Guy Drut

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Né le 6 décembre 1950 à Oignies, dans le Pas-de-Calais, Guy Drut est un athlète français devenu homme politique. Né dans la même rue que Michel Jazy, il est issu d'un milieu modeste : son père est mineur.

Sommaire

[modifier] Biographie

Député RPR de Seine-et-Marne depuis 1986 et maire de Coulommiers depuis 1992, Guy Drut est un proche de Jacques Chirac, qui l'a employé comme chargé de mission auprès du premier ministre en 1975-1976. Entre 1985 et 1989, alors maire de Paris, Chirac en a fait son adjoint chargé des sports. Il est élu maire de Coulommiers en 1992. En novembre 1995, il a été ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement Alain Juppé.

Il a été élu député UMP le 16 juin 2002, pour la XIIe législature (2002-2007), dans la cinquième circonscription de Seine-et-Marne, qui recouvre en partie la ville de Meaux. Suite à l'amnistie présidentielle dont il bénéficie, il renonce à se présenter aux élections législatives de 2007.

Guy Drut a inauguré, en 2004, un complexe sportif à son nom à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire). Il est membre de l'Académie des Sports.

Guy Drut a été jugé sur l'inculpation d'avoir obtenu d'un emploi fictif dans l'affaire des marchés publics d'Île-de-France. Il a bénéficié de l'amnistie du président Jacques Chirac en mai 2006.

Le 16 novembre 2007, il est annoncé candidat à la présidence de l'agence mondiale antidopage. En décembre 2007, il annonce qu'il ne se représentera pas aux élections municipales à Coulommiers.

Le 27 février 2008, il annonce sa démission, effective le 29 février, de la mairie de Coulommiers pour dénoncer la trahison remontant à décembre de certains de ses colistiers aux municipales. (Le Parisien du 28 février 2008).

[modifier] Carrière sportive

Avant de se lancer dans une carrière politique, Guy Drut fut un athlète sur 110 mètres haies, licencié à Oignies puis au Stade Français, avec pour entraîneur Pierre Legrain.

Les principaux succès de Guy Drut, fort de 40 sélections en équipe de France A de 1968 à 1981 (et 8 en juniors), sont:

  • Recordman du Monde et d'Europe du 110 m haies : 13" 1 (1975 au Stade Adolphe Chéron), puis 13" la même année à Berlin-Ouest
  • Recordman d'Europe du 110 m haies à 6 reprises, en 1972, 1974, et 1975 4 fois
  • Recordman de France à 7 reprises, en 1969 (13" 7), 1970 - 2 fois, 1974, et 1975 - 3 fois ((durée totale 17 ans)
  • Recordman de France du 50 m haies en salle : 6" 51 en 1972
  • Recordman de France junior du 110 m haies en 1968 et 1969
  • Jeux Olympiques : 1er en 1976, 2e en 1972
  • Championnats d'Europe : 1er en 1974, 4e en 1969
  • Championnats d'Europe en salle : 1er en 1972, 3e en 1970 et 1981
  • Coupe d'Europe des nations d'athlétisme : 1er en 1970, 1973 et 1975
  • Jeux méditerranéens : 1er en 1971
  • Championnat de France : 1er en 1970, 1971, 1972, 1973, 1975, 1976 et 1980
  • Championnat de France en salle du 60 m, puis du 50 m haies : 1er en 1973, 1974, 1975 (60m) et 1981 (50m)
  • Championnat de France en salle de saut à la perche : 1er en 1973 (avec un bond à 5 mètres)
  • Champion de France junior du 110 m haies en 1969
  • Champion de France cadet de saut à la perche en 1967
  • Pour tous ces titres : nommé Champion des champions français L'Équipe en 1972, 1974, 1975 et 1976.

Il était aussi un athlète complet : sélectionné en équipe de France junior au saut de la perche (5,20 m) et au décathlon (7424pts).

(Remarque: Éric Drut, né en 1957, fut quant à lui recordman de France junior du 100m en 1976, avec un temps de 10" 5)

[modifier] Membre du comité international olympique

Guy Drut est l'un des membres français du comité international olympique. Il a été suspendu le 9 décembre 2005 par la commission d'éthique du CIO de ses droits et fonctions suite à la condamnation judiciaire dont il a écopé en octobre 2005. Selon Henri Sérandour, président du comité olympique français, sa présence lors de la candidature de Paris aux jeux Olympiques d'été de 2012 aurait « un peu pesé » sur l'échec de la candidature. L'amnistie personnelle dont il a bénéficié devrait lui « permettre de reprendre sa place au sein de cet organisme afin d'y poursuivre son action dans l'intérêt du sport olympique et de la France », comme l'a précisé le ministre de la Justice, Pascal Clément.

[modifier] Carrière politique

[modifier] Intégrité publique

Dans le cadre de l'enquête sur le financement illégal du RPR et de l'affaire des marchés publics d'Île-de-France, Guy Drut a été condamné à 15 mois de prison avec sursis et 50 000 euros d'amende. Il n'a pas fait appel de la décision judiciaire et a préféré solliciter l'amnistie du président de la République Jacques Chirac.

[modifier] Emploi fictif à la Sicra

Le député UMP a été reconnu coupable d'avoir bénéficié d'un emploi fictif à la demande de la mairie de Paris, alors dirigée par Jacques Chirac.

De juin 1990 à février 1993, Guy Drut a été salarié comme 'attaché de direction' dans l'entreprise de bâtiment et travaux publics Sicra, filiale de la Compagnie générale des eaux, devenu Vivendi puis Veolia, au titre du « développement d'une activité sportive au sein de l'entreprise » pour 20 000 francs par mois, soit un total de 774 047 F (environ 120 000 €). Au bout de trois ans, la Sicra avait décidé de mettre fin à son contrat. Cela ne s'était pas passé sans heurts car Guy Drut jugeait ses indemnités de départ insuffisantes.

Jacques Froment, qui a rédigé son contrat de travail à Sicra, a reconnu à l'instruction le caractère fictif de l'emploi. Guy Drut a expliqué que son rôle était de valoriser l'image de Sicra, mais il « n'a apporté aucun élément précis sur le temps consacré à la société ou sur la nature exacte des prestations fournies », écrit le juge d'instruction dans l'ordonnance de renvoi.

Selon l'accusation, les emplois fictifs constituaient l'une des modalités de paiement des 2% de commissions que les partis politiques touchaient sur les marchés d'Île-de-France.

[modifier] Procès de l'affaire des marchés publics d’Île-de-France

En octobre 2005, Guy Drut fut jugé avec 46 autres personnes dans le procès du système de corruption présumé au profit de plusieurs partis politiques, en marge des marchés de construction et de rénovation de lycées en Île-de-France (affaire des marchés publics d'Île-de-France).

Dans les attendus de son jugement, le président du tribunal Jean-Louis Kantor notait « Guy Drut est dans l'incapacité de justifier d'un acte positif (…) son salaire » et « disposait (…) de moyens matériels et de revenus considérables ». Par ailleurs, Guy Drut avait « obtenu par la cession de ses actions [dans une société] des plus-values très importantes et totalement inexpliquées pour plusieurs millions de francs ».

L'attitude hautaine et désinvolte de Guy Drut devant le tribunal fut notée par les commentateurs. Il fut absent durant l'essentiel des débats et ne s'est pas montré le jour du jugement. Florilège :

  • « Ah, ça, je ne suis pas un spécialiste de l'écriture, j'étais meilleur sur les haies » (à propos de l'absence de toute trace écrite de son travail)
  • « J'étais une clef pour ouvrir les portes vers des décideurs ».
  • « C'était plus un contrat de relations publiques qu'un contrat d'image. Il y a eu un travail d'effectué. Ce genre d'activité est régulièrement effectué par des sportifs à la retraite. J'ai parlé de cette société à des tas de gens. »
  • « Franchement, je me demande ce que je fais là. »
  • « Dans la mesure où je peux améliorer mon ordinaire et celui de ma famille. L'ascenseur social, vous savez, ça existe. Je suis d'origine modeste, moi. Et toute peine mérite salaire. Ce n'est pas du de Gaulle, ça, c'est Marx qui l'a dit ! »
  • « C'est vrai, je fais impression : la stature, le regard… Le sportif de haut niveau peut être capricieux »
  • « le champion olympique que je suis toujours ».
  • « Que voulez-vous ? j'ai épousé une femme adorable mais qui avait un certain patrimoine. » (à propos des 13 millions de francs d'impôts sur la fortune payés en 1994)
  • «Mais regardez Zidane, Platini, Douillet, aujourd'hui les tarifs ont augmenté de façon exponentielle ! » (à propos de ses revenus de 13 millions de francs en 1994, 12 millions de francs en 1995, et les dividendes de 2,5 millions de francs versés par la SAR, proche du RPR et dirigé par Francis Poullain, qui sera à l'origine de l'affaire des HLM de Paris).

[modifier] Références
  • Guy Drut au procès des marchés publics d'île-de-France : "Il paraît que je fais impression", Le Monde, 10 mai 2005
  • Guy Drut comparaît au procès des marchés publics d'Ile-de-France, Reuters, 9 mai 2005
  • Guy Drut, condamné dans l'affaire des marchés publics en Ile-de-France, est amnistié par Jacques Chirac, Le Monde, 25 mai 2006
  • Controverse autour de l'amnistie de Guy Drut, Le Figaro, 26 mai 2006

[modifier] SAR

Guy Drut était également actionnaire d'une autre entreprise de BTP, la SAR de Francis Poullain, dont le redressement fiscal fut à l'origine de l'affaire des HLM de Paris. Il a ainsi obtenu 2,5 millions de francs au titre de ses dividendes en quatre ans.

[modifier] Amnistie du président de la République en mai 2006

Guy Drut a été amnistié à titre individuel pour cette condamnation par un décret du président Jacques Chirac, non publié au Journal officiel, du 25 mai 2006. Ces faits doivent donc être étymologiquement oubliés, sous peine de poursuites pénales. Le casier judiciaire de Guy Drut est donc à nouveau vierge. Cette amnistie permettra donc à Guy Drut de représenter dignement à nouveau la France au CIO.

La présidence de la République a pris cette mesure « en application de la loi de 2002 qui le prévoit pour les personnes ayant rendu des services à la nation, notamment dans le domaine sportif ».

En effet, en juillet 2002, la loi d'amnistie présidentielle avait globalement restreint la liste des délits amnistiables mais avait étendu la loi « aux personnes qui se sont distinguées de manière exceptionnelle dans le domaine sportif ». À l'époque, il était apparu assez évident que ce point de la loi était une mesure spécifiquement conçue pour Guy Drut et David Douillet, malgré les dénégations du garde des Sceaux Dominique Perben. Ainsi, Guy Drut, qui avait voté en faveur de cette loi, sera le premier à en bénéficier.

Pourtant, en théorie, le projet d'amnistie excluait formellement les délits liés au financement des partis. Le texte précisait que les délits « commis en relation avec des élections de toute nature » pourront être amnistiés « à l'exception de ceux en relation avec le financement direct ou indirect de campagnes électorales ou de partis politiques ».

Cette amnistie a, d'ailleurs, immédiatement suscité une levée de bouclier à gauche et au centre. Le numéro un du PS, François Hollande, y voit « une énième désinvolture » de Jacques Chirac et suggère d'« en finir avec ce privilège d'un autre âge », tandis que Jack Lang a fustigé « un gouvernement de copains et de coquins ». « Jacques Chirac agit comme le prince d'une République bananière », a tranché le Vert Noël Mamère, avant d'ajouter : « Le Pen peut être tranquille, Chirac travaille pour lui. » Arnaud Montebourg (PS) a une nouvelle fois reproché à Jacques Chirac d'« organiser l'impunité de ses propres amis et de lui-même ». Le député européen PS Vincent Peillon a jugé « extrêmement choquant ce pouvoir discrétionnaire ». Quant à Jean-Louis Debré, pourtant proche de Jacques Chirac, il s'est clairement désolidarisé : « J'ai expliqué au président de la République que c'était une erreur fondamentale, qu'on ne rendait pas service à Guy Drut. » avant d'ajouter off-record « Je lui ai dit que j'étais contre, que c'était une connerie. Après moi, sont passés Pascal Clément (ministre de la Justice) qui lui a assuré que ça ne ferait aucune vague, et puis le gratin des médaillés olympiques […] Cette amnistie de Guy Drut est plus grave que l'affaire Clearstream et même que le CPE. C'est de l'autolessiveuse»

Désormais, comme le prévoit la loi, toute référence à cette condamnation amnistiée pourra être passible d'une amende de 5 000 €.

[modifier] Références

  • Le projet d'amnistie exclut formellement les délits liés au financement des partis, Le Monde, 4 juillet 2002
  • Guy Drut au procès des marchés publics d'Île-de-France : « Il paraît que je fais impression », Le Monde, 11 mai 2005
  • Guy Drut, condamné dans l'affaire des marchés publics en Île-de-France, est amnistié par Jacques Chirac, Le Monde, 25 mai 2006
  • Guy Drut, condamné, amnistié et de nouveau candidat, Le Monde, 18 octobre 2006

[modifier] CIO

Anticipant sa condamnation pour son emploi fictif à la Sicra, Guy Drut a pris la décision de se retirer du Comité international olympique, auquel il appartenait depuis 1996, durant la phase de qualification de Paris, ville candidate pour les jeux Olympiques de 2012.

Suspendu à titre provisoire de ses fonctions au CIO jusqu'au 31 mai 2006, Guy Drut risquait de perdre définitivement son poste après cette date et rien n'indiquait que le siège serait ensuite automatiquement attribué à un Français.

Cependant, selon un proche du Comité olympique français, «les JO sont passés et il n'y a aucune échéance importante pour la France avant bien longtemps. Aujourd'hui un siège de plus ou de moins n'est pas significatif».

Le 25 mai 2006, quelques heures après l'annonce de l'amnistie qui fit scandale, le CIO a annoncé que le cas de Guy Drut serait réétudié.

[modifier] Références

  • Controverse autour de l'amnistie de Guy Drut, Le Figaro, 26 mai 2006

[modifier] Divers

Guy Drut serait franc-maçon. Membre de la GLNF, il sera prié de quitter la GLNF après sa mise en examen dans l'affaire des marchés publics d'Île-de-France, comme Jean-Pierre Thomas, le collecteur de fonds du Parti républicain.

[modifier] Citations

  • « À chaque jour suffit sa haie, selon l'adage de notre ami Guy Drut. » Dominique de Villepin, premier ministre, le 26 mai 2006, à propos de l'amnistie de Guy Drut.
  • « Cela donne une image détestable d'autolessiveuse. », Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée nationale française, le 27 mai 2006, à propos de l'amnistie de Guy Drut.

[modifier] Liens externes

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