Benjamin Cowburn

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Sir Benjamin Cowburn (1909-1994) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent britannique du service secret Special Operations Executive. Il fut envoyé quatre fois en France, et y accomplit ses missions avec une grande efficacité sans jamais être arrêté, ce qui constitue un record de longévité (1941 à 1944) dû à son sens aigu de la sécurité.

Prénom familier : Ben.
Noms de guerre : « Benoît », « Valérien », « Germain ».

Note : pour accéder à des photographies de Benjamin Cowburn, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Avant guerre

1909. Naissance le 13 mars de Benjamin Hodkinson Cowburn.

Formation d'ingénieur. Il travaille et réside à Paris avant la guerre. Il y épouse une Française.

1941.

  • Il est recruté au Royaume-Uni par le SOE.

[modifier] Première mission

But de la mission : préparation de sabotages avec des moyens parachutés par le SOE, avec l’aide de résistants français à recruter.
Nom de guerre : « Benoît ».
  • 6 septembre. Après plusieurs tentatives début août reportées à cause de la météo, il est parachuté d’un bombardier Whitley, avec cinq autres agents (Victor Gerson, George Langelaan, Maurice du Puy, Michael Trotobas, André Bloch). Comité de réception : Georges Bégué, Max Hymans et Octave Chantraine, le maire de Tendu.
  • Voyages dans le midi, prises de contact avec des amis d’avant-guerre, enquête sur les conditions de vie et sur l’opinion des Français.
  • Retour à Chateauroux pour rencontrer Georges Bégué qui doit lui procurer l’adresse d’André Bloch « Georges IX », son futur opérateur radio. Il rencontre Pierre de Vomécourt « Lucas », premier agent du SOE à avoir pénétré en zone occupée, travaillant à Paris et qui avait reçu « Georges IX ».
  • Première traversée de la ligne de démarcation, avec l’aide d’un guide : train jusqu’à Pau, autocar jusqu’à Aire, second car vers Hagetmau (premier village en zone occupée), traversée de la ligne à pied. Poursuite du voyage : autocar jusqu’à Dax, train jusqu’à Bordeaux, puis train de nuit jusqu’à Paris-Austerlitz.
  • Le lendemain, déjeuner place des Ternes avec Pierre de Vomécourt « Lucas », qui lui donne des nouvelles : six agents SOE travaillent en zone occupée : Roger, Gaston, André Bloch « Georges IX », Denis, et eux deux. Le soir, dans un bar de Montparnasse, il rencontre pour la première fois « Georges IX », qui est le seul opérateur radio.
  • Après quelques jours, il loue un studio à Neuilly et engage les prises de contact pour constituer son réseau et repérer des terrains adaptés au parachutage de containers et former des groupes pour réceptionner, dissimuler et transporter les matériels, ou pour exécuter les sabotages.
  • Octobre. « Georges IX » s’installe au Mans.
  • Novembre. A la demande de Pierre de Vomécourt « Lucas », qui est inquiet, il va au Mans et constate que « Georges IX » a été arrêté. Il décide d’attendre que Londres lui envoie un nouvel opérateur radio avant de demander des livraisons de matériel. Un contact intéressant lui ayant été indiqué en zone libre, il repasse la ligne de démarcation. Pour ce faire, avec la complicité de cheminots, il se cache dans une cavité située sous le tender du train Bordeaux-Montauban. Il règle ses affaires à Marseille et expérimente au retour une autre méthode de passage de la ligne de démarcation, à pied (près de Ribérac) en continuant en autocar (d’un arrêt près de Ribérac à Montmoreau-Saint-Cybard) puis en train jusqu’à Angoulême.
  • Affaire de La Chatte (décembre 1941-février 1942) : Voir article Mathilde Carré.

1942

  • Au Mans, tandis que Pierre de Vomécourt « Lucas » et Mathilde Carré « Victoire » rentrent à Paris, Cowburn prend le train de Tours, puis celui de Bordeaux. Il descend à Angoulême et repasse la ligne près de Ribérac. Autocar pour Périgueux, arrivée à Limoges. Le lendemain il rencontre Philippe de Vomécourt « Gauthier », frère de « Lucas », qui lui conseille d’aller à Vichy rencontrer quelqu’un qui pourrait transmettre pour lui un message à Londres, et de se rendre à Lyon pour rencontrer une dame qui pourrait l’aider à rejoindre l’Angleterre. Ce qu’il fait (il s'agit de Virginia Hall « Marie »). Puis c'est le voyage de retour : Marseille (bar Le Petit Poucet), train jusqu’à Toulouse ; puis Perpignan, Banyuls ; puis randonnée à pied pour traverser les Pyrénées.
Bilan de la première mission : établissement de contacts, recueil de renseignements, mise au point de méthodes clandestines, etc.
  • Traversée des Pyrénées à pied. Arrivée à Vilajuïga, au consulat britannique. Suite en voiture : Barcelone, Madrid (où il rencontre Peter Churchill « Michel »), Lisbonne. Quelques jours plus tard, retour en avion depuis l’aérodrome de Cintra.
  • 23 mars. Arrivée à Londres. Il retrouve Pierre de Vomécourt « Lucas ». Il fait son rapport. Il est décidé de renvoyer Pierre de Vomécourt en France à la prochaine lune.
  • Avril. Le 1er, Pierre de Vomécourt est parachuté en France, avec son nouveau nom « Sylvain ». Le 25, il est arrêté, ainsi que Roger Cottin « Albert » et Noël Burdeyron « Gaston ».

[modifier] Deuxième mission

But de la mission : prendre la direction du réseau TINKER. Zone : Indre.
Nom de guerre : « Valérien »
  • Juin. Dans la nuit du 1/2, parachutage à l’aveugle, depuis un Halifax, de Ben Cowburn et d’Edward Wilkinson « Alexandre ». Grosse imprécision du lâcher : au lieu d'atterrir près de Bellac comme prévu, ils se retrouvent près du Grand-Bourg, à 65 km ! Cowburn ne retrouve son compagnon que deux jours plus tard à Tarbes. Premières visites : Charles Rechenmann « Julien » à Tarbes, puis Virginia Hall « Marie » à Lyon, pour obtenir l’adresse de leur radio, qu’il finit par rencontrer mais qui demande un délai pour régler des affaires personnelles. Ils vont ensuite à Paris, en passant la ligne de démarcation, tous les deux calés dans le réduit du tender. Arrivée à Bordeaux. Express de nuit pour Paris, où ils se séparent. Le radio tardant à arriver, ils se revoient régulièrement. Finalement Cowburn retourne à Lyon, toujours dans le tender, pour vérifier ce qui se passe. « Marie » lui apprend que l'opérateur radio pressenti a échoué à passer la ligne, et qu’il allait être remplacé par un opérateur plus débrouillard.
  • 15 août. Arrestation à Limoges de Edward Wilkinson « Alexandre », Richard Heslop « Xavier » et Denis Rake « Justin ». L'apprenant de la bouche de Virginia Hall « Marie », Cowburn se résigne à travailler seul quelque temps encore.
  • 10 octobre. Sabotage de plusieurs lignes électriques à haute tension de la centrale d'Éguzon
  • 26/27 octobre. Un Lysander le ramène en Angleterre, en compagnie de Georges Dubourdin « Alain »[1].
Bilan de la mission : avec l'aide d'Auguste Chanteraine, Cowburn a organisé la réception de deux parachutages d'armes et d'explosifs, parachutages qui avaient été préparés par Denis Rake « Justin » avant son arrestation - qui vont servir à équiper les premiers résistants du secteur. Il a dirigé plusieurs sabotages : outre les lignes à haute tension de la centrale électrique d'Éguzon, citons l'usine d'aviation Bloch à Châteauroux par introduction d'abrasifs dans les machines-outils.

[modifier] Troisième mission

But de la mission : la mission consiste à établir et diriger le réseau TINKER II dans le secteur de Troyes, chef-lieu de l’Aube.
Nom de guerre : « Germain ».

1943.

  • 11 avril. Il est parachuté dans le Loir-et-Cher depuis un bombardier Halifax. Il est accompagné d’un autre agent, Dennis John Barrett « Honoré », qui doit devenir son opérateur radio. Par prudence, ils ont choisi d’emporter deux émetteurs radio. Le parachutage a lieu près du bois de Saint-Lomer, à Thenay. Quelques conteneurs demandés par le comité de réception sont aussi largués. Le comité de réception est composé de 3 hommes : Pierre Culioli « Adolphe » et deux fermiers Théo Berthin, de Contres, et Eugène Pruvost, de Pontlevoy.
  • Appliquant les instructions reçues, Cowburn va à Paris remettre au chef du réseau PHYSICIAN - Prosper, Francis Suttill en personne, d’officier à officier, des cristaux d’émetteur radio. À Paris, Suttill présente Cowburn à Émile Garry, chef du réseau PHONO (ou CINÉMA), qui en fait le connaissait déjà, et qui lui-même présente à son tour Cowburn à Pierre Mulsant, un industriel qui a épousé une Troyenne. Depuis déjà un certain temps, Suttill envisageait d’implanter le réseau PHYSICIAN - Prosper dans l’Aube, et en mars 1943, il avait même demandé à France Antelme « Renaud », alias Antoine Ratier, de travailler à l’implantation d’un groupe dans le secteur de Troyes[2].
  • Lorsque Cowburn arrive sur place, il peut utiliser les deux terrains mentionnés, mais il en ajoute un troisième, à l’ouest de Troyes. Avec son équipe[3], trois opérations de parachutage se déroulent sur ces terrains[4]. Grâce à cela, Cowburn est en mesure d'entreprendre la neutralisation de la ligne de chemin de fer Troyes-Brienne-le-Château, située sur l’axe ferroviaire Cologne-Hendaye très fréquenté par les convois militaires allemands.
  • 3 juillet. Dans la nuit du 3 au 4, à la tête d’un petit commando de résistants[5], Cowburn pénètre dans le dépôt SNCF de Troyes, qui est l'un des plus importants de l’Est de la France. Par groupes de deux, les membres du commando placent des explosifs sur les locomotives qui y stationnent. Le rapport de police qui rend compte de ce sabotage signale des avaries sérieuses sur une dizaine de locomotives, et précise que trois d’entre elles doivent être immobilisées plusieurs mois pour être réparées.
  • Il reçoit de Londres l'ordre de couper tout contact avec le réseau Prosper.
  • 17 septembre. Il rentre à Londres par Lysander[6].

[modifier] Quatrième mission

But de la mission : sauver ses amis arrêtés, Pierre Mulsant et Dennis Barrett[7].

1944.

  • 30 juillet. Il est parachuté en France. Mais ni lui, ni Dumont-Guillemet ne sont en mesure de se trouver sur le chemin des deux prisonniers et d'empêcher leur envoi à Buchenwald.
Bilan de la quatrième mission : Échec.
  • Il est libéré, en compagnie de la population de Melun, par les troupes américaines. Il n’a donc pas l'occasion d’organiser un ramassage pour son rapatriement.

[modifier] Après guerre

1994. Il meurt le 17 décembre à Boulogne-Billancourt

[modifier] Distinctions

[modifier] Œuvre

  • Sans cape ni épée, Gallimard, 1958

[modifier] Sources et liens externes

  • (en) Photographies de Ben Cowburn sur le site Special Forces Roll of Honour.
  • Site Histoire et mémoire des réseaux
  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, ISBN : 978-2-84734-329-8 / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence.
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit..., Éditions Vario, 2004.
  • Yves Chauveau-Veauvy, Réseau de résistance ADOLPHE en Loir-et-Cher, édité par l'auteur, imp. Sologne Graphic, 2003

[modifier] Notes

  1. Décollage à 3 km au nord-ouest de Garnerans, Ain. Arrivée : Tangmere.
  2. Par l’intermédiare d’Émile Garry, France Antelme avait pris contact avec Maurice Roland et par lui, avec Vassart, procureur de la République à Troyes. Quant à Pierre Mulsant, il avait créé à Troyes le groupe ABÉLARD, lié au réseau SOE d’Octave Simon, pseudo Badois, lui-même en relation avec le réseau AUTOGIRO de Pierre de Vomécourt « Lucas ». Ce réseau avait fait homologuer deux terrains de parachutage dans l’Aube, l’un situé à 22 kilomètres au nord-ouest, l’autre à 56 kilomètres à l’est-sud-est de Troyes, mais ils étaient si éloignés l’un de l’autre que deux comités de réception au sol avaient dû être mis en place. Deux opérations ont échoué sur chacun de ces deux terrains, au cours de la nuit du 13 au 14 avril 1943, et au cours de la nuit du 15 au 16 avril 1943, et ont été répétées avec succès sur deux autres terrains situés l’un à Falaise (5 containers largués ) et l’autre à Gisors (10 containers largués ).
  3. L’équipe troyenne de TINKER est constituée de : Robert Stein, industriel, beau-frère de Pierre Mulsant ; son frère, l’avocat Pierre Stein ; Louis Balthazart ; Gabriel Manser. Elle constitue des dépôts d’armes, de munitions et d’explosifs, et prépare des actions de sabotage en prenant contact avec Gabriel Thierry de Résistance Fer et Georges Wauters, organisateur dans l’Aube et dans la Marne du réseau Hector et du mouvement Ceux de la Libération (CDLL ).
  4. Les parachutages sont les suivants :
    • TINKER 1 - nuit du 16 au 17 mai 1943 : largage de 5 containers ;
    • TINKER 2 - nuit du 17 au 18 juin 1943 : largage de 5 containers et 1 colis ;
    • TINKER 3 - opération progammée pour le 15 septembre 1943, reportée au 5 octobre, est un échec.
  5. Le commando est composé de Jacques Sénée, Bernard Chastre (CDLL), Ernest Woerth, Paul Clérey et Charles Couche, un saboteur appartenant aux Francs-tireurs et partisans (FTPF) venu de Dijon.
  6. Le ramassage (pick-up) a lieu depuis le terrain « INDIGESTION », à 3500 m au N/NO de Villevêque. C'est l'opération MILLINER (voir Hugh Verity).
  7. Ils ont été arrêtés par les Allemands le 13 juillet, en cherchant à aider une équipe SAS en difficulté dans la forêt de Fontainebleau.