Bataille d'Eylau

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Bataille d'Eylau
"Napoléon on the field of Eylau" by Antoine-Jean Gros
La Bataille d'Eylau par Antoine-Jean Gros
Informations générales
Date 8 février 1807
Lieu Bagrationovsk (ex Preußisch Eylau), 20 km au sud-est de Königsberg (Russie)
Issue Victoire française
Belligérants
Empire français  Empire russe
 Royaume de Prusse
Commandants
Napoléon Levin August von Bennigsen
Forces en présence
75 000 hommes
300 canons
80 000 hommes
400 canons
Pertes
3 000 morts
7 000 blessés
7 000 morts
20 000 blessés
Quatrième coalition
Cap-Vert (navale) — San Domingo (navale)

Campagne de Dalmatie (1806-1807)
Raguse — Castel-Nuovo


Campagne de Prusse (1806)
Saafeld — Auerstaedt — Iéna — Golymin — Pułtusk


Campagne de Pologne (1807)
Eylau — Ostrołęka — Gdańsk — Heilsberg — Friedland

La bataille d'Eylau (Bagrationovsk, anciennement Preußisch Eylau) a eu lieu le 8 février 1807.

Sommaire

[modifier] Prélude

Les Prussiens ayant été écrasés à Iéna et Auerstaedt, Bennigsen que le Tsar avait envoyé avec 60 000 hommes pour les soutenir, se trouve obligé de temporiser en attendant des renforts russes sous les ordres de Buxhovden. Sans faire jonction avec le corps d'armée prussien du général Lestocq survivant il se replie sur la ville d'Ostrołęka en Pologne.

Napoléon Ier, irrité par la reprise des hostilités par la Russie, qu'il croyait avoir relativement épargnée lors de la paix de Presbourg, franchit la Vistule et tente alors d'envelopper la retraite des Russes par un mouvement de sa gauche, qui du fait des conditions atmosphériques échoue, ne provoquant que des combats d'arrière garde à Pułtusk et à Golymin (26 décembre 1806).

Les renforts russes, 50 000 hommes avec Buxhovden et 30 000 de la Garde impériale russe, étant arrivés, Bennigsen dispose alors de 140 000 hommes en Pologne et se résout à passer à l'offensive en attaquant le corps du maréchal Bernadotte, situé au nord du dispositif français et après l'avoir défait, et à s'engager dans les arrières des Français. Cependant Bernadotte réagit promptement en prenant l'offensive à Mohrungen, le 25 janvier 1807, ce qui permet de dégager son corps d'armée, face à des forces deux fois supérieures en nombre.

Napoléon, averti, lui ordonne ainsi qu'à Ney de se replier plus en arrière, pensant attirer Bennigsen, pour le prendre de flanc et l'adosser à la Baltique. Mais la prise d'un courrier français met celui-ci au courant du piège tendu et le pousse à nouveau à la retraite. Napoléon, décide alors de le contraindre à la bataille générale en marchant directement vers Königsberg où il sait que se trouve la majorité des approvisionnements russes. Bennigsen, après deux combats d’arrière-garde à Hof et Heilsberg le 6 février, acculé, choisit le village de Preussisch-Eylau pour tenter de l'arrêter.

[modifier] Déroulement

[modifier] Le 7 février

Arrivés vers 14 heures, Soult et Joachim Murat attaquent l’avant-garde russe commandée par Bagration, située à l’ouest sur la route de Lansberg et dans le village même. Les premières attaques menées par les brigades Schiner et Vivies, sur la droite à travers les bois, et les brigades Levasseur et Essards, au centre, à travers le lac gelé, se font sèchement repousser. Mais l’arrivée de la division Leval et du corps d’Augereau qui menacent d’envelopper par la gauche, contraint les Russes à se replier sur le village et en début de soirée, la division Legrand appuyée par celles de Saint-Hilaire et de Leval arrache le village aux Russes lors d’un corps à corps où se distingua la brigade Essards. Bagration, battu, recula sur la gauche des positions qu’occupait son général en chef, sur les hauteurs à l’est du village. Napoléon, arrivé à 23 heures à Eylau, ne dispose que de 46 000 hommes et 300 canons, le corps de Davout, et celui de Ney étant encore respectivement, à 18 km au sud et 30km au nord tandis que celui de Bernadotte est encore plus éloigné. Face à lui, Bennigsen a 80 000 hommes appuyés par 400 pièces ; il décide néanmoins de livrer bataille le lendemain pour éviter une nouvelle dérobade russe.

[modifier] Le 8 février

Dès sept heures, l’artillerie russe, répartie en trois grandes batteries, pilonne les positions de Soult et le village. Rapidement, l’artillerie française répond, provoquant un gigantesque duel que les troupes des deux camps qui n'ont pas mangé et ont dormi sans feu, subissent pendant deux heures. À neuf heures, Davout arrive, et attaque immédiatement par le sud, mais son infériorité numérique, malgré les succès initiaux, le met en difficulté ; l’Empereur, pousse donc le corps d’Augereau et la division de Saint-Hilaire, pour l’appuyer. Mais, aveuglées par la neige, les colonnes de ceux-ci se présentent de flanc contre la batterie centrale russe et se font décimer ; les généraux de division Desjardins et Heudelet sont tués et le maréchal d’Augerau est blessé. Le 14e régiment d'infanterie, encerclé, est anéanti, sous les yeux-mêmes de Napoléon (qui ordonne à Augereau de tenter une opération de sauvetage, ce qui donnera lieu à un passage fameux dans les Mémoires du Général Marbot avec sa jument Lisette), par la contre-attaque générale lancée avec la garde impériale russe, la cavalerie et la division du général Somov qui vise à couper les Français en deux au niveau du village en profitant de la brèche créé. Napoléon, alors dans le cimetière d'Eylau, ne recule pas et fait donner la Garde. Électrisés par la présence de leur Empereur, les grenadiers de Dorsenne et les chasseurs à cheval de Dahlmann, stoppent net la colonne russe de grenadiers qui vise le cimetière dans un titanesque corps à corps à l’arme blanche et c'est l'une des rares batailles où l'infanterie de la Garde impériale intervient. Il provoque ensuite Murat : « Nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ? », qui enlève une énorme charge de toute la cavalerie disponible, 12 000 hommes, la plus grande charge de tous les temps. Celle-ci sabre, à l’aller et au retour, les deux divisions que Bennigsen avait engagées dans l’exploitation de l’anéantissement des troupes d’Augerau, rétablissant la situation.

Le combat reste indécis toute l’après-midi, malgré l’apparition du Prussien Lestocq et de ses 10 000 hommes attaquant la droite de Davout, qui est contre-balancée par l’arrivée de Ney et de ses 8 000 hommes. La nuit tombée, Bennigsen, à court de munitions, sans réserves et contre l’avis de Knorring, Osterman et Lestocq, décide de se replier vers Königsberg.

[modifier] Épilogue

La victoire est française, mais elle a coûté fort cher :

Napoléon, très affecté par les pertes subies, contrairement à son habitude, restera huit jours sur le champ de bataille pour activer le secours aux blessés. De plus, elle n’est pas décisive car Bennigsen, quoique très entamé, s’est retiré en bon ordre et n’a pas été réellement poursuivi du fait de l’état d’épuisement de l’armée française. Il faudra une autre grande bataille pour contraindre les Russes à la paix, décisive celle-là, ce sera Friedland.

Fiction : Le colonel Chabert (héros du roman de Balzac) réputé mort à la bataille d'Eylau lors de la grande charge de Murat, réapparaît à Paris sous la Restauration, au grand dam de sa femme qui a hérité de sa fortune et s'est remariée.

[modifier] Ordres de bataille

[modifier] Français

L'armée française est forte de 75 000 hommes sous le commandement direct de Napoléon.

  • IIIe corps d'armée, sous les ordres du maréchal Louis Nicolas Davout. Il arrive sur le champ de bataille vers 10 h.

    • Cavalerie Légère
      • Brigade Guyot : 8e régiment de hussards (colonel Laborde), 16e régiment de chasseurs à cheval (colonel Bonvalet) et 22e régiment de chasseurs à cheval (colonel Bordessoulle)

  • VIe corps d'armée commandé par le maréchal Michel Ney qui arrive sur le champ de bataille en fin d'après-midi.

  • Dragons
    • Infanterie
      • Brigade Soules : 1er régiment de chasseurs à pied de la Garde impériale et 2e régiment de chasseurs à pied de la Garde impériale
      • Brigade Dorsenne : 1er régiment de grenadiers à pied de la Garde impériale
    • Cavalerie

[modifier] Prussiens

L'armée prussienne est forte de 5 500 hommes réunis sous le commandement du général Lestocq. L'état-major prussien est composé des généraux divisionaires : Von Dierecke, Rembow et Auer. Il est a noter que l'armée prussienne comprend des éléments russes.

  • Avant garde
    • 6e régiment de dragons de Auer
    • Régiment de cavalerie Towarczys
  • Division von Dierecke
    • 2e régiment d'infanterie de Rüchel
    • 7e régiment de dragons de Baczko
    • 4e régiment de cuirassiers de Wagenfeld
  • Division Rembow
    • 11e régiment d'infanterie de Schöning
    • Régiment de grenadiers Schlieffen
  • Division Auer
    • Régiment de cavalerie Towarczys
    • Régiment d'infanterie Wyburg (russes)
    • Régiment de fusiliers
    • 21e régiment de chasseurs (russes)

[modifier] Russes

L'armée russes est forte de 63 500 hommes sous les ordres du général Bennigsen. Le chef d'état-major est le comte Steinheil. Le commandant l'artillerie est Rezvoi. Le prince Pierre de Bagration est aide de camp.

[modifier] Régiments français qui se sont distingués à Eylau

  • infanterie de ligne :
    • le 28e régiment d’infanterie de ligne,
    • le 44e régiment d’infanterie de ligne,
    • le 51e régiment d’infanterie de ligne,
    • le 55e régiment d’infanterie de ligne,
    • le 91e régiment d’infanterie de ligne,
    • le 105e régiment d’infanterie de ligne.
  • cuirassiers :
    • le 1er régiment de cuirassiers.
  • dragons :
    • le 4e régiment de dragons,
    • le 5e régiment de dragons,
    • le 9e régiment de dragons,
    • le 10e régiment de dragons,
    • le 14e régiment de dragons,
    • le 21e régiment de dragons,
    • le 22e régiment de dragons,
    • le 25e régiment de dragons,
    • le 26e régiment de dragons.
  • chasseurs à cheval :
    • le 2e régiment de chasseurs à cheval,
    • le 7e régiment de chasseurs à cheval,
    • le 16e régiment de chasseurs à cheval.
  • hussards :
    • le 1er régiment de hussards,
    • le 3e régiment de hussards.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

[modifier] Sources de l’article

[modifier] Notes



Les événements de l’épopée napoléonienne

Ire campagne d’Italie | Campagne d'Égypte | Coup d'État de Brumaire | 2e Campagne d’Italie | Le Consulat | L'Empire | Ire Campagne d’Autriche | Campagne de Prusse et de Pologne | Guerre d'indépendance espagnole | Campagne d'Allemagne et d'Autriche (1809) | Campagne de Russie | Campagne d'Allemagne | Campagne de France | Congrès de Vienne | Les Cent-Jours | Sainte-Hélène | Mort de Napoléon | Légende napoléonienne