécution de 1545

Après l'avoir obtenu de manière sournoise (le roi ne lit pas l’édit de Mérindol), les Vaudois sont condamnés.

En avril 1545, la persécution commence, avec comme chefs militaires Paulin de La Garde et Joseph d'Agoult, sous la direction du premier président du Parlement d’Aix, Jean Maynier, baron d’Oppède. Les villages vaudois sont pillés, les hommes massacrés ou envoyés aux galères, les femmes violées avant d’être tuées. Certains sont vendus en esclavage. Les terres sont confisquées. Les biens pillés sont bradés au dixième de leur prix, pour payer les soldats. Les violences débordent, les villages alentour les subissent aussi. Au total, 24 villages sont détruits, 3000 personnes sont massacrées, 670 hommes sont envoyés aux galères. De plus, le passage des soldats empêche les cultures, les troupeaux sont tués, et un nombre indéterminé de paysans meurent de faim. À la mort de François Ier, un procès est ouvert par les seigneurs de la région, qui ont perdu gros. Mais les soudards, comme les parlementaires qui se sont enrichis, sont tous acquittés.

NB : Source / page des Vaudois du Luberon

[modifier] Architecture

[modifier] Agriculture et économie

[modifier] Le XVIIe siècle

Le Comtat Venaissin
Le Comtat Venaissin

[modifier] Politique

La communauté juive du Comtat, appelés Juifs du Pape ou encore Juifs comtadins,

[modifier] Architecture

[modifier] Agriculture et économie

[modifier] Le XVIIIe siècle

1709, plusieurs documents attestent d'un hivers très rude qui va fortement pénaliser la population en détruisant récoltes (dont oliviers), pots de stockage, cuves en pierre ...

[modifier] Politique

[modifier] La peste noire

En 1720, la peste commence à remonter de Marseille à travers toute la Provence.

Pour protéger le Comtat Venaissin des pestiférés de Provence, les communes de la région commencent alors la construction d'un mur sur 27 kilomètres, le «mur de la peste». Il s’agit d’une muraille en pierre sèche gardée. Même si le fléau est très ralenti par le dispositif, cela ne l’empêche malheureusement pas de se répandre au delà. En réaction, certaines villes décident de s’approvisionner de manière à tenir le plus longtemps possible et de fermer leurs portes. A Pernes, toutes les portes des remparts sont fermées sauf la porte Notre-Dame, qui sera néanmoins solidement gardée. Enfin, on met en place des lieux de quarantaine tels que la «grange de l’Espérance». Grâce à toutes ces dispositions, le registre paroissial dénombre seulement 122 décès en 1721 alors que d’autres villes perdent quasiment le quart de leurs habitants.

L’épidémie, réduite en 1722, prend fin en 1723.


  • le Vaucluse et la révolution française

[modifier] La création du département

Précédemment possessions pontificales, Avignon et le Comtat Venaissin furent rattachés à la France le 14 septembre 1791. Le 28 mars 1792, ces territoires formèrent deux nouveaux districts, Avignon dans les Bouches-du-Rhône et Carpentras dans la Drôme.

Le 12 août 1793 fut créé le département de Vaucluse, constitué des districts d'Avignon et de Carpentras, mais aussi de ceux d'Apt et d'Orange, qui appartenaient aux Bouches-du-Rhône, ainsi que du canton de Sault, qui appartenait aux Basses-Alpes.

1800 - modification des limites départementales Suze-la-Rousse est rattachée à la Drôme, ce qui eut pour conséquence l'enclavement du canton vauclusien de Valréas (dite l'Enclave des Papes).

[modifier] Architecture

[modifier] Agriculture et économie

La sériciculture se développe en Provence, notamment dans le Luberon.

[modifier] Le XIXe siècle

Fin XIXe, début XXe, plusieurs tremblements de terre se produisent en Luberon dont celui du 14 novembre 1887.

[modifier] Politique

Par la loi du 10 août 1871, le département devient juridiquement une collectivité territoriale et le Conseil général reçoit une compétence globale pour régler les affaires d'intérêt départemental.

[modifier] Architecture

[modifier] Agriculture et économie

La sériciculture connut un large essor en Provence au XIXe siècle (comme au XVIIIe siècle) et perdurera jusqu'à la Première Guerre mondiale. Avec Viens, La Bastide-des-Jourdans fut l'une des communes du Luberon qui en tira le plus de bénéfices grâce à des plantations de mûriers aujourd'hui disparues. Le travail à domicile, les opérations de filage et de traitement de la soie occupèrent de nombreuses personnes et offrirent un revenu d'appoint aux paysans.

En parallèle, développement de la culture de garance, d'abord autour des Sorgues puis sur tout le Vaucluse (De 1855 à 1870, un tiers des Vauclusiens travaille la garance). Mais aussi culture de pastel à Cucuron et à Cavaillon, indigotier et polygonum à L'Isle-sur-la-Sorgue

[modifier] Le XXe siècle

[modifier] L'occupation allemande

De nombreux foyers de résistance.

12 juin 1944, massacre de Valréas

[modifier] Croix de guerre en Vaucluse

11 novembre 1948

  • Gordes - Croix de guerre avec citation à l'ordre de la division (étoile d'argent)
  • Lambesc - Croix de guerre avec citation à l'ordre de la division (étoile d'argent)
  • Sault - Croix de guerre avec citation à l'ordre du corps d'armée (étoile de vermeil)

[modifier] L'après-guerre

Dévellopement du tourisme.

Années 90 - L'affaire de la profanation du cimetière de Carpentras fait beaucoup de bruit.

[modifier] Le site nucléaire du Plateau d'Albion

Avril 1965, en raison de sa faible densité humaine et de son sol, le plateau d'Albion est choisi pour l'implantation de silos nucléaires. Seuls 18 silos et 2 postes de conduite de tir (PCT) seront construits (restriction de budget) sur les 27 silos et 3 postes de conduite de tir initialement prévus (début 1966). base aérienne (BA200)

1971- Fin des travaux

Septembre 1996, le Président Jacques Chirac annonce la fermeture et le démantèlement des installations d'Albion, en raison de l'évolution de la géostratégie européenne (chute du bloc de l'est) et du vieillissement des missiles trop coûteux en entretien et ne valant pas la peine d'être modernisés.

Plus de détails sur la page : Plateau d'Albion


1982 - lois de décentralisation (France). Suppression de la tutelle préfectorale. Le Président du Conseil général de Vaucluse détient le pouvoir exécutif et assure la préparation et la mise en œuvre du budget.

[modifier] Le XXIe siècle

2004 - Acte II de la décentralisation (France).

[modifier] Notes et références