Max Hymans

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Max Hymans
Parlementaire français
Naissance 2 mars 1900
à Paris
Décès 7 mars 1961
à Saint-Cloud
Mandat Député 1928-1940
Début du mandat 1928
Fin du mandat {{{fin du mandat}}}
Circonscription Indre
Groupe parlementaire SFIO (1928-1936)
USR (1936-1940)
IIIe république

Max Hymans (1900-1961) fut un homme politique français (avant la Seconde Guerre mondiale), un grand résistant (pendant la guerre) et un dirigeant de l'Aviation civile (après la guerre).

Note : pour accéder à des photographies, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.

Sommaire

[modifier] Famille

  • Son père : Raphaël Hymans, né le 8 février 1864 à Paris, commerçant en textile.
  • Sa mère : Sarah Geismar, née à Dambach-la-Ville dans le Bas-Rhin.
  • Sa femme: Monique Maurey, fille de Max Maurey auteur dramatique, fondateur du théatre du Grand-Guignol et directeur du Théatre des Variétés, et de Yvonne Nadault de Buffon.
  • Ses enfants : Didier Hymans, Dominique Hymans.
  • Son oncle : le Général Gédéon Geismar fut le premier président du Fonds national juif (FNJ).
  • Son frère aîné : André,continua les commerces de son père et fut expert près de la Cour d'Appel de Paris.
  • Son cousin : Léon Geismar, de cinq ans son aîné, fut en tant que Gouverneur des Colonies, Gouverneur de l'Afrique Occidentale Française. Révoqué par le Gouvernement de Vichy, il fut interné à Casablanca, puis reprit son poste dès la libération de Dakar.

[modifier] Biographie

[modifier] Premières années

1900. Naissance à Paris le 2 mars.

Formation :

Activité : dans une entreprise de travaux publics à Creil, près de Compiègne (Oise).

1927. Il s'inscrit comme avocat à la Cour d'Appel de Paris. Il crée son propre cabinet d'avocat et se spécialise dans les affaires touchant les brevets d'invention où il peut exercer sa double compétence d'ingénieur et de juriste.

[modifier] Carrière politique

1928. Il est élu député de l'Indre à 28 ans. C'est le début d'une carrière politique nationale, qui durera 12 ans, d'abord comme député SFIO puis comme député USR, au cours desquels il sera successivement :

à l'assemblée nationale : • président de la Commission des Douanes et Conventions Commerciales • membre de la Commission des Finances • rapporteur du budget de l'Air.
au gouvernement : • sous-secrétaire d'État au Commerce et à l'Industrie dans le gouvernement Camille Chautemps (3), du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938 • sous-secrétaire d'État aux Finances dans le gouvernement Camille Chautemps (4), du 18 janvier au 13 mars 1938.

1935. En mai, il est élu conseiller municipal de Valençay, avec Eugène Colin comme maire. Il le restera onze ans, jusqu'en novembre 1944. Sa carrière politique locale reprendra en 1945.

1937.

1938. Il préside l'organisation semi-clandestine créée avec Pierre Cot, Jean Moulin et Jules Moch pour le transport d'armes et munitions aux républicains espagnols.

1939.

  • Dernière mission politique, il fait partie du groupe se rendant en août à Moscou, pour convaincre Staline de s'allier au camp des démocraties contre le nazisme. La mission échouera.

[modifier] Pendant la guerre

  • Bien que dégagé des obligations militaires en raison de sa qualité de parlementaire, il demande son intégration dans l'armée.

1940.

  • Il se bat en première ligne, avec le grade de Capitaine d'artillerie (au 31e Régiment d'Artillerie). Il participe aux batailles de mai/juin du Luxembourg, de l'Aisne et de l'Ailette.
  • 10 juillet. Venant du front,arrivant à Vichy au milieu de l'exode et ayant vécu l'effondrement militaire, il vote les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Il s'en expliquera publiquement (lettre au préfet de l'Indre et discours des 22 octobre 1944 et 19 août 1944) "je suis arrivé à Vichy la veille de l'Assemblée aprés avoir assisté à l'exode des populations civiles sans précédent dans l'histoire. Je croyais qu'en attendant le redressement allié et la défaite allemande les intérêts immédiats des populations françaises seraient défendues."
  • Août. Se rendant compte que la politique suivie ne correspond pas à ses vœux, il choisit de résister et cherche à entrer en contact avec la France libre :
- Il demande à Farki Pacha, ministre d'Égypte, de lui permettre la liaison. Mais celui-ci le reçoit froidement quand il comprend ses intentions.
- Il remet des messages, à M. Beaujard[1] et à Madame Bonnet[2], qui se rendent à l'étranger, pour faire savoir à Londres « qu'il se considère comme mobilisé et qu'il se tient à la disposition de la France Libre pour tout travail à effectuer à l'intérieur ». Il précise qu'il habite à 20 km de la ligne de démarcation, ce qui lui permettrait de faciliter les liaisons entre les deux zones. Un des messages arrive au service secret action britannique, le Special Operations Executive (SOE).
  • Automne. À Toulouse, il fait la connaissance de Madame Cathala, femme d'un professeur de la Faculté des Sciences réfugié à Londres.
  • Hiver. Sans savoir l'usage qui en sera fait, il fait parvenir à Londres divers renseignements par l'intermédiaire de Madame Cathala et du consulat britannique de Barcelone :
- consignes quotidiennes de censure de presse ;
- copies des procès-verbaux des séances de la Commission d'armistice de Wiesbaden ;
- copie d'un rapport de général Doyen, délégué à cette commission ;
- informations relatives aux prélèvements allemands sur le ravitaillement ;
- informations sur la mise en route des fabrications pour l'Allemagne ;
- renseignements sur l'emplacement des troupes ennemies.

1941.

  • Mai. Parachuté dans la nuit du 5/6, Georges Bégué, le premier opérateur radio envoyé clandestinement en France par le Special Operations Executive se présente le matin chez lui, conformément à la mission qui lui a été fixée à Londres (mission BOMBPROOF), de vérifier si Max Hymans accepterait de coopérer. Max Hymans accepte. Son nom de guerre est « Frédéric ». Il installe Georges Bégué à Châteauroux, 14 rue des pavillons, et le met en relation avec deux de ses amis socialistes : Marcel Fleuret, garagiste, dont le garage va devenir le depôt de vélos des clandestins, et Henri Renan, pharmacien. Le premier message radio vers Londres est envoyé le 9 ; il y précise l'adresse de Fleuret[3] comme première « boîte aux lettres » du SOE en France, qui lui permettra d'établir le contact avec les agents qui vont être envoyés. Une plaque de marbre orne aujourd'hui la maison pour commémorer l'envoi du premier message. Sur le rapport de Georges, le SOE précise qu'il est davantage un service action qu'un service de renseignements. C'est pourquoi « Frédéric » et « Georges », tout en recrutant de nouvelles boîtes aux lettres, comme le docteur Samuel, orientent leur action vers la recherche de terrains adaptés à des parachutages ou des atterrissages. Ils en repèrent un près de Tendu, dans un champ situé derrière la ferme « Les Cerisiers » exploitée par les frères Auguste et Ernest Chantraine. Auguste, qui est le maire socialiste de la ville, se joint à eux.
  • Max Hymans est le premier à permettre la création d'un réseau du SOE, le réseau AUTOGIRO. Son statut de député lui permet d'obtenir l'autorisation de circuler avec sa voiture à gaz-au-bois à travers la France. Il prend ainsi les contacts nécessaires pour créer le réseau. Les premières recrues sont ses anciens amis du parlement et de la SFIO, à commencer par Jean Pierre-Bloch qu'il présente en août à Jacques Vaillant de Guélis, officier et l'un des membres importants du SOE. Activités : il organise le repérage de terrains de parachutage et d'atterrissage ; il réceptionne les agents ou l'armement envoyés d'Angleterre ; il se procure des documents confidentiels qu'il fait parvenir à Londres ; il fournit des renseignements sur la présence et les effectifs des troupes allemandes, sur l'opinion publique et les activités du Gouvernement de Vichy ; il organise des actions de sabotages.
  • Sur dénonciation, plusieurs membres du réseau sont arrêtés et déportés. Lui-même est activement recherché par Vichy. Il parvient à s'échapper, en vivant sous différents pseudonymes et après avoir modifié tant son aspect physique (son beau-père ne le reconnaîtra pas) que ses papiers.
  • Octobre. Un tribunal militaire de Lyon le condamne à mort par contumace « pour réception d'armes et complot contre la sûreté de l'État ». Il entre en clandestinité.

1942.

  • À partir de mars, il va à Lyon, Paris.
  • Il s'évade de France et franchit les Pyrénées.
  • Il est enfermé trois mois au camp de Miranda, en Espagne.
  • Août. Il rejoint l'Angleterre. Le Général de Gaulle lui confie plusieurs missions : il est nommé Secrétaire général du Comité central d'aide aux Prisonniers. Il est l'un des intervenants réguliers sur la BBC dans l'émission Les Français parlent aux Français que dirige Maurice Schumann. Il parle sur les ondes d'août 1942 à août 1943 pour inciter le monde rural à intensifier sa résistance face à l'occupant et à Vichy. Il intervient sous les noms de Granpré et/ou Fromuzeau ( voulant signifier "from Muzeau" du nom du lieu-dit où se trouvait sa première habitation à Valençay). Il met en place l'envoi aux soldats français prisonniers en Allemagne de colis en provenance du Canada et des États-Unis et distribués par le canal de la Croix-Rouge.

1943. Lorsque le Général de Gaulle installe son gouvernement provisoire à Alger, Max Hymans devient le directeur de l'Infrastructure et des Transports aériens, avec la mission de réorganiser les transports aériens civils dépendant du Comité Français de Libération Nationale. Malgré des moyens relativement modestes et des crédits peu nombreux, et grâce à son ascendant sur un personnel naviguant et au sol remarquable, il arrive à constituer un réseau très important. Le Général de Gaulle lui demande aussi d'étudier la possibilité de mettre en place un service aérien pour importer du riz depuis Madagascar. Lorsqu'il se rend dans la Grande Île, il fait en outre un rapport détaillé sur les lignes aériennes militaires (LAM). Le Général de Gaulle, ayant apprécié les réalisations de Max Hymans dans le domaine aérien, s'en souviendra.

[modifier] Après la guerre

1944. Il préside la délégation française à Chicago lors de la création de l'OACI[4].

1945

  • Jules Moch, ministre des Travaux publics et des Transports, le nomme comme premier président du SGAC[5]. Il entreprend un travail considérable de reconstruction (pistes, bâtiments, réseaux de télécommunication, équipements de guidage, écoles de pilotage, personnel, etc.)
  • Il réintègre la SFIO. Il est réélu au Conseil général de l'Indre (département). Il en devient le président, et le restera jusqu'à sa mort.

1948.

  • Mai. Il préside la troisième Assemblée de l’Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
  • Le 4 août, il devient président directeur général d'Air France. Il le restera jusqu'à sa mort. Il y démontrera son sens aigu des affaires, ses qualités de chef apprécié et incontesté, ses connaissances des rouages administratifs et son habileté dans les relations internationales. Il étendra le réseau d'Air France de 212000 km en 1948 à 325000 en 1960. En 1956, il misera sur l'aviation de transport à réaction en commandant Caravelle et le Boeing 707.

1949. Le 27 février, après le décès de Marcel Ferré, il est élu maire de Valençay. Il le restera jusqu'à sa mort.

1954. Il est élu président de l'International Air Transport Association (IATA) pour l'année 1954-1955.

1961. Le 7 mars, il meurt à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

[modifier] Reconnaissance

[modifier] Distinctions

  • Royaume-Uni : décoration de 4ème classe de l'Ordre de l'Empire britannique, pour son action dans la Résistance.
  • France :
  • En 1963, le Conseil de l'OACI lui décerne, à titre posthume, le Prix Edward Warner et sa grande médaille d'or pour sa contribution éminente au développement de l'aviation civile internationale.

[modifier] Plaques

  • Une plaque est apposée sur la maison d'où, grâce à lui, l'opérateur radio du réseau AUTOGIRO, Georges Bégué, a pu envoyer vers Londres, le 9 mai 1941, le premier message radio. Adresse : 14, rue des Pavillons, Châteauroux (Indre).
  • Une plaque est apposée à Villamblard (Dordogne) à l'endroit où, grâce à lui, le SOE a parachuté pour la première fois des armes pour la Résistance en France, dans la nuit du 10 au 11 octobre 1941. Pour accueillir les quatre agents parachutés et récupérer les deux conteneurs d'armes, le comité de réception était composé de : Max Hymans l'organisateur, Jean Pierre-Bloch « Gabriel », Georges Bégué (premier agent de la section F parachuté près de Valençay dans la nuit du 5/6 mai 1941), Édouard Dupuis, Albert Rigoulet dit « Le Frisé ».

[modifier] Voies

  • La ville de Paris a donné le nom de Max Hymans à un square du XIVe arrondissement derrière la gare de Montparnasse, près de l'ancien siège de la compagnie Air France.
  • La commune de Valençay a donné le nom de Max Hymans à une rue et au stade municipal.
  • Il existe également une rue Max Hymans à Chateauroux.

[modifier] Timbre

  • Un timbre à son effigie a été émis par la Poste.

[modifier] Sources et liens externes

  • Francis Weill, Max Hymans, fondateur d’Air France, 1900-1961, avec photographies.
  • Air & Cosmos n° 1272 du 17 février 1990. Texte J. Noetinger.
  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, ISBN : 978-2-84734-329-8 / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle.
  • Michel Jouanneau, Mémoire d'une époque, Indre 1940-1944, tome 1, 1995.
  • Gilles Groussin, La Résistance dans le canton de Valençay (Les Maquis de Gâtine), 2006, ISBN 2-9515378-1-6.
  • "Icare. Revue de l'aviation française" numéro 58 largement consacré à Max Hymans(été 1971).
  • Mémoire collectif sous la direction de M.Patrice Beaussier - Collége Honoré de Balzac 36100 Issoudun "Le "doyen" de la Résistance".
  • Mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine.Faculté des lettres,langues et sciences humaines de Limoges.Véronique Martin-Mollet "Le résistant Max Hymans".

[modifier] Notes

  1. M. Beaujard, beau-frère du président de l'Association des Anciens Combattants de l'Indre, M. Destouches, agent commercial rejoignant l'Amérique.
  2. Madame Bonnet, journaliste américaine.
  3. Source : Groussin, p. 154.
  4. OACI : Organisation de l'Aviation Civile Internationale.
  5. SGAC : Secrétariat Général à l'Aviation Civile.