Géographie de la Lorraine

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La Lorraine est la seule région française à partager ses frontières avec trois autres pays : la Belgique (Région wallonne), le Luxembourg et l'Allemagne (länder de la Sarre et de Rhénanie-Palatinat). Elle est également voisine de trois régions françaises : Alsace, Champagne-Ardenne et Franche-Comté.

Cette situation est un atout stratégique pour cette région située de ce fait à proximité du centre de la banane bleue, cette conurbation qui traverse l'Europe du Lancashire (Angleterre) à la Toscane (Italie), en passant par le couloir rhénan.

Sommaire

[modifier] Démographie

[modifier] Évolution historique

Évolution de la population de la Lorraine :

Année Population Année Population Année Population
1801 1 264 698 1876 1 585 995 1931 1 879 839
1806 1 370 631 1881 1 608 753 1936 1 866 147
1831 1 545 146 1886 1 627 100 1946 1 682 051
1836 1 580 351 1891 1 656 991 1954 1 956 039
1841 1 631 279 1896 1 703 098 1962 2 194 151
1851 1 666 173 1901 1 754 135 1968 2 274 441
1856 1 586 960 1906 1 843 330 1975 2 330 822
1861 1 596 125 1911 1 931 810 1982 2 319 905
1866 1 601 195 1921 1 683 923 1990 2 305 726
1872 1 533 309 1926 1 785 779 1999 2 310 376

Les chiffres indiqués ici jusqu'en 1866 incluent les communes des Vosges qui furent perdues en 1871 et sont aujourd'hui alsaciennes. Les chiffres de 1872 à 1911 incluent le département de la Moselle qui était allemand pendant cette période.

L'évolution démographique de la Lorraine reflète en grande partie son histoire et celle de la France.

Au début du XIXe siècle, la population est essentiellement rurale, la natalité est élevée, la mortalité est moins élevée qu'au cours des siècles précédents, et la population augmente régulièrement.

Le milieu du siècle marque un grand tournant. C'est le début de la révolution industrielle, dont le premier effet est l'exode rural. Les campagnes lorraines commencent donc à se dépeupler très fortement, comme partout en France. Mais rapidement, le développement industriel attire la population vers les centres urbains. Leur croissance, en Lorraine, va compenser les pertes du monde rural, et pendant plus d'un siècle la population va continuer à augmenter, en même temps qu'elle s'urbanise de plus en plus.

Cette croissance aura cependant quelques accidents liés à l'histoire. En 1871, de nombreux habitants des régions annexées par l'Allemagne choisissent de rester en France. Certains s'installent dans la partie de la Lorraine restée française, mais beaucoup quittent aussi la région, pour aller vers la région parisienne ou l'Algérie par exemple.

Pendant la Première Guerre mondiale, la Lorraine souffre énormément. Les morts de la guerre et le déficit des naissances pendant 4 ans diminuent fortement le nombre des habitants. Il faut y ajouter le départ d'un certain nombre d'Allemands qui s'étaient installés en Moselle entre 1871 et 1918, et qui préfèrent retourner vers d'autres régions allemandes.

Le dynamisme est cependant rapidement de retour, dans l'euphorie des années folles. Mais avec la crise économique et démographique qui touche la France dans les années 1930, la population stagne à nouveau. La Seconde Guerre mondiale vient amplifier cette tendance, chassant temporairement de nombreux habitants.

Après la fin de cette guerre, la reconstruction et le retour de certains habitants ravivent à nouveau la croissance de la région, qui va se poursuivre pendant les Trente glorieuses. Mais dans les années 1970, la crise revient. Les principales activités, l'exploitation minière et les industries lourdes qui en dérivent, sont durement frappées. Les centres urbains les plus industriels se dépeuplent, les campagnes continuent à stagner comme auparavant, et la région perd des habitants malgré sa forte natalité.

Dans les années 1990, les effets de diverses reconversions industrielles réussies dans la région commencent à se faire sentir démographiquement. Les villes qui ont retrouvé d'autres activités attirent à nouveau des habitants, et dans l'ensemble la Lorraine a réussi à stabiliser sa population. La situation reste cependant très inégale. L'essentiel de la croissance démographique est désormais concentrée sur le sillon mosellan (Thionville, Metz, Toul, Nancy, Épinal), alors que le bassin minier (Longwy, Forbach), toute la partie ouest de la région (Meuse) et les hautes vallées vosgiennes sont encore en forte régression.

[modifier] Répartition géographique

Aujourd'hui près des trois quarts de la population sont domiciliés dans les départements de Meurthe-et-Moselle et de la Moselle qui ont gagné 14 000 habitants entre 1990 et 1999 (+0,8%) pendant que les Vosges et la Meuse en perdaient 9 000 (-1,6%).

La population est urbaine à 72,5% (46% dans la Meuse, 77% en Meurthe-et-Moselle), et 40% des Lorrains vivent sur 5% du territoire (agglomérations de Nancy, Metz, Thionville et Forbach). L'étalement urbain progresse aussi régulièrement: jusqu'au recensement de 1990, l'INSEE définissait autour d'Hagondange et de Briey une agglomération de plus de 100 000 habitants, mais celle-ci est maintenant entièrement incluse dans l'agglomération voisine de Metz, désormais la plus étendue de la région.

Agglomérations de plus de 15 000 habitants:

Ville Population
Commune Agglomération Aire urbaine
Metz 127 498 322 526 429 588
Nancy 105 830 331 363 410 508
Thionville 42 205 130 480 156 433
Forbach 23 281 92 845 104 074
Épinal 38 207 62 504 89 544
Saint-Dié-des-Vosges 23 699 29 443 45 708
Sarreguemines 23 774 30 236 42 077
Longwy 14 890 40 202 40 582
Saint-Avold 17 473 37 236 38 888
Verdun 21 267 25 509 35 078
Bar-le-Duc 18 079 20 549 32 892
Sarrebourg 14 044 16 704 31 908
Lunéville 21 112 23 030 27 572
Pont-à-Mousson 15 018 23 884 26 948
Toul 17 419 22 259 23 180
Remiremont 9 180 22 601 22 601
Villerupt 9 822 18 906 18 906
Creutzwald 14 614 17 982 17 982

Chiffres de population totale (avec doubles comptes) pour les communes, de population sans doubles comptes pour les agglomérations et aires urbaines. Recensement de 1999.

De nombreuses agglomérations débordent des frontières, en Allemagne (Forbach avec Sarrebruck, Sarreguemines, Saint-Avold) ou au Luxembourg (Villerupt avec Esch-sur-Alzette). L'agglomération de Longwy s'étend même sur trois pays, la France, le Luxembourg et la Belgique.

[modifier] Relief

Le point le plus bas ce situe au niveau de Remennecourt où la Saulx (rivière) est à 115m d'altitude.

Le relief, de pente moyenne ascendante vers l'est, est formé d'une alternance de vallées et plateaux séparés par des cuestas (reliefs de côtes) de direction sud-nord. Partant de l'ouest, on distingue successivement: l'Argonne, les côtes de Bar, les côtes de Meuse et enfin les côtes de Moselle qui dépassent les 450 m d'altitude. Entre côtes de Meuse et Côtes de Moselle s'étend la fertile plaine de la Woëvre large de 25 à 30 km. La Meuse et la Moselle coulent vers le nord dans une plaine argileuse.

Au nord-est de la région, le plateau lorrain présente un aspect uniforme, avec les vallées de la Seille, de la Nied et de la Sarre.

Au sud la topographie s'élève de la Vôge vers les Vosges, vieux massif de l'ère tertiaire culminant en Alsace au Grand Ballon (1 424 m). Le point le plus élevé de Lorraine se situe au Hohneck (1 362 m). Les Vosges gréseuses du nord, sont plus basses que les Vosges cristallines au sud.

[modifier] Sous-sol

██ Alluvions récentes ██ Alluvions anciennes  ██ Crétacé   ██ Jurassique supérieur ██ Jurassique moyen ██ Jurassique inférieur  ██ Trias supérieur ██ Trias moyen ██ Trias inférieur  ██ Granites hercyniens ██ Paléozoïque et antérieur
██ Alluvions récentes ██ Alluvions anciennes ██ Crétacé ██ Jurassique supérieur ██ Jurassique moyen ██ Jurassique inférieur ██ Trias supérieur ██ Trias moyen ██ Trias inférieur ██ Granites hercyniens ██ Paléozoïque et antérieur

Il est formé de roches sédimentaires (calcaire, grès et marnes) sauf dans le massif des Vosges (granite). Géologiquement, la Lorraine forme la limite orientale du bassin parisien.

Il a fourni au cours de l'histoire de nombreuses ressources naturelles :

  • sel gemme ;
  • métaux (argent, plomb et cuivre sont exploités jusqu'au XVIIIe siècle) ;
  • gypse ;
  • houille ;
  • minerais de fer (minette).

[modifier] Climat

Le climat lorrain est océanique dégradé à influence continentale. Les saisons sont contrastées et bien marquées mais en fonction des vents dominants peuvent se succéder du jour au lendemain des périodes de précipitations (influence océanique) ou de forte amplitude thermique (influence continentale).

Par exemple pour la ville de Nancy : la température moyenne au mois de janvier est de 1,2 °C (Nice 12,5 °C, Brest 6,3 °C) tandis qu'elle atteint 18,3 °C en juillet (Nice 26,6 °C, Brest 16,2 °C). Les précipitations sont dans la moyenne nationale: 740 mm/an sur 163 jours (Nice 767 mm -88 j Brest 1178 mm-211 j).

Le massif des Vosges est beaucoup plus humide (1780 mm/an à Gérardmer), ce qui provoque un fort enneigement en hiver.

La Lorraine est réputée pour la rigueur de son climat et pour ses brouillards assez fréquents. Pourtant cette mauvaise réputation est fortement exagérée, elle est probablement due à l'hiver 1939-1940 qui fut exceptionnel, alors qu'un grand nombre de soldats français étaient en garnison sur les fortifications de la ligne Maginot. Il permet pourtant la culture de la vigne (vins des côtes de Toul) et des arbres fruitiers (la mirabelle est une spécialité régionale). À noter que cette dernière pourrait être en régression dans la région en raison du changement climatique.

[modifier] Hydrologie

Cours d'eau 

Deux grands cours d'eau, la Meuse et la Moselle, et leurs principaux affluents (Meurthe, Seille, Sarre...) drainent la quasi-totalité du bassin versant de la région. Cependant, la Saône, tributaire du Rhône, prend sa source dans le sud des Vosges à Vioménil. À l'est, la Zorn est un affluent direct du Rhin. Dans la région de Bar-le-Duc et le Barrois, l'Ornain et la Saulx sont tributaires de la Seine via la Marne. Enfin, dans l'Argonne, l'Aisne et l'Aire sont aussi tributaires de la Seine via l'Oise.

La Lorraine forme donc la limite occidentale du bassin versant du Rhin. Il existe de nombreux canaux pour permettre la navigation fluviale. L'un des plus importants est le canal de la Marne au Rhin, qui dispose d'un ouvrage particulièrement remarquable, le plan incliné de Saint-Louis-Arzviller, une écluse mobile se déplaçant sur une pente grâce à un système de contrepoids et qui a remplacé 17 écluses classiques.

Au total, la région compte 700 km de voies navigables et trois grands ports fluviaux commerciaux : le port de Nancy-Frouard, le port de Metz et le port d'Illange (a proximité de Thionville). La région présente également de nombreux ports de plaisance.

Plans d'eau 

La Lorraine comporte de nombreux plans d'eau, presque tous artificiels hormis quelques lacs vosgiens. Ils ont été créés pour la pisciculture par des moines au Moyen Âge, ou sont les conséquences d'exploitations de carrières. La grande majorité de ces plans d'eau sont situés dans la plaine de Woëvre (département de la Meuse), dans la vallée des lacs (département des Vosges) et dans le pays des étangs (sud-est de la Moselle). Ils font partie des zones humides les plus riches du territoire français. Ainsi l'étang de Lindre accueille environ 230 des 500 espèces européennes d'oiseaux.
Les plus importants sont le lac de Gérardmer (115 ha), le lac de Madine (1 100 ha), l'étang de Gondrexange (700 ha), les lacs de Pierre-Percée (280 ha), l'étang du Stock (720 ha), l'étang de Lindre (620 ha).

Eaux minérales 

La région est également riche en eaux minérales dont de nombreuses sources font l'objet d'une exploitation commerciale. C'est ainsi le cas des sources de Vittel (Grande source et Hépar) ou de Contrexéville. Par ailleurs, Plombières-les-Bains est réputée depuis l'époque gallo-romaine pour les vertus curatives de sa source.

[modifier] Végétation

Le défrichage ayant été limité au XIXe siècle pour des raisons militaires, la forêt recouvre 34% de la région et place ainsi la Lorraine dans les régions les plus boisées de France.

Du fait de l'exploitation minière et de l'industrialisation qui l'a accompagnée, l'exode rural a été plus précoce en Lorraine que dans le reste de la France. On peut globalement distinguer six grandes zones agricoles :

  • les hautes Vosges : agriculture de type pastorale liée à la fabrication du munster et du géromé et au tourisme vert (nombreuses fermes auberges).
  • les Vosges gréseuses : sylviculture
  • le plateau lorrain oriental : région très rurale, on y trouve de nombreux villages-rues typiquement lorrains. Les exploitations dépassent généralement 100 ha. On y pratique l'élevage (laitier pour les fermes les plus petites) et la céréaliculture.
  • le plateau lorrain occidental : situé entre la Moselle et l'Argonne (la Meuse), il est essentiellement une terre de labours. La population est très peu dense, cette zone fait partie du "désert français".
  • la côte de Moselle : fort déclin agricole dans cette région au sol fertile et aux conditions climatiques très favorable.
  • les côtes de Meuse : développement de la viticulture et de l'arboriculture.