Alchimie

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Jan van der Straet - Le laboratoire de l'alchimiste (1551)
Jan van der Straet - Le laboratoire de l'alchimiste (1551)

L'alchimie était une science puis est devenu une discipline ésotérique dont l'objet est l'étude de la matière et de ses transformations. Elle repose sur un ensemble de pratiques et sur une philosophie particulière, l'hermétisme qu'on peut définir comme « une vision du monde fondée sur les correspondances et « sympathies » unissant macrocosme et microcosme »[1]. Elle est généralement considérée comme étant à l'origine de la chimie moderne

L'un des objectifs de l'alchimie est le grand œuvre, c'est-à-dire la réalisation de la pierre philosophale permettant la transmutation des métaux, notamment des métaux nobles (or et argent). Cette quête est souvent associée à une transformation spirituelle de l'alchimiste lui-même[2]. Un autre objectif est une médecine universelle et la prolongation de la vie via un élixir de longue vie.

Vraisemblablement apparue dans l'Égypte hellénistique des Ptolémées, elle s'est développée dans le monde européen et arabe durant le Moyen Âge et à la Renaissance. Elle est devenue plus marginale à partir du XVIIIe siècle, cédant sa place à la science moderne. Des pensées et des pratiques de type alchimiques ont été présentes dans d'autres civilisations, notamment en Chine et en Inde.

La dimension spirituelle et philosophique de l'alchimie explique qu'elle continue de nos jours à être pratiquée, par des personnes le plus souvent intéressés par son aspect ésotérique.

Laboratoire de l'alchimiste Hans Vredeman de Vries, circa 1595
Laboratoire de l'alchimiste
Hans Vredeman de Vries, circa 1595

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le mot alchimie vient du mot arabe: الكيمياء, "al-kimia". Le terme est arrivé en français au XIVe siècle en passant par l'espagnol et le catalan (fin du XIIIe siècle par Raymond Lulle), puis le latin médiéval (alchemia). Les mots alchimie et chimie sont restés synonymes jusqu'au XVIIIe siècle et l'apparition de la chimie moderne[3].

Différentes hypothèses ont été avancées pour l'origine du mot en arabe[4]. Le mot arabe proviendrait du mot grec khemeioa[5], désignant également l'alchimie dans son acceptation moderne. Le philologue Hermann Diels dans son Antike Technik (1920) y voyait la "fusion" (du grec ancien chumeia/chêmeia signifiant "art de fondre et d'allier les métaux"). Pour le chimiste et historien des sciences Edmund Oscar von Lippmann (1857-1940) et le philologue Wilhelm Gundel (1880-1945), kimiya viendrait de l'égyptien Kam-it ou Kem-it, "Noir", ce qui évoquerait "La Terre Noire". Le Le Robert historique cite également l'hypothèse d'une évolution du mot à partir d'un radical arabe "kama", "tenir secret".

[modifier] Définitions

  • Selon André Savoret[6], "L'alchimie traditionnelle est la connaissance des lois de la vie dans l'homme et dans la nature et la reconstitution du processus par lequel cette vie, adultérée ici-bas par la chute adamique, a perdu et peut retrouver sa pureté, sa splendeur, sa plénitude, et ses prérogatives primordiales"
  • Selon René Alleau[7], " il convient surtout de considérer l'alchimie comme une religion expérimentale, concrète, dont la fin était l'illumination de la conscience, la "délivrance de l'esprit et du corps" […] Ainsi l'alchimie appartient-elle plutôt à l'histoire des religions qu'à l'histoire des sciences"
  • Selon Serge Hutin[8] « Les alchimistes se donnaient volontiers le titre de philosophes, et, en fait, ils étaient des 'philosophes' d'un genre particulier qui se disaient dépositaires de la Science par excellence, contenant les principes de toutes les autres, expliquant la nature, l'origine et la raison d'être de tout ce qui existe, relatant l'origine et la destinée de l'univers entier ».
  • Selon Françoise Bonardel[9] "Le corpus alchimique n'aurait bien été qu'une immense et redondante 'recette' dont le mot d'ordre aurait été transmutation ou l'un de ses équivalents proches, à quoi l'esprit scolastique préfère la notion de Transsubstantiation, fréquemment utilisée aussi lorsque est envisagée la similitude entre corps de la Pierre et corps du Christ. Aussi l'ordre lancé n'est-il impérieux que pour quiconque ne saisit pas combien plus impératif encore est l'appel à la mutation latent en toute matière, et dont la 'philosophie' alchimique voulut que Dieu ait un relais et non un obstacle au salut dans la création. Et c'est pourquoi la 'recette' est bien le mode d'expression d'une philosophie non de l'être, mais de l'itération entre ses états multiples, donc aussi de l'itinérance obligée de l'Artiste entreprenant en compagnie de sa 'Matière' et de la Nature un voyage en forme de tribulations souvent associé à la conquête de la toison d'or par Jason".
  • Selon Bernard Gorceix[10], "Si l'alchimie a pu se développer si vigoureusement dans l'Europe chrétienne, si les traités qui portaient les échos de ces spiritualités extra-chrétiennes ont pu acquérir une telle audience, c'est que la dite tradition retrouvait des thèmes que le christianisme, dans un souci de synthèse doctrinal, avait refoulés et oubliés […] Ce reproche qu'adresse l'église orthodoxe au christianisme occidental: celui d'avoir oublié le rapport indissoluble de l'histoire de la chute et de la rédemption de la nature"[11].

Le schéma est le même pour les anciens alchimistes :

  • "Il n'y a pas de différence entre la naissance éternelle, la réintégration, et la découverte de la pierre philosophale. Tout étant sorti de l'éternité, tout doit y retourner d'une même façon"[12]
  • Le cosmopolite avait comme objectif de créer ce qu'il appelait une 'société de philosophes', un petit réseau de savants, destiné à renseigner les étudiants de cet art, réseau dont il se considérait comme un des éléments, au service du prochain : « Après avoir couru longuement les mers inconnues de la philosophie des anciens, nous voici heureusement arrivés au port […] Rien ne m'a paru plus sûr que d'établir entre nous une certaine société de philosophes, dont aucun en vérité ne fut connu en particulier »[13]
  • Selon Zosime, « Hermès et Zoroastre ont déclaré que la race des philosophes se situe au-dessus du destin, puisqu'il ne se réjouissent pas de la bonne fortune qu'il dispense. Ils sont plutôt maître des plaisirs et ne sont pas victime des démons qu'il envoie […] C'est pourquoi Hésiode montre Prométhée mettant en garde Épiméthée […] qui répond : 'Prend garde d'accepter les présents de Zeus. Ecarte-t-en'. Il conseille donc à son frère de refuser grâce à la philosophie les présents de Zeus, c'est-à-dire du destin »[14].

Présentée comme telle, l'alchimie prétend détenir le secret de la médecine universelle capable de soigner tous les êtres vivants, et de prolonger la vie au-delà des limites naturelles ordinaires.

[modifier] Historique

[modifier] Antiquité

[modifier] Chine :

Sur un plan strictement historique, le savoir alchimique est établi, pour la Chine, à partir du IIe siècle avant l’ère chrétienne.[15]. Le premier traité alchimique chinois connu est le Baopuzi neipian écrit par Ge Hong (283-343 ap. J.-C.)[16]. Certains dont Serge Hutin avance que l'alchimie était déjà pratiquée en Chine en dès le 4500 av. J.-C..

La recherche des remèdes d'immortalité fait partie de la culture chinoise antique depuis la période des Royaumes combattants. Les souverains font confiance à la voie des magiciens et des immortels, et ces « magiciens » sont souvent alchimistes. On retrouve la trace, dans les Mémoires historiques de Se-ma Ts’ien, d'un récit parlant de transmutation en or et d'allongement de la vie par des pratiques alchimiques lors du règne de Wu Di de la dynastie Han[17]. Dans le cadre de la Chine légendaire, René Alleau envisage l’analogie entre Hermès Trismégiste et l’empereur jaune, hypothèse qui nous ferait remonter au III° millénaire avant JC [18].

[modifier] Afrique :

Bien qu'on ne sache que peu de choses sur l'éventualité d'une tradition alchimique en Afrique, certains éléments apportent quelques indices, relativement aux origines de la métallurgie dans ce continent. René Alleau envisage l'analogie symbolique des Cabires et des anciens forgerons de l'Afrique noire[19]

[modifier] Inde:

Les origines de l'alchimie en Inde furent amplement débattues:

  • En Inde, certains proposent un rapprochement entre l'alchimie et les pratiques shivaïques et tantriques. Shiva, qui s'apparenterait au principe actif du soufre, féconde Çakti, qui s'apparenterait principe passif mercuriel. Dans la tradition tantrique, le corps devient un 'Siddha-rûpa', corps de diamant-foudre[20]; en tibétain il est 'Ja-lus' (Corps arc-en-ciel) se rapprochant du concept de pierre philosophale en occident[21]. L'équivalent de l'alchimie se nomme Rasâyana, et amène vers un élixir de longue vie nommé Ausadhi[22]. Mircéa Eliade a mis en évidence les rapports du yoga tantrique avec l'alchimie occidentale: "Le Vajrayâna tantrique visait à procurer un 'corps de diamant', incorruptible, soustrait au devenir. Comme l'alchimiste, le yogin opère des transformations par la 'substance', et celle-ci, dans l'Inde, est l'œuvre de Prakrti ou de çakti. Le yoga tantrique amorçait donc fatalement un prolongement alchimique: d'une part en maîtrisant les secrets de la çakti, le yogin parvient à maîtriser ses 'transformations', et la transmutation des métaux en or s'inscrit assez tôt parmi les siddhi traditionnelles; d'autre part, le 'corps de diamant' des vajrâyanistes, le siddha-deha des hathayogins n'est pas sans ressemblance avec le 'corps de gloire' des alchimistes occidentaux"[23].
  • Selon A.B. Ketith, Lüders, J. Ruska, Stapleton, R. Müller, E. Von Lippman[24], se basant sur l'arrivée tardive de l'alchimie dans la littérature indienne, ce sont les arabes qui auraient introduit l'alchimie en Inde.
  • Eliade, lui, pense que l'alchimie en Inde est attestée bien avant l'invasion arabe, tant pour des raisons géographiques que pour des mentions faites dans des textes beaucoup plus anciens. Selon lui, l'alchimie serait attestée en Inde de manière certaine à compter du IIe siècle après J.-C., et peut-être au IIIe siècle avant JC. Il se base sur la présence du tantrisme dans des zones géographique peu touchées par l'islamisme[25], l'existence du "Mercure" dans la littérature indienne attestée de façon formelle au 4° siècle après JC[26] et possible avant le 3° siècle avant JC[27] et la présence de nombreux textes relatifs à l'alchimie dans la littérature bouddhique à partir du 2° siècle après JC, donc bien avant l'influence arabe[28].
  • Certains remontent à une époque bien antérieure, celle des Védas: Ananda Coomaraswamy a par exemple établi la correspondance entre le binôme Sire Gauvain/Chevalier vert dans la légende des chevaliers de la table ronde, et le binôme Indra/Namuci [29] qui date du Rig-véda.

[modifier] Mésopotamie, Babylone

Au Moyen-Orient, la Babylone connaît également l'alchimie (voir Mircéa Eliade, Cosmologie et alchimie babyloniennes).

Selon Bernard Gorceix, les traces de l'antique Iran sont nettement perceptibles dans l'élaboration des textes alchimiques : « La corruption de la matière ne serait pas aussi tragique chez Dorn ou F. Keiser sans les échos lointains - dans la mesure où l'on admet ou conteste que la Syrie et l'Iran sont le berceau de la spagyrie - d'un Zervanisme et d'un mazdéisme diffus: Ahrisman empoisonne et souille la végétation et les eaux bien autrement que les Elohim et Lucifer! Les théologies pessimistes et gnostiques n'ont pu, à Alexandrie comme à Byzance, que corroborer les articles du Pimandre sur les conséquences du péché de l'homme primordial. La revalorisation du rôle, de la mission, du ministère de l'homme rappellent plus les synthèses iraniennes que la Genèse: le labourant est plus proche parent de Gayômart que d'Adam »[30].

[modifier] Égypte antique

Le corpus hermétique est souvent confondu avec la tradition égyptienne, au sens de l'Égypte antique, ce qui est un grave anachronisme (d'un ou deux millénaires), puisque l'on sait aujourd'hui que le corpus est un texte tardif, écrit aux environs du second siècle ap. J.-C.[31], influencé par des traditions hétéroclites, dont la tradition grecque (voir ci-après "l'Égypte gréco-romaine"). Néanmoins, un certain nombre d'élements empruntés à la culture égyptienne ont influencé l'hermétisme, notamment la cosmogonie de l'Égypte antique ainsi que les liens entre Thot et Hermès Trismégiste[32].

[modifier] Grèce :

Selon la méthodologie d'approche, relativement à l'étude de l'origine de l'alchimie en Grèce, on peut distinguer 3 sources distinctes, quoique probablement entrelacées:

  • La mythologie

Les références à la mythologie grecque sont si volumineuses dans toute la littérature alchimique qu'il est inutile de s'étendre sur la question. Ceci laisse à penser que la mythologie fut un mode d'expression qui s'occupait des même thèmes de recherche que l'alchimie médiévale, thèmes que nos médiévaux reconnurent sans peine. Certains de ces thèmes ont été étudiés par des érudits du XXe siècle, universitaires ou traditionalistes :

En Grèce, dans Les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes (295-215 av. J.-C.), c'est Hermès qui change la Toison en or [33]. Le parallèle de l'Argo avec le Saint-Vessel chargé du Graal sera fait au Moyen Âge[34].

  • La métallurgie

Cette voie fut explorée par René Alleau au milieu du XXe siècle.

  • La philosophie

La philosophie grecque, en particulier celle d'Aristote, eut une influence fondamentale dans l'élaboration de l'alchimie médiévale, notamment aux XIIe et XIII sièclees, période durant laquelle la scolastique avait créé un champ spéculatif suffisamment riche pour que les premiers alchimistes y puisent leur matériel (voir ci-dessous le paragraphe 'naissance de l'alchimie médiévale').

[modifier] Égypte gréco-romaine:

L'école d'Alexandrie, probablement le centre le plus fécond de toute l'Antiquité, eut également ses maîtres à penser en alchimie (Zosime[35], Synésius, Olympiodore l'alchimiste). C'est, indirectement, par cet intermédiaire que l'alchimie a pris sa forme médiévale en Europe, où elle a été introduite par les arabes. Les arabes eux-mêmes l'ont connu de par la culture alexandrine, quand ils s'installeront en Égypte au VIIe siècle[36]. L'école d'Alexandrie connut un foisonnement de textes hermétiques, 20000 selon Jamblique au second siècle[37]. L'alchimie s'y est formée au confluent de courants hétéroclites[38]. Il semble néanmoins que ce soit à la gnose chrétienne que l'alchimie doit sa complexité[39]. Un grand nombre de textes hermétiques médiévaux en Europe seront d'inspiration alexandrine[40].

[modifier] Hermès, et le problème de sa multifonctionalité

Hermès[41] est porteur d'une ambiguïté qui le fait glisser sur une large palette qui va du rôle d'un Dieu jusqu'à celui d'une fonction alchimique[42]. Selon Eliade, il est avant tout une fonction théologique, au sens philosophique, où, tout comme le Christ, il est assimilé au Logos[43]. Antoine Faivre[44] fait la différence entre le mythe [45] et le mythique[46], il va faire la nuance entre "Le Dieu au caducée, et Hermès Trismégiste, le trois fois grand, auteur des écrits appelés hermetica"[47]. Le vocable 'Trimégiste' (qualifié par faivre de précipitation de Mercure dans l'histoire) lié à Hermès n'apparait qu'au second siècle ap. J.-C.[48], et on lui a associé aussi bien le ternaire alchimique, les 3 niveaux du monde (céleste, terrestre et infernal), les 3 règnes naturels (minéral, végétal, animal), les 3 principes alchimiques (sel, soufre, mercure), la trinité, ou encore 3 règnes historiques successifs, dont le premier fut Hénoch[49]. L'Hermès historique va naître à partir de 640 ap JC, quand les arabes découvriront l'édifice Abou Hermès à Memphis où il auraient trouvé une révélation, le trésor d'Alexandre (dont la plus ancienne version connue est arabe - elle fait partie d'un traité de Gabir - date du VIIIe siècle), contenant la fameuse 'table d'émeraude'[50]. Le problème s'est encore complexifié quand, en 1460, un moine apporte de Macédoine le 'Corpus Hermeticum', censé avoir été écrit par Hermès, à la cour de Florence. Marsile Ficin, à la demande de Cosme de Médicis, le traduit en urgence, et Pic de la Mirandole, en l'alliant à la Kabbale, créera l'origine de la tradition hermético-kabbalistique[51]. En 1614, Isaac Casaubon démontre que ces textes n'ont rien d'égyptien, et qu'ils datent des premiers siècles ap. J.-C. On sait aujourd'hui que le Corpus Hermeticum, publié sous l'auteur 'Hermès Trimégiste', n'a rien à voir avec un quelconque Hermès[52]. Il y a donc lieu de distinguer 4 niveaux d'Hermès :

[modifier] Hermétisme et gnose

L’hermétisme gnostique[53] est une doctrine apparue sous l'influence de la littérature diffusée sous le nom du 'Trimégiste', présentée comme initiée par un Dieu (Noûs, Agathos Daimôn) l'ayant lui-même transmise à Hermès[54]. Festugières distingue l'hermétisme philosophique selon 2 courants antagonistes, « selon qu'il s'apparente à la sagesse ou à la gnose, à l'hellénisme ou au mysticisme oriental »[55]. Le sage (au sens de la philosophie grecque) y est opposé à l'hermétiste et au gnostique. Pour le sage, le monde est mauvais, mais vécu comme une fatalité de l'ordre universel[56]. Pour le gnostique, "le monde est mauvais, Dieu ne peut donc pas en être l'auteur direct : la création est due à un second Dieu, démiurge. Ce dualisme porte des conséquences infinies, le mouvement premier de l'homme souffrant est de se révolter contre ce dieu qui le fait souffrir […] Le dieu vrai ne se laisse voir que par révélation, à un petit nombre d'élus […] Comme ce monde est mauvais, il est vain de travailler à une meilleure organisation de la société humaine […] On rencontre dans l'hermétisme toute une doctrine de la foi : la foi est la condition indispensable de la gnose"[57]. Ces doctrines se marieront au christianisme pour donner la gnose chrétienne[58]. malgré une apparente disparité, la gnose aura, dans toutes ses expressions, un point commun: le démiurge, dieu mauvais ou incompétent[59], et la doctrine de salut individuel (la Connaissance, Gnôsis) pour lui échapper. C'est ainsi qu'Hermès se retrouve dans la littérature gnostique sous la forme du Logos, comme l'a remarqué Jack Lindsay: "La voix créatrice de Thoth devint sous l'influence de la pensée hellénistique la sagesse créatrice de Dieu, Sophia, laquelle devint le Logos, le verbe ou la raison de Philon, des néoplatoniciens et enfin des chrétiens"[60]. Ce dualisme latent de l'hermétisme, qu'avait relevé Festugière[61], prend chez F. Bonardel l'expression d'un manichéisme transcendé qui aurait atteint sa finalité[62]

[modifier] Moyen Âge

C'est au XIIe siècle, qu'apparaît un texte capital, la Table d'émeraude[63], axiome de base de tous les alchimistes médiévaux), que la croyance populaire attribuera à Hermès (on sait aujourd'hui que la « table d'émeraude », dite tabula smaragdina, est en fait la partie finale d'un traité nommé « Le livre du secret de la création et technique de la Nature », rédigé sous le règne du Khalife Ma'Mûn en 833, voir à ce sujet Henry CorbinHistoire de la philosophie islamique) [64].

[modifier] Graal et alchimie

Le mythe du Graal trouverait ses origines dans la légende celtique du chaudron du Dagda [65]. Markale a relevé une grande diversité de références alchimiques dans l'ancienne littérature celtique[66], et a envisagé la voie opérative chez ce peuple[67]. La première mention du Graal apparaît en France par Chrétien de Troyes, influencé par les 'sources celtiques' d'origine anglaise par lesquelles Geoffroy de Monmouth introduira la 'matière de Bretagne' [68]. Le vase recueillant le sang du Christ ne fut pas la première représentation du Graal, ce fut celle de Robert de Boron, qui n'avait pas suivi celle de Chrétien de Troyes, lui-même l'ayant vu comme un plat, contenant un poisson. Wolfram von Eschenbach l'imagine en "Pierre" tombée du ciel.

Souvent classé parmi les élèves de l'école de Chartres, où il séjourna, Jean de Salisbury influencera la pensée d'Albert Le Grand[69], lui-même ayant pour élève Saint Thomas d'Aquin : Ces trois noms suffisent à résumer la naissance de l'alchimie médiévale, si l'on oublie le foisonnement d'auteurs qui mirent en place le contexte philosophico-théologique du siècle précédent. Car la scolastique fut d'abord une mosaïque de pensées très disparates, ce qui rend malaisée son approche[70]. Mais c'est Albert Le Grand, que Gilson considère comme le père de la Philosophie moderne[71] qui mettra en place tout le matériel philosophique utilisé par saint Thomas d'Aquin[72] ainsi que d'autres champs d'ouverture[73]. Les œuvres alchimiques conséquentes furent[74] :

  1. Albert Le Grand : De Alchimia
  2. Saint Thomas d'Aquin : Traité de la Pierre Philosophale
  3. Saint Thomas d'Aquin : Aurora Consurgens
  • L'école d'Oxford, le traditionalisme scientifique

C'est sous l'influence de Robert Grossetête chancelier de l'université d'Oxford, et traducteur de l'Éthique à Nicomaque , et de Pierre de Maricourt, que naquit la très singulière pensée de Roger Bacon, "qui annonce Francis Bacon etRené Descartes"[75]. Son approche de la scolastique diffère totalement de celle d'Albert Le Grand ou Saint Thomas: il subordonne le droit canon et la philosophie à la théologie, en empruntant la doctrine du verbe aux augustiniens et à Saint Bonaventure[76]. Il est l'inventeur de "la science expérimentale"[77]. C'est l'étendue encyclopédique de son œuvre qui l'amène à l'alchimie, comme un sujet parmi d'autres : "Les considérations dans lesquelles il se complaît sur l'alchimie et l'astrologie montrent qu'avant les philosophes de la Renaissance il croit à la possibilité d'en faire sortir des sciences positives"[78]. 2 documents alchimiques lui sont attribués[79]:

  1. Une "Lettre sur les prodiges de la Nature et de l'Art
  2. Une compilation de traités dans son "Miroir d'alchimie"

[modifier] XIVe - XVIe siècle, l'apogée

L'alchimie commence à prendre ses distances avec l'Église, sur laquelle elle avait pris naissance et qui l'avait jusque-là tolérée. La réforme se prépare, les doctrines théosophiques apparaissent, l'illuminisme se développe. L'approche purement théologique devient ambivalente pour se muer en descriptif analogique[réf. nécessaire]. La grâce divine reflète la pierre, le discours prend plusieurs significations : théologique, métaphysique et physique. L'alchimie, frappée d'hérésie, se fonde en doctrine secrète pour échapper à son bourreau. Il faut désormais une érudition et une capacité de discernement pour entendre les textes masqués sous d'épais voiles. C'est dans ce contexte que naîtra le foisonnement de textes le plus important de toute l'histoire occidentale[80], mais aussi le plus obscur. Les auteurs les plus caractéristiques sont Guillaume de Loris (Roman de la rose), Flamel, Ripley, Bernard de Trévise, Isaac le hollandais, Paracelse, John Dee, Denis Zachaire, L'abbé Trithème, Salomon Trismosin, Basile Valentin, Kunrath. À cette époque, la capitale de l'alchimie est Prague, et à peu près tous les érudits y convergent. Cette ville jouera le rôle d'Alexandrie dans l'Antiquité.

[modifier] XVIIe - XIXe siècle, le déclin

Avec la Renaissance, le siècle des Lumières, et l'avènement du matérialisme les succès des approches cartésiennes et kantiennes propagent l'idée que la Nature est concevable dans sa forme observée, mesurable, indépendamment d'une causalité qui la transcenderait. Même si de grands alchimistes marquent encore cette époque (l'anglais Eyrénée Philalèthe (dans la première moitié du XVIIe siècle), le médecin suisse Jean-Frédéric Schweitzer dit Helvétius à la fin du XVIIe siècle, Jean-Baptiste Alliette (1738 – 1791), dit Etteilla ([3]) au XVIIIe siècle, Albert Poisson à la fin du XIXe siècle, même si certains scientifiques défendent encore les principes hermétiques (Leibniz[81],[82], Newton[83]), l'alchimie est progressivement assimilée à une proto-chimie, pour finir par voir son arrêt de mort signée par Lavoisier. Au XIXe siècle, les quelques alchimistes résiduels sont considérés comme des curiosités, vestiges d'une époque révolue.

[modifier] La franc-maçonnerie s'empare de l'alchimie

Y a-t-il eu un lien entre l'effondrement de l'alchimie et l'apparition ('officielle', traçable, à partir du XVIIe & XVIIIe siècle) de la franc-maçonnerie?

  • Pierre Dujols opte pour une dégénérescence de la maçonnerie, en tant que dépositaire du mystère du Graal[84]
  • Oswald Wirth va encore plus loin, et parle de rituels allégés afin de se mettre à la portée d'une compréhension en peine[85].

Ce qui est certain, pour avoir été démontré par un franc-maçon[86], c'est que, en dépit d'un patrimoine symbolique restreint[87], et au semblant disjoint de l'hermétisme, le rituel maçonnique se fonde sur une base alchimique : "Le symbolisme maçonnique constitue en effet un étrange assemblage de traditions empruntées aux anciennes sciences initiatiques. Il tient compte de la valeur kabbalistique des nombres sacrés et règle le cérémonial d'après les principes mêmes de la Magie. Mais c'est l'alchimie philosophique qui présente avec la maçonnerie les analogies les plus frappantes. Il y a, de part et d'autres, identité d'ésotérisme, les mêmes données initiatiques se traduisant par des allégories empruntées, les unes à la métallurgie, et les autres à l'art de bâtir. La FM n'est, à ce point de vue, qu'une transposition de l'alchimie"[88].

[modifier] Le XXe siècle, l'alchimie renaît de ses cendres

Nouvelles œuvres, nouveaux initiés:

En 1926 paraît, dans l'indifférence générale, un ouvrage intitulé Le mystère des cathédrales écrit par un total inconnu, de surcroit anonyme, un certain Fulcanelli. Ce même auteur fait publier quelques années un autre ouvrage, Les Demeures philosophales. Fulcanelli deviendra au cours du XXe siècle une légende[89]. Canseliet, qui aurait été son élève, va venir souffler le chaud et le froid sur ce personnage, qui, selon la légende, aurait bénéficié du « don de Dieu », l'immortalité (il aurait été vu en Espagne âgé de 113 ans)[90]. Fulcanelli et Canseliet sont deux auteurs ayant publié quelques ouvrages d'une érudition titanesque au regard de l'alchimie, véritable synthèse de toute la connaissance alchimique et qui suffiraient par eux-mêmes selon les plus fidèles partisans. Sont également auteurs contemporain, Roger Caro, fondateur de l'Église universelle de la nouvelle alliance, Kamala Jnana et Jean Clairefontaine, d'ailleurs peut être tous la même personne[91].

Considérations entièrement revues:

Richard Caron[92] fait état d'un regain d'intérêt notoire à partir du début XXe, où « On voit s'intéresser à l'alchimie non seulement des occultistes de tous horizons, mais également des écrivains, une certaine partie de la bourgeoisie qui fréquentait les salons littéraires, et particulièrement le milieu médical qui depuis la fin du siècle précédent a fait soutenir, dans ses facultés, un grand nombre de thèses en médecine. » Cet auteur a établi une liste[93] d'ouvrages, catalogues et revues, publiés pour la première fois ou réédités, de 1900 à 1995, de plus de 3000 titres relatifs à l'alchimie, liste qu'il estime non exhaustive. Il fait état d'un travail de plus grande ampleur entrepris par l’Anglais Alen Pritchard[94]

En 1953 René Alleau publia aux éditions de Minuit un ouvrage fondamental : Aspects de l'alchimie traditionnelle avec une préface d'Eugène Canseliet. C'est d'ailleurs Alleau qui, en 1948, prononça une série de conférences sur l'alchimie auxquelles assista André Breton, et qui eurent un profond retentissement sur le chef de file des surréalistes. On doit au même auteur la collection Bibliothica hermetica

Parallèlement, l'anthropologie fait des pas de géant. Mircea Eliade, anthropologue et historien des religions du XXe siècle, développe dans Forgerons et alchimistes l'idée que l'alchimie, loin d'être l'ancêtre balbutiant de la chimie, représente un système de connaissances très complexe dont l'origine se perd dans la nuit des temps, et commun à toutes les cultures. Il développe l'idée, selon l'analogie du macrocosme et du microcosme, que les transformations physiques de la matière seraient les représentations des modalités des rites ancestraux, dans leur trame universelle : Torture - Mort initiatique - Résurrection [95]. Dans "un champ véritablement anthropologique" se situe également l'œuvre de Gilbert Durand; "En mettant en évidence la fonction euphémisante de l'imagination, et plus généralement de tout processus de symbolisation, il voit dans cet exorcisme du temps et de la mort l'amorce de ce que les alchimistes nommèrent transmutation"[96]. Gilbert Durand collabora à la collection "cahiers de l'hermétisme".

L'alchimie s'invite dans le cortège de la psychanalyse:

Dès le début du XXe siècle, la psychanalyse fit des emprunts au monde mythologique, à tel point que certains ont pu s'insurger contre une démonstration abusive par le symbole, qualifiée de scolastique freudienne[97]. Cette tendance d'appel au symbole devait naturellement prospérer au cours du siècle, et l'alchimie finit par infiltrer la Sorbonne, par l'intermédiaire d'un de ses éminents professeurs, Gaston Bachelard[98]. Entre temps, C.G. Jung fait une telle référence aux modalités alchimiques et à leurs iconographies qu'il y consacre un ouvrage entier[99]. Même si les approches de Jung et de Bachelard divergent sur le fond[100], l'appel à l'alchimie a trouvé ses continuateurs, comme Marie-Louise Von Franz[101] ou Étienne Perrot[102].

Les universitaires se penchent sérieusement sur la question

En dépit de l'odeur de soufre qui émanait de sa réputation de fumisterie, en dépit de son effondrement général au XIXe siècle, et de toutes les démonstrations qui étaient censées en venir à bout, l'alchimie a continué à se maintenir au cours du XXe siècle. Ce paradoxe choqua quelques esprits[103], à tel point que la question commença par intéresser le milieu universitaire.

Bernard Gorceix[104], un des universitaires qui s'est penché sur ce paradoxe, a commencé par inventorier toute la lourdeur culturelle, la lacune béante, institutionnelle, voire institutionnalisée, qu'il a rencontré : "Chez ses premiers historiens (de l'alchimie), le mépris pour toutes les spéculations, rejetées au rang d'obscurités, de 'délires mystico-allégoriques', s'affichait avec la meilleure des consciences […] Du XIIe au XVIIe siècle, la tradition alchimique fleurit avec une puissance étonnante. Il suffit de consulter les catalogues des grandes bibliothèques. Cette tradition - ne serait-ce qu'au vu de l'importance matérielle de ses documents - exige une considérable réhabilitation. Hors de France, dans les pays anglo-saxons surtout, la réhabilitation est bien engagée. En France, alors que la spagyrie accompagne la vie intellectuelle européenne du temps des cathédrales à l'âge de l'homme, les grandes synthèses la citent à peine. Elle est toujours reléguée au rang de chimère, de folie marginale, d'égarement passager. Tenaces sont les préjugés. Nous ne disposons d'aucune histoire scientifique, complète et sérieuse, de la tradition alchimique entre le moyen-âge et les temps modernes".

En règle générale, Le monde universitaire, celui qui étudia la question, fut relativement méfiant à l'égard de l'alchimie, qualifiant la doctrine d’« occulte » ou de « syncrétisme décadent »[105]. Leurs études permirent de replacer l'église au milieu du village, par une savante dissection des textes, en attribuant les nombreux éléments composites à leur source. Toutefois, leur approche fut jugée, par une autre universitaire, trop dépendante d'un environnement culturel sous-jacent[106], et, par ailleurs, spécifiquement centrée sur un aspect particulier de l'alchimie, l'hermétisme alexandrin.

L'universitaire qui passa le plus de temps sur le sujet fut probablement, en France, le professeur Antoine Faivre. Outre ses 'rattachements institutionnels', il sera directeur d'une collection dédiée au sujet, les cahiers de l'hermétisme, chez Albin Michel, où paraîtront des études très poussées sur des aspects particuliers du sujet, études encadrées par un comité d'universitaires prestigieux[107]. Même si Faivre est très avare de son avis - on comprend que sa notoriété le cantonne à n'exposer que des faits -, quoique certaines indications donnent une orientation (Fulcanelli a sa sympathie[108]), il aura contribué à faire mesurer la profondeur du sujet.

Toute autre est l'approche de Françoise Bonardel[109], et plus clairement engagée. Intriguée par le "mode de propagation" de l'alchimie (mode qu'elle subdivise en trois catégories, contagion, transmission et rayonnement), elle emploie le même mode d'investigation qu'utilise l'arithmétique, le ppdc (plus petit dénominateur commun), afin d'en dégager un noyau irréductible, qu'elle nomme le « noyau opératoire », pour convenir « avec Halleux que l'idée de transmutation était en germe dans une pensée qui admettait l'unité fondamentale de la matière et qui considérait toute technique comme une mimesis de la nature susceptible de rejoindre et même de dépasser son modèle »[110]. Par cette approche, elle finit par découvrir le fil d'Ariane, une structure unitaire reconnaissable en dépit des rideaux de fumée censés la couvrir[111], structure qu'elle restitue dans une anthologie respectant "le caractère foncièrement anhistorique de l'esprit alchimique"[112]. En découvrant l'objet fondu dans l'image d'Epinal, Bonardel restitue… une autre image d'Épinal.

Une sommité que l'on n'attend pas dans l'exégèse alchimique fut Heidegger. Et pour cause, son expression, au semblant totalement étrangère à l'habituelle terminologie alchimique (pour le principe, voir l'étude plus bas : « La spéculation pure comme recherche dans l'œuvre non alchimique »), reste, selon Bonardel, conforme à la spéculation hermétique : « De tous les herméneutes contemporains, Heidegger est probablement celui chez qui l'hermétisme, dégagé de toute référence doctrinale traditionnelle, étranger à toute formalisation logique, trouve son expression la plus épurée, en tant que voie, voire même en tant que simple trace d'une possible voie, recueillement à l'écoute de l'être susceptible d'advenir à travers les étants »[113]. On reconnaîtra ici la définition de l'alchimie avancée par Bonardel (voir l'introduction de cet article), notamment "le mode d'expression d'une philosophie non de l'être, mais de l'itération entre ses états multiples", ce qu'Heidegger nomme « les étants »[114].

[modifier] Les différentes interprétations de l'alchimie

[modifier] La vision positiviste de l'alchimie

Selon les positivistes l'alchimie serai une proto-chimie

[modifier] L'alchimie comme philosophie de la nature

Mircea Eliade qui s'oppose au positivisme de son époque, refuse l'idée selon laquelle l'alchimie ne serait qu'une proto-chimie[réf. nécessaire], en faisant apparaître le rapport entre l'alchimie et les mythes locaux, et en dégageant des constantes archétypiques universelles[115]. L'interprétation de l'alchimie comme relevant uniquement d'une proto-chimie proviendrait essentiellement d'une erreur d'interprétation de Berthelot au XIXe[116]. Françoise Bonardel retient également l'hypothèse d'une simplification excessive opérée par certains historiens du XIXe[117]. Plusieurs auteurs du XXe qui ont étudié l'alchimie de manière approfondie la présente comme une théologie, ou comme une philosophie de la Nature plutôt qu'une chimie naissante[118], à ce titre, certains anciens alchimistes se donnaient le titre de 'seuls véritables philosophes'.

[modifier] Jung : psychanalyse et alchimie

La mise en évidence d'un symbolisme alchimique convergent dans des civilisations éloignées dans le temps et dans l'espace, a également conduit le psychanalyste Carl Gustav Jung à s'intéresser à ce contenu en tant que révélateur d'une forme d'inconscient collectif.

[modifier] Objet de l’alchimie

Geber l'alchimiste Arabe
Geber l'alchimiste Arabe

Les alchimistes étaient supposés chercher le secret de la fabrication de la pierre philosophale, ou « grand œuvre », censée être capable de transmuter les métaux vils en or, ou en argent. Mais derrière des textes hermétiques constitués de symboles cachant leur sens au profane, les alchimistes s'intéressaient plutôt à la transmutation de l'âme, c'est-à-dire à l'éveil spirituel. On parle alors de "l'alchimie mystique". Plus radical encore, l'Ars Magna, une autre branche de l'alchimie, a pour objet la transmutation de l'alchimiste lui-même en une sorte de surhomme au pouvoir quasi-illimité. L'alchimie a ainsi des aspects néo-platoniciens, séparant matériaux élevés et purs de leurs équivalents impurs et corrompus. Toutefois, la quête alchimique des premiers temps, celle de l'élixir, peut être simplement thérapeutique ; ce qui explique l'importance de la médecine arabe dans le développement de l'alchimie. On sait en effet que les médecins arabes vont développer une thérapeutique complexe, inventant des médications extrêmement sophistiquées (sans être nécessairement efficaces), et des procédés de transformation des produits naturels (comme la distillation, l'alambic étant une invention du monde arabe). La pierre philosophale, l'élixir, ces finalités des tentatives alchimiques sont aussi des panacées, des médicaments universels. En ce sens, même si l'alchimie n'est pas un ancêtre direct de la chimie, on observe chez Paracelse une transition entre alchimie et chimie par ce que le médecin suisse appelait iatrochimie.

L'alchimie était censée opérer sur une Materia prima, Première Matière, de façon à obtenir la pierre philosophale capable de réaliser la « projection », c'est-à-dire la transformation des métaux vils en or.

Trois principes fondent la métaphysique de l'alchimie : le sel, le soufre et le mercure, correspondant respectivement au centre moteur, émotionnel, et intellectuel[119].

Les trois phases de l'obtention du sel sont distinguées par la couleur que prend la matière au fur et à mesure : œuvre au noir, au blanc, au rouge. Elles correspondent à trois types de manipulation chimique : noir (carbonisation), rouge (incandescence par ignition spontanée), blanc (calcination et lessivage répétés).

C'est par l'extraction que l'on obtient le Soufre (alchimie) et par la fermentation-distillation-rectification, le mercure , le sel étant obtenu par calcination. Notez que les alchimistes croyaient qu'en faisant brûler ou chauffer des choses, ils les rendraient pures car ils voulaient éliminer le phlogistique, fluide qui était «matériellement» la chaleur. Les « noces chimiques » dont le résultat est la pierre ou l'élixir s'opèrent entre le soufre et le sel par la médiation du mercure.

L'alchimie continue à l'heure actuelle de fasciner certains chercheurs. Selon certains alchimistes modernes, elle utilise les énergies de la vie pour transmuter les métaux ; cette énergie serait puisée également dans l'alchimiste lui-même. Ainsi seul un être vivant intelligent pourrait effectuer des opérations alchimiques. Vouloir automatiser les procédés alchimiques ne servirait donc à rien.

[modifier] Le Grand Œuvre

Les alchimistes parlent communément, au début de l'œuvre, de la couleur noire, associée à Saturne, et au Chaos primitif, "où les semences de toutes choses sont confuses et mélangées"[120]. Réordonner ce chaos était la mission de l'alchimiste, c'est pourquoi ceux-ci n'ont pas hésité à faire appel à la genèse biblique[121].

[…]



[modifier] Une lucidité accrue

Il convient ici de faire une intéressante liaison avec un symbole ancien, puisque des auteurs comme le Cosmopolite ont lié l'alchimie avec la philosophie antique. Ce symbole est le Hibou, ou la Chouette, l'emblème de la collection Budé des éditions 'Les Belles Lettres', qui fut le symbole des philosophes grecs, qui estimaient avoir la capacité de "discerner dans l'obscurité". A ce sujet, Bernard Husson a relevé cette capacité comme une possible prérogative pragmatique de l'alchimiste: "Cette conception se trouve déjà explicitement évoquée dans plusieurs sonnets du discours: "Quiconque peut goûter sa liqueur pure et monde, il sent croître en ses yeux une grande clarté et se développer de toute obscurité" […] "Aussi, quand la clarté du haut savoir décore l'esprit développé du brouillard ancien, de vulgaire doctrine, il voit tout, et rien n'est tant secret puisse il estre au monde qu'il ignore". Il s'agit d'une connaissance infuse et immédiate, illuminative et non rationnelle et discursive, subite et instantanée"[122].

[modifier] La médecine universelle et la recherche d'immortalité

voir à ce sujet , Élixir de longue vie et panacée

Légendes d'immortalité lié à l'alchimie

[modifier] Le comte de Saint-Germain
Une des nombreuses gravures hermétiques de Medinaceli (Espagne), village où aurait résidé le comte de Saint-Germain
Une des nombreuses gravures hermétiques de Medinaceli (Espagne), village où aurait résidé le comte de Saint-Germain

La légende du comte de Saint-Germain marqua l'alchimie, il aurait eu le souvenir de ses vies antérieures et une sagesse correspondante, ou aurait disposé d'un élixir de longue-vie lui ayant donné une vie très longue et des souvenirs étonnants, de deux à quatre mille ans d'après lui.

[modifier] Les immortels dans la tradition chinoise

C'est de la dynastie des Song que nous sont parvenues les modalités les plus importantes de l'œuvre alchimique. Le texte le plus fondamental, quoiqu'aujourd'hui perdu en grande partie, est le Xiuzhen (la culture du vrai), compilation commencée vers la fin du IX° siècle[123]. Cette compilation, ainsi que d'autres textes connexes, définissaient l'alchimie comme un ensemble de préceptes (gymnastiques, respiratoires, sexuelles) destinés à nourrir le "principe vital", préfigurant une parfaite symbiose entre alchimie et médecine[124]. Le zhenren, homme véritable, devient le sommet pyramidale d'une échelle de longévité, et peut vivre "10000 sui" (1 sui = 360 jours), selon le principe : "Si le souffle originel demeure, alors le corps aussi. Si le corps demeure, alors l'esprit aussi. Une fois que ces 3 principes sont établis, alors ma force vitale reste en moi et non dans le ciel"[125].

[modifier] La transmutation

La transmutation de la matière permet de transformer une substance en une autre, voire un élément en un autre (les éléments sont l'eau, la terre, le feu et l'air). Cette opération était réputée pouvoir être réalisée par un alchimiste disposant d'un cercle de transmutation ou par la Pierre philosophale, élément ultime (le cinquième élément ou alkahest), qui aurait permis, par exemple, de transformer des métaux peu précieux en or. La transmutation de la matière se déroulerait en deux étapes : la déconstruction de la matière puis sa reconstruction sous une autre forme.


[modifier] La transmutation au pied de la lettre

L'Alchimiste par Sir William Fettes Douglas
L'Alchimiste par Sir William Fettes Douglas

Bien que certains alchimistes renommés aient prétendu réussir l'opération de transmutation en or, on admet aujourd'hui qu'elle est chimiquement impossible mais physiquement réalisable. L'or comme les autres métaux étant des éléments simples (voir le Tableau périodique des éléments), seule une réaction nucléaire, modifiant les noyaux des atomes eux-mêmes, permettrait la production d'or. Le coût de cette transmutation est, avec les techniques actuellement connues, bien plus élevé que la valeur de l'or produit.

Il n'en reste pas moins que l'alchimie a fasciné des philosophes et des savants de toutes époques, tels Roger Bacon (1220-1292), Paracelse (1493-1541) ou Isaac Newton (1643-1727).

Parmi les alchimistes les plus renommés, il convient de citer Nicolas Flamel (1330-1417), dont on prétendit qu'il tira une immense fortune de ses expériences de transmutation. Cette fortune aurait servi à bâtir de nombreux hôpitaux et églises. Pourtant, l'origine de sa richesse reste mystérieuse et, après sa mort, de nombreuses personnes cherchèrent en vain sa pierre philosophale. Sa tombe au Père Lachaise à Paris est un hagiographe représentant le processus alchimique.

[modifier] La transmutation dans son fondement mythologique

[…]

[modifier] Modalités

[modifier] Les agents du théâtre alchimique

Symbole des éléments utilisés dans les manuscrit alchimique
Symbole des éléments utilisés dans les manuscrit alchimique

En tant que connaissance ésotérique, les textes alchimiques possèdent la particularité d'être codés. Il s'agit d'un savoir qui n'est transmis que sous certaines conditions. Les codes employés par les anciens alchimistes étaient destinés à empêcher les profanes d'accéder à leurs connaissances. L'utilisation d'un langage poétique volontairement obscur,chargé d'allégories et de figures rhétoriques, et de polyphonie (voir langues des oiseaux) avait pour objet de réserver l'accès aux connaissances à ceux qui auraient les qualités intellectuelles pour déchiffrer les énigmes posées par les auteurs et la sagesse pour ne pas se laisser tromper par les pièges nombreux que ces textes recèlent.

[modifier] L’agent obscur

Les premiers pas dans la quête alchimique se font dans une ambiance morbide où l’on enjambe les cadavres, on croise les corbeaux et l’on respire l’odeur fétide de la putréfaction. On pourrait parler de satanisme, si toutefois on savait prendre ses distances par rapport à l’entendement culturel usuel de ce mot, un antagonisme primaire au christianisme, ou une mode pour adolescent rebelle. Satan est expressément cité par Fulcanelli qui lui établit des correspondances avec Saturne, Osiris, (voir paragraphe ‘Le Grand Œuvre comme genèse cosmogonique’) quant aux attributs déterminés par la couleur de cette phase, le noir, associé à la mort : « C’est sur cette pierre que Jésus a bâti son église. Et les francs-maçons médiévaux ont suivi l’exemple divin. Mais avant d’être taillée pour servir de base à l’ouvrage d’art gothique, aussi bien qu’à l’œuvre d’art philosophique, on donnait souvent à la pierre brute, impure, matérielle, grossière, l’image du diable »[126].

La simple visite de ces lieux macabres est insuffisante ; Le meurtre alchimique est obligatoire, faute de quoi on n’accède pas à l’étape suivante. « Il faut tuer le vif pour ressusciter le mort », vieil adage alchimique cité par Fulcanelli, qui illustre le dialogue de l’alchimiste errant avec le monstre prisonnier de l’obscure caverne : « Il faut que tu entendes que je suis descendu des régions célestes et suis tombé ici-bas, en ces cavernes de la terre. Je ne désire rien de plus que d’y retourner. Et le moyen de ce faire, c’est que tu me tues, et puis que tu me ressuscites, et de l’instrument que tu me tueras, tu me ressusciteras. Comme dit la blanche colombe, celui qui m’a tué me fera revivre »[127].

Ce principe fut transposé au niveau chimique dès l'école d'Alexandrie: "Nous disposons d'une 'lettre d'Ostanès à Pétasios', qui a été délibérément rédigée en un style obscur. Elle concerne la fabrication de l'eau divine, en exécutant diverses opérations dans un alambic en verre […] Le produit tue le vivant et ressuscite le mort […] Un MS arabe, intitulé 'les 12 chapitres par Ostanès le philosophe, sur la Pierre philosophale', mérite quelques commentaires: 'Parmi les épithètes qui lui sont attribués, on trouve: l'eau vive, l'eau éternelle, le feu qui consume, la pierre tendre, le vif, le fugitif, la gloire suprême, l'ignominie avilie […] Comme il est cher pour celui qui le connaît. Chaque jour et partout, on entend ce cri : O foule des chercheurs, prend-moi, tue-moi puis brûle-moi, car ensuite je revivrai et j'enrichirai quiconque m'a tué'. […] Le concept des épreuves initiatiques et de la mort-renaissance est appliqué aux corps alchimiques durant leur transformation […] L'affirmation concernant l'omniprésence méconnue de l'Eau et de la Pierre a été un lieu commun tout au long de l'histoire de l'alchimie"[128].

Cette phase, mystérieuse au profane, fut diversement exprimée par les alchimistes, de la chimie jusqu’aux contes. Bonardel en a fait un recueil dans un chapitre nommé « Nigrum Nigrius Nigro »[129]. Citons ici un clin d’œil à la philosophie antique, des formulations rappelant l’œuvre ‘de la génération et de la corruption’ d’Aristote : « Il n’est pas possible qu’il se fasse aucune génération sans corruption »[130], ou un hommage aux anciens: « Avicenne, traitant de l’humidité et de tous ses effets, dit que l’on aperçoit en premier lieu quelques noirceurs […] C’est pourquoi les anciens sages disent […] que la forme et la matière destituées de leur force première et remplies de putréfaction se verront parmi les ténèbres mêmes ébranler jusqu’au roi de la terre qu’ils entendront ainsi crier :’Celui qui me rachètera de la servitude de cette corruption doit vivre avec moi à perpétuité, et régner glorieux en clarté par-dessus mon siège royal’. »[131].

Ce mythe d’une lumière (les alchimistes parlent aussi de la séparation), d’un or, d’un fils, d'une eau, d'un feu, d’un salut, d’une rédemption, conservés dans les ténèbres, dans une obscurité qui n’entend pas la lâcher, ou prisonniers de la matière fétide et immonde, est véritablement universel. A la lumière, les alchimistes pourront y substituer le « Fils », résidant en puissance au sein de « La vierge qui doit enfanter […] On ne peut mieux définir le sens ésotérique de nos vierges noires ; elle figurent la Terre primitive »[132]. Canseliet l’exprime en termes chymiques : « Tel est bien notre fumier, que les philosophes désignèrent par les expressions de soufre noir, tombeau du roi, corbeau, Saturne … Ils l’estimèrent à bon droit, comme un cadeau du créateur, et ils affirmèrent que, sans une inspiration du ciel, on ne saurait jamais reconnaitre, dans ce magma déshérité, répulsif d’aspect, le Don de Dieu »[133]. Les anciens textes, comme par exemple dans la gnose, parlait d’une lumière prisonnière : « Les ténèbres sont une eau redoutable ; la lumière et le souffle y ont été attirés et y ont pris la nature de cet élément. Les ténèbres mettent en œuvre tous les ressorts pour retenir en elles l’éclat et l’étincelle de la lumière avec la bonne odeur du Pneuma »[134].

Coomaraswamy associe le meurtre originel à la doctrine du sacrifice, et croit à l’universalité du mythe qu’il distingue dans le Rig-Véda : « Satan est communément conçu comme un nahash ou un dragon […] On peut montrer, d’après le Rig-Véda, que Dieu dans la ténèbre est conçu sous une forme qui n’est ni angélique, ni humaine, mais animale, en particulier comme un serpent ou un dragon […] L’acte créateur entraîne la mutilation, ou la transformation du serpent. La détermination et l’identification de cette unité primordiale est envisagée d’une part comme un sacrifice volontaire, et de l’autre comme obtenue par la violence exercée par le désir de vie des puissances de la lumière […] Celui qui étudie la mythologie, les folklores et les contes de fées trouvera dans ces principes un moyen précieux pour reconnaître et rapprocher les formes diverses que prend ce mythe universel […] Si l’époux est obscur quand il porte les vêtements de sa femme, elle-même devient resplendissante lorsqu’elle ôte sa robe sombre. Cette séparation du ciel et de la terre effectuée par le sacrifice est l’acte essentiel de la création. C’est quand le sacrifiant fait une offrande que le puissant Ciel-Père s’arrache de l’entreinte »[135]. Cette constante mythologique, d'un démon, ou d'une matière obscure, emprisonnant un principe latent, a été associé par Eliade à ce qu'il appelle, dans la mythologie orientale, les "Dieux lieurs"[136]

[modifier] Les agents dans le classicisme chimique

Attention à ne pas confondre le symbole allégorique avec le symbole chimique. Le mercure alchimique n'est pas le mercure chimique.

Materia prima, mercure, soufre et sel sont les principaux agents.

[modifier] Un groupe restreint d'acteurs

[…]

[modifier] La matière aux mille noms

Mille noms mais jamais le bon, ou, tout au moins, comme disent les alchmistes, jamais le nom dans la "langue vulgaire". Pour éviter que ce nom soit offert aux profanes, il porte toutes les appelations possibles, et ne figurera, sous son nom vulgaire, dans aucun ouvrage d'alchimie. Mais les difficultés ne s'arrêtent pas là. Afin de rendre le sac de nœuds encore plus impénétrable, les alchimistes ont volontairement omis de préciser que ladite matière se transformait et n'était jamais la même selon le degré d'avancement des opérations. Ainsi le même nom peut qualifier deux 'objets' ou deux 'sujets' totalement différents. Le sujet des uns n'est pas nécessairement celui des autres.

René Alleau a parfaitement discerné cette subtilité: "La généralité des auteurs ne donnant aucune précision sur le 'sujet des sages', ni sur les premières opérations du grand œuvre, cette omission systématique a pour effet de provoquer une inextricable confusion dans l'esprit du profane qui confond la matière première et le premier mercure, ou mercure commun. Presque tous les traités commencent en effet au début du second œuvre, et semblent supposer achevée la première préparation. En ce sens, l'énigme de la matière première est sciemment recouverte par l'énigme du Mercure, si bien que, même si l'on devine celle-ci, l'on ne découvre que les termes du problème posé par celle-là"[137].

Fulcanelli, par exemple, s'emploie à multiplier les indications, mais ses indications semblent concerner le sujet initial, au sens de la première opération, encore qu'il avertisse le lecteur du piège relatif à l'état de la matière[138]. Synésius semble plutôt décrire la matière dans son état avancé[139]. La matière aux milles noms, terme employé par Françoise Bonardel[140], demeure une énigme à double fond. Cet auteur, une universitaire érudite en matière d'alchimie[141], résume la problématique ainsi: « Car si la force de l’alchimie réside bien dans le seul mercure des philosophes, comme le proclama très tôt Albert le Grand (1193-1280), c’est que la substance mercurielle, par excellence protéiforme, est alors envisagée soit comme une materia prima en qui sont latentes toutes les virtualités (dont celle du soufre), soit, après préparation, comme mercure double (ou hermaphrodite) en qui a été consommé et fixé l’union des 2 principes »[142].


[modifier] L'alchimie spéculative

[modifier] Terminologie et modalités d'expression

Les présupposés populaires laissent à penser que la terminologie descriptive de l'alchimie se réduit à une sémantique propriétaire à caractère para-chimique (soufre, mercure, sel, métaux, antimoine etc.). Bien souvent, ne sont pas classées en catégorie « alchimie » les doctrines soutenues par un vocabulaire différent. C'est là une des plus grandes erreurs que commettent les profanes.

On retrouve 2 raisons distinctes, quoique peut-être complémentaires, pour lesquels les textes alchimiques sont aussi impénétrables :

[modifier] 1/ Un objectif de sélection naturelle

Dans son sens le plus large, l'alchimie se veut descriptive des grands principes de l'univers. Les alchimistes se nomment eux-mêmes « seuls philosophes véritables », et travaillent dans un esprit absolument élitiste, estimant que seuls les esprits dignes et pénétrants doivent avoir accès aux résultats de leurs investigations. Ainsi les grands principes de l'alchimie sont non seulement codés, mais prennent aussi de multiples formes d'expression, voire sont parsemés d'erreurs délibérées.

Dans toute l'histoire de l'humanité, on retrouve des textes qui suivent les modalités descriptives de l'alchimie médiévale, cette dernière n'étant d'ailleurs, comme indiqué dans l'historique, qu'une fille desdits textes. Les auteurs parvenus à la compréhension de l'art aiment d'ailleurs à naviguer sur des références au semblant lointaines des concepts para-chimiques. Un esprit averti devient parfaitement capable de reconnaître dans des textes antiques les principes que lui-même explique sous une terminologie très différente. Ce principe d'expression multiple a entrelacé ses supports, par exemple la mythologie, avec l'histoire.

[modifier] 2/ Une aide inattendue: l'obligation de basculer dans un état de conscience modifié

C'est là une hypothèse qui a été très sérieusement envisagée par certains analystes: l'exposé alchimique, mélangeant le caractère poétique et, en même temps, la précision technique des textes, le tout dans des expressions protéiformes, obligerait le lecteur à prendre des distances par rapport à sa culture environnante, par rapports aux 'modalités d'époque', pour basculer dans une sorte d'état de conscience modifié, sans lequel ses chances de compréhension seraient quasi-nulles:

  • Selon Michel Butor : "Le langage alchimique est un instrument d'une extrême souplesse, qui permet de décrire des opérations avec précision tout en les situant par rapport à une conception générale de la réalité. C'est ce qui fait sa difficulté et son intérêt. Le lecteur qui veut comprendre l'emploi d'un seul mot dans un passage précis ne peut y parvenir qu'en reconstituant peu à peu une architecture mentale ancienne. Il oblige ainsi au réveil des régions de conscience obscurcies"[143].
  • Selon René Alleau : "Les alchimistes ont voilé […] non sans de pertinentes raisons dont l'une des plus importantes dut être que le néophyte se trouva dans l'obligation logique de réformer son entendement profane en se pliant à une série d'excercices mentaux domninés par la cohérence et sur-rationnelle des symboles […] A aucun moment, l'alchimie ne sépare-t-elle les transformations de la conscience de l'opérateur de celles de la matière"[144]

[modifier] Références des ouvrages alchimiques

Allégorie de l'Alchimie
Allégorie de l'Alchimie

La majorité des ouvrages d'alchimie se basent sur au moins un des supports ci-dessous :

[modifier] Les récits épiques

Exemple : Le roi Arthur, mourant, est transporté sur l'île d'Avalon où va s'effectuer sa résurrection. Descriptif : Représenterait le passage de l'œuvre au noir à l'œuvre au blanc.

[modifier] La mythologie grecque

Exemple : Dans Callimaque, Astéria, l'île céleste, devient Délos, l'île flottante. Descriptif : Représenterait la matière visqueuse, très précieuse, flottant à la surface, que l'alchimiste doit soigneusement séparer. Le voyage des Argonautes, autre exemple, dont l'objectif est l'appropriation de la toison d'or, est un des textes fondamentaux auxquels se réfèrent les alchimistes.

[modifier] La philosophie grecque

Certains textes philosophiques, prennent un relief inattendu sous la lecture alchimique (exemple : Héraclite, disant « le feu qui vient séparera toute chose » ou l'œuvre d'Aristote De la génération et de la corruption)

[modifier] Les textes religieux

Le Nouveau Testament est souvent cité par les alchimistes (exemple : l'étoile qui guide les rois mages représente le signe qui va mener à l'enfant philosophal), ainsi que l'Ancien Testament (la séparation des eaux de la Genèse ou la traversée de la Mer Rouge par Moïse sont le principe de la séparation initiale des éléments).

[modifier] Les contes populaires

Certains initiés auraient incrusté de grands secrets alchimiques dans des contes populaires. Par exemple, l'épopée de Pinocchio (dont on trouve aussi le pendant dans l'Ancien Testament - Jonas et la baleine) retrace l'ensemble de l'œuvre, jusqu'à la Pierre Philosophale (le pantin qui devient garçon). Ou encore, "Blanche rose et rose rouge [4]" des frères Jacob et Wilhelm Grimm.

[modifier] Le folklore et les traditions populaires

La galette des rois de l'épiphanie serait un excellent exemple d'expression ultra populaire d'un principe alchimique fondamental (voir à ce sujet l'analyse de Fulcanelli). Il décrirait la capture de l'élément rédempteur au sein du chaos primordial.[réf. nécessaire]

[modifier] La poésie

Notamment les œuvres de Gérard de Nerval et Rimbaud particulièrement Voyelles (1871).[réf. nécessaire]

[modifier] La spéculation pure comme recherche dans l'œuvre non alchimique

Il ne faut pas pour autant s'imaginer que tout est alchimie, très loin s'en faut. Les textes respectant intégralement le code hermétique sont rares, parce que les initiés furent rares. Le plus souvent, ce sont des textes vulgaires, quelconques, qui ont été utilisés et dans lesquels seules quelques insertions d'ordre initiatique ont été faites. Il faut alors avoir au moins le niveau d'amateur averti pour pouvoir les soupçonner puis les séparer.

Il y a d'ailleurs fort à parier que bon nombre de textes n'ont pas encore été décelés comme issus de la connaissance alchimique, car les investigateurs en la matière furent toujours très réduits, étant donné le niveau de culture élevé requis. Néanmoins, un lecteur de talent pourrait toujours découvrir un trésor soigneusement enfoui par un ancien qui apporterait des lumières inédites sur l'Art.

Un mot également, très important, sur l'expression alchimique non intentionnelle. L'alchimie étant un descriptif de l'Univers, il est parfaitement réalisable, pour un non-alchimiste totalement ignorant en la matière, de parvenir, par une approche d'un angle différent qui lui serait propre, à un descriptif conforme à la tradition alchimique. Il « suffirait » pour cela que son approche aboutisse à la description, ou au moins au pressentiment, d'une « vérité universelle ».

Exemple en philosophie, Albert Caraco décrit le « changement de sensibilité » comme étant le salut de l'homme (ce qui correspond d'ailleurs exactement à la base de la doctrine de Carlos Castaneda, le mouvement du point d'assemblage). Nous trouvons ici, par analogie, le « Solve » alchimique, qui est la base du début de « l'Œuvre ». Naturellement, seuls les cerveaux d'une exceptionnelle capacité de pénétration, ou ceux qui ont été initiés, voire se sont initiés eux-mêmes sur des textes anciens, sont capables d'entrer dans cette catégorie. Loin d'être à négliger, cet aspect de l'expression alchimique est peut-être le plus important de tous, car il permet de placer un concept pragmatique et compréhensible sur une terminologie classique absolument impénétrable.

Dans cette catégorie, on peut également mettre certains des nouveaux supports d'expression (cinéma, dessins animés). Dans le premier volet de Matrix, le simulateur de matrice, où s'effectue l'entraînement de Néo, où l'on peut violer les règles (physiques), nous retrouvons exactement l'analogie de la matière active, sulfureuse, qui va féconder la matière passive, mercurielle. Dans le film de Stanley Kubrick, 2001, l'odyssée de l'espace, on retrouve la trame de l'épopée antique (que Joseph Campbell a analysée dans Les héros sont éternels) : départ du héros, combat contre le monstre mythologique, stade que l'alchimie assimile à la production du dissolvant (voir Fulcanelli), initiation du héros, retour du héros à sa contrée d'origine.

[modifier] L'alchimie opérative

[modifier] Du laboratoire mythologique au laboratoire alchimique

[modifier] Le laboratoire mythologique dans l'hermétisme alexandrin

L'hermétisme alexandrin considérait que la transformation alchimique devait s'opérer sur le fils de Dieu, le Monogène[145] . Cette doctrine nous vient d'un certain Nikothéos[146]. Mais c'est Zosime qui est le plus explicite, sur la conceptualisation du laboratoire relatif au fils de Dieu, en tant que principe : "En fait, l'homme externe est un lien comme le dit Hésiode, le lien par lequel Zeus entrava Prométhée. Puis Zeus envoya un autre lien, Pandore, que les Hébreux nommèrent Eve. A un moment, Prométhée ressemble à l'âme, à un autre à l'intellect, à un autre encore à la chair. En effet, Le Nous, notre Dieu, déclare: 'Le fils de Dieu se montre comme il le souhaite à chaque homme'. Et à ce jour et jusqu'à la fin du monde, il vient à ceux qui sont siens en secret, les conseille pour les séparer de leur Adam qui les aveugle. Ainsi s'en alla-t-il, jusqu'à ce que vienne le Daïmon, imitateur et perfide, en se nommant lui-même le fils de Dieu. Mais ils deviennent plus sages puisqu'ils reçoivent en eux celui qui est vraiment le fils de Dieu, ils lui livrent leur propre Adam afin qu'il le tue (1)[…] Il existe 2 sortes de teintures opportunes: l'une d'elle, celle des substances, les daïmons qui surveillent chaque lieu l'ont transmise à leurs prêtres. l'autre, celles des teintures pures et naturelles, fut consignée par Hermès sur les stêlaï. Quant aux terres elles-mêmes, Hermès leur a donné un nom secret, 'stables', et a révélé les diverses couleurs. Ces teintures agissent naturellement, mais elles sont sous le joug des daïmons terrestres. Cependant, si quelqu'un après avoir été initié chasse ces daïmons, il obtiendra le résultat désiré (2)[…] Ces teintures ont ensuite la faculté d'altérer une grande ou une petite quantité du fait qu'on les obtient aussi bien dans les fourneaux de verre que dans des creusets grands ou petits, et en des instruments divers via les feux ou les forces de ceux-ci(3)"[147]. Il conclut par sa "conception de l'alchimie idéale"[148], dont la finalisation serait "le Baptème du Kratêr" (voir à ce sujet le paragraphe sur le Graal).

Vulcain (mythologie) Chaudron de Gundestrup

[modifier] Du laboratoire Alchimique au laboratoire Chimique

Le laboratoire chimique doit énormément à l'alchimie. Au point que certains ont qualifié l'alchimie de proto-chimie. Ce n'est pas dénué de fondement, même si l'objet de l'alchimie (la pierre philosophale et la transmutation des metaux) et celui de la chimie (l'étude de la composition, les réactions et les propriétés chimiques et physiques de la matière.) sont réellement distincts. Les techniques et les ustensiles de l'alchimie, utilisés par les savants (Newton , etc..) avant la méthode scientifique, continue d'être utilisé de nos jours. Parmi ces grands alchimistes qui ont contribué à la chimie contemporaine, il convient de citer Marie la Juive[149] auquel ont attribut l'invention du bain-marie[150], du kerotakis[151] et du tribikos.

L'alchimie a permis également des découvertes de nouveaux matériaux et procédés, tel que Johann Friedrich Böttger co-ré-inventeur de la porcelaine.

Enfin l'alchimie à également assuré la perpétuation d'instruments, tel l'alambic , largement utilisé dans le laboratoire alchimique.

[modifier] La voie sèche, ou voie royale

[modifier] La voie humide, longue et fastidieuse

Ou or potable.

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Œuvres ayant pour thème l'alchimie

[modifier] Ouvrages généraux ou de vulgaristion

  • Varenne Jean-Michel, L'alchimie, MA éditions, 1986

[modifier] Aspects spécifiques de l'alchimie

  • Alleau René, aspects de l'alchimie traditionnelle, Les éditions de minuit, 1986
  • Faivre, Antoine, Toison d'or et alchimie, Arché édidit 1990
  • Wirth, Oswald, Le symbolisme Hermétique dans ses rapports avec l'alchimie et la Franc-Maçonnerie, Coll. Initiation, Paris, Editions Dervy, 1995, 224p.

[modifier] Etudes historiques

  • Davy M.-M., initiation médiévale, la philosophie au XII° siècle, Albin Michel 1980, bibliothèque de l'hermétisme
  • Genet Jean-Philippe, La mutation de l'éduction et de la culture médiévales, Occident chrétien (XII° siècle - milieu du XV° siècle, Ed. Seli Arslan, Paris 1999

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Françoise Bonardel La Voie hermétique Dervy 2002
  2. S. Hutin, L'Alchimie, Paris, PUF collection Que sais-je?
  3. Dictionnaire historique de la langue française - Le Robert
  4. R. Alleau, Encycl.Univ., Ibid, p663-664
  5. [1] site d'étymologie en ligne
  6. Alchimie, cahiers de l'hermétisme, Dervy 1996, p18
  7. Aspects de l'alchimie traditionnelle, les éd. de minuit, p34
  8. L’Alchimie, PUF Que sais-je 1976, p8
  9. Philosopher par le feu, Seuil Coll. points, p32
  10. Alchimie, Fayard 1980, p62 - voir aussi le paragraphe 'XXe siècle, l'alchimie renaît de ses cendres'
  11. pour l'analyse alchimique des phases 'chute' et 'rédemption', voir plus bas le paragraphe 'l'agent obscur'
  12. Jacob Böhme, de signatura rerum
  13. Traitez du cosmopolite, nouvellement découverts, Paris 1691, réédition Gutenberg, voir la préface
  14. Jack Linsay, les origines de l'alchimie dans l'Égypte gréco-romaine, Ed. le rocher 1986, p350. Le texte de Zosime provient des sources suivantes : BC (Bidez-Cumont) ii 243 ff; F (Festugière) (14). Katarchai : Bouché-L. Chap. xiii-xiv; Sarapion in cod. Flor. 99
  15. « […] un alchimiste comme Li-Chao-Kiun dont l’adresse à l’empereur Wou, des Han antérieurs, atteste clairement que la technique de la chrysopée et l’alchimie, en tant que savoir autonome, étaient déjà connus dès le IIe siècle avant l’ère chrétienne » R. Alleau, Ibid, p38
  16. La voie des divins immortels par Ge Hong, les chapitres discursifs du Baopuzi Neipian, traduit du chinois, présenté et annoté par Philippe Che, Gallimard, Connaissance de l'Orient, 1999, voir postface et introduction p7 & 8
  17. " Sacrifiez au fourneau, déclare Li-Chao-Kiun, et vous pourrez faire descendre des êtres transcendants. Lorsque vous aurez fait descendre, la poudre de cinabre pourra être transmuée en or jaune… Lorsque votre longévité sera prolongée, vous pourrez voir les bienheureux (t'chenn) de l'île P'ong-laï qui est au milieu des mers."Mémoires historiques de Se-ma Ts'ien, texte du 1er siècle av JC, t. III, p. 237, trad. Chavannes [2]
  18. «La formation du mythe d’Hermès Trimégiste n’est pas sans rappeler, à maints égards, celui de l’empereur jaune, Hoang-Ti» Ibid, p39
  19. aspects de l'alchimie traditionnelle, ibd, p51 : "Nous rappellerons ici les importants travaux de M. Griaulle et de G. Dietherlen sur les dogons, recherches qui mettent clairement en valeur le rôle initiatique et complexe du forgeron africain, redouté et méprisé, admiré et haï. De même avons nous constaté au Cameroun l'influence des métallurges […] Cette observation s'applique à maintes peuplades africaines et, surtout, aux Sombas du Nord Dahomey où l'on retrouve des symboles et des ornements singulièrement analogues à ceux des cabires antiques"
  20. "Il ne faut pas se méprendre en pensant qu'à la suite de cette transformation, le corps, considéré de façon extérieure et du point de vue des sciences positivisme occidentales, n'est plus composé de chair, nerfs, os, etc. La transformation dont il s'agit ne concerne pas les éléments physiques, mais la fonction. Le Moi s'est déplacé sur le plan supra-physique, et soutient et régit le corps à partir de ce plan. Ainsi le corps cesse d'être un vêtement de servitude, il devient un corps de liberté". Le yoga tantrique, Julius Evola, Fayard, voir chapitre 'le corps de diamant-foudre'
  21. voir l'analyse de Julius Evola, le yoga tantrique, fayard
  22. Voir Eliade, Le yoga, Payot 1991, p277 qui cite notamment Albiruni: "Les hommes reviennent à l'âge suivant immédiatement la puberté. Les cheveux blancs redeviennent noirs, on retrouve l'acuité des sens, l'agilité de la jeunesse et même la vigueur sexuelle"
  23. M. Elaide, le yoga, payot 1991, p273
  24. Orientalistes et historiens des sciences, cités par Eliade, Ibid
  25. "Népal et pays Tamoul", Ibid
  26. "Dans le Bower manuscrit", Idid, p277
  27. "Dans l'Arthaçastra", Ibid, p278; le problème qui se pose est la traduction du mot 'râsa', son assimilation au mercure est très débattue, voir Eliade, p277 & notes
  28. notamment le 'Mahâprajnapâramitopadeça' de Nâgârjuna, traduit en chinois au IVe siècle après J.-C. qui décrit de manière détaillée les opérations de transmutation
  29. Ananda K. Coomaraswamy, la doctrine du sacrifice, dervy 1997, voir le chapitre en question, p102 à 138
  30. Alchimie, Fayard 1980 p62
  31. "Outre ces traités savants et d'inspiration religieuse, tous écrits aux IIe et IIIe siècles ap. J.-C., ont pu être recensés un certain nombre d'écrits attribués à Hermès et constituant ce que Festugière nomme hermétisme populaire" F. Bonardel, l'hermétisme, PUF 1985, p11
  32. F. Daumas, La civilisation de l'Égypte pharaonique, coll. dirigée par Raymond Bloch, Arthaud 1965, p307; "Voici un texte d'Edfou commentant le rôle de l'Ogdoade dans la création […]Au sein de l'Océan primordial apparut la terre émergée […] Puis vint un bouton de lotus d'où émergea une naine, auxiliaire féminin nécessaire, que Rê vit et désira. De leur union naquit Thot qui créa le monde par le verbe […] Thot prit une telle importance que, peu à peu, on en vint à l'appeler 'deux fois grand et vénérable'. Les Grecs l'assimilèrent à leur Hermès et le qualifièrent de 'Trimégiste'. Il nous est parvenu sous son nom toute une collection grecque de traités dits hermétiques, qui contiennent l'exposé systématique de sa théologie à l'époque tardive. On a voulu en faire la traduction grecque d'ouvrages égyptiens, analogues à ceux que signalent Clément d'Alexandrie. Il est difficile de démontrer pareille thèse; mais, à côtés de théories qui paraissent néoplatoniciennes, il est certain que le corpus hermétique est profondément influencé par la pensée égyptienne, au point qu'on pourrait faire un commentaire très fourni de son texte avec des fragments empruntés uniquement à des originaux hiéroglyphiques"
  33. "Que veut dire Apollonius quand il écrit que la toison s'est transformée en or par le seul fait d'avoir été touchée par Hermès?". A. Faivre, Toison d'or et alchimie, Arché édit 1990, p. 33, qui renvoie à F. Vian & E. Delage, Argonautiques II, 1144, Paris, Les belles lettres, coll. Budé 1976-1981
  34. « Suggestif paraît le rapport entre la toison d’or et le Graal, souligné par l’association du vaisseau et de la fabuleuse coupe : ‘le Saint-Vessel’ évoque la nef de Salomon chargée de cet objet de queste, tout ainsi qu’Argo au retour de Colchide. Argo, construite avec des chênes voués à Jupiter – et l’AES alchimique, on l’a vu, est parfois associé à ce Dieu -, joue le rôle, à la fois, de passeuse et de prodigieux réceptacle » A. Faivre, Ibid, p108
  35. « biographies », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail édition]
  36. "L'alchimie a pénétré d'assez bonne heure dans le monde islamique […] Le rôle essentiel dans la transmission des écrits grecs aux arabes a été joué par les savants coptes d'Égypte, imprégnés de culture alexandrine" S. Hutin, L’Alchimie, PUF Que sais-je 1967, p42
  37. Ibid, p36
  38. "L'alchimie semble être née à Alexandrie d'un assemblage composite de spéculations et de pratiques hellénistiques, chaldéennes, égyptiennes et juives" Ibid, p39
  39. "Quant au gnosticisme chrétien, qui proliférait à Alexandrie, il a joué un rôle de premier plan : l'alchimie emprunta le style compliqué de la gnose […] Il y a d'ailleurs analogie profonde entre la Gnose […] et l'alchimie", ibid, p36
  40. Voir A. Faivre, Cahiers des l'hermétisme, Présence d'Hermès Trimégiste, chap. la postérité de l'hermétisme alexandrin, Albin Michel 1988
  41. il donne son nom à l'hermétisme
  42. Hermès donne son nom au Mercure alchimique, élément central du processus de l'acquisition du grand œuvre (Fulcanelli dira : 'Dans notre œuvre, affirment les philosophes, le Mercure seul suffit' Le mystère des cathédrales, p105
  43. « Hermès, identifié par les philosophes au logos, sera comparé par les Pères au Christ » Eliade, histoire des croyances et des idées religieuses, T1, Payot 1987, p290 ; voir aussi les écrits gnostiques, cf Leisegang, La Gnose, où Jésus et Hermès sont identifiés au Logos
  44. Cahiers des l'hermétisme, Présence d'Hermès Trimégiste, d'Hermès-Mercure à Hermès-Trimégiste, Albin Michel 1988
  45. "récit initiatique mettant en scène un ou plusieurs héros divins"
  46. "le mythe littéraire, tout le reste, une fois évacuée la présence des dieux… ce qui favorise l'historicisation"
  47. A. Faivre, ibid, p25
  48. Ibid, p27
  49. Pour toutes ces hypothèses, voir Faivre, ibid, p27
  50. ibid, p35
  51. Ibid, p40
  52. "La collection de dialogues connue sous le nom de Corpus hermeticum, le 'discours parfait' conservé sous le nom d'Asclépius, et les extraits compilés par Stobée, se placent entre 100 et 300 de notre ère. Sauf le cadre, ils contiennent extrêmement peu d'éléments égyptiens. Les idées sont celles de la pensée philosophique grecque populaire, sous une forme très éclectique, avec ce mélange de platonisme, d'aristotélisme, et de stoïcisme; çà et là apparaissent des traces de judaïsme, et probablement aussi, d'une littérature religieuse dont la source ultime est l'Iran" A.D. Nock, Préface à hermès Trimégiste, trad. Festugière, les belles lettres, 1999
  53. terme employé par A.J. Festugières, Histoire générale des religions, indo-iraniens, judaïsme, origines chrétiennes, A. Quillet éd., 1945, p65
  54. Ibid, p62
  55. Dans ses notes, Festugières ajoute : « il n'est pas possible de préciser à quelle religion orientale l'on doit songer. Reitzenstein a regardé vers l'Égypte et l'Iran, Dodd a insisté sur l'influence du judaïsme. On oublie que ces écrits, rédigés à Alexandrie, ont pris naissance dans un milieu où les religions se sont mêlées dès le début de l'ère ptolémaïque […] On a pris en considération les Oracula Chaldaïca, le papyrus magique de Paris, Zosime… le morceau sur les Naasséniens dans Hyppolyte, tous ces écrits ayant en commun certaines doctrines caractéristiques et un même esprit, sans aucun indice encore de christianisme. Il faut ranger, dans le même groupe, avec Bousset, les gnostiques de Plotin », ibid, P60, et notes p444
  56. Ibid, p63
  57. , Ibid, p63 & 64
  58. "Les limites doctrinales de ce mouvement sont impossibles à fixer; certaines secte sont très proches du christianisme, et certains pères chrétiens usent abondamment d'une terminologie gnostique. D'autres s'apparentent au néoplatonisme. Ses limites historiques sont également floues. Son originalité et difficile à cerner; spéculations juives, philosophie platonicienne, mystères grecs, mythe iraniens" H. Rousseau, le Dieu du mal, PUF 1963, coll. mythes et religions, p75
  59. Ibid, p77; Rousseau ajoute que cet intermédiaire fut connu des juifs (Metatrôn), de Philon (Les logoi) et de Platon (le monde sensible organisé sur le monde intelligible. Selon lui, le dualisme iranien se retrouve chez basilide et chez le séthiens
  60. Jack Lindsay, les origines de l'alchimie dans l'Égypte gréco-romaine, Ed. Le Rocher 1986, p192
  61. "Festugière invite à distinguer dans le corpus au moins deux doctrines, souvent entremêlées : l'une admet que le monde est pénétré par la divinité, donc beau et bon; l'on atteindrait alors Dieu par la contemplation de ce monde, œuvre divine. L'autre affirme que le monde créé est mauvais, qu'il n'est pas l'œuvre de ce premier Dieu, mais d'un démiurge; il faut alors fuir ce monde, y rester étranger. 2 traditions s'affrontent là; l'une héritée de la philosophie grecque, pour laquelle le monde est ordre et harmonie, l'autre probablement issue du judaïsme non orthodoxe et du mazdéisme iranien alimentera la plupart des mouvements gnostiques" F. Bonardel, L'hermétisme, PUF 1985, p22
  62.  »Aucune rivalité n'oppose, dans le corpus hermeticum, le Noûs-Dieu et le Noûs-Démiurge; ce qui sauve partiellement au moins l'hermétisme des formes de dualisme métaphysique exacerbé commun à tous les manichéismes […] Si l'hermétisme est bien une Gnose, c'est en ce sens que la révélation du Noûs-Dieu, médiatisé par Hermès, permet à l'initié de sauver en lui l'élément divin qu'il portait sans le connaître et, ce faisant, de négocier un rapport à Dieu et à la Nature qui n'est ni d'ordre rationnel, ni d'ordre exclusivement mystique, mais justement gnostique […] On a peine à croire qu'il s'agisse là d'une sorte d'accident historique ayant entrainé une telle supposition de matériaux hétéroclites. On peut aussi suggérer que l'hermétisme demeure le lieu d'une sorte de tension herméneutique entre deux attitudes spirituelles divergentes dont il invite à dépasser l'antogonisme » Bonardel, Ibid p34 & 55
  63. en fait la partie finale d’un traité nommé « Le livre du secret de la création et technique de la Nature », rédigé sous le règne du Khalife Ma’Mûn en 833 (voir à ce sujet Henry Corbin, histoire de la philosophie islamique
  64. L'introduction du texte en Europe sera beaucoup plus tardif : "Pourtant les textes médiévaux ne manquent pas, qui ressortissent à l'esprit de ces 'Hermetica' et qui se donnent Hermès Trimégiste pour auteur. Bon nombre d'entre eux sont arabes, et par leur intermédiaire le legs ésotérique d'Alexandrie pénètre en latinité, surtout au XIIe siècle. Ainsi le livre des secrets de la création, le texte célèbre dit de la table d'émeraude […]" A. Faivre, avant-propos des cahiers de l'hermérisme, Présence d'Hermès Trimégiste, Albin Michel 1988, p9
  65. ancêtre du Graal (" […] Il s'agit là d'un chaudron-talisman pourvu de vertus merveilleuses que les dieux s'envient et cherchent à se dérober. Un vieux poème gallois du livre de Taliessin, le 'sac d'Annwfn', relate comment Arthur s'empara du chaudron magique […] Le chaudron a fort peu changé en devenant le Saint Graal que Joseph d'Arimathie remplit du sang du Christ." Mythologies des montagnes, des forêts et des îles, Larousse 1963, collectif dirigé par P. Grimal, prof. à la Sorbonne, p27
  66. 'Question de', N°51, Janv.-Mars 1983, le courrier du livre, chap. 'l'alchimie dans l'épopée occidentale, p5 à 17, notamment les études des éléments suivants dans la littérature celte: 'Le roi pêcheur', 'le philtre et l'athanor', la tête du corbeau'. Il dit en particulier : "Des éléments classés comme alchimiques se trouvent déjà dans les modèles celtiques dont les versions primitives remontent bien avant le XIIe siècle
  67. "Si le Mercure représente la force centripète qui régit l'Univers, et le soufre la force centrifuge qui fait apparaître la matérialisation, et si les opérations du Magistère consistent à accomplir l'union paradoxale entre ces 2 forces, alors oui, les celtes ont été des alchimistes" Ibid, p19; Pour la conception alchimique relative à la jonction de la force centrifuge et de la force centripète, voir O. Wirth
  68. "Or à la cour anglaise, un texte tout à fait extraordinaire est apparu vers 1136, dû à un ecclésiastique, Geoffroy de Monmouth […] Tout laisse à penser que Goeffroy reprend les traditions orales galloises (conservées par une caste de bardes professionnels […] La cour d'Henri II joue ici un rôle initiateur, la 'matière de Bretagne', introduite par Geoffroy et développée par Wace avec la table ronde […] Les sources celtiques sont aussi présentes dans d'autres œuvres, mais ces légendes ont déjà commencé à circuler dans les cours européennes. Surtout à la cour de Champagne œuvre Chrétien de Troyes. Il a composé … et enfin le conte du Graal, laissé inachevé […] Mais Chrétien introduit dans sa dernière œuvre une thématique nouvelle, qui va rencontrer un très grand succès, comme le montrent les développements de la préhistoire du Graal […]' Jean-Philippe Genet (agrégé d'histoire, prof. d'histoire médiévale à Paris I), la mutation de l'éducation et de la culture médiévales, T1, Ed. Seli Arslam 1999, P167 & 168
  69. Alain de Libéra, « Albert Le Grand, ou l'antiplatonisme sans Platon », dans Contre Platon, tome 1 : Le platonisme dévoilé, textes réunis par Monique Dixsaut, université de Paris XII, publié avec le concours du CNRS, Vrin, 1993, p. 249
  70. "Ne consentons donc à parler de scolastique et à définir son comportement que sous le bénéfice de ses variantes, dont la prolifération révèle une rare intensité de vie, et qui nuancent d'avance de relativisme toute tentative de définition" M.D. Chenu, introduction à l'étude de Saint-Thomas d'Aquin, université de Montréal, publications de l'institut d'études médiévales, 1950, p52
  71. "C'est une chose assez curieuse que l'on ait pris l'habitude de citer Luther, Calvin, ou Descartes, comme les libérateurs de la pensée, et de considérer Albert le Grand comme le chef de file des obscurantistes. On ne voit pas que s'il y a aujourd'hui une philosophie comme telle, c'est au patient labeur des penseurs médiévaux qu'on le doit […] Si la caractéristique de la pensée moderne est la distinction entre ce qui est démontrable et ce qui ne l'est pas, c'est bien au XIIIe siècle que la philosophie moderne a été fondée, et c'est avec Albert le Grand, qu'en se limitant elle-même, elle prend conscience de sa valeur et de ses droits" Ibid, p167 & 169
  72. "Le principal mérite d'Albert le Grand consiste en ce qu'il a vu le premier quelle énorme valeur d'utilisation la philosophie d'Aristote représentait pour le monde chrétien. Il semble avoir compris d'emblée qu'en présence d'une doctrine si nettement supérieure à celle dont l'église disposait, mais si différente du christianisme par l'esprit qui l'animait, on ne pouvait ni l'accepter telle, ni se contenter de la nier […] Mais après cette ébauche féconde d'érudition germanique, il fallait une pensée latine pour mettre au point, choisir et ordonner" Ibid, p163 & 170
  73. "Mais il faut reconnaître que l'œuvre indifférenciée d'Albert le Grand comportait des virtualités très diverses dont une partie seulement devait trouver dans celle de Saint Thomas d'Aquin son complet développement. Le maître avait mieux senti que le disciple ce qu'il y a de fécond dans la pratique de l'empirisme aristotélicien" Ibid, p171
  74. "Aurora Consurgens (peut-être apocryphe)", cf Bonardel; Ces 3 titres sont cités dans 'Françoise Bonardel, l'hermétisme, PUF 1985, p58'. Les 2 ouvrages cités manquent souvent à la bibliographie de Saint-Thomas d'Aquin, bon nombre de 'thomistes' n'appréciant pas cet aspect de son œuvre
  75. Gislon, Ibid p208
  76. Ibid, p209 & 210
  77. Ibid, p217
  78. Ibid, p219
  79. Bonardel, Ibid p59
  80. "Nous empruntons à René Alleau la classification suivante […] On nomme cet ensemble monumental : le corpus alchimique traditionnel […] Les 3 dernières catégories comptent environ 6000 ouvrages" L'alchimie, par JM varenne, MA éd. 1986, p67 & 68
  81. CAT.INIST
  82. CAT.INIST
  83. Voir le chapitre Newton alchimiste dans l'article sur Newton
  84. Cité par Fulcanelli, DP, T1, p292: "Le Graal est le mystère le plus élevé de la chevalerie mystique et de la maçonnerie qui en dégénère"
  85. O. Wirth, le symbolisme hermétique, Dervy 1969, p92: "Tout l'ésotérisme maçonnique est très certainement renfermé dans les 3 grades dits de Saint-Jean, qui devraient suffire, si nous savions en extraire tout ce qu'ils contiennent. Ce sont, malheureusement, des grades trop profonds qui, par ce fait, ne sont pas suffisamment à la portée de la moyenne des intelligences. Aussi est-ce, au fond, pour les esprits médiocres que les grades furent multipliés au cours du XVIIIe siècle"
  86. O. Wirth, Ibid, voir chapitre "hermétisme et franc-maçonnerie". Wirth cite également les travaux d'un autre maçon qui va dans son sens, le F* Wilhelm Höhler, Hermetische Philosophie und Freimaurerei, Ludwigshafen 1905
  87. "Nous n'avons de biens à nous que nos outils de constructeur, les colonnes J* et B*, l'étoile flamboyante, et ce doit être à peu près tout. Le triangle équilatéral, avec ou sans oeil ne nous est pas spécial […]" O. Wirth, ibid, p53
  88. Ibid, p86. Pour les rapports entre les rituels et les opérations chymiques, voir le reste du chapitre
  89. Interview par Jacque Pradel, retranscrit dans la collection 'Question de', N°51, Janv.-Mars 1983, le courrier du livre, p23
  90. « Eh bien quand je l'ai revu, il avait 113 ans, c'est-à-dire en 1952. J'avais à cette époque 53 ans. J'ai vu un homme sensiblement de mon âge. Attention, je précise, Fulcanelli en 1922 et même avant, c'était un beau vieillard, mais c'était un vieillard » Ibid, entretien avec Canseliet
  91. netcabo.pt
  92. voir: Alchimie, cahiers de l'hermétisme, dervy 1996, p185
  93. Cette liste figure dans : Alchimie, cahiers de l'hermétisme, dervy 1996, p187 à 258
  94. Ibid, p185 - le titre de l'ouvrage est : Alchemy, a bibliography of english langage writings, Londres, Routledge & Kegan Paul, 439 pages
  95. « Il est significatif de retrouver dans l'opus alchymicum le vieux thème de la torture, la mort et la résurrection initiatiques […] On reconnaît facilement dans la torture et le morcellement d'Ion le scénario spécifiques des initiations chamaniques. Au cours de l'opus alchymicum, on rencontre également d'autres motifs initiatiques; par exemple la phase appelée 'nigrido' correspond à la mort des substances minérales, à leur 'dissolutio' ou 'putrefactio', en somme à leur réduction à la 'prima matiera'. Toutes ces phases de l'opus alchymicum semblent indiquer non seulement les étapes d'un long processus de transmutation des substances minérales, mais aussi les expériences intimes de l'alchimiste » M. Eliade, Initiations, Rites, sociétés secrètes, Gallimard essais 2004, p261 & 262
  96. Bonardel, L’Hermétisme, p119; d'après elle, l'œuvre de Durand serait "dans le sillage d'Oswald Spengler, d'E. Cassirer, de G. Dumézil et de Gaston Bachelard"
  97. Voir Pierre Debray-Ritzen, la scolastique freudienne, fayard 1972. Un opposant à cette tendance fut Arthur Koestler: « Le concept d'inconscient s'entoura d'un halo mystique, ou dégagea une odeur de clinique; ce fut bientôt une boîte de Pandore que les sceptiques déclarèrent vide, quand d'autres s'en servaient comme une valise d'illusionniste, à double fond et tiroirs secrets » (le cri d'Archimède)
  98. Gaston Bachelard, agrégé de philosophie, enseigne à la Sorbonne jusqu'en 1954. Pour ses références à l'alchimie, voir notamment la psychanalyse du feu
  99. C.G. Jung, Psychanalyse et alchimie
  100. Par exemple, l'extrait de l'article de Liubov Ilieva & Stanimir Iliev : "Sauf les domaines psychiques qui sont liés uniquement à l'esprit scientifique ou à l'âme poétique, Bachelard soumet à l'enquête les domaines où ils agissent ensemble. Les idées s’y mêlent aux images, les expériences - aux contemplations, ce qu'on peut observer surtout dans l'alchimie. Nous nous y retrouvons dans une zone, étudiée spécialement par Jung et par son école. Ayant en vue le contenu de L'Esprit et de L'Âme dans les ouvrages de Bachelard, examiné ci-dessus, nous pouvons noter que chez Jung l'analyse de l'alchimie se développe dans les cadres d'examen de L'Anima. De cette façon la psychanalyse de l'alchimie passe à l'enquête de l'archétypal, qui est en rapport avec le symbolisme religieux. Bachelard de son côté, analyse le rapport psychanalytique de l'alchimie avec l'esprit scientifique - c'est-à-dire la zone de l'Animus. Dans La Poétique de la Rêverie, Bachelard défini comme infructueuse l’expérience de ses travaux précédents -étudier du point de vue du Nouvel Esprit Scientifique - l'alchimie, à savoir, l'alchimie des quatre éléments. En effet, comme cela était exposé plus haut, « la réalité du deuxième degré » de la science ne peut pas être liée directement à l'archétypal, mais c’est l'archétypal qui se révèle dans psychanalyse de l'alchimie", voir http://www.imbm.bas.bg/imbm/LFHH/stani/library/bachelard1_fr.htm
  101. qui parle de « la clé pratique de l'art royal conduisant à la confection de la 'Pierre' et introduisant dans le jardin des sages », Voir 'La voie de l'individuation dans les contes de fées, La fontaine de Pierre 1978
  102. Voir notamment ses commentaires de l'iconographie de L’Atlante fugitive de Michael Maier dans 'Les trois pommes d'or', La fontaine de Pierre, 1981
  103. par exemple Titus Burckhardt : « Qu'un art foncièrement absurde fût capable, en dépit d'innombrables échecs et déceptions, de se maintenir avec une telle continuité et fidélité au sein des civilisations les plus diverses, c'est là un fait dont le caractère pour le moins improbable semble n'avoir choqué personne. Il faut donc admettre que, soit les alchimistes, dans leur désir de se tromper eux-mêmes, ont obstinément cultivé un mythe mille fois démenti par la nature, soit que leur expérience effective se situait sur un tout autre plan de réalité que celui dont s'occupe la science empirique moderne » T. Buckhardt, Alchimie, sa signification et son image du monde, Milan Arché 1974, p8
  104. Ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris X, agrégé de l'université docteur ès lettres, maitre de conférences à l'université de Poitiers, voir Alchimie, Fayard 1980, p12 & 60
  105. tel fut le cas de R. Reitzenstein, A.D. Nock, W. Scott, J. Ruska et A.J. Festugière, voir F. Bonardel, l'hermétisme, PUF 1985, p9 à 22
  106. Voir Bonardel, ibid p9 : "D'une remarquable précision historique, ces derniers témoignent néanmoins d'un manque de sympathie à l'égard de la pensée hermétique, souvent jugée à travers les normes philosophiques et spirituelles de la rationalité grecque ou de la théologie chrétienne"
  107. parmi eux; Henry Corbin, Gilbert Durand, Mircéa Eliade, Henri-Charles Puech
  108. « Le XXe siècle ne nous décevra pas, celui de deux maîtres, Fulcanelli et Canseliet, de belle réputation chez les adeptes, dans le grand public aussi. Ils sont français, comme Pernety, mais leur lecture de l'alchimie est plus riche que celle du bénédictin, car bien davantage plurielle, feuilletée, nullement prisonnière de grilles monovalentes Toison d'or & alchimie, Arché 1990, p91
  109. Agrégée de philosophie, docteur ès lettre, maître de conférence à l'université de Savoie, professeur de philosophie de la religion à l'université de Paris I-Sorbonne
  110. Philosopher par le feu, Seuil 1995, p28, citant Halleux, Les textes alchimiques, Brepols 1979, p63
  111. "En dépit de leur volonté parfois naïve de brouiller les pistes, la majorité des traités épousent néanmoins - fût-ce de façon exceptionnellement contournée - la 'logique' du processus naturel et artificiel qu'ils entendent à mot couvert restituer. Et l'on peut même déceler, dans les ouvrages les plus classiques, une sorte de 'plan type', ou, tout au moins, un certain nombre de développements obligés par lesquels il n'était alors que de se laisser à son tour guider pour que soit, de l'œuvre en son entier, rendu perceptible le tracé" Ibid, p39
  112. ibid p39
  113. Bonardel, l'hermétisme, ibid p113
  114. Voir Heidegger, acheminement vers la parole, notamment p114 & 115 où il considère l'herméneutique comme phénomène premier, avant le phénomène "d'interprétation". Pour le rapport entre le logos (assimilé par les philosophes grecs à Hermès) et les "étants", voir les excellents commentaires de George Steiner, "martin Heidegger", Albin Michel 1981, p45 & 84 : "Anaximandre, Héraclite, Parménide, appartenaient à une existence primordiale de la pensée, en laquelle l'étantité de l'étant était immédiatement présente au langage, au logos. L'être des étants réside pour Platon en d'éternelles et immuables matrices de la forme parfaite, des "idées" et pour Aristote en ce qu'il appelle energeia, la présence qui se déploie et se réalise dans la substance. Le concept aristotélicien avec son exploration des causes premières et des principes dynamiques établit les fondements de notre science […] L'insistance d'Heidegger à concevoir l'être comme une activité serait très proche de l'energeia d'Aristote et de sa doctrine d'une force formatrice dont l'élan téléologique anime tous les étants particuliers. Ces représentations aristotéliciennes engendrent l'image du monde et la logique de la scolastique médiévale où le jeune Heidegger avait été plongé"
  115. Mircéa Eliade, Forgerons et alchimistes, Champ Flammarion
  116. voir René Alleau, Encyclopædia Universalis, édition de 1985, T1 p664 : « Ignorant le syriaque et l'arabe, ne connaissant qu'imparfaitement le grec, Berthelot fit appel à des collaborateurs érudits. Ceux-ci, malheureusement, n'étant point informés de la nature des opérations décrites par les textes obscurs et souvent cryptographiques qu'ils devaient traduire, s'en remettaient à la seule autorité de Berthelot afin de décider du sens qu’il convenait de donner à des passages difficiles. Dans ces conditions, on comprend que divers historiens spécialisés et, en particulier Von Lippmann, aient jugé sévèrement la singulière méthode critique de Berthelot. Malgré ces réserves, ses célèbres corrections publiées voici près d'un siècle n'ont pas encore été ni corrigées philologiquement ni scientifiquement, et l'on continue parfois de tenir pour sérieuses des thèses sur les origines de l'alchimie dont les sources documentaires ont été justement contestées"
  117. […] D'où la tentation, à laquelle cédèrent nombre des historiens et commentateurs de l'alchimie au XIXe siècle, de débarrasser au rebours l'alchimie de ses impuretés surajoutées, et de lui faire retrouver, par amputations successives, la saine apparence d'une technique aujourd'hui périmée; une pratique du 'dénoyautage' radicalement opposée à celle pratiquée par les alchimistes […] On se doit aussi de constater que ce sont justement les recettes, ou toute formulation s'y apparentant par le ton qui, isolés de leur contexte, fascineront souvent les esprits modernes, comme autant de séquences incantatoires auxquelles certains furent même tentés de réduire l'alchimie. » F. Bonardel, Philosopher par le feu, Seuil coll. points, Intro. p28 & 31
  118. «À notre époque, cette interprétation positiviste de l'alchimie est devenue elle-même illusoire, historiquement et scientifiquement. Les travaux considérables des orientalistes et, principalement, des sinologues ont révélé la haute antiquité et l'universalité des théories et pratiques alchimiques traditionnelles, en montrant leur caractère sotériologique fondamental », René Alleau, Ibid
  119. Cassiopaea Glossary
  120. Voir par exemple Fulcanelli, Le mystère des cathédrales, p108 & 109 qui établit de savoureuses correspondances entre ces dénominations de la phase initiale : "La couleur noire fut donnée à Saturne qui devint en spagyrie l'hiéroglyphe du plomb, en hermétique le dragon noir. Dans les temples d'Égypte, lorsque le récipiendaire était sur le point de passer les épreuves initiatiques, un prêtre lui glissait dans l'oreille: 'Souviens-toi qu'Osiris est un Dieu noir'. C'est la couleur symbolique des ténèbres, celle de Satan, et aussi celle du Chaos primitif, où les séances de toutes choses sont confuses et mélangées"
  121. "Le grand œuvre alchimique se trouve traditionnellement assimilé à l'organisation du Chaos […] Les alchimistes occidentaux n'ont pas manqué de faire un parallèle entre le déroulement du grand œuvre et les étapes successives du processus cosmogonique décrit dans la Genèse" Serge Hutin, histoire de l'alchimie, Verviers 1971, p39 & 40
  122. Bernard Husson, in Alchimie, cahiers de l'hermétisme, dervy 1996, p 35. Le texte cité provient d'un manuscrit de 1590, 'discours d'auteur incertain sur la pierre des philosophes, dont il n'existe que 4 manuscrits, et qui a été reproduit dans le même ouvrage par Husson
  123. La quête de l'immortalité en chine, alchimie et paysage intérieur sous les Song, Muriel Baryosher-Chemouny, Dervy 1996, p33
  124. "le texte présente un grand intérêt pour comprendre l'intime collaboration entre la médecine et l'alchimie physiologique taoïste", ibid p34
  125. Daozang 1248, 995, Sandong qunxian lu p3a, Ibid, p25
  126. MC, p61
  127. Jacques Tesson, le Lyon verd ou l’œuvre des sages, cité par Fulcanelli, DP T2, p167
  128. Jack Linsay, les origines de l'alchimie dans l'Égypte gréco-romaine, Ed. le rocher 1986, p158
  129. dans ‘philosopher par le feu’
  130. Ibid, Huginus a Barma, La Pierre de touche, aphorisme XII
  131. ibid, Salomon Trismonin, la toison d’or, p53 à 55
  132. MC, p75
  133. introduction à Fulcanelli, DP, T1, p34
  134. Dans Hippolyte V,19, cité par Rousseau, le dieu du mal, PUF, p87
  135. La doctrine du sacrifice, voir le chapitre « la face obscure de l’aurore »
  136. "Il y a eu dans Varuna, et peut-être de très bonne heure, une certaine dominante nocturne que Bergaigne, et récemment Coomaraswamy - surtout dans 'the darker side of dawn' -, n'ont pas manqué de souligner. Bergaigne signalait le commentateur de 'Taittirîya Samhîla' selon qui varuna désigne 'celui qui enveloppe comme l'obscurité'. La nuit, elle aussi, est virtualité, germe, non-manifestation, et c'est justement cette modalité nocturne qui lui a permis de devenir un dieu des eaux et qui a ouvert la voie à son assimilation avec le démon 'Vrtra'. Tous deux se trouvent en relation avec les eaux, et en premier lieu avec les eaux retenues ('le grand Varuna a caché la mer' …)". Eliade, images et symboles, Tel gallimard 1979, p 128, voir chapitre "le Dieu lieur"
  137. Aspects de l'alchimie traditionnelle, Ed de minuit 1986, p129
  138. "Quant au sujet grossier de l'œuvre, les uns le nomment Magnesia lunarii; d'autres plus sincères l'appelent plomb des sages, saturnie végétable. Philalèthe, Basile Valentin le Cosmopolite disent Fils ou Enfant de Saturne. Dans ces dénominations diverses, ils envisagent tantôt sa propriété aimantine et attractive du soufre, tantôt sa qualité fusible, sa liquéfaction aisée" Fulcanelli, MC p 196. La suite est interessante pour les autres références: "Pour tous, c'est la Terre Sainte; enfin ce minéral a pour hieroglyphe céleste le Bélier (Aries). Si donc vous faites attention à ce que nous avons dit de la galette des rois, et si vous savez pourquoi les égyptiens avaient divinisé la chat, vous n'aurez plus lieu de douter du sujet qu'il vous faut choisir. Son nom vulgaire vous sera nettement connu. Vous posséderez alors ce Chaos des sages, dans lequel tous les secrets cachés se trouvent en puissance"
  139. "Il faut, mon fils, que vous travailliez avec le Mercure, qui n'est pas le Mercure vulgaire, ni du vulgaire du tout, mais qui, selon ces philosophes, est la matière première, l'âme du monde, l'élément froid, l'eau bénite, l'eau des sages, l'eau vénimeuse, le vinaigre très fort, l'eau céleste grasse, le lait virginale, notre mercure minéral et corporel" Le livre de Synésius, in Salmon, t II, p181
  140. Philosopher par le feu, Seuil coll. Point, p233
  141. Docteur ès lettre, professeur de philosophie de la religion à l’université de Paris I-Sorbonne. Voir également son ouvrage L'hermétisme, PUF, que-sais-je 1985
  142. Philosopher par le feu, introduction, p22
  143. Cité par Alleau, Encyclopédia universalis, chap. Alchimie, T1, 1985, p672
  144. Aspects de l'alchimie traditionnelle, les éd. de minuit, 1986 p118 & 131
  145. Le Monogène, le fils Unique, cité dans le codex Bruce (traité Gnostique),Puech 145 & 151, Bruce cod. pt. 2, cité dans Jack Linsay, les origines de l'alchimie dans l'Égypte gréco-romaine, Ed. le rocher 1986, p352
  146. Linsay, ibid p352; "Il semble que nous puissions attribuer à Nikothéos la doctrine voulant que le fils de Dieu, le Monogène, puisse devenir tout, c'est-à-dire subir n'importe quelle transformation […] La méthode alchimique fait fi de toutes ces méthodes et prétend qu'un individu peut vraiment sauver son âme seulement en pénétrant concrètement et scientifiquement dans les transformations de la Nature, qui étaient également celles du Monogène qui exprimait le caractère unitaire du processus" Notes associés: Nikothéos et chute de l'homme primitif; Bousset (3) 186 ff, et R (Reitzenstein) (2) 45 ffavec rel. à enn. ii 9; BC (Bidez-Cumont) ii 245 n.5
  147. Lindsay, ibid (1)p355 (2)p360 (3)p365. Pour l'extrait de Zosime, refs citées : R (1) 267; AG 228, 7, 11; R (1) 102-6; AG 229, 10 to 233; BC ii 243; AG 229, 11-20, BC ii 245 n.1; Scott iv105-110, respectivement Reitzenstein, Alchimistes Grecs (coll. Berthelot), Bidez-Cumont
  148. Ibid, p363 &364. C'est un appel à sa sœur (Le texte vient du 'traitement de la magnésie' : " […] en agissant ainsi, tu gagneras les vraies teintures naturelles. Alors, ayant gagné les teintures naturelles, réfugie toi auprès de Poïmandrès, et, ayant reçu le baptème du Kratêr, cours rejoindre les tiens"
  149. "La métropole égyptienne (Alexandrie) connut d'autres femmes alchimistes, dont les plus célèbres furent 'Cléopâtre la copte' et Théosébie, 'Sœur hermétique' de Zosime", S. Hutin, l'alchimie, PUF Que sais-je 1967, p40
  150. Ibid
  151. "Vase clos dans lequel de minces feuilles de cuivre et d'autres métaux pouvaient être exposés à l'action de vapeurs variées", ibid