Urbain V

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Urbain V
Pape de l’Église catholique romaine
Image du pape Urbain V
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Armoiries pontificales de Urbain V
Nom de naissance Guillaume de Grimoard
Naissance 1310
Château de Gizac, Pont-de-Montvert, France
Élection
au pontificat
28 septembre 1362
Intronisation: 6 novembre 1362
Fin du
pontificat :
19 décembre 1370
Prédécesseur : Innocent VI
Successeur : Grégoire XI
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Antipape :
Listes des papes: chronologie · alphabétique
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Guillaume de Grimoard (né en 1310 à Grizac[1], Lozère et décédé en 1370 à Avignon) devint pape sous le nom de Urbain V. Il porte également le nom de Bienheureux pape Urbain V depuis sa béatification en 1870 par le pape Pie IX.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Naissance et enfance

Le château de Grizac
Le château de Grizac
Les restes du château de Montferrand où serait née sa mère
Les restes du château de Montferrand où serait née sa mère
Les armes des Montferrand
Les armes des Montferrand
Statue à son effigie sur le parvis de la cathédrale de Mende, inaugurée en 1874
Statue à son effigie sur le parvis de la cathédrale de Mende, inaugurée en 1874

Fils aîné de Guillaume de Grimoard, seigneur de Grisac et d'Amphélise (ou Elise) de Sabran, dame de Montferrand[2], le futur pape Urbain V porte le même patronyme que son père. Il naît en 1310 au château familial de Grizac, situé sur la commune du Pont-de-Montvert prés de Mende. Ce château a été construit peu avant sa naissance par son père, chevalier-paysan[3]. Il a deux frères : Étienne[4], et Anglic, futur religieux à l'abbaye de Saint-Ruf de Valence et cardinal nommé par son frère. Ce dernier a survécu 18 ans à Urbain V, est mort le 14 avril 1388 et enterré à l'église de Saint-Ruf de Valence. Le futur pape a également une sœur, Delphine qui épouse Guillaume de Monyaut.

Guillaume de Grimoard est baptisé en 1310, avec pour parrain Elzéar de Sabran, dont il proclame lui même la sainteté le 15 avril 1369[5]. Élève brillant, il quitte le domicile familial vers l'âge de 12 ans pour aller étudier à Montpellier. Sa mère lui dit avec humilité [6] : « Mon fils, je ne te comprends pas, mais Dieu, lui, te comprend ». Il se rend ensuite à Toulouse parfaire ses études.

[modifier] Le moine

Ses études terminés, il entre dans l'ordre des bénédictins au prieuré du Monastier, où son oncle maternel, Anglic, probablement le parrain de son jeune frère, est prieur. Ce monastère, à quelques lieues de Mende, prés des bourgs de Chirac et de Marvejols dépend de la congrégation victorine de Marseille. Son noviciat achevé, il se rend à Marseille, où il fait sa profession monastique, puis retourne au Monastier où il reçoit l'ordination sacerdotale.

Il part ensuite à l'Université de Montpellier, où il enseigne et devient un spécialiste renommé du Droit. Il est reçu docteur en 1342. Il se trouve toujours dans cette ville lorsque se propage la terrible peste de 1348 et s'en trouve profondément marqué.

Pierre d'Aigrefeuille venant d'être nommé évêque de Clermont-Ferrand le prend comme vicaire général. Une fois transféré à Uzès, l'évêque garde Guillaume de Grimoard à ses côtés. Demeuré moine noir mais de Cluny et non plus de Saint-Victor, il est nommé prieur au diocèse d'Auxerre. Le 13 février 1352, le pape Clément VI le nomme à la tête de l’Abbaye Saint-Germain d'Auxerre.

[modifier] Le diplomate

Il est un conseiller écouté des papes aussi bien de Clément VI que d'Innocent VI d'où l'attribution de plusieurs missions en Italie.

Giovanni Visconti, imprudemment nommé archevêque de Milan par Clément VI, veut se rendre maître de Bologne. Après une malheureuse intervention militaire, Clément VI fait appel à Guillaume de Grimoard pour engager une délicate négociation. Le 6 septembre 1352 il prend au nom du pape possession de Bologne pour la céder ensuite à Visconti contre un paiement annuel. Guillaume de Grimoard se voit confier une mission analogue par Innocent VI auprès de Bernabo Visconti le neveu de Giovanni.

En reconnaissance des services rendus, Innocent VI le nomme le 2 août 1361 abbé de Saint-Victor à Marseille après le décès d'Etienne de Clapier, titulaire de ce siège.

Moins d'un an après sa nomination, il reçoit le 10 juin 1362 un message du pape lui demandant de se rendre de toute urgence à Avignon. En effet le prince Louis de Tarente, second époux de la reine Jeanne de Naples, comtesse de Provence, vient de décéder. Le pape lui demande de se rendre à Naples pour porter à la jeune veuve de 36 ans ses instructions. Le 27 juin 1362 il prend le chemin de l'Italie.

[modifier] Le pape

[modifier] Élection

Déprimé par les évènements, Innocent VI meurt le 12 septembre 1362, alors que Guillaume de Grimoard est dans le royaume de Naples. Pour procéder à sa succession le conclave s'ouvre le 22 septembre 1362; le cardinal Hugues Roger, frère du défunt pape Clément VI, élu, se récuse. Le choix d'un prélat étranger au Sacré Collège s'impose, et le 28 septembre Guillaume de Grimoard est élu. Pour l'avertir, des courriers partent dans le plus grand secret de peur que les Italiens ne le retiennent. L'abbé de Saint-Victor prend immédiatement la mer, arrive à Marseille le 27 octobre, est d'abord ordonné évêque car il est simplement prêtre, puis intronisé pape à Avignon le 23 novembre[7]. Il est depuis considéré comme le premier des papes humanistes et un européen de la première heure. Il aurait déclaré à son arrivé au Palais des papes : « Mais je n'ai même pas un bout de jardin pour voir grandir quelques fruitiers, manger ma salade et cueillir un raisin »[8]. C'est peut-être suite à cette phrase, ou à son manque de jardins tels qu'il les a connus dans ses Cévennes natales qu'il entreprend durant son pontificat de coûteux travaux d'extension des jardins[9] sous le vocable de son choix Urbain V. Dés le 26 novembre 1362, il préside la translation des cendres de son prédécesseur Innocent VI en la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon en présence du roi de France Jean II le Bon.

[modifier] Homme de science et bienfaiteur

Il enrichit considérablement la bibliothèque pontifical qui contient un grand nombre d'ouvrages d'histoire du droit, de théologie et de philosophie. Il profite de sa position pour favoriser l'enseignement par la fondation de plusieurs « studia », sortes de maison d'études supérieures destinées à préparer les jeunes gens aux universités notamment à Trets (Bouches-du-Rône), Manosque (Alpes de Haute Provence), Saint-Germain-de-Calberte[10](Lozère), Saint-Roman (Gard) etc...

Il œuvre à la création de plusieurs collèges universitaires (Orange, Cracovie, Vienne), d'une école de musique à Toulouse. Mais c'est surtout l'université de Montpellier, fortement ébranlée par la peste et le passage des compagnies, qui bénéficie de ses bienfaits.

Urbain V, si préoccupé des intérêts spirituels, se montre très généreux pour financer de nombreux travaux. Le Gévaudan et son diocèse de Mende sont submergés de bienfaits : une nouvelle cathédrale à Mende, des collégiales à Bédoués et à Quézac, une église paroissiale à Grisac son village natal, des embellissements au prieuré de Chirac, un pont sur le Lot à Salmon etc. Il fait reconstruire l'abbaye marseillaise de Saint-Victor dont il a été abbé et qui est en très mauvais état. Seulement deux mois après son couronnement un immense chantier est ouvert. Pierre Boquier, bibliothécaire-archiviste des bénédictins de Marseille est choisi comme comptable et directeur des travaux. Au maximum du chantier, on estime à 200 le nombre d'ouvriers employés. Les travaux terminés, le pape se rend à Marseille à la mi octobre 1365 pour bénir les embellissements et consacrer le nouvel autel. Il est reçu au milieu d'une immense foule par l'évêque dominicain Guillaume Sudre. Il quitte ensuite Marseille pour revenir à Avignon le 24 octobre 1365.

[modifier] Retour à Rome

Florin à l'effigie d'Urbain V
Florin à l'effigie d'Urbain V
Autre florin à l'effigie du bienheureux pape
Autre florin à l'effigie du bienheureux pape

Pour Urbain V, le pape doit siéger à Rome et non ailleurs. Un calme relatif étant apparu en Italie à la suite des succès militaires remportés par le cardinal Albornoz contre Bernabo Visconti, le pape estime pouvoir s'installer à Rome. Cela impose un déplacement complet de la cour avec ses services, ses archives et son approvisionnement. Le cortège quitte Avignon et arrive à Marseille le 6 mai 1367 où, avant de s'embarquer, il consacre cardinal un jeune homme de 28 ans, Guillaume d'Aigrefeuille, homonyme de son oncle. La flotte quitte Marseille le 19 mai 1367.[11]

Le pape est accueilli le 3 juin à Cornéto ( aujourd'hui Tarquina) par Albornoz qui le conduit ensuite à Viterbe au milieu d'une foule enthousiaste. Albornoz ne survit guère à ce jour de gloire et meurt 2 mois plus tard le 24 août 1367. Le 16 octobre Urbain V entre triomphalement à Rome.

En mars 1368 il reçoit la reine Jeanne et le roi de Chypre, Pierre de Lusignan qui souhaite le départ d'une nouvelle croisade. A cette occasion Urbain V remet à la reine Jeanne la "rose d'or"[12], distinction attribuée pour la première fois à une femme. À ceux qui s'étonnent de ce choix au détriment du valeureux Pierre de Lusignan, il rappelle avec humour que l'on n'a jamais vu non plus un abbé de Marseille devenir pape.

L'été 1370 le pape réside à Montéfiasco lorsqu'une révolte éclate à Pérouse. Il se replie à Viterbe où les soldats de Pérouse et la compagnie du capitaine anglais John Hawkwood l'assiègent. Pendant ce temps Bernado Visconti ravage la Toscane. Le pape comprend trop tard que son retour est prématuré et décide de rentrer à Avignon. L'éloquence de son ami Pétrarque et les prévisions mystiques de Brigitte de Suède ne modifient pas sa décision.

[modifier] Retour à Avignon et décès

Le 27 septembre 1370 la cour entre en grande pompe à Avignon. Au mois de novembre il ressent les premières atteintes du mal qui va l'emporter. Il s'installe dans la maison de son frère, le cardinal Anglic, pour y mourir le 19 décembre 1370. Il a souhaité que son corps soit enseveli à la manière des pauvres à même la terre, puis réduit en cendre, et que ses ossements soient portés à l'église de Saint-Victor de Marseille. Le cardinal Guy de Boulogne prononce l'éloge funèbre. À Montpellier une cérémonie grandiose a lieu la veille de Noël.

Le 31 mai 1372, sous la direction de son frère le cardinal Anglic, les restes du pape sont exhumés du tombeau de la cathédrale Notre-Dame des Doms[13] et transférés[14] à Saint-Victor de Marseille où sa sépulture fut l'objet de pélerinages.

[modifier] Ses réalisations

La collégiale fortifiée de Bédoues
La collégiale fortifiée de Bédoues

On le sait très proche de ses origines gévaudanaises, aussi afin d'aider ses jeunes compatriotes, il fonde à Montpellier le collège Saint-Martin, destiné à accueillir 12 (puis 8) étudiants en médecine issus du Gévaudan. Cet attachement à la médecine s'explique par son amitié avec l'un des pères de la chirurgie médicale, Guy de Chauliac. Il enrichi particulièrement la région cévenole d'édifices religieux, notamment les églises collégiales de Quézac et de Bédouès. Cette dernière, fortifiée, a été bâtie pour accueillir le tombeau de ses parents. La seigneurie de Grizac se verra, de plus, exempté de tout impôt devenant ainsi une terre franche. Ce privilège, conservé jusqu'au XVIIIe siècle, a été accordé par le roi Charles V, en remerciement au Pape.

S'étant réservé l'évêché de Mende, il décide de la construction de la cathédrale Notre-Dame et Saint-Privat, en remplacement de la cathédrale primitive. Il crée aussi le premier évêché de Pékin.

[modifier] Sa béatification

[modifier] La première demande

Son procès en canonisation est demandé par Valdemar IV de Danemark et promis par le pape Grégoire V dès 1375. Mais la crise du Grand Schisme qui secoua l'église catholique eut tôt fait de le stopper. Ainsi c'est seulement le 10 mars 1870 qu'il fut déclaré bienheureux par le pape Pie IX.

[modifier] Les demandes modernes

Au XXe siècle, une association, "Les Amis du Bienheureux Urbain V", s'est constituée pour promouvoir la cause de sa canonisation.

[modifier] Autres informations

  • Le nom Urbain vient du latin urbanus (= de la ville), très tôt employé comme nom de personne.
  • Fête : le 19 décembre.
  • Un jardin porte son nom au palais des papes à Avignon.
  • Une polyclinique porte également son nom, toujours à Avignon.
  • Une rue de Marseille porte son nom et un gisant a été placé dans la crypte de Saint-Victor.
  • Une rue de Montpellier porte son nom

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • Joseph Fornery, Histoire du comté Vénaissin et de la ville d'Avignon, Roumanille, Avignon, s.d.
  • Joseph Hyacinthe Albanés, Recherches sur la famille de Grimoard, Imprimerie Privat, Mende, 1866
  • Joseph Hyacinthe Albanés, Entrée solennelle du pape Urbain V à Marseille en 1365, Librairie ancienne de Boy-Estellon, Marseille, 1865, numérisé par Gallica [15]
  • G.de Rey, Les Saints de l'église de Marseille, Marius Olive, Marseille, 1885.
  • Maurice Prou, Etude sur les relations politiques du pape Urbain V avec les rois de France Jean II et Charles V, Bibliothèque de l'école des hautes études, viewerg, Paris, 1888, numérisé par Gallica [16]
  • Mgr M Chaillan, La vielle église de Saint-Victor de Marseille et le pape Urbain V, Tacussel, Marseille, 1929
  • G. Mollat, Les papes d'Avignon, Letouzey & Ané, Paris, 1950
  • Bernard Guillemain, La cour pontificale d'Avignon, 1309-1376, Ed. de Boccard, Paris, 1966
  • Jean-Rémy Palanque, Le diocèse de Marseille, Letouzey & Ané, Paris, 1967
  • Paul Amargier, Urbain V, un homme, une vie, Société des médiévistes provençaux, Marseille, 1987 (162 pages)
  • Antoine de Rosny, Urbain V : un pape du Gévaudan, 1310-1370. – Mende : Conseil général de la Lozère, coll. « Patrimoine », 2005. 35 p., 23 cm. – ISBN 2-9512302-7-3.

[modifier] Sources et références

  1. Sur la commune du Pont-de-Montvert
  2. La famille Montferand est une famille noble du Gévaudan, voir les baronnies du Gévaudan
  3. "Ce tant rude, Gévaudan", Félix Buffière, p.771
  4. C'est d'Étienne de Grimoard que descend Renaud de Lausbespin, l'actuel propriétaire qui a acheté et restauré le château.
  5. Florian Mazel, La noblesse et l'église en Provence fin Xe-début XIVe, L'exemple des familles d'Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille. Editions du Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 2002, page 529 isbn 2-7355-0503-0
  6. Paul Amargier Urbain V, un homme, une vie (1310-1370) Société des médiévistes provençaux, Marseille, 1987 page 20
  7. "Ce tant rude, Gévaudan", Félix Buffière, p.773
  8. "Ce tant rude, Gévaudan", Félix Buffière, p.774
  9. (fr) Les « vergers » de la papauté d'Avignon : Avignon, Pont-de-Sorgues et Villeneuve (1316-1378), thèse d'Élydia Barret, Ecole nationale des chartes 2004
  10. Sur la moitié du blason de cette commune se trouve celui d'Urbain V
  11. Enluminure représentant le voyage du pape enluminure
  12. Un exemplaire de ce joyau est conservé au musée de Cluny à Paris, c'est la plus ancienne conservée au monde Musée de Cluny, orfèvrerie et ivoires, découvrez une sélection des oeuvres
  13. À coté du palais des papes : (fr) informations
  14. Selon son souhait
  15. Entrée solennel du pape Urbain V à Marseille en 1365
  16. Etude sur les relations politiques du pape Urbain V avec les rois de France Jean II et Charles V

[modifier] Liens externes

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