Concile de Plaisance

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Statue d'Urbain II à Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand.
Statue d'Urbain II à Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand.
Mosaïque représentant Alexis Ier Comnène.
Mosaïque représentant Alexis Ier Comnène.

Le concile de Plaisance était un synode composé d'ecclésiastes et de laïcs de l'Église catholique romaine, qui eut lieu du 1er mars au 5 mars 1095, à Plaisance.

Le concile intervint à la fin de la tournée du pape Urbain II en Italie et en France, ce dernier ayant pour objectif de réaffirmer son autorité après la querelle des Investitures avec le saint-empire romain germanique. Deux-cents évêques, ainsi que quatre mille autres prélats et trente mille laïcs participèrent à cette réunion. Il y eut tellement de monde que le concile dut être tenu à l'extérieur de la ville. Cette recrudescence de participants reflétait l'autorité croissante de l'église peu après la mort du pape Grégoire VII.

Parmi les laïcs se trouvait Berthe de Turin, la femme de l'empereur Henri IV, qui vint pour se plaindre à propos des affaires relatives à son mari. Étaient également présents des ambassadeurs de Philippe Ier de France, venus pour faire appel de l'excommunication récemment prononcée envers leur souverain, après son divorce jugé illégal et son remariage avec Bertrade de Montfort. Philippe avait alors jusqu'à la pentecôte pour rectifier la situation. Le reste des sujets discutés lors de ce concile étaient typiquement des affaires internes à l'église: il y eut pas moins de quinze canons publiés durant le concile, incluant des condamnations pour hérésie, l'affirmation de la présence du christ dans l'Eucharistie, des accusations portées contre l'antipape Clément III et ses partisans et l'interdiction de rémunération des prêtres pour les baptêmes, funérailles ou confirmations.

En revanche, les participants les plus importants étaient sans doute les ambassadeurs envoyés par l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène. Alexis avait été excommunié par Grégoire VII et, après plusieurs mesures de réintégration au sein de l'église, Urbain III leva définitivement l'excommunication quand il devint pape en 1088, ce qui fit que les relations Est-Ouest pouvaient être qualifiées d'apaisées durant cette période. L'empire byzantin avait perdu la majeure partie de son territoire au profit des turcs seljoukides à la fin de la bataille de Manzikert en 1071 et Alexis espérait que les chevaliers européens puissent l'aider à restaurer sa puissance en Asie mineure.

Les ambassadeurs exagérèrent probablement le danger immédiat encouru par l'empire, les seljoukides étant en proie à des luttes intestines. Alexis fit aussi dire que Jérusalem était aussi détenue par les musulmans, sachant l'importance qu'avait cette ville aux yeux des catholiques, pour lesquels Jérusalem était au centre du monde.

La requête d'Alexis fut prise au sérieux au-delà des ses espérances. Urbain avait possiblement déjà eu l'idée d'une croisade et la requête alors présentée était interprétée comme un aveu de faiblesse de l'empire de l'Est ainsi que de l'église orthodoxe. Si Urbain envoyait de l'aide, il était alors possible de réunir les deux églises sous son autorité. Les nouvelles de la menace subie par l'empire et l'hypothétique danger envers Jérusalem se répandèrent rapidement en France après la fin du concile. En novembre 1095, Urbain appela à la formation d'un autre concile, le concile de Clermont, où l'organisation de la première croisade fut annoncée officiellement.

La plupart des informations à propos du concile de Plaisance viennent du chroniqueur Bernold de Constance, qui était probablement lui-même présent, ainsi que de Ekkehard d'Aura et Guibert de Nogent, qui étaient peut-être à Plaisance sinon à Clermont. Il existe aucune source byzantine contemporaine citant les ambassadeurs mais le concile est mentionné par le chroniqueur du XIIIe siècle, Théodore Scutariotes, dont les travaux ont disparus.

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