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John Maynard Keynes
Naissance : 5 juin 1883
Cambridge en Angleterre (Royaume-Uni)
Décès : 21 avril 1946
Firle dans le Sussex (Royaume-Uni)
Nationalité : britannique
Champs : Mathématiques, Économie
Institution : King's College
Diplômé : Pfde School, St Faith's, Collège d'Eton, King's College
Célèbre pour : Multiples travaux en économie, « invention » du keynésianisme
Distinctions : reconnu par une majorité d’économistes comme le plus grand économiste du XXe siècle.

John Maynard Keynes est un économiste et mathématicien britannique né le 5 juin 1883 à Cambridge et décédé le 21 avril 1946 à Firle dans le Sussex. Il est en général considéré comme étant le plus grand économiste du XXe siècle[1]. Pourtant, l'interprétation de son oeuvre n'est pas aisée. Jacob Viner[2] notait en en 1936 à propos de l'oeuvre majeure de Keynes la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie que "bien qu'écrite par un styliste de premier ordre, l'ouvrage n'est pas facile à lire, ni à comprendre et à juger". Aussi son oeuvre a fait l'objet d'interprétations diverses. La plus influence demeure celle dite de la synthèse néo-classique dont les plus illustres représentants furent les prix Nobels John Hicks, qui est avec Alvin Hansen le fondateur de ce courant, Paul Samuelson et Franco Modigliani[3]. De nos jours la nouvelle économie keynésienne est relativement influente notamment à travers Joseph Stiglitz. A côté de ces écoles plutôt libérales, nous trouvons des écoles plus hétérodoxes tels que le post-keynésianisme plus étatiste ou en France l'économie des conventions. D'une façon générale son héritage intellectuel s'étend de la social-démocratie à certaines formes de libéralisme[4]. De son temps, pour Kenneth R. Hoover[5] Keynes a en Angleterre tenu une position "centriste" entre d'une part Friedrich Hayek et d'autre part Harold Laski un des inspirateurs de l'aile gauche du parti travailliste.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Formation

John Maynard Keynes est né dans une famille d'universitaires[6]. Son père, John Neville Keynes, était maître de conférences à l'Université de Cambridge et enseignait la logique et l'économie politique. Il est l'auteur d'un ouvrage de méthodologie de l'économie intitulé The Scope and Method of Political Economy paru en 1890, un classique en sciences économiques jusqu'à ce jour[7]. La mère de John Maynard, Florence Ada Brown, un auteur à succès ainsi qu'une pionnière des réformes sociales fut élue maire de Cambridge en 1932. Il eut un frère le futur, Sir Geoffrey Keynes (18871982) un brillant chirurgien, érudit et bibliophile et une soeur Margaret. Le journal de son père révèle que dés le début il fut fasciné par son fils [8].

Le jeune Keynes est décrit comme un génie et un maladif. À quatre ans et demi, il se questionne déjà sur la nature de l'intérêt; à six ans, sur le fonctionnement de son cerveau. À sept ans, il entre à St Faith's Preparatory School où il fait preuve d'un certain talent en mathématiques [9]. Un an plus tard, il intègre le Eton College où il est un élève brillant[10] qui gagne en 1899 et en 1900 le prix de mathématiques. En 1901, il finit premier en mathématiques, histoire et anglais. En 1902, il entre au King's College de Cambridge. En 1903, il devient membre de la société des Cambridge Apostles grâce à Lytton Strachey et Leonard Woolf, un club destinée à" la poursuite de la vérité avec une absolue dévotion et sans réserve, par un groupe d'amis intimes"[11]. Ces trois personnages sont également les cofondateurs du groupe de Bloomsbury. Dans cette société, il rencontre, Henry Sidgwick, Bertrand Russell, Lowes Dickinson et George Edward Moore dont le livre Principia Ethica exercera sur Keynes une influence durable[12]. En 1905, il est diplômé en mathématiques. A partir de 1906[13], il poursuit ses études à Cambridge d'abord pour passer le concours de la haute fonction publique anglaise puis pour devenir économiste. Il étudie nouvelles disciplines comme l'histoire et la logique. C'est finalement Alfred Marshall[14] – un des plus célèbres économistes néoclassiques dont il sera alors l'assistant – qui le convainc de se consacrer aux sciences économiques. Arthur Cecil Pigou - auquel il s'opposera plus tard - sera un de ses autres professeurs et d'une certaine manière l'aidera à décrocher un poste de maître de conférences. C'est à Cambridge aussi qu'il fera la connaissance des meilleurs économistes de son époque : Francis Ysidro Edgeworth, puis plus tard Joan Robinson, Piero Sraffa, Richard Kahn, James Meade, Bertil Ohlin, etc.

[modifier] Vie sociale

La vie de Keynes sera toujours double : un côté artistique et privé lié à Bloomsbury et un côté public d'économiste et de conseiller politique[15]. Certains de ceux qui furent ses amis tel Walter Lippmann ne comprirent jamais comment lier ces deux éléments ou préfèrent s'en tenir au seul aspect public[16]. En 1908, à Londres, il rencontre le peintre Duncan Grant alors qu'il travaille au sein du service gouvernemental administrant l'Inde. Ce fut l'un des plus grands amours de sa vie. Leur relation fut d'abord clandestine parce que Grant était alors en couple avec Lytton Strachey. Keynes et Grant se séparent quelques années après mais restent amis toute leur vie. Keynes se marie en 1925 avec la ballerine russe Lydia Lopokova (danseuse étoile de la compagnie des Ballets russes de Serge Diaghilev) sans jamais renier son homosexualité[17]. Il ne laissera pas de descendance. Son premier neveu, Richard Keynes (né en 1919), est un physiologiste et le second, Quentin Keynes (19212003), un aventurier et un bibliophile.

Keynes était un grand collectionneur de livres et partageait cette passion avec Friedrich Hayek, philosophe et économiste libéral avec lequel il entretenait une forte amitié bien qu'ils fussent en profond désaccord en matière d'économie. Pour préserver cette amitié, ils durent même convenir de ne plus parler de ce sujet ensemble. Keynes réunit dans sa collection de nombreux manuscrits d'Isaac Newton concernant l'alchimie et les notes de John Conduitt. Une des dernières publications de Keynes fut ainsi Newton, l'Homme (Newton, The Man) parue pour le tricentenaire de la naissance du physicien (1942) sous la forme d'article puis en livre en 1946.

Keynes meurt le 21 avril 1946 d'une crise cardiaque, ses problèmes de cœur s'étant aggravés suite à la charge de travail qu'il doit supporter à l'occasion des accords de Bretton Woods et des problèmes financiers internationaux de l'après-guerre. Il connut une vie éminemment heureuse[18].

[modifier] Carrière

Il entreprend en 1907 une carrière au service de l'État britannique, mais arrivé second au concours[19], le premier ayant choisi le Trésor, il choisit l'Indian Office (ministère de l'Inde) où au bout de deux ans il commence à s'ennuyer[20]. Début 1908, il n'obtient pas un prize fellowship (bourse d'étude) pour le King's College de Cambridge. Mais quand Arthur Cecil Pigou est élu à la chaire d'Alfred Marshall, le bureau d'économie et de politique, présidé par John Neville Keynes crée deux postes de maître de conférences dont un est offert à John Maynard Keynes[21]. En 1908, il commence à travailler sur le Treatise on Probability (Traité sur la probabilité) et en 1913, il écrit son premier livre d'économie, l'"Indian Currency and Finance" le meilleur ouvrage anglais sur l’étalon de change-or, selon Schumpeter, ce qui lui vaut une réputation de maîtriser aussi bien les problèmes techniques que les difficultés politiques et humaines[22]. Cet ouvrage lui vaut d'être nommé membre de la Royal Commision on Indian and Currency. (1913-1914)[23]. Peu de temps aprés le début de la guerre, il quitte Cambridge pour rentrer au Trésor. A cette époque, il commence à fréquenter Herbert Henry Asquith alors premier ministre libéral[24] qui fut premier ministre de 1908 à 1916. Keynes demeurera très lié à cette famille sa vie durant. Au trésor, il connait une rapide promotion et sera en 1919 le principal représentant du Trésor aux négociations du traité de Versailles. Suite à son désaccord sur le traité de Versailles, il démissionne. Une autre vie commence pour lui. Il retourne à Cambridge mais avec des fonctions plus légères et se tourne vers le journalisme notamment au Manchester Guardian [25]. et la finance[26] où il connaîtra de grands succès mais aussi des revers sérieux [27]. Au début des années vingt le succès de son livre Les conséquences économiques de la paix l'aidera à surmonter des placements malheureux. Parallèlement, il sera de 1911 à 1937, membre important de l'Economic Journal[28] une revue économique prestigieuse. Keynes voudrait voir son pays adopter l’équivalent du National Bureau Of Economic Research fondé en 1920 par Wesley Clair Mitchell aux Etats-Unis. Pour pallier ce besoin, il met sur pied avec notamment Herbert Henderson et William Beveridge de la London School of Economics le London and Cambridge Economic Service[29]. En 1938, il sera membre du conseil et gouverneur du nouveau National Institute on Social Resarch. Keynes nous le verrons fera toute sa vie durant partie de nombre de groupes d'experts chargés d'étudier soit un temps pour le parti libéral soit le plus souvent pour le gouvernement les problèmes économiques de l'heure. En 1941, il succédera à Lord Stamp décédé lors d'un bombardement comme membre du conseil des directeurs de la Banque d'Angleterre. [30]

[modifier] Keynes : un homme aux prises avec les problèmes de son temps

La période qui va de l'entre-deux-guerres à Bretton Woods est passionnante du point de vue de la pensée économique. dans l'entre-deux guerres deux grands problèmes se posent : le traité de Versailles comme l'a compris Keynes ne permet pas l'établissement d'une paix durable et d'un système économique stable; sur le plan politique et monétaire l'Angleterre qui avait été au 19°siècle la puissance dominante voit ce rôle décliner au profit du dollar et des Etats-Unis qui hésitent, dans un premier temps, à assumer un rôle international de premier plan. Dans cet environnement instable ponctué de crises, à travers les écrits de Keynes qui participe activement au débat politique il est possible de saisir les questions que se posent au monde d'alors et de mieux percevoir le contexte de son oeuvre majeure : la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie[31]. .

[modifier] Les Conséquences économiques de la paix

Conséquences économiques de la paix, 1919
Conséquences économiques de la paix, 1919

En 1919, Keynes participe à la Conférence de la Paix de Paris en tant que délégué du trésor britannique. Il plaide pour une paix généreuse mais il n'est pas écouté et démissionne trois jours avant la signature du traité[32].

La même année, il publie Les Conséquences économiques de la paix qui deviendra vite un best-seller dans le monde entier (200 000 exemplaires vendus[33] « un chef d’œuvre[34] » que résume Schumpeter en ce terme : « le capitalisme du laissez faire cet épisode extraordinaire a rendu l’âme en 1914» [35]. Dans les conséquences économiques, il compara le Traité de Versailles à une « paix carthaginoise », par référence à la rigueur du traité de paix à la fin de la Deuxième Guerre punique. Il y critique à la fois les clauses irréalistes du traité, l'oubli total de la dimension économique du problème et le comportement des principaux acteurs de cette conférence[36]. Il dénonce le poids des réparations exorbitantes auxquelles doit faire face l'Allemagne et prédit la ruine de l'économie allemande : L'hyper-inflation allemande qui succèdera à la guerre confirmera entièrement ses thèses. En France ce livre sera critiqué très longtemps puisqu'en 1946 Étienne Mantoux fera encore paraître une critique. Ce livre où Keynes dresse des portraits au vitriol de certains des acteurs du traité, notamment du Président Woodrow Wilson a joué notamment par l'intermédiaire de Walter Lippmann [37] qui en fit paraître des extraits dans le New Republic un certain rôle dans le refus américain de ratifier le traité et de participer à la Société des Nations.

Ce livre a aidé à consolider l'opinion publique américaine contre le traité et leur refus de participer à la Société des Nations. La perception par une grande partie du public britannique que l'Allemagne avait été traitée injustement à leur tour a été un facteur crucial dans le soutien public de la politique d'apaisement dans les années 1930. Le succès du livre va établir rapidement la réputation de Keynes comme le principal économiste de gauche et une célébrité[38].

[modifier] Les conséquences économiques de M.Churchill

Icône de détail Article détaillé : Les conséquences économiques de M.Churchill.

Membre du parti libéral depuis 1912, il écrit de nombreux articles pour la presse qui en est proche, principalement le Manchester Guardian pour qui il couvrira d'ailleurs la Conférence monétaire internationale de Gênes en 1922. À partir des articles qu'il rédige à cette occasion, il composera son A Tract on Monetary Reform (Essai sur la réforme monétaire) (1923), où il critique de la théorie monétaire classique et se prononce contre le retour de la Grande-Bretagne à l'système de l'étalon-or. Aux élections de 1923, le parti libéral est battu et lui succéde un gouvernement travailliste dirigé par Ramsay MacDonald dont le chancelier de l'échiquier Snowdon est favorable au retour à l'étalon-or[39]. Ce gouvernement ne tient que sept mois et est remplacé par un gouvernement conservateur dans lequel Winston Churchill est chancelier de l'Échiquier. Ce dernier annonce le retour à l'étalon-or et à la parité d'avant-guerre, Keynes écrit Les Conséquences économiques de M. Churchill (1925) où il prédit que cette parité sera impossible à maintenir et propose de financer de grands travaux, éventuellement au prix d'un déficit budgétaire, pour résorber le chômage. Cette politique conduit à une grève dure des mineurs auxquels on veut imposer une baisse des salaire en contre-partie de la réévaluation de la livre sterling. Le gouvernement de Stanley Baldwin viendra à bout de cette grève au bout de huit jours mais cela provoquera une très forte tension à l'intérieur du parti libéral entre Herbert Henry Asquith favorable à la ligne de Stanley Baldwin et Lloyd George favorable à une position plus conciliante. Cela conduira Keynes à s'éloigner dHerbert Henry Asquith et à se rapprocher de Lloyd George[40]. Keynes participera à la rédaction en 1927 du "livre jaune du parti libéral, intitulé Britain's Industrial Future. En 1928, il rédige avec Hubert Henderson une brochure intitulée Can LLoyd George Do It pour soutenir les mesures prévues dans le document du parti libéral, We can Conquer Unemployment[41]. Finalement le parti libéral perdra les élections et c'est le travailliste Ramsay MacDonald qui revient au pouvoir en 1929 avec Snowdon comme chancelier de l'échiquier. La politique déflationniste initiée par Winston Churchill sera cause de chômage et ne sera définitivement abandonnée qu'en 1931[42]

[modifier] Le Keynes de "la fin du laissez faire" et de "suis-je un libéral ?"

Au milieu des années vingt le parti libéral anglais qui a été avec le parti tory l'une des deux grandes forces politiques qui ont dominé la vie politique anglaise durant la seconde partie du 19° est sur le déclin et sur le point d'être dépassé par le parti travailliste. Keynes qui est alors membre du parti libéral ne se sent pas réellement en phase ni à l'aile dure du parti Tory ni avec celle du parti travailliste dont il craint qu'elles soient sur le point de donner le ton à la politique anglaise [43]. Il s'interroge dans deux articles sur ce que pourrait être un libéralisme adapté à l'époque.

Dans la fin du Laissez-faire issu d'une communication faite le 6 novembre 1924 à la conférence annuelle de la Sidney Ball Foundation à Oxford et présenté à nouveau à l'université de Berlin en juin 1926, il exprime l'idée "qu'une page de l'histoire anglaise et occidentale a été irrémédiablement tournée au seuil du XX° siècle; celle qui avait consacré un consensus autour du laissez-faire comme unique moyen d'accèder à la prospérité"[44]. Quand il s'interroge sur les raisons de l'"autorité du laissez-faire" au XIX°siècle, il émet plusieurs hypothèses:

  • L'influence de l'école de Manchester et "les histoires éducatives de Miss Martineau et Mrs Marcet qui imprimèrent dans la mentalité populaire l'idée que le laissez-faire était la conclusion pratique de l'économie orthodoxe". Sur ce point il estime que "l'expression la plus outrée et la plus dithyrambique de la religion de l'économie" se trouve dans les Harmonies économiques de Bastiat[45]
  • le "parallélisme entre le laissez-faire et le darwinisme...se révèle maintenant vraiment très étroit, comme Herbert Spencer fut le premier auteur de renom à le reconnaître [46]
  • les déficiences scientifiques du protectionnisme d'une part et du socialisme marxiste d'autre part [47]

Au niveau des solutions, il dresse certaines pistes. Pour les grandes entreprises d'utilités publiques, il préfère des entités autonomes telles les grandes universités ou semi-autonomes à des organismes placés sous la responsabilité directes des ministères d'Etat [48]. S'il est contre le socialisme d'Etat qui pour lui découle de Jeremy Bentham[49], il assigne quatre nouveaux rôles[50] à l'Etat : le "contrôle délibéré de la monnaie et du crédit", la "collecte de données relatives à l'état des affaires et leur diffusion à grande échelle", un rôle dans la détermination du niveau de l'épargne et de l'investissement et une "politique réfléchie touchant la taille de la population"

Au Liberal Summer School qui s'est tenu à Cambridge en Août 1925, Keynes prononce un discours intitulé Suis-je un libéral qui fut publié dans The Nation and Atheneum des 8 et 15 aôut 1925. Dans cet article, il déclare que "selon lui, il n'y a pas place, sinon à l'aile gauche du Parti Conservateur, pour ceux qui sont attachés avec ferveur à l'individualisme à l'ancienne et au laissez-faire dans toute leur rigueur bien qu'ils aient grandement contribué au succès du XIX°siècle"[51]. Il pense qu'à l'avenir le gouvernement devra assumer de nombreuses tâches qu'il conviendra de décentraliser et de déléguer à des sociétés et à des organes administratifs semi-indépendants" auxquels seront confiées les responsabilités gouvernementales, anciennes et nouvelles - sans pour autant porter atteinte au principe démocratique ou à la souveraineté en dernier ressort du Parlement[52]. Il suit John Rogers Commons qui distingue trois ordres économiques successifs : l'ère de la rareté, celle de l'abondance (qu'il situe au 19° siécle) et enfin l'ère de la stabilisation dans laquelle ils pensent entrer[53]. Cette période est marquée par une diminution de la liberté individuelle liée surtout à la montée en puissance des grandes entreprises et des cartels, des corporations et des syndicats. Dans ces circonstances, pour lui, la véritable mission du nouveau libéralisme serait d'arriver à "contrôler et à diriger les forces économiques dans l'intérêt de la justice et de la stabilité sociale"[54], aussi en appelle-t-il à la définition d'"une politique nouvelle et des instruments nouveaux pour adapter et contrôler le jeu des forces économiques, de façon que celles-ci ne heurtent pas brutalement ce qu'on regarde aujourd'hui comme normal en matière de stabilité et de justice sociale"[55].

[modifier] Keynes l'économiste

Keynes en introduction du livre d'Hubert Henderson intitulé "Supply and Demand[56]" écrit en 1922 : « la théorie économique ne fournit pas un corps de conclusions établies immédiatement applicables à la politique. C'est une méthode plus qu'une doctrine, c'est une tournure d'esprit, une technique de pensée qui aide son possesseur à formuler des conclusions correctes...Avant Adam Smith cette tournure d'esprit n'existait pratiquement pas ». Pourtant Keynes n'abordera vraiment la théorie économique que relativement tard avec les deux tomes du Traité sur la monnaie (1930) qui seront suivis de son ouvrage majeur, la Théorie générale (1936) que Don Patinkin[57] nomme la trilogie de Keynes

[modifier] Le traité sur la monnaie

Le Traité sur la monnaie (A treatise on Money) paraît en 1930. Pour Don Patinkin [58], Keynes qui est alors membre du Comité Macmillan chargé de "conseiller" le gouvernement de Ramsay MacDonald, n'aurait pas eu le temps ni de soumettre ses écrits à la critiques d'autres économistes ni de réellement le réviser comme il l'aurait voulu. L'ouvrage se compose de deux volumes. Dans le premier intitulé "La théorie pure de la monnaie" Keynes définit d'abord la nature de la monnaie puis décrit ses origines historiques avant de présenter une théorie de la monnaie qui aborde à la fois les aspects statiques et dynamiques de la question [59]. Dans le volume deux intitulé la "Théorie de la monnaie appliquée" Keynes procède d'abord, à une étude empirique des variables critiques de sa théorie puis se focalise sur les grandes caractéristiques institutionnelles qui leur servent de cadre[60]. Enfin il expose les politiques monétaires dont les grands traits pour Don Patinkin [61] « découlent directement de son analyse théorique ». Citation|Si le "cycle du crédit" est généré par l'altération des prix en lien avec les problèmes de coûts qui provoquent des profits (ou des pertes) puis une hausse ou (une baisse) de la production et de l'emploi alors, proclamait Keynes (comme avant lui Wicksell, Fischer, Pigou et après lui l'école de Chicago des années trente...) le moyen de stabiliser l'économie était de stabiliser les prix. Et continuait Keynes la variable majeure pour atteindre cet objectif était le taux directeur de la banque centrale qui devait être augmenté quand les prix montaient et abaissé quand ils baissaient}}

Ce livre qui comprend quelques uns des grands traits de ce qui deviendra la préférence pour la liquidité dans la Théorie générale[62] sera critiqué à sa sortie. Pour certains comme Gunnar Myrdal Keynes reprendrait des thèses exposées depuis déjà longtemps par Knut Wicksell[63]. Don Patinkin met surtot l'accent sur deux points : les équations sont des tautologies et si « le livre a expliqué les forces qui provoquent l'expansion ou la contraction de la production....[il] n'a pas explicité ce qui détermine le niveau réel à chaque période ». En préface de l'édition anglaise de la Théorie générale, Keynes[64] écrira à ce propos que dans le Traité sur la monnaie « nous n'avions pas réussi à nous affranchir suffisamment de certaines idées préconçues; et notre défaut d'émancipation se manifeste dans ce qui nous apparaît maintenant comme la faiblesse essentielle des parties théoriques de l'ouvrage (les livres III et IV), c'est-à-dire dans notre impuissance à fournir une explication complète des effets produits par les variations du volume de la production ».

, p.===La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt, et de la monnaie===

Le Traité sur la monnaie fut discuté l'année qui suivit la parution par le "Cambridge circus" (circus au sens de cercle) comprenant parmi les membres les plus connus Richard Kahn, Joanet Austin Robinson, James Meade, Piero Sraffa et d'autres[65]. Par étapes va émerger ce qui deviendra la Théorie générale ouvrage qui vaut à Keynes d'être considéré comme une figure majeure de l'économie (certains vont jusqu'à dire qu'il est la figure tutélaire[66] de la macroéconomie moderne). Durant l'élaboration de ce livre, Keynes soumettra ses travaux non seulement à des membres du "circus" mais aussi d'autres économistes comme Ralph Hawtrey ou Dennis Robertson[67].

Keynes[68] ne vise pas à « élaborer, comme les classiques, une théorie de l'allocation des ressources, pour un niveau de production donné, en fonction des prix relatifs ». Au contraire comme il l'écrit en préface de l'édition anglaise, son livre se penche sur « les forces qui gouvernent les variations de volume de la production et de l'emploi dans son ensemble »[69]. Keynes veut se démarquer des "Klassiques" c'est-à-dire des classiques selon Keynes [70] qui regroupent à la fois de vrais classiques et certains néo-classiques. Pour lui le point clé de la théorie "Klassique" est la loi de Say qui veut que l'offre crée sa propre demande. Keynes au contraire va se focaliser sur la demande effective ou «  plus précisément sur la demande prévue pour la production vue comme un tout »[71]. Pour Keynes une demande effective insuffisante peut conduire à un équilibre stable de sous-emploi [72].

Si l'on en croit Don Patinkin[73], dans la Théorie générale, « la voix est celle de Marshall mais les mains sont celles de Walras ». Pour cet économiste américain, Keynes en réduisant le nombre de variables clés rend possible une utilisation pratique de l'équilibre général c'est-à-dire que des enseignements intéressants pour le monde réel peuvent en être tirés[74]. Cette interprétation de Keynes inaugurée par l'article de 1937 de John Hicks intitulé Mr.Keynes and the Classics puis par le livre d'Alvin Hansen A Guide to Keynes de 1949 marquera la façon dont Keynes est perçu jusques de nos jours dans les manuels d'économie [75]. Mais l'oeuvre de Keynes est susceptible d'être interprétée d'autres manières. Olivier Favereau[76] distingue dans les écrits mêmes de Keynes deux projets : un projet pragmatique repris par l'école dite de la synthèse néo-classique et un projet plus radical qui va inspirer en France l'école dite de l'économie des conventions.

Pour expliquer pourquoi ce livre que Paul A. Samuelson[77] juge «  mal écrit, mal construit » va marquer autant l'économie, plusieurs arguments ont été avancés : d'une part Keynes a aidé les pays de l'ouest à mettre fin au chômage et à la dépressions dans un cadre démocratique [78]; d'autre part la révolution théorique keynésienne intervient en même temps que la révolution opérée par Colin Clark et Simon Kuznets dans la mesure du revenu national[79]; enfin John Hicks et d'autres jeunes économistes redécouvrent Léon Walras et réussissent une synthèse des deux courants[80].




Des économistes comme Joseph E. Stiglitz, Carl E.Walsh [81] voient le livre comme le point de départ de macroéconomie moderne en tant que discipline qui s'attache à comprendre pourquoi l'économie connait des épisodes comme la Grande dépression et pourquoi l'emploi et la production fluctuent au cours du temps.

[modifier] Keynes après la théorie générale

[modifier] Keynes à Bretton Woods

Icône de détail Article détaillé : Accords de Bretton Woods.
Le Mount Washington Hotel de Bretton Woods en 2006
Le Mount Washington Hotel de Bretton Woods en 2006

Keynes reprend du service comme conseiller au Trésor quand la guerre éclata. « How to pay for the war » (1940) propose des solutions neuves aux problèmes financiers d’après-guerre : il négocie des prêts avec les États-Unis...[82]. Avec cette œuvre, Keynes comble le vide qui stagne jusques là. Et son point de vue ne tarda pas à s'imposer partout. Lors des accords de Bretton Woods en 1944, il présidera la délégation britannique. Il tente d'y faire valoir l'idée d'une monnaie mondiale, le bancor, et d'une banque supranationale, qui sera repoussée par les Américains (conduits par Harry White, sous-secrétaire aux Finances) soucieux de placer le dollar au centre du Système monétaire international.

[modifier] Les grands traits de la théorie Keynésienne

Keynes raisonne d'emblée au niveau macro-économique et considére que la « théorie classique n'est applicable qu'au cas du plein emploi »[83]. Or écrivant durant la période de crise de l'entre-deux guerres ce qui l'intérêsse c'est ce qui se passe en période de sous-emploi. De cela découle deux points clés : l'offre ne crée pas comme chez Jean-Baptiste Say sa propre demande mais dépend de la demande effective; à la différence des classiques la monnaie n'est pas une voile mais influe sur l'économie réelle,

[modifier] Demande effective et loi de Say

La demande effective est la demande anticipée par les entrepreneurs. Ces derniers calculent la production qu'ils doivent réaliser afin de d'offrir la quantité optimale de biens et de services demandée par les agents économiques. Le sous emploi des facteurs de production est d'ailleurs (selon Keynes) dû au fait que les entrepreneurs ont des anticipations pessimistes et sous-estiment la demande effective. Keynes à la différence de Jean-Baptiste Say et des néo-classiques ne raisonne pas dans le cadre d'une « parfaite rationalité des agents et...d'une information parfaite sur la situation présente et future »[84] aussi la demande effective dépend de prévisions d'agents qui peuvent ne pas conduire au plein emploi.

[modifier] Demande effective et marché du travail

Pour Keynes, le salaire n'est pas seulement un coût c'est aussi un déterminant important de la demande. Par ailleurs pour lui le mécanisme des prix sur le marché du travail n'aboutit pas usuellement au plein emploi d'où l'introduction de la notion de chômage involontaire.

  • Pour les classiques l'offre de travail par les salariés dépend du salaire réel w/p. S'il y a du chômage c'est que le salaire réel w/p est supérieur à la productivité marginale du travail PmL. Le chômage ne peut être que volontaire c'est à dire venant du refus de travailler au nouveau salaire d'équilibre. Pour Keynes au contraire le refus des salariés de voir leur salaire baisser est finalement une bonne chose car elle évite une spirale déflationniste[85]
  • Pour Keynes les salaires nominaux w ne peuvent pas baisser pour plusieurs raisons
  • il y a une viscosité des salaires nominaux liés à la négociation des contrats[86]
  • une baisse des salaires nominaux entrainerait une contraction de la demande et donc une baisse de la demande qui provoquerait à son tour une baisse de la production. Alors que pour Jean-Baptiste Say l'offre crée sa propre demande pour Keynes, une demande effective insuffisante va déterminer une offre qui ne correspondra pas à une situation de plein emploi. « le seul fait qu'il existe une insuffisance de la demande effective peut arrêter et arrête souvent l'augmentation de l'emploi avant qu'il ait atteint son maximum »[87]. De sorte que pour lui le chômage peut être involontaire.

Toutefois Keynes ne récuse pas totalement la théorie classique[88]. En effet s'il ne croit ni possible ni souhaitable une baisse salaire nominal w, la baisse du salaire réel w/p suite à une montée de l'inflation symbolisée par une hausse de p est pour lui possible[89]. Cela conduira le courant de la synthèse néo-classique à utiliser la courbe de Phillips dans le cadre d'arbitrages entre inflation et chômage.

[modifier] Les composantes de la demande effective

En économie fermée[90] la demande effective D est égale à la consommation (C) plus l'Investissement (I)

[modifier] Consommation et épargne chez keynes

Fonction de consommation

C = cY + b
C : consommation
c : propension marginale à consommer.« La loi psychologique fondamentale, à la quelle nous pouvons faire toute confiance, à la fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des enseignements détaillés de l'expérience, c'est qu'en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu »[91]. Aussi pour Keynes[92] si C est la consommation et Y revenu alors dC/dY c'est-à-dire la propension marginale à consommer est positive et inférieure à un
Y : revenu
b : consommation incompressible ou revenu désépargné.

Epargne (S)

I = Investissement
Y = C + I
et Y = C + S
donc I = S ou S = YC

Alors que chez les classiques l'épargne dépend du taux d'intérêt (i) chez Keynes, elle dépend du revenu Y. De même alors que pour les premiers cités, l'investissement dépend de l'épargne préalable, chez Keynes la création monétaire par le crédit permet d'investir sans épargne préalable l'épargne étant en partie la conséquence de l'investissement[93].

[modifier] L'investissement
Pour Keynes l'Investissement I dépend du taux d'intérêt et de l'efficacité marginale du capital qu'il définit comme « le taux d'escompte qui, appliqué à la série d'annuités constiuée par les rendements escomptés de ce capital pendant son existence entière, rend la valeur actuelle des annuités égale au prix d'offre de ce capital »[94] . Si l'efficacité marginale est supérieur aux taux d'intérêt, l'entreprise investira sinon il vaudra mieux placer l'argent. Aussi plus le taux d'intérêt est faible et plus les entreprises auront tendance à investir.

[modifier] La propension marginale à consommer et le multiplicateur
Le multiplicateur de l'investissement I dans le cas le plus simple est égal 1/(1-c)
C'est à dire qui si nous investissons 100€ et si c la propension marginale à consommer est de 0.8 alors la demande effective sera augmentée de 100*1/(1-0.8)= 100*5= 500€
Keynes a repris l'idée de multiplicateur à un économiste R.F. Kahn[95]

[modifier] La monnaie

Pour Keynes nous désirons de la monnaie pour trois raisons :

  • motif de transaction« i.e. le besoin de monnaie pour la réalisation courante des échanges personnels et professionnels »[96]
  • motif de précaution « i.e. le désir de sécurité en ce qui concerne l'équivalent futur en argent d'une certaine proportion de ses ressources totales »[97]
  • motif de spéculation« i.e. le désir de profiter d'une connaissance meilleure que celle du marché de ce qui réserve l'avenir »[98]

La demande de monnaie L1 (L pour Liquidity) pour motif de précaution ou de transaction dépend du revenu Y

L1 = uY avec u > 0

La demande de monnaie pour motif de spéculation L2 «  dépend principalement de la relation entre le taux d'intérêt courant et l'état de la prévision »[99]

L2 = vi + L0 avec v < 0 pour deux raisons :
  • plus le taux d'intérêt est faible et moins nous avons intérêt à placer l'argent.
  • plus le taux d'intérêt baisse « plus la probabilité que son mouvement se retourne à la hausse augmente, ce qui incite à détenir son épargne sous forme d'encaisses monétaires plutôt que de prendre le risque croissant d'essuyer des moins-values sur les obligations, dont les cours sont en train d'atteindre les sommets... »[100]

Pour Keynes l'offre de monnaie Mo est exogène et dépend de la politique monétaire menée. L'équilibre sur ce marché s'écrit

Mo = L1(Y) + L2(i)

[modifier] Le modèle IS-LM

Icône de détail Article détaillé : Modèle IS-LM.
Équilibre IS/LM
Équilibre IS/LM

Le modèle IS/LM est un modèle économique proposé par John Hicks en 1937 [101] et aménagé par Alvin Hansen (d'où son autre nom de modèle Hicks-Hansen), pour transcrire de façon formalisée la Théorie générale de John Maynard Keynes. Il est devenu le « modèle standard » en macroéconomie. Il appartient au courant dit de la synthèse néo-classique. En dépit de sa relative simplicité, et malgré les contestations dont il a été l'objet notamment à la fin des années 1970, il reste le plus couramment enseigné.

Ce modèle se compose de deux courbes

  • Une courbe IS représentant tous les couples de valeurs d'équilibre (i,Y) sur le marché des biens et services, (investments and savings, d'où IS),
  • Une coube LM représentant tous les couples (i, Y) d'équilibre sur le marché monétaire (liquidity preference and money supply, d'où LM).

Les deux courbes IS et LM sont réunies sur un même graphe, qui est donc l'interface entre la vision « réelle » et la vision « monétaire » de l'économie. L'intersection des deux courbes représente le point (unique) d'équilibre sur le marché des biens et services et de la monnaie. Il permet de déterminer le taux d'intérêt d'équilibre et le PIB d'équilibre. Mais dans la théorie keynésienne cet équilibre peut s'établir à un niveau inférieur au PIB potentiel de plein emploi de l'économie. Aussi dans ce cas des politiques budgétaires et monétaires seront être mises en oeuvre afin que d'atteindre ce niveau qui correspond d'une certaine manière à l'équilibre général des néo-classiques qui n'est dans ce cas pas atteint automatiquement par le simple jeu des marchés.

[modifier] Economie et politique économique chez Keynes

John Maynard Keynes est à la source d'une grande évolution de la science économique avec son œuvre principale, la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (The general theory of employment, interest and money) parue en 1936. L'ouvrage est considéré comme le traité de science économique du XXe siècle ayant le plus influencé la façon dont le monde a abordé l'économie et le rôle du pouvoir politique dans la société. Cet ouvrage est le fruit d'une collaboration au sein d'un cercle de réflexion nommé Circus. Ce dernier rassemblait sous l'égide de Keynes, des auteurs comme Piero Sraffa, Joan, Austin Robinson, James Meade et Richard Kahn[102].

[modifier] Economie et épistémolgie économique

[modifier] Les politiques économiques et l'action du gouvernement

Ces propositions trouveront vite des opposants. Un des principaux économistes du XXe siècle, Friedrich Hayek écrit en 1944 dans La Route de la servitude : « La concurrence peut supporter une certaine dose de réglementation, mais elle ne saurait être alliée au planisme dans la mesure où nous le voudrions sans cesser de guider efficacement la production. Et le planisme n'est pas un remède qui, pris à petites doses, puisse produire des résultats qu'on attendait de son application totale. La concurrence et la direction centralisée deviennent de très mauvais instruments si elles ne sont pas complètes; il faut choisir entre les deux pour résoudre un même problème, et le mélange signifie qu'aucune des deux méthodes ne sera efficace, et que le résultat sera pire que si l'on s'était contenté de l'une ou de l'autre » [103].

Par ailleurs, Keynes n'a pas enfanté l’interventionnisme étatique. Déjà Charles Brook Dupont-White, économiste français, avait écrit dans son Essai sur les relations du travail avec le capital : « L’humanité est meilleure dans l’État que des individus ; elle s’épure, parce qu’elle s’élève, dans cet être collectif »[104]. Il s’oppose au libéralisme car ce dernier est, pour lui, la cause de l’appauvrissement des travailleurs. Malgré ses propositions interventionnistes, Keynes n'a jamais rejetté le capitalisme; il s'est déclaré de la bourgeoisie éclairée. Il affirma même que l'individualisme est « le plus puissant facteur d'amélioration du futur »[105].

[modifier] Keynes et les grands courants de la pensée économique

Icône de détail Article détaillé : Keynésianisme.

[modifier] Comment classer Keynes ?

Bien qu'on retrouve peu de politique au sens de l'art de la gestion dans ses écrits, J.M.Keynes prend de nombreuses positions - à travers ses écrits et ses décisions - sur les débats politiques de son temps et tente, à se fiant à son pragmatisme, son intuition, son sens de persuasion et ses capacités intellectuelles, de contribuer au progrès et au bien-être.

Du reste, s'il se déclare de la bourgeoisie éclairée, Keynes ne renie pas le fait qu'il se présente des fois comme un socialiste. Son identification partisane reste encore sujet à discussion. Conservateur pour les marxistes et communistes, crypto-communiste pour certains conservateurs, d'autres le placent au milieu: progressiste, libéral centriste, nouveau libéral...toutes les positions intermédiaires qu'on lui attribue ne demeurent pas. Gilles Dostaler propose, pour comprendre la position politique de Keynes, de la situer dans le contexte de l'évolution de la politique de la Grande-Bretagne[106].

Sur la philosophie politique, Keynes insiste sur « l'incertitude face au futur, l'absence de déterminisme, l'ignorance. Comme l'homme de la rue, le décideur est confronté à cette réalité. Il n'y pas de lois naturelles, de sens de l'histoire, de telle sorte que les acteurs ont un rôle important à jouer. Ces acteurs, ce sont les décideurs, les hommes d'État qui ont l'œil sur le futur lointain et les politiciens qui ont le nez collé sur les problèmes immédiats. Les caractères psychologiques des individus qui sont en position d'agir sur les événements sont d'une grande importance dans l'histoire. Il attribue à la faiblesse des hommes d'État et des politiciens, à leur médiocrité, à leur stupidité et à leurs préjugés, les difficultés sociales, politiques et économiques. Les grands hommes d'État ont pour tâche entre autres, de prévenir les résolutions. …l'homme d'État et le penseur social doivent lutter pour que naisse le monde caractérisé par le calme, la stabilité et le progrès social, et par le respect de règles, des conventions et des traditions[107]. »

Sur les questions d'inégalité, Keynes explique qu'il est en fait intolérable de vivre dans une société où les inégalités doivent dominer. Pour cette raison en partie, il propose l'intervention du pouvoir éclairé, c'est-à-dire l'interventionnisme étatique, pour y remédier. C'est dans cette logique qu'il ne désapprouve pas la Révolution française, qui a mis fin à la relation de subordination entre serfs et seigneurs[108].

Sur le capitalisme, il écrit: Je pense que le capitalisme, sagement aménagé, peut être rendu probablement plus efficient pour atteindre les fins économiques que tout système alternatif pour l’instant, mais je pense que ce système était, à bien des égards, extrêmement critiquable[109].


[modifier] Hétérodoxie ou orthodoxe ?

Selon Schumpeter, on peut presque dire qu'il détestait les mathématiques, et il ne fut pas, pour sûr, un progressiste pour ce qui est des méthodes analytiques. En fait, selon Mooridge, il débutait avec une intuition, puis utilisait tous les outils formels et mathématiques à sa disposition pour détailler et prouver cette intuition, et ce n'est que s'il n'y parvenait pas qu'il tentait d'inventer de nouveaux instruments d'analyse. Il croyait surtout que la mathématisation ne dispensait pas d'avoir une science morale, ce qui le mènera à sa conception de l'économie comme étant un art plutôt qu'une science. Il critique aussi sévèrement, autant sur le plan technique que sur le plan logique, la nouvelle science économétrique, l'accusant entre autres de dénaturer la logique intellectuelle de la modélisation en tentant d'ancrer le modèle dans la réalité avec des paramètres concrets[110].

Il écrira: « Une beaucoup trop grande part de travaux récents d'économie mathématique consiste en des élucubrations aussi imprécises que les hypothèses de base sur lesquelles ces travaux reposent, qui permettent à l'auteur de perdre de vue les complexités et les interdépendances du monde réel, en s'enfonçant dans un dédale de symboles prétentieux et inutiles » (Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936)[111].

On retrouve chez Keynes un grand nombre des caractéristiques des économistes hétérodoxes. Il tenait compte du cadre institutionnel, de l'histoire et du rôle de la monnaie pour étudier l'économie. Le pouvoir, les conflits, la répartition et les affects étaient au cœur de ses analyses économiques. Il était d'un pragmatisme exemplaire. Il remet en cause la question de l'individualisme méthodologique en privilégiant l'analyse en terme d'agrégat économique, qui aura pour conséquence la naissance de la macroéconomie moderne. Ses différents livres en témoignent largement.

Par ailleurs, Keynes pense qu'être économiste nécessite la mise en commune de plusieurs disciplines. Il écrit : « L’économiste doit être mathématicien, historien, politicien et philosophe. Il doit aborder simultanément l’abstraction et la réalité et étudier le présent à la lumière du passé en vue de l’avenir sans qu’aucun aspect de la nature des institutions ne lui échappe »[112].

[modifier] Les courants critiques à Keynes

Les critiques de Keynes et des politiques qu'il a inspirées ont toujours soutenu qu'on n'a nul besoin de mettre en cause la capacité des marchés à ajuster les offres aux demandes pour rendre compte du chômage. Ainsi, selon Jacques Rueff, les politiques publiques qui le subventionnent punissent l'embauche par des taxes ou interdisent le plein emploi des ressources, notamment en imposant des prix (New Deal) et des salaires minimum. Dans ces conditions, accroître la demande globale, a fortiori pour les produits finis, n'est qu'un expédient temporaire pour tourner ces contraintes qui doit faire monter les prix. Ceux, notamment les syndicats, qui veulent imposer des rémunérations incompatibles avec le plein emploi finiront par s'en apercevoir et manipuler la demande ne réussira plus à résorber l'offre excédentaire.

Les théoriciens des « anticipations rationnelles » ont même démontré que ces politiques ne pouvaient avoir d'effet que si elles réussissaient à tromper les agents économiques sur les effets qu'elles auraient, notamment sur les taux d'intérêt et les salaires réels — et cela indépendamment de leurs conceptions parfois irréalistes[113] de l'incertitude.

C'est dans les années 1970 que le problème de la « stagflation » — une inflation croissante sans réduction du chômage, conjonction qu'elle déclarait implicitement impossible — a finalement conduit à remettre en cause l'approche macroéconomique de Keynes — d'où, peut-être, le « prix Nobel » d'économie attribué en 1974 aux interprétations de la conjoncture de type autrichien de Friedrich Hayek.

Logiquement, c'est-à-dire si on écarte les explications circulaires de la hausse des prix du genre « inflation par les coûts » (car ces « coûts » ne sont eux-mêmes rien d'autre que des prix), la stagflation ne peut exister que si la demande est simultanément en excédent ici, et en défaut là ; on ne peut donc en rendre compte que si on sort de la « macroéconomie » proprement dite, laquelle n'envisage par hypothèse qu'un défaut ou un excédent global de la demande. Or, justement, la critique autrichienne[114] de Keynes prétend réfuter l'approche macroéconomique en tant que telle : pour elle, les désajustements entre offres et demandes sont forcément locaux. Ceci lui permet d'insister sur la réaction à la politique monétaire des prix relatifs des actifs échangés en amont du consommateur[115] « dans la structure de production » comme éléments essentiels de la conjoncture — à ce titre, la notion d'« inflation des actifs », admise dans les années 1980, est une première prise en compte de cette approche.

Ensuite, ces écarts entre les demandes et les offres ne peuvent être que le produit d'erreurs de prévision : si les gens prévoyaient parfaitement la demande pour leurs services, ils ne se retrouveraient jamais avec une demande plus faible (d'où sous-emploi) ou plus forte (d'où hausse des prix) qu'ils ne l'envisageaient. On retrouve une conclusion des « anticipations rationnelles » mais dans une approche qui y ajoute une analyse réaliste des conditions dans lesquelles les gens acquièrent l'information.

En effet ces erreurs-là, les critiques de la macroéconomie affirment que la politique de conjoncture ne peut que les aggraver en ajoutant ses propres sources d'incertitude à celles qu'engendrent les choix faits sur les marchés.

— tout d'abord elle ne peut être qu'aveugle, puisque par hypothèse elle ne cherche même pas à identifier ces désajustements spécifiques. Comment en attendre alors qu'elle y distingue en outre, comme elle devrait théoriquement le faire s'agissant de « conjoncture », ceux qui ne sont dus qu'à des changements mal prévus des préférences et des techniques, et qu'il n'y aurait en principe jamais lieu de compenser par une manipulation de la demande, a fortiori globale ?
— ensuite, en centralisant les décisions en dehors des marchés, la politique macroéconomique concentre les erreurs, qui se compenseraient en partie autrement, et les diffuse, pour reprendre l'expression même de Keynes,
« d'une manière que pas un homme sur un million n'est capable de comprendre. »

Pour l'analyse autrichienne donc, les institutions qui affectent la demande globale, notamment le monopole d'émission de la monnaie, sont la cause des crises économiques et financières évitables et ne peuvent pas y porter remède. Plus généralement, elle affirme que les planificateurs étatiques ne peuvent pas connaître l'information nécessaire à la réalisation de leurs projets par les hommes mais ne font au contraire que fausser son acquisition[116] parce qu'ils ne subissent pas les conséquences de leurs choix alors qu'ils privent de leur pouvoir de décision les seuls qui auraient véritablement intérêt à s'informer de façon adéquate, ceux qui les subiront effectivement.

Ces considérations, partagées au-delà de l'école autrichienneMilton Friedman aussi reconnaît qu'on n'a pas besoin de banque centrale, ont inspiré des politiques, notamment monétaires, qui prétendaient davantage être prévisibles que régler la conjoncture.

Ces critiques peuvent être enrichies par l'apport d'un économiste pourtant antérieur à Keynes, Frédéric Bastiat, qui montre que l'obsession de l'emploi et du court terme tend à refuser la logique du progrès et de la productivité : en effet, selon la logique keynésienne, l'invention d'une machine plus efficace que l'homme est mauvaise pour l'économie car elle entraîne la mise au chômage de travailleurs et la baisse de la demande effective. Pourtant, l'invention de machines est, selon le principe de productivité, au cœur du processus de croissance économique. Notons au passage qu'une lecture attentive de Keynes incite au protectionnisme même si sur ce point, les auteurs se réclamant de Keynes n'hésitent pas à rompre avec ses excès[117].

[modifier] Les Keynésiens

Pour autant, ces critiques n'ont pas sonné le glas du keynésianisme ; les keynésiens actuels ont redonné à la lettre initiale de la Théorie Générale un souffle nouveau en insistant sur le rôle majeur de l'incertitude dans l'économie. Ainsi se dessine une nouvelle ligne de partage : d'un côté ceux qui pensent qu'il est possible de se fonder sur la rationalité des acteurs pour analyser l'économie, de l'autre ceux qui pensent, à la suite des post-keynésiens, que l'incertitude radicale qui entache les actions humaines, y compris étatiques (?), est trop importante pour conduire ce projet à bien. En ce sens, les post-keynésiens sont moins « interventionnistes » que ceux de la première génération mais sont tout aussi critiques vis-à-vis de la capacité du marché à se réguler de lui-même, s'appuyant en particulier sur les déséquilibres réguliers des marchés financiers et la régularité des crises financières, signe selon eux de l'incapacité de marchés mal encadrés à gérer l'incertitude. Cela n'implique pas nécessairement que l'État intervienne au sens courant du terme puisque la régulation peut être privée[118] — si le marché comme ensemble des relations volontaires potentielles est par hypothèse alternatif de l'organisation, le marché libre comme norme politique inclut toute organisation fondée sur des contrats.

Les courants actuels néo-keynésiens et nouveaux keynésiens sont des courants intermédiaires entre le keynésianisme « classique » et l'école néoclassique. On peut également parler en un sens plus général de la Nouvelle économie keynésienne[119].

Pour autant, l'impact de la pensée keynésienne sur les politiques économiques tend à se réduire et de nombreux économistes pronostiquent (ou prônent ?) sa disparition future une fois qu'elle aura été réfutée. Jacques Rueff parle de la « seconde mort de Keynes » dans les années 1970. cela avait pour but de répondre à l'idée qu'a long terme( vision réfutée par Keynes) « nous serons tous Keynésiens ». d'ailleurs Rueff a eue en grande partie raison puisque seule Joan Robinson est restée fidèle au precepte de la Théorie générale jusqu'à la fin. |

[modifier] Oeuvres

Keynes a écrit de nombreux livres et articles. Aussi il est intéressant de présenter à la fois une sélection de ses travaux et une liste complète. Sa personne et son oeuvre ont fait l'objet de nombreux travaux. Les principaux articles et études consacrés à Keynes de 1936 à 1981 ont été regroupés dans un recueil comprenant 150 contributions[120]:



[modifier] Annexes

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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[modifier] Notes et références

  1. John Maynard Keynes, 1883-1946
  2. Denis Clerc,2000, p.66 et Herland, 91, p.52
  3. Estewell, 1987, p.47
  4. "For Keynes was, for want of a better word, a "neoliberal", perhaps the earliest. By his own admission, Keynes lay at the "liberal socialist" end of the broad spectrum of political and social thought that runs to Ludwig von Mises, Hayek and successors such as Milton Friedman at the other" Moggridge, 1976, p.41
  5. Voir Hoover, 2003
  6. John Maynard Keynes est né dans un milieu bourgeois victorien caractérisé par le sens des affaires, le goût des belles choses, l'intellectualisme et l'élévation morale [1]
  7. C'est grâce à lui que l'on divise l'économie en deux: économie positive et économie normative. En même temps, il introduit la notion de l'art des sciences économiques (des sciences économiques appliquées). Cfr John Neville Keynes
  8. Skidelsky, 2003, p.40
  9. Mooridge, Maynard Keynes. An Economist's Biography, pp. 25-29.
  10. John Maynard Keynes… repéré en 1900 par l'un de ses professeurs d'Eton… Très jeune, il assiste à des réunions de salon très animées entre quelques éminents intellectuels victoriens. Keynes John Maynard
  11. Beaud, 1996, p.36
  12. Beaud, 2001, p.36
  13. La vie et l'œuvre de Keynes
  14. John Maynard Keynes y étudie sous la direction de A. Marshall… La vie et l'œuvre de Keynes
  15. Beaud, 2001, p.17
  16. Ronald Steel, 1998, Walter Lippmann and the American Century, Transaction Publishers, p.306.
  17. (en) Escoffier, Jeffrey. "Keynes, John Maynard." In Glbtq: An Encyclopedia of Gay, Lesbian, Bisexual, Transgender, and Queer Culture. glbtq, Inc.: Chicago, 2004
  18. J. Schumpeter, Histoire de l’analyse économique, Paris, Galimard, 1983, Tome 3, p.563]
  19. Sidelsky, 2003, p. 105
  20. Skidelsky, 2003, p.108
  21. Skidelsky, 2003, p.110
  22. A. Samuelson, Les grands courants de pensée économique, PUG, 1990, p.397
  23. Don Patinkin, 1987, p.19
  24. . Le parti libéral était un parti de centre-gauche formé par l'association du parti whig et des radicaux influencés par la pensée de Jeremy Bentham
  25. Dostaler, 2005, p.286
  26. Moggridge, 1976, p.62
  27. Dostaler, 2005, p.286
  28. Sidelsky, 2003, pp.161-162
  29. Dostaler,2005, pp.134-135
  30. Skidelsky, 1945, pp.674-675
  31. C'est un peu la démarche que recommande Gilles Dostaler Keynes et la politique, p.4
  32. Keynes, qui était membre de la délégation britannique à la Conférence de Paris et qui en démissionna en avril 1919 pour rédiger son pamphlet, explique aux Européens qu’un comportement généreux serait le calcul le plus réaliste. Réintégrer l’Allemagne au flux normal des relations économiques – en un mot renoncer aux réparations –signifierait assurer sa propre prospérité et panser rapidement les plaies de la Grande Guerre.Le rôle clé de l'Allemagne en Europe
  33. Clerc, 2000, p.64
  34. A.Samuelson, Les grands courants de la pensée économique, PUG, 1990, p.397
  35. J. Schumpeter, Histoire de l’analyse économique, Paris, Galimard, 1983, Tome 3, p.567]
  36. Paris était un cauchemar et tout le monde y était mal à l'aise. Le sentiment d'une catastrophe imminente dominant la frivolité du spectacle, - la vanité et la petitesse de l'homme en face des grands événements, qui s'opposent à lui, - le sens confus et l'inexistence des décisions, - la légèreté, l'aveuglement, l'arrogance, les cris confus de l'extérieur, - tous les éléments de l'ancienne tragédie y étaient. En vérité, celui qui était assis au milieu des ornements théâtraux des salons officiels français pouvait se demander si les figures extraordinaires de Wilson et de Clémenceau, avec leur aspect et leurs signes distinctifs si marqués, étaient en réalité des visages véritables et non les masques tragico-comiques de quelque drame ou de quelque guignol. J.M. Keynes, Les Conséquences économiques de la paix, Introduction
  37. Ronald Steel, 1998, Walter Lippmann and the American Century, Transaction Publishers, pp.164-165. Plus tard Lipmmann regrettera son rôle dans cette affaire
  38. Paru le premier, "Les Conséquences économiques de la paix" est aussi le plus connu des deux textes. Il valut à celui qui n’était pas encore devenu le plus grand économiste du XXe siècle siècle une célébrité instantanée en Europe et aux États-Unis.Une politique à courte vue ?
  39. Keynes et la politique, p.6
  40. Keynes et la politique, p.7
  41. Keynes et la politique, p.7
  42. Combemale, 1999, p.7
  43. Keynes, 2002, pp.21-22
  44. Franck Van de Velde in Keynes, 2002, p.55
  45. Keynes, 2002, p.p.68-69
  46. Keynes, 2002, p.73
  47. Keynes, 2002, p.75
  48. Keynes, 2002, pp.80-81
  49. Keynes, 2002, p.82
  50. Keynes, 2002, pp.82-83
  51. Keynes, 2002, p.23
  52. Keynes, 2002, p.24
  53. Keynes, 2002, p.27
  54. Keynes, 2002, p.28
  55. Keynes, 2002, p.29
  56. Keynes introduction du livre d'Hubert Henderson, 1922, Supply and Demand, édition de 1926, p.v.« The Theory of Economics does not furnish a body of settled conclusions immediately applicable to policy. It is a method rather than a doctrine, an apparatus of the mind, a technique of thinking which helps its possessor to draw correct conclusions. Its is not difficult in the sense in which mathematical and scientific techniques are difficults; but the fact that its modes of expression are much less precise than theses, renders decidelly difficult the task of conveying it correctly to the minds of learners. Before Adam Smith this apparatus of thought scarcely existed »
  57. Don Patinkin, 1987, p. 33
  58. Don Patinkin, 1987, p.34
  59. Don Patinkin, 1987, p.21
  60. Don Patinkin, 1987,p.21
  61. Don Patinkin, 1987, p.21
  62. Don Patinkin, 1987, p.22
  63. Sur ce point voir Don Patinkin, 1987, p.23
  64. Keynes, 1936 , p.11
  65. Don Patinkin,1987, p.23
  66. De Vroey, M. et Malgrange, P. (2006), La théorie et la modélisation macroéconomiques, d’hier à aujourd’hui, Working paper, N° 2006–33
  67. Don Patinkin, 1987, p.23
  68. Pascal Combemale, 2006, p.66
  69. Keynes, 1936 , p.11
  70. le terme Klassique vient de Hutchinson (1978) voir Favereau, 1985, p.37
  71. « The demand schedule for output as a whole » JMK XIV, pp 83-6 cité in Patinkin, 1987, p.24
  72. Voir Don Patinkin, 1987, p.25
  73. 1987, p.35
  74. Don Patinkin, 1987, p.27
  75. Sur ce point voir, Pascal Combemale, 2006, p.12
  76. Combemale, 2006, p.14
  77. P.A.Muet, Théories et modèles de la macroéconomie, Tome 1, Paris, Economica, p.102
  78. Don Patinkin, 1987, p.30
  79. Don Patinkin, 1987, p.30
  80. Voir Claude Ménard, 1985, "Le keynésianisme : naissance d'une illusion, oeconomia (cahiers de l'I.S.M.E.A)n°3
  81. Joseph E. Stiglitz, Carl E.Walsh (2004), Principes d'économie moderne, 2e édition, Ed. de Boeck, p.490
  82. A. Samuelson, Les grands courants de pensée économique, PUG, 1990, p.398
  83. Keynes, 1936, p.45
  84. Brémond, 1987, p.37
  85. Combemale, 2006, p.23
  86. Combemale, 2006, p.23
  87. Keynes, 1936, p.57
  88. Voir Combemale, 2006, pp.20-21
  89. « alors que la main d'oeuvre résiste ordinairement à la baisse des salaires nominaux, il n'est pas dans ses habitudes de réduire son trvail à chaque hausse du prix des biens de consommation » citation de Keynes in Combemale, 2006, p.21
  90. Combemale, 2007, p.47
  91. Keynes, 1936, p.117
  92. Keynes, 1936, p.117
  93. Pour une discustion sur ce point, voir, Pascal Combemale, 2006, p.69
  94. Keynes, 1936, p.153
  95. Keynes, 1936, p.133
  96. Keynes, 1936, p.184
  97. Keynes, 1936, p.184
  98. Keynes, 1936, p.184
  99. Keynes, 1936, p.211
  100. Combemale, 2006, p.35
  101. Vour l'article de Hicks Mr Keynes and the "Classics": A Suggested Interpretation
  102. (en) The Cambridge Keynesians
  103. Friedrich Hayek, 1946, La Route de la servitude, édition Quadrige 1996, PUF, Paris, p. 37.
  104. Marc Montoussé (1999), Théories économiques, Paris, Bréal, p.25
  105. Marc Montoussé, Ibem, p.34
  106. Keynes et la politique, p.4
  107. Gilles Dostaler, Ibidem, p.9
  108. Gilles Dostaler, Ibidem, p.11
  109. G.Lelarge, Dictionnaire thématique de citations économiques et sociales, Hachette Education, Paris, 1993, pp.42-43
  110. Schumpeter, Ten Great Economists, pp. 261, 287 et Mooridge, Maynard Keynes. An Economist's Biography, pp. 165, 553, 621.
  111. Alain Beitone et alli, Dictionnaire des sciences économiques, Armand Colin, Paris, p.191
  112. G.Lelarge, Dictionnaire thématique de citations économiques et sociales, Hachette Education, Paris, 1993, p.127
  113. Irréalistes
  114. critique autrichienne
  115. en amont du consommateur
  116. fausser son acquisition
  117. À propos de Keynes et ses critiques, on peut consulter l'ouvrage récent : (en) G. C. Peden, ed. _Keynes and His Critics : Treasury Responses to the Keynesian Revolution 1925-1946, Records of Social and Economic History Series. Oxford: Oxford University Press, 2004. xv + 372 pp. Bibliography, dramatis personae, index. ISBN 0-19-726322-4.
  118. privée
  119. Les nouveaux Keynésiens
  120. J.C.Wood, éd. ; « JMKeynes : critical assessments », 4 volumes, Beckenham, 1983. P.Delfaud « Keynes et le keynésianisme », Que sais-je ? n°1686, 3e édition, 1983 pour une approche simplifiée.

[modifier] Bibliographie

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  • Brémond Janine, 1987, Keynes et les keynésiens aujourd'hui, Hatier.
  • Clerc D., 2000, "Deux Keynes pour le prix d'une théorie", Alternatives Economiques de mars
  • Combemale Pascal, 2006, Introduction à Keynes, La Découverte.
  • Don Patinkin, 1987, « Keynes, John Maynard (1883-1943)» in New Palgrave, tome 3.
  • Dostaler G., 2005, Keynes et ses combats, de Paris, Albin Michel, 2005, [présentation en ligne]
  • Heibroner R. L., 2001, Les grands économistes, Points économie.
  • Favereau Olivier, 1985,"L'incertain dans la révolution keynésienne, l'hypothèse Wittgenstein", Economie et société, mars 1985.
  • Herland M., 1991, Paris, Keynes et la Macroéconomie Economica, 1991, 276 p.
  • Henry G. M;,1997, Keynes,Gérard Marie Henry, Armand Colin(223 p.)
  • Hoover K. R., 2003, Economics as Ideology Rowman&Littlefield publishers, inc
  • Keynes J.M, 1936, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, édition utilisée Bibliothèque scientifique Payot, 1990.
  • Keynes J.M. , 2002, La pauvreté dans l'abondance, Galllimard (cet ouvrage préfacé par Jean-Paul Fitoussi et Axel Leijonhufvud reproduit un certains nombre d'articles de Keynes dont "Suis-je un libéral" et la fin du "laissez-faire")
  • Maris B.,1999, Keynes ou l'économiste citoyen de presses de Sciences-Po, 1999, 98 p.
  • Alain Minc A., 2007 ; Une sorte de diable : les vies de John Maynard Keynes
  • Moggridge D.E, 1976, Keynes, Fontana Books
  • Schumpeter J.A, 1953, John Maynard Keynes, in Ten Great Economists, from Marx to Keynes
  • Stewart, M., 1973, Keyneséditions du Seuil (Points-Economie), 1973
  • (en) Skidelsky R., 2003, John Maynard Keynes”, Macmillan